• il y a 5 mois
Avec Thomas Guénolé, politologue

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##C_EST_A_LA_UNE-2024-07-24##

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Transcription
00:00A l'issue de radio, il est 8h10, c'est à la une, donc après plus de deux semaines de négociations,
00:09la gauche s'est donc mise d'accord sur sa candidate pour Matignon, elle s'appelle Lucie Castel,
00:15elle est encore peu connue du grand public, c'est une haute fonctionnaire engagée pour la défense
00:18des services publics. Le nouveau Front Populaire de la Vérité en première ministre, Emmanuel Macron,
00:23lui ne l'entend pas de cette oreille, bonjour Thomas Guénolé. Bonjour. Politologue, merci d'être
00:30avec nous ce matin sur ce radio, Lucie Castel pour Matignon, c'est un choix qui vous surprend,
00:35qui surprend ou pas ? Alors, d'abord il faut que vos auditeurs se posent la question, comment c'est
00:46possible que la coalition de gauche propose pour la deuxième fois le nom d'une première ministre
00:51pour laquelle nous tous, le grand public, les analystes, les experts, les journalistes politiques,
00:56on a dû aller sur Google pour chercher qui c'était, parce qu'on ne savait pas. Qu'est-ce que ça veut dire ?
01:02Est-ce que c'est forcément un problème, justement, qu'elle soit peu connue encore aujourd'hui du grand
01:06public ? J'invite simplement les auditeurs à se poser la question, mais comment c'est même
01:12possible de se retrouver avec une proposition de chef de gouvernement qui est un nom que personne
01:17ne connaît, et que la plupart des gens dans les partis qui proposent ce nom ne connaissaient pas
01:22avant qu'il soit proposé ? La réponse à ça, c'est très simple, c'est que les forces de la coalition
01:32de gauche ne croient pas elles-mêmes à la possibilité que le premier ministre vienne de leur rang.
01:37C'est-à-dire que c'est un choix, si ce n'est par défaut, en tout cas ils n'y croient pas ?
01:43Ils n'y croient pas. S'ils y croyaient, on aurait eu affaire à quelqu'un qui aurait eu beaucoup plus
01:50d'autorité potentielle sur les partis de gauche, et non pas quelqu'un qu'on a sorti comme un lapin
01:54du chapeau. Et donc, ce qui est en train de se passer en réalité, c'est que les partis du Nouveau
02:00Front Populaire sont en tête en nombre de sièges, c'est indispensable, mais en même temps, ils
02:08savent déjà, parce que c'est des professionnels quand même, ils savent déjà que si jamais ils
02:14proposent un gouvernement avec des ministres LFI dedans, les macronistes et les lépénistes ont
02:19déjà dit qu'ils vont voter la censure. Je vous rappelle que l'Assemblée, elle est coupée en
02:23trois tiers, approximativement, je schématise, et donc ils savent d'avance que s'ils font un
02:30gouvernement du nom de la gauche, il va se faire censurer. On ne sait pas encore s'il y aura des
02:35insoumis dedans, mais effectivement, on peut le supposer. Et du coup, il n'y aura pas, je vous le
02:41dis, je l'ai dit assez tôt, après le deuxième tour, je l'avais dit chez vos collègues de France
02:45Info, je leur avais dit, il n'y aura pas de gouvernement du nom de la gauche, ou alors
02:49pendant très peu de temps, puisqu'il sera censuré. Revenons juste d'un mot avant de vous laisser
02:55poursuivre, vous parlez de cette candidate, Lucie Castex, on a quand même une certaine défiance des
03:04français vis-à-vis du politique. Proposer une candidate de la société civile, ça peut être
03:09intelligent, non ? C'est pas pour ça qu'ils l'ont fait, ils l'ont fait par défaut, parce qu'il faut
03:13bien proposer quelqu'un pour ne pas passer pour des imbéciles ou des incompétents, tout en ne
03:19proposant pas quelqu'un qui aurait ensuite une autorité qui pourrait concurrencer les différents
03:24candidats au vrai leadership sur la gauche. C'est ça dont on parle. C'est-à-dire qu'on pense déjà à
