Avec Nicolas Metzdorf, Député loyaliste de Nouvelle-Calédonie, rapporteur du projet de réforme constitutionnelle du corps électoral provincial
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00:00SUDRADIO, les débats de l'été, 10h-13h, Thierry Guerrier.
00:06Nous sommes en direct avec vous, vous pouvez réagir sur le sujet que nous allons traiter maintenant, 0826-300-300.
00:13Nous sommes en direct pour évoquer la Nouvelle-Calédonie.
00:16Vous savez, cette France du bout du monde, cette France de l'autre côté de la planète, cette France du pacifique,
00:22eh bien on aimerait bien qu'elle soit elle aussi pacifique et ce n'est plus le cas du tout.
00:26Nous avons la Nouvelle-Calédonie, surnommée le caillou, magnifique terre, île française qui s'enfonce dans la crise aujourd'hui.
00:36Bonjour Nicolas Metzdorff.
00:37Bonjour.
00:38Vous êtes député loyaliste de Nouvelle-Calédonie, vous étiez député macroniste, vous avez été réélu aux dernières législatives
00:45et vous avez été le rapporteur du fameux projet de réforme constitutionnelle du corps électoral provincial de Nouvelle-Calédonie
00:52qui a, dit-on, mis le feu aux poudres, on y reviendra près.
00:55Mais aujourd'hui, la Nouvelle-Calédonie est entre dévastation et déstabilisation, on y reviendra, on va parler de l'Azerbaïdjan.
01:02Mais d'abord, qu'est-ce qu'il en est réellement, factuellement ?
01:05J'ai lu, comme tout le monde les dépêche, et découvert qu'il y a quelques jours à peine, il y a eu la profanation d'un mausolée
01:12qui était le symbole de la paix et de la réconciliation, des accords de Nouméa sous Rocard, puis des accords de Nouméa sous Jospin aussi en 98.
01:20Ce mausolée a été profané et ça constitue un choc pour les habitants.
01:25Par ailleurs, il y a toutes ces incendies, ces précipitaires qui sont incendiés, les églises aussi.
01:33Quelle est la situation réelle aujourd'hui ? Vous avez évidemment vos amis, votre famille au téléphone en permanence.
01:39Oui, merci déjà à Sud Radio de nous inviter parce qu'on ne parle pas assez de la Nouvelle-Calédonie,
01:44ça passe sous les radars en ce moment avec la dissolution et les Jeux Olympiques.
01:48Mais il y a un territoire de France aujourd'hui qui a choisi d'être français par trois fois et qui ne connaît pas l'état de droit républicain.
01:57Ça fait deux mois qu'on a des émeutes en Nouvelle-Calédonie, la situation n'est vraiment pas rétablie encore.
02:02Il y a des Calédoniens qui ne peuvent pas circuler librement, qui sont bloqués dans leur quartier depuis deux mois.
02:08Les gendarmes ne peuvent pas aller partout en Nouvelle-Calédonie.
02:11Lorsque j'ai dû faire campagne pour être réélu, je n'ai pas pu me déplacer sur l'ensemble de ma circonscription
02:18parce que j'étais en danger comme la plupart des Calédoniens.
02:20Mais menacés par qui et comment ?
02:22Menacés par les émeutiers indépendantistes les plus radicalisés qui menacent de mort très régulièrement et qui sont armés et dangereux.
02:30Et qui tirent à balles réelles.
02:32Et qui tirent à balles réelles. Aujourd'hui ils se sont concentrés sur les gendarmes, clairement,
02:36mais on a des gendarmes qui se font tirer dessus à balles réelles tous les jours en Nouvelle-Calédonie.
02:41Et sans même qu'il y ait d'affrontements ou de rencontres, c'est d'emblée un coup de feu,
02:46alors même que les gendarmes s'avancent, ce qui est de leur droit, évidemment.
02:51Bien sûr, parce que les gendarmes essayent de remettre du maintien de l'ordre un peu partout,
02:55mais se font tirer dessus dans les endroits les plus difficiles.
