• il y a 6 mois
Ce mois-ci, Patrick Chêne et ses invités se projettent dans le futur en évoquant l’évolution du Sport d’ici à 2050. En compagnie d’Alain ARVIN BEROD (philosophe, historien de l’olympisme et directeur AMOS Business School Lyon), Mael BESSON (Expert Transition Ecologique / Sport et RSE), Lukas AUBIN (géopolitologue à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques, spécialisé sur la géopolitique du sport et de la Russie) et David SMETANINE (nageur paraplégique, multiple médaillé paralympique et créateur d’une fondation handisport au Cameroun), Patrick Chêne balayera les thématiques environnementales, géopolitiques et sociétales.

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Sport
Transcription
00:00Bonjour à tous, merci d'être fidèles aux grandes questions du sport sur Sport en France.
00:22Aujourd'hui, un thème, il fallait oser, que sera le sport en 2050 ?
00:27Alors évidemment, on va dire beaucoup de choses.
00:29Certaines seront vérifiées, on ne sera peut-être pas là pour le voir.
00:32Mais en tout cas, on va essayer de porter un regard, j'allais dire scientifique,
00:36j'allais dire de spécialiste sur ce que pourrait être l'évolution du sport dans les années à venir.
00:42Et Dieu sait quelles vont être importantes ces évolutions.
00:45On va le faire avec Maël Besson qui est avec nous.
00:48Maël, merci d'être là.
00:49Spécialiste surtout de transition écologique.
00:51On a eu l'occasion de déjà faire une émission ensemble.
00:54Et on va essayer de voir comment le sport va s'adapter
00:58ou comment va-t-il subir justement toutes les évolutions du domaine qui est le vôtre,
01:04donc de la transition écologique.
01:06Et puis Alain Arvinbéro est avec nous en duplex.
01:09Alain, bonjour.
01:10Vous êtes philosophe, vous êtes historien de l'olympisme,
01:13directeur de l'AMOS Business School à Lyon.
01:16Et vous avez un regard justement un peu large,
01:19ce qui nous intéresse avec un peu de hauteur sur le sport et l'olympisme en particulier.
01:24Et puis nous rejoindrons ensuite Lucas Aubin.
01:26Lucas, bonjour.
01:27Vous êtes géopolitologue à l'IRIS, l'Institut de relations internationales et stratégiques.
01:32Et vous êtes spécialisé dans le sport.
01:34Ça nous intéresse, mais aussi spécialiste de la Russie.
01:37Et Dieu sait qu'en ce moment, tout ceci est d'actualité.
01:40Et tous ces phénomènes géopolitiques auront évidemment une incidence sur l'évolution du sport
01:45et de ces compétitions dont on vous retrouve dans quelques instants pour l'évoquer.
01:49Mais auparavant, on va peut-être poser le décor avec vous Alain Arvinbéro,
01:55philosophe, historien de l'olympisme notamment.
01:58Si on faisait un raccourci, si on avait une vision un peu simpliste pour commencer,
02:03on dirait finalement, on peut peut-être être un peu inquiet sur les événements sportifs traditionnels.
02:10Est-ce qu'ils auront encore une place dans 30 ans ?
02:13Est-ce que ça va être une révolution ou une simple évolution ?
02:17On voit qu'il y a de moins en moins de villes qui sont candidates pour organiser les Jeux olympiques.
02:21On voit qu'il y a des sports qui commencent à poser des problèmes.
02:24On le verra tout à l'heure en termes de transition écologique.
02:26Est-ce que c'est bien raisonnable de faire venir des chevaux du monde entier pour concourir dans un même lieu ?
02:32Alors, votre avis Alain Arvinbéro pour commencer.
02:35L'organisation du sport telle qu'on la connaît aujourd'hui,
02:39est-ce qu'elle est susceptible de connaître une vraie révolution ?
02:42Ou est-ce qu'on va aller, à votre avis, vers une évolution plus tranquille ?
02:45Déjà aujourd'hui, le sport est confronté à plusieurs évolutions.
02:49Ils ne sont pas toujours affichés comme tels d'ailleurs par le mouvement sportif
02:53puisque la grande marque du sport contemporain depuis une vingtaine d'années,
02:58c'est le développement du sport dit individuel, mais enfin du sport pour tous.
03:04En gros, le sport était tout le temps associé exclusivement au club.
03:09Aujourd'hui, le sport est une personne.
03:12Alors, pour l'avenir, vous avez raison tout à fait de souligner la situation critique du mouvement olympique,
03:19très critique puisque les candidatures diminuent sans cesse.
03:24Il a fallu affecter deux éditions pour assurer 2024 et 2028.
03:31Et les manifestations sportives qui génèrent, comme on le sait,
03:37beaucoup d'émissions de gaz de serre, enfin de pollution,
03:43sont forcément remises en cause dans cette organisation.
03:48Le plus bel exemple, ce sont les Jeux olympiques d'hiver dont on parle rarement.
03:53Une étude américaine qui vient de sortir montre que sur les 21 éditions des Jeux d'hiver jusqu'à Sochi,
04:01en prenant des critères respectant le développement durable,
04:05il n'y aurait qu'une ville qui pourrait les organiser, c'est Albertville.
04:12Donc, ça montre effectivement qu'on arrive à un moment, disons, de transition.
04:18Moi, je dirais plutôt qu'une révolution, c'est une transition
04:22dont on ne sait pas effectivement quelle forme elle va prendre.
04:25Mais ce qui semble d'irréversible, c'est que le sport fait partie de la société,
04:32avec ou sans mouvement sportif, avec ou sans les Jeux olympiques.
04:36Vous avez ouvert la porte, si j'ose dire, à Maël Besson,
04:39parce que le premier sujet a été le sujet de l'écologie.
04:42Est-ce que c'est aussi inquiétant que cela, ce que dit Alain Ramero ?
04:48Oui, c'est inquiétant.
04:49Et puis, il ne vous a pas échappé qu'hier, la sortie du troisième volet,
04:54du sixième rapport du GIEC est sortie et qu'il annonce qu'on n'a plus que trois ans
04:59avant d'infléchir la courbe de nos émissions de gaz à effet de serre.
05:03Il faut qu'on ait, d'ici 2025, atteint le pic de nos émissions et qu'on commence à redescendre.
05:08Et qu'à 2030, on soit déjà sur une division par deux de nos émissions.
05:13Donc en fait, c'est un principe de réalité.
05:19Le sport va être confronté à ces problématiques de dérèglements environnementaux,
05:24aux conséquences des dérèglements environnementaux,
05:26à sa responsabilité et des impacts qu'il peut avoir sur l'environnement,
05:31direct ou plus ou moins indirect par l'influence qu'il a sur nos modes de vie.
05:36Et puis, il va falloir aussi qu'il s'adapte aux mesures qu'on va devoir prendre
05:41pour limiter le dérèglement climatique.
05:43Par exemple, l'interdiction de publicité néfaste pour l'environnement
05:47peut avoir un impact sur le modèle économique du sport.
05:49Donc, le sport a tout intérêt à intégrer ces enjeux-là le plus rapidement possible.
05:54Est-ce qu'on va aller, parce qu'on essaie aujourd'hui vraiment de se projeter en 2050 minimum,
05:58est-ce qu'on va aller... Moi, je regarde des chiffres.
06:00En 1912, il y avait 20 événements sportifs mondiaux qui étaient organisés, 20 dans toute l'année.
06:06Après, en 1987, il y en avait 660.
06:10Et à partir de 2005, plus de 1 000.
06:12C'est-à-dire que tous les sports organisent des événements mondiaux.
06:15Tout le monde se transporte pour aller se retrouver entre les meilleurs du monde dans tous les domaines.
06:21Est-ce que ça, ça peut continuer ?
06:24Malheureusement, non.
06:25Si on prend un principe de réalité de limite...
06:26On est pas un spectateur qui entend ce que vous dites ? Ça, c'est fini ?
06:29On est obligé d'aller vers une sorte de sobriété.
06:32On a vécu une période d'accélération, mais pas que sur les événements sportifs,
06:36sur la fréquence des événements sportifs, sur beaucoup de choses.
06:39Et les principes de réalité, les limites planétaires de notre planète
06:44font qu'il va falloir à un moment donné, en tout cas, les faire autrement.