03:312027, on sacrifie le temps... Non, pas nécessairement, c'est pas nécessairement 2027, c'est juste que
03:36de manière permanente, présidentielle ou pas, quitte à proposer un premier ministre
03:41pour de faux, autant proposer quelqu'un qui fera d'ombre à personne, c'est ça en réalité. Et pourquoi
03:47ils ont traîné pendant leurs négociations ? Ils ont traîné pendant leurs négociations parce qu'ils
03:51savent que s'ils font un gouvernement, il va se faire censurer, et donc ils ont espéré en réalité
03:55qu'Emmanuel Macron allait les sortir de cette situation en faisant sa propre majorité
04:00relative négociée avec la droite et ou un bout de la gauche, un petit bout de la gauche, et que
04:07donc il pourrait ensuite dire, regardez, on nous a volé la victoire, parce qu'ils ne veulent pas, moi
04:12c'est mon désaccord personnel citoyen, j'allais dire, avec eux, c'est qu'ils n'ont pas voulu admettre
04:18publiquement ce que tout le monde aurait compris, ce que tout le monde aurait compris, vraiment. Les
04:22électeurs de gauche en particulier auraient tout à fait compris qu'ils disent, voilà, on sait, parce
04:26que ça a été dit, que les macronistes et les lépénistes voteront la censure si on fait un
04:30gouvernement du nord de la gauche, donc on jette l'éponge puisqu'on ne peut pas, ça n'est
04:33absolument pas notre responsabilité, mais voilà, on ne va pas prendre les gens, on ne va pas faire
04:38semblant. Sauf qu'Emmanuel Macron fait la même chose qu'eux, c'est-à-dire une course de lenteur,
04:42et cette course de lenteur, ça consiste donc, côté Emmanuel Macron, à traîner délibérément pour que
04:48la gauche échoue à avoir un gouvernement et que derrière lui se présente comme sauveur du pays
04:54avec une majorité relative supérieure à celle du Nouveau Front Populaire grâce à une alliance
04:57avec la droite, parce que la coalition macroniste plus les républicains, elle est largement
05:03supérieure en nombre de sièges à la coalition du Nouveau Front Populaire. – On l'a vu sur la réélection
05:08d'Yael Braun-Pivet, très clairement, Thomas Guénolé. – Qui est une répétition générale de la
05:12nouvelle coalition, c'est ce que je pense, oui. – Ne pas faire de l'ombre à qui, à gauche,
05:16Thomas Guénolé ? – Au chef à plume habituel, en fait, il y a Jean-Luc Mélenchon, il y a Olivier
05:22Faure, il y a Marine Tondelier, ce sont des gens qui ont des titres divers, même si Marine Tondelier,
05:27en fait, n'a pas vraiment l'air de raisonner dans ses termes, ceci dit, mais au moins les autres,
05:32de réfléchir en termes de, oui, je n'ai pas l'intention de laisser quelqu'un me faire de
05:38l'ombre en tant que nouveau leader de la gauche, en lui servant sur un plateau le statut de premier
05:42ministrable, donc je prends quelqu'un dont on découvre le nom au moment où on le propose,
05:47c'est vraiment, c'est un critère assez efficace, et d'ailleurs la meilleure preuve, c'est que quand
05:53un président de la République prend quelqu'un de son propre camp pour être premier ministre et
05:56qu'il ne veut surtout pas quelqu'un qui lui fasse de l'ombre, lui aussi, il prend un parfait inconnu.
06:00– Juste… – Castex, typiquement.
06:04– Ça veut dire que Jean-Luc Mélenchon, c'est l'un des gagnants de cette séquence, selon vous.
06:09– Je n'irai pas jusque-là, parce que je pense qu'il y a une grosse casse pour l'ensemble des
06:16partis de gauche, c'est qu'en refusant de tout de suite dire publiquement, assumer, il va y avoir
06:22une censure, on a été prévenu clairement, donc on laisse tomber la formation d'un gouvernement
06:28puisqu'on va se faire censurer, comme ils n'ont pas fait ça, ils ont passé deux semaines à négocier
06:33en n'étant pas très motivés, parce qu'ils savaient de toute façon que ça ne servait à rien, c'est pour
06:37ça que ça a traîné, en plus d'avoir du mal à se mettre d'accord, c'est sûr que c'est pour ça que ça a traîné.
