Ce mois-ci dans les Grandes Questions du Sport, Patrick Chêne et ses invités reviennent sur la relation entre le sport et l'éducation. Dans un premier temps, il sera présenté les enjeux et l'état des lieux en France du côté éducatif en relation avec le sport. La question de l'héritage Paris 2024 et de la grande cause nationale sera ensuite l'objet de la seconde partie notamment avec la gestion de carrière d'un sportif, la reconversion ainsi que l'activité sportive en France. Invités : Lilia DOUIHECH-SLIM (Vice-présidente du Think Tank Sport et Citoyenneté) Véronique MOREIRA (Vice-présidente au CNOSF en charge de l'éducation dans le cadre des grandes causes nationales) Arnaud LACOMBLED (Directeur développement BtoB et partenariats chez Acadomia) Carole MEGROT (Chargée de formation à la Fédération Française du Sport d'Entreprise) Véronique BARRE (Directrice générale de l'association Collectif Sports, ancienne volleyeuse et réalisatrice du film documentaire "LE SPORT DES MEDAILLES ET APRES")
Category
🥇
SportTranscription
00:00Bonjour à tous, merci d'être fidèles aux grandes questions du sport.
00:20Aujourd'hui, le thème sport et éducation.
00:22Je dirais presque autrement quel rôle éducatif pour le sport, ou même le sport doit-il et
00:28a-t-il un rôle éducatif ? On va y revenir tous ensemble, j'accueille tout de suite
00:32mes invités.
00:33Lilia Douillet-Schlimm, merci d'être avec nous, vous êtes vice-présidente du Think
00:37Tank Sport et Citoyenneté, partenaire de cette émission.
00:40Avec nous également Carole Maigreau, chargée de formation à la FFSE, Fédération Française
00:47du Sport dans l'Entreprise.
00:49Également Véronique Morera, vous êtes vice-présidente du Comité national olympique
00:53sportif français, en charge de l'éducation dans le cadre des grandes causes nationales.
00:58On sait que l'éducation et le sport, surtout, va être la grande cause nationale de 2024.
01:03Et puis, il est également avec nous Arnaud Lacombelede, vous êtes directeur du développement
01:06B2B, on va dire pour les entreprises et partenariats, chez Acadomia.
01:11Merci d'être avec nous.
01:13Véronique Barret est avec nous en duplex, merci, vous êtes directeure générale du
01:17collectif sport et surtout auteure et conférencière, donc vous avez un avis sur le sujet, c'est
01:23le moins qu'on puisse dire, on le vérifiera dans quelques instants.
01:26Alors, je disais, quel rôle éducatif pour le sport ? Parce qu'en fait, on parle souvent
01:31de l'éducation, on dit que le rôle, le premier rôle, ça devrait être les parents,
01:36on dit que l'école est en train de prendre ce rôle que des parents n'arrivent plus
01:39parfois à assumer et la question qu'on va se poser tout de suite, c'est est-ce que
01:43le sport doit être responsable, entre guillemets, de l'éducation des jeunes et quels sont
01:49les liens qu'on peut établir aujourd'hui entre le sport et l'éducation ?
01:52Lilia Douillas-Slim, c'est à vous.
01:55C'est à moi, merci Patrick.
