Avec Marie Griessinger Tapie auteure de « Tapie comme Bernard » aux éditions de l'Observatoire
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NewsTranscription
00:00L'Heure Libre, Sud Radio, parlons vrai.
00:04Bonjour à tous, bienvenue dans l'Heure Libre.
00:06Une heure de décryptage de l'actualité entre 12h et 13h.
00:09Une heure en compagnie de l'excellent Jean-Marie Bordray.
00:12Stéphane Simon, bonjour et merci.
00:14Merci.
00:15Également avec nous, Victor Lefebvre, journaliste spécialisé dans l'enquête.
00:19Bonjour Victor.
00:20Bonjour Stéphane Simon.
00:21Je me faisais une petite réflexion en disant que vous êtes spécialisé dans l'enquête, Victor.
00:24Mais en fait, ce ne sont pas tous les journalistes qui devraient être spécialisés dans l'enquête.
00:27C'est normalement un prérequis dans le métier, non ?
00:29Oui, il y a des journalistes aussi dans la presse culturelle, cinéma, gastronomie.
00:34Et ça, ça les dispense d'enquêter sur le sujet qu'ils traitent ?
00:36Ça reste à décider.
00:38Ce n'est pas l'objet du thème aujourd'hui.
00:41On va parler de Bernard Tapie, le légendaire homme d'affaires qui nous a quitté il y a tout juste 3 ans,
00:46le 3 octobre 2021, des suites d'un cancer.
00:49Mais en dépit des hommages qui lui ont été rendus,
00:51des dizaines de livres qui ont été écrits sur lui,
00:53des documentaires, reportages, fictions sur Netflix même qui lui ont été consacrés,
00:58et des centaines d'articles qui ont raconté l'homme, la saga Tapie,
01:03eh bien il reste néanmoins encore un grand inconnu pour le public,
01:07un homme dont on n'a pas fini de faire le tour,
01:10et dont sa belle-fille nous livre un portrait très personnel.
01:14Marie Gressinger Tapie, auteure de Tapie comme Bernard,
01:17aux éditions Les Presses de la Cité, sera parmi nous dans quelques instants.
01:21Mais tout de suite, je me retourne vers vous, Victor,
01:24non pas pour vous demander votre avis sur l'investigation cette fois,
01:27mais pour nous parler de l'agenda judiciaire.
01:30Vous allez nous reparler de l'affaire dite des viols de Mazan,
01:33et du procès de Dominique Pellicot et de ses complices,
01:35qui a eu en ce moment plus de 50 hommes, je le rappelle, sont jugés.
01:38Tous ont abusé de Gisèle Pellicot, que le mari droguait,
01:42pour la rendre inconsciente et la livrer à des hommes que le mari pervers convoquait.
01:47Et cette semaine, d'autres affaires ont été évoquées à la barre,
01:51qui pourraient impliquer Dominique Pellicot.
01:54Oui, donc Dominique Pellicot, 71 ans, le principal accusé dans l'affaire des viols de Mazan,
01:58intéresse les enquêteurs dans d'autres dossiers.
02:00Il est notamment soupçonné d'avoir commis le meurtre et le viol de Sophie Narme,
02:0423 ans à l'époque, à Paris en 1991.
02:07Ça, c'est un crime qu'il n'y avoir commis.
02:09Et également une tentative de viol en Seine-et-Marne en 1999,
02:13sur une jeune fille de 18 ans.
02:15Après avoir été confondue par son ADN, Dominique Pellicot reconnaît cette tentative de viol.
02:19Dans les deux cas, les victimes étaient des agents immobiliers.
02:22C'est toujours le même modus operandi qui est opéré par Dominique Pellicot dans ces affaires,
02:27même s'il reste évidemment présumé innocent.
02:29Dans ces deux affaires, Dominique Pellicot a été mis en examen.
02:32Mais ce n'est pas tout.
02:34En utilisant la base SALVAC, qui est un logiciel à disposition des policiers,
02:37qui permet d'établir des liens entre les criminels en série,
02:41les policiers ont retenu cinq affaires non résolues, donc des cold case,
02:44dans lesquelles ils soupçonnent une implication de Dominique Pellicot.
02:47Le modus operandi est toujours le même.
02:49L'agresseur prend rendez-vous sous un faux nom.
02:51Passe à l'acte dans l'agence ou dans un appartement,
02:54profitant de se retrouver seul avec la victime.
02:56Et c'est notamment ce qui s'est produit en février 1994 à Vannes, dans le Morbihan,
03:01avec Daniel Hache, 28 ans, violé, et quelques jours plus tard à Valenciennes,
03:05dans le Nord avec Céline D, 26 ans à l'époque, violée par un inconnu elle aussi.
03:10En septembre 1995, une autre Céline, Céline D, est violée à Rambouillet dans les Yvelines.
03:15Puis enfin, c'est à Barletan, dans les Bouches-du-Rhône,
03:17que Christine G est retrouvée morte dans son agence en mai 2000.
03:21Enfin, en mars 2004, l'agression de Françoise L, également dans son agence,
03:26est interrompue par un témoin.
03:28Et dans la plupart de ses affaires, un prélèvement ADN masculin a pu être réalisé.
03:32Donc à suivre.
03:33Il faut d'ailleurs rappeler que les circonstances de l'arrestation de Dominique Pellicot
03:37n'ont rien à voir avec les viols de Mazan.
03:40A l'origine, il est arrêté non pas parce qu'il est suspecté d'organiser le viol de sa femme,
03:44mais parce qu'il a filmé sous les jupes de femmes.
03:47Et la curiosité des policiers va les amener à fouiller son téléphone
03:50et découvrir des images de frasques sexuelles assez étonnantes,
03:55et notamment des séances atroces qu'il faisait subir à sa femme.
03:58Sous soumission chimique.
04:00– Sous soumission chimique.
04:01Et d'ailleurs, il y a un autre dossier qui attire l'attention
04:03dans le contexte du procès des viols de Mazan.
04:06C'est le procès qui a lieu à Toulouse.
04:07Un homme de 46 ans qui comparaissait mercredi 19 septembre
04:11devant la cour d'appel de Toulouse pour avoir agressé sexuellement son épouse
04:14après l'avoir droguée.
04:16Certains détails évoquent de manière troublante l'affaire des viols de Mazan.
04:20Le prévenu, originaire du Tarn,
04:22est soupçonné d'avoir agressé sexuellement sa femme entre 2019 et 2022.
04:27– Trois ans.
04:28– Pendant trois ans, après lui avoir fait ingérer au préalable du zolpidem,
04:31un puissant insomnifère.
04:33Il a lui aussi filmé ses agressions.
04:35Les faits avaient été découverts à l'occasion d'une audition de l'épouse
04:39dans le cadre d'une autre affaire, le viol d'une prostituée
04:41pour lequel le mari a finalement écopé de trois ans de prison.
04:44L'épouse avait retrouvé la trace.
04:46Dans les mails de son mari, les commandes de somnifères
04:48étaient posées plainte contre lui au printemps 2023.
