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Mathieu Bock-Côté propose un décryptage de l’actualité des deux côtés de l’Atlantique dans #FaceABockCote

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00:0019h, quasiment 19h, ravis de vous retrouver pour face à Mathieu Bocoté, cher Mathieu, bonsoir.
00:05Bonsoir.
00:06Bonsoir Arthur de Vatrigan.
00:08Bonsoir Eliott.
00:09J'espère que vous allez bien tous les deux, on commence l'émission dans un instant mais avant cela c'est le point sur l'information avec Isabelle Piboulot.
00:15Bonsoir Isabelle.
00:16Bonsoir Eliott, bonsoir à tous.
00:17Elle a eu une nouvelle frappe de l'armée israélienne sur le fief du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth.
00:22Des bombardements qui suivent ceux d'hier et l'élimination du chef du mouvement islamiste libanais.
00:28Sayed Hassan Nasrallah a rejoint ses compagnons martyrs dont il a conduit la marche pendant près de 30 ans.
00:33A annoncé un communiqué de la formation pro iranienne.
00:36L'assassinat du chef du Hezbollah est une mesure de justice pour ces nombreuses victimes a déclaré Joe Biden.
00:42Des victimes dont font partie des milliers de civils américains, israéliens et libanais.
00:47Les Etats-Unis soutiennent pleinement le droit d'Israël à se défendre, a réitéré le président américain.
00:53Dans le même temps Washington ordonne l'évacuation des familles de ces diplomates au Liban.
00:58Et puis en marge d'un déplacement au congrès des sapeurs-pompiers à Macon,
01:02Michel Barnier a qualifié d'extrêmement grave la situation au Liban et a affirmé se préoccuper de la sécurité des français sur place.
01:09Le chef du gouvernement n'a pas fait plus de commentaires justifiant que le lieu n'était pas approprié.
01:15Merci Isabelle pour le point sur l'information.
01:18A la une de face à Mathieu Boccoté, les obsèques bouleversantes de Philippines ont mis en lumière une France dans l'ombre du système.
01:25Une France silencieuse malgré les injustices, une France qui garde l'espérance en son cœur malgré les drames qui s'accumulent.
01:31Cette France trop souvent oubliée, stigmatisée, ostracisée.
01:35C'est celle un an plus tôt de Thomas, Crépole ou encore de Lola.
01:39Alors pourquoi et comment à travers ces tragédies il y a une France qui se rassemble ?
01:43On en parle dans un instant avec Mathieu.
01:45Au programme également de face à Mathieu Boccoté, vous souhaitez revenir sur une question très sensible.
01:50Celle des chocs et du choc des civilisations qui auraient des conséquences sur notre quotidien.
01:55Qu'entendez-vous par là ? Vous nous expliquerez tout dans cette émission.
01:59Enfin, vous recevez ce soir l'une des plus belles plumes du monde journalistique.
02:03Je ne dis pas ça parce que c'est notre consoeur et ami Sonia Mabrouk.
02:06Après Reconquérir le Sacré, elle publie un nouvel ouvrage sur la question de l'assimilation.
02:12Et si demain tout s'inversait, Sonia, cher Mathieu, est votre invitée.
02:16Voilà le programme de face à Mathieu Boccoté.
02:19Face à Mathieu Boccoté, c'est parti.
02:21Et pour commencer notre émission, Mathieu, vous souhaitez réagir à l'information majeure de la journée de ce samedi.
02:28Mais avant cela, bien sûr, le petit générique.
02:42Et pour commencer cette émission, Mathieu, vous souhaitez réagir sur l'information majeure de la journée.
02:49L'armée israélienne a donc éliminé le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah,
02:54tué hier dans une frappe menée par Tsaïl au sud de Beyrouth, au cœur du quartier général du Hezbollah.
03:00Celui qu'on présente comme l'homme le plus puissant du Liban est mort.
03:03Quel regard, Mathieu Boccoté, portez-vous sur cette information ?
03:07Je me permettrai un bref commentaire, simplement avant d'y revenir cette semaine, une fois que l'information se sera déployée pleinement.
03:13Mais deux choses. Premièrement, et je crois que vous en avez parlé ce matin ou cet après-midi,
03:17le traitement médiatique en Occident de la mort de Nasrallah est absolument fascinant.
03:22C'est comme si le leader de ce mouvement terroriste était en fait un quasi-humaniste qui venait de disparaître aujourd'hui,
03:31à mi-chemin entre Che Guevara et Bob Marley, qui disparaîtrait aujourd'hui sous le signe d'une frappe injuste venant d'Israël.
03:40Je suis fasciné par ce traitement qui nous dit à quel point l'imaginaire médiatique occidental demeure dominé
03:48par une forme de décolonialisme ou d'anticolonialisme ou de tiers-mondisme passé de mode,
03:55mais passé de réalité surtout, d'autant qu'il s'agissait d'un mouvement qui avait une puissance de déstabilisation immense,
04:00encore aujourd'hui, au Proche-Orient. Premier élément. Deuxième élément, avant d'arriver sur le sujet philippine.
04:07Ce qui me frappe, c'est que pendant des années, lorsqu'on parlait du droit d'Israël de se défendre,
04:12on ajoutait toujours, mais une riposte proportionnée en fonction de l'équilibre des menaces,
04:19une forme d'équilibre de la terreur régionale. Et ce que l'on voit aujourd'hui, c'est qu'on est rendu,
04:23on a quitté cette idée où l'ONU fixerait les catégories à travers lesquelles un État a le droit de se défendre
04:28lorsqu'il est menacé existentiellement. À travers cette guerre, ce que l'on voit, c'est un État qui fait plein usage
04:33de sa souveraineté nationale pour défendre ce qu'il considère être son existence vitale.
04:39Ensuite, on peut considérer qu'il va trop loin, il ne va pas dans la bonne direction, toutes les critiques sont permises,
04:44mais je note que nous sommes entrés dans un monde où les normes éthiques onusiennes ne sont plus celles
04:49qui fixent le commandement des États. Les États agissent en fonction de leur intérêt vital.
04:54Et seuls à s'interdire mentalement cela pour faire des choses tout autres, c'est les pays occidentaux, bien évidemment.
04:59Et on reviendra en longueur sur le traitement médiatique dans l'heure des pros à 20h.
05:05Les funérailles de Philippines hier, Mathieu, ont ému la France. On y a vu une partie de la France souvent oubliée.
05:11La France catholique pleurait dans une grande dignité la mort d'une de ses enfants.
05:16Et c'est sur la France de Philippines que vous souhaitez revenir, ainsi que sur celle de Thomas et de Lola,
05:22pour qu'on ne les oublie pas aussi.
05:25Justement, parce que chaque mort marque une étape dans la conscience collective.
05:31Et on aimerait franchement pouvoir se passer de ces morts pour se réveiller collectivement.
05:36Alors, ayons simplement à l'esprit ce dont il est question ici. La mort de Philippines, c'est la mort d'une France,
05:42vous avez raison de le dire, une France très souvent oubliée, une France laissée de côté,
05:47une France qui représente un peu le résidu de la France d'hier,
05:51qui n'est pas conforme à l'imaginaire révolutionnaire, républicain tel qu'on l'entend aujourd'hui.
05:57C'est l'héritière en fait de la France d'avant 89 en quelque sorte.
06:00C'est l'héritière d'une conception de la France où l'identité de la France et le catholicisme sont indissociables.
06:06Et on a vu ça, une France d'une très grande dignité, une France d'une très grande beauté dans le sens du rituel aussi,
06:11je pense qu'on doit le noter.
06:13On était, je crois pouvoir parler à peu près au nom de tout le monde, on était bouleversés hier devant,
06:18à peu près tout le monde, je reviendrai, devant cette scène, ces funérailles,
06:22on avait l'impression que c'est un monde en fait qui nous apprenait ce qu'est la dignité devant l'épreuve.
06:27C'est un monde qui se croyait peut-être à l'abri, parce qu'il s'agit souvent d'un monde plus à l'aise socio-économiquement,
06:33et c'est un monde qui a découvert qu'il n'était pas à l'abri.