02:59Donc aujourd'hui on a un exode massif de la population de la Nouvelle-Calédonie qui quitte le territoire.
03:03On a une économie qui s'est effondrée, on a perdu 20% de notre PIB ces deux derniers mois.
03:09On était très autonome, on dépendait finalement assez peu des subventions de l'État,
03:13puisqu'on avait notre propre fiscalité, notre propre système de financement.
03:17Aujourd'hui on est devenu le territoire le plus dépendant de l'État, à cause de ça.
03:21La Nouvelle-Calédonie a été assez autonome économiquement,
03:24elle avait une économie qui fonctionnait, avec peu de subventions.
03:29Alors que là aujourd'hui vous dites, on est lié complètement aux subventions de Paris, parce que...
03:35Si je rapporte aux chiffres en métropole, c'est comme s'il y avait 2 millions de chômeurs en plus
03:39et qu'il y avait eu 300 000 entreprises de brûlés dans Paris.
03:42Donc en fait on est en faillite totale, on est en banqueroute.
03:45Aujourd'hui on n'arrive plus à financer notre système de santé, nos usines de nickel vont fermer,
03:49nos médecins partent et nos infirmières partent parce qu'elles sont en insécurité,
03:53donc on a un manque de soins, on est en crise humanitaire.
03:55Et c'est un peu ce que souhaitent les émeutiers ?
03:57En fait les indépendantistes les plus radicaux,
04:00ils ont théorisé le fait de semer la terreur pour faire partir les gens,
04:04de manière à ce que les indépendantistes soient majoritaires en Nouvelle-Calédonie
04:08et de manière à organiser des nouveaux votes où ils gagneraient l'indépendance.
04:11Nicolas Mesdorff, pardon, mais vous êtes député macroniste,
04:14vous avez l'oreille du Président de la République,
04:17qu'est-ce que fait l'État ?
04:19Et pourquoi est-ce qu'il n'y a pas un rétablissement maintien de l'état d'urgence de manière plus ferme ?
04:25Et pourquoi est-ce qu'il n'y a pas de réaction des pouvoirs publics plus opérationnels si j'ose dire ?
04:32Je vais vous répondre sincèrement,
04:34je pense que le problème c'est qu'on aura beau changer de Président de la République ou de ministre,
04:38c'est le rapport de la France avec le maintien de l'ordre dans ses territoires d'outre-mer.
04:42C'est plus puissant que ça, c'est-à-dire que...
04:45On n'ose pas ?
04:46On n'ose pas, c'est-à-dire qu'aujourd'hui on a envoyé tous les moyens possibles,
04:49la France en Nouvelle-Calédonie aujourd'hui n'a pas l'ambition de ces moyens.
04:52On a 30% des effectifs de gendarmes mobiles de la République,
04:56de tout le pays, alors qu'il y a des JO,
04:58on a 16 Centors, on a 180 personnes du GIGN sur les 800...
05:02Centors c'est les blindés.
05:03Centors c'est les blindés, on a la Légion, enfin on a...
05:07Alors, il y a des moyens !
05:08Non mais il y a des moyens, mais encore faut-il qu'on les utilise,
05:10et on ne les utilise pas...
05:12Les gouverneurs...
05:13Les Calédoniens utilisent une expression, ils ont dit,
05:16ils sont venus balayer les routes, parce qu'ils dégagent les routes,
05:19des carcasses de voitures, mais il ne se passe pas grand-chose d'autre,
05:23vous voyez ce que je veux dire, et donc je pense que...
05:25On n'ose pas aller chercher les émeutiers ?
05:28Ça a déjà été le cas...
05:29Alors c'est dangereux !
05:30Il faut saluer le travail des forces de l'ordre,
05:32mon reproche n'est pas envers les forces de l'ordre,
05:35il est envers la relation de la France,
05:37envers la Nouvelle-Calédonie,
05:39elles maintiennent l'ordre en Nouvelle-Calédonie.