04:51En première instance, l'homme a été condamné en juin dernier
04:53à quatre ans de prison ferme pour agression sexuelle
04:56avec administration d'une substance à la victime et atteinte à l'intimité.
05:00La même peine a été requise par le procureur lors de l'audience en appel
05:03et l'arrêt de la cour est prévu mercredi prochain.
05:06– Et on peut préciser aussi qu'il y a eu une autre affaire de soumission chimique
05:10qui a fait beaucoup réagir.
05:11C'est ce qui est arrivé manifestement à une députée
05:13qui accuse un sénateur d'avoir tenté de la droguer.
05:16L'affaire n'est pas encore jugée à ce stade.
05:18– Alors, décidément, ces affaires de viols sous soumission chimique,
05:22on en parle beaucoup.
05:24Il y en a d'ailleurs également dans les hôpitaux,
05:27c'est ce qu'on a appris il y a peu de temps,
05:29dans les cliniques, les hôpitaux,
05:31des lieux où l'on devrait être en parfaite sécurité.
05:34Il y a notamment une affaire à Nice.
05:36– Oui, en effet, à Nice, en février dernier,
05:38un aide-soignant de l'hôpital Pasteur a été mis en examen
05:40pour viols et agressions sexuelles sur personnes vulnérables.
05:43L'homme, marié et père de famille, a été surpris en pleine agression sexuelle
05:47sur une patiente en réanimation par l'un de ses collègues infirmiers
05:51qui a eu le réflexe de filmer la scène,
05:53ce qui constitue donc une preuve irréfutable.
05:55Et quelques jours plus tard, une autre patiente de l'hôpital Pasteur
05:58accuse ce même homme d'agressions sexuelles
06:00pour des faits qui remontent cette fois à janvier et février 2021.
06:03L'homme travaillait depuis 10 ans au service de nuit de l'hôpital Pasteur de Nice
06:07et dès 2019, des premiers soupçons avaient déjà pesé sur lui
06:09pour des faits similaires.
06:11Les enquêteurs de la brigade criminelle des Alpes-Maritimes
06:13cherchent désormais à savoir si l'homme aurait pu faire d'autres victimes.
06:16Il a été placé en détention provisoire.
06:18Alors si on ajoute à ça ce qui arrive à des jeunes femmes en boîte de nuit,
06:22c'est-à-dire l'ingestion de produits qui les rendent dans un état un peu secondaire,
06:29on peut dire que ces affaires de viols sous soumission chimique,
06:33elles sont devenues, je dirais pas monnaie courante, n'exagérons pas,
06:37mais elles sont très fréquentes maintenant.
06:39Oui, et puis il y avait eu ces affaires, rappelez-vous,
06:41lors de certains festivals de piqûres présumées,
06:43il y a eu beaucoup de victimes.
06:45Certains faits n'avaient pas tous pu être attestés.
06:48On avait parlé de psychose collective à l'époque,
06:50on parle aussi d'ingestion de GHB dans les bars et les boîtes de nuit,
06:52c'est quelque chose qui vient aussi très couramment.
06:54Et effectivement, c'est l'un des sujets les plus préoccupants aujourd'hui.
06:57Changement complet de sujet, nous a rejoint Marie Chrissinger Tapie.
07:02Bonjour.
07:03Je le disais, vous êtes la belle-fille de Bernard Tapie
07:06et vous venez de sortir un livre aux presses de la cité
07:09qui s'appelle Tapie comme Bernard.
07:11C'est une phrase que vous avez souvent entendue
07:13quand vous décliniez votre identité.
07:15C'est un peu le livre des dernières confidences sur l'homme d'affaires.
07:18Nous allons y venir.
07:19Merci d'être avec nous.
07:20Mais avant de vous retrouver dans quelques instants, Marie,
07:23je voudrais vous demander quel est votre pire souvenir avec Bernard Tapie ?
07:28Il y a eu beaucoup de mauvais souvenirs
07:30puisqu'il lui est arrivé pas mal de catastrophes dans sa vie.
07:33Mais comme à chaque fois, il rebondissait tout le temps,
07:36c'était des souvenirs assez éphémères.
07:38Cela dit, le pire, je dirais que c'est son départ en prison
07:42puisque j'étais déjà dans la famille et présente toute la journée avec lui.
07:46Le pire, parce que là, il n'a pas rebondi tout de suite
07:49et qu'on n'avait pas l'habitude.
07:51Il n'a pas rebondi parce qu'il était enfermé.
07:53Au départ, dans un cachot sans fenêtre,
07:56réservé aux terroristes, aux criminels les plus dangereux.
08:02Soi-disant pour le mettre en sécurité.
08:05Et là, pour la première fois, on a vu Bernard abattu longtemps.
08:11Longtemps, jusqu'à ce qu'on réussisse à le faire mettre dans une cellule classique.
08:15D'accord. Alors ça, c'est pour le pire souvenir.
08:17Et quel a été le meilleur souvenir ?
08:20Peut-être la naissance d'un de vos enfants ?
08:22Voilà, complètement. J'allais dire ça, ça semble un peu bateau.
08:25Mais dans une famille, c'est classique.
08:28C'est quand on s'est retrouvés pour la naissance de mon premier enfant,
08:32avec mes parents, Bernard, Dominique, dans la chambre d'hôpital,
08:35et qu'ils ont découvert mon fils.
08:38Mais en même temps, Bernard, ce qui m'a marqué le plus,
08:43c'est au quotidien, c'est que je savais que je pouvais passer le voir tout le temps,
08:48que son bureau était toujours ouvert et que j'adorais passer le voir à l'improviste,
08:53m'installer dans le fauteuil en face de lui,
08:56juste pour l'écouter passer ses coups de fil,
08:59parce qu'il avait toujours des trucs intelligents à dire,
09:03ou qu'il déconnait avec l'interlocuteur qu'il avait en ligne,
09:09qu'il me faisait un petit clin d'œil quand il faisait une blague,
09:13et qu'il se levait, qu'il allait voir la télé,
09:16qu'il injuriait les types, l'arbitre s'il y avait un match,
09:20qu'il revenait, qu'il était tout le temps agité,
09:23et puis attendre le bon moment pour lui poser la question que j'avais envie de lui poser à ce moment-là,
09:28soit parce que j'avais envie d'avoir son avis sur l'actualité,
09:32soit parce que j'avais un problème ou que mes parents avaient un problème.
09:36Donc c'est vraiment ces moments-là qui me manquent.
09:40On comprend bien, bien aisément.
09:42Alors pour que tout le monde comprenne bien,
09:44vous êtes en fait la compagne ou l'épouse de Laurent Tapie.
09:48Son plus jeune fils.
09:49Son plus jeune fils, c'est ça.
09:50Que vous avez connu quand vous étiez jeunes tous les deux.
09:52On s'est connus à 16 ans.
09:53Donc j'ai connu Bernard une trentaine d'années.
09:57D'accord. Parfait. Alors restez avec nous.