06:37Le suspect, un OQTF marocain, agresseur, assassin, a frappé cette France dans des circonstances,
06:45rappelons, mais j'y reviendrai, que le propre de l'OQTF c'est qu'il n'aurait pas dû être en France à ce moment,
06:50si le suspect n'avait pas été là, la Philippine serait encore vivante.
06:54Mais cet événement doit être pensé à la lumière d'une actualité lourde que nous peinons à nommer,
07:00autrement qu'à travers le concept un peu vague d'insécurité.
07:03Comme si ça nous tombait, il y a de la pluie, il y a de l'insécurité, il y a des bons jours et des mauvais jours.
07:07Non. L'insécurité c'est le nom technique que nous donnons à ce qu'on doit bien appeler une forme de délinquance conquérante.
07:15Une délinquance conquérante qui se manifeste au fil de l'actualité dans les milliers de faits divers que nous connaissons,
07:22et qui s'est exprimée ces dernières années de deux manières. J'y reviens, 2023, Crépole-Thomas.
07:29Rappelez-vous la scène, parce qu'on a tendance à l'oublier, c'est fou à quel point on oublie vite aujourd'hui de tels événements.
07:34Crépole-Thomas, qu'est-ce qu'on apprend assez rapidement?
07:37Que les racailles qui vont faire un raid, une razia contre le bal de Crépole, veulent, rappelez-vous, planter du blanc.
07:46On l'a oublié, je crois qu'on n'a même pas retenu ce motif lorsqu'il est venu le temps de passer dans le langage du droit,
07:52mais ça avait été rapporté, planté du blanc.
07:55C'était une agression à l'époque, une agression raciste. C'était une agression sous le signe du racisme anti-blanc,
08:02mais on ne l'avait pas pensée comme telle, on avait plutôt cherché à la penser sous le signe du fait divers,
08:07et plus encore, rappelez-vous quand certains éditorialistes, un éditorialiste en particulier du service public,
08:12nous a expliqué qu'à certains égards, Thomas l'avait un peu cherché.
08:16L'avait un peu cherché, s'il n'avait pas été provoqué, s'il n'avait pas eu un comportement apparemment condamné,
08:22nous disait-on, sur un récit assez particulier, il n'aurait peut-être pas subi ce sort.
08:27Donc c'était un raid anti-blanc, il ne faut juste pas l'oublier, c'était revendiqué comme tel.
08:32Ensuite, Lola, 2022 si je ne me trompe pas.
08:35Donc Thomas, ce n'était pas la France catholique dans ce cas-là, c'était la France des campagnes.
08:41Et dans le cas de Lola, c'était la France populaire, la France de ceux qui n'ont souvent pas les moyens de se sauver du vivre ensemble harmonieux.
08:50La France de ceux qui n'ont pas les moyens de fuir cette insécurité qui, par ailleurs, peut vous rattraper partout.
08:55C'était la France populaire et on s'en souvient.
08:57On se souvient non seulement de l'atroce douleur de la famille, mais on se souvient aussi à quel point la famille a été prise en charge très rapidement
09:04par tout le lobby qui incite à dire qu'il n'y a aucune dimension politique.
09:08Pas de récupération, s'il vous plaît, en récupération, c'est l'autre nom de la réflexion en ces moments.
09:12Ce qui se passe avec Lola, c'est un fait divers, tragique, certes, mais ce n'est rien d'autre qu'un fait divers.
09:17Et ça, je note qu'on est plusieurs chez les politiques, chez les commentateurs, les éditorialistes à avoir fait cette observation
09:24de voir trois visages différents de la France, chacun attaqué.
09:28On pourrait aller plus loin.
09:30On pourrait aller plus loin en disant que depuis les émeutes de 2023, nous savons en quelque sorte qu'aucun territoire n'était à l'abri.
09:38Et moi, je me souviens, c'est des conversations qui étaient récurrentes en 2023 et avec des gens qui ne s'y connaissent pas,
09:43des gens qui ont simplement des peurs comme chacun d'entre nous peut en avoir.
09:46J'entendais la prochaine fois, ils, les émeutiers, les racailles, se permettront d'entrer dans les maisons.
09:54Donc, on voit le sentiment qu'il n'y a plus personne n'est à l'abri.
09:59Plus personne n'est à l'abri et cette délinquance conquérante agresse, cette délinquance conquérante peut tuer,
10:04cette délinquance conquérante crée un climat où chacun intériorise l'idée qu'en son pays, il n'est plus protégé.
10:11Pourtant, on l'a vu cette semaine, le récit de Philippine incomode une partie importante, Mathieu, de la gauche.
10:18Certains la jugent indécente. Est-ce aussi votre cas ?
10:21Indécente et révoltante, si je peux me permettre.
10:23Saine première, une partie de la gauche, vraiment la gauche anti-fasciste, la gauche radicale, la gauche la plus toxique.
10:29Ces gens-là osent se revendiquer de l'antifascisme. C'est quand même fou.
10:33On arrache les images, les affiches pour rendre hommage à Philippine à Sciences Po.
10:40En disant que ceux qui veulent rendre hommage à Philippine sont des racistes.
10:44Il faut bien comprendre, ce sont des racistes dans leur esprit, des racistes de vouloir rendre hommage à Philippine.
10:50Ailleurs, sur le territoire national, on l'a vu, des militants de gauche sont venus scander des slogans antifas.
10:56Et il y avait parmi ceux-là, on le voyait aujourd'hui sur les réseaux sociaux, c'était de plus en plus documenté,
11:01des cadres de la France insoumise, des employés de la mouvance de la gauche radicale.
11:08Si on comprend bien aussi des candidats aux élections, des gens qui se permettent et qui veulent troubler la commémoration,
11:14qui veulent troubler l'hommage rendu à cette jeune martyr du vivre ensemble diversitaire.
11:20C'est quand même particulier. Donc, l'indécence absolue, on ne tolérera pas votre peine.
11:25On ne tolérera pas la quiétude réclamée pour votre peine.
11:28On ne tolérera pas cette espèce de paix légitime qui est demandée après un événement aussi tragique.
11:33On ne respectera pas votre douleur parce qu'on considère que toute réflexion sociologique ou politique sur la dimension sociologique ou politique, c'est du racisme.
11:42Et quelle est cette dimension? Évidemment, c'est le fameux fait divers.
11:45C'est-à-dire, on nous dit, le fait que ce soit au QTF ne compte pas.
11:49Ne compte pas. C'est pourtant central. Je le redis.
11:51Si le QTF est appliqué, la personne ne meurt pas.
11:56C'est aussi simple que ça. C'était aussi dans le cas de Lola, soit dit en passant.
11:59Mais là, on nous dit que cette dimension ne doit pas être mentionnée.
12:02C'est un non-événement. Ça ne compte pas. Ça ne fait pas partie du récit des événements.
12:07Si vous y tenez, c'est parce que vous êtes un raciste. On le voit quand même.
12:11Alors là, il y a deux voies de sortie.
12:14Soit on le connaît, c'est le fameux fait divers. C'est un fait divers. C'est un fait divers.
12:17Ou alors, l'interprétation de la gauche cette semaine.
12:19OK, ce n'est pas un fait divers. Mais alors, c'est un fait social. C'est un féminicide.
12:23C'est le patriarcat qui vient de frapper.
12:25C'est l'homme dans sa masculinité qui vient de frapper.
12:28Et là, je le dirai sur ce plateau.
12:29Selon le discours à gauche tenu cette semaine, vous Elliot, vous Arthur, moi, nous sommes complices de ce meurtre.
12:36Parce que c'est la masculinité qui est en question.
12:38Alors qu'on est devant un cas administratif, factuel, documenté au QTF, ça, ça ne compte pas.
12:43Mais le fait que nous soyons des hommes nous rend coupables par association de ce meurtre, je trouve que c'est absolument scandaleux.
12:50Et qu'est-ce qu'il y a derrière tout cela?
12:52Il y a évidemment l'incapacité d'une bonne partie de nos élites à prendre au sérieux l'échec du multiculturalisme,
12:59le fait que l'immigration massive n'est pas une réussite en Occident et encore moins une réussite en France.
13:05Si je comprends bien Mathieu, vous présentez nos élites comme si elles étaient enfermées dans un dogme qui les étouffe
13:11et dont elles ne sauraient pas s'en sortir. Est-ce vraiment ainsi que vous les percevez?
