Yann Jéhanno, président du réseau immobilier Laforêt épond aux questions de Stéphanie de Muru.
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00:00Europe 1 bonjour, 5h-7h, Stéphanie Demuru en Bline Roche.
00:04Europe 1, il est 6h40.
00:06Les français et l'immobilier, comment se porte le marché de l'immobilier dans ces temps d'incertitude aussi bien politique qu'économique ?
00:13Est-ce que le marché peut repartir pour de bon et surtout quel est l'impact potentiel de ces élections sur le secteur en fonction des résultats ?
00:22Et vous en parlez avec votre invitée Stéphanie ce matin sur Europe 1, il s'agit de Yann Géhano, président du réseau immobilier La Forêt
00:28qui représente plus de 700 agences en France.
00:31Bonjour Yann Géhano.
00:32Bonjour.
00:33Alors on imagine que le secteur immobilier a regardé les élections de très près avec beaucoup d'attention.
00:40Quel est votre état d'esprit ce matin ?
00:42Écoutez, je vais regarder le verre à moitié plein.
00:45Ça fait de nombreuses années que le logement est totalement absent du débat politique et depuis maintenant 3 semaines,
00:52tout le monde y va de son idée, de son programme, de son intention pour sauver le logement.
00:58Donc c'est une bonne chose en tout cas que ça revienne au centre de l'échiquier.
01:03En tout cas, les premiers résultats laissent présager la possibilité d'une assemblée ingouvernable.
01:09Ça veut dire blocage notamment pour le logement qui est majeur pour les Français ?
01:15Oui, ça veut dire blocage pour un secteur qui a besoin d'être réformé, de se réformer.
01:22Alors on espère, à la lueur de ce que j'ai évoqué précédemment, que les différents camps trouveront des terrains d'entente
01:29sur certains sujets du logement qui a besoin d'aider les investisseurs, d'aider les primo-accédants également
01:37et les ménages les plus modestes à accéder au logement.
01:39Alors on a vu que les choses bougeaient, certes peut-être tardivement, sous ce mandat Macron
01:44qui n'a pas toujours mis l'immobilier en première ligne.
01:47Aujourd'hui, il y a de l'inquiétude de votre part, clairement, dans votre secteur ?
01:52Alors on est surtout dans un épais brouillard depuis la dissolution avec une clientèle internationale
01:58qui a mis pause sur ces projets, avec des acquéreurs qui ne savent pas s'ils doivent acheter,
02:04s'ils doivent attendre éventuellement de bénéficier d'une exonération des droits de mutation,
02:09les fameux frais de notaire comme on les qualifie mal,
02:12des vendeurs également qui ne savent pas trop s'il faudra toujours être propriétaire d'un patrimoine immobilier,
02:18s'il faut garder son logement ou s'il faut le céder.
02:22Donc on attend avant tout que ces élections soient derrière nous pour avoir des interlocuteurs,
02:27des interlocutrices pour pouvoir construire une proposition logement.
02:30Clairement, vous décrivez un attentisme, voire une inquiétude qui risquerait de se transformer
02:37carrément en blocage en fonction des résultats, c'est ce qu'on entend ?
02:41Ce qu'on entend, c'est que les Françaises et les Français qui sont d'ores et déjà engagés dans les projets,
02:46qui ont l'obligation de vendre ou qui sont sur le point de trouver un toit pour suivre leur projet,
02:53en revanche, celles et ceux qui n'ont pas encore enclenché réellement ce projet, cette trajectoire,
02:59attendent en effet d'y voir plus clair et que selon les résultats, ils pourraient renoncer
03:06ou, à contrario, accélérer leur projet puisque beaucoup de Français également voient peut-être des taux
03:11qui pourraient remonter et donc une opportunité d'acheter dans les prochains mois.
03:16Alors ça va évidemment dépendre de la suite des choses.
03:20On va un petit peu parler des programmes tout de même.
03:23Le RN est en tête aujourd'hui, clairement, aux portes du pouvoir sur le logement.
03:28Deux mesures qui retiennent l'attention dans leur programme.
03:31La première, le remplacement de l'IFI par un impôt sur la fortune financière.
03:35Est-ce que ça peut peser sur le marché ? Quel peut être l'impact ?
03:39Alors l'impact, c'est un impact de discours et d'intention.
03:44C'est vrai que déplacer un peu l'attention de l'impôt sur la fortune qui était concentré depuis quelques années
03:50uniquement sur l'immobilier de manière globale, sur la finance et sur le patrimoine,
03:56c'est une bonne chose puisque c'est un changement de discours qu'on demande légalement depuis des années.
04:01Oui, un changement de paradigme, c'est vrai que Macron ne s'en était jamais caché.
04:06Ce n'était pas forcément le logement la priorité, il préférait faire circuler l'argent.
04:12Il y a également la question de la levée liée au DPE pour éviter la paralysie.
04:18Là encore, une bonne chose, ça peut débloquer le marché de l'allocation notamment ?
04:22En tout cas, c'est un sujet qui est clairement devant nous.
