• l’année dernière
Transcription
00:00Bonjour Clotilde Coureau, depuis votre plus jeune âge, vous rêvez de jouer, de devenir
00:05comédienne, au point d'ailleurs d'abandonner vos études à 16 ans pour suivre des cours
00:09de théâtre et de rejoindre Francis Huster dans sa compagnie.
00:11Rapidement, le cinéma vous a fait les yeux doux, d'ailleurs le premier à vous avoir
00:15fait confiance est Jacques Doyon dans le film Le Petit Criminel.
00:18Votre rôle de Nathalie vous a valu de recevoir le prix de la meilleure actrice au Festival
00:22international du film de Berlin, donc à la Berlinale, et d'être nommée au César du
00:26meilleur espoir féminin.
00:28Nous suivrons les films Elisa de Jean Becker, pour lesquels vous avez reçu le prix Suzanne
00:33Bianchetti, L'ombre des femmes, L'été, aussi de Catherine Braillat.
00:38Le cinéma et le théâtre ont toujours été votre point d'équilibre, j'ai l'impression,
00:42comme un bon repère de ce pour quoi vous êtes faite.
00:45Alors aujourd'hui justement vous êtes sur scène aux côtés de Max Boublil et de Gérard
00:49Darmon dans la pièce Une situation délicate, adaptée de l'oeuvre d'Alain Ekborn.
00:54L'histoire d'un mariage demandé par Nicolas, il souhaite s'unir avec Julie, mais pour
00:58lui dire oui, il faut qu'elle réussisse à rompre avec son amant de 20 ans, son aîné,
01:04qui est lui-même marié à Marianne, vous incarnez Marianne, donc la femme trompée.
01:07Depuis le 26 septembre, la pièce se joue au Théâtre des Nouveautés, c'est une comédie.
01:11Ça vous plaît justement de pouvoir rire et de provoquer le rire ?
01:14Oui, j'aime, j'aime et j'ai appris dans tout ce parcours, dans les chutes aussi qui ont été
01:19les miennes, que ce qui me plaît c'est l'excellence et que l'excellence elle est partout.
01:24Et que ce soit dans un drame ou que ce soit dans un boulevard, que ce soit dans de la poésie,
01:29j'aime tout, j'aime vraiment tout et particulièrement les auteurs, les comédiens,
01:35les réalisateurs et j'aime ce métier parce que c'est un métier qui est avant tout collectif.
01:41Une situation délicate, c'est effectivement ce moment où on est un peu en osmose,
01:46c'est du boulevard, enfin on est en osmose avec le public, mais l'idée c'est d'avoir un
01:49échange de rires, de moments de détente aussi avec le public.
01:53C'est un immense plaisir que d'entendre le public rire, c'est un grand bonheur que d'avoir des
02:00partenaires comme Gérard et comme Max qui ont vraiment ce qu'on appelle le tempo et le groove,
02:07parce que vraiment dans la comédie c'est une question de tempo, ce qui n'est pas le drame.
02:12Et d'ailleurs dans la salle, autant quand on joue du drame, on sent un silence, autant quand on
02:19joue un boulevard ou une comédie, le rire il tombe pile, c'est vraiment du tempo, c'est tellement
02:27grandiose que de vivre ça avec le public, c'est tellement extraordinaire que c'était impossible
02:32de ne pas revenir sur les planches.
02:34Plus jeune, l'école c'était pas votre truc, on a bien compris, votre mère vous aide, mais c'est
02:38vous qui trouvez le chemin ou pas ?
02:40C'est vous qui trouvez ce que vous souhaitez faire ou elle vous aide ?
02:43C'est ma soeur qui un jour, je pense qu'on lui avait recommandé de faire du théâtre parce que
02:48c'est vrai que le théâtre devait être inscrit dans toutes les écoles parce qu'elle permettrait aux
02:54personnes, aux enfants, aux adolescents d'exprimer des choses.
02:57Donc je suis assez pour recommander du théâtre.
03:00Ma soeur, on avait dû lui recommander du théâtre pour pouvoir s'exprimer.
03:04Elle m'a dit viens avec moi, genre je me défile mais pour toi ça va te faire du bien.
