Avec Laurent Tapie, le fils de Bernard Tapie.
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NewsTranscription
00:00 C'est la vente d'annonce de Tapie.
00:03 Ça s'appelle Tapie, cette série sur Netflix
00:06 qui est sortie la semaine dernière.
00:09 Très exactement, on en a beaucoup beaucoup parlé.
00:11 Et on en a beaucoup parlé, je suis heureux d'accueillir...
00:14 On se connaît depuis quelques temps.
00:16 Laurent Tapie.
00:19 - Bonjour André. - Bonjour.
00:21 Bonjour Laurent Tapie. Alors effectivement,
00:23 en dehors de ce qu'on peut penser,
00:25 il y a beaucoup de choses que j'ai aimées
00:27 dans cette série.
00:29 D'autres choses où je me suis posé des questions.
00:31 Mais c'est surtout...
00:33 Je voudrais vous demander d'abord d'emblée, Laurent.
00:36 Ça s'appelle Tapie,
00:38 il y a Dominique, qui s'appelle Dominique Damianos.
00:41 Il n'y a que deux enfants.
00:43 Entre fiction et réalité, on est un peu...
00:46 Alors ils disent biopic ou pas,
00:48 mais la question que je vous posais en premier,
00:50 est-ce que la femme a été au courant, bien sûr,
00:53 mais a été associée à la série
00:56 d'une manière ou d'une autre, ou pas ?
00:58 Alors je vais répondre à votre question,
01:00 mais si vous me permettez, avant je voudrais faire
01:02 une minute, une petite digression, pour vous dire, André,
01:05 un grand merci pour ce que vous êtes,
01:07 et pour ce que vous faites.
01:09 Parce que vous êtes le seul
01:11 qui reçoit des personnalités
01:13 que je trouve exceptionnelles.
01:15 Qui sont des gens blacklistés de tous les médias,
01:17 qui ont le seul tort d'être plus clairvoyants
01:19 et plus courageux que les autres.
01:21 Des gens comme Idrissa Berkane,
01:23 François Asselineau, Didier Raoult,
01:25 ces gens-là, on les voit nulle part.
01:27 Heureusement, il existe internet, ça c'est mon premier merci.
01:29 Mon deuxième, c'est que moi j'oublierai jamais
01:31 que dans les années 90,
01:33 quand mon père a été mis en liquidation
01:35 par le tribunal de commerce sur la demande du crédit Lyonnais,
01:37 et que tous vos confrères enterraient
01:39 mon père sous un torrent de boue,
01:41 expliquant, c'était tout juste,
01:43 qu'il n'était pas le seul responsable du trou
01:45 de 100 milliards de francs du crédit Lyonnais,
01:47 et bien vous, dans votre coin, vous faisiez votre enquête
01:49 sur la vente d'Adidas, et vous publiez
01:51 quelques mois après, comment ils ont tué Tapie,
01:53 un livre qui a expliqué,
01:55 par le menu, toute l'opération
01:57 avec les sociétés offshore, etc.,
01:59 la fraude du crédit Lyonnais, et vous êtes le seul
02:01 en 30 ans qui l'ait fait.
02:03 Donc voilà, je voulais juste déjà vous remercier là-dessus.
02:05 - Merci, écoutez, ça me paraît, moi je crois
02:07 que ça s'appelle le bon sens, mais voilà.
02:09 - Mais vous étiez le seul.
02:11 Maintenant, pour répondre à la question,
02:13 est-ce que la famille a été consultée,
02:15 elle a été informée,
02:17 que ce biopic aurait lieu ?
02:19 C'était du vivant de mon père,
02:21 donc mon père a demandé quand même
02:23 à Jacques et à Tristan,
02:25 puisqu'il est le fils du meilleur ami de mon père,
02:27 Tristan Séguéla, qu'au moins
02:29 on m'y associe, car je pense que c'est celui qui connaît
02:31 le mieux l'histoire de mon père au sein de ma famille,
02:33 et dans un premier temps,
02:35 Tristan m'a dit "Oui, évidemment, tu seras
02:37 associé à l'écriture, je vais te donner le script
02:39 du premier épisode, et puis on va bosser ensemble".
02:41 - C'était quand ça a commencé ?
02:43 On a parlé de ça quand, en fait ?
02:45 - Je crois que c'était il y a deux ans,
02:47 presque deux ans et demi, il me semble.
02:49 Et puis,
02:51 ça ne s'est jamais fait.
02:53 - Et vous n'avez pas eu de retour, pas de rencontres ?