10:00Trois ans après sa disparition, les ultimes confidences sur Bernard Tapie,
10:03c'est sur Sud Radio.
10:04A tout de suite avec notre invité.
10:11De retour dans l'heure libre, votre rendez-vous du samedi midi
10:14pour décrypter l'actualité sur Sud Radio avec Jean-Marie Bordry.
10:17Toujours Stéphane Simon.
10:18Et toujours Victor Lefebvre,
10:20notre journaliste spécialisé dans l'investigation, n'est-ce pas ?
10:24Bonjour.
10:25Alors je vous le disais, il y a trois ans, le 3 octobre 2021,
10:28pour être précis, Bernard Tapie nous quittait
10:30des suites d'une longue maladie, un cancer qui le rongeait
10:34et contre lequel il n'a cessé de penser qu'il allait le vaincre.
10:38Merci Marie-Christine Girard Tapie d'être avec nous.
10:41Vous faites partie du clan Tapie, on peut le dire.
10:44Oui, vraiment.
10:45Alors il y a une phrase de Bernard Tapie
10:47que vous mettez en épigraphe de votre livre,
10:50Tapie comme Bernard, je le rappelle,
10:52c'est-à-dire en début de livre, et que je lis,
10:54« Je ne peux pas mourir.
10:57À ma mort, comme ils n'auront pas pu voir mon cadavre,
11:00il y aura toujours des gens pour en douter.
11:02Certains m'auront aperçu en Amérique du Sud,
11:05d'autres sur des îles.
11:06Vous verrez, je continuerai d'exister longtemps. »
11:10C'est ce que dit Bernard Tapie.
11:11Vous pouvez nous en dire un peu plus
11:12sur les circonstances de cette déclaration
11:15et qu'est-ce que ça voulait dire exactement chez lui ?
11:17Déjà, on voit à quel point c'est un personnage romanesque,
11:20donc hyper intéressant pour un auteur.
11:23Cette phrase, elle vient d'un article
11:26écrit par Francis Puyalte,
11:29qui m'a apporté son témoignage dans le livre,
11:33qui était un journaliste du Figaro,
11:36qui a beaucoup suivi Bernard,
11:38qui était là notamment le jour du départ en prison,
11:40toute la journée,
11:41et qui a écrit plein d'articles sur Bernard.
11:44C'est un article qui date de 1995, en novembre.
11:48À cette époque, toutes les affaires lui tombent sur la tête.
11:52Il est en banqueroute, poursuivi pour fraude fiscale.
11:55Eva Jolie est sur six procès contre lui.
12:00Enfin, c'est l'enfer.
12:01L'enfer commence, en fait.
12:03Et malgré tout, il est en train de tourner un film avec Lelouch.
12:08Et j'imagine qu'il veut nous dire,
12:10vous voyez, même quand on croit complètement abattu,
12:13j'ai rebondi là où on ne m'attendait pas.
12:17Et que même quand je serai mort,
12:20les gens imagineront que je ne le suis pas.
12:24Alors, on va parler dans cette partie de l'émission
12:28du Bernard Tapie personnel, j'allais dire.
12:31Ce livre, c'est un livre que je qualifierais d'impressionniste.
12:34C'est-à-dire que c'est plein de petits souvenirs
12:36qui s'entremêlent, qui rebondissent les uns les autres
12:39et qui composent un portrait qui est finalement très subjectif
12:42et en même temps très fidèle du Bernard Tapie que vous avez connu.
12:46Vous avez toujours eu, en plus, l'idée d'écrire un livre sur lui
12:50à telle enseigne que vous lui en avez même parlé en 2015.
12:53Vous lui dites, est-ce que tu serais d'accord
12:55pour que j'écrive un livre sur toi ?
12:58Mais sous-entendu, ironiquement, sans tout changer derrière.
13:02Oui, en effet, parce qu'il aimait tout contrôler.
13:06En fait, c'est lui qui m'a donné cette idée au départ,
13:08puisque j'avais publié un livre chez Albain Michel
13:11qui a été édité en 2015 sur mes parents.
13:14Et il suivait un peu le manuscrit au fur et à mesure que j'écrivais.
13:18Il m'avait suggéré de l'insérer dans ce livre
13:20qui portait sur mon père à moi.
13:23Et en me disant, comme il aimait mon style,
13:26il m'a dit, mais ce serait top que tu ajoutes un héros, moi.
13:30Comme ça, tu pourras comparer la personnalité de ton père
13:33et de ton beau-père qui sont radicalement opposés.
13:36Ça peut être hyper intéressant pour le public.
13:39Et je lui avais dit, non, là, Bernard, cette place, tu l'auras pas.
13:42C'est un livre sur mon père qui, en plus, est très effacé.
13:45Donc, je tiens à ce que ça reste un livre sur mon père.
13:48Mais quand ce livre est sorti, c'est à l'été 2015.
13:52Je prenais le petit-déjeuner avec Bernard pendant les vacances.
13:56Et je lui ai suggéré l'idée d'écrire un livre sur lui.
14:00Il était emballé.
14:01D'accord. Alors, vous avez une thèse originale.
14:04Vous dites, en gros, que Bernard Tapie a souffert
14:06de ne jamais ressentir de la reconnaissance chez son père.
14:10Chez son père.
14:11Souvent, on dit que la matrice de l'homme,
14:13c'est de vouloir reconquérir quelque part sa mère.
14:15Là, vous dites que c'est son père qui n'a pas su lui dire
14:18une seule fois bravo.
14:20Voilà, c'est ça.
14:22C'est pas mon interprétation.
14:24C'est ce que Bernard nous disait.
14:27Effectivement, avec sa mère, il avait une relation fusionnelle.
14:30Mais il avait pas beaucoup d'atomes crochus avec son père.
14:33Et on sentait qu'il avait envie de l'épater.
14:36D'accord.
14:37Il y a quelque chose qui m'a surpris dans votre livre.
14:40Vous dépeignez un Bernard Tapie qui, même lorsqu'il est en repos
14:44dans sa propriété de Saint-Tropez, qui à la fin de sa vie,
14:46d'ailleurs, ne sera plus vraiment la sienne puisqu'elle sera saisie,
14:49même quand il est en vacances en famille,
14:51à ce moment de l'été où on devrait être détendu,
14:55eh bien, il est souvent tendu, de mauvaise humeur,
14:59un peu hargneux, prêt à faire le coup de poing.
15:01Il y a quelque chose d'animal que vous dépeignez qui est intéressant.
15:04De côté de l'animal qui grogne en permanence
15:07comme si c'était son moteur,
15:10cette manière de faire vrombir en permanence sa puissance intérieure.
15:14Vous l'avez parfaitement cerné.
15:16Moi, j'ai l'impression qu'il n'était jamais en repos.
15:19J'ai l'impression qu'il n'était jamais tout à fait heureux, en fait.
15:23Je pense que c'est une espèce de colère qui le poursuivait tout le temps.
15:28Effectivement, à table, parfois, il lui fallait une tête de turc.