01:57Alors, nous on considère que le sport est un vecteur d'éducation, d'ailleurs historiquement
02:03il l'a été depuis longtemps, on peut penser au modèle de l'aristocratie anglaise du
02:06XIXe siècle avec le football, c'est un moyen d'éducation parce qu'il participe au développement
02:13de l'individu, c'est ça l'objectif de l'éducation, sur le plan physique, ça c'est
02:18évident, mental, mais aussi social, et donc c'est un moyen d'éducation qui est très
02:25efficace pour peu qu'il soit bien utilisé, bien pensé, il est ludique, on parle de jeu
02:32quand on parle de sport, il est universel, tout le monde pratique, et puis il permet
02:38de poser des cadres, on a des règles du jeu, on a un arbitre, on a un résultat, et de
02:44transmettre des valeurs, ce qui permet finalement l'acquisition de compétences essentielles,
02:51les fameuses soft skills, qui peuvent s'avérer très utiles tout au long du parcours éducatif
02:56mais aussi professionnel, et donc on parle de quoi, du dépassement de soi, on parle
03:01de la solidarité, de l'esprit d'équipe, du respect des règles, on l'a vu, du respect
03:06aussi des adversaires, enfin voilà, donc c'est un outil éducatif, et cette éducation
03:12par le sport, elle peut se faire dans plusieurs cadres, dans le cadre formel du système éducatif,
03:18à l'école, au collège, à travers l'EPS obligatoire, et puis le sport scolaire, et
03:23puis en dehors de ce cadre, via les associations sportives et non sportives, en famille, entre
03:28amis.
03:29Alors la déphysition merci est bonne Lydia, mais ça va quand même rappeler ce que l'école
03:35doit donner aux élèves, qu'est-ce que l'éducation en France, enfin en France dans le monde d'ailleurs,
03:40pour se construire individuellement et collectivement.
03:43Compétences formelles, savoir lire, écrire, compter, on ne va pas demander au sport de
03:47s'occuper de ça, en revanche, compétences sociales, savoir interagir avec les autres
03:51élèves, là le sport est vraiment en première ligne, développer l'empathie, la confiance
03:54en soi, la confiance en l'autre, ça c'est vraiment le sport également, et puis les
03:59compétences personnelles, savoir qui on est, notamment par rapport aux autres, et c'est
04:03vrai que là on est obligé de constater que le sport est un outil majeur pour réunir
04:08toutes ces compétences, on va donc en déduire tout de suite et conclure que l'EPS, notamment
04:13à l'école, participe donc ce grand maestrome d'éducation au développement cognitif de
04:20l'enfant, même tout petit, l'enfant pour se déplacer, il apprend d'abord avec son
04:25corps, puis après avec des apprentissages différents, de choses plus abstraites, mais
04:30qui passent aussi par le sport, et à la santé évidemment, on ne peut pas le nier, c'est
04:34que l'éducation va permettre à l'individu, à l'enfant, de pratiquer le sport et de
04:38prendre des habitudes qui vont le rendre moins sédentaire, on en parlera tout à l'heure
04:43pour l'opération 2024, donc voilà, on va dire que le sport a une importance capitale.
04:48Alors maintenant voyons ce qui se passe en France, je lis dans une étude Véronique
04:53Morera du comité olympique, une étude du, alors c'est la direction de l'évaluation
04:59et de la performance du ministère de l'éducation nationale, alors si le ministère s'évalue
05:03de cette manière, je suis assez inquiet pour la manière dont on évalue les élèves,
05:06parce que dans cette étude, on apprend que la France est dans le top 3 des nations qui
05:11accordent le plus de nombre d'heures de sport à l'école, et ceci est faux.
05:15Alors, oui et non, puisque effectivement, quand on prend le nombre d'heures consacrées
05:23à l'EPS dans les programmes, il est particulièrement élevé, 3 heures de sport dans le premier
05:28degré, 3 heures dans le second degré et 4 heures ensuite, mais après, c'est concrètement,
05:36est-ce que tous les enfants font du sport et est-ce que…
05:403 heures dans le second degré, c'est pas toujours vrai, vous avez beaucoup d'élèves
05:43qui n'en proposent que 2.
05:44Oui, alors après, dans le second degré, il y a les professeurs d'EPS aussi, donc
05:48ils ont un forfait.
05:50Par contre, pour revenir à l'étude, ce qui est l'atout de la France, c'est qu'on
05:54a des fédérations de sport scolaire.
05:56Ça c'est autre chose.
05:57On est les seuls en France à disposer de ces fédérations de sport scolaire qui proposent
06:02aussi de l'activité en dehors, en plus des heures d'EPS.
06:07Et après, concrètement, c'est compliqué que l'enfant dispose vraiment de ces 3
06:13heures d'EPS.