02:55 - Non, non, il y a eu des allers-retours,
02:57 j'ai mis de plus en plus de pression,
02:59 et à la fin, il ne m'a simplement plus répondu.
03:01 Je lui en veux un peu de ça, parce que, autant,
03:03 je peux entendre et accepter l'idée
03:05 qu'il me dise "Ecoute, je veux être libre dans l'écriture,
03:07 même vis-à-vis de Netflix,
03:09 tu comprendras que si l'écriture est partiellement
03:11 faite par un membre de la famille Tapie,
03:13 ils vont penser que ce sera forcément
03:15 enjolivé, que tout ce qui pourrait
03:17 être à charge sur ton père n'y figurera pas".
03:19 Il aurait eu tort, parce que moi, je suis extrêmement
03:21 objectif sur mon père,
03:23 et je n'aurais pas eu de problème
03:25 à couvrir les aspects moins brillants
03:27 de sa personnalité, mais je comprends,
03:29 et j'aurais prévu qu'il me le dise.
03:31 Moi, je n'aime pas le louvoiement, il aurait fallu qu'il me dise
03:33 "Ecoute, c'est comme ça, et perdons pas de temps".
03:35 - Donc, il n'y a pas eu d'association quelconque de la famille
03:37 avec l'organisation, la conception,
03:39 la création de... - Strictement rien,
03:41 et on a découvert le film 48 heures avant sa sortie.
03:43 Enfin, l'ensemble des films,
03:45 48 heures. - Vous n'avez pas été invité à une projection ?
03:47 - 48 heures avant, et je pense
03:49 qu'ils ont fait 48 heures avant, parce qu'ils se sont dit que si on
03:51 voulait entamer des actions légales au cas où on soit
03:53 furieux, ce serait trop tard pour empêcher
03:55 quoi que ce soit. Bon, en l'occurrence,
03:57 il n'y a rien dans la série qui, pour moi, justifie
03:59 qu'on fasse des actions légales.
04:01 Il n'y a pas de diffamation.
04:03 L'affaire au MVA est racontée
04:05 de façon assez brutale, mais sans concession.
04:07 Elle est proche de ce qu'a été la réalité.
04:09 Mais en revanche, sur plein d'autres choses,
04:11 c'est un peu du n'importe quoi.
04:13 Et je rejoins ce que vous disiez,
04:15 c'est une fiction qui mélange des faits réels.
04:17 Mais alors, c'est un style nouveau,
04:19 parce que ça n'est pas un biopic.
04:21 Un biopic, ça doit raconter l'histoire réelle.
04:23 Donc, c'est pas un biopic,
04:25 et en même temps, c'est pas une pure fiction, puisqu'il reprend
04:27 "C'est bien le nom de tapis", "C'est bien ma mère",
04:29 des faits réels, il a bien racheté
04:31 Vondère, pas dans les circonstances qui ont été montrées,
04:33 mais celle-là, il a bien fait de la politique, etc.
04:35 - Alors, parlons des détails.
04:37 Vous pensez que, par rapport à la réalité, que vous connaissez
04:39 bien,
04:41 à un moment donné, ça diverge.
04:43 Par exemple, je connais aussi bien
04:45 la vie de votre père,
04:47 par exemple, il y a eu
04:49 cet épisode très bien fait, d'ailleurs, de la rencontre
04:51 Tapie-Montgolfier, le procureur Montgolfier,
04:53 et il va le voir le soir...
04:55 - Ce qui n'a pas existé.
04:57 - Voilà. Alors, je me suis dit, moi-même,
04:59 "Ah bon, il est allé voir Montgolfier ?"
05:01 - Non. Il a rencontré
05:03 Montgolfier, ce qui est exact,
05:05 c'est que mon père est allé rencontrer Montgolfier,
05:07 et avant même que Montgolfier ne le convoque.
05:09 Ça, c'est exact.
05:11 Après ce qu'ils se sont dit,
05:13 ils n'ont pas fait 20 minutes de conversation de cette nature-là,
05:15 et ça aussi, c'est peut-être même
05:17 l'aspect qui... Il y a les deux aspects
05:19 qui m'agacent le plus dans la série,
05:21 c'est ce dialogue, parce que dans ce dialogue,
05:23 Montgolfier met une leçon complète à mon père.
05:25 - C'est vrai. Leçon d'autologie,
05:27 leçon d'honnêteté... - Voilà. Il y a d'un côté
05:29 la rigueur de la justice, et de l'autre côté,
05:31 le magouilleur qui essaye par tous les moyens
05:33 l'intimidation, la flatterie,
05:35 tout de s'en sortir.