15:31On avait l'impression qu'il cherchait un peu la bagarre
15:34et qu'il fonctionnait comme ça.
15:37Oui, c'est quelqu'un, vous dites, il avait besoin de s'engueuler.
15:42Ça pouvait être oppressant de passer des vacances avec lui.
15:47Après, il avait des moments de détente quand il cuisinait, notamment.
15:51Ça, on le découvre aussi.
15:52Moi, je ne savais pas du tout que c'était un homme qui aimait faire la cuisine.
15:55Et qui avait une spécialité, vous pouvez nous en dire.
15:57La paella et le cassoulet.
15:59Deux spécialités.
16:00Moi, je préférais la paella, mais il passait.
16:03Il en était très fier.
16:04Il en était très fier.
16:06Il était très content qu'on apprécie.
16:10Et donc, pour revenir au repos,
16:14j'ai l'impression que c'est dans ces moments-là où il cuisinait pendant des heures,
16:18il faisait son marché, il était vraiment très, très perfectionniste en cuisine.
16:23Là, il lâchait un peu prise.
16:25Alors, il y a quelque chose qui ressort de votre livre,
16:28c'est qu'en tout cas, il a systématiquement besoin d'être le plus admiré autour d'une table.
16:33C'est-à-dire, quels que soient les convives,
16:35quelle que soit l'assistance familiale, professionnelle,
16:38il faut toujours que l'attention tourne autour de lui.
16:41Il faut toujours que ce soit lui qui fasse mieux les choses que les autres.
16:45Son fils, d'ailleurs, Laurent, lui portera un petit coup un jour en lui disant
16:49que son plat préféré, c'est le couscous de votre mère.
16:52Et c'est pas la paille-là de son père.
16:55Et à partir du jour où Laurent lui a dit ça,
16:58à chaque fois que Bernard le servait à table,
17:01c'est-à-dire au moins tous les week-ends, puisqu'il cuisinait tous les week-ends,
17:04il répétait à Laurent, c'est bon, mon fils,
17:07mais ça ne vaut pas le couscous de ta belle-mère.
17:10Mais pour élargir un peu, il voulait être reconnu dans tous les domaines,
17:16pas que en cuisine.
17:18C'était un besoin de reconnaissance infini,
17:21un besoin d'être aimé, en fait, je pense.
17:24Il aimait être le centre du monde.
17:26Est-ce qu'il avait besoin d'avoir toujours raison aussi ?
17:30Il aimait la discussion, mais il y avait certains sujets
17:34où c'était très compliqué de discuter.
17:37D'ailleurs, on l'a vu un peu en plateau,
17:40il s'énervait facilement si on lui tenait tête, quand même.
17:43Il y a quelque chose aussi que j'ai découvert à la lecture de votre livre,
17:46c'est que Bernard Tapie avait une passion pour son chien.
17:50Vraiment.
17:51Il disait d'ailleurs, c'est le seul être au monde,
17:54ce qui n'est pas très sympa pour le reste de la famille,
17:56c'est le seul être au monde qui ne me pose jamais de problème.
18:00Y compris pour sa femme, qui a été d'un dévouement extraordinaire,
18:04surtout à la fin de sa vie, où elle a vraiment accompagné Bernard Tapie
18:07dans ses dernières années difficiles de lutte contre le cancer.
18:10Mais son chien, c'était sa passion.
18:12Vous évoquiez tout à l'heure son côté animal et instinctif,
18:16et avec ses chiens, il était vraiment animal.
18:18Il se mettait par terre avec eux pour les prendre dans ses bras.
18:21Il adorait partager les repas avec eux.
18:24Je ne vous dis pas quand il y avait un poulet rôti.
18:27Même sa façon de manger pouvait être un peu animale.
18:31Donc la cohabitation avec les chiens se passait très bien.
18:36Mais je pense qu'on le sollicitait tellement à la fin de sa vie
18:41et qu'il ne pouvait pas répondre à toutes nos questions,
18:45tous nos besoins, etc.
18:47Parce qu'il était de plus en plus impuissant,
18:49aussi bien financièrement qu'affaibli.
18:52Effectivement, le chien, c'était le seul être qui ne lui posait aucun problème
18:58et ce qui peut se comprendre.
19:00Et quand il est déçu, en juillet 2019,
19:03après le revirement des journalistes qui, d'un seul coup,
19:05puisque la justice l'a relaxé,
19:07se remettent à parler de lui positivement après l'avoir enfoncé,
19:11il dira un peu, ça m'a fait penser à cette phrase de Pierre Desproges,
19:16plus je connais les humains, plus j'aime mes chiens.
19:19Je pense qu'il était plein de désillusions.
19:21Il s'en est pris pour parler comme lui, plein la gueule, pendant des années.
19:25D'ailleurs, il nous disait c'est fatigant d'être le gibier pendant 25 ans.
19:30Le gibier.
19:31On pourrait parler aussi de la politique à un moment,
19:33puisqu'il est resté sur la politique
19:35comme l'homme qui s'est battu contre le Front National.
19:38Au fur et à mesure, et à la fin de sa vie,
19:40le Rassemblement National atteignait des scores énormes,
19:42changeait de discours.
19:44Est-ce qu'il avait changé d'avis, à la fin de sa vie,
19:46sur ce parti, celui qui est devenu celui de Marine Le Pen ?
19:48Non, il n'a jamais changé d'avis.
19:50Jamais.
19:51C'était une conviction.
19:55Non, il n'a jamais changé d'avis.
19:57Il en parlait moins en fin de vie.
20:00Alors on va revenir dans un instant à la politique,
20:04parce que ça restera, et c'est incroyable,
20:06on l'apprend à la lecture de votre livre,
20:08mais même dans les toutes dernières heures de sa vie,
20:11disons, derniers jours, pas dernières heures,
20:14il se dit que s'il sort de cette épreuve qu'est le cancer,
20:18il reviendra en politique.
20:20Les bras m'en sont tombés.
20:22Il envisage même de se présenter à la présidence de la République,
20:25et puis finalement il concède que le poste de Premier ministre
20:28pourrait être aussi un honneur pour lui.
20:30C'est assez extraordinaire.
20:32Mais avant de parler de ça,
20:34on va parler aussi de l'homme qu'il a été dans la tourmente judiciaire.
20:38C'est dans un instant avec Victor Lefebvre,
20:41avec vous, Marie Tapie.
20:43A tout de suite sur Sud Radio.
20:45L'heure libre,
20:47Sud Radio, parlons vrai.
20:49De retour de l'heure libre, votre rendez-vous du samedi midi,
20:53toujours en compagnie de Jean-Marie Bordomini.
20:55Toujours là, Stéphane Simon.
20:56La voix de vos matinales sur Sud Radio.
20:58Le week-end.
20:59Le week-end, bien sûr, et nous sommes le week-end, n'est-ce pas ?
21:01Exactement, ça tombe bien.
21:02Victor Lefebvre.
21:03Rebonjour Stéphane Simon.
