• il y a 6 mois
Ce mois-ci dans les Grandes Questions du Sport, Patrick Chêne et ses invités s'interrogent sur la question du sport en France. Les JOP 2024 seront-ils un moyen de faire de la France une véritable nation sportive ? Invités : Olivier GIRAULT (Directeur UNSS et champion olympique de handball) Adil EL OUADEHE (DTN UFOLEP) Guillaume DIETSCH (Professeur STAPS) Julien STALIN (DTN adjoint FFSE) Julian JAPPERT (Président du Think Tank Sport et Citoyenneté

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Sport
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00:00Bonjour à tous, soyez les bienvenus, merci d'être fidèles à notre rendez-vous des
00:26grandes questions du sport. Alors aujourd'hui, elle est grande la question, elle est très
00:30très grande, la France est-elle une nation sportive ? J'ai l'impression qu'on s'est
00:35posé la question quelques fois ces dernières années, est-ce qu'on peut être un peu plus
00:39optimiste, un peu plus souriant aujourd'hui ? Évidemment, à quelques semaines des Jeux
00:43Olympiques de Paris 2024, est-ce que le projet Performance Paris 2024 peut avoir un impact
00:49sur le sport et en tout cas l'image dont les Français, la manière dont ils abordent
00:57le sport, notamment à l'école, on en parlera dans quelques instants, et puis tout au long
01:00de leur vie dans l'entreprise ou ailleurs. Pour parler de tout ça avec nous aujourd'hui,
01:04Guillaume Ditsch est avec nous, enseignant STAPS à l'Université Paris-Est-Créteil
01:08et auteur du livre Les Jeunes et le Sport, c'est chez De Bock Supérieur, avec une préface
01:16d'Isabelle Keval. Donc Les Jeunes et le Sport, ça va évidemment nous intéresser
01:21avec un petit sous-titre, Pensez la société de demain, on est là pour ça. Avec nous
01:26également Adil Elouadé, vous êtes DTN de l'UFOLEP, c'est aussi une autre manière,
01:31directeur technique national, d'aborder le sport par l'UFOLEP, on en parlera évidemment,
01:36on verra s'il y a une dynamique de ce côté-là. Julien Stalin est avec nous, DTN adjoint
01:41de la Fédération Française du Sport d'Entreprise, ça passe par là aussi, on a eu l'occasion
01:45d'en parler dans cette émission, on parle vraiment de la France sportive, on ne parle
01:49pas que des médailles. Et puisque je parle de médailles, j'accueille avec beaucoup de
01:52plaisir Olivier Giraud, directeur national de l'UNSS, l'Union Nationale du Sport Scolaire.
01:58Olivier est plus connu évidemment, parce que contrairement à nous tous, je ne connais
02:02pas votre palmarès, moi je me suis racheté à vice-champion de France Uxel Cadet, en
02:07balle, s'il vous plaît. Olivier a fait un tout petit peu mieux que moi, je ne vais
02:11pas les citer, champion d'Europe, champion du monde, champion olympique, avec des beaux
02:17souvenirs en 2008 à Pékin notamment. Belle carrière, et il rebondit Olivier avec l'UNSS
02:24dont il est le directeur national, et avec ce livre, le Sport Power, alors le nom a
02:28vraiment de la signification, c'est vrai que dans le monde d'aujourd'hui, le sport
02:33dépasse largement l'idée de la pratique du sport sur un stade, lorsqu'à la nuit
02:38il tombe après le boulot, c'est évidemment un outil, et vous dites dans ce sous-titre
02:44également, ce qui me plaît beaucoup, il est urgent, mais ça fait longtemps que c'est
02:47urgent, de reconsidérer la place du sport à l'école, et d'en faire la pierre angulaire
02:52de la citoyenneté de demain, car je ne vais pas enfoncer des portes ouvertes, on aura
02:57l'occasion quand même de dire combien le sport peut avoir une importance aujourd'hui
03:01dans l'évolution de nos sociétés, qui sont parfois un peu bousculées, c'est le
03:04moins qu'on puisse dire. Avec nous également le directeur du Think Tank Sport et Citoyenneté,
03:09qui est partenaire de cette émission, il est en direct de Valencia, en Espagne, Julian
03:14Japper est avec nous, bonjour Julian, soyez bienvenu. Bonjour Patrick, bonjour à tous,
03:20très heureux d'être là. Alors, on va partager votre expérience, notamment par
03:23l'Espagne où vous êtes aujourd'hui, mais aussi dans les pays scandinaves où vous avez
03:26eu l'occasion aussi de vivre, on va voir comment ces autres pays se positionnent par
03:31rapport au sport. Je vais essayer de ne pas vous inonder de chiffres, mais l'année 2024,
03:36en France, c'est placé sous le signe du sport, Jeux Olympiques, plans performances,
03:40etc., on en parlera. Donc c'est l'occasion de voir ce que l'Institut National de la Jeunesse
03:45et de l'Éducation Populaire dit en 2023 sur les pratiques sportives en France chez
03:51les personnes de 15 ans ou plus. Donc on n'est pas totalement chez les jeunes élèves. Pour
03:56un pratiquant sur deux, la santé est une des principales raisons de faire du sport,
04:00donc on n'est pas que dans la performance, c'est une évidence. En 2022, 60% des 15 ans
04:05ou plus ont pratiqué une activité sportive au moins une fois par semaine. Chiffre assez
04:09étonnant, 60% et 72% une fois au cours des 12 derniers mois. Donc, le croisement de ces
04:16deux chiffres me semble un peu particulier. Toujours est-il que la pratique régulière
04:21est en hausse de 6 points. La France deviendrait une nation un peu plus sportive. Et puis,
04:26pour terminer avec ces chiffres, sachez que 47% de l'ensemble des pratiquants, c'est
04:33de la course et de la marche. Quelqu'un qui marche se considère avoir une activité sportive
04:38et au niveau de la prévention de la santé, c'est une activité sportive évidemment.
04:41Derrière, on trouve la gymnastique, les sports de cycles ou motorisés, les sports aquatiques
04:47ou nautiques, les sports de raquettes et très loin, avec 15% seulement des pratiquants,
04:53les sports collectifs. Donc, quand on dit qu'il n'y a que le foot dans la vie, ce n'est
04:56pas tout à fait juste puisqu'il n'y a que 15% des pratiquants qui font du sport collectif
05:01dans lesquels on trouve évidemment le handball, le basket, le volley et toutes les autres
05:04disciplines. Voilà, 27% des Français ont déclaré consacrer 1h30 ou plus par semaine
05:10à la pratique d'un sport, ce qui est pour moi un chiffre assez impressionnant, même
05:15si la moyenne européenne est de 33%. Mais enfin, un Français sur 4 qui fait 1h30 de
05:19sport par semaine, c'est quand même pas mal. Voilà. Maintenant, on va d'abord se
05:26poser une question globale avant de rentrer dans le sujet. Est-ce qu'on peut dire comment
05:32est cette situation actuelle du sport en France ? On va commencer avec Guillaume Ditch, auteur
05:38de ce livre « Les jeunes et le sport ». Quand on voit ces chiffres, on dit finalement qu'on
05:42n'est pas ridicule. Il y a une trentaine, une quarantaine d'années, nous étions ridicules,
05:46même dans l'approche des gens par rapport au sport. Quand on fait du sport, on nous
05:49regardait bizarrement. Les médias mettaient toujours le sport en dernier sujet du journal,
05:53ça n'intéressait pas grand monde. L'équipe de France de football était à peine à la
05:57télévision, la Ligue 1 jamais avant 1984. On a quand même une évolution forte. Quel
06:02est le regard que vous portez aujourd'hui, dans votre livre notamment, sur la jeunesse
06:07et la population française vis-à-vis du sport ? Est-ce qu'on est dans une situation
06:10où on peut être alarmiste, confiant, inquiet ? Quelle est votre position ?
06:16Déjà, sur le rapport des jeunes au sport, il a fortement évolué. Vous l'avez bien
06:20cité avec cette enquête INJEP. Les jeunes aujourd'hui, les 15-29 ans sur cette enquête,
06:25ils pratiquent davantage pour des raisons de santé, mais surtout pour des raisons de
06:28plaisir ou encore de convivialité. On voit que cette question de la compétition qui
06:32historiquement fonde le modèle un peu français, dans les années 60, a fortement évolué.
