• il y a 3 mois

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00:00Générique
00:02...
00:18Chers téléspectateurs, chers auditeurs,
00:20bienvenue dans ce nouvel épisode de votre émission
00:23Angle de vue, près d'une heure pour dresser le portrait intime
00:26et sans concession d'une personnalité
00:29que vous pensez connaître.
00:30A mes côtés, pour mener cet échange,
00:32Catherine Bilas-Coppet, rédactrice en chef de RCI,
00:35et Mélinda Boulet, rédactrice en chef de France Enty.
00:38Cette émission est, bien sûr, à retrouver sur nos trois médias.
00:41Et pour ce nouveau portrait, nous accueillons sur ce plateau
00:45une femme connue et reconnue pour ses engagements,
00:48son courage et sa résilience, Rosette Jean-Louis.
00:51Bonsoir.
00:52Merci beaucoup d'avoir accepté cette invitation.
00:55Pour tenter de résumer une vie aux multiples combats,
00:58impossible, évidemment, de ne pas évoquer votre enfance,
01:01vos luttes syndicales et votre amour inconditionnel
01:04pour le quartier qui vous a vu naître.
01:06Mais avant cela, Mélinda Boulet va croquer votre portrait.
01:10Bienvenue, Rosette Jean-Louis.
01:12Merci. Vous êtes une figure du quartier Sainte-Thérèse,
01:15ancienne syndicaliste, militante.
01:17On vous connaît en tant que présidente du Conseil citoyen du quartier.
01:20Rosette, vous êtes née en 1955 à Sainte-Thérèse.
01:24Vous êtes un pur produit de ce quartier.
01:26Vous y êtes née, vous y avez grandi, fait vos classes
01:29et vous y vivez toujours.
01:30Fille unique, vous avez été élevée par des servantes et votre grand-mère
01:34à la Ruelle de l'Espoir, maintenant Ruelle du Petit Passage.
01:37Votre grand-mère est une femme de caractère
01:39qui vous a donné une éducation très stricte,
01:42ce qui ne vous empêche pas d'être une petite fille au caractère
01:44bien trempée, insolente,
01:46sauf avec vos cousines que vous craigniez.
01:49Vous avez une enfance heureuse
01:50dont vous gardez de très nombreux souvenirs.
01:53Marnie, qui dormait dans une maison derrière celle de votre grand-mère,
01:56la grève de 1965 où des gardes mobiles quadrillaient Sainte-Thérèse.
02:00Durandal, le bâton qu'utilisait votre directeur au collège.
02:04Vous vouliez devenir avocate, mais vous tombez enceinte,
02:07vous avez 17 ans.
02:08Pour votre famille, c'est un déshonneur.
02:10On vous cache à gondos jusqu'à votre accouchement.
02:13Mais vous n'avez pas honte, vous assumez ce bébé.
02:16Vous perdez votre grand-mère durant votre grossesse.
02:18C'est un drame pour vous.
02:19Votre mère va décider de vous expédier en France pour travailler
02:23en tant qu'employée de maison chez un couple de Corse
02:25à Tavernier dans le Val d'Oise.
02:27Votre fils a alors deux mois.
02:29Vous ne connaissez personne, votre bébé vous manque,
02:32votre patron est raciste.
02:34Vous n'avez d'autre choix que de vous forger un mental d'acier
02:37pour faire face et tenir.
02:39Vous revenez à Sainte-Thérèse après un an et demi.
02:41Vous êtes une étrangère pour votre fils.
02:43Vous devez travailler.
02:44Alors vous repartez en France en 1974.
02:47Vous travaillez au chèque-posteau de Marseille dans une maison de retraite
02:50où vous êtes, là aussi, victime de racisme.
02:53Vous rentrez en Martinique en 1975.
02:56Vous retombez enceinte.
02:57Vous vous accouchez d'une petite fille.
02:59Vous vous fichez du candy raton.
03:01Pour votre famille, c'est autre chose.
03:03Pas question de rester à la maison à ne rien faire.
03:06Une idée riche, il faut que vous travailliez.
03:08Vous en aurez un troisième en 1985.