13:16Oui, je crois. Tout le travail médiatique, intellectuel, sociologique qui est fait pour nous expliquer que le réel n'existe pas, c'est incroyable.
13:23Un travail exceptionnel pour nous dire ce que vous avez devant les yeux, vous ne le verrez pas. La réalité n'existe pas.
13:30No pasaran, vous savez, no pasaran, ça c'était réservé aux fascistes, mais aujourd'hui c'est no pasaran, le réel ne passera pas.
13:37Donc on est l'idéologie diversitaire, c'est un dogme religieux.
13:41C'est un dogme religieux qui repose sur l'idée que la diversité est une richesse en toutes circonstances,
13:45que l'immigration est une chance en toutes circonstances, il est interdit d'en sortir.
13:49Et si vous voulez sortir de ce discours, on va vous accuser justement d'être dans les théories paranoïaques.
13:55Le sentiment d'insécurité, le sentiment de laxisme, le sentiment d'immigration massive.
14:00Vous êtes fous! Vous êtes fous si vous pensez que le modèle actuel de société ne fonctionne pas.
14:05On nous a quand même expliqué que jamais la justice n'avait été aussi rigoureuse.
14:08Il faut rire des Français au visage pour oser dire des choses comme ça.
14:14Alors à gauche, je pense qu'ils y croient vraiment. Ils croient vraiment au mythe de la diversité rédemptrice.
14:18C'est-à-dire que l'Occident est à ce point coupable d'être lui-même, que les vagues d'immigration venues d'ailleurs
14:23nous délivrent de nous-mêmes pour nous permettre d'embrasser l'autre jusqu'à nous dissoudre nous-mêmes.
14:27À l'extrême-centre, ils y croient à la manière d'une fatalité historique.
14:31C'est ainsi, on n'y peut rien, interchangeabilité des peuples, c'est la fin des peuples, des nations, des civilisations.
14:35Acceptons tout cela et protégeons-nous si on en a les moyens.
14:39La question que je me pose souvent, cher Elliot, c'est est-ce que ce dogme de la diversité peut s'effondrer,
14:45tout comme le dogme communiste s'est effondré en 1989?
14:49Est-ce qu'on peut assister à un même effondrement historique d'un système religieux qui bloque l'accès au réel,
14:54qui a retourné nos institutions contre nos peuples? Est-ce que ce dogme peut tomber?
14:59Je le crois, parce que le réel est plus fort que l'idéologie.
15:03Mais ce qu'on va constater, lorsque ce dogme va tomber, le dogme diversitaire,
15:07c'est qu'il aura fait un mal immense, immense, immense à nos sociétés, à nos pays, à nos peuples, à notre civilisation.
15:13Arthur de Matrégan, Lola, Thomas, Philippines, est-ce qu'à travers ces drames,
15:19vous y voyez-vous aussi une sorte de nopasaran du réel, le réel qui saute aux yeux de tous les Français?
15:28Aujourd'hui, il ne faut pas le voir, il ne faut pas en parler.
15:31Justement, on va en parler du réel.
15:33Philippines, elle avait 19 ans, elle était catholique, elle était fiancée,
15:38elle était rayonnante et vive et intelligente, c'est prochement raconté il y a deux jours.
15:42Elle était caravel chez les Scouts et Guides de France,
15:45et voici ce que, ceux qui ne savent pas ce que récite, ce que chantent même tous ceux qui ont fait la promesse
15:50des Scouts et Guides de France, c'est « Je te jure de te suivre,
15:54en fier chrétien et tout entier, je livre ma vie, mon cœur au tien.
15:58Fidèle à ma patrie, je le serai, tous les jours de ma vie, je servirai.
16:01Je suis de tes apôtres et chaque jour, je veux aider les autres pour ton amour. »
16:05Donc Philippines, si vous voulez, elle croyait, elle servait et elle aimait.
16:08Et ce n'est pas une posture, c'est un engagement, et ce n'est pas une promesse d'enfance ou d'un camp d'été,
16:14c'est un engagement quotidien de chaque seconde et qu'on essaye de tenir,
16:18quelles que soient les joies, quelles que soient les souffrances.
16:20Et c'est justement ce qu'on a vu hier, ce que la France a vu aux obsèques face à une telle barbarie.
16:25Ses parents, son fiancé, ses frères et soeurs, ses amis, les milliers d'anonymes qui étaient là,
16:30ont répondu par la pudeur, par la dignité et par l'espérance.
16:34C'est-à-dire que dans cette plongée vertigineuse dans les abysses de l'âme humaine,
16:39où après Lola, après Anne Lorraine, qu'on a oubliée, après Claire et tant d'autres,
16:44on ne s'étonne même plus de croiser l'immonde,
16:46et bien là, ils nous ont montré leur grandeur, leur beauté, celle façonnée par leur foi
16:52et par deux mille ans de civilisation que nous avons également reçus, nous.
16:56Et donc, face à ça, aujourd'hui, c'est qu'est-ce qu'on fait ?
16:59Et la France, l'État, surtout, doit répondre.
17:02Il doit répondre, mais pas par des minutes de silence à l'Assemblée nationale,
17:06parce que Philippine était trop innocente pour en recevoir,
17:08pas par des déclarations un peu indécentes d'une présidente de région
17:12qui dit qu'elle va financer aux frais des impôts de sa région les frais de justice,
17:17pas non plus par des produits dérivés à la Traoré, parce que la famille est évidemment trop digne,
17:21mais elle doit répondre, l'État doit répondre, non pour la famille,
17:24parce que malheureusement, aucune justice terrestre,
17:27ni aucune loi humaine ne pourra soigner cette souffrance,
17:29mais elle doit répondre pour que d'autres ne la subissent pas.
17:32C'est-à-dire que plus un innocent ne doit payer le prix du mensonge d'un Darmanin, d'un Macron,
17:40d'une irresponsabilité d'un juge, de la lâcheté des politiques.
17:44Et quand je parle de réponse, ce n'est pas une promesse de paradis sur terre,
17:47comme on veut nous le dire, c'est parce qu'on peut se tromper,
17:50on peut faillir, même un magistrat, même un président, même un homme politique,
17:54mais il faut le reconnaître et il faut l'assumer.
17:57Et on ne peut pas décider si on n'assume pas une responsabilité derrière.
18:01On ne peut pas mentir sans payer.
18:02On ne peut pas juger et faire un mur des cons avec le parent des victimes.
18:06On ne peut pas être payé par l'État pour informer et cacher une vérité
18:10aux téléspectateurs comme c'était le cas avec France Télévisions.
18:14Le bourreau n'aurait jamais dû être en France,
18:18et Mathieu l'a rappelé évidemment, et encore moins en liberté.
18:21C'est la chose la plus factuelle.
18:23Et l'autre chose factuelle qu'il faut rappeler, il y en a plein,
18:26mais il y en a une qui montre l'irresponsabilité du politique,
18:30c'est par exemple, vous savez que le budget alloué pour les centres
18:33de rétention administrative, c'est 60 millions d'euros.
18:36Le budget alloué pour l'éloignement des migrants en situation régulière,
18:40c'est 60 millions d'euros.
18:41Et en comparaison, celui de la mission intégration, asile et intégration,
18:46pour intégrer, qui est déléguée à 45% aux associations,
18:51c'est 980 millions d'euros, dix fois plus.
18:54Et je rappelle que ces associations, ce sont par exemple
18:56ceux qui ont fait libérer le bourreau qui a tué Dominique Bernard.
19:00Voilà, donc ça veut dire que ceux qui ont décidé,
19:02ceux qui ont validé tout cela, sont coupables, mille fois coupables.
19:06Et il faut une réponse, non pas par vengeance,
19:10il faut une réponse par justice.
19:11C'est-à-dire, il faut une réponse pour qu'on puisse écraser
19:13la tête de l'ennemi sans qu'il nous dévore le cœur,
19:16comme disait un philosophe récemment.
19:17Et c'est le rôle de politique, malheureusement,
19:20il l'a oublié depuis bien trop longtemps,
19:22trop occupé à obéir à la doxa, qui doit dire
19:25qui sont les victimes, qui sont les coupables,
19:27qui nous ordonnent de hurler pour telle occasion
19:28ou de se taire pour d'autres.
