• il y a 7 mois
Avec Alexandre Martinez, Olivier Maurin et Bertrand Sicard

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##L_HEURE_LIBRE-2024-05-11##

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News
Transcription
00:00 *SUD RADIO, l'heure libre, 10h11*
00:04 Bonjour à tous, bienvenue dans l'heure libre, une heure de décryptage de l'actualité des faits de société avec la rédaction de Factuel.Média
00:11 Une heure avec le très vigilant Jean-Marie Bordry
00:14 Bonjour Jean-Marie
00:15 - Bonjour
00:16 - Ah oui, vigilant, vous êtes là et vous êtes là pour redresser nos torts quand nous nous laissons aller à quelques dérapages
00:22 - N'hésitez pas à redresser les miens
00:24 - Avec nous également Alexandre Martinez, enquêteur à Factuel.Média
00:27 - Bonjour Stéphane, bonjour Jean-Marie
00:29 - Bonjour
00:30 - Et nous avons le plaisir d'accueillir aujourd'hui Olivier Morin, éleveur de Brebis en Lauser, président de l'IGP Élovel
00:37 Une de ces IGP, Indications Géographiques Protégées les plus exigeantes de France
00:41 Vous êtes également père de famille, maire d'une petite commune Prévent-Cher en Lauser
00:46 Et qui, dans son livre, a pris la parole au nom des milliers de sans-voix des territoires ruraux
00:52 Son livre s'appelle "Le festin des loups, le cri d'alarme d'un maire rural"
00:56 Et c'est paru aux éditions première partie. Bonjour Olivier Morin
00:59 - Bonjour Stéphane Simon, bonjour à tous
01:01 - Bonjour
01:02 - Alors, dans la deuxième partie de cette émission, on va accueillir Bertrand Sicard, président de Ferus
01:07 Une association qui se bat, elle, pour la réintroduction des espèces sauvages dans nos montagnes
01:11 Je pense que ça va être l'occasion d'un échange passionnant, peut-être musclé entre vous tout à l'heure
01:16 Mais tout de suite, je voudrais que l'on parle de vous, Olivier Morin, et de votre parcours
01:21 Vous vous battez contre ce que vous appelez "l'ensauvagement de nos compagnes"
01:24 Je dois dire que c'est une notion très intéressante, car on connaissait évidemment l'ensauvagement de nos banlieues
01:29 Mais vous allez nous dire ce que c'est que l'ensauvagement de nos campagnes
01:32 Ça n'a pas grand chose à voir, mais ça détruit, comme la violence dans nos cités
01:37 Une certaine forme de rapport apaisé de notre civilisation avec la nature
01:42 Tout d'abord, revenons sur votre parcours
01:44 Vous êtes fils et arrière petit-fils d'éleveur
01:47 Je dis ça parce que je crois que c'est important de rappeler qu'on ne devient pas éleveur comme ça
01:50 On est souvent amené à perpétuer une tradition familiale
01:53 Oui, c'est exact
01:55 Je me suis installé en 2000, à l'an 2000, sur les terres de mon grand-père
02:02 Dans un petit hameau qui s'appelle Lafarge, en Lauserre, sur l'est du département de Lauserre, à Limitrophe avec l'Ardèche
02:08 Je me suis installé sur ces terres familiales, mais je suis quand même parti de rien
02:12 C'est-à-dire que j'ai bâti cette exploitation en montant mon troupeau petit à petit
02:18 En construisant un bâtiment agricole, Bergerie-Grange, de mes mains, avec l'aide de mon père et de mon frère
02:24 Et j'ai également commencé à investir dans du matériel agricole pour tout simplement pouvoir travailler
02:29 Aujourd'hui, votre troupeau, il est de combien de têtes ?
02:32 J'ai démarré justement en 2000 avec 50 brebis
02:36 Et puis petit à petit, j'ai monté un troupeau de 350 brebis mères jusqu'en 2009
02:42 Au moment du départ en retraite de mon père, qui lui était installé déjà depuis une demi-siècle sur un autre site
02:48 Et donc on a fusionné les exploitations
02:51 Et aujourd'hui on a une magnifique ferme avec 1200 brebis, 300 agnelles pour le renouvellement
02:55 Les agnelles, c'est les petites brebis
02:57 Oui, celles qu'on mange à Pâques, c'est ça ?
02:59 Oui, c'est ça, et puis les béliers, les reproducteurs
03:01 Avec 20 béliers reproducteurs, et on est 3 sur la ferme
03:04 Oui, c'est un beau troupeau
03:06 Alors, vous avez eu une enfance heureuse, entre l'école où vous étiez plutôt pas mauvais
03:10 Et les travaux des champs avec vos parents, c'est un modèle qui vous convenait
03:13 Et dont vous dites que malheureusement, vous ne pourrez peut-être plus garantir la continuité à vos enfants
03:18 Oui, j'ai eu une scolarité relativement réussie
03:24 J'ai mon bac, bon voilà
03:26 J'étais parti pour faire des études d'histoire géo à la fac
03:31 Un point commun avec votre serviteur
03:33 Oui, c'est ça, et puis voilà, après l'obtention malgré tout de la première année
03:39 Sur un coup de tête, comme peut-être les jeunes peuvent en avoir de temps en temps
03:43 J'ai tout planté, et j'ai fait mon service militaire
03:47 Avant de revenir en Lauser, d'abord par un petit boulot
03:50 En tant qu'ouvrier dans une scierie
03:53 Et puis ensuite, en 2000, j'ai fait ce choix de perpétuer l'aventure familiale
03:58 Et de m'installer en tant qu'hariculteur
04:00 C'était quoi ? C'était l'appel de la terre ?
04:02 Vous ne vous sentiez pas chez vous là où vous faisiez vos études
04:04 Et vous aviez besoin de revenir chez vous ?
04:07 Probablement, peut-être aussi l'envie de découvrir autre chose d'inattendue
04:13 Parce que quand vous avez 18 ans, que vous vous engagez avec les fusillés commandos de l'air pour partir en Afrique
04:17 C'est peut-être pas commun, mais voilà
04:21 Peut-être l'envie de partir, et je ne le regrette pas aujourd'hui d'ailleurs
04:25 Parce que je ne parle pas de chez moi tous les jours
04:27 Et oui, c'est d'ailleurs, vous nous faites une belle preuve d'amitié
04:30 De venir ce jour, sur Sud Radio, ce samedi
04:34 Alors vous et votre père, vous êtes à l'origine d'une filière de qualité, c'est important de le rappeler
04:38 Qui est l'agneau de l'Auxerre, en plus particulièrement l'agneau d'Ellovel
04:42 Qui est un agneau très prisé des grandes tables
04:45 C'est une race qui a été longtemps appelée blanche de l'Auxerre
04:48 Et qui a des qualités de viande exceptionnelles
04:50 La viande n'est pas grasse, pas très rouge, elle est plutôt rosée
04:53 Et son gras a la réputation d'avoir un goût de noisette quand il est grillé
04:57 C'est une viande succulente
04:59 Alors oui, Ellovel, ça veut dire élevage auvin et environnement
05:03 L'Auxerre, créé en 1990, déjà
05:05 Élevage auvin et environnement en Auxerre
05:08 Depuis très longtemps, on a compris, mon père avant moi et d'autres évidemment
05:12 On a compris qu'il fallait impérativement lier l'environnement dans lequel on vit, nous
05:17 Aujourd'hui qu'on appelle "biodiversité"
05:19 La lier avec notre production, notre façon de travailler
05:22 Parce que c'est ce qu'attend le consommateur
05:25 Et donc cet agneau, au fil des années, a acquis une notoriété indiscutable
05:30 Joël Robuchon le citait comme le "seigneur des agneaux", c'est pas rien
05:33 Et ça a été couronné par l'obtention en 2008 de l'indication géographique protégée
05:39 Qui vient boucler la boucle et en faire un des produits très haut de gamme de la viande française
05:44 Et elle est sur quelle surface, cet IGP ?