06:37On voit avec cet exemple des sports collectifs, en tout cas les sports fédérés, dans les
06:41fédérations des clubs, ce n'est plus la première aspiration des jeunes. Pour autant,
06:45ce qui est intéressant dans ces chiffres, on voit dans les débats un peu actuels que
06:49la France, on discutera peut-être du pays de sport, mais en tout cas, c'est un pays
06:52de sportives et de sportifs. Il y a une augmentation de 6 points, principalement sur cette question
06:58de l'activité physique. Et là, on y reviendra peut-être sur des chiffres qui sont assez
07:01alarmants sur l'état de santé des Françaises et des Français. Mais surtout, j'aimerais
07:07souligner un point important, c'est qu'aujourd'hui, le jeune ou les jeunes, puisqu'il y a une
07:10diversité aussi autour de ces chiffres, ils pratiquent pas uniquement un sport, comme
07:15historiquement peut-être le handball, un sport collectif, de l'athlétisme ou autre,
07:20on est plutôt sur de la multipratique. Donc, on est sur un jeune qui va s'inscrire dans
07:23une salle de remise en forme, qui va éventuellement pratiquer avec ses amis dans des espaces sportifs
07:29urbains, des espaces de musculation dans les villes, dans les campagnes, et à côté peut-être
07:33être inscrit dans une fédération. Donc, c'est assez complexe, effectivement, cet
07:37écosystème qui évolue fortement et qui peut-être bouscule aussi un modèle sportif,
07:41tout autant dans la société qu'à l'école.
07:43Adil Elouade, il y a un chiffre qui me plaît beaucoup, c'est que 19 à 21, donc avec
07:50le Covid aussi qui est rentré en ligne de compte, on avait une baisse de 21% des licenciés,
07:54des gens qui vont prendre une licence. Et moi, je me faisais une analyse comme ça,
07:58intuitive, je me disais, tiens, les gens sont sortis du cadre, de l'institution, est-ce
08:02que finalement il n'y a pas de nouveaux usages qui vont se faire ? C'est-à-dire de sortir
08:05de l'institution, de ne pas se sentir obligé de prendre une licence. Eh bien, pas du tout
08:08puisque le nombre de licences est reparti très vite à la hausse, plus 19% en 2022
08:13par rapport à 21 et plus 2 500 000 licenciés. Est-ce que les sportifs, et j'y viendrai
08:20ensuite avec Olivier par rapport à l'école, est-ce que les sportifs ont gardé la confiance
08:24à l'institution ? Moi, je pensais que ça allait partir, vous savez ces petits terrains
08:28de 5-5 qu'on trouve un peu partout, il n'y a plus besoin de licence. Je me disais, la
08:32pratique du sport va se changer. Or, il se trouve que ça a l'air assez stable finalement.
08:35Les usages, ils ont même évolué durant le Covid. En tout cas pour nous, en tant que
08:43fédération sportive, on l'a vécu fortement durant cette période-là. Si je prends le
08:47cas de notre fédération à l'Ufolep, notre socle d'adhérents et d'adhérentes, on n'a
08:52plus seulement la licence classique compétitive, il est composé aujourd'hui même des pratiquants
08:585-5 qui viennent rechercher notre mode de compétition adapté par rapport à ça. Moi,
09:05je dirais plutôt que les usagers... Je ne sais pas s'il y a tant que ça une question
09:10de confiance envers les institutions ou pas, parce que les Français fonctionnent vraiment
09:15à la proximité ou à l'offre, donc c'est plus lié à est-ce qu'on va être en mesure ou en
09:20capacité de répondre à leurs attentes. Et puis si on n'y arrive pas, il y a d'autres acteurs qui
09:25le font, voire même il y a des démarches auto-organisées qui se font et qui sont très
09:29positives. Donc les usages ont fortement évolué, je pense même pour partie un peu grâce au Covid,
09:35en tout cas pour notre fédération. Alors pour résumer tout ça, Olivier, le sport scolaire,
09:40le sport de haute compétition, vous représentez les deux sur ce plateau, est-ce qu'aujourd'hui
09:44on progresse aussi dans la manière d'établir un relais entre ce sport scolaire qui bouge,
09:52vous allez me dire comment, pas assez sûrement, avec beaucoup de handball notamment, je l'ai vu
09:57personnellement. Il y en avait beaucoup de handball, c'est en train de changer. Et est-ce
10:00que le pont entre ce sport scolaire et le sport, géré par des institutions comme les fédérations,
10:06est-ce que ce pont fonctionne bien dans le handball précisément et dans le sport en général ?
10:12Il y a plein de choses, c'est l'évolution aussi du sport en général dans la société. Avant de
10:20répondre à ta question, dans les années 2000, tout simplement, c'était les enfants qui allaient
10:26faire du sport tout seuls. Soit à l'école, soit c'était les parents qui influençaient. Le sport
10:32était important pour la santé, pour la rencontre, mais finalement les parents n'avaient pas beaucoup
10:40d'influence. Aujourd'hui, la médiatisation du sport, la mbappétisation du sport a fait
10:48qu'aujourd'hui le sport est devenu un exercice social. Donc il faut se poser la question des
10:53enfants qui font du sport pour la rencontre, pour être avec des amis, tout simplement. On parlera
10:58du haut niveau et du sport amateur. Et puis cette vision aujourd'hui vraiment sociétale du sport,
11:05où le sport finalement fait rêver comme les stars de rock'n'roll. Et ça c'est un vrai frein. Aujourd'hui,
11:12la vision des parents par rapport au sport... Pourquoi c'est un frein ? Parce que la vision des
11:17parents a énormément changé. Aujourd'hui, on voit des jeunes qui vont plus au sport pour la bonne
11:24raison, pour être avec les autres. Ça veut dire qu'ils voient tout de suite la finalisation, la
11:31finalité du sport. Ça veut dire que je veux faire du sport pour être comme Mbappé, pour avoir une
11:35grosse voiture. Et aujourd'hui, ce combat, nous le menons et dans le sport scolaire, c'est l'opposé
11:43de ça. C'est un vrai engagement de ces jeunes. Et ces jeunes engagés, il y en a à peu près 1
11:50million 200 000. On parlait tout à l'heure de l'après-Covid. L'après-Covid, on se posait
11:55vraiment la question. Il y avait un épuisement parce que les professeurs d'EPS ont énormément
12:00agi pour faire bouger les enfants malgré le Covid. Et on se posait la question si l'engagement allait
12:05être le même. Et on a été énormément surpris. Et je remercie tous les professeurs d'EPS qui ont
12:10maintenu l'activité, qui l'ont épuisée pendant cette période Covid. Mais aujourd'hui, on a des
12:14chiffres tout simplement hallucinants. On en reparlera. Un enfant sur cinq dans le second
12:20degré s'engage à l'UNSS dans une pratique multisportive. Et pour les bonnes raisons.
12:28Par contre, on en parlera peut-être tout à l'heure, la vraie inquiétude, c'est les 4 sur 5. C'est ce
12:33gouffre qui est en train de se créer entre deux populations. Une population qui s'engage et qui,
12:39on parlera des bienfaits du sport, plutôt spinozien. C'est-à-dire qu'on a pendant très longtemps, on a
12:44séparé le corps et l'esprit. Très cartésien. Aujourd'hui, on sait par des études anglaises
12:51qu'il y a deux cerveaux. Il y a un cerveau, celui qui représente le QI, avec l'intelligence
12:58spatiale, numérique et verbale. Mais il y a 12 intelligences. Et aujourd'hui, elles sont reconnues.
13:03Et le sport en fait partie.
13:05Allez, on va à l'entreprise maintenant. On fait la boucle. 4 sur 5 n'ont pas choisi d'aller à l'UNSS.
13:10Ils pratiquent simplement leur cours de sport.
13:12Ça ne veut pas dire que les 4 sur 5, dedans, il n'y en a pas qui pratiquent.
13:15Bien évidemment. Simplement, ils ne sont pas allés vers l'institution, entre guillemets, à l'UNSS.
13:19Dans l'entreprise, comment ça se passe ? Pareil. Un constat aujourd'hui. Le sport dans l'entreprise, il y a 40 ans, c'était zéro.
13:27Aujourd'hui, on est petit, moyen, déjà grand. Quel est votre regard là-dessus ?
13:32Alors, on n'est pas grand. On est, je pense, moyen. L'évolution des mentalités a tendance à partir positivement
13:40vers de la pratique sportive en milieu professionnel, pour le coup. Pour donner quelques chiffres, on a quand même
13:4783% des collaborateurs qui souhaitent pratiquer de l'activité physique ou sportive au sein de leur entreprise.
13:55C'est déclaratif.
13:56Oui. Au-delà de ça, on a 17% des entreprises qui proposent de l'activité physique ou sportive à ces collaborateurs-là.
14:04Donc, en fait, on a des chiffres qui sont quand même parlants et on a envie d'être ambitieux et d'être plutôt positif.
14:11Finalement, tout le monde est convaincu des bienfaits de l'activité physique et il faut créer des solutions pour pouvoir les mettre en activité.
14:22Avant de parler avec Julien de ce regard global sur la société française par rapport au sport, quelle est votre action vis-à-vis des entreprises ?
14:32En quoi une entreprise, vous allez trouver les arguments pour la faire entrer dans votre fédération et proposer sans que ce soit,
14:41parce qu'évidemment, pour les grandes entreprises, c'est facile, pour les PME, TPE qui représentent la majorité des entreprises françaises,
14:48quel est l'argumentaire ? Comment vous arrivez à dire, c'est bon pour vous de vous lancer là-dedans, ça ne vous coûtera pas trop cher,
14:56ça fera moins d'absentéisme, ce sera meilleur pour la santé ?
14:59Michelin l'avait compris.
