• il y a 3 mois

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00:00De retour dans votre émission Angle de vue avec notre invité Michel Fayad, l'un des fondateurs du spiritourisme en Martinique.
00:12Michel Fayad, est-ce qu'on peut dire que vous êtes tombé dans un fût de Rome quand vous étiez petit,
00:17et encore vous y avez un petit peu répondu en première partie, donc visiblement pas vraiment.
00:21Donc d'où vous vient cette passion pour le spiritueux ?
00:24C'est-à-dire que je suis né dans une habitation dévastée par l'alcool.
00:29Je l'ai dit souvent, la boutique était juste en bas, c'était en Misrom, en Chopin, en Rouchy.
00:37C'est comme ça qu'on venait de Rome, etc.
00:39Et puis bon, après on a grandi, on est descendu en ville et on a vu que le Rome n'existait pas en ville,
00:45pratiquement dans les boîtes de nuit ou les dancings, etc.
00:49Et que finalement, quand je suis retourné dans une usine, qu'est-ce que j'ai vu ?
00:56J'ai vu toute mon enfance, parce qu'il y avait des usines.
00:58Pour moi, on m'avait expliqué aussi que la fumée de la cheminée,
01:02c'était une production de nuages qui montait et qui donnait la pluie.
01:05Donc vous voyez, il y avait du romantisme, il y avait de la poésie derrière.
01:09Les anciennes machines à vapeur avec des roues dentées, des roues cannelées, etc.
01:15Tout ça fait partie de mon environnement.
01:17Et puis les champs de cannes à perte de vue, etc.
01:21Tout ça existait, je veux dire.
01:23Et même les habitations créoles aussi.
01:26Donc je me suis retrouvé dans mon enfance, avec des études d'histoire en plus.
01:31Un travail de réhabilitation que vous menez au plus haut niveau.
01:34Je vais vous inviter à découvrir la photo qui va apparaître.
01:38Sur cette photo datant de 2003, vous êtes en pleine présentation
01:42d'une distillerie au président de l'époque, Jacques Chirac.
01:45Un président reconnu comme l'un des plus fervents défenseurs du terroir français.
01:50Est-ce que l'époque a changé ?
01:52Est-ce que nos politiques continuent de préserver les savoir-faire régionaux ?
01:56Ou au contraire, faut-il aujourd'hui faire d'autant plus de lobbying
01:59pour préserver ce savoir-faire ?
02:01Je pense que ça a tendance à disparaître.
02:03Jacques Chirac, c'était le dernier, effectivement,
02:05parce que déjà c'est lui qui a inauguré l'usine Saint-Germain en 1974,
02:09au moment où le groupe Cointreau a repris.
02:11Et c'est vrai que quand on a eu la grande médaille d'or au concours mondial de Bruxelles,
02:16là je l'ai rencontré au ministère des Outre-mer en 13 juillet 2003,
02:21et il avait déjà entendu parler de ce fameux spiritourisme
02:25qu'il trouvait particulièrement sympathique,
02:27parce que c'est une nouvelle clientèle qu'on a trouvée pour les touristes.
02:31Et il est venu me voir, justement, ce jour-là,
02:34et on lui a expliqué, d'ailleurs, comme vous voyez un verre à la main,
02:37il fallait le faire, on lui a expliqué un petit peu, justement,
02:41quelle est la démarche qu'on avait, justement, pour sauver la filière,
02:45c'est-à-dire, au lieu de se contenter d'une clientèle locale
02:49qui, neuf fois sur dix, ne buvait pas de rhum,
02:53on a attaqué la clientèle touristique directement,
02:56et on en a fait un produit d'appel, un produit qu'on peut offrir à des amis,
03:01parce qu'à l'époque, je peux vous dire qu'offrir une bouteille de rhum,
03:04c'était une catastrophe, on n'offrait jamais une bouteille de rhum,
03:07sinon, c'était une insulte, je veux dire,
03:10ça veut dire prendre la personne pour un alcoolique,
03:13et la bouteille de rhum était bon marché,
03:15et il n'y avait aucun packaging, il n'y avait rien,
03:18véritablement d'attrayant, donc, si vous voulez,
03:21il y a eu tout ce travail-là que je lui ai expliqué, d'ailleurs,
03:24et qu'il a très bien compris.