05:46 Parce qu'il y a beaucoup d'appellations, d'indications géographiques protégées
05:49 Qui sont extrêmement restrictives, à plus ou moins 5 km
05:52 Alors nous on a la plus petite IGP de France en termes de superficie, de surface et de volume
05:59 800 hectares c'est ça ?
06:00 Non, c'est le département de la Lauserne
06:02 Le département de la Lauserne avec quelques communes limitrophes
06:06 Mais c'est la plus petite en termes de taille de France
06:09 Et c'est la plus restrictive aussi en termes de cas et des charges
06:11 Une seule race de brebis, comme vous l'avez dit, la blanche de Lauserne
06:13 Qui s'appelle blanche du Massif Central aujourd'hui
06:15 Avec des caractéristiques très particulières sur l'autonomie fourragère de nos exploitations agricoles
06:21 80% de l'alimentation de nos brebis mères doit provenir de la ferme
06:25 Du terroir
06:26 Du terroir, du fouet, du pâturage, de la céréale qu'on produit chez nous
06:30 Et enfin, une caractéristique forte qui fait partie du cas et des charges
06:34 C'est l'espèce, donc l'agneau doit être né, élevé et abattu sur le territoire de l'IGP
06:40 C'est unique
06:41 C'est unique
06:42 Alors, j'allais dire que vous avez vécu de votre métier, certes ce n'était pas une sinécure
06:47 C'était du boulot, mais plutôt joyeusement, jusque dans les années 2010
06:53 Et là je dis patatra, car le loup a été réintroduit dans nos montagnes, en Lauserre en particulier
06:59 Je dis patatra parce que, à titre personnel, Olivier, vous comptez déjà plus de 150 brebis tuées directement par des attaques de loups
07:07 Oui, c'est exact, alors c'est vrai que le chemin de 2000 à 2010 n'a pas été facile pour une installation de zéro
07:14 Un jeune qui se lance aujourd'hui, ce n'est pas facile
07:16 Et d'ailleurs, ce message, c'est aussi un message d'encouragement à tous les jeunes paysans qui ont des difficultés
07:21 Et je ne sais pas si il y en a, c'est de leur dire surtout ne lâchez pas, le travail finit par payer
07:26 Mais malgré tout, malgré le travail, malgré la difficulté, quand on vit sans prédation, quand on n'a pas d'attaque de loups
07:36 Même si c'est difficile, on n'a pas un horizon qui est bouché
07:39 Et depuis 2010, avec le retour du loup sur le département de Lauserre, avec les premières attaques officielles en 2012
07:44 Alors là, en effet, c'est un monde qui bascule
07:47 Et depuis 2012, je me barre
07:52 - On est là pour en parler, absolument
07:54 Le loup avait complètement disparu en France depuis les années 30
07:58 Il a été réintroduit dans les années 90, un petit peu avant Lauserre
08:02 Où est-ce qu'on en est aujourd'hui, Alexandre Martinez ?
08:06 - Effectivement, le loup n'était plus présent en France, comme vous le disiez, à l'entrée de guerre
08:10 Si ce n'est dans les légendes urbaines, telles que les loups de Courlande ou encore la bête du guet vaudan
08:15 Pour faire un petit appart avec l'Occitanie
08:18 Et en tout cas, comme vous l'avez dit, il a été réintroduit progressivement
08:21 Alors c'est l'espèce qui est le loup gris, que l'on trouve également dans les pays frontaliers, en Italie et en Espagne
08:29 On a un nombre d'individus qui est croissant chaque année
08:33 En France, il s'agit de l'Office français de la biodiversité qui est en charge de l'estimation
08:37 Pour vous prendre un petit exemple, on était en 2021-2022 à 920 espèces recensées
08:43 Et bien en 2022-2023, on est à 1100, donc une constante augmentation
08:49 Et comme vous l'avez très bien dit, en 2010, on l'a vu apparaître dans la zone du Massif central, notamment en Lauser
08:56 Et aujourd'hui, on aurait près de 7% du territoire français qui serait concerné, et particulièrement le Mercantour, par cette réintroduction des loups
09:04 - Peut-être juste une petite précision sémantique, parce qu'elle est importante
09:07 C'est vrai que le loup n'a pas factuellement été réintroduit, au contraire de l'ours
09:11 Où on a été chercher des ours de Slovénie pour les introduire dans les Pyrénées à nouveau
09:15 Là, c'est une migration des loups qui sont revenus progressivement, année après année, depuis l'Italie
09:19 Et qu'on a protégé, ce qui fait qu'ils se sont multipliés
09:22 - Ouais, lorsque le drame... Parce que, pardon, aujourd'hui, le drame, c'est que des meutes de loups se constituent
09:28 Olivier Morin, c'était déjà difficile de garder un troupeau d'une centaine de brebis avec un chien, ou un chien protecteur comme le patou
09:38 Mais là, face à une attaque de plusieurs loups, ça devient très compliqué pour vous
09:43 - Ça devient très compliqué. Alors juste, je rebondis quand même, parce que, sur ce que vous avez dit
09:48 Certes, on ne peut pas dire officiellement que le loup a été réintroduit
09:51 Mais je lance quand même, aux yeux des lecteurs et des auditeurs aujourd'hui, quelques perspectives
09:57 Alors réflexion sur ces différents lâchés qu'il y a eu avant le retour officiel de 1993
10:03 En tout cas, réintroduction ou pas, toujours est-il que le fait d'avoir un régime strictement protégé
10:09 Ça a permis son développement et son apparition sur le territoire français en tout cas
10:14 Alors c'est difficile, et évidemment c'est difficile de s'en protéger, d'autant plus qu'on a des systèmes de reproduction sur nos territoires
10:21 Qui sont très divers, et notamment sur le massif central
10:24 Par exemple, certes, on a des troupeaux d'estive où on part tous ensemble, tous les éleveurs de la commune partent sur le mont Lauser l'été
10:30 - Et là, il y a plusieurs milliers de bêtes
10:31 - Là, il y a 2500 bêtes, avec 3 bergers salariés
10:35 Mais on a aussi un système de fonctionnement durant les mois restants où on a 4-5 lots de brebis différents sur la ferme
10:43 Voilà, parce qu'un lot est en lutte, un lot est en reproduction, etc.
10:47 Ce qui fait que vous ne pouvez pas, de toute façon, mettre 3 bergers par lot de brebis, 10-15 patous par lot de brebis
10:53 Donc les moyens de protection qui sont décrits dans le plan loup, ils sont quand même très difficiles à mettre en place
10:58 Et assez inefficaces malgré tout
11:00 - Dans un instant, on va se demander pourquoi le retour du loup sauvage n'est pas une bonne nouvelle
11:05 Pourquoi le loup est-il devenu un enjeu politique aussi ?
11:07 Et pourquoi est-il si difficile de concilier une agriculture respectueuse de l'environnement avec le retour des espèces sauvages ?
11:14 Ce sont les questions abordées dans votre livre
11:16 Olivier Morin, on vous retrouve tout de suite sur Sud Radio
11:18 A tout de suite !
11:19 - Sud Radio, l'heure libre, 10h11h
11:23 - De retour dans l'heure libre, votre rendez-vous du samedi matin pour décrypter l'actualité sur Sud Radio
11:28 avec factuel.média, je suis toujours en compagnie de Jean-Marie Baudry
11:31 - Toujours !