06:14On va donner un exemple.
06:15Parce que vous, vous me parlez des preuves d'EPS, je ne sais pas ce que ça fait,
06:18mais ce que je sais, c'est que les enfants n'en font pas 3 heures, ils en font plutôt
06:202 et dans ces 2 heures, il y a le temps d'aller jusqu'au lieu où on fait du sport qui
06:23n'est pas toujours dans l'école, il y a le temps pour se changer.
06:26Généralement, ça peut se transformer en 50 minutes.
06:28Donc cette étude est quand même un petit peu hasardeuse.
06:30Vous êtes d'accord avec moi ?
06:31Oui, mais peut-être qu'il faut se poser la question de comment on peut faire mieux.
06:36Il y a eu le problème de formation aussi, la formation des enseignants.
06:39Dans le premier degré, les enseignants n'ont plus d'heures de formation en EPS.
06:43Ils ont 12 heures de formation en EPS.
06:47Sur 800 heures, ça représente 2%.
06:52Alors que la discipline en elle-même, en termes d'heures d'enseignement, c'est 14%.
06:57Donc la formation ne correspond pas aux heures qui doivent être dispensées ensuite par les enseignants.
07:02Toujours ce côté très français de mettre le sport un peu au fond de la classe.
07:04Voilà.
07:04Et là, on le retrouve aussi.
07:05Quel est le rôle du comité olympique ?
07:07Puisque vous représentez là le comité national sportif olympique français,
07:09vous en êtes la vice-présidente.
07:12Quel est le rôle du CNESF justement dans ce sujet éducation et sport ?
07:17Est-ce que vous avez votre mot à dire sur ce qui se passe à l'école en France ?
07:20Alors, notre mot à dire, nous, on va travailler sur le renforcement des passerelles
07:26entre l'école et le sport fédéral.
07:29Parce que si on veut augmenter la pratique sportive des enfants,
07:31il faut l'augmenter sur tous les temps.
07:33Et donc l'augmenter à l'école, mais aussi l'augmenter après l'école
07:37en faisant des passerelles qui permettent aux enfants de s'inscrire en club après.
07:41Donc on travaille beaucoup sur des mises en relation entre une école, un club,
07:47avec des intervenants de club qui viennent à l'école,
07:51qui proposent des séances d'initiation,
07:53souvent des sports que les enfants n'ont pas l'habitude de faire,
07:56comme de l'escrime, toute autre chose.
07:59Et donc ça a l'avantage, le double avantage, à la fois d'initier les enfants
08:03et à la fois de former des enseignants qui après vont pouvoir continuer l'activité.
08:09Après, le seul écueil, c'est que les clubs n'ont pas toujours la capacité
08:15de pouvoir déployer des intervenants dans toutes les écoles.
08:19Donc ça ne peut pas être un modèle qui vient se substituer à l'EPS.
08:25C'est bien quelque chose en plus qui va valoriser la pratique sportive dans les écoles.
08:30Quelles stratégies on peut mettre en place pour changer ça, une stratégie plus globale ?
08:34Ces actions sont vraiment excellentes, mais une stratégie plus globale,
08:38est-ce qu'on a des gens qui font des propositions globales
08:42pour que la France rattrape, ce qui est quand même son retard,
08:45dans ce mix sport-éducation, notamment à l'école ?
08:49Oui, moi je voudrais réagir par rapport au rapport, et puis je vais répondre à votre question.
08:53Mais on peut le mettre en parallèle avec le classement de l'OMS,
08:56qui nous dit que la France se situe au 119ème rang des pays évalués
09:00en termes de niveau d'activité physique de nos jeunes.
09:03Donc il y a une vraie difficulté, même si on a un volume d'heures,
09:06donc on a compris qui est important mais qui n'est pas réalisé.
09:09Il y a un vrai travail de revalorisation, moi je pense,
09:15de la place et du rôle du sport dans l'école.