05:41Ça se passerait sur un autre territoire métropolitain,
05:43ça ne réagirait pas de la même manière.
05:45Alors, il y a un phénomène dans le phénomène,
05:48une autre violence dans la violence,
05:50vous dites les symboles chrétiens,
05:52parce qu'il y a toute une partie de la population qui est chrétienne,
05:56qui sont aujourd'hui volontairement attaqués,
06:00et qui sont brûlés,
06:02les églises, les presbytères, les mausolées catholiques.
06:05Oui, parce que...
06:07En fait, il faut savoir que la Nouvelle-Calédonie,
06:09la colonisation, ça a plutôt été d'abord une évangélisation.
06:12Donc on est tous chrétiens en Nouvelle-Calédonie,
06:13les descendants de colons comme moi,
06:15comme les canaques,
06:16d'ailleurs on se divise entre catholiques et protestants...
06:19Oui, beaucoup de canaques sont protestants.
06:20Oui, parce que ça a été l'évangélisation anglaise.
06:23Mais aujourd'hui, on voit qu'il y a une jeunesse indépendantiste
06:26qui brûle les églises, qui brûle les presbytères,
06:29et ça nous choque énormément
06:30parce qu'on est tous croyants un petit peu en Nouvelle-Calédonie,
06:32on a tous une relation à la religion qui est très forte,
06:35et donc on assiste à un basculement des valeurs,
06:38c'est-à-dire qu'aujourd'hui on vit vraiment une insurrection la plus totale
06:43avec une destruction des écoles, des dispensaires, des églises,
06:47on s'attaque aux sacrés.
06:49Bon, mais ça va être quoi la solution ?
06:51Je vous donne une objection, une question.
06:54Vous êtes à l'Assemblée nationale, député loyaliste,
06:57mais vous avez aussi, pour la première fois,
06:59un député indépendantiste d'origine canaque,
07:01qui est français, qui a été élu.
07:04Vous discutez tous les deux ? Vous vous voyez ?
07:07On discute plutôt bien.
07:08C'est M. Chibahou qui est le fils de Jean-Marie Chibahou
07:11qui avait signé les accords de Matignon
07:13et qui a été assassiné pour les avoir signés d'ailleurs.
07:17Ça se passe bien.
07:18Il semble avoir un discours modéré pour un indépendantiste.
07:21Ça reste un indépendantiste, attention.
07:23Mais on va dire qu'on arrive à discuter ensemble
07:27et d'ailleurs on a un rendez-vous ensemble demain
07:29chez le Président de la République
07:30pour faire part de la gravité de la situation.
07:32M. Chibahou, député indépendantiste modéré, dites-vous,
07:35et vous-même, député macroniste loyaliste de Nouvelle-Calédonie,
07:39tous les deux, vous allez être reçus par le Président de la République.
07:42Vous en espérez quoi ?
07:43Comment est-ce qu'on peut sortir de cette situation ?
07:45Nous, ce qu'on fait comme travail en ce moment,
07:47c'est beaucoup de pédagogie, c'est d'expliquer la situation.
07:50Parce que, en fait, depuis la métropole,
07:53on ne réalise pas l'état de dévastation économique, sociale,
07:57humanitaire, politique de la Nouvelle-Calédonie.
07:59La Nouvelle-Calédonie, c'était un des territoires d'outre-mer
08:02les plus riches, les plus autonomes, les plus développés, les plus modernes.
08:06En matière touristique par exemple, c'est magnifique.
08:08Aujourd'hui, on est en train d'être comparé à Haïti
08:11parce qu'on n'arrive pas à rétablir l'ordre.
08:13C'est le chaos complet à cause de la drogue.
08:15Mais comment on va en sortir ?
08:16Il y avait des élections qui devaient se tenir le 15 décembre,
08:18des élections provinciales. Est-ce qu'elles auront lieu ?
08:21Je ne l'espère pas parce qu'on n'est pas en capacité aujourd'hui
08:24d'organiser des élections provinciales qui vont rajouter des tensions.