11:32 - Et Alexandre Martinez, toujours également
11:34 Notre invité du jour est Olivier Morin
11:36 Il est éleveur de brebis en Lauser, maire d'une petite commune pré-Venchères
11:40 et auteur d'un livre remarquable qui s'appelle "Le festin des loups"
11:43 le cri d'alarme d'un maire rural aux éditions 1ère partie
11:47 On parle du loup aujourd'hui
11:49 La réintroduction n'est pas sans poser des problèmes aux éleveurs et aux habitants de nos montagnes
11:53 Concrètement, j'aurais voulu vous demander Olivier Morin, comment ça se passe une attaque de loups ?
11:57 Qu'est-ce qu'on ressent au milieu des montagnes quand on sent la bête s'approcher ?
12:01 Est-ce qu'on sent d'abord la bête s'approcher ?
12:03 Parce que comprenez que nous autres, urbains, on ne sait pas trop bien de quoi vous parlez là
12:08 - C'est toute la difficulté, et d'où le livre, c'est d'essayer de faire passer ces messages aux citadins
12:12 et je vous remercie encore de m'inviter aujourd'hui
12:15 Oui et non !
12:17 Bien sûr que de par le comportement des chiens de protection la nuit
12:21 de par le comportement des brebis dans les parcs de nuit
12:24 on sent le mouvement du loup autour, les sonailles qui s'excitent, les chiens qui aboient, etc.
12:28 Et non, parce que les dernières attaques qu'on a eues sur notre troupeau du Mont-Loser
12:32 ont eu lieu par temps de pluie, par temps de brouillard
12:35 Nous étions 5 éleveurs, armes à l'épaule, parce qu'on a des tirs de défense
12:39 armes à l'épaule, 5 pour 2500 brebis, on n'a pas vu l'attaque se dérouler
12:43 Vous avez quand même le droit d'utiliser vos armes si le loup se fait trop proche et trop menaçant ?
12:51 C'est un cadre très strict
12:54 Parce que je croyais que c'était protégé jusqu'à l'aveuglement presque, c'est-à-dire impossible de toucher un loup
12:58 C'est un système dérogatoire en effet qui a été mis en place par l'Etat depuis quand même quelques années
13:02 Il y a à peu près 3000 tirs de défense autorisés en France aujourd'hui
13:06 C'est beaucoup et malheureusement ça ne règle pas le problème
13:09 parce que comme je vous le dis, dans certains secteurs et dans certains cadres très stricts
13:13 les tirs de défense sont autorisés mais nous, sur notre secteur d'estive
13:18 nous n'avons jamais pu voir le loup attaquer et donc ne pas pouvoir lui tirer dessus
13:23 J'aimerais que vous décriviez cette scène parce qu'elle est très frappante
13:26 Vous dites que vous étiez dans le brouillard, dans la pluie, à 5 armés pour surveiller 2500 brebis
13:31 et malgré ça l'attaque a eu lieu sans que vous vous en rendiez compte
13:34 Quand est-ce que vous vous êtes rendu compte que le loup avait frappé ? Combien de brebis avaient disparu ?
13:38 Comment ça s'est passé ?
13:40 Quand le brouillard s'est levé, quand la pluie est partie et qu'on a pu faire le tour du troupeau
13:45 Vous en avez perdu combien ?
13:46 Cette fois-là on avait perdu 7, 7 brebis tuées et puis une ou deux qui étaient blessées
13:52 et qui de toute façon finissent par agoniser
13:54 Et là aussi d'ailleurs, excusez-moi, mais le bien-être animal
13:57 je pense que si toutes les personnes qui aujourd'hui, peut-être en sincérité, défendent ces animaux-là
14:02 venez voir les résultats des attaques de loups, je pense qu'il y aurait des surprises
14:06 Oui c'est ce que vous expliquez, pardon, vous racontez, c'est fort, c'est profond, c'est si amer
14:10 Si j'avais eu l'énergie ce jour-là de prendre ma brebis sur mes épaules, je l'aurais descendue jusqu'à la préfecture de Minde
14:16 pour l'exposer à la vue des journalistes, des citoyens, des élus
14:19 Comment notre société dans la grandeur du bien-être animal peut-elle accepter ce massacre ?
14:25 C'est une des raisons qui m'a poussé à écrire ce bouquin, c'est cette injustice que l'on ressent
14:32 Alors bien sûr qu'il ne faut pas faire de mal à un chat, etc.
14:35 On l'entend tous les jours à la radio
14:37 Mais alors quitte de nous, quitte de nos animaux domestiques
14:40 En effet, je me rappelle complètement de la première attaque, je ne l'oublierai jamais
14:43 Et tous les éleveurs qui ont basculé dans la prédation, ça reste pour eux un moment dramatique de leur vie
14:50 Et ça c'est très pesant aussi psychologiquement
14:52 J'ai une question subsidière sur l'attaque que vous décriviez à l'instant
14:55 Vous disiez que vous en aviez perdu 7, plus de blessés
14:57 Sur les 7, combien avait été dévorée ?
14:59 Puisque de mémoire, le prédateur normalement attaque une bête pour la dévorer
15:02 C'est ça, et c'est un autre sujet très intéressant
15:05 Malheureusement, il tue, mais il ne consomme pas forcément
15:09 Là en l'occurrence, il n'avait rien consommé du tout
15:11 Puisque nous on est arrivé, après la levée du brouillard sur le lieu de massacre
15:15 Il s'est enfui évidemment
15:17 Il n'a rien consommé
15:19 Donc bien sûr que le prédateur, il faut qu'il se nourrisse
15:23 Mais de là à tuer 7 brebis et en massacrer 3 autres
15:27 Et pour ne pas manger un kilo de viande, c'est quand même très très compliqué et très dur à digérer pour nous
15:31 Revenons sur ces massacres que font les loups quand ils attaquent un troupeau
15:35 Comme ça, Alexandre Martinez, je voulais vous demander
15:37 Qu'est-ce que prévoit l'Etat pour dédommager les éleveurs quand ils sont attaqués par les loups ?
15:41 Les fameuses 7 brebis touchées par exemple
15:43 Effectivement, lorsqu'on se retrouve face à un tel massacre
15:47 Il y a une aide compensatoire de la part de l'Etat qui est sous forme de subvention
15:52 Alors en ce qui concerne notamment l'installation de clôture, clôture de protection filée électrique
15:57 On a également des aides pour l'achat de chiens de troupeau
16:01 Qui sont quand même, rappelons-le, essentielles pour pouvoir protéger
16:04 Et je pense en tout cas avec près de 350 bêtes, c'est quand même considérable
16:08 Et puis on peut avoir aussi des aides pour le gardiennage
16:11 Et parfois on le voit aussi sur certains sites de préfecture
16:14 On a des aides qui cumulent, on le voit par exemple pour la préfecture du Lot
16:19 80% pour les chiens ou 80% prise en compte
16:23 Vous disiez Olivier Morin, hors antenne, que vous touchiez 200 euros par brebis tué
16:27 C'est variable, c'est variable
16:29 200 euros c'est pas beaucoup d'argent
16:31 Brebis pleines, brebis vides, agnelles, brebis menaces
16:33 Il y a tout un critère de qualité des charges
16:35 Mais en moyenne on va dire 200 euros
16:37 Brebis pleines ça veut dire qui attend un agneau
16:39 Elle a un ou deux agneaux
16:41 Mais quoi qu'il arrive, et que mon message soit pas mal interprété
16:43 Bien entendu qu'il faut indemniser les éleveurs, c'est tout à fait normal
16:46 Bien entendu qu'il faut continuer de les soutenir pour mettre en place ces moyens de protection
16:49 Même s'ils sont inefficaces, qui sont aujourd'hui à minimum nécessaires
16:52 Mais c'est pas de l'argent qu'on veut
16:54 Jamais on ne remboursera le mal qu'on nous fait, le mal qu'on fait à nos animaux
17:00 Le mal qu'on fait à nos familles
17:02 Et les conséquences économiques, on ne les remboursera jamais
17:04 Une brebis, même 200 euros
17:06 Mais une brebis, moi j'ai parfois passé 5 ans à la rendre brebis
17:11 Conserver sa génétique, faire en sorte qu'elle soit bonne laitière pour nourrir ses agneaux
17:14 Pour produire de l'IGP comme tout à l'heure
17:16 Bon, le temps passé à mettre en place toutes ces mesures de protection
17:19 Les nuits blanches, elles sont payées comment ? Elles sont rémunérées comment ?