21:04Rebonjour.
21:05Et notre invité est Marie Grisinger Tapie,
21:08la belle-fille de Bernard Tapie,
21:10auteure de Tapie comme Bernard,
21:12aux éditions des presses de la Cité.
21:14Vous avez appelé ce livre comme ça parce que vous avez
21:16très souvent été, quand vous arriviez quelque part
21:19et vous deviez vous présenter, vous disiez
21:21Marie Tapie, Tapie comme Bernard.
21:24Vous avez entendu ça souvent.
21:26Et tout le temps dans les taxis, tout le temps.
21:28Alors aujourd'hui, nous parlons des dernières confidences
21:31sur Bernard Tapie qui nous a quittés il y a trois ans,
21:33presque jour pour jour.
21:35Et évidemment, il y a toujours une grande fascination
21:37pour cet homme d'affaires hors du commun,
21:39pour l'homme, on en a parlé en première partie
21:42de cette émission, mais aussi pour ce personnage
21:45qu'il a représenté dans la société française.
21:47Victor Lefebvre, d'ailleurs, vous vous êtes penché
21:51sur le Bernard Tapie homme de coup,
21:53parce que c'est un homme qui prend des coups,
21:55mais qui en donne et qui en fait, évidemment.
21:58Des coups parfois bordeurs, on va y revenir.
22:01L'homme d'affaires a été aux prises à de nombreuses fois
22:04avec la justice, qui a des démêlés avec la police,
22:07avec la justice, on se souvient de la rocombolesque
22:10affaire de corruption au MVA, quand il a la tête
22:12du club de Marseille, ou encore le conflit
22:15qu'il a opposé pendant près de 30 ans,
22:18je crois qu'on ne se rend pas compte.
22:2027 ans, le conflit judiciaire avec le crédit lyonnais
22:23dans l'affaire du rai d'Adidas, où il l'estime
22:26et où il a été prouvé qu'il avait été lésé
22:29à de nombreuses reprises.
22:30Oui, il y a plusieurs affaires judiciaires
22:32qui ont émaillé la carrière de Bernard Tapie.
22:34D'abord, l'affaire des châteaux de Bokassa en 1981.
22:36Tapie doit rendre 4 châteaux à l'ancien empereur
22:39de Centrafrique, Jean Bédel Bokassa,
22:41après un jugement du tribunal d'Abidjan annulant la vente,
22:44qui a été d'ailleurs ratifié par le tribunal de Paris.
22:47Ensuite, vous l'avez dit, l'affaire VA-OM.
22:50En mai 1993, le joueur de Valenciennes, Jacques Glassman,
22:54accuse l'OM de l'avoir corrompu,
22:56lui et deux de ses coéquipiers,
22:58en marge du match VA-OM de championnat de football.
23:02Bernard Tapie, à l'époque président de l'OM,
23:04est condamné en 1995 pour complicité de corruption
23:07et subordination de témoin à deux ans de prison,
23:10dont huit mois fermes.
23:12Il obtiendra une libération conditionnelle en juillet 1997,
23:15après avoir passé 165 jours en prison.
23:18Ensuite, il y a différentes affaires.
23:20On peut citer l'affaire Testu en 1996,
23:22l'affaire du Lefossea en 1997,
23:25l'affaire des comptes de l'OM en 1998,
23:27et puis, vous l'avez dit, l'affaire Adidas-Credit Lyonnais.
23:30En 2008, un arbitrage...
23:3227 ans de procédure.
23:34Ça a duré longtemps et un arbitrage accorde en 2008
23:36403 millions d'euros à Bernard Tapie
23:39pour régler son litige avec le Credit Lyonnais
23:42sur la vente d'Adidas dans les années 90.
23:45L'arbitrage est annulé pour fraude en 2015.
23:48Bernard Tapie est condamné en appel
23:50à rembourser la totalité de cette somme
23:52plus les intérêts.
23:54Bernard Tapie se pourvoit en cassation.
23:56Pour le volet pénal,
23:58Bernard Tapie est relaxé en juillet 2019
24:00des accusations d'escroquerie
24:02et de détournement de fraude publique.
24:04Le parc est fait appel
24:06et la décision était attendue le 6 octobre 2021,
24:09soit trois jours après la mort de Bernard Tapie.
24:11Alors, évidemment,
24:13le décès du principal mis en cause
24:15a éteint les accusations.
24:17Alors, Marie Tapie, je vous rassure,
24:19on ne va pas vous demander
24:21de nous éclairer sur tous les détails
24:23de ces affaires, mais ce qui est intéressant
24:25c'est de voir comment Bernard Tapie
24:27vivait ces périodes très délicates
24:29avec la justice.
24:31Est-ce qu'il était affecté
24:33ou il avait fini par être
24:35indifférent à ce qui lui arrivait
24:37quand on songe aux 27 ans
24:39de procédure dans l'affaire Adidas ?
24:41On se doit dire quand même qu'à la fin,
24:43on a le cuir épais comme ça.
24:45Non, il n'y a jamais eu
24:47d'indifférence sur ces affaires.
24:49Moi qui ai vécu
24:51avec lui de l'intérieur,
24:53je l'ai vu tous les jours
24:55pendant 27 ans,
24:57je dis bien tous les jours,
24:59se battre, combattre
25:01dans ses procès
25:03du matin au soir.
25:05C'est-à-dire que la journée était
25:07forcément ponctuée d'appels
25:09avec des avocats, de préparation
25:11de nouvelles stratégies.
25:13Il avait toujours trois coups d'avance.
25:15Il y pensait,
25:17je dirais même, jour et nuit.
25:19Et il faut bien réaliser,
25:2127 ans, ce que c'est quand cet
25:23homme était seul face à une
25:25banque, face à un État.
25:27L'État a dû avoir entre-temps
25:295 présidents de la République, je ne sais pas
25:31combien de gardes des sceaux.
25:33C'est comme s'il y a deux équipes de foot
25:35qui s'affrontent, une qui a le droit
25:37de changer ses joueurs et l'autre non.
25:39Sauf que lui était seul sur le terrain,
25:41seul pendant 27 ans.
25:43C'est juste incroyable
25:45qu'il ait pu tenir aussi longtemps.
25:47D'ailleurs, vous dites dans le livre
25:49tu ne vas pas tenir, vous le tutoyez.
25:51Je m'adresse à lui dans le livre,
25:53c'est très direct, très tapis.
25:55Et vous dites
25:57tu ne vas pas tenir
25:59l'adversaire,
26:01tu ne peux pas tenir l'adversaire
26:03parce qu'il est trop fort.
26:05Et puis c'est comme une hydre à plusieurs têtes.
26:07Tapis, on coupait une,
26:09il y en avait trois qui repoussaient.
26:11Mais c'était sans arrêt.
26:13Et je dis dans le livre que c'était un brouillard
26:15qui ne se levait jamais.
26:17Et quand il avait cette espèce de fatigue immense
26:19dont vous parliez, dans ses yeux,
26:21vous dites qu'il avait parfois une fatigue
26:23immense. Combien de fois ?