03:26– Alors, un rhum en pleine réhabilitation, mais peut-être aussi menacé,
03:30depuis 2020 et jusqu'en 2026,
03:32le prix du rhum augmente en moyenne chaque année de 50 centimes,
03:36un alignement des taxes sur les alcools forts,
03:40comme dans l'Hexagone,
03:42justifié par des raisons de santé publique selon le gouvernement,
03:45et pourtant, et vous l'avez dit également,
03:47la consommation dans nos territoires reste très en deçà de celle dans l'Hexagone,
03:51sans compter que le vin, s'il fallait faire un parallèle,
03:54autre produit du patrimoine par excellence,
03:57lui n'est pas concerné par cet ajustement fiscal,
04:00comment est-ce que vous expliquez ce deux poids, deux mesures ?
04:03– C'est-à-dire qu'il y a véritablement un malentendu, vous savez,
04:07c'est-à-dire qu'en France, on ne fait pas de statistiques ethniques,
04:10c'est bien connu, d'accord ?
04:12Et donc, en Maratinique, ça s'applique,
04:14et ce qu'ils ont décidé de faire,
04:16c'est de compter le nombre de bouteilles de rhum qui est vendue à la Maratinique,
04:20signifiait le nombre de bouteilles de rhum qui est consommée à la Maratinique,
04:24or, ça n'a rien à voir.
04:26Il y a 350 000 Maratiniquais qui ne consomment très peu de rhum,
04:29en tout cas beaucoup d'alcool importé,
04:31et il y a un million de touristes qui, eux,
04:34partent avec au moins trois bouteilles de rhum, vous voyez ce que je veux dire ?
04:37– Il y a des locaux aussi qui ramènent en cadeau à la famille là-bas.
04:39– Et puis des locaux aussi, bien sûr, des vacanciers qui viennent, qui repartent,
04:42donc la plupart du rhum vendu à la Maratinique repart vers l'extérieur,
04:47c'est pratiquement une exploitation sans payer des frais de transport,
04:51donc pour nous, c'est du tout bonus.
04:53Maintenant, on a voulu interpréter ça
04:55comme si les Maratiniquais buvaient plus de rhum que n'importe qui,
05:01et donc on a rajouté des taxes supplémentaires,
05:04taxes qui a servi à mettre des, comment ça s'appelle,
05:09sur les routes des radars, une quantité de radars impressionnant,
05:15mais c'est vrai que le Maratiniquais, jusqu'à présent,
05:18quand on fait véritablement des statistiques,
05:21boit beaucoup plus d'autres alcools,
05:23on ne va même pas les citer, ou de champagne, ou de whisky, ou de la bière, etc.,
05:27qui ne consomment de rhum.
05:29– Donc pour vous, la lutte contre l'alcoolisme est une fausse raison ?
05:32– Oui, la lutte contre l'alcoolisme à la Maratinique, c'est une fausse raison.
05:36Alors, contre l'alcoolisme, peut-être, mais s'attaquer au rhum,
05:39simplement parce que c'est le produit fin de l'alcool maratiniquais,
05:43c'est un faux problème, complètement.
05:47– Une filière rhum qui est également menacée,
05:50comme n'importe quelle agriculture, par le réchauffement climatique,
05:53les rendements de cannes sont de plus en plus faibles.
05:56Quand la concurrence internationale, elle, est de plus en plus présente,
05:59on pense notamment au Japon, qui a commencé à faire du rhum,
06:02l'Amérique du Sud, bien sûr,
06:03quelles sont les perspectives à long terme de notre agriculture rhumière ?
06:08– C'est-à-dire, aujourd'hui, on a véritablement un petit trésor,
06:12dans la mesure où on est le seul rhum au monde
06:14à posséder une appellation d'origine contrôlée.
06:16Déjà parce qu'on est agricole, d'accord,
06:19puis deuxièmement, parce qu'il y a un label international,
06:22un label français, mais qui a une renommée internationale.
06:24Quand vous allez au Japon avec une AOC,
06:26ce n'est pas quand vous allez au Japon en disant,
06:28mon rhum, c'est le meilleur, vous voyez ce que je veux dire,
06:30vous avez un vrai diplôme, un vrai label.
06:32Donc c'est sur ça, aujourd'hui, qu'on se bat,
06:35parce qu'il se trouve que, comme par hasard,
06:37le rhum, au niveau international,
06:40c'est l'alcool le plus consommé dans le monde,
06:42aujourd'hui, on est presque en train de dépasser le whisky et la vodka,
06:46je parle au niveau mondial,
06:48et nous, qu'est-ce qu'on a à la Martinique ?
