• il y a 3 mois

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00:00– De retour sur le plateau de votre émission Angle de vue
00:07pour la troisième et dernière partie avec Rosette Jean-Louis.
00:10Nous allons maintenant parler du berceau de votre identité,
00:14le quartier Sainte-Thérèse à Fort-de-France.
00:16Quand nous avons pensé cette émission,
00:18nous voulions vraiment nous détacher de l'actualité.
00:20Malheureusement, ces jours-ci, cette dernière nous a rattrapés
00:24à travers ce quartier justement qui vous a vu naître.
00:26Vous y avez été à l'école, travaillé, eu vos enfants,
00:29vous y passez une retraite active.
00:31Comment vous qualifiez cet amour pour ce quartier, il faut y aller ?
00:35Qu'est-ce qui vous tient à lui ?
00:37– J'ai appris à aimer ce quartier parce que quand j'étais petite fille,
00:42ma grand-mère nous emmenait, il y avait les Lavandières,
00:46on allait à la glaciaire où c'est à ce moment qu'elle profitait
00:50pour nous faire des petites leçons de morale sur la vie.
00:54Il y avait les fêtes de quartier, il y avait l'association,
00:58il y avait l'esprit solidaire et il y avait la société et l'espoir.
01:02Ou quand il y avait les fêtes de quartier justement, il y avait la fanfare.
01:08Et moi j'ai appris à danser la piquinette et la mazouka sur les pieds des aînés
01:14parce qu'on se retrouvait après, il y avait le veu d'honneur.
01:17Quand il y avait la Noël, on faisait ce qu'on appelle aujourd'hui la ribote
01:22où nos grands-parents nous emmenaient de porte en porte et c'était magnifique.
01:28Chaque personne portait quelque chose.
01:31Quand il y avait la Toussaint, alors là je me rappelle très bien de la Toussaint,
01:35nous les enfants on adorait aller dans le cimetière pour voyer ce qu'on appelle aujourd'hui caca bougie
01:42sur les personnes qui illuminaient dans le cimetière.
01:46– C'est très lié finalement à votre nostalgie d'enfant.
01:49Vous avez craint peut-être aussi plus âgé, une fois adulte, de partir de ce quartier
01:55peut-être aussi de laisser un peu derrière vous ces souvenirs ?
01:57– Non, je suis partie puisque après ça, je suis allée, j'habitais un autre quartier,
02:05j'habitais Longelier Bellevue et je suis revenue dans mon quartier.
02:10Ça ne se décrit pas en fait cet amour,
02:13c'est-à-dire que quand on a eu une enfance depuis petit dans un quartier,
02:17on a vécu de très belles choses, on n'a pas envie de le laisser.
02:22Mais là en ce moment, je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête il y a deux jours,
02:26je me suis dit bon, je vais partir de ce quartier-là, j'en ai marre.
02:30– Alors avant que vous décidiez ou pas d'en partir,
02:32on l'a dit, vous êtes présidente du Conseil citoyen de Sainte-Thérèse depuis 2018.
02:36Vous avez expliqué le rôle du Conseil citoyen
02:40et le fait que vous étiez rattachée notamment à l'État.
02:43Aujourd'hui, est-ce qu'on vous donne les moyens de tenir ce rôle ?
02:46Est-ce que vous pouvez vraiment être un contre-pouvoir en place ?
02:49– On peut être un contre-pouvoir dans sa manière de faire, dans sa gestion.
02:54Mais les moyens, c'est le lot de chaque association, de toutes les associations.
02:59On est accompagnée, on a un fonds de roulement pour les citoyens
03:03et puis un fonds pour, franchement, les trucs urgents.
03:08Mais on n'a pas vraiment de… et c'est ce que je déplore,
03:12les associations qui se battent au quotidien
03:14devraient avoir quand même un budget assez conséquent pour exercer leur fonction.
03:23Bon, ce n'est pas le cas et puis on a beaucoup de bénévoles.
03:27Il faut savoir que dans les associations,
03:29c'est que des bénévoles qui viennent parce qu'ils aiment ça
03:32et parce qu'ils se retrouvent dans certaines valeurs.
03:35Mais on le fait vraiment, on le fait avec le cœur.