05:37 Et Montgolfier qui lui dit
05:39 "Vous n'êtes pas tombé sur moi, vous êtes tombé sur la justice."
05:41 Moi, je peux vous dire que la justice,
05:43 il y aurait beaucoup d'épisodes à faire sur la justice
05:45 en ce qui concerne mon père, et vous, vous le savez.
05:47 Bon. Ça, c'est le premier regret,
05:49 mais il y en a d'autres. La façon dont
05:51 ils ont décrit son
05:53 parcours politique, ce qu'il a fait au ministère de la Ville,
05:55 ben là, j'étais fou de rage sur ce passage-là.
05:57 Je veux dire que résumer le passage
05:59 de mon père à faire des goûters avec
06:01 des tartines à la fraise, c'est du grand guignol.
06:03 Là, c'est même pas drôle,
06:05 c'est un peu honteux.
06:07 Il a fait évidemment autre chose
06:09 que d'organiser des goûters pour les banlieues.
06:11 Et c'est un peu le regret que j'ai sur la série,
06:13 c'est que le personnage, on retrouve
06:15 des aspects de sa personnalité réels
06:17 comme la combativité,
06:19 la suractivité, le fait qu'il est doué dans tout,
06:21 qu'il convainc les gens et tout. Bon, d'accord.
06:23 Même si c'est un très bon acteur,
06:25 Laurent Laffitte n'a pas le charisme naturel de mon père,
06:27 mais on peut pas lui en vouloir. Et je connais très peu
06:29 de monde qui l'ont. Je vais même vous dire que je connais
06:31 personne. C'était comme ça. - Non mais c'est vrai
06:33 que l'accent est pas mal. Enfin, la dégaine
06:35 est pas mal. - Oui, il a une ressemblance physique,
06:37 il en impose physiquement, tout ça, c'est bien.
06:39 Mais ce que je regrette, c'est que le personnage, il évolue pas.
06:41 C'est-à-dire que les deux premiers épisodes
06:43 de la série, je les ai beaucoup aimés.
06:45 On voit un tapis qui se cherche,
06:47 qui essaye des trucs. Ça s'est pas passé
06:49 comme c'est décrit, mais c'est pas grave. Et globalement,
06:51 l'esprit est respecté. A partir du
06:53 troisième, je décroche parce que
06:55 on a l'impression que c'est le même vendeur
06:57 de télé du premier épisode jusqu'au bout.
06:59 C'est-à-dire que c'est le même type, quoi.
07:01 Et y'a pas un moment où on le regarde, on se dit "il est brillant".
07:03 Et à chaque fois, il se fait mettre la leçon par d'autres.
07:05 C'est Montgolfier qui lui donne la leçon,
07:07 c'est quand il prépare le débat avec Le Pen, une petite
07:09 jeune fille de banlieue qui lui explique
07:11 par A+B tout ce qu'il doit dire,
07:13 et lui, en fait, il comprend rien. - En fait, c'est pas du tout
07:15 comme ça. Le débat avec Le Pen, c'est bien la...
07:17 D'ailleurs, il y a des... - Bien sûr. Et oui, il y a des anachronismes.
07:19 - ...des comportements du temps qui sont totalement anachroniques.
07:21 - Il y a des anachronismes, absolument.
07:23 - Ce qui est gênant, c'est que le téléspectateur, lui,
07:25 il va croire que c'est comme ça que ça s'est passé, il va croire que les choses
07:27 sont comme ça, c'est ça qui m'ennuie, mais bon.
07:29 C'est fait. Bon, au final, je pense pas
07:31 qu'il en ressorte avec une image
07:33 trop mauvaise. - Non. Pas vraiment,
07:35 mais... Non, ce qui n'est pas...
07:37 Enfin, pour moi, ce qui n'est pas bien montré,
07:39 je veux dire, encore une fois, on peut dire
07:41 "ah oui, mais c'est un voyou, c'est ceci, c'est cela",
07:43 mais ce qui n'est pas montré, moi,
07:45 personnellement, de l'expérience que j'ai
07:47 avec Bernard Tapie, quoi,
07:49 il y avait une... Il ne montre pas
07:51 du tout ce qu'il y avait
07:53 avec le peuple, ce qu'il y avait quand il allait
07:55 quelque part. Moi, je me rappelle, je dis...
07:57 Je l'ai amené à Aurillac, un jour, dans le Cantal,
07:59 il y avait 10 000 personnes, quoi. Aurillac
08:01 dans le Cantal. Je veux dire, il y avait ça
08:03 et que les gens... Qu'on ne montre
08:05 pas, je trouve, dommage.