06:49Alors réduire les émissions de gaz à effet de serre,
06:52ça veut dire à un moment donné faire peut-être moins de déplacements internationaux
06:55et diminuer la fréquence des événements.
06:57Et c'est pas forcément...
06:58Faut pas le voir comme quelque chose de forcément négatif.
07:01Le Super Bowl, quand on regarde, il y a finalement peu de matchs
07:05au regard d'autres compétitions internationales.
07:08Donc la réduction du nombre de matchs ne fait pas la réduction de la qualité
07:13et de l'effervescence qu'on peut vivre à travers ces événements.
07:15Alors avant de revenir sur l'écologie, tout à l'heure en fin d'émission,
07:18je voudrais revenir avec Alain Hervin-Béraud sur le côté géopolitique.
07:22Pourquoi aujourd'hui, à votre avis, vous qui êtes un spécialiste notamment de l'olympisme,
07:26pourquoi les pays, j'allais presque dire pardon pour le raccourci,
07:29hormis les pays totalitaires, on y reviendra aussi,
07:31qui trouvent là le moyen de se faire une promotion,
07:33pourquoi les pays dits classiques sont-ils aussi aujourd'hui frileux
07:38lorsqu'il s'agit d'accueillir des grands événements comme les Jeux olympiques ?
07:42Avant on se battait pour avoir les Jeux, c'était un exploit d'obtenir les Jeux.
07:45Et là Paris et Los Angeles se sont fait un petit partage
07:47parce qu'ils étaient plus que deux en compétition.
07:51Avant on se battait, oui, on se battait parce que là...
07:55C'étaient les États, enfin les villes bien évidemment,
07:58mais derrière les États, je veux juste rappeler qu'entre 1896 par exemple et 1988,
08:04qui courent à peu près 25 éditions des Jeux d'été,
08:08ce qu'il faut savoir c'est que 60% de ces éditions ont fait l'objet d'un boycott.
08:13Alors vous voyez, 60%, plus de la moitié,
08:16alors c'était des boycotts d'un pays ou de deux pays,
08:19il y a eu des boycotts très importants en 22 pays
08:23pour les Jeux de Montréal, des Roland d'Afrique,
08:26il y a eu les boycotts de Moscou et de Los Angeles en 84,
08:31et ce qui a d'ailleurs conduit le CIO à revoir peu à peu ses critères d'attribution
08:38et la fin du mur de Berlin et la chute de l'Union soviétique,
08:42c'est un sujet malheureusement actuel,
08:44a quelque peu libéré.
08:46Mais depuis 2000, ce qu'on constate,
08:50c'est comme vous l'avez dit tout à l'heure,
08:51non seulement il y a deux, trois villes qui candidatent
08:54alors qu'elles étaient plusieurs à avoir déposé un dossier,
08:58aujourd'hui on est face au boycott des opinions publiques.
09:01C'est-à-dire que ce ne sont pas les villes ou les États qui refusent de se présenter,
09:07mais vous avez eu le cas d'Ambourg, de Boston, de Rome, de Madrid,
09:12même d'Oslo qui est pourtant une terre olympique
09:16où les institutions politiques et sportives étaient favorables à la tenue des Jeux,
09:22et les référendums qui ont été tenus dans ces cités ont refusé les Jeux olympiques
09:27pour une raison qui est malheureusement un peu aussi un fait de réalité,
09:32c'est-à-dire le gigantisme, la corruption, le dopage,
09:37et puis le peu d'utilisation des équipements sportifs qui sont construits au moment des Jeux,
09:44même si c'est une part faible du budget des Jeux olympiques,
09:48qui deviennent ce qu'on appelle des « éléphants blancs ».
09:51Surtout, et surtout ce qu'on ne sait peu d'ailleurs,
09:55c'est que l'impact des Jeux olympiques sur l'augmentation de la pratique sportive,
10:00c'est un leurre, un leurre,
10:02sauf à avoir une concrudescence de licenciés en judo,
10:07puisque Teddy Riner a gagné, en balle, puisque c'est de France,
10:11mais c'est très éphémère.
10:14C'est la raison pour laquelle les Jeux de 2024 à Paris ont prévu
10:19que cette organisation-là permette à 3 millions de nouveaux pratiquants de toucher le sport.
10:27Prenez compte, c'est très ambitieux,
10:29et aujourd'hui on ne sait pas d'ailleurs quelles sont vraiment les mesures qui seront prises
10:35pour développer ce que je disais tout à l'heure, le sport d'une personne.
10:38Alain Hervin-Béraud, on va attaquer dans quelques instants le sujet,
10:42qui est peut-être le sujet principal de cette émission,
10:44et Lucas Aubin rentrera en piste, si j'ose dire,
10:47pour parler vraiment géopolitique,
10:49et quel est l'intérêt des États aujourd'hui d'aller dans ce sens-là,
10:52et de se mettre peut-être pour certains en porte-à-faux avec leur population.
10:55Moi j'aimerais quand même juste souligner,
10:57puisque vous disiez qu'il n'y avait pas d'impact réel sur la pratique du sport,
11:01est-ce qu'on peut dire que dans l'aménagement du territoire au moins,
11:04le fait d'avoir les Jeux olympiques a des vertus ?
11:07Est-ce qu'il y a une accélération d'équipement, etc. ?
11:11On le voit peut-être pour Paris 2024, lorsqu'on organise les Jeux olympiques.
11:14Vous avez raison, c'est la vertu, pas la seule, c'est la vertu,
11:19et c'est ce qu'on a eu du mal à comprendre pendant des années,
11:23les organisateurs aussi,
11:25c'est qu'en fait les Jeux olympiques soient une occasion effectivement
11:28de rénovation urbaine, de reconnaissance internationale certes,
11:33mais que globalement, sur les budgets des Jeux,
11:36on a 80% qui est concentré aux infrastructures,
11:42aux équipements publics, à un aéroport,
11:47à des échanges internationaux, seulement 20% sur les équipements sportifs.
11:52Et la tendance se confirme avec les Jeux de Paris,
11:57puisque parmi les dossiers qui étaient déposés,
12:00le CIO souhaitait le moins possible de création d'équipements sportifs
12:07pour éviter le phénomène des éléphants blancs.
12:09Et je terminerai en disant,
12:11puisque j'ai vécu les Jeux olympiques de Grenoble,
12:13ce qui me rajeunit vis-à-vis de vous,
12:15c'est que Grenoble par exemple, qui était, il faut dire,
12:18une ville inconnue quand elle a obtenu les Jeux olympiques en 68,
12:22c'est une ville qui s'est totalement transformée grâce aux Jeux olympiques.
12:26Avec Jean-Claude Kili, bien évidemment,
12:28et les performances de nos filles et tout,
12:30mais le paysage urbain de Grenoble qui est devenu une métropole
12:35sur lequel l'entreprise Caterpillar est venue parce qu'il y avait les Jeux,
12:39Hewlett-Packard aussi est venue parce qu'il y avait les Jeux.
12:42Donc effectivement, la vertu des Jeux olympiques,
12:45c'est cet impact très positif sur l'aménagement du territoire,
12:50je ne parle pas d'Aberville, avec l'accès au Savoie, etc.
12:54On parle dans quelques instants de l'aspect plus géopolitique
12:57qui va nous permettre justement de nous projeter vers l'avenir
13:00et de savoir si ces Jeux olympiques et si ce sport en général est en danger
13:04ou est condamné en tout cas à revoir totalement son logiciel.
13:07On se retrouve dans quelques secondes.
13:16Deuxième partie de ces grandes questions du sport,
13:18avec cette question justement, à quoi ressemblera le sport en 2050 ?
13:22Alors nous sommes avec Alain Arvin-Beyraud, toujours en direct de Lyon.
13:26Maël Besson est à mes côtés et puis Lucas Aubin est là.
13:29Lucas Aubin, bonjour, géopolitique, géopolitologue, je vais y arriver,
13:32à l'IRIS, ce fameux institut de relations internationales et stratégiques,
13:37spécialisé sur la géopolitique du sport et sur la Russie.
13:41On y reviendra dans quelques instants.
13:43Alors, si on se projette dans l'avenir,
13:46quel est aujourd'hui l'état des lieux en termes de géopolitique ?