03:39– Quelles sont vos ambitions pour votre quartier ?
03:42– Que mon quartier retrouve sa quiétude, son embellissement, sa joie de vivre,
03:49des infrastructures nouvelles qui permettent aux citoyens de s'épanouir.
03:56Il faut savoir que le quartier Saint-Thérèse, c'est un quartier vieillissant.
04:00Donc, on aimerait retrouver ce havre de paix
04:05que nous avions connu avec le Pit-Faufort qu'on a connu,
04:09on a connu chez Bébi, on a connu Disquer,
04:13il y avait plein de belles pâtisseries,
04:17il y avait une boucherie, il y avait des magasins,
04:22il y avait des pacotilleuses, on avait une pizzeria, on avait un bijoutier.
04:28Saint-Thérèse, c'était un quartier dans la ville, on avait de tout.
04:35– Aujourd'hui, c'est un quartier qui a quand même changé de visage.
04:37– On avait des cinémas, le cinéma Parnasse.
04:38– Il a quand même changé de visage avec le tracé du TCSP.
04:41– Oui, le tracé du TCSP a un petit peu coupé Saint-Thérèse en deux
04:45parce qu'il y a Sainte-Thérèse-en-Haut et Sainte-Thérèse-en-Bas.
04:48– Sans compter aussi, Sainte-Thérèse est malheureusement vraiment revenu
04:53sous les feux des projecteurs en Corse ces derniers jours
04:56avec les barrages érigés, différents actes de vandalisme,
05:01sachant que déjà avant ça, vous dénoncez aussi
05:03les accidents de la route excessivement récurrents.
05:07Qu'est-ce que ça vous inspire quand vous entendez le premier magistrat de la ville
05:12expliquer que Sainte-Thérèse est régulièrement le théâtre de violences
05:16parce que l'avenue est large et qu'elle est un point d'entrée pour le centre-ville ?
05:20– Le premier magistrat, il est libre de ses propos.
05:25Mais moi, qui suis occulte de Bishop et qui, avec le conseil citoyen,
05:30on a des réunions qui s'appellent DGP, groupes partenariats opérationnels.
05:35Dans ces réunions, il y a la ville, il y a le conseil citoyen
05:39et des fois, le délégué du préfet et le majeur de police
05:45qui s'occupent de tout ce qui est tranquillité du quartier.
05:48Nous ne cessons de répéter qu'il faut mettre un coup d'arrêt à ces rodéos,
05:54à se laisser aller à ces nuisances sonores, mais on presse dans le désert.
06:00Alors, on rejette tout sur l'État, sauf que les municipalités
06:07ont une partie qui leur revient, les voiries, l'environnement, les nuisances sonores.
06:15Donc aujourd'hui, et je le dis, je prends mes responsabilités,
06:20aujourd'hui, on se sent un peu délaissés, pas un peu, on est délaissés.
06:24– Abandonnés ?
06:25– Abandonnés, oui, je n'ai pas peur de le dire parce que quand je vois
06:29comment se fait-il qu'aujourd'hui, après des journées, des jours, des meutes,
06:34que le quartier soit aussi sale, soit aussi dégueulasse,
06:37moi j'ai l'impression d'être à Gaza, et je suis désolée.
06:41Il va falloir que l'on accepte les vérités, d'accord,
06:46et puis que l'on se mette à faire ce qu'il faut.
06:50On ne pourra pas continuer à Sainte-Thérèse à subir ce genre de trucs.
06:54– Mais quelle vérité, Rosette Jean-Louis, parce que justement,
06:56votre présence dans les médias, ce qu'on peut qualifier aussi de grande gueule,
07:00vous ont créé des ennemis aujourd'hui, en quoi vos actions pour le quartier
07:05font que vous faites l'objet de menaces, qui vous en veut et pourquoi ?
07:10– Écoutez, à partir du moment où vous dites les choses,
07:13où vous dénoncez un certain dysfonctionnement,
07:17automatiquement, il va falloir faire fermer sa gueule à cette femme.
07:22Écoutez, le 17 novembre, j'ouvre ma porte, je trouve une ogive 9 mm sous mon banc.
07:31Un membre de mon conseil citoyen reçoit un cocktail Molotov, ça veut dire quoi ?