26:25Il se frottait les yeux avec ses grosses mains.
26:27Et comment
26:29il arrivait à chasser les idées sombres
26:31qui pouvaient arriver à ces moments-là ?
26:33La famille.
26:35C'était vital pour lui.
26:37Les chiens, la famille,
26:39s'occuper de nous, la cuisine,
26:41sa maison de campagne.
26:43C'est comme ça qu'il faisait le vide dans la tête.
26:45C'est comme ça qu'il était heureux.
26:47Son vélo aussi. Il faisait énormément de vélo.
26:49Alors il y a un détail que vous rappelez
26:51qui n'en est pas un finalement.
26:53Au début de votre livre, vous racontez qu'en 1962,
26:55alors qu'il est donc très jeune,
26:57il a déjà maillé à partir avec la police.
26:59A l'époque, ce sont avec les flics du bourget.
27:01Et vous concluez sur le fait qu'il a fini
27:03sa vie comme il l'a commencé finalement.
27:05Il a fini comme il a commencé
27:07mais je parle aussi de son agression
27:09dans sa maison de campagne
27:11où il s'est pris beaucoup de coups dans la figure.
27:13Et je dis qu'il a
27:15commencé par se faire taper par des flics.
27:17Là, vers la fin de sa vie, c'était
27:19des gars de banlieue
27:21qui lui ont fracassé la tête
27:23et qu'il a
27:25quand même assez mal vécu parce qu'il
27:27s'est dit mais même eux...
27:29Ils l'en veulent.
27:31Alors qu'il le dira,
27:33non seulement il va se défendre face à cette agression,
27:35j'ai souvenir qu'il crache même à la figure
27:37il se défend comme il peut
27:39mais c'est un homme qui a le cancer, qui est âgé
27:41donc il leur crache à la figure.
27:43Et il leur dit sans arrêt mais moi aussi je viens de banlieue.
27:45Oui, c'est ça.
27:47Je ne suis même pas sûre que les gars
27:49connaissaient tapis.
27:51Alors revenons rapidement
27:53sur le dernier arbitrage qui va véritablement
27:55sonner le glas de la fortune de Bernard Tapie.
27:57C'est le 3 décembre 2015.
27:59L'arbitrage qui lui avait permis d'être indemnisé
28:01à hauteur de 403 millions d'euros
28:03vous le rappeliez, Victor, est cassé.
28:05Et l'État lui demande le remboursement
28:07total de ce qu'il a perçu
28:09plus des intérêts.
28:11Il avait de quoi rembourser
28:13les intérêts. Je crois qu'aujourd'hui
28:15on est à 600 millions.
28:17Ils ont rajouté les intérêts,
28:19ils n'ont pas réintégré les impôts
28:21que Tapie a payés en touchant
28:23la somme. C'était un peu compliqué.
28:25Avec des allusions subtiles,
28:27j'imagine que ça a été relu
28:29par les avocats des presses de la cité,
28:31vous dites que finalement
28:33François Hollande n'est peut-être pas étranger
28:35à cette décision.
28:37Pourquoi ? Parce que votre beau-père,
28:39Bernard Tapie, avait
28:41beaucoup de dédain pour François Hollande.
28:43Je pense que la haine de Tapie
28:45venant de Hollande
28:47date déjà du fait
28:49que Tapie soit arrivé
28:51comme un prince en politique,
28:53qu'il n'était pas du milieu
28:55et qu'il avait tout de suite été le chouchou du président.
28:57Donc ça a dû énerver pas mal
28:59à cette époque.
29:01J'ai souvenir
29:03qu'avant les élections où Hollande
29:05est élu,
29:07Bernard voyait son téléphone
29:09sonner et disait « c'est encore Hollande »
29:11et ne répondait jamais.
29:13Ces deux ne s'aimaient pas trop.
29:15Il ne s'aimait pas trop et un jour
29:17Bernard Tapie entend de la bouche
29:19de François Hollande qui a appris qu'il souffrait du cancer
29:21et qui lui demande
29:23« comment ça va ? »
29:25Tapie lui dira « vous osez
29:27me demander comment je vais ? »
29:29Voilà, parce qu'ils se croisent dans la rue,
29:31Hollande s'approche de Tapie,
29:33lui demande comment ça va
29:35et selon Bernard,
29:37Bernard était persuadé que
29:39Hollande était à l'origine de beaucoup
29:41de ses problèmes judiciaires.
29:43Il y a quelque chose de passionnant
29:45dans votre livre, c'est que ce désir de politique
29:47a habité Bernard Tapie
29:49jusqu'au dernier souffle. On apprend
29:51il y a quelques instants
29:53qu'il s'était fait une promesse. S'il sortait du cancer,
29:55il se présenterait à l'élection
29:57présidentielle ou du moins
29:59il accepterait un poste de Premier ministre.
30:01Ça paraît assez incroyable
30:03quand on lit cette anecdote.
30:05Surtout qu'il était vraiment en fin de vie.
30:07Donc on réalise que c'était son rêve
30:09ultime mais on s'en doutait
30:11quand on a vu
30:13qu'il se débarrassait de
30:15toutes ces affaires
30:17qu'il vendait à la Vavitadidas
30:19pour être ministre de la ville.
30:21C'est quand même surréaliste.
30:23Oui, c'est vrai. Alors,
30:25il y a quelque chose qui ressort
30:27de la lecture de votre livre, c'est que
30:29pour comprendre la psychologie de Bernard Tapie,
30:31après tout, il faut se dire que l'homme
30:33s'est construit en permanence
30:35aussi bien dans le milieu familial
30:37que dans la vie professionnelle.
30:39Il se construit dans l'adversité. Il a besoin
30:41de s'appuyer sur les autres,
30:43de montrer qu'il a un meilleur avis,
30:45qu'il est plus fort, qu'il est plus solide.
30:47Et c'est ça, ce besoin
30:49en permanence pour avancer,
30:51c'est un besoin de se battre.
30:53Un besoin de se battre et je pense une colère
30:55depuis l'enfance, un gros complexe
30:57de classe
30:59qui s'est
31:01un peu apaisé quand il a fait
31:03son service militaire,
31:05parce que pour lui c'était le seul endroit
31:07où tout le monde était sur un pied d'égalité.
31:09C'est la première fois qu'il a réalisé
31:11qu'en fait il n'était pas plus mauvais
31:13que les gars qui étaient dans des classes
31:15sociales plus élevées,
31:17qu'il avait même souvent plus
31:19de talent qu'eux.
31:21Donc en tout cas, cette colère
31:23il l'avait vraiment depuis
31:25l'enfance. J'ai l'impression qu'elle
31:27l'a jamais vraiment quitté.
31:29Alors dans un instant,
31:31on va parler du Bernard Tapie malade.
31:33C'était l'été 2017. Vous écrivez
31:35« Il était tout le temps fatigué.