13:50Est-ce que l'impact du sport est toujours aussi important ?
13:53Moi, j'ai en tête évidemment la fameuse RDA des années 80,
13:57où le sport a vraiment changé l'image de ce pays
14:00et où on a donné des moyens qu'on a pu condamner ensuite.
14:03Très, très important pour le développement du sport en RDA,
14:06en République Démocratique d'Allemagne.
14:08Est-ce qu'aujourd'hui, l'enjeu est aussi important en géopolitique ?
14:11Est-ce que les pays qui veulent se faire une virginité
14:14ou qui veulent donner une image X ou Y utilisent toujours autant le sport qu'avant ?
14:20Ah oui, complètement, ça n'a pas changé.
14:22Je dirais même que ça s'est amplifié en réalité.
14:27Depuis la chute de l'URSS,
14:28on s'est aperçu finalement que les États autres que les pays occidentaux
14:34ont cherché à s'accaparer également l'organisation des événements sportifs.
14:39Donc, avant 1980, avant les JO de Moscou,
14:42finalement, les grands événements sportifs,
14:45ce qu'on appelle les méga-événements,
14:47étaient finalement l'apanage des puissances occidentales.
14:49Et à la chute de l'URSS,
14:52c'est comme si finalement le CIO, la FIFA, etc.,
14:55les grands organes du sport mondial,
14:57ont décidé de s'ouvrir aux puissances émergentes,
15:00donc ce qu'on appelle communément finalement les BRICS,
15:04donc Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud.
15:09Et on a pu observer que dans les années 1990 et 2000,
15:12ces nouvelles puissances qui arrivaient sur le devant de la scène internationale
15:15d'un point de vue économique,
15:16ont cherché à s'approprier les événements sportifs
15:19pour justement diffuser l'aurora d'un point de vue culturel
15:23à travers l'ensemble de la planète.
15:25Et donc, on a vu, on ne peut évidemment pas passer à côté
15:28du Mondial de football sud-africain,
15:30des JO et du Mondial de football au Brésil,
15:34effectivement, il y a tous les événements sportifs
15:36qui se sont déroulés en Russie entre 2010 et 2018,
15:39JO de Sochi 2014, Mondial de football 2018, etc.
15:43Donc, on a tout ça et bien entendu,
15:45on a dans quelques mois le Mondial de football au Qatar,
15:49un pays qui, vous le savez, n'avait pas une culture footballistique
15:56extrêmement développée avant justement de décider de faire du sport
16:00un élément important de son pouvoir.
16:02Donc voilà, on a un nouvel ordre mondial du sport
16:06qui s'est dessiné depuis une vingtaine d'années
16:09et il y a fort à parier pour qu'il continue à aller dans ce sens dans le futur.
16:13– Alors, sans caricaturer, j'aimerais faire une petite pause
16:17pour évoquer deux sujets, la prochaine Coupe du Monde,
16:20est-ce que ce n'est pas l'aveu déjà, le constat quand même
16:23qu'il y a les lieux de l'échec de cette politique ?
16:26C'est-à-dire que c'est l'argent roi et que finalement,
16:28il n'y a pas une personne censée pour vous dire
16:30qu'il est cohérent de faire une Coupe du Monde là-bas,
16:32ne serait-ce parce qu'on est obligé de la programmer
16:33en mois de novembre-décembre, ne serait-ce que parce qu'il y a eu
16:36tout un tas de corruptions, tout un tas d'excès dans les travaux, etc.
16:39Donc c'est, j'allais dire, déjà un échec pratiquement,
16:42si on le regarde avec un peu de recul, avant même qu'il y ait les lieux.
16:45Et puis, l'exemple sur lequel j'aimerais que vous rebondissiez,
16:47c'est le Brésil, parce qu'on a donné, on a promis un avenir riant,
16:51rayonnant au Brésil, avec cette Coupe du Monde,
16:54avec ces Jeux Olympiques, et aujourd'hui, le constat, il est catastrophique.
16:59Donc, est-ce que justement, cette force du sport dans la géopolitique
17:04ne doit pas être totalement revue avec un autre logiciel
17:08pour se dire que finalement, tout ça n'est qu'un leurre ?
17:10Écoutez, je vais commencer par répondre à la deuxième question,
17:14la dernière que vous m'avez posée, justement, parce qu'elle est vraiment intéressante.
17:17C'est que, de mon point de vue, le sport, c'est une arme de soft power à double tranchant.
17:22C'est-à-dire que, si cette arme est bien maniée, finalement,
17:26elle peut amener aux dirigeants du pays qui accueillent tel ou tel événement
17:32une aura favorable à l'étranger ou à l'échelle nationale,
17:37auprès de l'audience locale, disons.
17:39Mais, si elle est mal maniée, comme ça a été le cas notamment au Brésil,
17:42mais comme ça a été le cas aussi dans d'autres pays,
17:44comme ça a été le cas par exemple aussi en Russie pour les GeoSoci,
17:47en réalité, ces événements vont cristalliser des critiques à l'échelle planétaire
17:52et finalement, l'image du pays ne ressortira pas glorifiée, disons,
17:56mais elle sera au contraire, disons, pour les puissances occidentales
18:01qui auront utilisé l'événement, finalement, pour essayer de mettre à jour
18:06tel ou tel problème dans tel ou tel état.
18:08On s'est notamment récemment en Chine et au Pékin divers,
18:12où en fait, on a beaucoup plus parlé du problème des huit tours au Xinjiang
18:16que des performances sportives des athlètes.
18:19C'est là qu'on voit que c'est un outil de sport à double tranchant,
18:23qui, s'il est mal manié, mal utilisé, il faut se retourner contre ça.
18:27Et là, je parlais même économiquement.
18:29Il s'est retourné contre le pays économiquement.
18:31Parce que les investissements faits pour les Jeux olympiques,
18:34derrière, n'ont eu aucun impact.
18:36Les grandes entreprises internationales qui étaient présentes pour les Jeux olympiques,
18:40aujourd'hui, je ne pense pas qu'elles aient développé beaucoup de business dans ces pays-là.
18:44Effectivement, effectivement.
18:46C'est typiquement, en fait, la Coupe du monde de football au Brésil
18:52et les JO qui se sont déroulées il y a quelques années, en 2016,
18:55sont l'exemple de ce qu'il ne faut pas faire,
18:57puisqu'en fait, les infrastructures sportives ne sont pas, aujourd'hui, réutilisées.
19:01Elles sont devenues, véritablement, ce qu'on appelle des éléphants blancs.
19:06Finalement, les investisseurs, puisque l'économie du Brésil ne se porte pas si bien que ça,
19:10les investisseurs ne viennent pas, n'accourent pas au Brésil pour pouvoir justement faire des affaires.
19:16Donc, on est face aux limites du sport, aux limites du sport power.
19:20Et finalement, ce qui va se passer au Qatar dans quelques mois,
19:24sera peut-être, en fait, le champ du signe de ces événements sportifs
19:28donnés aux États autoritaires ou semi-autoritaires
19:31qui tentent d'utiliser le sport à des fins de puissance,
19:35puisqu'on l'a vu, encore récemment, avec la Russie qui a été exclue, justement, du sport mondial,
19:41il y a quelques semaines de ça, durant la guerre en Ukraine.
19:46En réalité, on sent bien que le CIO et la FIFA ne sont plus tout à fait en accord,
19:51d'un point de vue idéologique, en tout cas, avec le fait que ces événements sportifs,
19:56leurs événements sportifs, puisque le CIO est propriétaire des Jeux olympiques, finalement,
20:00puisque la FIFA est propriétaire des mondiaux de football,
20:04ces institutions sportives ne sont plus forcément en accord avec le fait que
20:07leurs événements se déroulent dans des États où, pelle-mêle,
20:11on a un pouvoir qui va faire la guerre ou envahit un État voisin,
20:17où le droit de certaines minorités ne sont pas respectés, etc.