08:28De toute façon, aujourd'hui, il faut se concentrer sur l'apaisement
08:31et la reconstruction de la Nouvelle-Calédonie.
08:33On parlait de l'Azerbaïdjan tout à l'heure.
08:35Vous savez, aujourd'hui, il y a des puissances étrangères
08:39qui sont là pour déstabiliser,
08:41pas la Nouvelle-Calédonie,
08:43mais la France partout où elle est dans le monde.
08:45Oui, mais alors en quoi l'Azerbaïdjan,
08:47l'Azerbaïdjan qui est quand même très loin de la Nouvelle-Calédonie,
08:50qui est en Asie centrale,
08:51en quoi l'Azerbaïdjan, Bakou,
08:53se mêle-t-il de la situation en Nouvelle-Calédonie ?
08:56Et pourquoi on parle d'ingérence ?
08:57C'est une réponse de ce qui se passe en Arménie dans le Haut-Karabagh.
09:01C'est-à-dire que comme l'Union européenne et notamment la France
09:04défend les chrétiens d'Arménie dans le Haut-Karabagh,
09:07l'Azerbaïdjan a identifié en réponse
09:10la faiblesse de l'État français dans ses anciennes colonies,
09:13dans les confettis de l'Empire, dans les territoires d'outre-mer,
09:16et la Nouvelle-Calédonie et la Guadeloupe.
09:18Mais c'est gravissime !
09:19Et la Polynésie française en fait partie.
09:20Donc aujourd'hui, il y a un groupe d'initiatives
09:22qui a été appelé le groupe d'initiatives de Bakou,
09:24qui invite les leaders sécessionnistes de Tahiti, de Polynésie,
09:28de Nouvelle-Calédonie, de Guyane, de Martinique
09:30à venir en Azerbaïdjan.
09:32Donc ils montrent les indépendantistes contre l'État français ?
09:35C'est public, vous allez sur Google, vous tapez
09:37Azerbaïdjan, territoire, colonie française,
09:40et vous allez trouver toutes les références qu'il faut.
09:42Et donc ils leur donnent de l'argent, de la logistique,
09:45et l'Azerbaïdjan a clairement participé
09:47à monter l'insurrection en Nouvelle-Calédonie.
09:49Mais Nicolas Metzdorf, disons les choses,
09:51l'essentiel de la population kanak
09:54n'est pas forcément favorable à l'indépendance aujourd'hui.
09:58La proportion, vous la situez comment ?
10:01Si quand même, la majorité des kanaks aujourd'hui
10:03en Nouvelle-Calédonie sont devenus indépendantistes,
10:06la majorité des non-kanaks ne le sont pas,
10:09mais il y a une partie des indépendantistes
10:12qui sont des modérés et qui veulent une indépendance
10:15en association ou en partenariat avec la France,
10:18qui sont respectueux de la République française.
10:20Un peu sur le terrain de ce qui se prépare à Tahiti, par exemple,
10:23en Polynésie française.
10:24Voilà, même si moi je ne souhaite pas l'indépendance de la Polynésie,
10:26mais en tout cas, c'est des indépendantistes modérés.
10:29Mais il y a une autre partie des indépendantistes
10:31qui sont beaucoup plus radicalisés avec le soutien de l'Azerbaïdjan
10:34et qui veulent mettre en place des dictatures
10:36et qui veulent surtout installer en Nouvelle-Calédonie
10:38le nouvel ordre mondial, c'est-à-dire l'axe
10:40Russie, Chine, voilà,
10:44et chasser l'Occident.
10:46C'est un combat qui dépasse simplement la Nouvelle-Calédonie.
10:49Merci Nicolas Metzdorf, député loyaliste de Nouvelle-Calédonie.
10:52On invitera aussi monsieur Djibaou,
10:55votre collègue indépendantiste modéré de Nouvelle-Calédonie
11:00qui est à Paris aussi, évidemment lui,
11:02pour siéger à l'Assemblée nationale.
11:04Merci d'avoir accepté de venir en studio
11:07ici à Sudia Radio ce matin.