08:07 Et puis, et puis, et puis, et surtout,
08:09 c'est... Je voudrais que vous parliez
08:11 de l'histoire avec Mitterrand. Ça s'est passé comme ça,
08:13 parce que les rapports avec
08:15 Mitterrand, je parle de là où on lui dit
08:17 "Bon, il faut que vous démissionniez, maintenant,
08:19 après la perte, tranchant qu'ils appellent la perte."
08:21 - Non, ça, c'est pas du tout passé comme ça. Au contraire.
08:23 C'est pas les socialistes et Mitterrand qui ont...
08:25 En plus, ce passage-là aussi, il est carrément ridicule.
08:27 Vous qui connaissiez mon père un peu mieux
08:29 que la plupart des gens, tout comme moi,
08:31 est-ce que vous imaginez mon père, sur cette scène,
08:33 dire à Mitterrand "Je vous en supplie, je ferai tout
08:35 ce que vous voulez." Voilà.
08:37 Non, mais est-ce que c'est une phrase que mon père
08:39 aurait prononcée à quelqu'un ? "Je vous en supplie, je ferai
08:41 tout ce que vous voulez." Mais c'était l'antipode de ça.
08:43 Donc, oui, il y a cette scène où Mitterrand lui dit
08:45 "Vous présentez votre démission, je vous en supplie,
08:47 non, non, il faut me laisser faire." C'est pas du tout
08:49 comme ça que ça s'est passé. Au contraire,
08:51 l'affaire tranchant était une affaire privée
08:53 qui concernait donc ses affaires privées.
08:55 Les socialistes ont dit "Nous, on demande
08:57 la démission des ministres quand ils sont mis en cause
08:59 dans le cadre de leur carrière politique." Favoritisme
09:01 ou pruite 20 ou quoi que ce soit. Là, c'est une affaire
09:03 d'hommes d'affaires entre eux. Ça nous gêne pas,
09:05 vous pouvez rester au gouvernement si vous le souhaitez.
09:07 C'est mon père lui-même qui a dit "Non, non, je veux pas
09:09 être un boulet, je veux pas que vous soyez emmerdés,
09:11 je vais démissionner et je reviendrai quand l'affaire
09:13 sera réglée." Ce qui n'est pas traité dans la série.
09:15 La série, ils font genre "Il est démissionné
09:17 de force par Mitterrand et il revient pas."
09:19 Alors que dans la réalité, il est revenu.
09:21 - Alors Laurent,
09:23 moi je voudrais vous poser une question.
09:25 Vous êtes son fils, évidemment, et
09:27 la subjectivité, elle est là, et comment
09:29 elle ne serait pas là ? Mais est-ce que
09:31 vous pensez, comme beaucoup,
09:33 que Bernard Tapie,
09:35 que votre père, au fond, il avait
09:37 une immense espérance et qu'il s'est
09:39 un peu noyé,
09:41 pas forcément par sa faute,
09:43 mais peut-être aussi par sa faute, en disant
09:45 parce qu'il avait suscité quelque chose
09:47 qui était là, on se disait Tapie, la mairie de Marseille,
09:49 etc. Et que ça s'est
09:51 que ça s'est,
09:53 je dirais,
09:55 dans les trucs des affaires,
09:57 20 ans de procès, d'ailleurs,
09:59 on sait que ça a joué sur sa santé, bien sûr,
10:01 mais au-delà du procès Odidas,
10:03 enfin O.M. et, pas O.M.,
10:05 Adidas et le crédit Lyonnais,
10:07 etc.
10:09 Ou pensez-vous que, au fond,
10:11 on l'a tué, c'est vrai que
10:13 j'ai écrit comment ils l'ont tué, on l'a tué parce qu'il
10:15 gênait politiquement et qu'on ne pouvait pas
10:17 le tuer financièrement,
10:19 on l'a tué financièrement ?
10:21 - Je pense qu'il y a un peu des
10:23 deux dans la réponse.
10:25 Clairement, on l'a tué. Ça, c'est une certitude,
10:27 je veux dire que la façon dont il est mis en liquidation
10:29 est artificielle, ça a été reconnu par la justice
10:31 elle-même qui a révisé son procès en liquidation,
10:33 qui a reconnu plus de 15 ans après
10:35 qu'il n'aurait pas dû être mis en liquidation,
10:37 sachant que c'était la condition sine qua non pour le rendre inéligible.