20:22Alors, Alain Arvin-Meyrault, je vais essayer de faire une première transition qui va être hyper pessimiste,
20:28c'est de se dire que dans les pays classiques, les populations sont remontées contre ces grandes manifestations,
20:35parce qu'elles ont maintenant une image négative par rapport à l'écologie,
20:40par rapport aux dépenses et au gigantisme,
20:43et puis les pays autres, totalitaires et autres,
20:46on est en train de s'apercevoir qu'il faudra arrêter de jouer avec ça,
20:51donc ça ne me rend pas forcément optimiste sur ce sport de 2050.
20:55Eh bien écoutez, oui, ce que vient de dire notre ami Lucas est tout à fait exact sur le Qatar,
21:02encore que j'ajouterai un complément sur ces analyses qui concernent les pays totalitaires.
21:09Le CIO s'étant rendu compte qu'il y avait peu de candidatures,
21:13a supprimé une de ses exigences qui était que ces pays qui devaient accueillir les Jeux
21:19devaient avoir un taux de pratiques sportives,
21:22ce qui revenait finalement à toujours arroser là où c'est mouillé.
21:26Donc il a abandonné ce principe de sacro-saint pour effectivement continuer à avoir les Jeux.
21:33Mais quand on regarde de près, c'est un paradoxe qui est mortifère pour le CIO,
21:39parce que si on donne les Jeux à des pays indépendamment de la qualification totalitaire,
21:45où il y a peu de pratiques sportives,
21:48je veux dire, ça ne fait qu'isoler le mouvement olympique.
21:52Et il y a un autre aspect sur lequel on n'a pas insisté,
21:55c'est que le CIO bien sûr en est conscient,
21:58et notamment il est conscient du peu d'intérêt que manifeste la jeunesse.
22:04Quand vous voyez les statistiques sur les tranches d'âge qui regardent les Jeux olympiques,
22:11ça diminue régulièrement entre 16 et 25 ans,
22:15et ça augmente après pour atteindre des chiffres importants, 45, 60 ans et au-delà.
22:22Et c'est la raison pour laquelle il n'a cessé de rajouter des sports type surf, glisse,
22:28qui étaient des sports qui n'étaient pas pour autant connus sur toute la planète,
22:34mais comme il a été dit tout à l'heure, c'était des sports qui étaient pratiqués dans les briques.
22:38Donc le CIO aujourd'hui est vraiment confronté à son destin,
22:44et pour l'avenir, moi je pense personnellement qu'il faudra abandonner non pas les Jeux,
22:51mais cette idée d'une guerre de candidatures,
22:56alors non pas pour aller à Olympie peut-être comme le proposait Coubertin,
23:00ce qui ne serait pas tenable,
23:02mais peut-être pour organiser les Jeux sur la planète, vraiment sur la planète,
23:06sur plusieurs pays,
23:08et à partir de là, mobiliser les opinions, développer la pratique sportive,
23:15ce qui n'enlève rien au titre de champion olympique.
23:18Alors on n'est pas en train de tuer les Jeux olympiques,
23:20mais on est en train de se dire comment, au contraire,
23:22les Jeux olympiques et le sport mondial peuvent évoluer,
23:25parce que c'est vrai que le lieu unique qui pose tous les problèmes qu'on vient de soulever,
23:31géopolitique, écologique, est peut-être à remettre en question
23:35pour faire d'une grande fête du sport,
23:37mais qui serait relayée par les moyens modernes de communication.
23:40Est-ce que ça vous semble réaliste ?
23:42En tout cas, c'est des pistes à creuser.
23:44Quand on prend le bilan carbone d'un grand événement sportif,
23:47hors construction, la construction est un gros poste d'émission de gaz à effet de serre,
23:50mais sur les grands événements où il n'y a pas besoin de construction,
23:54le plus gros poste, à 80%, c'est les transports.
23:57Et en grosse partie, ces 80% sont dus aux transports aériens.
24:01Donc à un moment donné, quand on a des objectifs comme celui qui est donné
24:06et signé par pas mal d'organisateurs et de grandes instances du sport de l'ONU,
24:10de la Climate Action Programme de l'ONU,
24:13qui donne une réduction de 50% à 2030,
24:16on voit bien qu'il va falloir à un moment donné
24:19s'affranchir de l'utilisation des énergies fossiles.
24:21Il va falloir qu'on arrive à réduire cette part-là,
24:24sinon on n'arrivera pas à atteindre cette...
24:27Et ces signes-là, est-ce que ce n'est pas justement la recette pour aller chercher les jeunes ?
24:32Les jeunes qui sont souvent un peu, vous le disiez très bien,
24:35là, il y a quelques instants, on est plus vers le surf, vers des sports nature.
24:39Et ces jeunes-là qui sont passionnés par ces sports-là,
24:42je pense n'ont que faire de voir des milliers de personnes arriver en avion
24:46et peut-être vont-ils se révolter contre ça et accepter une autre forme.
24:50En tout cas, c'est sûr qu'il commence à y avoir une inacceptabilité de ce trafic
24:55et de ces grands événements qui ont une image qui peut paraître décalée
25:02par rapport à la réalité de l'urgence environnementale
25:04et qui, du coup, fait un sentiment d'inacceptabilité de ces grands événements.
25:10– Attention de ne pas montrer du doigt que le sport.
25:13Tous les plus grands congrès, tous les grands rassemblements hors sport
25:17ont déjà entamé cette mue ou sont conscients de ce type d'évolution nécessaire ?
25:22– Oui, il y a évidemment des transformations.
25:24Paris 2024 est un bon exemple.
25:27Dès la conception, il y a eu cette réflexion de dire
25:29si on les fait, on les fait au bénéfice de quel projet de société ?
25:33Et si on arrive, si le Cogeo arrive à tenir l'alignement avec l'accord de Paris,
25:39c'est-à-dire à moins 50% par rapport au CEO de Londres,
25:42c'est parce que dans son concept même, il a imaginé un événement
25:47où on ne construit pas, où on essaye d'optimiser l'ensemble,
25:50aussi parce que le cahier des charges du CEO a évolué
25:53et a réduit les jauges obligatoires suite aux travaux qui ont été faits de l'agenda 2020.
25:58Mais c'est des transformations qui existent et qui sont de plus en plus présentes.
26:04– Qui provoquent des remous, des basketteurs notamment,
26:06qui ne veulent pas aller jouer dans une halle
26:08alors qu'on aurait pu construire une nouvelle salle.
26:11Ceci explique aussi cela.
26:14– Oui, et puis il y a question de l'impact direct que le sport a sur l'environnement.
26:22Donc on parle climat, mais il y a aussi l'impact sur la biodiversité,
26:24sur l'ensemble des écosystèmes et notre système agricole en état.
26:30Il y a aussi une question…
26:32En fait, je vais reprendre l'idée de l'arme à double tranchant.
26:36Le sport et le spectacle sportif,
26:38j'inclus les messages des personnalités sportives sur les réseaux sociaux,
26:41la publicité des grandes marques de sport,
26:44ils façonnent nos modes de vie, ils façonnent nos comportements,
26:47ils construisent nos idées de haute pratique, nos idées de réussite sociale.
26:50C'est grâce à la publicité et les échanges de valeurs
26:53qu'on peut avoir à l'adossement de marques de véhicules
26:57avec d'autres grands événements qui fait qu'on est attiré par un modèle de société.
27:03Et ce rôle-là, en fait, il peut être…
27:07Le rôle que le sport a là-dessus, c'est qu'il influence un mode de vie
27:11qui n'est pas forcément compatible avec les enjeux environnementaux.
27:13– D'accord.
27:14– Et cette puissance qu'a le sport d'influencer, il est à double tranchant
27:18parce qu'il va falloir qu'on choisisse, entre guillemets,
27:21quel mode de vie on veut promouvoir à travers notre spectacle sportif,
27:25à travers nos grands événements.
27:26Est-ce qu'on est sur un mode de vie qui va être impactant pour l'environnement
27:30et qui du coup, in fine, va être impactant pour nos modes de vie
27:33et notre pratique sportive ?
27:35Ou est-ce qu'on commence à faire une transition, un virage,
27:38où on promeut un mode de vie qui peut-être n'est pas à aller pratiquer
27:43à l'autre bout de la planète tel et tel sport parce que le spot est beau
27:47et qu'on l'a vu sur les réseaux sociaux ?
27:49– Alors, j'aimerais maintenant, notamment avec vous Lucas,
27:51qu'on s'intéresse à deux cas, le cas de la Russie et de la Chine.