07:36C'est clair et net qu'on dérange, alors à qui ça profite, je ne sais pas.
07:40J'ai peut-être une idée que je ne dirai pas parce que je ne suis pas…
07:44j'ai pas hanté plainte et que j'attends les résultats.
07:47– 17 novembre ou 17 septembre ?
07:48– Novembre, de l'année dernière.
07:51Donc moi, je me dis qu'on essaie d'améliorer le sort des citoyens
07:58parce qu'on ne veut pas que Sainte-Thérèse devienne un cartel.
08:01Mais ça gêne, ça dérange.
08:04On va couper la tête de celle-là parce qu'elle nous emmerde
08:07et voilà le résultat aujourd'hui.
08:09On ne cesse de dire, sécurisons Sainte-Thérèse.
08:13– Précisément, vous êtes la plus médiatique des habitants de Sainte-Thérèse,
08:17vous êtes Jean-Louis et vous avez depuis quelques temps un voisin
08:20qui est lui aussi sous le feu des projecteurs, résident de Canal-à-la-Rigue.
08:25Je veux parler de Rodrigue Petitot, dit le R.
08:28Quels sont vos échanges avec lui ?
08:30Et plus globalement, est-ce que vous soutenez le combat du R.Prac ?
08:34– Je vais être claire et nette, je n'ai pas d'échange avec lui.
08:39– Il habite bien Canal-à-la-Rigue ?
08:41– Oui, il habite Canal-à-la-Rigue.
08:44Moi, je dis, le combat, il est noble.
08:47C'est une cause juste, mais quand je vois ce qui se passe là,
08:51moi, il est discrédité, ça c'est clair, c'est net.
08:54Donc aujourd'hui, il est à la tête d'un combat, tant mieux pour lui.
09:01Je ne me reconnais pas dans certaines méthodes, et je le dis.
09:07Moi, tout le mal que je souhaite, c'est que cette lutte puisse aboutir,
09:13mais aujourd'hui, je ne compatis pas à ce genre d'exactions
09:21que je vois dans mon quartier.
09:23– Le dialogue est rompu, alors vous l'avez dit,
09:25vous ne discutez pas avec M. Petitot,
09:28mais est-ce qu'aujourd'hui, le dialogue est rompu
09:30entre deux types de populations habitant du même quartier à Sainte-Thérèse ?
09:35– Oui, cette année, quand vous avez…
09:37– Alors, la jeune génération, une partie de la jeune génération
09:43qui habite Sainte-Thérèse, elle va approuver ce qui se passe là,
09:48parce qu'on n'est pas entendus, on n'est pas écoutés,
09:52donc le seul moyen de se faire entendre, c'est en cassant, en brisant.
09:57Moi, je ne partage pas ça.
09:59Vous avez aussi une tranche de grandes personnes
10:02qui ne se retrouvent pas dans les exactions,
10:06qui se retrouvent dans ce combat-là.
10:08Mais faudrait-il aussi qu'il soit mieux maîtrisé, d'accord ?
10:16Mieux maîtrisé, mieux encadré.
10:18Et moi, c'est un combat que je…
10:21Bon, en 2009, j'étais dans la rue du premier jour jusqu'à la signature du protocole d'accord.
10:27Et moi, je dis qu'aujourd'hui, on n'est pas en 2009, on est en 2024.
10:32Les choses n'ont pas très bougé,
10:35parce que derrière, on a des politiques que l'on ne voit pas.
10:41– C'est un combat que vous avez envie de continuer à mener, Rosette Jean-Louis,
10:44ou aujourd'hui vous êtes là…
10:44– Je le continuerai jusqu'à ce que je sois en vie,
10:48et jusqu'à ce que la population, en fait, se reconnaisse un petit peu.
10:54Mais là, elle ne se manifeste pas.
10:58J'ai lancé un appel pour tous ceux qui sont désireux de dire
11:02stop à cette violence, qu'on puisse s'organiser et qu'on puisse se manifester.
11:07Bon, c'est vrai que les gens, je les entends sur les répondeurs des médias,
11:12mais les gens vous disent, moi, je suis résignée, je suis dépitée,
11:18à rien de pire qu'échanger, donc bon, nous ne comprenons pas ça.