10:39 Bon, pour ça, ça a été fait,
10:41 ensuite il y a eu 10 ans de procédure
10:43 avec 6 procès d'Eva Jolie,
10:45 Bancroot, etc., tous conclus par
10:47 des non-lieux, et ensuite c'était l'affaire Adidas.
10:49 Donc, il a été tué, c'est vrai.
10:51 Mais aussi, il y a eu une cassure
10:53 avec l'opinion sur cette affaire
10:55 au MVA. Et il ne faut pas le nier,
10:57 c'est une réalité, c'est le jour
10:59 et, à ma connaissance, c'est la seule fois
11:01 moi qui l'ai suivi de très près toute ma vie,
11:03 c'est la seule fois où il a vraiment franchi
11:05 la ligne jaune. Et il a eu
11:07 un tort de ne jamais le reconnaître.
11:09 Alors, pendant le procès, il ne le reconnaît pas
11:11 parce qu'il sait que s'il dit "ouais, c'est vrai, on l'a fait",
11:13 il va se faire massacrer, et puis sa carrière
11:15 politique, elle est finie.
11:17 Donc, les gens disent... Il y a un passage
11:19 où Montgolfier lui dit "mais pourquoi vous ne reconnaissez pas
11:21 c'est un match de football,
11:23 il y en a eu d'autres, des matchs de football arrangés,
11:25 c'est ni le premier ni le dernier". Bon, très bien.
11:27 Mais sauf qu'il s'y fait ça, il n'a plus de carrière politique.
11:29 Je pense que son tort, ça a été jusqu'au bout
11:31 de ne pas le reconnaître. Je veux dire que jusqu'à
11:33 ses interviews toutes récentes, enfin,
11:35 les dernières avant sa mort, avec sa voix cassée,
11:37 il disait "c'est pas en prison
11:39 qu'il fallait m'envoyer, c'est à l'asile".
11:41 Mais non, non, il y a vraiment eu
11:43 cette affaire, elle s'est passée à peu près
11:45 comme elle a été décrite dans la série. Ce qui est triste,
11:47 c'est qu'un des seuls passages qui est fidèle à la série,
11:49 c'est sur l'affaire au MVA.
11:51 - On va continuer à en parler. - Et ça, c'est une cassure.
11:53 - On va continuer à en parler de
11:55 Bernard Tapie parce que justement,
11:57 c'était quelqu'un à dieu sait
11:59 combien de facettes avec Laurent Tapie
12:01 à tout de suite, après cette petite pause.
12:03 - On est toujours avec Laurent Tapie sur Sud Radio, on revient
12:05 sur cette série Netflix. Et avec vous aussi,
12:07 si vous avez une question, 0 826 300 300,
12:09 on vous attend au standard. 0 826
12:11 300 300, à tout de suite.
12:13 - Et nous sommes toujours avec Laurent Tapie
12:15 qui commente, effectivement nous commentons
12:17 la série Netflix
12:19 qui s'appelle Tapie,
12:21 que l'on voit depuis mercredi dernier,
12:23 qui est intéressante, il faut le dire,
12:25 il y a de très bonnes choses,
12:27 d'autres choses qui effectivement,
12:29 cette préoccupation, je dirais pas ce malaise,
12:31 mais quand même, entre fiction
12:33 et réalité,
12:35 et qu'est-ce qui est réalité, qu'est-ce qui est fiction,
12:37 alors on dit oui, mais la fiction, c'est du détail,
12:39 c'est jamais du détail,
12:41 c'est très important.
12:43 Laurent Tapie, ce que je voulais demander,
12:45 le côté au fond,
12:47 quand on dit, justement avec le recul,
12:49 quand on dit au fond,
12:51 si Tapie, d'ailleurs, qui a dit ça ?
12:53 C'était Dreyfus,
12:55 Dreyfus qui est le propriétaire
12:57 d'Adidas,
12:59 il a dit, si Tapie
13:01 n'avait pas fait de la politique,
13:03 il aurait encore Adidas. Est-ce que vous pensez, vous,
13:05 que la politique, effectivement,
13:07 l'a tué ? En tout cas, ça a été quelque chose
13:09 qui a précipité son...