15:01Bien sûr.
15:02C'est vraiment Michelin qui s'est en place à Clermont-Ferrand à l'époque.
15:05Oui, mais pour un artisan ou quelqu'un qui va avoir 20 employés, quel est l'argumentaire ?
15:10Qu'est-ce que vous dites à ce chef d'entreprise ?
15:12Déjà, la fédération s'adresse à l'ensemble des entreprises.
15:15Les entreprises privées, les collectivités territoriales, toute activité professionnelle.
15:21Notre discours, c'est de porter vraiment le principe du sport, santé, bien-être,
15:28ça va être les bienfaits qu'on va apporter aux collaborateurs.
15:32Et aussi, il faut avoir un second discours vis-à-vis des équipes dirigeantes des entreprises
15:39où on va leur expliquer et s'éprouver scientifiquement des études,
15:45qu'on va améliorer aussi leur performance en termes de productivité,
15:49mais aussi sur tout ce qui est enjeux sociétaux, les enjeux environnementaux,
15:54des sujets qui reviennent très régulièrement.
15:57Julien, un élève sur cinq va vers l'UNSS, 17% des entreprises proposent du sport à leurs salariés.
16:07Est-ce qu'on est sur la bonne voie ?
16:09Est-ce que bientôt, il n'y aura plus ce regard condescendant sur la France et le sport ?
16:15Patrick, c'est une question extrêmement complexe.
16:19Merci beaucoup à tous.
16:21Il y a des militants autour de la table, mais faire nation sportive, ça ne se décrète pas.
16:27Même si c'est un élan et même s'il va falloir capitaliser sur les Jeux et sur les champions aussi,
16:35parce qu'on sait très bien que les résultats lors des Jeux vont entraîner de l'adhésion.
16:41Quand Lord Manoudou a gagné ses médailles, il y a plein de petites filles qui ont commencé à se mettre à la natation.
16:47Le rôle et l'inspiration des sportifs de haut niveau est hyper important.
16:52Mais ce n'est pas en mettant des labels, et là je vais le dire,
16:57et uniquement en étant une grande cause, qu'on va changer cette mentalité et cette nation sportive.
17:04Et là c'est important, on n'y est pas encore.
17:07Sur le handicap par exemple, on sait très bien qu'on va avoir des Jeux paralympiques qui vont être extraordinaires,
17:14qui vont nous faire changer la mentalité, un regard sur le handicap.
17:18Mais on sait très bien après les Jeux qu'il va y avoir une descente finalement,
17:22si tout le monde, et en particulier les acteurs publics, ne lance pas des politiques publiques
17:28pour aller chercher les publics éloignés finalement de la pratique.
17:33Et il y en a encore beaucoup en France.
17:35La construction d'une nation sportive, elle ne se décrète pas,
17:41elle se fait dans le long terme, et on espère qu'après les Jeux,
17:45il y aura des politiques publiques qui vont se mettre en place sur les territoires
17:50pour aller chercher justement ceux qui n'ont pas accès au sport,
17:53et qui ne comprennent pas l'intérêt du sport.
17:56Il y a un tout petit concept Patrick que je voudrais expliquer très rapidement,
18:00qui est canadien, même si je suis en Espagne ici, dans une ville très active
18:04qui a développé une politique d'urbanisation pour être active justement, c'est la littératie.
18:11Et Olivier le dit bien dans son discours et dans son livre sur le pouvoir du sport,
18:16il faut expliquer aux jeunes en quoi le sport est bon pour leur santé physique, mentale,
18:23en quoi ils seront meilleurs demain dans l'entreprise, en productivité,
18:29en quoi ils auront des carrières qui seront meilleures, et casser ces barrières
18:34où on a l'impression finalement que le sport pourrait même être un handicap,
18:38en particulier pour les jeunes filles qui pensent encore que pratiquer une activité sportive
18:43va nuire à leur carrière et à leurs résultats scolaires.
18:46Donc on a beaucoup de travail à faire, et on n'y est pas encore Patrick.
18:50J'ai bien compris que tout ça ne se décrète pas, et je peux dire une chose Julien,
18:54quand vous avez dit ça, j'ai 4 personnes autour de la table qui ont fait comme ça,
18:58qui n'avaient pas besoin de voter, on est tous d'accord là-dessus.
19:01Alors, ça passe d'abord par les jeunes, on va parler des jeunes avec Guillaume, avec Olivier.
19:06Aujourd'hui, on parle des fameuses 30 minutes d'activité physique quotidienne
19:11qui ont été expérimentées à l'Académie de Créteil, 10 000 écoles volontaires.
19:16Est-ce que ça existe vraiment ? Est-ce que ces 30 minutes d'activité quotidienne,
19:22parce qu'osons dire les choses, et c'est vrai que Julien a raison, ça ne se décrète pas.
19:26Quand je vois les chiffres du sport à l'école, pardon, je suis un petit peu sceptique,
19:30parce qu'on prend tout, voilà, on dit il y a 3 heures de sport,
19:35mais moi j'ai des enfants à l'école, j'ai encore une fille qui est en secondaire,
19:39et bien le temps de se changer, d'aller au stade qui est à 500 mètres,
19:44on fait une heure et demie de sport maxi, et qu'est-ce qu'on fait comme sport ?
19:48Le prof d'EPS, il est formidable, je suis d'accord avec Olivier,
19:51j'ai un total respect pour ces gens-là, et c'est vraiment, c'est pas facile de bouger les enfants.
19:55On oublie souvent qu'ils ont bac plus 5, c'est-à-dire qu'il n'est pas seulement...
19:58Exactement !
19:59Il n'est pas seulement...
20:00Parce que faire bouger un ado pour lui faire faire du sport,
20:03il y a le 1 sur 5 qui va à l'UNSS, et il y en a 2 sur 5 qui n'ont rien à faire...
20:08Mais qui ont les cours d'EPS aussi...
20:09Qui ont des cours, exactement.
20:10Pendant la semaine.
20:11Je dirais qu'il ne faut pas tout demander au sport scolaire.
20:15C'est-à-dire que le sport scolaire a sa spécificité,
20:18et je sais qu'en ce moment, il y a beaucoup de discussions entre le sport amateur,
20:22le sport scolaire et le sport professionnel.
20:25En fait, c'est une colonne vertébrale qu'on a séparée.
20:28C'est-à-dire qu'aujourd'hui, nous avons tout pour réussir,
20:32mais nous ne parlons pas le même langage.
20:35Et en fait, la première chose qu'il faut rétablir, c'est le langage entre tous ces organismes.
20:41C'est-à-dire que, comme je le dis, quand je cise au conseil d'administration du comité olympique,
20:47notre fédération, c'est peut-être la seule qui n'a rien à prendre, mais tout à offrir.
20:52C'est-à-dire que notre but, c'est de donner envie à des gamins de faire du sport,
20:57qu'ils puissent choisir ce qu'ils veulent faire,
20:59parce que souvent, quand t'es gamin, ton père a fait du foot, il t'emmène au foot,
21:03et quelquefois, tu as un prof qui te motive et te fait aller vers un sport,
21:10mais cette fédération, c'est vraiment la seule où, en fait, l'enfant choisit,
21:15on lui propose énormément de choses, il peut se découvrir aussi des talents, des vocations,
21:20et le plus important, c'est que c'est de l'éducation par le sport et du sport par l'éducation.
21:25C'est-à-dire qu'il n'y a pas seulement le sport, il y a la manière de le faire,
21:29de suivre les règles, de respecter l'autre, et le vrai travail,
21:33et en tout cas celui qui me plaît le plus, parce que j'ai été affecté par cette fédération,
21:39j'aurais pas fait de hand, j'étais footballeur, j'aurais pas fait de hand
21:43si un professeur d'EPS ne m'avait pas dirigé vers le hand.
21:46Moi, ce qui est le plus important, c'est la confiance en soi,
21:49parce qu'on parlait du sport pour les jeunes en situation de handicap,
21:54tu n'es pas sans savoir que 85% des sportifs que nous allons voir après cet été, en septembre,
22:00sont des personnes qui ont des accidents de la vie.
22:05Par contre, je ne dirais pas 100% des enfants en situation de handicap,
22:08mais au moins 90% sont dans nos écoles.
22:11Faire faire du sport à ces jeunes, il y a deux ambitions.
22:16On parle souvent des enfants, on parle très rarement des parents,
22:20ça affecte les parents aussi, et si demain nous sommes présents,
22:24et nous, nous ne faisons pas du sport pour les enfants en situation de handicap,
22:28et pour les enfants valides, nous faisons du sport.
22:30On a fait une émission passionnante là-dessus il y a quelques semaines.
22:33Pour une raison, c'est que l'enfant en situation de handicap découvre qu'il peut faire des choses.
22:40Et quand il retourne à l'école, sa place à l'école, il la trouve.
22:44L'enfant qui l'a accompagné, l'enfant valide, sa vision sur le handicap changera totalement.
22:51Ce qu'il faut se dire, c'est qu'il ne faut pas être pressé.
22:54Les constructeurs sont pressés, les bâtisseurs jamais.