09:18C'est vraiment, il faut repenser la façon dont est enseigné notre sport,
09:23la formation des professeurs, vous l'avez dit,
09:25et puis il y a un problème de financement, c'est ça.
09:30Dans le privé, comment ça se passe chez vous ?
09:33Écoutez, je dirais que, je ne parlerai pas pour la totalité des élèves,
09:37mais en tout cas, ce qu'on se donne comme mission chez l'Academia Travers le Sport,
09:41c'est effectivement de réussir à concilier à la fois scolarité épanouie
09:46et puis l'autre côté pratique sportive.
09:48C'est ce qu'on fait, on accompagne chaque année à peu près 500 élèves
09:53qui sont engagés en tout cas dans les doubles projets sport-études.
09:56Donc dans diverses organisations, on échange beaucoup avec les organisations sportives
10:01qui rencontrent ce type de problématiques,
10:03de comment réussir à concilier à la fois la pratique sportive,
10:07avoir le temps disponible pour le faire,
10:09et puis de l'autre côté, gérer sa scolarité correctement.
10:14Donc c'est ce qu'on fait, c'est ce qu'on fait avec nos partenaires,
10:17avec des fédérations, avec des clubs de sportifs professionnels.
10:19Et c'est tout l'enjeu aujourd'hui, c'est de retrouver en tout cas la place du sport
10:27dans la scolarité des jeunes en France.
10:31Avant de rejoindre Véronique Barré, un mot sur le sport-études justement.
10:35Alors je n'aime pas cette expression de l'art qui cache la forêt,
10:38mais est-ce que justement on est quand même assez performant en France dans ce domaine ?
10:41Est-ce qu'il faut aller chercher là pour...
10:44On dit que dans d'autres pays, quand un enfant est devenu en musique ou avec ses mains,
10:47on le fait tout de suite travailler alors qu'en France, on va plutôt être généraliste.
10:51Dans le sport, il semble qu'on soit un petit peu mieux lotis ?
10:54Oui, on a des sections sportives, des sections d'excellence sportive
10:58qui permettent dans des collèges de pouvoir proposer aux jeunes
11:02à la fois un projet sportif et un projet scolaire.
11:04On est assez bon là-dessus.
11:06La difficulté, c'est le sport pour tous,
11:09parce qu'au collège, on a un décrochage sportif qui est constaté
11:13chez les jeunes entre 14 et 16 ans, même jusqu'à 18 ans.
11:16Déjà, les devoirs, la charge de travail permet moins de faire du sport,
11:19c'est juste le regard mathématique.
11:21Aussi, il faut prendre le temps d'aller consulter ces jeunes
11:25et de leur demander quels sont leurs besoins en sport.
11:28Parce que le sport, ça veut tout dire, c'est un mot valise.
11:31Tout dépend des représentations qu'on a vis-à-vis de ce sport.
11:36Je pense qu'il y a une adaptation des pratiques à viser
11:41pour répondre aux besoins de ces jeunes qui vont viser surtout le fait de se retrouver ensemble,
11:47qui vont aussi avoir un rapport au corps qui est compliqué à cet âge-là,
11:51donc peut-être pas leur proposer des choses qui les exposent de trop.
11:53Il y a un rapport à la compétition aussi.
11:56On n'est plus dans la représentation du sport des années 80
11:59où c'était compétition à fond, etc.
12:02Maintenant, il y a un autre rapport.
12:03Et puis, il faut arriver à jouer, pour motiver les jeunes,
12:07il faut arriver à jouer sur le triptyque réussite, progrès et plaisir.
12:10C'est vraiment les trois critères qu'il faut viser à chaque fois
12:14dans toutes les activités qu'on propose.
12:16– Véronique Barré, merci d'être avec nous.
12:19Qu'est-ce que vous pensez de ce qui a été dit jusqu'à maintenant ?
12:21Est-ce que finalement, même lorsqu'on parle de sport de niveau,
12:24tout part de là, tout part de l'école et du caractère éducatif du sport ?
12:28– Sans aucun doute.