17:21 Donc, non, l'argent malheureusement n'est pas une solution et n'est pas suffisant
17:27 - Alors, l'Etat quand même consacre 38 millions d'euros à la protection des troupeaux
17:32 90% de ce budget va dans des installations dont vous parliez, Alexandre Martinez
17:37 Des protections barbelées, des choses comme ça
17:41 Et 10% à l'indemnisation des victimes
17:44 Est-ce que c'est suffisant tout ça ?
17:48 Parce que ça pose quand même une question, c'est beaucoup d'argent
17:52 Pour finalement protéger des troupeaux
17:56 Et est-ce qu'à terme on ne va pas se retrouver avec un prix pour les brebis
18:01 Qui va devenir beaucoup moins compétitif avec les autres agneaux ou brebis
18:05 Qui viennent du monde entier, de Nouvelle-Zélande et autres
18:08 À force de dépenser de l'argent comme ça
18:10 - C'est sans fait, c'est sans fait
18:12 Et depuis, vous l'aviez rappelé, depuis 1993 et le retour du loup en France officiellement
18:17 Les moyennes de protection ont explosé en termes de montant, les indemnisations ont explosé
18:22 Je rappelle quand même qu'aujourd'hui il y a 55 départements français colonisés par le loup
18:26 Ces fameuses zones de présence permanente que nous on assimile à des zones de prédation permanente
18:31 - 55 ?
18:32 - 55 ! Mais disons que la France c'est fini !
18:35 De la Normandie jusqu'aux Charentes, en passant évidemment par les bassins historiques
18:38 - Vous dites qu'en Normandie aussi il y a des loups ?
18:40 - Oui, ça a été reconnu
18:42 Et de toute façon, tant que l'espèce ne sera pas régulée, la colonisation va se poursuivre
18:46 Sur les moyens de protection, je l'explique clairement
18:49 Aujourd'hui, 92% des attaques de loups sur les troupeaux français le sont malgré les moyens de protection
18:56 Donc, à un moment donné, il faut quand même remettre tout ça sur la table
18:59 On n'y arrivera pas en restant dans ce logiciel-là, très coûteux pour nos concitoyens
19:03 Parce qu'au final, qui c'est qui paye ? C'est vous, par vos impôts
19:06 Et inefficace, et qui poursuit la détresse des éleveurs
19:10 40% de diminution du chèque d'alouin français depuis 15 ans
19:13 Au même moment où on rentre, par des accords de libre-échange, encore davantage l'été dernier, des agneaux de Nouvelle-Zélande
19:20 - Ben voilà !
19:21 - C'est quand même fou, ce système
19:23 - Alors, il y a quelque chose qui vous énerve en particulier, Olivier Morin, on le dit dans ce livre de Colère
19:29 C'est la manière dont se moquent les écologistes de la sagesse ancestrale
19:33 Vous dites de cette sagesse populaire qui avait pris ses distances, j'allais dire, sanitaires, avec le loup
19:38 - Ben alors, c'est la difficulté, et on va le voir tout à l'heure dans le débat avec Bertrand Sicard
19:44 C'est que, aujourd'hui on fait croire aux gens qui ont perdu en effet le lien au territoire
19:49 Notamment le lien à l'agriculture, 80% des français vivent en ville
19:52 Et s'il y a un siècle, tous les français avaient un lien direct à la paysannerie par leurs parents, grands-parents
19:57 Aujourd'hui, c'est plus le cas
19:58 Donc ils se détachent de la réalité, et donc c'est tellement plus facile de leur dire que le loup n'a jamais été une menace pour l'homme, etc.
20:04 J'ai essayé de rappeler en effet une trentaine de pages
20:07 Toute l'historique, toutes les mesures de protection que prenaient les humains, mais pour leur propre vie vis-à-vis de cet animal
20:13 Que ce soit des fosses à loup autour des maisons, que ce soit avec des lances à loup
20:17 Que ce soit avec des feux qui étaient allumés dans les villages pour se protéger
20:24 Donc, attention, ne méprisons pas cet animal, respectons-le pour ce qu'il est
20:28 Et nous les éleveurs, je peux vous assurer qu'on sait ce qu'est un loup, et on le respecte en ce sens-là
20:33 - Les néo-écolo vous dites considère que la nature seule suffit à son équilibre
20:38 Mais l'état de nature, c'est en vérité pas très reluisant, la nature n'est pas naturellement bonne
20:43 - Non, elle n'est pas bonne, et quand on la livre à elle-même, elle finit toujours par finalement s'auto-détruire
20:49 Regardez, c'est dans les grands parcs nationaux sur la planète qu'ont eu lieu les plus grands incendies ravageurs ces dix dernières années
20:56 Pourquoi ? Parce que l'homme entretient cette nature
21:01 Par les activités agricoles, par...
21:04 Alors je reviens évidemment beaucoup sur le rôle de l'agriculture en termes de pâturage, de décobuage, d'entretien de l'environnement
21:12 Qui limite les incendies, etc. Donc non, l'homme a sa place clairement au cœur de cette nature
21:17 - Alors on va se demander dans un instant si la réintroduction du loup n'a pas été une chimère finalement
21:22 Et nous serons avec le président de Ferus, monsieur Bertrand Sicard
21:26 Ferus, c'est l'association qui s'est battue justement pour la réintroduction du loup
21:30 Et des espèces sauvages dans la montagne
21:32 A tout de suite sur Sud Radio
21:34 - Sud Radio, l'heure libre, 10h11
21:38 - De retour dans l'heure libre, votre rendez-vous du samedi matin sur Sud Radio pour regarder l'actualité à la loupe
21:44 Je suis toujours en compagnie de Jean-Marie Bordry et d'Alexandre Martinez
21:47 Notre invité du jour est Olivier Morin, éleveur de Brebis en Lozère, maire d'une petite commune pré-Venchères
21:53 Et auteur du livre "Les festins des loups" le cri d'alarme d'un maire rural aux éditions première partie
21:58 Et nous a rejoint, et on est ravis de l'accueillir, Bertrand Sicard, président de l'association Ferus
22:05 Alors Ferus, c'est la première association nationale de protection et de conservation de l'ours, du loup et du lynx en France
22:13 Bonjour Bertrand Sicard
22:15 - Bonjour et merci de m'avoir invité
22:17 - Alors cher Bertrand Sicard, vous allez avoir la lourde charge de défendre les espèces sauvages
22:22 Vous savez que nos anciens décrivaient le loup comme une créature du diable
22:26 Vous serez donc l'avocat du diable si j'ose dire
22:29 Olivier Morin nous expliquait que le retour du loup sauvage n'a pas été une bonne nouvelle pour le métier d'éleveur
22:38 Évidemment vous, vous regardez les choses d'une autre manière, Bertrand
22:44 - Oui tout à fait, alors nous chez Ferus, on travaille avec les éleveurs
22:50 Donc on n'est pas des hors-sol, on comprend leurs difficultés dès les premiers temps
22:56 Le loup est revenu naturellement d'Italie en 1992
23:00 D'ailleurs les italiens nous avaient prévenus déjà depuis longue date
23:04 Sachant que le loup s'était réparti progressivement dans toute la boîte italienne
23:07 - Je crois que vous n'êtes pas d'accord, vous sur la réintroduction du loup vous dites que c'est artificiel ou naturel
23:12 - On n'y reviendra pas, les profs scientifiques sont là et puis le naturalisme, moi je suis prêt à discuter de tout
23:19 Donc il est revenu naturellement et c'est vrai qu'il a posé d'emblée des problèmes au niveau de l'élevage, au vin surtout
23:28 Sachant qu'il est rentré par la mauvaise porte, il est rentré par la porte des Alpes
23:33 Où il y a un gros élevage, j'en veux dire que moi j'appellerais extensif et intensif
23:38 Avec des troupeaux qui sont très très importants, qui vont jusqu'à 2000 bêtes
23:43 2500 bêtes parfois
23:46 Et où les bergers avaient pratiquement disparu
23:50 Donc ça a posé un gros problème
23:54 Depuis il y a eu beaucoup de chemin qui a été fait
23:59 L'Etat s'est beaucoup investi, il ne faut pas croire que l'Etat ne s'est pas investi
24:03 Aujourd'hui le retour du loup c'est 35 millions d'euros, ce n'est pas négligeable
24:08 Il a poussé les éleveurs à remettre des bergers sur les troupeaux, à s'équiper en chiens de protection
24:15 Donc ça a été, nous on reconnaît, une petite révolution pour les éleveurs
24:20 C'est un prix à payer pour le retour de la grande faune en Europe
24:26 Pourquoi c'est si important la grande faune ?