27:55Alors le cas de la Russie est évidemment d'actualité,
27:58on parle beaucoup de sanctions par rapport à la Russie,
28:01par rapport à ce qui se passe en Ukraine.
28:03Est-ce que le sport entre ?
28:05Évidemment, je ne fais même pas une question, c'est une évidence,
28:08le sport entre dans ce schéma-là.
28:11Et aujourd'hui, l'impact géopolitique du sport,
28:14de la politique sportive vis-à-vis des États qui se mettraient ainsi en faute
28:18est plus réel que jamais selon vous ?
28:22– Ah oui, complètement.
28:23Il y a eu une succession de prises de décisions à l'encontre de la Russie
28:28de la part des organes du sport international
28:31qui a été quasiment sans précédent.
28:34Alors, on avait vu effectivement la Yugoslavie en 92
28:38et l'Afrique du Sud en 1970 être exclues du mouvement sportif mondial,
28:43mais ça n'avait jamais été le cas d'une grande puissance sportive,
28:48ou en tout cas d'une puissance sportive majeure.
28:50La Russie est régulièrement dans le top 5 des plus grandes pays du sport, etc.
28:55Aujourd'hui, suite à l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe,
28:59le CIO, la FIFA, l'UFA, l'AF1 ont décidé d'appeler au boycott
29:05de la puissance russe d'un point de vue sportif.
29:07Donc, ça faisait suite effectivement aux sanctions diplomatiques
29:10et économiques que connaissait le pays.
29:12Ce qui est intéressant, c'est que jusqu'à présent,
29:15le CIO et la FIFA se refusaient de prendre des décisions politiques
29:18à l'encontre des États, puisqu'ils disaient justement
29:20qu'elles devaient être neutres, apolitiques,
29:22elles devaient finalement faire le passerelle
29:24entre les États autoritaires, les États antérieurs,
29:27les démocraties pacifiques, etc.
29:30Là, finalement, cette situation marque un précédent dans le sport du sport,
29:34c'est-à-dire que plus rien ne sera en détail.
29:38Est-ce que le CIO et la FIFA vont prendre leur responsabilité à nouveau,
29:44c'est difficile de le dire.
29:45Alors, Lucas Aubin, ça me permet de rebondir vers la Chine,
29:47parce que la Chine, visiblement, dans son dessin politique et géopolitique,
29:52a mis le sport au centre quasiment de ses objectifs.
29:58Elle veut être la principale nation sportive du monde d'ici 25 ans.
30:03C'est ça. Alors, ça a été annoncé par Xi Jinping en 2013,
30:08à l'époque où il avait aussi annoncé les fameuses nouvelles routes de la soie
30:11qui doivent redessiner l'économie planétaire, finalement.
30:15Et l'un des objectifs de Xi Jinping,
30:16outre le fait de devenir la première puissance économique,
30:19la première puissance militaire de la planète,
30:21c'est aussi de devenir la première puissance sportive.
30:24Et pour cela, tout est mis en œuvre actuellement,
30:27et a été mis en œuvre déjà depuis les années 80, 90 en réalité.
30:32L'objectif, c'est véritablement de créer des générations de sportifs
30:36capables de rivaliser avec les plus grands sportifs de la planète,
30:40donc sportifs américains, sportifs russes,
30:42sportifs plus largement occidentaux, etc.
30:44Et le but avoué de Xi Jinping, c'est également d'ici 2049,
30:49pour fêter le centenaire de la révolution chinoise maoïste de 1949,
30:56c'est d'accueillir un mondial de football, c'est également le remporter.
31:02Et pour ça, toute une politique footballistique a été mise en place en Chine,
31:06justement, afin de réussir à réaliser cet objectif.
31:12Et évidemment, c'est d'autant plus frappant en Chine
31:14que la culture footballistique est très peu développée en fait.
31:17Elle est en train de se développer,
31:19elle est en train d'être construite quasiment ex-millon.
31:22Et est-ce que ça va fonctionner ?
31:23C'est évidemment trop tôt pour le dire,
31:24mais justement, pour répondre à la question, au thème de votre émission,
31:28à quoi ressemblera le sport en 2050 ?
31:31Ce qu'on peut dire, c'est qu'en tout cas, jusqu'en 2049,
31:34il faut s'attendre avant la Chine,
31:35chercher à performer dans tous les sports,
31:37à la force de rue, dans le football,
31:39pour s'imposer comme l'une des principales,
31:42si ce n'est la principale, conscience sportive de la planète.
31:44Jusqu'au jour où la FIFA va dire
31:46« nous avons sanctionné la Russie par rapport à l'Ukraine »,
31:49quid du Uyghur ?
31:51Et là, on peut avoir aussi, vous le disiez un peu tout à l'heure,
31:54on boucle la boucle, ça va être, si j'ose dire,
31:56assez touchy de gérer les puissances
32:00qui jouent un peu avec les droits de l'homme ici ou là.
32:03Tout à fait, et c'est pour ça qu'on va se poser la question,
32:07à un moment donné, de savoir si,
32:08est-ce que le sport mondial, le mouvement sportif mondial,
32:11qui était l'apanage, je le répète,
32:13des puissances occidentales au XXe siècle,
32:16est-ce que ce mouvement sportif ne va pas redevenir
32:18l'apanage des puissances occidentales dans quelques années ?
32:21Puisque justement, il y a ce précédent russe qu'on a évoqué.
32:24C'est difficile de le dire parce qu'effectivement,
32:26on a du mal à imaginer aujourd'hui le CIO se passer
32:29d'une bonne partie des nations planétaires,
32:31puisque évidemment, une bonne partie des pays
32:34ne sont pas des modèles de démocratie.
32:36Comment faire pour les exclure du mouvement sportif mondial ?
32:40Ça paraît compliqué.
32:41Donc, on est face à ce moment un peu charnière actuellement
32:45et on a quelques pistes, notamment du côté russe par exemple,
32:48où on peut voir le Kremlin,
32:50par l'intermédiaire de Vladimir Poutine et du ministère des Sports,
32:53chercher par exemple à créer un microcosme sportif alternatif.
32:57Et on a entendu récemment notamment des rumeurs
33:01disant que Roman Abramovitch, l'oligarque russe proche de Vladimir Poutine,
33:05serait en quête de créer justement, par exemple,
33:08une compétition footballistique parallèle,
33:10une sorte de Champions League en version eurasiatique
33:14qui incluerait des équipes chinoises,
33:16mais aussi des équipes biélorusses, largement post-soviétiques
33:20et membres de la CIE, donc de la communauté des États indépendants
33:23qui sont généralement proches de la Russie.
33:25Donc voilà, ça peut être une autre piste, à savoir finalement,
33:28puisque le mouvement sportif occidental, international, plutôt occidental,
33:33n'intégrerait potentiellement pas les pays autoritaires,
33:36alors ceux-ci créeraient de leur côté leur microcosme sportif.
33:40Merci Lucas Aubin.
33:42Je reviens avec Alain Harvin-Béraud sur un autre sujet qui pourrait paraître anecdotique,
33:46c'est le sujet de la nationalité.
33:47On a quand même vu des choses, moi qui personnellement,
33:50qui suis un peu à l'ancienne, m'ont un peu choqué,
33:53c'est l'histoire de l'équipe de handball du Qatar.
33:57On a vu quand même des règlements évoluer et permettre au Qatar
34:01d'afficher une équipe de handball où deux joueurs seulement étaient natifs du pays,
34:07un peu comme dans un club, plutôt que dans une nation,
34:10et voir 15 jours plus tard, ces joueurs redevenir égyptiens, espagnols, français.
34:16Est-ce que c'est une évolution ?
34:17Est-ce qu'il va falloir mettre le holà à tout ça ?
34:19Ou alors la notion de drapeau, si tant est qu'on doit la défendre,
34:23la notion de drapeau et de nationalité dans les grandes compétitions internationales
34:27auraient plutôt tendance à s'effriter.
34:29Est-ce que c'est le sens de l'histoire ?
34:33Je ne pense pas que ce qui s'est passé au Qatar avec le handball
34:38soit forcément dans le sens de l'histoire.
34:41Par contre, donc on parle du Qatar, là il ne s'agit pas des Jeux Olympiques,
34:46il s'agit de la fédération internationale de handball.