22:57Et qu'en fait, nous devons bâtir quelque chose pour, dans dix ans, dans vingt ans.
23:03J'entends souvent la comparaison avec les pays anglo-saxons.
23:07Et souvent, on se met un petit peu en dessous.
23:11Le système français est un système juste fantastique.
23:15Dis-moi Patrick, dans quel pays, n'importe qui peut prendre une licence à côté de chez lui,
23:21à moindre coût, quel que soit son âge, quel que soit son sexe,
23:26et se découvrir et rencontrer l'autre.
23:29Je pense qu'on est l'un des seuls pays qui a encore ce système-là.
23:32Faisons très attention de ne pas détruire un système qui est juste fantastique.
23:36Évidemment qu'il faut l'améliorer. Évidemment.
23:39Il y a un petit paradoxe, parce que tout à l'heure, j'entendais Juliane qui disait
23:43qu'il faut que l'enfant, que le jeune ait envie de faire du sport pour sa santé,
23:47parce qu'il sait qu'il va être plus performant.
23:49Mais pardon, c'est très noble. Est-ce que l'enfant entend ?
23:55Je ne sais pas si un adolescent est soucieux de sa santé plus tard.
23:58Je pense qu'il ne l'est pas du tout.
24:00Donc quel est le langage qu'il faut trouver ?
24:02Et là, je m'adresse vers vous, Guillaume, avec la société de demain,
24:07Penser à travers le sport. Quel est le langage ?
24:09Je trouve qu'il y a quelque chose à rassembler entre ce que dit Juliane,
24:12c'est des valeurs fondamentales, rationnelles,
24:16et installer une ambiance générale qui va faire que le jeune va se sentir attiré par le sport.
24:21Et puis, ce côté un peu balayé par Olivier, mais qui m'interpelle beaucoup,
24:29c'est je fais du sport pour un jour avoir une belle voiture comme Mbappé.
24:32Donc comment on croise tout ça ?
24:34Et comment aujourd'hui, la société de demain s'écrit avec le sport ?
24:38Elle s'écrit sur quoi ? Sur un mix de ces deux valeurs ? Sur une seule ?
24:41Qu'est-ce qui fait bouger les lignes ?
24:44Je pense que c'est important ce qu'a dit Juliane, c'est un sujet qui est complexe.
24:48Et je pense qu'il est important de parler de différentes réalités sociales.
24:51Parce que l'ensemble de ces chiffres, les labels dont parlait Juliane,
24:54on est quand même sur un discours très uniforme.
24:57Il y a quand même encore aujourd'hui en France, malgré un modèle français qui marche bien,
25:01notamment avec un tissu associatif qui permet d'avoir accès à différentes installations sportives,
25:05des fédérations, multisports affinitaires,
25:08il y a une réalité, c'est qu'aujourd'hui, l'accès à la pratique sportive est très marqué socialement,
25:12en fonction des territoires, mais aussi en fonction du genre.
25:15Il y a des avancées, mais la réalité, dans le discours un peu actuel,
25:18on prend souvent l'exemple de la Seine-Saint-Denis,
25:21on est encore aujourd'hui quand même sur 50% des installations sportives,
25:24assez vitus, qui ont plus de 30 ans.
25:27Alors il y a des avancées, on parlera peut-être de l'héritage immatériel,
25:30on a parlé notamment de la piscine santénautique,
25:33et ça c'est évidemment une avancée importante.
25:35Mais la réalité, c'est qu'aujourd'hui, Olivier Giraud en parlait sur les cours de paix,
25:39sur le sport scolaire, c'est qu'effectivement, lorsqu'on parle de programmes,
25:42d'heures de paix ou de sport à l'école, la réalité, c'est qu'effectivement,
25:45en fonction de l'accessibilité, le temps de déplacement,
25:49mais aussi dans le cadre d'une poétie globale,
25:52lorsqu'on réfléchit aussi à l'éducation nationale,
25:54des classes qui sont plus surchargées, notamment au lycée, 35-40 élèves,
25:57effectivement il y a une difficulté à accrocher ces jeunes,
26:00et notamment dans des périodes assez clés.
26:02Il y a effectivement un décrochage important de l'actualité physique
26:05à l'entrée en collège, autour de 11-12 ans, ça c'est marqué,
26:08mais aussi au lycée, ou encore d'autres étapes de la vie,
26:11on en parlera peut-être en entreprise lors de l'entrée à la vie active.
26:14Donc je pense qu'il y a peut-être, dans le cadre des poétiques publiques,
26:17à se concentrer sur ces étapes de la vie, une réflexion à porter effectivement,
26:21puisque Juliane parlait de littératie physique, sur ce continuum.
26:24Effectivement, qu'est-ce qu'on doit faire apprendre un enfant
26:27dès l'école maternelle à 3 ans, un lycéen ?
26:30Et là, il y a des objectifs très différents.
26:32En maternelle, on ne parle pas de PS ou de sport,
26:35on parle de motricité, ensuite l'école élémentaire d'actualité physique et artistique.
26:39Et dans ce cadre-là, j'aimerais dire qu'effectivement,
26:41dans le modèle français, ce qui marche bien, c'est le sport scolaire.
26:44L'UNSS, l'UXL pour les établissements privés,
26:47mais aussi l'USEP en école élémentaire.
26:49Et dans ce cadre, j'aimerais dire peut-être,
26:51alors de manière un peu plus critique, mais quand même en amenant un peu de nuance,
26:54c'est qu'aujourd'hui, vous parlez du dispositif 30 minutes d'actualité physique quotidienne,
26:58c'est important, parce qu'effectivement, ça amène une réflexion
27:00sur la mise en mouvement aussi des corps, les enjeux de santé.
27:02Mais je pense qu'il est important aussi de dire
27:04c'est qu'il y a un existant qui pourrait être aussi renforcé
27:06dans le cadre de politique publique, le sport scolaire notamment,
27:09les heures d'EPS, mais pas simplement en augmentant des heures dans les programmes,
27:13en permettant cette accessibilité, en rendant effectives ces heures,
27:16parce que là, on a des rapports parlementaires qui montent cette diminution,
27:19et peut-être effectivement une réflexion sur quels sont les besoins
27:22pour un enfant 3 ans, 5 ans.
27:24Mais aujourd'hui, par rapport à nos modes de vie,
27:26on parle beaucoup de sénantarité, le rapport à la technologie,
27:29et jusqu'à aller sur ces lycéens-lycéens
27:31qui ont effectivement des modes de vie très différents
27:34et une impétence surtout très différente par rapport au sport.
27:36Alors, j'ai l'impression qu'au milieu de tout ça, il y a quand même la santé,
27:39alors il y a le vivre ensemble, il y a le fait d'apprendre à vivre ensemble,
27:42mais si on parle de musique par exemple, est-ce qu'on se dit
27:45il faut que tous les Français fassent de la musique,
27:47parce que la musique c'est formidable pour l'intellect,
27:50pour la santé, parce que ça décontracte, etc.
27:53Non, il y a ceux qui vont à la musique et on laisse tranquilles les autres.
27:56Nous, je me fais volontairement provocateur,
27:58nous on est en train de dire qu'il faut que tout le monde fasse du sport,
28:01parce qu'autrement on ne s'en sortira pas.
28:03Alors, est-ce que ce n'est pas une fausse voie ?
28:05Est-ce qu'il ne faut pas se dire, il y en a un sur cinq qui va à l'UNSS,
28:08laissons tranquilles les quatre sur cinq autres,
28:10et une fois qu'on sera en entreprise, ou une fois qu'on va aller à l'UFOLEP,
28:13on va aller s'occuper de sa santé,
28:15pour des raisons qui n'ont rien à voir avec la compétition.
28:17Est-ce qu'on ne se trompe pas ?
28:19Non, il y a une raison Patrick, c'est que ce n'est pas une fausse voie.
28:22Je m'en doutais.
28:24Il y a plus de vingt ans, il y a trente ans,
28:26tout à l'heure on parlait de marché, d'activité physique,
28:29des choses qui ne l'étaient pas avant.
28:32C'est-à-dire que dans les modes de déplacement avant les années 2000,
28:35aller à l'école en vélo, aller à l'école en marchant,
28:38on ne considérait pas que c'était une activité physique,
28:41c'était un mode de déplacement.
28:43Aujourd'hui, ce mode de déplacement,
28:45qui reste une activité physique,
28:47et avec une dépense énergétique certaine,
28:50permettait à des jeunes qui n'étaient pas très au fait de faire du sport
28:56de maintenir un état physique quand même acceptable.
29:00Aujourd'hui, nous avons un gros problème.
29:02Je parlais des organisations,
29:04de la colonne vertébrale qu'il faut revisiter.
29:07Aujourd'hui, je discute énormément avec Moïra de l'UCEP
29:12et aussi avec la partie FFSU, les universitaires,
29:17parce qu'il faut redéfinir cette colonne vertébrale,
29:19parce que nous voyons les jeunes qui arrivent aujourd'hui,
29:22on parlera de l'état physique des jeunes aujourd'hui,
29:25la baisse des capacités respiratoires.