12:30Et je pense qu'on sous-estime toujours,
12:33notamment dans les institutions éducatives,
12:37les valeurs, dont parlait Lilia tout à l'heure, éducatives du sport.
12:41L'enseignant d'EPS dans les conseils de classe,
12:44c'est quand même toujours le dernier à parler
12:46et pas forcément celui qu'on va écouter le plus.
12:49Or, il a beaucoup de choses à dire sur les qualités
12:52et les compétences que développent les sportifs.
12:54Moi, quand je les vois, en fin de carrière,
12:57continuer à me dire, à l'issue d'une carrière sportive,
13:00des fois très intense, qu'ils ne savent rien faire d'autre que du sport,
13:04ça veut bien dire qu'on n'arrive pas à faire rentrer dans les têtes de tout le monde,
13:10autant les sportifs que de la société,
13:12que faire du sport, ça permet de développer des compétences
13:16extrêmement actives et utiles et nécessaires à notre société.
13:21Donc, on a ce discours régulier sur les valeurs du sport,
13:26mais quand on rentre dans un niveau de granularité plus fin
13:30sur qu'est-ce que c'est concrètement que j'ai appris à faire du sport,
13:34eh bien, un enfant qui démarre une pratique sportive dans un club
13:38où on dit, écoute, tu es à l'heure, tu feras l'entraînement,
13:42si tu as cinq minutes de retard, tu ne feras pas l'entraînement
13:44et tu passeras tout l'entraînement sur le banc,
13:46cette discipline-là, cette exigence-là, elle est acquise très vite.
13:51Mais on ne s'en rend pas compte parce que ce n'est jamais nommé.
13:55C'est-à-dire que ces compétences dont on parle,
13:57ces fameuses valeurs du sport, elles ne sont jamais réellement nommées
14:00et attachées à une pratique sportive précise.
14:03C'est peut-être ça qui en fait aussi l'efficacité,
14:06c'est que ça se fait naturellement.
14:08Moi, j'ai beaucoup aimé, vous avez dit,
14:09il faut que le monde sportif et les sportifs comprennent.
14:13Parce que c'est vrai qu'il ne faut pas les exempter et se dire finalement,
14:18c'est la société qui fait qu'on se retrouve à 32 ans
14:20après une carrière sportive sans avoir rien prévu.
14:22Le sportif est souvent très irresponsable dans cette…
14:26et Dieu sait que j'ai du respect pour les sportifs de haut niveau,
14:28mais ils sont souvent très irresponsables.
14:30Et moi, même quand j'ai l'occasion d'en parler,
14:32de dire qu'est-ce que tu as prévu après, on verra bien.
14:34Alors quand on est footballeur au PSG, il n'y a pas de problème,
14:36on a de quoi vivre ensuite.
14:38Mais quand on a une carrière dite normale de sport de haut niveau en France,
14:41ça devient un peu plus compliqué.
14:42Est-ce que ces élèves,
14:44est-ce que ces élèves qui deviennent des sportifs de haut niveau,
14:49est-ce qu'ils sont… est-ce qu'on leur donne le choix ?
14:51Est-ce qu'on leur explique ? Est-ce qu'on les accompagne ?
14:54On va dire à un footballeur, un sportif, n'importe quoi,
14:57tu as fait une belle passe.
14:59On ne va jamais lui dire, tu as su, en un quart de seconde,
15:03prendre des informations extrêmement utiles sur l'état de l'organisation des adversaires,
15:09sur l'état de forme et de présence de tes coéquipiers.
15:14Tu as su prendre une décision sous contrainte extrêmement rapidement.
15:19Tu as su mettre en place une stratégie qu'on avait décidée,
15:22mais tu as su vraiment la planter.
15:23C'est-à-dire qu'on ne traduit jamais, à aucun moment,
15:26que ce soit à l'école ou après,
15:28on ne traduit jamais le geste sportif dans ses compétences.
15:32Donc, le sportif les a, mais il ne sait pas qu'il les a.
15:36Et on dit qu'il les ont, mais on ne sait pas les nommer.