34:50Donc vous voyez aussi comment les structures fêtières des différentes disciplines
34:56sont confrontées à la nécessité de développer leur sport sur la planète.
35:01Je vous rappelle que le handball c'est un sport qui est toujours olympique
35:05mais qui est ultra minoritaire sur la planète et Samarand je l'avais dit en son temps.
35:11Et donc chercher à tout craint à augmenter ses effectifs comme l'a fait le handball,
35:20ça conduit forcément à ce que je disais tout à l'heure,
35:23c'est-à-dire à greffer des athlètes, des entraîneurs,
35:28sachant quand même que du côté occidental,
35:32les règlements notamment de la FIFA et d'autres du rugby
35:36n'ont cessé d'évoluer pour accepter soit des nationalités étrangères comme dans le football,
35:43en les limitant, soit avec des phénomènes de naturalisation.
35:47C'est parce que la bulle du sport professionnel,
35:50qui est un sport de représentation,
35:52nécessite chaque fois pour assurer le spectacle de renouveler les enjeux,
35:59de renouveler les compétiteurs,
36:01d'où l'échec par exemple du projet des grands clubs de foot en Europe
36:06qui voulaient faire leur championnat uniquement entre eux,
36:09Real de Madrid, etc.
36:12Donc ça fait partie concrètement des conditions d'évolution.
36:18Alors je ne pense pas que la nationalité soit remise en cause pour autant, je ne pense pas.
36:24Alors soyons un peu optimistes,
36:27vous parliez tout à l'heure de sports qui intéressent les jeunes comme le surf, etc.
36:31On a remarqué quand même qu'il y a une approche de la compétition
36:34chez cette tranche d'âge qui est souvent d'ailleurs très concernée par l'écologie,
36:38qui n'est plus du tout la même.
36:40Donc on est là pour être ensemble, pour concourir ensemble,
36:44et finalement celui qui n'est pas médaillé n'est pas effondré comme dans d'autres sports.
36:49Est-ce que c'est une évolution vers laquelle on pourrait aller,
36:52vers une approche du sport un peu différente ?
36:54Maël pour commencer, et ensuite notre philosophe maison Alain-Arvin Vérault.
36:59Alors je ne suis pas sociologue du sport,
37:00mais moi l'impression que j'ai c'est qu'effectivement on commence à assister
37:05vers une glorification de sportifs qui ne sont pas forcément médaillés
37:09et qui ne vont pas forcément vers la compétition.
37:10Et il y a de plus en plus de sensibilité à l'histoire qu'on raconte,
37:15ou à l'événement, à l'aventure qu'on vit.
37:17En filigrane de ma question il y a le dopage évidemment,
37:20parce que le dopage c'est pour terminer premier.
37:22Or cette nouvelle approche du sport qu'on trouve chez les jeunes peut peut-être,
37:26je dis bien j'essaie de trouver un petit volet optimiste dans cette émission,
37:31mais peut-être que les jeunes ont une approche différente à Alain-Arvin Vérault
37:35qui peut justement balayer peut-être le sport à l'ancienne
37:38où on est prêt à écraser tout le monde pour terminer premier.
37:41C'est incontestable.
37:43Vous le voyez par exemple avec les sports de neige,
37:47l'apparition de toutes les disciplines,
37:50donc skid-box avec notre grand champion olympique,
37:53super conférencier Edgar Asrop-Pirand,
37:56mais vous le voyez dans toutes les épreuves
37:59qui se développent maintenant aux Jeux Olympiques d'hiver,
38:03où le ski alpin, qui est toujours pour nous bien évidemment une grande discipline,
38:08le ski alpin n'occupe plus la première place.
38:11Et ce que vous avez dit est très juste,
38:12c'est-à-dire qu'à l'arrivée,
38:14au lieu d'avoir des rivalités ou des bouderies entre athlètes,
38:19nous avons des embrassades entre tous les compétiteurs.
38:23Parce que le sport aujourd'hui, l'essentiel,
38:26et là je suis quelque peu en désaccord avec nos amis,
38:29ce n'est pas le sport qui fait la société patricienne,
38:32c'est la société qui fait le sport.
38:35Il y a un sport sociétal.
38:36Deux exemples précis, le futsal.
38:39Quand il a démarré le futsal,
38:41il a démarré hors les fédérations de football.
38:44Il a même été boycotté, etc.
38:47Au résultat, l'UFA fait une compétition internationale de futsal.
38:53Donc, c'est cette discipline que les jeunes créent,
38:58non pas de toute pièce,
39:00et pas parce qu'il y a du commerce,
39:02parce que la loi oblige et les mœurs décident.
39:07L'exemple dans lequel vous allez arriver,
39:10puisque ça fait partie de votre réflexion,
39:13sur l'économie.
39:14J'en parlais avant cette émission
39:16avec un expert international, Michel-Brice Wauteur.
39:19Aujourd'hui, l'économie du sport dans le monde
39:21représente la partie vente de produits sportifs.
39:27500 milliards de dollars.
39:30Ça représente la moitié de la totalité
39:33de la dépense sportive dans le monde
39:35qui est composée du sponsoring,
39:38qui est composée de la billetterie,
39:41qui est composée des droits TV et de quelques services.
39:46Donc, la réalité sociétale et économique du sport aujourd'hui
39:51n'est plus celle au travers duquel on regardait le sport.
39:56D'ailleurs, les enquêtes aujourd'hui, c'est frappant.
39:58J'arrêterai là.
39:59Les enquêtes aujourd'hui, c'est frappant quand elles disent,
40:02quand elles demandent aux personnes interrogées
40:06« Est-ce que vous faites du sport ? »
40:07Elles se sont rendues compte,
40:08ces organismes se sont rendus compte
40:11qu'en fait, on en arrive à la définition,
40:13qu'est le sport, c'est ce qu'il désigne comme tel.
40:16Alors qu'on était dans une époque
40:19où le sport avait toujours son label,
40:21il a toujours son label,
40:23mais la matrice sportive a considérablement évolué
40:26vers le bien-être, la convivialité à tous les âges.
40:30Ce qui pourrait donc provoquer l'évolution des compétitions.
40:33Une notion quand même,
40:35on aurait pu dire qu'en 2050,
40:37puisqu'on se projette vers l'avenir,
40:39on aura une place accrue pour les femmes.
40:41On peut dire, et on peut s'en rajouter,
40:42que le travail a été fait,
40:44puisque ça a mis très très longtemps,
40:45mais qu'en 2024, on aura exactement le nombre,
40:48le même nombre de compétiteurs que de compétitrices
40:51et il y aura une égalité totale,
40:53alors que dans les années 80,
40:56on en était encore très très loin.
40:59Merci, je vais remercier
41:01Lucas Aubin, géopolitologue à l'IRIS,
41:04spécialiste de la géopolitique du sport et de la Russie.
41:07Merci de nous avoir éclairé, Lucas,
41:09sur ces questions de géopolitique
41:12qui vont avoir un impact tellement important
41:14dans le sport dans les années à venir.
41:16On va dans quelques instants
41:18accueillir un dernier invité,
41:21David Smetanine, avec qui on évoquera
41:23l'évolution du sport à travers le handisport,
41:25justement, qui a enfin trouvé sa place.
41:27Mais quelle sera-t-elle dans les prochaines années ?
41:31On va essayer de le déterminer ensemble
41:32et on jettera un dernier œil, évidemment,
41:34sur l'écologie, sur le réchauffement.
41:36On parlera peut-être même
41:38des internationaux d'Australie
41:40où on joue à plus de 40 degrés,
41:43en mettant même peut-être en péril
41:44la santé des athlètes.
41:45On y revient dans quelques instants.
41:47Merci de rester avec nous.
41:55Troisième et dernière partie
41:57des grandes questions du sport.
41:58Vous êtes toujours avec nous
42:00et vous avez bien raison,
42:01car maintenant, on va essayer de se projeter
42:04encore plus sur cette fameuse année 2050,
42:06savoir ce que seront devenus les sports.
42:07On va revenir, évidemment,
42:09sur l'impact écologique
42:11et puis on va s'intéresser au handisport,
42:12mais pas seulement.