19:30La tâche est immense, le passé et tous ces faits de société
19:33montrent malheureusement qu'on ne peut pas y croire,
19:36mais comme tout le monde, j'ai relu l'omélie de l'abbé Grosjean
19:39qui a célébré les offsèques hier, qui a eu des mots très justes.
19:42Il faut faire de cette épreuve terrible l'occasion d'un sursaut,
19:45ne pas reprendre le cours de la vie sans que rien ne change.
19:48Nous ne voulons pas que le mal ait le dernier mot.
19:50Donc chacun a une responsabilité, chacun doit agir à son niveau.
19:54Philippine, c'était croire, aimer et servir.
19:59Autre sujet à présent, Mathieu Bocoté,
20:01vous souhaitez revenir sur une question très délicate,
20:04à savoir un lien entre les violences sexuelles,
20:08le choc des cultures ou des civilisations.
20:11Alors, qu'entendez-vous par là, Mathieu Bocoté?
20:14Alors, je sais m'avancer sur une question délicate,
20:18une question fragile, une question mince, comme on dit chez nous,
20:21mais je vais chercher à théoriser minimalement une question fondamentale.
20:26Quand on parle d'immigration, point de départ,
20:29on ne parle pas simplement de l'arrivée, surtout dans le monde qui est le nôtre,
20:32on ne parle pas de l'arrivée d'individus ou même de communautés
20:35qui traverseraient une frontière pour s'installer en France.
20:39Nous parlons aujourd'hui, à notre époque, ça n'a pas toujours été ainsi,
20:42nous parlons de l'arrivée d'une civilisation autre sur nos terres,
20:48au sens du monde occidental.
20:50Nous parlons de civilisation, d'arrivée d'un monde autre,
20:54et porteur souvent d'un imaginaire, d'un inconscient,
20:58aurait-on dit autrefois, qui est porté par une forme de revanchisme historique.
21:02On le voit quelquefois, quand on tend le micro,
21:05dans des moments de festivité, on a battu la France,
21:07on a battu l'ancien colonisateur, on a la fierté contre-conquérante,
21:13si je peux me permettre, qui s'exprime.
21:15Ce n'est pas tout le monde, on s'entend bien évidemment,
21:17mais ça existe comme phénomène à documenter.
21:20Une forme de choc des civilisations au quotidien,
21:22avec des tensions ethno-culturelles,
21:24qu'on préférerait voir seulement comme des tensions sociales,
21:26mais qui existent en tant que telles.
21:28Qu'est-ce qu'une civilisation fondamentalement,
21:30quel est son premier pli, son pli marquant, son pli fondateur?
21:33C'est le rapport entre l'homme et la femme.
21:35Fondamentalement, une civilisation se définit dans sa manière
21:38de construire cette dualité originelle qui structure
21:41toutes les sociétés humaines, le rapport entre l'homme et la femme.
21:44Alors, dans les temps qui sont les nôtres,
21:47vous avez d'un côté dans le monde occidental,
21:49une civilisation qui a globalement porté,
21:53quoi qu'on en dise, ce n'est pas si récent,
21:55l'idée d'une émancipation féminine,
21:57l'idée d'une femme qui n'est pas objette d'impureté.
22:00Vous avez cette émancipation féminine
22:02qui traverse l'histoire de notre civilisation,
22:04mais qui est plus présente que jamais aujourd'hui.
22:08Et vous avez de l'autre côté, parmi les populations
22:11qui arrivent ici aujourd'hui, et je le dis avec une série de nuances
22:14en tant que ça ne concerne pas tout le monde,
22:16vous avez souvent des cultures portées
22:18par une forme de refoulement sexuel extrême.
22:20Une société qui traite la femme comme objet d'impureté,
22:23dont on doit se tenir éloigné, sauf des femmes de sa famille.
22:26On ne peut pas trop s'en approcher, ça pourrait être dangereux.
22:29Donc, d'un côté, et qui travaillent surtout les jeunes hommes,
22:32il ne faut pas l'oublier.
22:34Vous avez d'un côté une civilisation ici
22:36qui célèbre l'autonomie féminine, l'émancipation féminine,
22:39la liberté féminine, et de l'autre côté,
22:41vous avez souvent, pas tout le temps,
22:43mais vous avez souvent des gens qui sont portés
22:45par un refoulement sexuel très réel.
22:47Quand vous placez ces deux mondes,
22:50quand vous les forcez à cohabiter par l'immigration massive,
22:54vous provoquez une forme de choc anthropologique,
22:57en quelque sorte, un choc culturel,
22:59un choc de civilisation au sens premier du terme,
23:02et dont une des manifestations de tout cela
23:04peut être justement des tensions intercommunautaires
23:08dans le rapport à la sexualité.
23:10D'un côté, l'émancipation est vue comme une tentation,
23:12le droit de prendre.
23:14De l'autre côté, il y a cette incapacité
23:16à comprendre ce qu'est l'émancipation féminine
23:18en disant qu'elles sont disponibles, nous prenons,
23:20nous allons à la conquête.
23:22Il y a cette dimension que nous devons nommer
23:24aussi délicate soit-elle.
23:26Autrement dit, Mathieu Bocoté, selon vous,
23:28les femmes sont les victimes principales
23:30du choc des civilisations en Occident?
23:32Je pense que cette délinquance conquérante
23:34dont je parle en premier édito s'exerce d'abord,
23:36d'abord à tout moment, en bonne partie,
23:38sur le corps des femmes.
23:40Et je pense qu'il y a un moment,
23:42comme si la conquête du corps des femmes
23:44était une manifestation de souveraineté
23:46dans l'occupation symbolique d'un territoire.
23:48Et de ce point de vue, j'ai un événement
23:50alors il faut y revenir, il ne faut jamais l'oublier,
23:52c'est Cologne, 2015-2016, on est à la nuit du Nouvel An.
23:54Ce qui s'est passé à Cologne,
23:56c'était véritablement ce signe, en fait,
23:58d'une délinquance conquérante
24:00sexuellement orientée,
24:02quelquefois.
24:04On l'a vu aussi à Telford,
24:06en Grande-Bretagne, ne l'oublions pas,
24:08les gangs pakistanais qui voulaient,
24:10qui pratiquaient une forme d'esclavage sexuel
24:12avec des jeunes filles de la classe ouvrière
24:14blanche, entre guillemets, britannique.
24:16On peut penser à Royerdam
24:18toujours en Grande-Bretagne
24:20et on peut, évidemment,
24:22penser à l'histoire de Philippines
24:24et de tant d'autres. On est en droit de penser
24:26que cette dimension compte, ces milliers
24:28de faits divers qui s'accumulent
24:30révèlent aussi cette dimension.
24:32Donc les femmes, oui, premières victimes
24:34du mythe diversitaire aujourd'hui.
24:36Et là, je prends la peine de dire, je ne parle pas
24:38de tous, gardons ça à l'esprit. Je dis que cette dimension
24:40doit être mentionnée, même si on doit
24:42la mentionner avec beaucoup
24:44de nuances.
24:46Vous l'avez dit, c'est un sujet
24:48extrêmement sensible, une pente qui peut
24:50vite être glissante.
24:52Est-ce que vous partagez l'analyse
24:54qui a été faite par Mathieu Bocoté
24:56et Arthur de Vatrigan ? Bien sûr, et celle qui
24:58ne manque pas de nuances et qui devait en avoir
25:00pour le coup, c'est justement ces néo-féministes.
25:02La gauche
25:04et ces néo-féministes de gauche sont émépligiques
25:06sur le sujet. Malheureusement, c'est
25:08qu'entre la femme et l'immigré, elles ont choisi
25:10leurs victimes. Moi, je me rappelle toujours
25:12de Claire Géronomie. On en a parlé tout à l'heure.
25:14C'est une jeune femme, je rappelle, qui a été violée par un centre
25:16africain sous le QTF.
25:18Les néo-féministes, qui sont si promptes à vomir
25:20leur bile, n'étaient pas là. Elles n'étaient pas
25:22là parce que Claire, c'était la mauvaise victime.
25:24Son bourreau n'était pas le bon coupable.
25:26Surtout qu'en plus, elle voulait dire la vérité.