29:29Il faut démarrer plus tôt,
29:32plus tôt pour une raison,
29:34pour que finalement le sport ne devienne pas une contrainte.
29:37La santé, ça devient une contrainte.
29:39Je fais du sport parce qu'il faut que je sois en bonne santé.
29:41Plus on donne accès aux jeunes tôt,
29:47plus ils prennent quelque chose dont on parle très peu,
29:50le plaisir de faire du sport.
29:52Et plus on engagera des jeunes au sport jeune,
29:56plus on leur laissera ce choix.
29:58Ils comprendront l'utilité de le faire et peut-être pas en association,
30:01mais en tout cas, ils seront acculturés au sport
30:03et feront du sport soit dans une association,
30:06soit librement avec des amis,
30:08mais nous devons redéfinir ensemble,
30:11toute la partie scolaire, une nouvelle vision du sport.
30:14Patrick, je voudrais rebondir sur ta remarque sur sport et musique.
30:18Parce qu'en fait, nous sommes faits pour bouger.
30:22Nous sommes faits pour bouger,
30:24nous sommes faits pour écouter de la musique si on en a envie.
30:28Mais le sport, ce n'est pas uniquement en avoir envie.
30:32Je crois qu'on est trop gentils dans le monde du sport.
30:37On ne défend pas,
30:39et le sport est un sujet politique, fondamentalement politique,
30:43on ne défend pas assez bien notre secteur.
30:45Aujourd'hui, il y a un milliard de personnes sur Terre qui vont être obèses.
30:49On n'est pas face à un sujet fun, de loisirs, secondaire.
30:53On est face à un sujet de société où il faut un courage politique aussi
30:58et il faudra, après les Jeux, un courage politique pour changer des choses.
31:02En Suède, les écrans sont sortis des écoles.
31:07C'est-à-dire qu'il y a un courage politique de dire que l'ennemi numéro un,
31:12ce sont, pour les jeunes, les écrans.
31:14Et quelle décision politique il faut prendre,
31:18et il faudra prendre pour considérer que le corps est prioritaire
31:23sur énormément d'autres choses qui vont être nocives,
31:27néfastes à l'individu et à la société que l'on veut demain.
31:32Donc ce sujet n'est pas un sujet secondaire
31:36et je crois qu'il faut qu'on communique davantage,
31:39qu'on invente des punchlines pour pouvoir défendre notre secteur.
31:43Le sport, il lutte contre les maladies.
31:46Le sport, il lutte en entreprise contre le burn-out.
31:49Le sport n'est pas un sujet secondaire.
31:52Je suis très content de ma question provocatrice.
31:54Elle a exactement provoqué, c'est le cas de le dire,
31:57ce que je souhaitais avec mon petit discours sur la musique.
32:00Alors, l'ufolep là-dedans ?
32:03L'ufolep, on est, en plus, en tant que secteur sportif d'Éric Delenseignement,
32:07nous, on est partisans d'amener tout le monde aussi bien vers la musique que vers le sport.
32:11Ça, c'est la première chose.
32:14Mais évidemment, les choses ne sont pas comparables.
32:17La provocation est une grosse ficelle, évidemment.
32:20En tout cas, tout ce qui est bénéfique au développement de la personne
32:25et à son émancipation devrait être,
32:28en tout cas dans la mesure du possible, systématisé.
32:31Et ensuite, plus pour rentrer effectivement dans le détail,
32:36je pense que traiter de la question de l'obésité, par exemple,
32:39je pense que c'est plus un sujet relatif aux activités physiques
32:44et à un mode de vie actif,
32:47plutôt qu'au sport si on part de la définition communément admise.
32:51Et quand je dis ça, je ne crée pas de l'opposition loin de là.
32:55Donc la question de la culture autour du mouvement,
32:59autour du déplacement,
33:02c'est une vision politique qu'on doit avoir qui doit dépasser le sport.
33:10C'est-à-dire que le sport doit être considéré comme un outil au service d'un projet.
33:14Et là, effectivement, si on prend la question par cet angle-là,
33:18ça nécessite de fait de penser une réforme de nos institutions
33:23parce que même la mise en place de politiques publiques
33:26ne sera pas suffisante si on n'a pas des institutions publiques
33:29qui sont adaptées à ce type de projet-là.
33:31Aujourd'hui, ce n'est pas le cas, c'est-à-dire qu'elles sont encore cadrées,
33:34centrées autour de la question du haut niveau.
33:37Et vraiment, j'insiste là-dessus, quand je dis ça, je ne crée pas d'opposition.
33:40Mais quand on parle de nations sportives, en réalité, il y en a deux.
33:43Il y a celle du haut niveau et il y a celle du commun des mortels.
33:46Et moi, je prends souvent l'exemple à la fois des États-Unis et de la Seine-Saint-Denis.
33:50Les États-Unis, par exemple, pour caricaturer,
33:52c'est les champions du monde du 100 m et c'est les champions de l'obésité.
33:56La Seine-Saint-Denis, c'est un des territoires, par exemple,
33:59qui fournit le plus d'athlètes de haut niveau, qui fait partie de ceux qui en fournissent le plus.
34:03Pour autant, c'est l'un des territoires où on a le moins d'adhérents.
34:06Donc, on voit bien qu'il n'y a pas de lien entre les deux.
34:09On peut avoir des passerelles et on doit avoir des passerelles.
34:11Mais je pense que créer du Mbappé ou créer un citoyen sportif,
34:16c'est deux projets différents.
34:18Et puis après, il faut voir à quel moment ça se concilie.
34:20Le paradoxe américain est fondamental sur l'obésité.
34:23Mais le modèle américain dans les universités est quand même assez vertueux
34:28puisque le sport y a sa place, comme absolument pas en France.
34:31Sauf que Patrick, lorsque tu finis l'université, il n'y a pas l'organisation du sport comme en France.
34:37C'est-à-dire que tu ne fais plus de sport.
34:39Mais par contre, le fait d'avoir fait du sport pendant toute ta jeunesse,
34:42tu deviens un superbe consommateur du sport, d'où l'obésité après.
34:46Par contre, tu deviens un suiveur du sport et tu fais vivre l'économie du sport à l'américaine.
34:51Parlons un peu quand même des volontés politiques.
34:54Parce que c'est vrai qu'être une nation sportive, ça ne se décrète pas.
34:58Et Julien a bien dit, on est d'accord avec lui.
35:00Mais il y a quand même des actions.
35:02On va parler d'abord de la grande cause nationale 2024.
35:04En quoi le fait que le sport, le ministère des Sports, les Jeux olympiques, les Paralympiques
35:11et le ministère de la Culture lancent cette grande cause nationale 2024,
35:15avec des événements qui sont structurants, est-ce que ça a un impact ?
35:19Je vais vous demander votre avis.
35:20La journée pour une France en forme, qui a été lancée au mois d'avril, le 10 avril,
35:24il n'y a pas très longtemps, aux Invalides.
35:26Des événements internationaux de sport au féminin.
35:29Le sport au cœur des villages, avec l'UFOLEB qui a lancé,
35:34ou qui va lancer d'ailleurs, dans le département du Cher,
35:37notamment des actions pour le sport dans les villages.
35:41Vous pourriez nous dire un mot.
35:42La tournée du sport inclusif, organisée par la fondation pour le sport inclusif.
35:46Le challenge étudiant 2024, qui aura lieu au mois de mai.
35:49La bonne échappée Tour de France à vélo, organisée par l'association La Vie en Rose.
35:53Il y a plein d'actions.
35:54Un petit éclairage sur l'action de l'UFOLEB, sport au cœur des villages.
36:00L'idée c'est de pouvoir apporter l'ensemble des outils, des programmes et des actions
36:04qu'on a l'habitude de mettre en place dans les territoires les plus éloignés.
36:07C'est vrai que sur ces 10-15 années, l'UFOLEB s'est fortement mobilisé,
36:12notamment à destination de ce qu'on appelle les quartiers prioritaires,
36:15avec la création d'un maillage, d'un réseau d'acteurs,
36:18de la dotation de moyens également pour développer les projets.
36:21Et là, l'idée c'est de pouvoir capitaliser sur tout ce travail qu'on a fait,
36:25pour revenir, parce qu'on a historiquement...
36:27Ce qui nous a permis de nous développer dans les quartiers,
36:29c'est parce qu'on avait également un historique en milieu rural.
36:31Donc là, l'idée c'est de terminer un peu cette oeuvre de structuration.
36:35Cette grande cause nationale, le sport, très bien, beaucoup d'actions.
36:40Moi, je me souviens de Chirac annonçant la grande cause nationale pour le handicap.
36:45Quelques années après, il y avait toujours aussi peu de lieux qui étaient accessibles.
36:50On avait beaucoup parlé, beaucoup parlé, et finalement il ne s'était pas passé grand-chose.
36:53Est-ce qu'on peut être un peu plus optimiste là ?
36:55En tout cas, d'un point de vue opérationnel, on peut l'être un peu plus.