42:13Avec notre invité qui nous a rejoints,
42:17vous le voyez là à l'écran,
42:18David Smetanine, nageur,
42:19multiple médaillé paralympique
42:21et créateur d'une fondation
42:23handisport au Cameroun.
42:24David, merci d'être avec nous.
42:26Alors, tout d'abord,
42:27je vais vous laisser nous raconter
42:28où vous êtes, parce que tout à l'heure,
42:30on parlait de l'influence
42:32sur l'aménagement du territoire des Jeux.
42:34C'était un des seuls points positifs,
42:35d'ailleurs, qu'on arrivait à souligner
42:37pour les années à venir.
42:38On parlait des infrastructures,
42:41de l'aménagement du territoire
42:42et on donnait comme exemple Grenoble.
42:44Et vous êtes à Grenoble,
42:45dans un lieu assez symbolique, on va dire.
42:48Exactement.
42:49Bonjour tout le monde,
42:50je suis sur le parc Paul Mistral,
42:52ce parc qui a accueilli les Jeux de 68.
42:55Derrière moi, on distingue l'anneau de vitesse,
42:58les tribunes et ce qu'il en reste.
43:00Et je suis adossé à l'Alexie Manseau,
43:03qui était l'ancien patineur d'entraînement
43:05des Jeux de hockey sur glace
43:06et des patineurs de 68,
43:09puisque les événements, les épreuves avaient lieu,
43:11les matchs avaient lieu au Palais des Sports,
43:14qui est juste derrière nous,
43:15dans ce grand parc Paul Mistral,
43:17le centre-ville de Grenoble.
43:18Le poumon olympique et le poumon vert de la ville.
43:20Avec un gros gros impact sur l'histoire même de la ville.
43:22Ces Jeux de Grenoble ont beaucoup compté
43:24dans l'évolution de cette ville de Grenoble.
43:26On va évoquer maintenant le handisport.
43:28On disait tout à l'heure, en évoquant les femmes,
43:31que la parité était enfin atteinte
43:34lors des Jeux olympiques de 2024.
43:36Pour le handisport, beaucoup de chemins
43:38ont été parcourus également,
43:40puisqu'on a déjà désormais une exposition médiatique,
43:42on a du monde dans les salles.
43:44David, quel regard vous portez aujourd'hui,
43:46avant de parler de l'avenir,
43:48sur ce handisport justement ?
43:49Est-ce qu'il a trouvé sa place ?
43:51Est-ce que mon analyse n'est pas trop optimiste ?
43:54Non, il faut être optimiste et je vous en remercie d'ailleurs.
43:56C'est très important dans le sens où
43:59le sport handicap, c'est aussi le sport santé,
44:00c'est aussi une prise de conscience
44:02que l'activité physique et sportive
44:03est avant tout une bonne santé.
44:06Il y a l'aspect compétitif qui est mis en avant,
44:08notamment lors du Paralympique,
44:09et enfin mis en avant lors du Paralympique,
44:12notamment parce que nous avons bientôt
44:13les Jeux de Paris 2024 qui arrivent,
44:14mais c'est très bien de le voir dans ce sens-là
44:16et de façon aussi objective ou aussi positive,
44:19simplement parce que je crois qu'en effet,
44:22ça démontre simplement que le sport s'adresse à tous.
44:24Il est universel et que quelles que soient nos différences,
44:26nos couleurs de peau, notre handicap ou son handicap,
44:29on peut pratiquer le sport bien entendu.
44:31Donc c'est une bonne chose et je dis souvent que
44:35au-delà de Noël, il ne reste peut-être que
44:36les Jeux Olympiques et Paralympiques
44:38qui restent vraiment sains ou objectivement
44:41quelque chose de festif qui rassemble le monde entier.
44:44Donc il faut prendre les choses dans ce sens-là au contraire.
44:47J'en suis tout à fait favorable.
44:48Alors l'évolution technologique,
44:51est-ce qu'on va passer maintenant à une nouvelle phase ?
44:53Parce qu'on portait avant un regard
44:55sur les Jeux Paralympiques ou sur le sport handicap
45:01où on disait parfois avec ces phrases
45:03qu'il mourait le pilier, quel courage, c'est formidable.
45:05Aujourd'hui, on parle de performance,
45:06on parle de technologie.
45:08On arrive à avoir un record du monde de sauts en longueur
45:10battu par Marcus Remme en 2018.
45:13On arrive à avoir Pistorius qui s'est rendu célèbre
45:16pour d'autres raisons, mais qui avait pratiquement
45:19un avantage avec ses prothèses dans le sprint.
45:22Est-ce que ce côté technologique va prendre un peu le pas
45:24dans les années à venir à votre avis ?
45:27Je pense qu'il doit être au service de la performance.
45:30C'est incontestable.
45:32Ne pas occulter le fait que les hommes qui s'entraînent
45:35sont les premiers acteurs de leur performance.
45:37Mais qu'en fait, bien sûr, la technologie évolue avec le sport
45:40comme elle a évolué depuis toutes ces années au niveau olympique.
45:43Et elle doit aussi évoluer au niveau paralympique, c'est évident.
45:46Vous avez cité tout à l'heure Oscar Pistorius, bien sûr,
45:49qui a été demi-finaliste sur 400 mètres en athlétisme,
45:52ou Marcus Remme, qui est une référence en saut en longueur.
45:55Mais derrière ces lames de carbone que l'on voit à l'écran,
45:57il y a aussi des acteurs du sport qui ont des cuisses bien musclées,
46:01qui poussent très fort pour avoir la restitution d'énergie.
46:03Donc, ce n'est pas un outil qu'on utilise comme ça du jour au lendemain,
46:07que monsieur ou madame Tout-le-Monde peut utiliser non plus.
46:10Le contexte est important dans le cadre de la performance.
46:13Mais voilà, c'est quelque chose qui doit évoluer en son temps,
46:16comme l'a fait la Formule 1,
46:19comme l'a fait le cyclisme avec des vélos plus performants,
46:21comme on a pu le faire nous-mêmes en natation
46:23avec des combinaisons de course pendant un certain temps.
46:26C'est quelque chose qui évolue de façon tout à fait cohérente
46:28et c'est important, je pense, pour la visibilité,
46:31pour les contrats de marketing qu'on peut avoir,
46:33pour l'engagement qu'on peut avoir avec les entreprises aussi,
46:35et puis pour améliorer la performance de nos sportifs, tout simplement.
46:39Maël Besson, je reviens avec vous, expert en transition écologique.
46:43J'aimerais citer David Goldblatt dans le livre Playing Against the Clock.
46:48Le sport a le pouvoir d'atteindre un grand nombre de personnes
46:52qui n'écoutent pas les scientifiques ou les politiciens.
46:55Ça peut être un outil puissant dans la politique climatique.
46:58Vous partagez ça ?
46:59Oui, complètement.
47:00Quand je disais que le sport façonne nos modes de vie,
47:04en fait, il façonne nos modes de vie par sa puissance d'exemplarité.
47:07Donc, il peut l'influencer dans un sens comme dans un autre.
47:09Donc, il y a vraiment cette question de dire
47:11comment on arrive à toucher des publics,
47:13à embarquer sur des sujets qui ne sont pas évidents,
47:16mais qu'on fait rêver avec des enjeux environnementaux,
47:18avec les actions qu'on va devoir prendre.
47:23Est-ce qu'on peut dire que le ski alpin, par exemple,
47:25pourrait disparaître des Jeux à cause du dérèglement climatique ?
47:30C'est sûr qu'il y a une baisse du taux d'enneigement
47:32qui fait qu'il remet en question la discipline et l'essor de la discipline.
47:37Dans un monde à plus de 2 degrés,
47:39on n'aura plus que 30% des stations dans les Pyrénées
47:43qui auront un enneigement artificiel suffisant.
47:47Si un monde à plus de 4 degrés,
47:50en fait, on n'a plus aucune station dans les Pyrénées
47:53qui aura un enneigement suffisant pour pouvoir pratiquer.
47:57Et ça, on le retrouve, les conséquences du dérèglement climatique sur le sport,
48:00on le retrouve sur plein de sujets, sur le sport de tous les jours.