25:28Elle était un peu encombrante pour elle parce qu'elle avait les yeux
25:30vissés sur la réalité. La réalité, elle ne correspond pas
25:32à la vision de ces
25:34néo-féministes. La jeune femme innocente,
25:36elles ont préféré le violeur qui
25:38venait d'ailleurs. C'est ça, la réalité. Parce qu'en fait,
25:40la réalité, elle s'en tamponne. La réalité, elle ne s'intègre pas
25:42dans leur cerveau qui est gorgée de
25:44haine et de névrose. Alors,
25:46elle jette la victime, comme ça. Et puis, il y a
25:48des hommes politiques, des radios,
25:50des télévisions qui prêtent une oreille,
25:52qui donnent un micro. Et là, tout d'un coup, qu'elles se font, elles hurlent
25:54la récupération. Et je rappelle
25:56que ces personnes, ces néo-féministes-là,
25:58ne trouvent rien à redire et s'allient
26:00même avec des ordures qu'on avait aujourd'hui,
26:02qui arrachent le visage
26:04en photo d'une innocente, à savoir
26:06Philippine, et qui s'allient même aussi
26:08avec des contre-manifestants
26:10qui s'opposent
26:12à des hommages d'une victime innocente.
26:14C'est ça, une partie de la gauche aujourd'hui.
26:16C'est ça, les néo-féministes aujourd'hui.
26:18Et je pense que le plus révélateur, c'est ça.
26:20Après la publicité, nous recevons
26:22Sonia Mabrouk pour son
26:24dernier ouvrage. Et si, demain,
26:26tout s'inversait, on a hâte
26:28de la retrouver. C'est dans un instant, après la pub.
26:34Quasiment 19h30 sur CNews.
26:36Merci d'être avec nous pour la suite de Face à Philippe de Villiers.
26:38On parlait de
26:40Philippe de Villiers. Vous me complimentez.
26:44Mathieu Bocoté est avec nous
26:46et Arthur Devat-Frigand.
26:48Et puis, Sonia Mabrouk
26:50est présente sur ce plateau. Cher Sonia, bonsoir.
26:52Mathieu Bocoté,
26:54pourquoi avoir invité ce samedi
26:56soir Sonia Mabrouk ?
26:58Non seulement, j'ai lu ce livre avec grand bonheur, et nous en parlerons,
27:00mais je crois avoir lu tous les livres de Sonia.
27:02Et donc, je suis un lecteur attentif de son
27:04oeuvre, et c'est parce que je veux écrire ce livre
27:06dans son oeuvre. Quelle occasion,
27:08près d'une demi-heure pour en parler. Cher Sonia,
27:10bonsoir. Bonsoir, Mathieu.
27:12Alors, je résume votre livre, l'esprit
27:14de votre livre, pour aller ensuite au cœur de la thèse que vous nous
27:16proposez. Vous nous présentez
27:18une Europe dans quelques années,
27:20donc peut-être une décennie, où
27:22choc entre l'Europe et la Russie
27:24et les Européens sont contraints, plusieurs,
27:26de migrer au sud, traverser la
27:28Méditerranée en sens inverse.
27:30Il doit faire l'expérience dans un petit état
27:32imaginaire que vous appelez la
27:34Djalmanie. En cet état, ils doivent faire l'expérience
27:36de leur côté de l'assimilation,
27:38une assimilation quelquefois brutale.
27:40Et à partir de ce scénario,
27:42vous réfléchissez aux conditions de ce que veut dire
27:44l'assimilation dans un peuple, dans un contexte
27:46historique tragique. Est-ce que je décris correctement
27:48votre scénario? Parfaitement.
27:50Alors, je vous ai lu,
27:52et j'ai vu que lorsque, et je vais
27:54revenir sur une de vos
27:56interventions récentes, plusieurs disent, c'est un livre
27:58qui porte sur l'assimilation.
28:00En vous disant, j'ai l'impression que ça porte sur l'assimilation
28:02avec une nuance supplémentaire.
28:04L'assimilation, normalement, on a toujours le scénario
28:06de la France à l'Italie, de l'Italie
28:08à la France, à l'intérieur de la même civilisation.
28:10Vous nous présentez ici
28:12le caractère tout à fait difficile
28:14et peut-être même impossible dans certains cas
28:16de l'assimilation quand on passe non seulement
28:18d'un peuple à un autre, mais d'une civilisation
28:20à une autre. Est-ce que je me trompe en disant que cette
28:22dimension est peut-être la plus importante de
28:24votre ouvrage? C'est exactement ça, moi, la question
28:26qui m'intéresse aujourd'hui et qui
28:28semble-t-il, en tout cas à mes yeux, la plus importante,
28:30c'est comment on peut assimiler
28:32des individus qui sont parfois culturellement
28:34très éloignés du pays d'accueil,
28:36très éloignés au niveau culturel
28:38et donc au niveau civilisationnel.
28:40C'est ce fossé entre identité
28:42et nationalité qui est le plus
28:44important, en tous les cas qui pose aussi problème
28:46en France. C'est-à-dire que nous avons
28:48des milliers, voire des millions
28:50de Français, parfois de deuxième, troisième
28:52génération, qui sont naturalisés
28:54mais qui ne sont pas acculturés. Et pour
28:56souvent interviewer des responsables politiques,
28:58j'ai remarqué, Mathieu, que c'est
29:00souvent peut-être aussi d'ailleurs la seule
29:02question qui n'a pas une réponse
29:04à laquelle ils n'ont pas une réponse
29:06automatique et voire pavlovienne.
29:08Pour moi, c'est la plus compliquée.
29:10On peut, si on le veut, s'il y a une
29:12volonté politique, une autorité, peut-être
29:14diminuer les flux migratoires, les maîtriser,
29:16voire même imposer un moratoire
29:18mais comment fait-on, une fois
29:20sur le sol français, pour réduire ce fossé
29:22énorme entre identité
29:24et nationalité ? Ce sont des sujets qui me
29:26passionnent parce que c'est le sentiment d'appartenance à une
29:28nation et le sentiment de fidélité
29:30voire d'attachement à ses origines, que je connais
29:32bien, je porte une double culture
29:34et quand ce sentiment
29:36d'appartenance à la nation est écrasé
29:38par le sentiment d'attachement et de
29:40fidélité à ses origines, c'est qu'il y a
29:42un véritable problème. Et nous reviendrons
29:44sur la dimension politique de tout cela, mais
29:46allons au cœur du sujet, vous nous dites, et ça c'est
29:48presque l'impensable européen aujourd'hui,
29:50quand les Européens arrivent
29:52en Allemagne, une des conditions de leur
29:54acceptation, c'est la conversion.
29:56La conversion religieuse.
29:58Donc ce n'est pas simplement respecter les
30:00mœurs du pays, ce n'est pas simplement respecter
30:02les usages et les coutumes du pays ou le droit,
30:04c'est aussi de faire, de basculer,
30:06donc d'accepter non seulement la culture
30:08mais le culte à l'origine de la culture.
30:10Donc ça c'est un scénario que vous nous présentez,
30:12mais n'est-ce pas l'inimaginable
30:14pour l'Europe aujourd'hui, dire que ceux
30:16qui rejoignent l'Europe devraient accepter seulement la culture
30:18chrétienne, c'est déjà beaucoup, c'est presque
30:20l'imaginable. En France, on gomme
30:22la référence au christianisme pour
30:24embrasser seulement la laïcité. Est-ce que finalement
30:26ce scénario ne vous permet pas de réfléchir
30:28à la crise du religieux en Europe ?