15:38Et l'éducation nationale ne les reconnaît pas dans les compétences.
15:42Ça aussi, c'est important.
15:43C'est-à-dire qu'on ne les reconnaît pas, ni dans le brevet,
15:46ni dans… Toutes ces compétences-là sont invisibles sur les compétences scolaires.
15:50Carole Maigreau, Fédération française de sport en entreprise,
15:54il y a aussi…
15:55Moi, j'aime bien quand on casse un peu les codes dans cette émission,
15:58parce que, quand on parle de sport en entreprise,
16:00la question m'a été posée cent fois dans les colloques, dans les conférences,
16:03quelles sont les valeurs du sportif qui vont être au service de l'entreprise ?
16:06Et on dit, généralement, la solidarité, etc.
16:09Il y a quand même un sujet que j'aime bien traiter,
16:12c'est que le sportif de haut niveau, il est égocentrique, il est égoïste,
16:17il se prépare pour lui-même.
16:18Ça, on l'oublie un peu de temps en temps.
16:20On est là, on est dans un monde de bisounours,
16:23et on dit, oh là là, le sportif de haut niveau,
16:25quand il va arriver dans l'entreprise, il va transmettre ses valeurs.
16:27Je ne suis pas du tout d'accord avec ça.
16:29C'est là où je pense, et je rejoins sans doute Véronique Barré dans cette réflexion,
16:34c'est qu'il faut former, il faut accompagner, parce que,
16:38évidemment, vous avez raison, l'adaptabilité, le sens de l'improvisation,
16:44de l'adaptation, plutôt, va être très très important dans l'entreprise,
16:46mais le côté, je ne sais pas, un sportif de haut niveau,
16:50souvent, on lui porte son sac.
16:51Et quand il arrive dans l'entreprise, ça lui fait drôle.
16:53J'ai connu ça, j'ai connu des sportifs de haut niveau
16:56qui arrivaient dans l'entreprise, et pour ne rien vous citer, dans celle-là,
16:58l'entreprise que j'ai créée il y a une vingtaine d'années.
17:00Et il y a quand même souvent une dichotomie
17:02entre ce qu'on demande dans une entreprise
17:04et ce qu'on demande aux sportifs de haut niveau.
17:06Est-ce que vous partagez cette réserve ?
17:07Alors, oui, tout à fait.
17:08Alors, nous, on fait quand même participer les sportifs de haut niveau
17:12à des conférences pour qu'ils puissent faire le lien
17:14entre le sport et le monde professionnel.
17:16Mais ils sont formés au même titre que tous les autres collaborateurs.
17:20Par exemple, nous, en ce moment, on forme et on certifie des coaches,
17:26des référents à l'éveil musculaire.
17:28Et ce n'est pas parce qu'on a été sportif de haut niveau
17:30qu'on sait mener un éveil musculaire en entreprise.
17:33Donc, on les forme comme tout autre collaborateur.
17:36L'accompagnement, M. Lacombe-Blood, j'allais vous appeler David, Arnaud,
17:40l'accompagnement du sportif, vous, du jeune,
17:43est-ce qu'on intègre ça chez des jeunes, justement,
17:45qui ont une problématique sport-études
17:46et qui vont devenir des sportifs de haut niveau ?
17:48Comment on va faire en sorte qu'à la fin de la carrière,
17:52il y ait une possibilité de faire autre chose que de tirer au pistolet
17:55ou de faire de l'escrime ou de courir le quinze-cents ?
17:59Effectivement, je rejoins en tout cas les propos de Véronique.
18:02C'est qu'aujourd'hui, les sportifs développent tout un tas de compétences
18:08dont ils n'ont pas forcément conscience,
18:09mais ils ne sont pas forcément toujours bien accompagnés.