24:28 C'est pas qu'en France, c'est dans toute l'Europe occidentale, la grande faune revient
24:31 En particulier les loups, mais l'olynx aussi
24:33 Alors je voulais vous demander, en quoi c'est si important que ça la grande faune ?
24:36 Parce que c'est un animal, le loup, qui est en bout de chaîne alimentaire
24:40 Et évidemment il n'y a personne pour tuer le loup, à part l'homme éventuellement
24:44 Ou les loups entre eux, parfois ça arrive
24:46 Oui, tout à fait, il est au sommet de la chaîne alimentaire
24:49 C'est ce qu'on appelle un grand prédateur, avec l'ours et l'olynx
24:53 C'est une espèce chapeau
24:55 Et pour nous, il est garant d'un système écologique sain
25:02 C'est-à-dire ?
25:04 C'est-à-dire que le loup va veiller à la régulation des ongulés en particulier
25:10 Les cervidés par exemple, les chamois ?
25:12 Les cervidés, les chamois c'est une chose
25:15 Les chevreuils, les cerfs un peu moins, parce qu'on ne peut pas dire qu'on ait beaucoup de cerfs en France
25:20 Mais surtout les sangliers aussi
25:22 Vous savez qu'on a un gros problème avec la gestion des sangliers en France
25:26 Ça coûte quand même 50 millions d'euros par an, comparé aux 35 millions d'euros
25:30 Donc ça c'est des arguments rationnels
25:33 Mais il y a aussi des arguments irrationnels
25:36 C'est qu'aujourd'hui on vit dans une société ultra-moderne
25:40 Où le virtuel envahit tout
25:43 Où les gens, 80% de nos contemporains en France, vivent dans les villes
25:48 Donc les gens veulent de la nature et de la grande nature
25:51 Et c'est vrai que le loup est le symbole de cette grande nature
25:54 C'est un animal, mis à part les désagréments qu'il pose à l'élevage au vin, nous on le reconnaît
25:59 C'est un animal extraordinaire, c'est un animal intelligent
26:02 Vous avez des éthologues qui disent qu'en fait l'animal le plus proche
26:06 Le plus proche de l'homme ce n'est pas le singe mais c'est le loup
26:09 On peut toujours fasciner l'homme, il vit en mode, il vit en famille
26:12 Une mode c'est une famille
26:14 Mais c'est vrai que l'ultra-modernité dans laquelle on vit
26:19 A du mal à faire la place au retour de cette grande nature
26:26 Que les français sollicitent, c'est ça qu'il faut savoir
26:29 Je suis prudent dans tous mes propos parce que je ne veux pas déclencher de polémiques
26:34 Mais c'est vrai que vous savez une chose importante, depuis le Covid
26:40 La fréquentation des parcs nationaux en France multipliée par 3
26:44 Alors Olivier Morin, vous vous parlez d'ensauvagement de nos campagnes
26:48 Et vous êtes hostile à ce que l'on réintroduise ces animaux
26:52 Parce qu'on ne sait pas les gérer finalement, c'est ce que vous expliquez dans ce livre
26:56 C'est la problématique, il n'y a pas de gestion de loup aujourd'hui
26:59 Alors il aura fallu attendre maintenant près de 30 ans
27:02 Pour l'explosion du nombre de loups en France
27:04 On est officiellement aux alentours de 1200 loups
27:07 Ça c'est le chiffre officiel de l'OFB, on sait très bien qu'il y en a probablement le double
27:11 Bon, restons sur le chiffre officiel, ce qui est déjà beaucoup
27:13 Puisqu'on a très largement dépassé les 500 qui étaient le seuil de viabilité
27:17 Qui avait été établi il y a 7-8 ans par les services de l'état et des scientifiques
27:22 Donc aujourd'hui on pourrait dire que ce seuil est largement atteint, voire doublé
27:25 Donc la régulation s'impose
27:27 - Alors qu'est-ce qu'il faut faire, il faut les abattre ?
27:29 - Ah mais de toute façon il faut réguler, vous l'avez dit, le loup n'a pas de prédateur naturel
27:34 - Autude lui, ça c'est sûr
27:35 - Bon, donc si on le laisse comme ça avec une carte blanche
27:38 Il va en effet procéder au festin des loups
27:40 Mais il procède au festin des loups sur les troupeaux domestiques en priorité
27:43 Je rappelle quand même qu'il y a eu l'année dernière, chiffre officiel encore une fois
27:46 Près de 13 000 animaux domestiques massacrés en France, brebis, bovins, équins, chiens de protection
27:54 14 000, je parle pas des attaques sur la faune sauvage
27:59 Je renvoie dans le bouquet à l'étude faite par la Fédération départementale des chasseurs de la Drôme
28:03 Qui a tiré la sonnette d'alarme déjà il y a 4 ans
28:06 Ils ont aujourd'hui chez eux plus de gibier
28:08 J'ai encore reçu, avant de rentrer tout à l'heure, une photo d'un sanglier débourré chez moi
28:11 Donc il impacte les troupeaux domestiques, il impacte la faune sauvage
28:14 Allons-nous attendre qu'il impacte l'homme, comme il l'a fait au cours des siècles ?
28:18 - Bertrand Sicard, comment régler la prolifération des loups ?