03:11Vous faites une formation au centre FPA de Trinité
03:14où, avec l'une de vos amies, Jocelyne Félio,
03:17vous entamez un mouvement de grève pour réclamer un meilleur petit-déjeuner
03:21et vous obtenez gain de cause.
03:23Vous n'êtes pas avocate, mais déjà là,
03:25vous savez que vous allez lutter contre les injustices.
03:28Vous entrez à la caisse des écoles de la ville de Fort-de-France
03:30en tant qu'agent de cantine.
03:32Vous avez travaillé dans plusieurs écoles,
03:34Félix-Eboué, Bellevue, Sainte-Thérèse, bien sûr, Château-Boeuf.
03:37Vous participez en 1989 à une réunion syndicale de la CDMT
03:41menée à l'époque par Félix Catherine.
03:43Là, vous prenez la parole pour décrire vos conditions de travail.
03:47Il voit en vous la syndicaliste
03:49qui portera les doléances des agents en mairie.
03:52Vous êtes face au docteur Pierre Aliquier,
03:54le bras droit d'Aimé Césaire,
03:56Césaire que vous admirez et respectez,
03:59ce qui ne vous empêche pas de mener de grandes luttes
04:02pour les agents de la ville en tant que secrétaire de la CDMT,
04:05mairie de Fort-de-France.
04:07Le combat de la grèce chaudoudou,
04:09où la directrice de la structure avait enfermé un agent dans un placard,
04:13les titularisations des agents en 1995 et plein d'autres.
04:17Vous êtes la seule femme syndicaliste à l'époque
04:20et les hommes ne vous font pas de cadeaux,
04:21mais vous êtes une femme de caractère et formée au syndicalisme.
04:25Vous connaissez vos dossiers,
04:26maîtrisez les communiqués de presse, les interviews
04:29et vous êtes même une spécialiste des champs de grève.
04:32Vous militez aussi aux côtés de la Sopamare,
04:35vous prenez votre retraite en 2001
04:37lorsque Césaire donne les clés de la ville à Serge Letchimi.
04:40Alors, vous entrez en politique,
04:42vous prenez votre carte au Parti progressiste martiniquais
04:45parce que pour vous,
04:46syndicalisme et politique ne sont pas compatibles.
04:50Vous devenez présidente du Conseil citoyen du quartier Sainte-Thérèse
04:52en 2018.
04:54Vous êtes la voix des riverains de ce quartier,
04:56populaire auprès des instances.
04:58Vous ne mâchez pas vos mots et cela peut déranger.
05:01Mais votre quartier, vous l'avez dans le sang
05:04et ça, on ne peut pas vous le retirer.
05:06Ce que l'on sait moins de vous,
05:07c'est que vous avez été marqué par Marnie,
05:09qui dormait dans une maison non loin de la maison de votre grand-mère,
05:13que vous passiez voir Aimé Césaire chaque jour
05:15lorsque vous travailliez à la Mairie de Fort-de-France
05:17et que vous faites du théâtre.
05:20Rosette, est-ce que ce portrait est fidèle à votre personne ?
05:22Tout à fait.
05:23Je chante également.
05:25D'accord.
05:29On a une petite photo, justement,
05:32concernant l'une de vos activités favorites.
05:35Alors, Mélinda l'a dit, le théâtre.
05:38Est-ce que vous pouvez décrire les personnes qui sont sur cette photo ?
05:42Alors là, c'est la première à Saint-Pierre,
05:47pour la... 1902, c'est la pièce.
05:49Alors là, je ne jouais pas,
05:51mais je suis allée encourager les comédiens,
05:55avec lesquels je joue sur la pièce présente,
06:00Chœur de monde de peuple.
06:02Et voilà, c'est Olivier Jean-Marie, Michel Yulinda
06:05et la vice-présidente du conseil citoyen
06:08qui était avec moi ce jour-là.
06:10Qu'est-ce qui vous plaît tant dans le fait de vous mettre en scène ?
06:13Écoutez, c'est un moyen d'expression, d'accord ?
06:17Et c'est une façon aussi de partager
06:20avec le public qui nous regarde.
06:22Et puis, ça contribue à l'épanouissement,
06:25à mon épanouissement.
06:28On va revenir sur votre maternité, Rosette.
06:30Vous avez trois enfants, dont deux que vous avez eus très jeunes.