06:50On a le haut de gamme de l'alcool le plus consommé dans le monde.
06:53Vous imaginez ce que ça veut dire ?
06:55Ça veut dire qu'on a, grosso modo, un boulevard qui nous est ouvert,
06:59et c'est à nous, effectivement, de le prendre.
07:02Bien sûr, il y a la production qui suit malment.
07:05– Oui, et puis une production parfois difficile,
07:08et qui en plus se retrouve tout de même en concurrence,
07:11qu'on pourrait même qualifier de déloyale,
07:13face notamment à certains pays producteurs d'Amérique du Sud,
07:17en 2021, une nouvelle réglementation européenne est entrée en vigueur,
07:21au-delà d'un certain seuil de sucre rajouté dans le rhum,
07:25la boisson ne peut plus être appelée rhum.
07:28Alors c'est très bien, mais est-ce que ce n'est pas finalement
07:30un pansement sur une jambe de bois ?
07:32Est-ce que vraiment ça préserve la filière martiniquaise et le rhum à hausser ?
07:35– C'est-à-dire que nous, on n'a pas de sucre ajouté déjà,
07:38je veux dire par là qu'on parle de rhum industriel,
07:41vous savez, vous avez le rhum agricole directement issu du jus de Cane-Précy,
07:45le rhum industriel à partir des résidus de sucre de Cane,
07:48c'est-à-dire de mélase.
07:50Donc c'est vrai qu'on n'est pas du tout sur le même marché,
07:54nous on a un produit, les autres sont des ingrédients,
07:56c'est avec les autres qu'on fait des pinacoladas,
07:58des cocktails, des croques, des bananes flambées,
08:00nous on le boit directement comme un produit haut de gamme,
08:04comme un cognac en vieux et comme un petit ponche en blanc.
08:08Donc si vous voulez, c'est vrai qu'avec la flambée du rhum au niveau international,
08:16on commence à avoir toutes sortes de dérives, vous voyez ce que je veux dire.
08:19Pour vous donner un exemple, les rhums marantiniquais sont en procès
08:22avec des rhums vénézuéliens par exemple, vous voyez ce que je veux dire,
08:25parce que des fois ils marquent marantinique dessus,
08:28ou marantinica parce qu'il y a une petite île au nord de Vénézuéla
08:31qui s'appelle Marantinique, vous voyez ce que je veux dire.
08:33Au lieu de marquer hausser, ils marquent haux X ou un truc comme ça,
08:37qui peut faire semblant d'être une appellation d'origine contrôlée.
08:41Donc on est aujourd'hui avec des contrefaçons véritablement, face à des contrefaçons.
08:47Michel, dites-moi, où en sommes-nous du développement du bio ?
08:50Le bio a commencé à la Marantinique, nous-mêmes nous faisons du rhum bio,
08:54je pense que toutes les distilleries font du rhum bio,
08:57alors on est en toute petite quantité pour le moment,
09:00mais ça va aller crescendo certainement,
09:02et on voit que Naissons, Saint-James, HSE aujourd'hui,
09:07commencent à faire du rhum bio,
09:09et on est pour le moment dans un petit côté niche de produits, vous voyez,
09:15mais à côté du rhum bio, on a tout un panel, puisqu'on fait des récoltes endives,
09:20on fait des bouts de colonnes, on fait des bouts de fûts,
09:23on fait des XO, on a tout un panel aujourd'hui,
09:28qu'on n'avait pas avant d'ailleurs, avant la dimension touristique,
09:31tout un panel aujourd'hui de rhum, justement, qu'on veut développer,
09:35mais de rhum haut de gamme, parce qu'entre temps on a changé le packaging,
09:38ça c'est très important.
09:40Et ce rhum bio pourrait vous permettre de conquérir de nouveaux marchés ?
09:44Quelles sont d'ailleurs les perspectives de nouveaux marchés,
09:47autres que la France hexagonale et l'Europe ?
09:50C'est-à-dire déjà, le rhum Saint-James même,
09:53un marché qui est énorme, c'est le marché africain,
09:56on est en train de faire des recherches dessus,
09:58le rhum Saint-James est rentré sur, disons, l'Afrique francophone
10:03comme un produit natif, natal, je veux dire,
10:07on utilise ce rhum-là pour la dote des mariés,
10:11on l'utilise pour le vaudou, etc.