13:11 - Bien sûr, c'est une certitude. Il ne vend Adidas
13:13 que parce qu'il est contraint,
13:15 en condition pour rejoindre le gouvernement,
13:17 ils auraient dû le dire d'ailleurs, c'est pas comme ça qu'il le présente
13:19 non plus dans la série. Il le présente comme s'il était
13:21 obligé, parce que sinon, il fallait qu'il vire tout le monde chez Adidas
13:23 et qu'en étant ministre, c'était pas jouable
13:25 de ministre de gauche et de virer les ouvriers
13:27 d'Adidas. Mais c'est pas ça la réalité. La réalité, c'est
13:29 qu'avant qu'il rentre au gouvernement,
13:31 Pierre Beregovoit lui a dit, voilà, on est prêt à vous donner
13:33 un poste de ministre, mais on ne peut pas avoir
13:35 dans un gouvernement socialiste un homme d'affaires.
13:37 Donc vous devez faire un choix, c'est homme politique ou
13:39 homme d'affaires. Et si c'est
13:41 homme politique, vous devez mettre en vente
13:43 toutes vos sociétés. On veut un mandat de vente
13:45 signé de toutes vos sociétés. Et que vous
13:47 vous désengagez de la direction de vos sociétés.
13:49 Et là, il a fait la pire bêtise de sa vie
13:51 en acceptant ces conditions-là et en mettant
13:53 en vente son groupe.
13:55 - Oui, c'est ça. Ça s'est passé comme ça.
13:57 - Ça s'est passé comme ça, oui. - Mais parce que,
13:59 au fond, il pensait
14:01 à la présidence, il pensait... - Bien sûr.
14:03 Il a toujours expliqué que non,
14:05 qu'il pensait qu'il avait pas le niveau, qu'il visait Marseille.
14:07 C'est totalement faux. Il voulait être président, bien sûr.
14:09 - Ça, ils le disent, d'ailleurs. Enfin...
14:11 - Oui, oui. Ça, ils le cachent pas.
14:13 Absolument. - Ça, c'est pas mal.
14:15 Et la chose, M. Laurent,
14:17 c'est vrai par rapport à ça. Donc, vous, vous n'allez pas
14:19 attaquer, vous n'allez pas réagir. - Non, non.
14:21 - Mais il fallait en tout cas que
14:23 certaines choses soient dites.
14:25 - J'aurais aimé que
14:27 Tristan, Séguéla ou les autres aient l'élégance,
14:29 compte tenu du fait qu'ils vont gagner beaucoup
14:31 d'argent sur cette série, qu'ils portent notre nom
14:33 et qu'ils connaissent la situation de ma mère,
14:35 qui se retrouve avec 600 millions d'euros de dettes,
14:37 qu'ils auraient...
14:39 - 600 millions d'euros de dettes. Oui, parce qu'elle était mariée
14:41 sous la communauté de Béret. - Oui. Et dettes totalement
14:43 composées d'intérêts. Je tiens à le rappeler, quand même.
14:45 Puisque le seul journal en France qui a rappelé que
14:47 l'arbitrage avait été intégralement remboursé,
14:49 c'est le...
14:51 Canard Enchaîné. Pourtant,
14:53 il n'a pas été tendre avec nous pendant des années.
14:55 Eux ont rappelé que les sommes versées par l'État
14:57 ont été intégralement repayées.
14:59 Ce qui n'est pas repayé, c'est les intérêts qu'ils ont fait courir.
15:01 Et qui représentent 600 millions.
15:03 Donc, il aurait été élégant, vous voyez,
15:05 qu'ils fassent un accord avec ma mère sur quelque chose,
15:07 quoi. Mais bon, même ça, on n'a pas eu droit.
15:09 - Oui, c'est...
15:11 Franchement, c'est un peu bizarre. C'est en tout cas
15:13 un peu questionnant. Je crois que nous avons un auditeur.
15:15 - Oui, nous avons Frédéric de Paris, qui a composé
15:17 le 0826-300-300. Bonjour Frédéric.
15:19 - Oui, bonjour Frédéric. Vous avez une question ?
15:21 - Bonjour André, bonjour M. Tapie.
15:23 Moi, je veux intervenir rapidement.
15:25 Je suis ravi qu'il y ait
15:27 un sujet sur Bernard Tapie.
15:29 Je voudrais dire simplement à tous les gens qui
15:31 nous écoutent, s'ils veulent se faire une opinion
15:33 sur Bernard Tapie,
15:35 je pense qu'il serait intéressant qu'ils regardent
15:37 l'audition qu'il y a eu face à
15:39 la commission parlementaire concernant
15:41 l'affaire Adidas et le crédit
15:43 lyonnais, où tout est dit dedans.
15:45 Tout est dit. Il s'est fait enfler.
15:47 Ils l'ont enflé en long, en large
15:49 et en travers, ce pauvre homme.
15:51 Alors, il a dû avoir ses défauts, probablement.