06:33Cela a été très mal perçu à l'époque.
06:35Comment avez-vous vécu ces grossesses ?
06:37Écoutez, ça a été très difficile,
06:39parce que lorsqu'on a 17 ans, on a 19 ans,
06:45ce n'est pas la même mentalité que maintenant.
06:48On était victime de rejets par la famille,
06:52par certaines personnes de la société.
06:55Surtout, lorsqu'on a vécu avec des servantes,
07:00les gens vous voient comme la petite bourgeoise,
07:04la gâtée qui n'est pas comme tout le monde.
07:07Donc, il faut vraiment avoir du courage.
07:11Et puis, il faut un petit peu se dire à chacun sa vie, quoi.
07:16Chacun sa vie, chacun son chemin.
07:19On ne se préoccupe pas trop,
07:20mais en même temps, à certains moments, ça fait mal.
07:25Nous sommes à l'époque du Bimidom,
07:26quand votre mère, qui vit très mal ce déshonneur,
07:28décide de vous expédier là-bas.
07:30À seulement 17 ans, comment se passe votre arrivée en France ?
07:33Très difficile, parce que je venais de perdre ma grand-mère,
07:36avec laquelle j'ai vécu, quoi.
07:39Toute petite, c'est elle qui m'a élevée.
07:42Ça a été dur, parce qu'il y a eu le décès,
07:46et il y a cette coupure aussi.
07:48À cette époque, quand on avait un enfant à 16-17 ans,
07:54il y a une expression de chez nous qui dit
07:56qu'on a cassé les bras de la Sainte Vierge
07:59et on est le déshonneur de la famille.
08:02Donc, on vous expédie, on garde l'enfant, on vous expédie,
08:06mais la condition aussi, tu parles travailler,
08:09mais il faut que tu envoies de l'argent,
08:10parce qu'on ne va pas soigner ton enfant pour toi.
08:12Est-ce que vous en avez voulu à votre mère,
08:14de vous avoir fait partir ?
08:16À cette époque, non, parce qu'en fait,
08:18on ne comprend pas trop ce qui se passe.
08:21Et à cette époque, on est un peu docile, on ne se rebelle pas.
08:25Donc, on vous impose, vous y allez,
08:27et puis, sur place, vous découvrez, en fait,
08:30vous êtes dans la vraie vie, quoi.
08:33Et vous vous dites, ou je crève, ou je deviens délinquante,
08:38ou je me rappelle des valeurs que m'a inculquées ma grand-mère,
08:44et je n'ai pas le droit, en fait, de salir sa mémoire,
08:47parce qu'entre-temps, elle est morte, j'étais enceinte de sept mois.
08:50Et on se dit, on y va, on affronte la vie,
08:54et je ne regrette pas, parce que ça m'a forgée, quand même,
08:58cette carapace que l'on me connaît,
09:01et qui me permet d'affronter des situations assez difficiles, en fait.
09:06– Comment ça se passe, justement, quand vous arrivez chez ce couple,
09:09chez ces nouveaux employeurs ?
09:11À quoi ressemble votre quotidien ?
09:13– Alors, j'arrive, je descends de l'aéroport,
09:16je vois un couple de métropolitains que je ne connais pas,
09:21le mari est corse, la femme est espagnole,
09:24ils sont tous les deux directeurs des assurances La Fortune,
09:31à Tavernier, avec deux enfants.
09:35Et la première réaction d'un des enfants,
09:39je me rappelle, il s'appelle Christian, et la soeur s'appelait Florence,
09:44« Ah, maintenant qu'on a une bonne, les choses vont superbement se passer »,
09:48et la maman qui répond, « Ce n'est pas une bonne,
09:51c'est une employée de maison ».
09:53Donc, on m'emmène déjeuner, et j'arrive chez eux, un peu perdue,
10:00parce que la première chose, on vous donne déjà vos tâches.
10:05Vous avez de grandes bibliothèques, il faut nettoyer,
10:08dès demain, il faudra nettoyer, il faudra ranger, il faudra classer,
10:12il faudra emmener les enfants à l'école,
10:15avant, il va falloir promener le chat,
10:19oui, il faut promener le chat, emmener les enfants à l'école,
10:22mais avant, il faut repasser,
10:24parce que chaque jour, on fait des machines, il faut repasser,
10:27et ensuite, faire le souper.