10:13Donc, certainement des administrateurs marantiniquais
10:16qui ont œuvré en Afrique ont apporté ce rhum-là,
10:19il s'est devenu une tradition, et puis aujourd'hui,
10:21on est quand même vendu dans une centaine de pays dans le monde,
10:24je vais vous dire très honnêtement, ce n'est pas le marché qui nous manque,
10:27c'est surtout la quantité de production de rhum qui nous manque aujourd'hui.
10:30La production de cannes, bien c'est aujourd'hui,
10:32je peux vous dire très honnêtement, qu'il nous manque de la canne
10:35pour faire le rhum qu'on aurait pu vendre.
10:38Combien ? Dans quelle proportion ?
10:41Tout ce marché qu'on n'arrive pas à servir.
10:43Très honnêtement, il nous faudrait encore au moins 40% de cannes supplémentaires
10:49pour pouvoir répondre aux besoins aujourd'hui.
10:52Les terrains existent ?
10:54Alors, les terrains, il faut d'abord les classer.
10:56C'est ça la difficulté, les terrains, on ne peut pas prendre n'importe quel terrain
10:59et puis dire on fait du rhum, il faut d'abord que ces terrains-là soient classés
11:02à appellation d'origine contrôlée, parce que l'appellation d'origine contrôlée,
11:06c'est une A en géographique, ce n'est pas simplement un produit qu'on a élaboré,
11:11donc les terres doivent être classées AOC, et ça, il faut d'abord demander une permission
11:17à l'INAO, etc., l'Institut National, qui généralement le donne,
11:21mais bon, le problème, c'est qu'aujourd'hui, disons la banane emploie beaucoup plus de monde
11:27que la canne, et qu'à ce niveau-là, ceux qui veulent préserver des emplois
11:33préfèrent encore continuer dans la banane que se mettre à la canne,
11:37alors que la canne n'est plus rentable.
11:39Alors justement, vous abordez la filière banane, on a tendance souvent à mettre en concurrence
11:43aussi les deux filières, avec notamment l'attribution de subventions
11:48qui serait plus importante pour la banane que pour la filière canne, sucre, rhum,
11:53quelle est votre position dessus ? Est-ce qu'aujourd'hui, vous estimez que c'est une filière
11:57qui est suffisamment bien supportée par les pouvoirs publics ou qu'on pourrait faire mieux ?
12:02La filière canne, sucre, rhum, oui, certainement, on pourrait faire mieux, ça c'est sûr,
12:06mais comme je vous disais, la banane a cet avantage au niveau social
12:10qu'elle emploie beaucoup plus de monde, vous voyez, déjà dans un premier temps,
12:14c'est la banane qui remplit les bateaux, qui apporte des produits manufacturés,
12:19donc c'est la banane qui est remplie pour le retour, je veux dire, si vous éliminez la banane,
12:23vous augmentez encore le prix des produits importés, puisqu'il faudrait payer le retour, etc.
12:30Donc si vous voulez, c'est vrai que la banane joue un rôle social très important,
12:35et c'est pour ça, je suppose, qu'on essaie de…
12:38alors avec les aides compensatoires, vous avez bien compris qu'elle est très subventionnée,
12:42c'est véritablement un rôle social qu'elle joue.
12:44Maintenant, le véritable produit qui a un rôle économique…
12:48Avec une forte valeur ajoutée, ça pourrait être un choix politique ?
12:53Ça pourrait être un choix politique, absolument.
12:56Est-ce que ça devrait l'être, selon vous ?
12:58Ça devrait l'être, mais le problème, c'est qu'aujourd'hui, de plus en plus, c'est mécanisé,
13:03c'est-à-dire qu'il n'y a plus de coupeurs de cannes dans les champs,
13:05il y a des grosses machines qui coupent la canne, etc.
13:08Tout se fait de façon automatique aujourd'hui.
13:11Ceux qui font leur ombre, ce sont des zoonologues, des maîtres de chèques, etc., des distillateurs,
13:16mais bon, tout ça, ce n'est pas des centaines et des milliers de personnes qui travaillent dessus,
13:20donc c'est vrai.
13:22La canne, pour vous donner un exemple, je n'ai pas les chiffres de la banane,
13:25mais la filière canne emploie à peu près 4 000 personnes sur l'île,
13:29mais ce n'est pas véritablement suffisant.