15:53 Personne n'est blanc bleu, et quand on est
15:55 à ce niveau d'affaires, on ne peut pas être blanc bleu.
15:57 Mais là, c'est un scandale d'État.
15:59 Et au lieu de se nourrir
16:01 des informations qu'on entend sur
16:03 les chaînes d'informations en continu
16:05 et tous ces torchons, et bien que
16:07 les gens prennent le temps... Alors, c'est long, ça dure
16:09 trois heures et demie, mais qu'ils prennent le temps
16:11 d'écouter, de regarder et de voir, surtout
16:13 les intervenants qui étaient dedans, cette commission parlementaire,
16:15 avec, entre autres, Kausa,
16:17 qui à l'époque, il est le beau.
16:19 Et moi, ça me révolte
16:21 de voir des choses comme ça.
16:23 Et je suis encore plus révolté de...
16:25 Allô ? - Oui, oui, on vous entend.
16:27 - Je suis encore plus révolté
16:29 de voir que les gens
16:31 donnent tout un avis, toute une opinion,
16:33 sans jamais s'être véritablement renseignés
16:35 et s'être gonflés aux informations
16:37 qu'ils ont pu entendre sur les médias mainstream.
16:39 Voilà. - Merci, merci Frédéric.
16:41 En tout cas, écoutez, c'est votre
16:43 opinion et les gens réagissent.
16:45 Vous voyez, Laurent... - Évidemment, je suis
16:47 100% d'accord avec ça.
16:49 Ça me rappelle d'ailleurs une petite anecdote,
16:51 c'est que quand toute cette
16:53 polémique a redémarré sur l'arbitrage,
16:55 après qu'il ait gagné son arbitrage,
16:57 j'avais fait un site tellement j'étais ulcéré de voir
16:59 les émissions que je voyais, une à laquelle
17:01 vous avez participé, notamment, vous étiez tout seul à essayer
17:03 d'expliquer ce qui s'était vraiment
17:05 passé dans l'affaire Crédionnet, dans une émission d'Yves Calvi
17:07 dans laquelle il y avait un tas
17:09 de gens, il y avait cet imbécile
17:11 de Laurent Mauduit de Mediapart qui disait n'importe quoi.
17:13 Et...
17:15 j'avais fait un site
17:17 qui s'appelait affaire tapis.info, qui donnait
17:19 tous les jugements. Là, on parle pas là.
17:21 C'est des jugements qui expliquaient
17:23 et qui s'est fait hacker. Je n'ai jamais pu
17:25 le laisser en ligne. - Ah bon ? - Jamais.
17:27 C'est-à-dire qu'à chaque fois que je le remettais en ligne... - Il s'est fait systématiquement hacker.
17:29 - Systématiquement, le site tombait. Je ne renonce pas,
17:31 je pense que dans quelques jours, quand j'aurai le temps,
17:33 je vais le remettre en ligne parce que ça me fera plaisir
17:35 de le faire. Mais vous savez, moi, ce qui m'ulcère
17:37 encore plus, parce que je suis très heureux
17:39 d'entendre la réaction de cette personne qui a pris le temps de voir,
17:41 mais ça, c'est de la politique.
17:43 C'est-à-dire que quand vous voyez Cahuzac
17:45 ou François Hollande ou François Béroux
17:47 crier sur tous les toits que c'est un scandale d'État,
17:49 que c'est Sarko qui a fait un cadeau de 400 millions, c'est de la politique,
17:51 c'est le jeu politique, c'est nul preneur du dernier.
17:53 Mais le vrai scandale absolu,
17:55 c'est quand même la justice.
17:57 C'est quand même que ces gens-là sont payés par le peuple français
17:59 pour rendre justice.
18:01 La façon dont le droit a été
18:03 tordu du début à la fin
18:05 sur cette histoire d'arbitrage est
18:07 hallucinante. Il faudra
18:09 rappeler ça aux gens, juste un, ça dure
18:11 30 secondes. Quand ils cassent l'arbitrage,
18:13 on en revient à la situation. Bon, alors, quel est le dommage tapis ?
18:15 Parce que l'arbitrage, c'était de dire "le dommage tapis,
18:17 c'est 400 millions". La Cour d'appel en
18:19 2005 de Paris avait dit "c'est 150 millions".
18:21 On demandait à des journalistes
18:23 sur le plateau, quelques heures avant le rendu du
18:25 nouveau verdict de la Cour d'appel, "alors à votre avis
18:27 ça va être quoi ?" Et ils disaient tous "logiquement
18:29 ça devrait être entre 150 et 400 millions".