36:59Il n'y a pas que l'UFOLEB, il y a d'autres acteurs engagés sur ces actions-là.
37:03Mais c'est que, pour le coup, on amène et on cherche à développer le sport
37:08et les activités physiques, pas seulement dans les équipements classiques énormes.
37:12Est-ce que, dans l'entreprise, dans l'école, chez les jeunes, vous avez senti un impact
37:16de cette déclaration politique grande cause nationale 2024, le sport ?
37:22J'amènerais peut-être quelques nuances.
37:24Alors, je vous rejoins effectivement sur la dimension positive,
37:28même si, j'ai envie de dire, par rapport à la question de l'héritage aussi,
37:31pour la jeunesse, pour cette poursuite de l'activité physique,
37:34peut-être cette grande cause, elle aurait dû arriver un peu plus tôt.
37:37Parce qu'on est sur l'année 2024, donc évidemment, le grand événement,
37:40les Jeux Olympiques et Paralympiques.
37:42Pour autant, on est sur un sujet, sur la promotion de l'activité physique et sportive.
37:45Encore une fois, un enjeu de santé dans un premier temps.
37:48Et peut-être, pour justement construire des politiques publiques sur le long terme,
37:52on aurait pu peut-être y penser un peu plus tôt.
37:56Pourquoi quelques inquiétudes aussi ? Parce que lorsqu'on remet un peu
37:59dans une politique globale, quand même des coupes budgétaires ont été annoncées
38:02dans différents ministères.
38:04On pourrait aussi parler un peu d'écologie, effectivement, sur les modes de vie.
38:07Aujourd'hui aussi, le sujet de la santé mentale, l'éco-anxiété pour ces jeunes.
38:11Et en quoi l'activité physique, justement, le rapport au sport,
38:13pourrait permettre d'y pallier.
38:15Et donc, dans ce cadre-là, peut-être que l'après, et pour cela,
38:18effectivement, Julien en parlait, il y aura peut-être un courage politique
38:21à avoir pour maintenir des budgets.
38:23Alors, le ministère des Sports, mais l'ensemble des ministères.
38:25Puisque là, on est en train de parler d'un sujet, finalement,
38:27qui concerne l'ensemble des ministères.
38:28C'est une politique interministérielle.
38:30Maintenant, là où j'aimerais quand même, effectivement, le préciser,
38:33c'est sur le local.
38:35Effectivement, peut-être pour changer un peu ces mentalités,
38:37il y a besoin, effectivement, que le tissu associatif,
38:40donc les clubs, la proximité, le sport scolaire,
38:44aussi l'UNSS, l'USEP, on en parlait à l'école,
38:47et l'école puisse être soutenue.
38:49Et là, peut-être, on peut amener quelques nuances
38:51lorsqu'on voit un peu cette période d'austérité,
38:53et ce qui a été annoncé dans les différents ministères.
38:54– Une chose dont on n'a pas parlé encore,
38:56ça a été un tout petit peu dit tout à l'heure avec Olivier,
39:00c'est ce tissu français dont on peut être fier.
39:02Je pourrais quand même citer les bénévoles,
39:04parce qu'on a quand même un tissu en France
39:06qui est totalement impressionnant.
39:08Le sport ne fonctionne, et les associations ne fonctionnent qu'avec ça,
39:11avec des gens qui passent leur week-end
39:13à emmener les gamins dans les voitures.
39:14– Il est en danger.
39:15– Pour faire des compétitions. Il est en danger.
39:16– Oui, il est en danger parce que, en fait,
39:18cette génération de bénévoles volontaires
39:20qui venaient par amour de leur tissu local et de leur ville
39:26est en train de disparaître.
39:27Ils ont tous un certain âge.
39:29– Vous êtes alarmiste, mon cher Olivier.
39:30– Oui, oui, je suis alarmiste.
39:31– Je suis président d'un club de basket à Avignon,
39:33on ne vit qu'avec les bénévoles,
39:34et j'ai des bénévoles de 30, 40, 50, 60 ans.
39:37– Certains fonctionnent très très bien,
39:40mais il y a des endroits qui sont en difficulté.
39:42– D'accord.
39:43– Et là, on parlait des territoires ruraux, par exemple.
39:45Aujourd'hui, nous sommes très inquiets sur les territoires ruraux
39:48parce que c'est l'endroit où il y a le moins d'associations sportives aujourd'hui.
39:51Et l'un des derniers bastions où ces jeunes peuvent s'engager,
39:55et bien, même dans les territoires ruraux,
39:57il y a toujours un collège et un lycée.
39:59Mais il faut vraiment réfléchir à ces politiques,
40:01et pour réfléchir à ces politiques,
40:03moi, je pars du principe qu'il va y avoir énormément de baisses.
40:06Mais pour gagner de l'argent, dépensons-le au mieux.
40:10Et aujourd'hui, moi, ce que je fais,
40:13c'est de prendre toutes les politiques publiques
40:15et d'imaginer comment je peux les intégrer et m'en servir
40:18pour pouvoir avoir un vrai développement pour le sport scolaire.
40:22Par exemple, tout simplement, je prends les politiques publiques de l'ANS.
40:25Lorsqu'ils ont fait l'ARS, l'ANS, l'Agence nationale du sport,
40:30avec cette volonté territoriale d'impliquer plusieurs organismes,
40:36que ce soit l'État, les entreprises privées,
40:40que ce soit le scolaire, les associations sportives,
40:43et bien, aujourd'hui, nous pouvons le faire.
40:45Et les futures élections des fédérations
40:48vont pousser toutes les fédérations à retourner vers leur territoire,
40:52à retourner vers leur club et à avoir du sens.
40:55Tout simplement, pour la première fois,
40:5750% à minima des votes pour élire les futurs présidents
41:01après les Jeux olympiques viendront des clubs.
41:04Aujourd'hui, les clubs peuvent porter leur voix.
41:07Et moi, mon but, c'est d'unir toutes ces chapelles
41:11qui ne se parlent plus ou qui n'ont pas le même discours,
41:14c'est-à-dire qu'aujourd'hui, la politique territoriale est importante.
41:17Elle est très importante parce qu'il faut redonner du sens au sport
41:21sur le territoire.
41:22Et s'il y a du sens sur le territoire,
41:24automatiquement, c'est le national qui en profitera.
41:27Tout simplement, imaginez, regardez où il y a les écoles,
41:31les collèges, les lycées, et travaillez avec les clubs à proximité.
41:35Aujourd'hui, à l'UNSS, il y a 200 000 jeunes officiels.
41:39Jeunes officiels, ce qu'il faut savoir, c'est que chez nous,
41:42les enfants s'arbitrent tout seuls, se dirigent tout seuls.
41:45Il y a même les jeunes reporters.
41:47Je suis en train de signer beaucoup de conventions
41:50des grandes chaînes de télé parce que ce métier de journaliste sportif
41:54et le monde du média intéresse énormément nos jeunes engagés.
41:58Et aujourd'hui, il faut se reparler.
42:00C'est-à-dire que nous avons, par exemple, 40 % de jeunes filles.
42:03Nous voyons que du collège au lycée, il y a une désaffection à peu près
42:07à l'âge de l'adolescence, 14-15 ans, de ces jeunes filles.
42:10Comment faisons-nous pour continuer à donner envie
42:13à ces jeunes filles de continuer ?
42:15Les jeunes dirigeantes de demain, on parle souvent aujourd'hui
42:19de la mixité au niveau des organisations.
42:22Mais souvent, on parle des postes de présidentes, des hauts postes.
42:27Mais il faut construire déjà au niveau local ces jeunes dirigeantes,
42:31ces jeunes sportives.
42:32Et elles sont là.
42:33Et elles sont là, il faut s'en occuper.
42:35Si nous ne faisons pas ces passerelles, si nous ne donnons pas du sens
42:38sur le territoire, en fait, tout ce travail qui est fait en amont,
42:41en fait, il se dilue et il est perdu.
42:44Donc, réunir tous les corps pour être plus forts territorialement,
42:48c'est une des nécessités.
42:49Patrick, je peux réagir ?
42:51Bien sûr.
42:52J'aimerais réagir parce que finalement, ce qui est extraordinaire,
42:54et Olivier le dit, c'est qu'il y a tout pour réussir.
42:57Il y a tout pour réussir.
42:59Mais en fait, je veux soulever deux problématiques.
43:02La première, c'est qui initie ?
43:05Qui dirige le sport en France ?
43:07Donc, c'est une question de gouvernance.
43:09Je pense que sur ce plateau, on ne sait pas dire aujourd'hui en France
43:15qui doit initier et qui doit donner le cap,
43:20le cap que l'on sait et que l'on doit avoir.
43:24Donc, ça, c'est le premier point.
43:26Et si on n'arrive pas à dire qui dirige,
43:28je crois que sans chef, on va avoir un petit problème.
43:31Et deuxièmement, pour vraiment avoir de l'impact,
43:35il faut mesurer l'impact.
43:37C'est-à-dire que si on ne sait pas d'où on part et où on va,
43:42on ne peut pas répondre à ta question, Patrick,
43:44de savoir si, après la grande cause nationale, on aura de l'impact.