30:30C'est exactement ça, la crise du religieux, la crise de la
30:32transcendance, à la crise aussi
30:34de cet Européen amnésique
30:36finalement de son passé, de son histoire,
30:38de ses gloires, de ses fiertés,
30:40c'est ce que j'appelle moi l'homme mousse, capable
30:42de toutes les contorsions et de tous les reniements
30:44et c'est aussi de dire, vous avez cité le mot
30:46de laïcité, pour moi
30:48il y a une forme de culte de la laïcité
30:50moi j'aime beaucoup la laïcité
30:52c'est une singularité française que j'ai appris
30:54moi-même à faire mienne
30:57c'est très difficile quand on n'est pas
30:59français, quand on n'est pas sur le sol français
31:01de comprendre la laïcité, c'est vraiment une singularité
31:03une spécificité française
31:05mais je pense qu'elle ne suffit pas
31:07elle ne peut pas dire ce qu'on est, elle ne peut pas dire
31:09ce qu'on partage et je trouve aujourd'hui
31:11qu'elle est un petit peu, pardonnez-moi l'expression
31:13le cache-sexe de l'assimilation
31:15donc j'ai voulu dire que si on me propose
31:17si vous voulez, une civilisation
31:19une culture du néant, face
31:21à un islam qui est présent
31:23qui est vigoureux, qui est malade
31:25évidemment de son extrémisme
31:27mais qui propose à une communauté
31:29de croyants la plénitude
31:31la constance, la complétude
31:33la force, et bien
31:35écoutez, c'est une crise
31:37j'allais dire majeure, vous avez la crise
31:39de la religiosité, de la transcendance
31:41et en face, vous avez une culture en dur
31:43vous avez quelque chose à laquelle vous pouvez vous accrocher
31:45d'ailleurs dans ce roman
31:47un de mes personnages qui est le gardien
31:49du camp des réfugiés
31:51des réfugiés occidentaux
31:53et bien c'est aussi un peu de moi
31:55ce personnage-là dit mais regardez
31:57qu'est-ce que vous êtes devenu aujourd'hui ?
31:59qu'est-ce que vous transmettez ?
32:01vous voulez assimiler, et bien à quoi on assimile ?
32:03quel est votre héritage ?
32:05on ne transmet pas seulement une dette et un PIB
32:07on transmet une sentimentalité
32:09la nation c'est un sentiment, c'est un lien
32:11amoureux, et la France c'est un acte
32:13d'amour pour moi, et c'est ce que veut dire
32:15mon personnage, c'est qu'aujourd'hui on manque
32:17beaucoup beaucoup d'amour vis-à-vis de ce pays
32:19alors je pousse votre réflexion plus loin
32:21si la laïcité est un culte compensatoire
32:23impuissant ou insuffisant
32:25si la nation sacralisée, on pourrait dire l'héritage
32:27de la révolution française mais pas seulement
32:29la nation sacralisée est une transcendance
32:31peut-être limitée aussi
32:33on comprend que la transcendance française c'est la transcendance catholique
32:35si je vous suis bien
32:37or ça pose la question de l'intégration
32:39presque insurmontable pour ceux
32:41qui ne sont pas catholiques et qui arrivent en France
32:43leur demandez-vous pour devenir
32:45pleinement français de devenir
32:47catholique, si vous ne le demandez pas
32:49est-ce qu'il n'y a pas dans votre thèse une part de contradiction
32:51j'entends, mais il n'y a pas de
32:53contradiction si on pense
32:55le sujet en termes d'individus
32:57et pas de peuples, je m'explique
32:59toute la question est celle du nombre
33:01la barrière est le nombre
33:03l'assimilation est impossible
33:05avec de tels flux migratoires, on ne peut pas
33:07assimiler des peuples, on peut assimiler
33:09des individus, j'en suis
33:11de manière singulière peut-être
33:13un exemple, pas du tout un modèle
33:15un exemple, mais à partir du moment où
33:17ce sont des peuples qu'on cherche à assimiler
33:19ça s'arrête là
33:21moi j'ai toujours été très
33:23interpellée par le fait qu'on
33:25veuille franciser l'islam, on ne peut pas
33:27on peut fabriquer entre guillemets des français
33:29on peut donner à aimer
33:31un pays, mais on ne peut pas
33:33franciser l'islam, donc à partir
33:35d'un certain moment la barrière du nombre
33:37m'empêche l'assimilation et je rejoins
33:39ce que vous dites, effectivement c'est là
33:41où la marche est trop haute
33:43donc s'il n'y a pas ce moratoire
33:45cette maîtrise des flux
33:47migratoires, l'assimilation qui pour moi
33:49est une nécessité anthropologique, c'est pas
33:51juste une lubie, c'est pas juste une mode
33:53c'est un projet, si vous voulez
33:55c'est de salut public aujourd'hui
33:57s'il n'y a pas de projet assimilationniste
33:59à l'école, et puis on va en parler
34:01dans les différentes institutions et puis chez nos
34:03gouvernants, il n'y a pas de possibilité
34:05que la France reste la France
34:07et le dire c'est pas une nostalgie
34:09c'est qu'on passe à une poste France
34:11c'est-à-dire venez comme vous êtes
34:13c'est-à-dire, et vous savez
34:15tout ce qui arrive moi-même, j'en ai fait l'expérience
34:17quand je suis arrivée en France, je suis venue avec mes bagages culturels
34:19vous pouvez pas reprocher à quelqu'un
34:21de venir avec un panthéon
34:23imaginaire, avec ses héros
34:25mais, par contre, quand il arrive
34:27en conquérant, un, ça pose un problème
34:29et le nombre fait que
34:31ça pose un problème, et deux, si vous-même
34:33vous n'avez pas à proposer quelque chose
34:35en face, là, véritablement
34:37et bien, vous ne pouvez pas attendre un miracle
34:39Arsene Vatrigan
34:41Dans votre premier roman, vous abordiez
34:43la question vertigineuse
34:45d'Elion Soudaech
34:47quelques années plus tard, vous faites un essai sur
34:49le sacré nécessaire
34:51mais qui disparaît, et là, sur
34:53l'assimilation, donc moi
34:55je vois une trame
34:57sur ces trois livres, c'est
34:59l'âme française, donc là je me dis
35:01vous imposez une charge mentale
35:03pour appliquer des hannetons, mais ensuite, ma question
35:05que je me pose, est-ce que l'âme française est-elle
35:07damnée aujourd'hui, ou peut-elle être encore sauvée
35:09et qu'est-ce qui vous donne de l'espoir
35:11où se met on en ?
35:13Non, elle peut être encore sauvée, je vous le disais
35:15véritablement, et je trouve
35:17d'ailleurs, Philippe de Villiers dont vous avez parlé
35:19parle souvent des patries charnelles
35:21moi, je tiens beaucoup
35:23à cet aspect charnel, la France
35:25vraiment, c'est un acte politique
35:27mais c'est un acte d'amour, quand vous ne donnez
35:29pas à aimer, vous ne pouvez pas être aimé
35:31et je me désespère de voir aujourd'hui
35:33de plus en plus, la France faire
35:35pitié plus qu'elle ne donne envie
35:37moi j'ai fait toute ma scolarité
35:39en Tunisie, et dans
35:41les écoles françaises
35:43et je n'étais pas une privilégiée
35:45j'avais accès à la langue
35:47j'avais accès à l'école, et pour moi c'était ça le privilège
35:49et on m'a donné à apprendre et à aimer la France
35:51on ne m'a pas imposé
35:53mais on m'a dit, voilà
35:55les défaites, et je me suis sentie triste
35:57par rapport à ces défaites, et voilà les victoires
35:59et j'ai adhéré à ces victoires
36:01voyez-vous, et je trouve que
36:03cette automaticité là
36:05qui est naturelle de l'autre côté des pays
36:07de l'autre côté de la Méditerranée, c'est ce que j'ai voulu dire
36:09en prenant cet exemple, j'ai dit
36:11évidemment, compte tenu de l'actualité
36:13je le précise quand même, la manière dont ces pays
36:15traitent les migrants en les abandonnant dans le désert
36:17ce n'est pas du tout ce que je préconise
36:19mais, ce que je dis, c'est que ces pays
36:21sont jaloux de leur identité
36:23et veulent préserver leur unité culturelle
36:25et ils disent à l'arrivant
36:27à l'étranger, tu ne peux pas venir
36:29comme tu es, tu dois partager
36:31les mêmes codes culturels et les mêmes moeurs
36:33non pas pour qu'on se ressemble
36:35non pas pour qu'on devienne tous des clones
36:37culturels autour de ce plateau
36:39mais pour
36:41qu'on partage un commun
36:43et on est passé de l'assimilation
36:45à l'intégration, à la société inclusive
36:47l'intégration c'est ce que j'ai connu
36:49c'est-à-dire, moi j'ai été naturalisée il y a 15 ans
36:51j'ai eu mes papiers français
36:53et je respecte la loi
36:55c'est technique, c'est réglementaire
36:57l'assimilation
36:59ça fait référence à l'âme française
37:01et ça doit être impulsé
37:03ça doit être instillé
37:05ça doit infuser
37:07vous voyez le ruissellement que j'aimerais
37:09c'est ce ruissellement-là
37:11or ce mot-là n'est plus employé par les responsables politiques