10:31Et en fait, je n'avais pas le droit non plus,
10:34c'est vrai, en tant que servante,
10:37vous n'avez pas le droit d'être parmi les patrons dans le salon,
10:43ni dans la salle à manger.
10:45Alors, j'avais une petite chambre dans un garage,
10:49et c'était vraiment une petite chambre sans télé, sans rien du tout,
10:53et je devais, quand les patrons partaient, me baigner,
10:57on me permettait juste de me baigner, parce qu'ils ne pouvaient pas faire autrement.
11:02– Et tout ça pour la maudite somme de quelques centaines de francs ?
11:05– Alors, à cette époque, c'était 1000 francs, 1000 francs,
11:09et pourtant, c'était beaucoup,
11:12parce qu'il fallait, quand on travaille,
11:15il fallait envoyer de l'argent, j'étais nourrie-logée,
11:19et je ne payais pas la paie, mais j'envoyais pour soigner mon fils.
11:25– Il y a tout un travail qui a été mené récemment sur le bimidome,
11:28un travail de mémoire, rétablir quelques vérités
11:33sur cette partie de notre histoire, et cette désillusion, finalement,
11:38qu'ont vécu beaucoup de Martiniquais, envoyés là-bas pour travailler,
11:42et qui finalement se retrouvaient dans certaines situations extrêmement difficiles,
11:46parfois même de la prostitution.
11:49Est-ce que vous, alors pas directement pour la prostitution peut-être,
11:52mais est-ce que vous vous êtes retrouvée dans ces témoignages,
11:55parfois extrêmement douloureux, de vécu très, très difficile dans l'Hexagone ?
12:00– Ah oui, quand je suis arrivée, on m'a très bien fait comprendre
12:03que je suis une négresse, et pour me rappeler d'une expression de mon patron,
12:08ce n'est pas la peine de vous mettre des bigoudés sur la tête,
12:10parce que vous êtes une négresse.
12:12– Et ici, aux Antilles, on ne savait pas ce que vivaient les personnes là-bas ?
12:16– Ça, je ne peux pas vous dire, parce que bon, déjà, on est traumatisés,
12:21parce qu'on se retrouve dans un pays qu'on ne connaît pas,
12:24avec des gens qui vous accueillent au début,
12:27et puis après on vous fait sentir, on a été gentil pendant une semaine,
12:32bon, mais là maintenant, vous vous débrouillez, quoi.
12:35– Et quand vous vivez ça, il y a de la place aussi pour le manque
12:39que vous ressentez de votre fils ?
12:41Comment vous vivez cet exil loin de votre enfant ?
12:43– Ça a été difficile parce que j'étais seule, je ne connais personne,
12:49et il faut que je survive, alors je pense à ma grand-mère qui est décédée,
12:55je me dis, je vais travailler, je vais montrer à ces gens que je vais m'en sortir,
13:02et avec cette rage, aussi jeune, on a la rage de vaincre,
13:08et puis pour moi, je suis quelque défi, de challenge,
13:12je n'aime pas perdre, et je ne veux pas que l'on dise,
13:16ouais, elle est partie là-bas, mais bon, elle traîne,
13:19parce que j'ai eu de très bonnes propositions pour partir en Allemagne,
13:23à cette époque, on me proposait 200 francs pour être une prostituée de luxe,
13:31et comme j'avais les valeurs, et que j'avais une éducation de ma grand-mère,
13:36j'ai décliné ces offres, et j'ai préféré faire la servante,
13:40et je le faisais avec cœur.
13:43– Quelle relation vous avez aujourd'hui avec vos enfants, Rosette ?
13:45– Très bonne relation, mes deux enfants, je les aime, ils me le rendent bien,
13:51c'est vrai que j'ai un dernier qui est venu 11 ans après sa sœur,
13:55avec lequel je suis fusionnelle, c'est-à-dire que c'est un enfant,
14:00bon, il faut dire aussi qu'il est né à 7 mois, il est primaire,
14:06donc on a vécu vraiment des choses intenses,
14:082 mois soupé en fusion à la clinique,
14:12quand il est né, lui également, 2 mois en couveuse,
14:15donc ça crée asthmatique de surcroît, donc une petite faiblesse,
14:19mais mes enfants, je les aime, franchement, c'est ma vie.