43:48Et là, je crois aussi que cette charge de la preuve
43:51que l'on cherche à démontrer,
43:53où on voit que tous les ingrédients sont là,
43:55mais quelque part, ça ne prend pas en France,
43:58par manque de chef,
44:00alors peut-être que ça doit être Olivier, notre chef,
44:03ou d'autres,
44:05et par manque de mesure d'impact.
44:08C'est hyper important.
44:10Parce que j'ai un tout petit chiffre à vous donner,
44:12ou deux peut-être.
44:14Le premier, c'est que 85% des dirigeants
44:18de collectivités publiques n'ont pas conscience
44:21de l'utilité du sport
44:23et de toutes les questions de sédentarité,
44:25d'inactivité physique.
44:2785% manque d'informations,
44:29alors que l'on a 35 millions de bénévoles
44:33dans le domaine du sport, vous l'avez souligné, en Europe.
44:3635 millions en Europe, c'est-à-dire qu'on est
44:38le plus gros poumon de citoyenneté
44:40devant la culture, devant l'aide humanitaire,
44:43avec un manque de reconnaissance,
44:45un manque d'offres adaptées à la mutation du bénévole,
44:49et là, il nous faut un chef,
44:51il nous faut un pilote dans l'avion.
44:53Merci beaucoup.
44:55Et les entreprises, j'aimerais juste savoir,
44:57votre action, c'est de favoriser le sport dans l'entreprise,
44:59mais je le vois au niveau local, au niveau rural aussi,
45:02s'il n'y a pas d'entreprise,
45:04s'il n'y a pas de sponsor, de partenaire,
45:06parce que souvent, il n'y a plus de sport,
45:08parce que les bénévoles, c'est bien beau,
45:10mais à un moment, il faut des moyens.
45:12Est-ce que vous avez aussi cette sensibilité
45:14dans vos relations aux entreprises ?
45:16Une entreprise qui ne peut pas, par exemple,
45:18organiser du sport au sein de son établissement,
45:20est-ce que le fait d'avoir un partenariat
45:22avec le club local de gym, de handball,
45:24de basket ou que sais-je, de badminton,
45:26est-ce que ce n'est pas une manière aussi
45:28pour l'entreprise que de faire vivre le sport en France
45:30et, in fine, de donner une qualité physique,
45:34de santé aux pratiquants
45:36qui vont se retrouver ensuite dans l'entreprise
45:38et favoriser aussi la pratique des enfants
45:40des employés de l'entreprise ?
45:42Est-ce que ça existe dans ce sens-là aussi ?
45:44C'est effectivement aussi une spécificité
45:46de notre fédération,
45:48on est une fédération multisport,
45:50donc on s'adresse en fait
45:52à l'ensemble des sports en général
45:54et donc on travaille surtout avec.
45:56On travaille avec les clubs,
45:58on travaille avec les fédérations
46:00et effectivement, pour créer les conditions
46:02pour proposer de l'activité physique ou sportive,
46:06on s'appuie effectivement sur le tissu associatif
46:08des clubs locaux
46:10dans les zones rurales
46:12ou dans les grandes métropoles.
46:14Par exemple, en juin dernier,
46:16on a organisé les Jeux Européens
46:18du sport d'entreprise à Bordeaux
46:20et donc on s'est appuyé sur le mouvement sportif local
46:22pour pouvoir organiser
46:24les différents sports
46:26de façon compétitive
46:28sur l'ensemble de cet événement-là.
46:30Donc vraiment,
46:32la culture de notre fédération,
46:34c'est de travailler avec,
46:36en partenariat,
46:38avec les fédérations,
46:40les collectivités
46:42et le tissu associatif
46:44qui a quand même effectivement
46:46tendance à s'épuiser un petit peu.
46:48Et là, il y a quand même du boulot
46:50et je rebondis sur ce que disait Julien,
46:52sur les collectivités locales,
46:54sur la prise de conscience
46:56parce qu'il y a une chose.
46:58On va arrêter avec les méthodes de grand-papa
47:00mais c'est quand même une logique.
47:02Tout le monde vit ensemble.
47:04Il est logique que les entreprises
47:06qui agissent dans un terrain public
47:08soient concernées par le sport
47:10dans ce terrain public.
47:12Donc on devrait avoir
47:14beaucoup plus de transparence
47:16et moi ça ne me choquerait pas
47:18que l'entreprise qui développe
47:20les transports ou qui développe
47:22les travaux publics, les routes
47:24dans une région, dans un département,
47:26soit se sentent obligées
47:28non pas racketter, que disons les mots,
47:30mais obligées de se dire je vais participer
47:32à la vie des citoyens et qu'est-ce que c'est
47:34la vie des citoyens pour leur protection de santé
47:36et pour le vivre ensemble ?
47:38C'est le sport. Donc c'est là où il faut
47:40du courage politique aussi, ce que disait tout à l'heure Julien.
47:42C'est qu'il faudrait être beaucoup plus transparent
47:44dire moi, département, ville, région,
47:46je dis aux entreprises
47:48qu'on fait travailler,
47:50allez-y les gars, il faut aussi faire travailler,
47:52faire vivre le territoire.
47:54Aujourd'hui on se rend compte qu'une association
47:56sur un territoire ou dans une ville
47:58ce n'est pas un besoin, c'est une nécessité.
48:00C'est le dernier endroit,
48:02avant on le faisait naturellement
48:04et aujourd'hui
48:06ces relations se
48:08délitent un petit peu, on se rend
48:10compte de l'état
48:12du vivre ensemble
48:14dans ces villes.
48:16Nous on le voit très rapidement,
48:18c'est-à-dire par exemple on va prendre quelque chose
48:20dont tout le monde parle aujourd'hui, on parle des quartiers
48:22prioritaires de la ville.
48:24Les associations sportives scolaires
48:26qui fonctionnent ou certains
48:28où il y a 50%
48:30d'adhésion des jeunes,
48:32dans ces quartiers prioritaires, dans ces écoles
48:34il n'y a aucun problème.
48:36C'est-à-dire que la vie sociale à l'intérieur de l'établissement
48:38s'en trouve changée.
48:40Donc il y a le sport
48:42mais il y a ce que provoque le sport
48:44et peut-être la plus grande faiblesse du sport
48:46et pourquoi tout le monde
48:48ne rentre pas dans la culture,
48:50tout le monde est spécialiste de sport,
48:52tout le monde donne son avis sur le sport.
48:54Notre erreur c'est de ne pas
48:56avoir abordé de manière scientifique
48:58ce que le sport
49:00apporte. Je donne un exemple tout simple,
49:02si on abordait de manière scientifique
49:04faire 30 minutes de sport, plutôt que de dire
49:0630 minutes, il faut dire de manière
49:08scientifique ce que apporte 30 minutes de sport.
49:10C'est 6 heures de dopamine, l'hormone
49:12du bonheur. Plutôt que s'injecter des choses,
49:14le corps lui-même
49:16sécrète des choses très très importantes et quand il y a
49:18l'hormone du bonheur, le cerveau fonctionne mieux.
49:20Donc l'expliquer et tout expliquer
49:22de manière beaucoup plus scientifique,
49:24c'est dire qu'il y a le plaisir
49:26et le plaisir peut être expliqué de manière
49:28scientifique et c'est peut-être l'erreur que le sport
49:30a commis ces dernières années.
49:32Avec des impacts sur la maladie aussi, sur la thérapie.
49:34Quand on est malade, quand on sort d'une maladie,
49:36la première ordonnance
49:38c'est retourner le plus vite possible travailler
49:40et faites le plus vite possible
49:42de l'activité sportive. C'est toujours ce phénomène
49:44scientifique qui va nous ramener à la vie.
49:46Et en lien
49:48avec ce qui vient d'être dit, c'est également
49:50penser la manière
49:52dont on va se déplacer,
49:54se mouvoir. La question
49:56du jeu. Avant que ce soit une question de moyens
49:58parce que j'entends effectivement la question des baisses
50:00ou autres, il y a aussi une question d'approche
50:02et de paradigme
50:04qu'il faut absolument aborder. C'est-à-dire
50:06qu'il faut...
50:08Si je prends le cas de l'UfoLab par exemple, sur l'ensemble
50:10de nos adhérents, on n'a que 15% de nos adhérents
50:12qui viennent à l'UfoLab pour la compétition.
50:14Tout le reste, ça veut dire qu'ils cherchent autre chose.
50:16Et quand on a essayé
50:18de creuser ce autre chose, c'est la partie
50:20convivialité, ludique, jeu.
50:22C'est ce qui a manqué pendant le Covid, on l'a vu.
50:24Les gens étaient là à dire
50:26je ne transpire plus parce qu'ils pouvaient transpirer chez eux.
50:28C'est tiens, je ne retrouve plus les copains,
50:30on ne fait plus le barbecue ou le loto.
50:32C'était la vie sociale qui manquait.