28:22 - Je pense qu'il n'y a pas de prolifération du loup
28:24 Le loup c'est un animal qui s'auto-régule
28:26 On le sait très bien aujourd'hui
28:28 Le loup, une meute occupe à peu près 200 km²
28:32 Et il tolère pas d'autres concurrents
28:35 Et d'ailleurs les loups, je sais pas si vous avez vu le dernier film de Jean-Michel Bertrand
28:39 "Vivre avec les loups"
28:41 Qui est un film emblématique, qui remet les pendures à l'heure
28:44 Et qui pose des bonnes questions
28:46 Et il nous explique que les loups, parfois, ont des combats violents entre eux
28:51 Parce qu'ils ne supportent pas de dépasser une certaine densité
28:56 Parce que comme tout animal sauvage, le loup est déterminé par les proies dont il dispose
29:03 Et d'ailleurs, je tiens à dire que si le loup est revenu comme ça en France
29:07 C'est parce qu'il y a beaucoup d'espèces sauvages en France
29:11 En particulier de cervidés, ou sinon il ne serait pas revenu
29:14 - C'est parce qu'il y a à manger que le loup est revenu
29:17 - Si un loup apparaît en Bretagne alors qu'on ne l'a absolument pas repéré venant d'Italie
29:22 Parce qu'aujourd'hui avec le marquage génétique, on ne se trompe pas sur les individus
29:26 Un loup qui vient d'Italie se retrouve en Bretagne alors qu'on ne l'a pas du tout repéré en cours de chemin
29:32 C'est parce qu'il s'est nourri principalement de proies sauvages
29:35 Donc je dirais que son gibier favori, c'est les espèces sauvages
29:42 Cela étant dit, effectivement, il y a 12 000-13 000 bêtes prédatées chaque année
29:47 Mais bon, il faut connaître le chiffre de l'élevage d'ovins en France
29:51 C'est 6 millions de têtes
29:53 Il faut savoir que chaque année, il y a 5% de perte d'ovins pour des tas de raisons
30:01 Parce que le mouton, enfin monsieur ne me contredira pas, c'est une espèce de métis fragile
30:05 - Je ne suis pas sûr qu'ils ne vous contredisent pas
30:07 - Non, non, mais bon...
30:09 - J'ai que la vie, ça vous interrompt, mais je respecte votre...
30:11 - Non, mais il faut qu'on puisse respecter
30:13 En tout cas, le mouton, c'est un animal fragile qui meurt d'accidents, de maladies
30:19 Il y a 5% - enfin, c'est les chiffres de la Fédération Ovine - 5% de bêtes qui meurent chaque année sans le loup
30:27 Il faut savoir que les dégâts du loup en France, c'est 0,1%
30:30 Et c'est 1% dans les Alpes, donc il faut remettre les choses en perspective
30:35 - D'accord. Donc vous, vous pensez qu'on exagère un peu sur la mauvaise réputation du loup, si je vous comprends bien
30:40 - Alors, oui, je pense qu'on exagère un peu
30:43 Il se trouve que le loup vit beaucoup mieux dans certains autres pays d'Europe où il y a beaucoup moins d'élevage au vin, il faut dire ce qui est
30:50 En particulier l'Allemagne. L'Allemagne, ils ont tiré un loup depuis qu'il est revenu
30:54 Ils ont autant de loups que nous, ils nous ont très vite rattrapés, il est arrivé 15 ans après
30:58 En fait, c'est des loups qui viennent de l'Est
31:00 Donc, il a mauvaise réputation parce qu'il est confronté à des troupeaux qui ne sont pas protégés
31:09 Il faut savoir que le loup... Non mais je vais vous laisser parler, monsieur
31:12 En Italie, en Espagne où le loup n'a jamais disparu, les moyens de protection n'ont jamais vraiment disparu
31:17 Après, c'est le cas aussi dans tous les pays de l'Est, je connais très bien les pays de l'Est parce que moi je passe beaucoup de temps en Roumanie
31:23 Alors après, je reconnais que ce n'est pas tout à fait le même élevage
31:27 En Italie, ils font du fromage, donc les troupeaux sont moins importants, ils sont tout le temps avec leurs moutons
31:35 Donc oui, je pense que sa réputation est surfaite, en tout cas, ce que je dois dire, c'est qu'on n'a pas de témoignage d'attaque de loups sur l'homme en Europe
31:44 Alors, dans un instant, vous allez pouvoir, parce que je sens que vous êtes en train de bouillir, Olivier Morin
31:51 Et on va se demander si la réintroduction des loups est la volonté d'une minorité militante, on va dire
31:58 Ou de pouvoirs publics qui n'ont pas demandé l'avis des premiers concernés, c'est-à-dire les éleveurs et les habitants des montagnes
32:04 On continue ce débat et vous allez pouvoir apporter votre contradiction, Olivier Morin, à tout de suite sur Sud Radio
32:10 Sud Radio, l'heure libre, 10h11
32:14 De retour dans l'heure libre sur Sud Radio, votre rendez-vous pour regarder l'actualité à la loupe
32:19 Je suis toujours en compagnie de Jean-Marie Bordry, toujours en compagnie d'Alexandre Martinez de Factuel.Média
32:24 Nos invités du jour sont Olivier Morin, éleveur de brebis en Lauserre, maire d'une petite commune pré-Vencherre
32:30 Et auteur d'un livre de colère, Le festin des loups, le cri d'alarme d'Amère rurale aux éditions première partie
32:36 Que nous avons lu et approuvé, et Bertrand Sicard, président de l'association Ferruz
32:41 Je rappelle que Ferruz, c'est la première association nationale de protection et de conservation de l'ours, du loup et du lynx en France
32:49 Alors, Olivier Morin, on vous a senti eu très agacé en cette fin de troisième partie
32:55 Vous aviez envie de répondre à Bertrand Sicard qui minore un peu la mauvaise réputation du loup
33:01 - Mais évidemment, alors ma réponse c'est d'abord le livre, parce que si j'ai souhaité écrire un livre c'est justement pour ne pas rentrer dans des débats comme ça
33:08 Qui sont très courts et sur lesquels on ne peut pas, malgré notre bonne volonté, parler de tous les sujets
33:15 Donc j'ai choisi l'écriture, et c'est une façon apaisée de parler de cette problématique
33:20 La grosse différence qui est entre nous, certainement, il y en a plusieurs, mais il y en a une, c'est que nous, nous sommes des hommes
33:26 - Oui, mais je crois que M. Sicard aussi - Non, nous défendons l'humain
33:30 Moi ce qui m'a le plus blessé, touché, au cours de ces dix dernières années, et c'est l'objet du livre
33:34 C'est la souffrance animale, certes, d'animaux massacrés, qui d'ailleurs ferait scandale
33:40 Si toutes les images d'animaux massacrés par les loups passaient à TF1 ou BFM, etc.
33:45 Mais c'est surtout la souffrance humaine
33:47 - Je vous sais, dans votre livre "Assez en colère contre les médias", vous dites qu'on parle trop peu des massacres des bêtes
33:54 et qu'on ne voit jamais ça à la télévision
33:56 - Oui, quand même - Oui, vous êtes invité en tout cas
33:58 - Oui, mais accordez-moi qu'on ne voit pas de manière fréquente des images, des conséquences des animaux encore en vie
34:06 Moi, l'image de la brebis, qui est évoquée dans le bouquin, de ma première attaque, je l'ai encore
34:11 Et les éleveurs l'ont encore, ce sont des brebis, un cheval
34:14 J'ai encore aussi une image d'un cheval en loser attaqué par les loups, avec le cul dévoré, excusez-moi, vivant !
34:20 Bon, donc cette souffrance animale, elle est réelle, mais c'est surtout une souffrance humaine
34:25 J'étais encore au téléphone il y a 48 heures avec un éleveur des Bouches du Rhône
34:28 Il gardait ses brebis, parce qu'en effet, nous gardons nos brebis, ou nous les surveillons
34:33 Et ce gars, qui a 58 ans, était désespéré
34:38 L'éleveur, depuis toujours, il était en train de garder son troupeau entre deux meutes, une meute de 9 et une meute de 6
34:44 Parce que les gars, sur le terrain, on connaît, on sait où se trouvent les loups
34:48 Et il y en a partout, et notamment en Bouches du Rhône
34:51 Et il était désespéré, et il était aussi apeuré, parce qu'il pouvait mesurer aujourd'hui l'impact de ces animaux
34:58 qui se sont multipliés et qui représentent une dangerosité quand même certaine, y compris sur l'homme
35:05 On ne peut pas dire qu'il n'y a pas eu d'interaction entre le loup et l'homme au cours de notre histoire
35:10 Et on ne peut pas dire, hélas, qu'il n'y en aura pas
35:14 On s'en rapproche, donc moi, l'objet du bouquet...