37:13peut-être par certains et encore
37:15l'assimilation brûle la bouche aujourd'hui
37:17et on ne se rend pas compte
37:19que c'est une capitulation politique et conceptuelle
37:21il n'y a pas plus généreux que de dire
37:23à celui qui arrive
37:25tu peux me ressembler
37:27il n'y a pas plus généreux, plus universaliste
37:29alors qu'on a laissé penser aujourd'hui
37:31à l'inverse que l'assimilation
37:33est teintée de racisme et de xénophobie
37:35je dirais que l'assimilation pour résumer
37:37c'est le véritable antiracisme
37:39et qu'à l'inverse
37:41le devoir d'inclusion
37:43c'est ce qui vient abattre
37:45l'assimilation
37:47vous nous présentez ce scénario improbable
37:49où des européens doivent s'assimiler
37:51aux cultures du Maghreb
37:53de la Djalmani dans ce cas-là
37:55dans un horizon assez lointain
37:57quand j'entends improbable
37:59c'est peut-être déjà la réalité
38:01mais au nord de la Méditerranée
38:03quand on regarde aujourd'hui
38:05ce que sont les quartiers nord de Marseille
38:07quand on regarde aujourd'hui Bruxelles
38:09quand on regarde Londres
38:11quand on regarde le 9-3
38:13tant de territoires où la culture de référence
38:15ce n'est pas qu'il manque de culture de référence
38:17ce n'est pas qu'elle a changé
38:19la culture de référence
38:21je reprends le terme que vous avez suggéré tantôt
38:23de certains qui ont peut-être un esprit conquérant
38:25est-ce qu'on peut dire que dans les faits
38:27aujourd'hui, en Europe, pas seulement en France
38:29des européens sont obligés
38:31d'intérioriser la culture
38:33la plus forte, la plus conquérante
38:35ce n'est pas la leur
38:37autrement dit, est-ce que ce que vous décrivez en Djalmani
38:39en 2040-quel se passe pas en Europe
38:41aujourd'hui en 2024
38:43je remercie parce que c'est ce que j'ai voulu écrire
38:45je voudrais effectivement qu'il y ait
38:47des enclaves étrangères
38:49c'est un fait, des responsables politiques
38:51l'ont acté, l'ont dit
38:53l'ont décrit, la question c'est
38:55qu'est-ce qu'on oppose à cela
38:57vous savez, on peut reprocher
38:59à celui qui arrive de venir en conquérant
39:01évidemment
39:03mais on ne peut pas reprocher
39:05à celui qui arrive, on ne peut pas lui dire
39:07je n'ai rien à te proposer
39:09dans ce cas-là, on est également responsable et coupable
39:11moi je ne suis pas là pour dire
39:13la France a fauté
39:15mais je m'interroge sur
39:17cette volonté aujourd'hui
39:19je dis bien cette volonté de ne pas proposer
39:21ce projet assimilationniste, dans ce cas-là
39:23on laissera proliférer ces enclaves
39:25étrangères et que font
39:27les gens, les habitants
39:29ceux qui ont les moyens partent, ceux qui ne
39:31peuvent pas subissent la double peine
39:33ce sont d'ailleurs eux-mêmes des Français
39:35d'origine étrangère
39:37immigrés, 3ème ou 4ème génération
39:39et pour les côtoyer des deux côtés
39:41de la Méditerranée, ils ne sont bien
39:43nulle part, ils ne sont eux-mêmes
39:45nulle part
39:47en Tunisie ou en Germanie, ce pays imaginaire
39:49en Tunisie que je connais un peu mieux
39:51eh bien, ils se sentent étrangers
39:53parce qu'ils ne sont pas assimilés
39:55à la culture, voyez-vous
39:57je parle arabe, je suis née en Tunisie
39:59moi je pense que ce qu'ils font d'une nation
40:01c'est la langue, c'est la culture
40:03et quand ils sont en France
40:05ils ne partagent pas, pour partie
40:07je ne parle pas de tous, ni la culture
40:09ni les codes culturels, voyez-vous
40:11quelque part, quelque part, ce sont des millions
40:13d'apatrides et je pèse mon mot
40:15ni bien ici, ni bien là
40:17alors vous conduisez une question
40:19au centre de la vie politique française, je dirais même
40:21de la vie intellectuelle française, vous me dites
40:23si je vous comprends bien, mais la France à la rigueur
40:25ou à tout le moins ce pays qu'est la France
40:27offre à ceux qui arrivent un mot
40:29peut-être sec, république
40:31mais n'offre pas le corps charnel de la France
40:33est-ce qu'il y a aujourd'hui une tension
40:35une tension, donc je sais qu'on va dire
40:37que tout est réconciliable, est-ce qu'il n'y a pas une tension
40:39entre d'un côté proposer la république ou de l'autre côté proposer la France
40:41mais je suis totalement d'accord
40:43c'est pour ça que le
40:45le nœud, ou en tous les cas l'élément le plus important
40:47pour moi, c'est la laïcité
40:49toute, la laïcité
40:51c'est, comment dire
40:53c'est de pouvoir garantir la neutralité
40:55nous sommes bien d'accord
40:57mais elle ne dit rien des valeurs
40:59prenons un exemple, nous en avons souvent parlé
41:01ici même sur ce plateau
41:03quand la loi contre le séparatisme culturel
41:05a été adoptée
41:07ce n'est pas une loi de laïcité
41:09pourtant c'est le seul mot, je suis encore allée voir
41:11juste avant cette émission, qui a été prononcé
41:13c'est une loi d'assimilation
41:15vous demandez
41:17vous demandez aux étrangers
41:19vous demandez à tout le monde d'ailleurs qu'il n'y ait pas de séparatisme culturel
41:21or, le mot ce sera celui de laïcité
41:23je trouve que la république
41:25je partage les valeurs
41:27même si il faut qu'on s'entende sur les valeurs aujourd'hui
41:29parce que c'est un peu un fourre-tout
41:31et un bagage souvent vide
41:33manque de chair
41:35manque de sentimentalité
41:37manque d'âme également
41:39mais je comprends que le politique ne se saisisse pas
41:41de l'âme française
41:43parce qu'il pense que c'est un petit peu trop
41:45je sais pas, c'est peut-être romanesque
41:47moi je pense que ce romanesque là
41:49c'est la définition même de la France
41:51qui est un acte d'amour
41:53et si vous ne donnez pas envie, je le répète, vous faites pitié
41:55alors diriez-vous que
41:57les populations issues d'Afrique
41:59ou du Maghreb
42:01aimeraient plus facilement et plus largement
42:03une France catholique qu'une France laïque ?
42:05Je sais
42:07Préféreraient-ils la France du Puy-du-Fou à la France de Thomas Joly ?
42:09Je le pense
42:11très sincèrement, je ne peux pas parler au nom
42:13d'une majorité
42:15mais je parle au nom de plusieurs
42:17individualités qui pourraient constituer
42:19la majorité et je le pense, voyez-vous
42:21en fait
42:23beaucoup de
42:25français de deuxième ou troisième
42:27ou même quatrième génération aujourd'hui
42:29ce qu'ils reprochent, me semble-t-il
42:31à la France et moi qui suis naturalisée
42:33de fraîche date
42:35ce n'est pas simplement de manquer
42:37d'âme
42:39c'est de ne rien proposer, c'est de cacher ses racines
42:41chrétiennes, moi je dis, c'est très simple
42:43quand je suis arrivée en France
42:45comment j'ai su que la France, évidemment par mes lectures
42:47mais pour savoir que la France
42:49a des racines chrétiennes, il suffit de se promener
42:51il suffit de voir le nom des rues
42:53il suffit de voir les paysages
42:55les villages, pour comprendre
42:57et voyez-vous toute cette trame-là
42:59toute cette mémoire
43:01vivante du dépôt millénaire
43:03on le cache, or il y a
43:05un désir inassouvi, j'en suis
43:07certaine, auprès de millions
43:09de français ou milliers de français
43:11qui étaient étrangers, qui sont aujourd'hui naturalisés
43:13mais qui ne sont pas acculturés, qu'on se raccroche
43:15à cette mémoire vivante
43:17parce qu'ils ont besoin de cette solidité, voyez-vous
43:19Mathieu, on ne peut pas, vous le savez
43:21très bien, on ne peut pas, nos téléspectateurs
43:23le partagent, on ne peut pas
43:25évoluer dans ce monde aussi instable
43:27et c'est pour ça, et si demain tout s'inversait
43:29et si demain vous n'avez plus vos repères
43:31et si demain, on vous dit, il y a une guerre
43:33vous devez protéger votre famille
43:35vous n'avez pas le choix, vous devez arriver
43:37de l'autre côté de la Méditerranée, traverser
43:39la Méditerranée déjà qui est une épreuve
43:41puisque c'est devenu un cimetière aujourd'hui
43:43à l'aune de chaque naufrage, vous allez faire face
43:45à la précarité des camps
43:47et aux préjugés des populations locales
43:49que feriez-vous ? La légence
43:51ou la résistance ? Est-ce que
43:53vous ne seriez pas prêts d'aller très loin
43:55pour accepter
43:57la culture, voire même
43:59la religion de l'autre pays pour y rester
44:01pour y être bien, pour faire
44:03grandir vos enfants ? C'est une question
44:05qui se pose, je pense.