31:37L'homme des piles Vondères n'a pas
31:39d'alent. » Et vous allez découvrir en fait
31:41qu'il a un cancer. On en parle
31:43tout de suite avec vous. A tout de suite sur
31:45Sud Radio.
31:47L'heure libre, Sud Radio
31:49parlons vrai. De retour dans l'heure libre
31:51avec mes complices
31:53Jean-Marie Bordry, des matinales
31:55de Sud Radio, et Victor Lefebvre
31:57du service
31:59Investigation. Avec nous, Marie Grissinger
32:01Tapie, auteure de « Tapie comme Bernard »
32:03aux éditions Les Presses de la Cité.
32:05Nous allons parler du Bernard Tapie
32:07malade. C'est à partir de l'été
32:092017 que les choses se gâtent, en effet.
32:11Vous avez l'impression qu'il est fatigué.
32:13Il est bougon. Il devient
32:15rabat-joie. Bernard Tapie
32:17ne sort plus avec vous le soir.
32:19Il n'en a plus l'envie. Même le 14
32:21juillet, il se couche à 21h
32:23ce qui est tout à fait inhabituel.
32:25Et à la fin de l'été, vous allez découvrir
32:27qu'il a un cancer. La tumeur
32:29fait déjà 3 cm
32:31de long.
32:33Oui, tout à fait.
32:35C'était pas inhabituel qu'il se couche
32:37tôt. Mais là,
32:39Bernard ne sortait pas.
32:41Il n'aimait pas les fêtes.
32:43On le forçait un peu à aller
32:45au restaurant de temps en temps.
32:47Il était quand même assez calme.
32:49Mais là, c'était excessif.
32:51Donc oui,
32:53un soir du 14 juillet
32:55où on était en famille.
32:57En général, quand on était en famille,
32:59là, il va se coucher.
33:01Et il découvre
33:03qu'il a un cancer. Et ce qui est
33:05très étonnant dans cette histoire, c'est que
33:07c'est un cancer de l'estomac.
33:09Comme il l'a eu
33:11dans son film
33:13avec Lelouch des années avant.
33:15Il avait eu ce
33:17cancer de l'estomac dans la fiction.
33:19Il a dans la vraie vie ce
33:21cancer de l'estomac. Dans le
33:23film, c'est Pierre Arditi qui le soigne
33:25et qui lui annonce
33:27vous avez un cancer de l'estomac.
33:29Et dans la vraie vie,
33:31il prend l'avion le lendemain
33:33de cette découverte
33:35atroce et il se retrouve
33:37dans l'avion avec Pierre Arditi.
33:39À côté de lui. Incroyable.
33:41Alors qu'ils ne se fréquentaient pas du tout.
33:43Et là, il dit, mais Pierre, tu ne peux pas imaginer
33:45ce qu'on m'a annoncé hier. On m'a annoncé
33:47que j'avais un cancer de l'estomac.
33:49Et je fais cette réflexion dans le livre
33:51qui est qu'avec Bernard,
33:53la fiction se mélangeait tout le temps
33:55avec la réalité en fait.
33:57Alors c'est un choc, d'autant que pour vous,
33:59évidemment, vous vous rendez compte,
34:01on se rend compte que tout Bernard Tapie
34:03qu'il est, il ne faisait pas d'examen
34:05médical. Il n'y avait pas de check-up pour lui.
34:07Et alors cette tumeur,
34:09avant d'atteindre 3 cm,
34:11elle aurait pu être détectée bien avant.
34:13Et évidemment, certainement mieux soignée.
34:15Mais vous savez, il était tellement
34:17à un moment obsédé
34:19par ses procès
34:21qui venaient de tous les côtés
34:23qu'effectivement,
34:25il s'est négligé.
34:27Alors,
34:29Bernard Tapie n'a pas peur de mourir.
34:31On le découvre en lisant votre livre.
34:33Il l'a dit aussi au moment...
34:35Mais quand même,
34:37quand le milieu familial le confirme,
34:39ce n'est plus
34:41un mot de bravache, on va dire.
34:43Quand il apprend qu'il a le cancer,
34:45il dit à ses philosophes
34:47j'ai 74 ans,
34:49j'ai tout vécu.
34:51Oui, et puis je pense
34:53qu'il en avait un peu marre de...
34:55Sa vie le satisfaisait
34:57totalement à 74 ans
34:59puisqu'on était encore dans les procès
35:01permanents.
35:03En même temps,
35:05il nous dit ça,
35:07mais moi je suis persuadée qu'au fond,
35:09il était évidemment angoissé.
35:11D'ailleurs, la dernière
35:13année, il y avait un pasteur
35:15qui venait le voir quasiment
35:17tous les jours.
35:19Avec qui il parlait au téléphone
35:21quotidiennement.
35:23Je pense que ce n'est pas étranger
35:25à une véritable angoisse
35:27qu'il avait en lui.
35:29C'est intéressant parce qu'on
35:31découvre finalement que cet homme de gauche,
35:33que l'on pensait très laïque,
35:35il se raccroche beaucoup à la religion
35:37dans les derniers moments de sa vie.
35:39Oui, dans les derniers moments,
35:41même dans les mauvais moments, je dirais.
35:43Parce qu'en prison, c'était le cas aussi.
35:45Et puis en relisant des articles,
35:47j'ai vu qu'il en parlait déjà
35:49même avant.
35:51Il vivit un peu
35:53toute sa vie.
35:55Aux yeux de la famille, en tout cas,
35:57ça a paru beaucoup plus évident
35:59à la fin.
36:01Bernard Tapie fait preuve d'un grand courage
36:03parce qu'à partir de janvier 2018,
36:05il se fait opérer.
36:07Il subit une opération qui va durer 8 heures.
36:09Il se fait ouvrir la cage thoracique.
36:11On s'imagine ce que ça veut dire.
36:13On sort un morceau de son poumon
36:15pour découper le zoophage
36:17et retirer les 3 quarts de l'estomac.
36:19Et ce qui est incroyable,
36:21c'est que 3 jours après cette opération
36:23particulièrement lourde,
36:25il est déjà sur les pieds
36:27et il est déjà dehors.
36:29Et il retrouve une vie normale quasiment tout de suite.
36:31Les médecins,
36:33les chirurgiens n'en revenaient pas
36:35avec lui.
36:37C'est-à-dire qu'il lui fallait
36:395 jours pour 3 semaines
36:41contre une personne normale
36:43de rétablissement.
36:45Franchement, les chirurgiens
36:47disaient à la famille
36:49on est sidéré, on n'a jamais vu ça.
36:51Une vitesse de cicatrisation incroyable.
36:53Cet homme était
36:55quand même exceptionnel
36:57sur beaucoup d'aspects.
36:59À l'automne 2018,
37:01après être opéré,
37:03il a une rémission.
37:05Mais malheureusement,
37:07ça ne va pas durer.
37:09Et le mai suivant, mai 2019,
37:11alors que vous êtes vous avec votre mari
37:13aux Etats-Unis, vous vous rendez compte
37:15un jour au téléphone que Bernard Tapie
37:17a la voix éraillée.