18:31 Et c'est combien ? Zéro.
18:33 Zéro ? Mais comment ça peut être zéro
18:35 le dommage ? Ah bah parce que la Cour
18:37 d'appel a fait un jugement extraordinaire.
18:39 Elle a écrit "il est impensable
18:41 que Bernard Tapie n'ait pas été au courant
18:43 de la manœuvre du crédit jeunet".
18:45 Et bah voilà ! On est
18:47 tranquilles, on vous combriole,
18:49 on vous prend tous vos meubles, et puis le mec va dire
18:51 "enfin vous le saviez bien qu'il y avait des combrioleurs
18:53 qui allaient venir, soyons sérieux". - Ça, la réalité, je me rappelle
18:55 très bien. - Non mais c'est invraisemblable.
18:57 Un jugement pareil. - Et votre banque
18:59 dit "on va vous vendre votre maison
19:01 à 2 millions comme vous voulez",
19:03 et en fait vous apprenez qu'elle a vendu 4 millions.
19:05 - Voilà, dans votre dos. - Et vous dites "mais oui, c'est ça".
19:07 - Mais vous êtes au courant !
19:09 Le jugement, non mais ça a gêné personne ! Il y a combien de journalistes
19:11 qui ont couvert l'affaire ? Il n'y en a pas un qui a écrit "mais attendez,
19:13 les juges sont en train de nous dire que
19:15 Bernard Tapie est au courant que le crédit
19:17 jeunet vend 4,8 milliards, son affaire,
19:19 et lui donne à lui 2,4 milliards,
19:21 donc il laisse les 2,4 milliards d'écart,
19:23 c'est un pourboire pour le lyonnais, parce qu'il est au courant
19:25 que les lyonnais, les mecs du lyonnais sont sympas, on va leur donner
19:27 2,4 milliards pour boire. - Mais alors,
19:29 vous savez ce qu'il reste à faire ? Un documentaire.
19:31 - Non, non, moi je veux faire un film, en fait,
19:33 malheureusement, en quelque sorte,
19:35 cette série m'a
19:37 coupé dans mon élan, je voulais faire un film.
19:39 Je voulais le faire, je ne pouvais pas
19:41 le faire du vivant de mon père.
19:43 Je ne voulais pas et je ne pouvais pas le faire du vivant de mon père,
19:45 précisément parce que mon père,
19:47 il n'est pas objectif vis-à-vis de lui-même,
19:49 et que ça aurait créé
19:51 des problèmes entre nous.
19:53 Donc je lui avais dit, je ferais un jour un film sur toi.
19:55 - Et bien là, vous pouvez le faire, même s'il y a le biopic.
19:57 - Absolument, tant qu'il n'y avait pas le biopic,
19:59 le biopic était en préparation, les producteurs
20:01 disaient "ouais, mais maintenant il y a un biopic,
20:03 attendons de voir, attendons que ça sorte",
20:05 quand il sera fini, et quand il aura fait un carton,
20:07 parce que je suis convaincu que
20:09 le personnage intéresse et fascine
20:11 toujours autant. Donc j'ai vu hier, je me suis
20:13 connecté, numéro 1 en France, Tapie.
20:15 - Bien sûr. - Donc quand il aura fait le carton
20:17 qu'il va faire, je dirais au revoir à des producteurs.
20:19 - Voilà pourquoi il pourrait penser à votre mère,
20:21 les producteurs et les animateurs, il pourrait penser à votre mère,
20:23 à Dominique Tapie. Il faudrait quand même qu'ils y pensent.
20:25 - Ce serait bien, oui. - Merci.
20:27 - En tout cas déjà, les gens peuvent acheter son livre,
20:29 ma mère. - Oui, absolument.
20:31 - Et moi, la dernière chose, c'est que j'ai fait une association
20:33 qui s'appelle "A jamais les premiers.org",
20:35 qui veut faire une statue hommage
20:37 à la victoire de l'OM en Ligue des champions,
20:39 qui représentera mon père porté par ses joueurs
20:41 au brandissant de la Coupe d'Europe,
20:43 une image qui a réellement existé, et qui sera
20:45 mise devant le stade Vélodrome, j'ai l'accord de la mairie pour ça.
20:47 - Très bien. - Et cette souscription,
20:49 on a levé 2/3 des sommes requises, il nous manque un peu de sous.
20:51 - Et bien voilà, "A jamais les premiers.org".
20:53 - Exactement. Merci André. - Merci beaucoup d'avoir
20:55 été avec nous. Restez bien avec nous sur Sud Radio.