13:32Par contre, là où on est vraiment dans un vrai produit à forte valeur ajoutée,
13:39c'est qu'on peut justifier d'un prix plus élevé que les autres,
13:44dans la mesure où on a une qualité et un label,
13:47et une façon de produire du rhum qui est très particulière.
13:53Donc là, on est dans une niche de produits haut de gamme.
13:56Les palais aujourd'hui sont suffisamment sensibilisés,
13:59puisque vous parliez effectivement de la différence entre notre rhum haussé
14:03et d'autres rhums qu'on peut trouver sur le marché.
14:06Est-ce qu'aujourd'hui, vous estimez que la sensibilisation au niveau du palais,
14:09au niveau de la qualité de ce produit qui est redevenu un produit d'exception,
14:14a été faite, bien faite et suffisante ?
14:17C'est-à-dire que ça se fait au niveau déjà national.
14:19On voit déjà des gens, des zoonologues qui forment justement,
14:25il y a des concours de barman, etc.,
14:27et c'est vrai qu'à l'époque, on avait l'impression qu'un rhum, c'est un rhum.
14:32Je veux dire, c'est comme je disais, c'est un ingrédient, ce n'était pas un produit.
14:36Et aujourd'hui, on voit effectivement se former petit à petit,
14:41avec des journaux, etc., spécialisés, comme Rhumporter, etc.
14:45On voit se spécialiser des produits qui sont de plus en plus haut de gamme.
14:52Surtout que, pour se différencier des autres,
14:56c'est vrai que le rhum évoque autre chose que la vodka ou le whisky.
15:00Le rhum, c'est comme je le disais, c'est la Caraïbe,
15:03c'est les grands larges, c'est les flibustiers, c'est les boucaniers.
15:06Ça fait partie, si vous voulez, de l'imaginaire touristique des Européens.
15:11Donc, quelque part, on peut jouer sur cette image-là.
15:15Tandis que, quand on parle de vodka, on n'a rien à raconter sur la vodka,
15:18sinon que ça vient d'Ukraine ou de Russie, etc.,
15:22et que c'est fait à base de blé, je veux dire.
15:24Les grands groupes de spiritueux s'intéressent à notre rhum depuis des décennies.
15:30Il y a certaines distilleries qui ont été rachetées par certains grands groupes.
15:34C'est le cas de Saint-James, notamment.
15:37Et puis, il y a aussi des distilleries gérées par des groupes familiaux.
15:40Est-ce qu'il y a de la place pour tout le monde ?
15:42Est-ce qu'à l'intérieur du territoire,
15:44les distilleries mènent, elles aussi, une concurrence farouche ?
15:48Oui. En Martinique, il y a trois grands groupes.
15:51Un groupe italien, comme Paris, qui possède l'Ammonie, Trois-Rivières et Duquesne,
15:55on pourrait dire ça.
15:56Il y a un groupe français, la Martiniquaise,
15:58qui possède Saint-James, Dillon et Depaz, auxquels je m'appartiens.
16:03Et puis, il y a un groupe martiniquais, qui est le groupe GBH,
16:06qui possède Clément, et puis Trois-Rivières, et puis celui de basse-pointe, là.
16:13Gimé, Gimé.
16:14Gimé, et puis Gimé, vous voyez.
16:16Et puis, à côté, il y a quelques, comme Madame Nesson, ou La Favorite, etc.
16:22Ou Hardy.
16:23Ou Hardy, voilà.
16:25Il faut dire que le spirituisme a créé beaucoup de nouvelles petites structures.
16:36Je veux dire, vous avez vu que les petites...
16:40Que ce soit à Grand-Rivière, que ce soit au Simon, que ce soit à Tartan ou à Trinité,
16:48vous avez des petites structures qui font faire le rhum.
16:51Les grosses, et puis qui présentent ça comme un intérêt patrimonial,
16:57avec une maison en pierre, etc., et qui vendent du rhum comme ça.
17:00Tant mieux, à la limite, on dirait.
17:02C'est le gage, c'est la rançon de la gloire.
17:06Alors, justement, on va continuer à parler rhum,
17:08et plus particulièrement spirituisme,
17:10dans la troisième et dernière partie de cette émission Michel Fayad.
17:13On se retrouve tout de suite.

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