03:11Et puis j'ai découvert quelque chose et j'ai découvert quelque chose et qui m'a effectivement
03:15tenue, qui m'a tenue dans cette adolescence extrêmement compliquée où je me cognais
03:20littéralement au mur et je ne savais pas où j'allais.
03:23Vous semblez, à un moment donné, pendant très longtemps même, avoir eu un problème de
03:28légitimité, entre guillemets, c'est-à-dire quand on regarde un peu le parcours, il y a eu les cours
03:32Florent, il y a eu les cours Simon, il y a eu les ateliers, il y a tout eu en fait, comme si vous
03:38aviez besoin d'aller chercher cette légitimité.
03:41L'autodidacte, c'est le problème de l'autodidacte.
03:44C'est qu'il y a un moment donné, quand vous avez raté le parcours, on va dire, classique des
03:49études, vous êtes un peu une brebis galeuse et peu importe ce que vous faites, vous avez ce
03:54syndrome de la légitimité.
03:57Et ça aussi, c'est une chose à laquelle on devrait travailler sociétalement en parlant.
04:02C'est vraiment arrêter de penser que ceux qui font des études ont une légitimité insérieuse
04:09et que ceux qui n'en font pas ou prennent des chemins de traverse sont finalement intéressants,
04:14mais ils vont vraiment devoir batailler tellement durement pour pouvoir avoir cette
04:19légitimité.
04:20Vous êtes signataire d'ailleurs du collectif 50-50, vous en faites partie, pour effectivement que
04:25les hommes et les femmes à diversité puissent être incorporés.
04:28L'altérité, le mot altérité, l'égalité des salaires, tout ce mouvement qui existe en ce moment et
04:35qui est formidable, qui passe parfois par des choses extrêmes, qui peuvent être chaotiques, qui
04:41peuvent être radicales, mais qui font que les choses avancent.
04:45Là, j'ai commencé un tournage.
04:47C'est la première fois que j'ai travaillé avec une coordonnatrice d'intimité.
04:52Moi, je ne fais pas partie de cette génération.
04:54J'ai trouvé ça extraordinaire.
04:56A contrario, vous avez toujours tenté des aventures totalement différentes.
05:01Dans un champ qui est quand même toujours le même.
05:04On est d'accord avec la comédie.
05:06Je ne me suis pas lancée cuisinière.
05:10Non, ça va, je reste dans un champ qui est le mien.
05:13Embrasser qui vous voudrez, je pense à ce film-là avec Michel Blanc.
05:16Je pense aussi à Tous les soleils de Philippe Claudel.
05:18Je pense au drame L'ombre des femmes de Philippe Garrel ou le thriller même, je pense à La
05:23mentale de Manuel Boursinal.
05:26Inévitablement, est-ce que c'est ça aussi ce que vous procure ce métier ?
05:31C'est de pouvoir avoir mille vies.
05:34Déjà, dans mon enfant, je crois que j'ai eu mille vies.
05:37Enfin, j'ai une aptitude à beaucoup de vies, ce qui est très difficile.
05:42Je ne suis pas en train de dire que ça n'a pas du tout.
05:44Justement, ça a peut-être été la cause du problème aussi.
05:47Quand vous êtes très jeune au Bénin, qui est en train de vivre, ancien d'Aomée,
05:54qui est en train de vivre sa révolution, que vous passez par le coup d'État,
05:58que vous revenez en France, que vous habitez dans un certain endroit.
06:01Mais quand même, on veut vous donner, on vous met dans les meilleures écoles,
06:04vous passez dans un autre quartier.
06:06Tout ça est mille vies, quelque part.
06:09C'est déjà mille vies.
06:10Après, j'ai un peu appuyé dessus.
06:12Le mille vies, finalement, me convient bien.
06:14Tous les films que vous citez sont quand même des artistes, des auteurs.
06:19C'est mille vies, mais finalement, toujours la même rigueur, la même volonté
06:24d'interroger le monde, de raconter le monde, de faire rire le monde, de bouleverser
06:28le monde. C'est mille vies, mais en fait, c'en est qu'une.

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