44:07Vous parliez d'enfants, vous avez perdu
44:09votre mère il y a quelques années
44:11quelques mois, à qui vous dédiez ce roman
44:13vous êtes vous-même devenu mère
44:15on parle de chair, on parle d'âme
44:17là c'est du concret, qu'est-ce que ça a changé
44:19dans votre attention de l'avenir
44:21dans votre attention du monde ? Est-ce que vous avez
44:23changé sur une manière
44:25de penser ou de voir ou de projeter ?
44:27Comme on parle
44:29de choses charnelles, quand elles sont
44:31incarnées, évidemment ça prend une autre
44:33dimension, d'autres proportions
44:35pardonnez-moi
44:37j'ai beaucoup parlé dans les différents livres
44:39c'est un sujet qui nous est cher
44:41à tous, c'est la transmission
44:43je ne veux pas dire
44:45que c'est plus
44:47naturel d'en parler quand vous-même
44:49vous l'incarnez
44:51mais il y a quelque chose, oui, de l'ordre
44:53du charnel
44:55de l'ordre de la sentimentalité
44:57de l'ordre aussi d'une fierté mais toute
44:59contenue et qui donne
45:01une dimension supplémentaire. Maintenant j'ajoute
45:05avoir donné par exemple un nom
45:07perçant
45:09d'origine arabe à ma fille
45:11pour moi l'assimilation par exemple
45:13ou la transmission s'arrête là
45:15je ne pense pas que le prénom
45:17ce soit
45:19un identifiant de l'assimilation
45:21ça l'a longtemps été
45:23ça l'a longtemps été et d'ailleurs
45:25je sais que les premiers, rappelons que les
45:27premiers assimilés en France c'était des français
45:29les bretons, les normands, même par rapport
45:31à la langue, ça l'a beaucoup pété
45:33mais je pense que, en tous les cas
45:35c'est peut-être une différence avec certains
45:37que le prénom n'est pas un marqueur sur
45:39ce point-là, en tous les cas pour ma part
45:41quand j'ai été naturalisée
45:43et c'est le cas pour beaucoup qui le sont
45:45je me demande si on doit changer de prénom
45:47ben voyez-vous, ça c'est ma limite
45:49je pense que l'assimilation
45:51ne doit pas exiger qu'on mette de côté
45:53quand même l'identité
45:55qui nous fonde
45:57qui nous structure et à laquelle je tiens beaucoup
45:59alors je reprends votre propos, vous dites
46:01l'assimilation est possible pour un individu
46:03pas pour des peuples
46:05posons des millions d'individus
46:07si on était dans une France où il y avait davantage
46:09de Mohamed que de François, ce serait encore la France ?
46:11nous sommes d'accord, non, je vous le dis
46:13c'est le nombre, à chaque fois l'obstacle
46:15c'est le nombre
46:17c'est pour ça qu'il y a une très grande
46:19hypocrisie de la part d'une certaine
46:21gauche qui dit venez
46:23venez comme vous êtes, en réalité
46:25elle ne propose rien à ces millions de
46:27français aujourd'hui, et voyez-vous
46:29c'est pour ça que je dis tout à l'heure la post-France
46:31nous arrivons à un moment véritablement
46:33très important
46:35je voudrais insister sur ce point
46:37c'est la phrase de La Rochelle, c'est le temps
46:39des patries est terminé, moi je pense que
46:41il n'y a plus de sanctuarisation de ce qu'est la nation
46:43qu'il y a une possibilité
46:45que le pouvoir soit passé
46:47aux sans-frontieristes
46:49la nation est aujourd'hui
46:51rejetée
46:53les frontières, on estime qu'on peut être
46:55partout, en France, en Espagne
46:57et que ça ne change absolument rien
46:59nous sommes dans ce point de bascule
47:01oui, il peut y avoir une bascule
47:03aujourd'hui, on peut passer à cette post-France
47:05tenir à l'assimilation
47:07en faisant fi, c'est pour ça que je pense
47:09les prénoms et autres détails
47:11ne me semblent pas d'une importance cruciale
47:13mais le plus important
47:15c'est le partage de ces codes culturels
47:17et de ces mœurs
47:19redéfinir ce qu'est l'assimilation
47:21c'est-à-dire ne pas renier son bagage culturel
47:23et expliquer ça, parce qu'il y a un vrai
47:25désir inassouvi d'assimilation
47:27c'est retrouver ce que vous dites
47:29c'est-à-dire la France telle qu'on l'aime
47:31et peut-être faire en sorte que ces
47:33enclaves étrangères dont nous avons parlé
47:35se réduisent
47:37vous avez parlé d'amour, vous avez parlé de tendresse
47:39pour le pays, je terminerai avec un autre mot
47:41est-ce que la France manque pas un peu de dureté
47:43quelques fois, envers ceux qui arrivent
47:45c'est bien beau l'amour
47:47aimez-nous pour ce que nous sommes, ce que nous serons
47:49mais par ailleurs il y a un prix à payer pour ne pas respecter le pays
47:51où vous vous installez, est-ce qu'il n'y a pas un manque de dureté
47:53en France aujourd'hui, de fermeté, de verticalité
47:55Mais autorité et amour peuvent très bien
47:57se combiner, au contraire effectivement
47:59si la première barrière est le nombre
48:01la deuxième barrière c'est le manque
48:03d'autorité, nous faisons face
48:05à un autre phénomène qui est celui d'un
48:07affaissement, un aplatissement
48:09de notre
48:11processus démocratique
48:13c'est-à-dire que toutes les hiérarchies s'aplatissent
48:15et ce manque d'autorité
48:17d'ailleurs on le voit malheureusement à l'aune
48:19évidemment de l'affaire terrible philippine
48:21nous empêche d'avoir cette fermeté
48:23mais je voudrais dire quelque chose à ce sujet-là
48:25la fermeté
48:27c'est pas, comment dire
48:29ça devrait être la norme
48:31en réalité, voyez-vous quand on parle
48:33par exemple dans l'affaire philippine de faille
48:35il n'y a pas de faille, c'est un fossé
48:37mais la norme devrait être
48:39la fermeté, et aujourd'hui on se dit
48:41il nous faut de la fermeté
48:43c'est pour ça que dans ce livre
48:45la fermeté, et c'est ainsi, c'est
48:47consubstantiel à l'islam
48:49et dans la culture, et dans la civilisation
48:51islamique, alors attention
48:53parce qu'on nous a laissé
48:55on leur a laissé, parce que je suis des deux côtés
48:57la transcendance
48:59l'amour
49:01et l'autorité, que nous reste-t-il alors ?
49:05et si demain vous l'invitiez une nouvelle fois
49:07pour répondre à cette question
49:09merci Sonia Mabrouk
49:11et si demain tout s'inversait aux éditions
49:13FAIA, merci pour cet entretien passionnant
49:15Mathieu Beaucote et Arthur Delatrigan
49:17on se retrouve la semaine prochaine
49:19et dans un instant c'est l'heure des pro
49:21à tout de suite