35:17 - Donc vous pensez que c'est une affaire de quelques mois, voire de quelques années, avant que les attaques contre les hommes se produisent ?
35:22 - Mais de toute façon... - Vous êtes pessimiste ?
35:24 - Mais on est pessimiste parce qu'on est au contact - Ou tragique ?
35:26 - Bah peut-être tragique, mais en tout cas, on alerte, à la fois en tant qu'éleveur, mais aussi en tant que maire rural du coup
35:32 puisqu'on nous demande, nous les élus ruraux, d'être garant de la sécurité des biens et des personnes
35:36 J'étais l'antierre à l'Ariège, je rebondis sur l'ours, puisque monsieur défend et le loup et l'ours
35:42 - Et le lynx - Et le lynx, et bien allons-y
35:44 L'ours à l'Ariège, c'est 70 individus minimum reconnus par les services de l'État
35:49 C'est une attaque, l'année dernière, dans le 30e, en Italie, sur Andrea Papi, 26 ans, tué par l'ours
35:56 On va encore nous raconter aujourd'hui que ces animaux ne sont pas dangereux
35:59 Donc, voyons, il faut revenir à la raison, il faut considérer ces animaux pour ce qu'ils sont
36:05 Les respecter, c'est les considérer pour ce qu'ils sont
36:08 Et nous, nous les respectons beaucoup et nous les craignons beaucoup
36:10 parce que nous savons que ce sont des prédateurs
36:12 Voilà, alors après, évidemment, chacun développe ses arguments
36:15 - Alors, je voudrais vous entendre sur la protection des troupeaux
36:18 parce que, je dirais, chez Ferus, j'imagine, comme dans d'autres associations
36:25 on dit qu'il est possible de faire garder les troupeaux avec les fameux chiens de garde
36:29 qu'on appelle les patous, c'est des très gros mollos comme ça
36:32 et puis, il y a les border collie aussi, qui est en cadre, mais eux qui ne protègent pas
36:37 On est d'accord ? Vous dites que c'est possible de faire...
36:39 - Alors, je voudrais juste revenir sur les propos de M. Morin
36:43 Oui, alors, parlant des massacres que peuvent faire les loups sur les troupeaux
36:48 En général, le loup, il tue net et clair sa proie, il l'attrape au cou
36:54 J'ai un ami vétérinaire qui fait régulièrement des constats
36:58 Il m'a dit, tu sais Bertrand, il venait de faire ses premiers constats de loup
37:02 et il a eu l'habitude de faire des constats d'attaque de chiens sur les troupeaux
37:05 Et bien, écoute, au moins, avec le loup, c'est clair
37:08 - Pourquoi il ne mange pas tout ce qu'il tue ?
37:10 - Alors, attendez, je termine, je vais vous répondre
37:12 Donc ça, c'est important, et il faut que...
37:15 - Il tue net et clair
37:16 - Alors, quand on me dit que des bêtes ont été dévorées par l'arrière
37:20 ça sent plutôt le chien
37:22 On peut se tromper, mais on n'est jamais sûr que c'est vraiment du loup
37:27 Il faut vérifier, parce que depuis qu'il y a du loup en France, il n'y a plus d'attaque de chiens sur les troupeaux
37:32 Il n'y en a plus
37:34 Les chiens ont ce qu'on appelle "divagants"
37:36 Donc il y a quand même une question
37:38 Alors je veux bien que les loups fassent du nettoyage dans la nature
37:41 parce que c'est vrai qu'ils peuvent attraper des chiens domestiques qui traînent
37:45 Mais voilà, donc ça, il faut déjà reconnaître ça
37:48 - Vous dites que beaucoup d'attaques de loups qui sont dénombrées sont, d'après vous...
37:51 - Je ne dis pas tout, mais je dis qu'il faut bien vérifier
37:54 - Vous pensez qu'il y a aussi des attaques de chiens ?
37:56 - Bien sûr, bien sûr
37:58 Alors, l'autre sujet que je voulais dire aussi, c'est à propos...
38:01 - Ah, et puis il faut répondre à Jean-Marie aussi
38:03 - Il faut savoir aussi qu'il y a beaucoup de dégâts à cause des dérochements en montagne
38:07 Parfois, des moutons sont sur des alpages très pentus
38:11 Quand un loup arrive, les moutons, c'est la panique
38:14 Surtout s'il n'y a pas de chiens, encore moins de bergers, c'est la panique
38:18 Les moutons partent dans tous les sens, ils roulent, et à ce moment-là, c'est le carnage
38:22 C'est comme ça que les chiffres ont augmenté
38:25 On a 12 000 ou 13 000 bêtes prédatées
38:28 Beaucoup de grosses tueries, j'ai envie de dire, sont dues à des dérochements
38:33 En plaine, ça se passe très différemment
38:35 Je reviens sur l'ours
38:37 Alors, sur l'ours, effectivement, il y a eu une mort dans le Trentin, sur un jogger
38:42 - En Italie ?
38:43 - En Italie, mais en fait, on ne connaît pas vraiment les circonstances
38:47 Il faut le savoir
38:48 Moi, je ne dis pas que l'ours n'est pas dangereux
38:52 Dans les pays où il y a des ours, il faut faire attention
38:58 Mais dans les abruses, il y a 100 ours et il n'y a pratiquement pas d'accidents
39:04 Alors, dans les pays de l'Est, c'est peut-être un peu différent en Roumanie
39:08 Mais il faut voir aussi les Roumains, les risques qu'ils prennent avec les ours
39:10 Donc, juste pour vous dire qu'un animal, même un animal domestique, ça peut être dangereux
39:14 Il faut vous méfier de votre chat, de votre chien
39:16 Il y a 200 000 morsures de chiens par an en France
39:19 60 000 personnes envoyées à l'hôpital chaque année
39:22 Et chaque année, il y a des grands-mères et des enfants qui sont tués par les chiens
39:27 - C'est vrai, on connaît l'histoire du facteur qui se fait mort par le chien
39:31 - Alors, sans compter les vaches qui aiment les chiens
39:34 - Juste, pardonnez-moi, j'aimerais juste qu'on revienne
39:35 Pourquoi ils ne mangent pas tout ce qu'ils tuent ? Vraie question
39:38 - Alors, en général, ils mangent tout ce qu'ils tuent
39:41 Parce que les loups, souvent, quand ils attaquent, ils n'ont pas mangé pendant une semaine ou deux
39:45 Ils sont capables de...
39:47 - C'est pas ce qu'a vécu... Si je dis ça, c'est pas ce qu'il a vécu, M. Morin
39:51 - Alors, après, il peut y avoir des affaires d'"overkilling", ce qu'on appelle
39:55 C'est-à-dire que, justement, quand il n'y a pas de chien, pour tenir les loups
39:59 Il y a des phénomènes... Les moutons partent dans tous les sens
40:04 Et les loups, ça les rend un peu fous
40:07 Et ils ont tendance à mordre un, deux bêtes ou trois bêtes
40:10 - Alors, il y a quelque chose qui est intéressant dans votre livre, Olivier Morin
40:14 C'est que vous dites "vouloir revenir à avant", ce qui est le créneau des pro-loups, en tout cas
40:20 C'est le fruit, vous dites, d'une certaine méconnaissance de la nature
40:24 Car, vous dites, savent-ils vraiment ce qu'était avant ?