06:42– Et puis le choix du timing, on est à deux jours de l'ouverture des Jeux Olympiques aussi, ça veut dire qu'on…
06:47– Oui mais ça, non mais ça, en fait, tout le monde s'en fout en fait, à un moment, il faut assumer que les Jeux Olympiques,
06:55c'est un divertissement pour l'écrasante, pour la quasi-totalité des Français, c'est un divertissement
07:02télévisuel parmi d'autres, c'est le même public que les gens qui regardent à la télé les compétitions
07:07internationales d'athlétisme chez vos confrères de France 2 ou France 3, je ne sais plus d'ailleurs,
07:12c'est ce qui prouve que je ne la regarde pas, ce n'est pas ça, je n'ai rien contre, mais je préfère
07:17les handisport en fait, mais c'est parce que je suis fan de science-fiction et il se trouve que
07:21les athlètes de handisport, c'est littéralement des cyborgs, ce sont des hommes augmentés.
07:25– Alors vous parlez de science-fiction, mais Emmanuel Macron, il a quand même été clair sur la suite,
07:31pour lui, il faut un gouvernement issu du front républicain qui s'est noué au deuxième tour,
07:38est-ce que là, c'est un choix ? Est-ce que c'est un gouvernement qui peut durer et qui peut gouverner, selon vous ?
07:45– Alors, il a essayé, en disant pas de ministre à l'FI, c'est très clair ce qu'il est en train de faire,
07:51il a essayé en disant, s'il y a des ministres à l'FI, je fais la censure, il a essayé d'obtenir une majorité
07:57macroniste plus gauche non à l'FI, mais il a fait l'erreur, me semble-t-il, de ne pas mettre immédiatement
08:03sur la table une réforme du mode de scrutin pour que la gauche non à l'FI n'ait plus besoin de l'FI
08:09pour avoir des députés, résultat, ils ont dit non, parce qu'ils ne sont pas fous, ils ne sont pas suicidaires,
08:15ils ne vont pas aller au massacre électoral juste pour avoir deux ans et demi de gouvernement,
08:20donc ils l'ont envoyé sur les roses, et maintenant, la seule alternative qu'il a, c'est de se retrouver avec
08:26une coalition au moins tacite entre le bloc macroniste et le parti Les Républicains,
08:33et là-dessus arrive Laurent Wauquiez qui propose un pacte législatif, c'est-à-dire, en clair, une coalition sans le dire.
08:39Donc tout ça, sauf que tout ça, ça prend du temps à négocier, et donc Emmanuel Macron, comme le Nouveau Front Populaire,
08:46juste avant lui, mais pour d'autres raisons, il fait traîner, et il n'a rien trouvé de mieux, mais c'est humain,
08:53il n'a rien trouvé de mieux que le crétex des Jeux Olympiques, qui est quand même, si vous voulez, enfin, pourquoi pas,
08:59je ne sais pas moi, pourquoi pas le Marathon de Paris pour attendre de faire le gouvernement, ce n'est pas absurde.
09:04– Juste un mot pour conclure Thomas Guénolé, ça veut dire qu'il y a cette possibilité qu'on ait un nouveau Premier Ministre
09:10issu du camp présidentiel ?
09:13– Oui, ou du parti Les Républicains, ou un haut fonctionnaire de centre ou centre droit,
09:23ou quelqu'un de la société civile du même grand courant.
09:27Effectivement, on va peut-être vers ça, ou un pote d'Emmanuel Macron, parce qu'il peut,
09:33dans un bloc macroniste plus les Républicains, il est en situation de nommer quasiment qui il veut,
09:37donc pourquoi pas Julien Denormandie par exemple.
09:39– Oui, ancien ministre et proche d'Emmanuel Macron.
09:42Merci beaucoup Thomas Guénolé d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio,
09:45merci pour votre analyse, et très bonne journée à vous.

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