48:03Dans un monde à plus de 2 degrés,
48:04on va avoir jusqu'à 24 jours par an supplémentaires
48:09où il fera plus de 32 degrés,
48:10où donc la pratique risque d'être déconseillée.
48:12Si on arrive à une trajectoire, un réchauffement à plus de 4 degrés,
48:16on est jusqu'à deux mois de plus par an,
48:18où en fait, il fera 32 degrés et plus et on ne pourra plus pratiquer.
48:22Ça aura des impacts aussi sur le gazon, le terrain engazonné.
48:26Clairement, il n'est pas capable d'encaisser des pics de chaleur
48:30sur des périodes de plusieurs jours,
48:33en plus qui arriveront sur des moments où on a des restrictions en eau.
48:37Donc oui, on va avoir ces conséquences du dérèglement climatique.
48:41Alors, essayons de conclure.
48:44On va prendre le temps sur ce sport tel qu'il pourrait être en 2050.
48:49On a parlé de géopolitique tout à l'heure,
48:51avec les grands blocs qui vont se créer,
48:52avec peut-être les blocs de pays autoritaires
48:55ou dictatoriaux qui vont créer leurs propres manifestations,
48:59puisqu'exclus par les grandes fédérations et autres des compétitions.
49:04Revenons un peu à la philosophie même du sport.
49:08Et je vais me tourner à nouveau vers Alain Arvin-Vérot.
49:11Est-ce que finalement, ce n'est pas le sport plaisir,
49:13le sport amateur qui va rafler la mise parce qu'il ne sera pas justement
49:17confronté à toutes ces problématiques de bilan carbone,
49:21de grandes compétitions, etc. ?
49:24Oui, tout à fait.
49:25Il a commencé déjà à rafler la mise,
49:27je le disais tout à l'heure, au niveau des pratiques outdoor.
49:31Mais c'est effectivement le devenir du sport qui sera autour du plaisir,
49:37du bien-être, du ludique,
49:38d'ailleurs qui était dans la matrice du sport originel,
49:41parce que ce n'est pas né comme ça du jour au lendemain.
49:46Il y a toujours eu cette question du jeu, du plaisir,
49:49même si à la fin du 19e, c'était les classes aisées
49:52qui avaient confisqué entre guillemets le sport
49:55parce que c'était leur loisir,
49:56qu'après on a eu les avancées du franc populaire sur les vacances
50:01et sur cette pratique du sport en plein air.
50:05Et aujourd'hui, on le voit par exemple avec des fédérations,
50:09je prends une fédération comme la FSGT,
50:11qui ne peut plus s'appuyer sur sa culture ouvrière d'origine,
50:15avec la CGT.
50:16C'est une fédération qui continue d'exister
50:19voire qui se développe comme d'autres fédérations omnisport,
50:23parce qu'elles offrent plusieurs types de pratiques à leurs adhérents
50:27et qu'aujourd'hui, tout au long d'une vie,
50:30on change de pratique.
50:31On peut avoir été un athlète de haut niveau, un athlète moyen
50:34et on va continuer de faire du sport.
50:37Or, la question essentielle, c'est de faire du sport
50:40le compagnon de toute une vie qui respecte la nature.
50:44Alors Alain Arvand-Béraud,
50:46je suis sûr que ces paroles ont un raisonnement,
50:49une résonance, pardon, chez David Smetanin.
50:51Vous avez été, vous êtes le seul d'ailleurs autour de cette table,
50:54un athlète de très haut niveau.
50:55Vous êtes multiple médaillé olympique.
50:58Deux questions.
50:59Est-ce que ça vous parle de dire que finalement,
51:00il va falloir revenir un peu au sport loisir
51:03et éviter le tout compétition ?
51:05Et ma deuxième partie de question,
51:07est-ce que vous seriez capable d'envisager
51:09ce qui a été évoqué tout à l'heure lorsqu'on parlait du sport
51:11dans les années 2050, de faire des Jeux olympiques
51:14où, pour éviter des milliards de kilomètres faits en avion,
51:19où chacun finalement, concourrait peut-être dans son pays
51:24avec un esprit olympique et puis des échanges
51:26par des voies aujourd'hui modernes de communication ?
51:29Est-ce que tout ça vous choque ?
51:30Est-ce que tout ça vous parle ?
51:31Autour de moi, j'ai une personne qui est sénateur,
51:35et aussi directeur de la commission de sport au Québec,
51:38avec qui on a réussi à faire enfin passer une loi
51:41qui concerne la démocratisation du sport en France.
51:44Ce n'est pas une petite avancée,
51:45c'est quelque chose de très important,
51:46c'est un peu le B.A.B.A. finalement.
51:47On a eu du mal à le faire passer à l'Assemblée nationale,
51:49ça a enfin été voté, et puis maintenant au Sénat,
51:54ça démontre clairement que le sport doit être un argument
51:56et un outil quotidien pour tout le monde.
51:59Un outil de bienfait, un outil d'épanouissement,
52:01un outil de performance
52:03que l'on peut retrouver à la fois dans l'entreprise,
52:05mais à la fois chez Maussman, à la fois pour le monde,
52:06quel que soit l'objectif.
52:09Quant à la deuxième partie de la question,
52:12je ne suis pas spécialement favorable
52:14à tout ce qui est sport en discipline.
52:17Au contraire, c'est ce que sont les Jeux Olympiques
52:20et les Jeux Paralympiques qui doivent
52:21continuer à rassembler les gens du pays.
52:24On a des solutions, je pense, pour réduire les taxes carbone,
52:27trouver des solutions pour avoir des Jeux
52:28qui seront plus et plus responsables.
52:31Et je dirais simplement qu'il y a un outil
52:34où on peut réformer profondément notre pays
52:38et le monde entier dans les prochaines années.
52:41C'est bien le sport, autant sur le plan social
52:44que sur le plan économique, que sur le plan environnemental.
52:47Donc, accordons une place au sport,
52:51une vraie place au sport, en tout cas en France,
52:52dans le pays, je le souhaite de tout cœur.
52:55Merci en tout cas.
52:56Un dernier mot pour Maël Messon.
52:58Je vais simplement vous demander
53:00de faire un peu de politique fiction.
53:02C'est quoi pour vous le sport en 2050 ?
53:06Un sport qui s'est adapté, qui s'est adapté
53:09aux conséquences et aux évolutions de nos climats
53:12et de notre environnement, mais aussi géopolitique.
53:14Et de toute façon, le sport a toujours évolué.
53:17Et ce sera un sport qui aura été capable d'anticiper
53:22le contexte environnemental et géopolitique futur.
53:27À vous, Alain Hervin-Béraud, vos Jeux Olympiques de 2050.
53:31Bon, soyez honnêtes, on a peu de chances de les voir.
53:33Mais comment les imagine-t-on ?
53:35Écoutez, dans l'ordre d'idées qui vient d'être évoqué,
53:40il faut effectivement que cette question-là soit posée au CIO.
53:44Comment imaginez-vous les Jeux en 2050 ?
53:48Et il y a un rôle important du CIO, du mouvement sportif.
53:55Et encore une fois, je répète que c'est la société et les individus.
54:01Et je ne suis pas pour parler d'individualisme,
54:04je suis pour parler d'épanouissement personnel qui n'enlève rien
54:09à l'attachement à une société, à un club, quelle que soit une communauté.
54:15Donc l'avenir s'écrira avec ce sport libre, ce sport ouvert et respectueux.
54:24Il faut de la liberté dans le sport,
54:27beaucoup plus de liberté encore qu'il n'y en a aujourd'hui.
54:30Voilà, merci à tous. Merci à David, Alain.
54:33Merci à vous également, Maël.
54:35Le sujet n'était pas facile, facile.
54:38Mais en tout cas, on a pu mettre le doigt sur tous les dangers qui guettent le sport.
54:42Mais je crois que depuis quand même bien longtemps, le sport a toujours su s'adapter.
54:47Alors c'est vrai qu'on va faire un petit tour au Qatar pour la Coupe du monde de football.
54:49Ce n'est peut-être pas le meilleur exemple.
54:51Mais en tout cas, on a un avenir qui peut quand même être riant.
54:54Merci en tout cas de nous rester fidèles à bientôt pour une nouvelle émission
54:57qui traitera une nouvelle fois de ces grandes questions du sport.
55:00Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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