04:25On sait que ce diagnostic de performance énergétique et surtout les obligations de rénovation
04:30qui vont avec, avec la loi climat et résilience, menacent de sortir du marché 600 000 logements au 1er janvier 2025.
04:38Donc on se doit, à mon sens, de reposer ce sujet de la rénovation énergétique,
04:42du financement de la rénovation énergétique, du reste à charge, des échéances
04:46et de la manière dont on va continuer à offrir un toit aux Français qui sont aujourd'hui dans la plus grande difficulté.
04:52Il n'a jamais été aussi difficile de devenir propriétaire pour la première fois,
04:55de devenir locataire du parc locatif privé, de devenir locataire du parc locatif social.
04:59Alors il y a aussi évidemment la gauche qui arrive en second, qui talonne le RN avec un programme très social,
05:06des prélèvements augmentés pour les Français les plus aisés.
05:09C'est quelque chose dans le secteur de l'immobilier qui vous inquiète ?
05:12Oui, ça nous inquiète parce que l'investissement locatif recule régulièrement depuis maintenant plusieurs années, depuis 7 ans.
05:19Le discours qui est adressé aux investisseurs est un discours assez dissuasif
05:24et une nouvelle fois ce serait en effet pour les investisseurs une réelle crainte d'investir dans le logement.
05:31Donc ce n'est pas une bonne nouvelle finalement pour les étudiants, pour les jeunes actifs qui vont rentrer sur le marché et qui ont besoin de trouver un toit.
05:38Et avec à terme peut-être des taux d'intérêt qui vont augmenter avec une économie française qui pourrait potentiellement aller moins bien, c'est une crainte aussi ?
05:47Ça peut être une crainte mais on sait qu'aujourd'hui les taux d'intérêt sont plutôt fixés au niveau européen.
05:53On a profité d'une baisse des taux de la BCE il y a quelques semaines maintenant donc l'inquiétude imminente en tout cas n'est pas là.
06:02Je crois que ce que les Français attendent c'est que ces élections soient derrière nous et qu'on puisse se projeter de nouveau avec une vision un peu plus claire.
06:08En tout cas vous nous présentez en exclusivité pour Europe 1JDD les résultats du baromètre La Forêt au Pignon-Noé.
06:14Les Français et l'immobilier, vous le disiez, les voyants commencent vraiment à repasser au vert aussi bien pour les acheteurs et vendeurs ?
06:23Oui, on sort d'une année 2023 compliquée sur fonds d'inflation, sur fonds de hausse des taux d'intérêt.
06:30Aujourd'hui les feux ne sont plus tous au rouge, certains passent au vert progressivement pour les vendeurs avec des banques qui jouent de nouveau leur rôle
06:40et qui prêtent de nouveau aux acquéreurs et pour les acquéreurs qui bénéficient d'une baisse des taux et d'une baisse des prix de l'immobilier.
06:45Une baisse des taux qui se conjugue avec un volume de vente qui progresse clairement ?
06:51C'est symbolique, en 12 mois on enregistre au sein du réseau La Forêt une progression du volume de vente de plus 0,9%
06:57après une année 2023 au cours de laquelle on a perdu 16% de volume de transactions donc le sens de la pente s'est inversé.
07:05Avec une situation exceptionnelle, on parlait de la baisse des prix, situation exceptionnelle notamment dans la capitale où le prix du mètre carré repasse sous la barre des 10 000 euros, c'est assez inédit ça ?
07:20Oui, il faut remonter à 2018 pour avoir ces niveaux de prix dans la capitale.
07:26Alors ça fait deux ans que progressivement on est passé de près de 11 000 euros du mètre carré à 9 500 euros du mètre carré,
07:32ça se retrouve dans les volumes de vente puisque les parisiens en tout cas sont de nouveau extrêmement actifs.
07:37Il y a quelques mois la situation semblait bloquée entre les vendeurs qui ne voulaient pas baisser leur prix et des acquéreurs qui ne voulaient pas accéder à l'emprunt face à la hausse des taux,
07:46ça c'est clairement derrière nous ?
07:49En partie, parce que les vendeurs notamment ont fait une partie du chemin importante, les prix ont reculé d'un peu plus de 4% au niveau national en 12 mois.
07:59Alors évidemment quand on est contraint de vendre, on est plus enclin à faire cet effort.
08:04C'est aux acquéreurs aujourd'hui de comprendre que ce ne sont pas les seuls vendeurs qui vont gommer la hausse des taux et que les français doivent aussi reconfigurer leur projet d'achat,
08:15peut-être en renonçant un peu de surface, en s'éloignant un peu de sa zone de prédilection, en acceptant de faire des travaux,
08:21mais en tout cas on a retrouvé au cours de ce premier semestre un équilibre et une certaine fluidité entre les vendeurs et les acquéreurs.
08:27Donc 2024 pourrait être l'année de la reprise, on va essayer d'être optimiste ?
08:31En tout cas le premier semestre a été le semestre de la reprise, pour la suite je n'ai pas ma boule de cristal avec moi aujourd'hui.
08:37Merci Yann Jéhano, président du réseau immobilier La Forêt qui représente 700 agences en France. Merci à vous.
08:45Merci.