50:34Et juste pour reprendre
50:36une formule que tu as utilisée
50:38quand tu disais avant on y allait
50:40naturellement, je pense que avant
50:42ce n'était pas si naturel que ça.
50:44Il y avait des acteurs, des manières d'aborder
50:46la jeunesse, des manières
50:48d'aborder les actions autour de l'école
50:50qu'on a peut-être un peu abandonné aussi.
50:52C'est-à-dire qu'on peut aussi interroger
50:54comment nos sociétés ont évolué,
50:56comment le sport se consomme maintenant.
50:58Je suis tout à fait d'accord.
51:00À l'époque, il y avait
51:02les fédérations laïques,
51:04le patronage.
51:06On avait ce qu'on appelait des jeux traditionnels.
51:08Il y avait une manière de se déplacer.
51:10C'est pour ça que je pense qu'il faut souligner
51:12ce rapport des jeunes
51:14au sport qui a fortement évolué.
51:16Aujourd'hui,
51:18cette socialisation reste importante
51:20par le club, les associations,
51:22les salles de remise en forme.
51:24Il reste maintenant une structure dont on parle un peu moins.
51:26On parle beaucoup du sport fédéré
51:28mais aussi des salles de remise en forme.
51:30Mais il y a un point important, c'est que la socialisation
51:32se fait aussi par le sport connecté.
51:34On a aussi
51:36une augmentation de six points parce que
51:38il y a de plus en plus de jeunes qui pratiquent
51:40par des applications, par des tutos,
51:42mais avec une problématique.
51:44C'est qu'on pratique davantage seul.
51:46Et là, sur le projet
51:48peut-être citoyen importé,
51:50autant par l'UfoLab que l'école,
51:52cette question du vivre ensemble,
51:54peut-être qu'elle doit être remise au centre
51:56de ce point de vue-là.
51:58Dans nos sociétés, les jeunes mais pas que les jeunes,
52:00il y a cette prise de distance
52:02par le téléphone,
52:04par l'objet connecté,
52:06qui bouscule encore une fois le modèle traditionnel
52:08des associations.
52:10Pour finir sur le deuxième point,
52:12je pense que je rejoins sur cette idée de changement
52:14de paradigme. Il y a peut-être l'idée de rappeler
52:16aux associations qu'elles peuvent avoir
52:18un impact social important
52:20sur les citoyens et les citoyennes,
52:22en France notamment.
52:24Et on a des chiffres.
52:26Peut-être se dire que le modèle de la compétition,
52:28de la performance, c'est un aspect,
52:30mais ce n'est plus le seul et l'unique.
52:32Et de ce point de vue-là,
52:34peut-être se dire qu'il y a un changement de vocabulaire
52:36à avoir avec des jeunes aujourd'hui
52:38qui ne souhaitent pas forcément venir à l'entraînement
52:40et faire des compétitions, mais peut-être retrouver
52:42de la convivialité. Et là, il est vrai
52:44que ça bouscule le schéma traditionnel.
52:46Vous me permettez ma conclusion, puisqu'il nous reste deux minutes.
52:48Je vais commencer avec Julien rapidement.
52:50Qu'est-ce que c'est les Jeux Réussis ?
52:52Puisqu'on va quand même parler de 2024.
52:54On va parler de performance. Là, on a parlé
52:56de tous les bienfaits du sport,
52:58de toute l'existence du sport dans la société.
53:00Mais là, on nous parle de 24. Et moi, j'ai entendu
53:02le président de la République dire
53:04que les Jeux Réussis, c'est 40 médailles ou 50,
53:06je ne sais même plus ce qu'il a dit.
53:08C'est ça, des Jeux Réussis, Julien ?
53:10Oui, évidemment, il faudra ramener
53:12des médailles, mais ce n'est pas ça.
53:14Je vais vous faire un petit clin d'œil
53:16pour finir sur Valencia, où je suis, en Espagne.
53:18Je pense que des Jeux Réussis,
53:20c'est l'héritage. Ce serait l'héritage.
53:22Et l'héritage,
53:24on le voit après des grandes compétitions
53:26sportives ici,
53:28c'est de repenser
53:30la ville, c'est de repenser
53:32notre relation au sport.
53:34Ici, dans les rues de Valencia,
53:36tout le monde danse.
53:38Pour revenir sur ta provocation,
53:40Patrick, quand on veut écouter
53:42un concert de musique, on nous offre
53:44une place de sport, et inversement,
53:46quand on se rend,
53:48d'ailleurs mélangeons-nous avec d'autres secteurs,
53:50avec la culture, quand on se rend à un événement sportif
53:52à vélo, le vélo libre
53:54et gratuit par la ville,
53:56on ne paye même pas l'entrée à l'événement sportif.
53:58Tout ça doit se repenser
54:00et c'est là qu'on aura réussi.
54:02Je vais aller à vélo aux Jeux Olympiques,
54:04on va m'offrir des invitations.
54:06Ce serait génial qu'on puisse
54:08payer moins cher si on allait
54:10à vélo
54:12aux Jeux Olympiques,
54:14qu'on ait un tarif réduit, ce serait génial.
54:16C'est des innovations comme ça
54:18qu'il faudra poursuivre après les Jeux
54:20et que tout le monde se remonte les manches.
54:22Merci Julien. En un mot,
54:24les Jeux Réussis, c'est quoi ?
54:26Les Jeux Réussis, c'est l'héritage,
54:28parce que c'est réducteur à un nombre de médailles.
54:30Les Jeux Réussis, c'est pour moi la performance,
54:32mais surtout la pratique de sportifs et sportives
54:34et pour finir, la culture.
54:36Pourquoi opposer culture et sport ?
54:38Le sport, c'est un objet de la culture.
54:40Les Jeux Réussis ?
54:42Sur l'héritage et pour pouvoir basculer
54:44sur l'amélioration de la qualité de vie au travail
54:46pour nos collaborateurs
54:48en tant que fédération du sport d'entreprise.
54:50Pour compléter,
54:52parce que je suis complètement d'accord
54:54c'est des Jeux et un moment de fête
54:56qui sera, en tout cas je l'espère,
54:58accessible au plus grand nombre
55:00et pas seulement ceux qui ont eu les moyens d'acheter une place.
55:02Ils vont être réussis les Jeux.
55:04Par expérience, ce qu'on ne voit pas,
55:06on regarde toujours les Jeux derrière les écrans
55:08donc on pense que c'est ça les Jeux.
55:10Non, les Jeux, c'est ce qui se passe dans la ville
55:12et en fait, le thème même,
55:14c'est l'universalité
55:16et elle va être automatique.
55:18L'universalité donne accès à tout et ça va être fantastique.
55:20Est-ce que vous êtes grognon comme moi
55:22de la magazine qu'on voit en ce moment dans les kiosques
55:24ces Jeux qui risquent d'être totalement ratés ?
55:26On est français !
55:28Parce qu'on est français !
55:30La France, c'est un grand pays de sport
55:32qui sait organiser des grands événements.
55:34Mais la question, je rejoins effectivement
55:36cette question de l'accessibilité
55:38au niveau de l'héritage
55:40pour justement, par rapport aux différents chiffres qu'on a donnés,
55:42peut-être tenir compte de cette réalité sociale
55:44aujourd'hui, l'inflation, les crises sociales
55:46et peut-être par le sport
55:48repenser les villes, comme l'a dit Juliane
55:50et se vivre ensemble, donc réduire ces inégalités d'accès.
55:52Pardon pour avoir fait
55:548 ou 9 Jeux Olympiques d'été
55:56moi ce que je garde comme image
55:58c'est ce qui se passait dans les rues de Barcelone
56:00c'est ce qui se passait à Londres
56:02c'est ce qui se passait à Séoul
56:04c'est pas, à la limite, je vais me souvenir d'une performance
56:06sportive, d'une médaille olympique
56:08d'un titre olympique à Pékin ou autre
56:10mais c'est ça que les français vont vivre
56:12et il faut qu'ils arrêtent de pleurer
56:14de s'inquiéter, ils vont se régaler les français.
56:16Puis-je te donner la vraie phrase
56:18du baron de Pierre de Coubertin
56:20pour ma dernière parole
56:22l'important n'est point d'avoir vaincu
56:24mais de s'être bien battu
56:26une fois que tu as dit ça, tu as tout dit
56:28c'est ce qui empêche d'opposer
56:30la compétition à la pratique libre
56:32c'est-à-dire que la compétition
56:34elle est là tout le temps mais on s'est trompé dans la manière
56:36de l'expliquer, c'est-à-dire que peu importe
56:38de gagner ou de perdre, est-ce que tu t'es bien battu
56:40est-ce que tu t'es bien amusé, c'est le plus important.
56:42Tu aurais dit ça après la finale
56:44Mais j'ai beaucoup perdu !
56:46C'est le mot de la fin !
56:48C'est le mot de la fin !
56:50Merci Julien, merci à tous autour de moi
56:52Rendez-vous dans un mois pour une nouvelle édition
56:54des grandes questions du sport
56:56et parlons positivement de ces Jeux Olympiques
56:58arrêtons de pleurer, bonne journée à tous !
57:16Musique

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