14:25– Alors, Dubu Midom a aujourd'hui beaucoup d'eau à couler sous les ponts dans votre vie,
14:29on reviendra sur des étapes majeures de votre parcours
14:32et votre engagement ici en Martinique,
14:35mais ce parcours a fait de vous la Rosette Jean-Louis qui est ici devant nous,
14:39quel genre de femme êtes-vous, Rosette Jean-Louis ?
14:42– Aïe, mon Dieu, alors, Rosette Jean-Louis est une femme,
14:45en amitié, elle n'aime pas qu'on joue avec elle,
14:48elle est franche, elle est vraie,
14:50ce qui me vaut de ne pas être aimée par beaucoup de monde,
14:55ben je suis une femme joyeuse, j'aime la vie.
14:57– En amour, vous êtes ?
14:59– Ben, je suis comme toutes les femmes, il ne faut pas jouer,
15:02il ne faut pas me faire prendre des vessies pour des lanternes,
15:06il faut qu'on soit franc, cache, respectueux surtout,
15:09et j'insiste, ne pas me prendre pour, comme on dit si bien ici,
15:14une boîte de ginger, quoi.
15:16– Vous vous retrouvez dans les luttes féministes
15:18qui sont engagées dans notre société ?
15:20– Je ne suis pas féministe, je le dis, je ne suis pas féministe.
15:24– Pourquoi ? Qu'est-ce que vous mettez derrière ce terme
15:27et pourquoi vous n'adhérez pas ?
15:28– Non, c'est-à-dire que je ne veux pas m'enfermer dans un carcan,
15:32c'est-à-dire, moi, je suis une femme, je suis ouverte,
15:35il y a un combat que j'estime juste, j'y vais,
15:38je n'ai pas besoin d'être sous une bannière ou d'avoir une étiquette
15:45pour faire ce qu'une femme doit normalement faire,
15:48moi, je ne me sens pas inférieure à un homme,
15:51je ne suis pas l'égale de l'homme non plus,
15:55ça, je sais que je vais faire bondir quelques personnes,
15:58une femme pour moi, c'est le complément de l'homme, quoi,
16:02je n'ai pas à vouloir montrer…
16:03– Une femme, c'est le complément de l'homme ?
16:04– Oui, je n'ai pas à montrer à un homme…
16:06– Un homme, c'est le complément de la femme,
16:07enfin, pourquoi dans ce sens-là ?
16:10– Oui, c'est-à-dire que la femme, elle est à côté d'un homme,
16:12elle est à côté de l'homme pour construire…
16:15– À côté à égalité ou il y a une hiérarchie ?
16:17On a l'impression que vous établissez une hiérarchie.
16:19– Non, je ne suis pas dans une hiérarchie,
16:22je suis tellement dans le respect que pour moi, ça coule de source, quoi,
16:27quand on est avec un mec,
16:30je n'ai pas à montrer que je suis inférieure à lui,
16:34c'est-à-dire qu'il y a des trucs que je ne ferai pas,
16:37je ne vais pas conduire un camion parce que je ne suis pas prédestinée pour,
16:41mais moi, je n'ai rien à prouver.
16:43– Mais vous, peut-être, vous dites prédestinée,
16:46mais qu'une femme conduise un camion, ça n'est pas un problème pour vous ?
16:49– Oui, je parle de moi, je dis, bon, moi, ça ne va pas m'intéresser spécialement,
16:54mais tout ce que les femmes font, les travaux,
16:58c'est avec fierté que je vois une femme,
17:01pompier, camionneur, aviateur, voilà, dans des métiers d'hommes,
17:07mais pour cela, je ne vais pas…
17:11Non, c'est vrai, c'est ma nature.
17:13– Nous sommes obligées de marquer une première courte pause,
17:16Rosette Jean-Louis, mais on revient dans quelques instants
17:18et on va aborder vos luttes syndicales
17:20ainsi que votre relation avec Aimé Césaire.
17:23À tout de suite.
17:24– Sous-titrage ST' 501

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