37:19Le cancer a donc métastasé,
37:21les cordes vocales sont touchées.
37:23Voilà.
37:25Ça a été très choquant pour nous.
37:27En fait, on l'a vu
37:29à la télé avec cette voix très aiguë
37:31et très bêtement, avec mon mari,
37:33on a rigolé de voir
37:35cet homme
37:37dont la caractéristique
37:39était quand même cette voix très grave
37:41et très virile, avoir soudainement
37:43cette voix aiguë. Et pour moi,
37:45ça ne correspondait plus
37:47du tout au personnage.
37:49Mais bon, rapidement,
37:51ça nous a moins fait rire parce que moi,
37:53j'avais fait des recherches sur Google
37:55et j'avais vu que quand les cordes vocales
37:57commencent comme ça
37:59à s'affaiblir, c'est un très mauvais signe.
38:01Oui,
38:03et puis malgré
38:05cette voix, il continuait
38:07à être aussi combatif,
38:09à être aussi bagarreur,
38:11à venir à la télé dire ce qu'il avait à dire.
38:13Oui, on se souvient d'une interview avec
38:15Laurent Delahousse où il a la voix totalement
38:17éraillée comme ça.
38:19Alors, à cette période, il va
38:21demander lui-même au médecin de faire
38:23tenez-vous bien, une
38:25chimiothérapie et une radiothérapie
38:27mais en même temps.
38:29Ce qui est une folie, parce que
38:31il y a très peu d'organismes qui peuvent tenir
38:33face à cela.
38:35Et il souffrait beaucoup après ces traitements.
38:37Il était très malade,
38:39mais comme quoi la mort
38:41devait l'angoisser
38:43quand même, puisqu'il
38:45voulait mettre le paquet pour
38:47guérir. Alors évidemment,
38:49ce combat silencieux contre le cancer
38:51va se payer très cher pour la famille.
38:53Bernard Tapie a été, on peut le dire,
38:55odieux avec ses proches à la fin de sa vie.
38:57Il est très dur à vivre.
38:59Il est très dur à vivre, encore plus exigeant
39:01et
39:03déjà très possessif avec son épouse
39:05Dominique, mais là, plus que jamais.
39:07Plus que jamais.
39:09Avec l'angoisse,
39:11même avec l'angoisse,
39:13je vais vous dire, qu'elle lui survive.
39:15C'est-à-dire qu'il était tellement jaloux
39:17que d'imaginer sa femme
39:19vivre sans lui
39:21lui était complètement insupportable.
39:23Alors les derniers jours
39:25sont horribles, puisque son corps lui fait mal.
39:27Très mal.
39:29On lui fait des compresses de froid,
39:31des compresses d'argile.
39:33Tout ce qui peut dissiper la douleur
39:35évidemment est bon à prendre.
39:37Mais il y a pire que ça.
39:39Il y a ses angoisses la nuit.
39:41Il se lève, il allume la lumière
39:43et il a peur.
39:45Je ne sais pas de quoi il avait peur.
39:47Je pense de
39:49la progression de la maladie.
39:51On lui donnait
39:53des petits traitements contre la douleur
39:55mais, j'en parle dans le livre,
39:57il refusait la morphine.
39:59Et on ne lui donnait la morphine
40:01que quand il se mettait à hurler
40:03et qu'il n'y avait plus aucune autre option.
40:05Parce qu'il était
40:07persuadé qu'il fallait garder l'énergie
40:09que la douleur faisait réagir
40:11le corps et que le corps
40:13serait plus combatif
40:15en ayant cette douleur.
40:17Donc cette
40:19histoire de morphine ça a été l'enfer
40:21puisque nous on l'a vu souffrir
40:23le martyr jusqu'au bout.
40:25Il y a une personne
40:27dont on doit saluer ici
40:29l'extraordinaire courage chez Dominique
40:31sa femme, parce qu'il ne supportait pas
40:33qu'elle s'éloigne, même de quelques mètres
40:35de lui. Il avait besoin
40:37de la sentir à côté de lui en permanence.
40:39Oui, tout à fait.
40:41Il ne voulait pas qu'il y ait d'infirmiers
40:43pour prendre le relais.
40:45Il voulait qu'elle dorme avec lui toutes les nuits
40:47sachant qu'il se levait beaucoup la nuit.
40:49Donc elle était totalement épuisée.
40:51Il acceptait exceptionnellement
40:53que son fils Laurent prenne le relais
40:55passe la nuit avec lui
40:57mais Dominique a été vraiment exemplaire.
40:59Oui.
41:01Est-ce qu'à la fin de sa vie
41:03il avait un regret dans ce qu'il avait pu faire ?
41:05Pas forcément ce qui lui est arrivé mais ce qu'il avait pu faire
41:07un de ses actes, une de ses opérations ?
41:09Le regret c'est la politique
41:11je pense. C'est la politique
41:13parce qu'il était voué
41:15à aller très loin.
41:17C'est Jean-Luc Mélenchon
41:19qui le dit dans le livre
41:21qui est un des témoins du livre
41:23qui avait été épaté par son potentiel
41:25politique. C'était un homme
41:27qui avait
41:29un lien très fort avec le peuple
41:31et très charnel
41:33et ça peu de gens peuvent l'avoir
41:35donc il aurait pu aller très très loin
41:37en politique et je pense que c'est ça
41:39qu'il a dû regretter le plus.
41:41C'est à la fois du regret et c'est de l'envie d'en être quand même
41:43parce qu'on le disait tout à l'heure
41:45il aurait aimé encore
41:47s'il avait vaincu le cancer, se présenter
41:49à la présidence de la République.
41:51Merci beaucoup Marie Tapie
41:53d'être venue témoigner ici.
41:55Je rappelle le titre de votre livre
41:57Tapie comme Bernard aux éditions
41:59Presse de la Cité.
42:01Un joli livre écrit tout en
42:03impression comme ça
42:05qui se chevauche
42:07et c'est absolument étonnant.
42:09Vous pouvez retrouver notre émission sur la chaîne
42:11Youtube de Sud Radio la semaine prochaine.
42:13Nous nous rendez-vous
42:15samedi 12h-13h
42:17toujours mais avec une nouvelle émission
42:19qui va s'appeler
42:21L'affaire dans l'affaire.
42:23On va prendre le temps
42:25de revenir sur une grande affaire
42:27criminelle d'hier ou d'aujourd'hui
42:29et on va se poser toutes les questions
42:31qui s'imposent et qui nous font
42:33réfléchir sur la marche de notre société
42:35avec le complice Victor Lefebvre.
42:37Avec plaisir.
42:39Une émission en partenariat avec la revue de
42:41Max Keys qui va s'appeler Affaire Criminelle aussi
42:43tout de suite en attendant Alain Marti
42:45qui nous amène sur les routes d'Evin.
42:47On va se reposer dans les vignes
42:49entre la Gascogne et la Provence juste après
42:51A tout de suite sur Sud Radio.