40:28 - Ben, oui, c'est la difficulté, c'est que nous, on y vit vraiment, sur ces montagnes
40:35 Et si on devait revenir comme à avant, ben d'abord, déjà, je rappelle qu'avant
40:40 Le loup, il n'était pas protégé
40:42 Parce que l'homme a toujours su que c'était son plus grand ennemi
40:46 Donc il l'a toujours chassé, c'est ça la raison aussi historique
40:49 C'est pas parce que les gens étaient des fous furieux, etc
40:51 C'était pour se protéger, protéger leurs troupeaux et protéger leur vie
40:55 J'évoque dans le livre les derniers méfaits de la bête des Cévennes
40:58 Chez moi, sur mon secteur des Cévennes, à la fin du 19ème
41:01 Alors, je sais, on m'a raconté que ce sont des histoires
41:03 Non, en fait, ça suffit, il faut être quand même un peu sérieux, un peu crédible
41:06 Parce que sinon, on va avoir de grosses difficultés dans les mois et les années qui arrivent
41:11 Et puis, quand même, sur les moyens
41:15 Alors, vous parliez de la protection, bien entendu que les éleveurs ont fait des efforts colossaux
41:20 Pour essayer de protéger leurs troupeaux
41:22 On va pas y revenir, mais entre les bergers, les patous, etc
41:25 Aujourd'hui, 92% de ces attaques ont lieu sur ces troupeaux protégés
41:28 Donc il faut quand même en conclure que c'est pas suffisant
41:32 Et ça ne fonctionne pas
41:35 Deuxième chose, c'est que, pourquoi nous, sur notre exploitation, par exemple
41:38 Pour être concret, parler un peu du terrain
41:40 Parce que je crois que c'est quand même nécessaire, il faut vraiment revenir à la réalité
41:43 Pourquoi on n'a pas mis les moyens de protection type patous ou bergers d'anatolies, encore pire
41:47 Ce qui se développe dans les Alpes, qui sont des chiens extrêmement dangereux, qui chassent les loups
41:52 Pourquoi ?
41:53 Moi, sur mon exploitation, je suis parti rendir
41:55 J'ai cinq lots de brebis, là c'est mon père et mon frère qui font le travail à ma place, je les remercie
41:59 Cinq lots de brebis parce qu'on a en effet des brebis qui sont plebs
42:03 Des brebis qui sont en lutte, c'est-à-dire qui reprennent le bélier
42:05 Des brebis qui sont allaitantes, qui font têter leurs agneaux
42:08 Donc des lots différents, quatre lots
42:10 Il me faudrait, allez, un berger par lot, alors cinq
42:14 Il me faudrait trois, quatre, cinq patous par lot, allez ça fait vingt
42:18 Et tout ça...
42:19 Donc pour tenir un troupeau, il faut une vingtaine, une quinzaine de chiens et trois, quatre...
42:26 Il faut être raisonnable, et en plus on veut conserver une certaine paix et tranquillité
42:30 Depuis le retour du loup, les éleveurs sont toujours entre le marteau et l'enclume
42:33 On nous dit qu'on n'est pas bon pour protéger nos troupeaux
42:36 Quand nos chiens de protection agressent malheureusement des touristes
42:39 Et nous, des touristes, il nous en faut, on en veut
42:41 On a besoin du tourisme sur nos montagnes, on ne veut pas rester isolés
42:44 Comme ça, bunkerisés dans nos exportations
42:46 Vous voulez leur vendre votre fromage de chèvre
42:47 Le lagnodloser ou le fromage de chèvre
42:49 Mais on ne veut pas d'attaque sur le touriste avec nos chiens de protection
42:52 C'est pour ça qu'on n'en met pas
42:54 Et ensuite, en plus, c'est le lèveur qui est responsable juridiquement
42:57 Donc pour faire court, grosso modo, depuis le retour du loup sur nos montagnes
43:00 On n'a plus cette paix, cette discussion apaisée avec les gens qui viennent nous voir
43:04 - C'est ça que je voulais vous entendre dire
43:06 C'est que finalement, vous, vous ne croyez pas à la capacité d'une coexistence pacifique
43:12 Entre une agriculture et un élevage, on va dire, respectueux de l'environnement
43:16 Et la réintroduction d'espèces sauvages
43:19 Vous, j'imagine que si, vous y croyez, Bertrand Piccard
43:21 - De nous, tout simplement, parce que monsieur parle de la réalité du terrain
43:24 Mais la réalité du terrain aussi, c'est que vous avez 80% des loups qui sont aujourd'hui dans les Alpes
43:30 Alors je ne dis pas que ça se passe toujours très bien
43:32 Mais il y a beaucoup d'éleveurs qui se défendent très bien
43:34 Après, il peut y avoir, il n'y a jamais zéro défaut
43:37 Quand vous mettez des systèmes de sécurité en place, il y a toujours des failles
43:42 En tout cas, l'État investit beaucoup
43:46 Et quand vous parlez de chasser loup, on tue 200 loups en France
43:49 On va en tuer cette année 210
43:52 On n'aura pas eu le temps de parler de ça
43:55 Mais l'État français a demandé à déclasser le loup de passer d'espèces strictement protégées à protégées
44:05 Mais je veux dire, en France, déjà, on va tuer 210 loups cette année
44:08 Donc les loups, on en tue malheureusement beaucoup
44:11 Et d'ailleurs, nous, ce qu'on pense, c'est que plus on en tue, plus on déstabilise les meutes
44:15 Et plus il y a d'attaques
44:16 C'est ça qu'il faut savoir
44:18 Après, pour l'affaire des chiens de protection
44:21 On a perdu la culture de la protection en France
44:25 La culture de la protection en France, ça veut dire quoi ?
44:28 Ça veut dire des bergers qui savent travailler avec leurs chiens
44:30 Les chiens de travail, ça je sais que ça n'a jamais disparu
44:35 Par contre, travailler avec les chiens de protection, c'est beaucoup plus difficile
44:37 Il faut aussi avoir des sélections de chiens de protection
44:40 Ce qui n'est pas le cas, les filières se mettent en place aujourd'hui
44:43 Mais l'État est très très lent là-dessus
44:45 Donc on ne va pas arriver demain matin, aussi rapidement qu'on le voudrait, à une protection optimum
44:52 Je vous remercie tous les deux
44:53 Par contre, il faut aller dans le bon sens
44:55 Je rappelle le livre d'Olivier Morin, "Le festin des loups"
44:57 "Le cri d'alarme d'un maire rural" aux éditions 1ère partie
45:00 Je ne voulais pas qu'on se quitte sans dire un mot de la disparition du Marie Gistrat à Renaud Van Rynbeck
45:05 Le juge Renaud Van Rynbeck, dont on a appris la mort hier
45:09 L'affaire Elf, l'affaire Urbagraco
45:11 La mise à jour de la corruption en France, c'était lui
45:14 Une pensée à sa famille
45:16 Vous pouvez retrouver nos enquêtes sur le site factuel.média
45:18 Vous pouvez retrouver notre émission sur la chaîne YouTube de Sud Radio
45:21 La semaine prochaine, on se retrouve samedi 10h pour une nouvelle heure libre
45:24 Et tout de suite, on parle auto avec Jean-Luc Moreau et Laurence Perrault
45:28 Avec notamment une question, faut-il instaurer un contrôle technique comme sur nos véhicules
45:33 Mais sur l'état des routes, vous avez entendu parler de cette autoroute
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45:38 Faut-il contrôler nos routes ? On va en parler dans quelques instants, juste après les infos

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