11:21Et moi, nous ne comprenons pas ça, ce n'est pas moi.
11:25Ce n'est pas moi, si j'avais cette possibilité de faire plus,
11:31il y a des mesures radicales que je prendrais.
11:35Parce que, alors, je tiens à dire aussi que j'entends beaucoup de donneurs de leçons depuis ça,
11:41il n'y a qu'à, il faut, je ne veux pas, il faudrait.
11:45Il faudrait aussi qu'on les voit là, pas derrière leur écran, leur téléphone,
11:52ou leur théâtre politique à l'Assemblée nationale.
11:56Moi, je dis qu'on est dans la vraie vie aujourd'hui.
11:59On est dans la vraie vie, et quand on est dans la vraie vie,
12:02on pose des actes et on fait les choses.
12:06C'est bien beau, on ouvre son téléphone, j'en vois,
12:10les grande donneurs de leçons qui ne savent même pas ce que c'est qu'un quartier populaire.
12:14– Il y a des communautés de presse, ça ne suffit pas.
12:16– Oui, un quartier populaire qui ne vient même pas à la rencontre des associations,
12:21pas forcément du Conseil citoyen.
12:23Nous, on n'est pas en manque de notoriété parce que, malgré nous, on est dedans.
12:33Mais quand tout va bien, venez voir comment fonctionne une association.
12:41Ce qu'elle fait, parce qu'on a des associations de pétanque, de boxe,
12:45qui font de l'intergénérationnalité, qui développent des jardiniers partagés,
12:49qui font de la culture, venez nous voir.
12:53Non, quand Saint-Thérèse brûle, alors là, on a tout le monde.
12:57Moi, j'aurais bien aimé entendre le…
12:58– Et encore, parce que même quand ça brûle…
13:00– Oui, j'aurais bien aimé entendre le président de l'association des maires.
13:04Il a quand même un collègue maire qui subit.
13:08Eh bien, on n'entend personne.
13:10C'est-à-dire que c'est le problème de celui-là, ce n'est pas le mien.
13:14Sauf qu'aujourd'hui, cette violence, elle s'exporte.
13:18Elle est dans les communes.
13:20Donc, que faisons-nous ?
13:21Je ne sais pas, mais en tout cas, nous, on continuera
13:25jusqu'à ce que, j'espère qu'on ne va pas m'amuser en sortant des studios.
13:30– Je vous propose qu'on détende un petit peu l'atmosphère.
13:32On sait que vous êtes une passionnée de théâtre et aussi de chant
13:37et que vous êtes une spécialiste des chants de grève.
13:39Alors, on a envie d'entendre un petit chant de grève
13:42que vous entonniez à l'époque pour conclure.
13:45– Alors, j'ai un petit chant de grève que j'ai fait pour le 1er mai.
13:49Parce que le 1er mai, c'est le jour où tous les syndicats se retrouvent dans la rue.
13:54Et j'avais fait, j'espère me souvenir, un petit chant de grève où je disais
14:02Le 1er mai a qu'arrivé Tout le monde dans la rue a m'emmêlé
14:09Passez-vous syndicats dans la rue Pour revendiquer le doyen
14:15Pas ni passer l'an, mais Messieurs, sinon la jeudi
14:21C'est pour y mettre un peu de talent Pour que vous puissiez respecter les travailleurs
14:29Et puis bien, la joyeux Pas ni passer l'an, mais
14:33– Merci, c'est vraiment sur cette note de grâce
14:38que l'on va malheureusement déjà se quitter, Rosette Jean-Louis.
14:40Merci infiniment d'avoir accepté notre invitation
14:43et d'avoir partagé avec nous un pan de l'histoire foyalaise
14:47et martiniquaise plus largement.
14:49Merci mes chers consoeurs pour la coprésentation de cette émission.
14:53Et merci à vous, téléspectateurs et auditeurs, de nous avoir accompagnés
14:57pour cette troisième émission Angle de vue.
14:59Une émission à retrouver sur les ondes, bien sûr,
15:02dans les colonnes de votre quotidien et en ligne sur nos trois médias
15:06via atv.mq, rci.fm et franceonty.fr.
15:11On se retrouve dès la semaine prochaine pour un nouveau portrait.
15:14– Sous-titrage MFP.

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