18:12Pour développer encore plus ces compétences
18:14et qu'on les mette au centre de leur formation de sportif,
18:17on le voit avec les centres de formation de football qui nous disent souvent
18:20qu'effectivement, la scolarité et l'éducation de nos jeunes
18:23devient prioritaire et de plus en plus,
18:25parce qu'un sportif qui scolairement est épanoui
18:29va être aussi meilleur sur le terrain,
18:31meilleur au sein de l'équipe, etc.
18:33Donc, c'est vraiment un point qui est très important.
18:36Et c'est d'ailleurs pour ça qu'en tout cas chez l'Académie,
18:40on met vraiment un point d'honneur à proposer des solutions
18:44qui soient créées sur mesure.
18:45On construit toutes les solutions directement avec la direction sportive
18:48pour que ce soit un vrai projet, je dirais,
18:50qui intègre à la fois effectivement performance sportive,
18:53mais performance je dirais scolaire.
18:55Donc ça, c'est un élément clé pour ces sportifs
18:58qui demain vont de toute façon avoir besoin de toutes ces compétences
19:03dans leur carrière sportive, dans l'après-carrière,
19:05comme vous l'avez mentionné.
19:07Et puis, on ne l'a pas mentionné, mais il y a beaucoup de jeunes aujourd'hui
19:11qui n'arriveront pas à devenir professionnels
19:15et qui voire même qui sont contraints de choisir
19:18entre leur pratique sportive et la scolarité.
19:21Donc, c'est très important de les accompagner là-dedans
19:23avec des solutions adaptées.
19:25Comment peut-on former ces sportifs de haut niveau ?
19:27Je ne sais pas si vous avez des témoignages de votre côté,
19:29Véronique Barré notamment,
19:30mais moi j'entends en tout cas que même dans les centres de formation
19:34de football professionnel,
19:35où on pourrait dire que de manière assez cynique,
19:37ce qui intéresse le club, c'est la performance du joueur,
19:39et bien même dans ces centres de formation,
19:40on a mis des éducateurs qui ont justement cette vision large
19:44et plutôt éthique qui fait que sans résultat sportif,
19:47on pénalise aussi le parcours sportif.
19:49On oblige vraiment les jeunes à avoir un parcours scolaire.
19:53Est-ce que, Véronique Barré, vous confirmez ce genre de choses ?
19:57Oui, oui, tout à fait.
19:58Il y a un très gros travail qui a été fait,
20:00notamment dans la fédération de foot
20:03et avec l'intervention du fonds d'action
20:06et notamment le programme d'Open Football Club
20:08qui vraiment met en place un programme éducatif et culturel
20:12qui vise à développer l'autonomie,
20:13le sens des responsabilités et d'engagement des sportifs
20:16dès le plus jeune âge.
20:17Donc, il y a des choses qui se font.
20:19Mais je voudrais revenir sur ce que vous disiez tout à l'heure
20:22en disant que l'autonomie, le sportif est très égocentré.
20:27Oui, dans le sens où il doit produire sa performance sportive.
20:32Mais vous demandez à un kayakiste si on lui porte son sac de sport,
20:36il vous dira que non seulement on ne lui porte pas,
20:39mais c'est lui-même qui doit organiser son déplacement
20:41assez haut des Urgels, venir avec sa camionnette,
20:43planter sa tente pour pouvoir faire la compétition.
20:46Donc, il ne faut pas toujours tout non plus ramener
20:48aux footballeurs professionnels.
20:51Il y a une autre réalité dans le sport
20:54que celle de cette population-là qui est quand même très à part.
20:58Et ce sens de la performance individuelle que je dois produire,
21:04moi, ce que je vois aussi, c'est qu'elle est très souvent
21:07travaillée pour se mettre au service d'un groupe et d'un collectif.
21:11Et le sportif sait aussi mettre sa performance individuelle
21:16au service d'un collectif,
21:18quitte à s'oublier dès lors que la performance collective est atteinte.
21:23Si je dois être le porteur de bidon,
21:25mais que ça permet de gagner l'étape,
21:26je vais savoir tenir ce rôle.
21:28Donc, il y a aussi cette dimension-là qui existe dans le mindset du sportif.
21:33Vous parlez là d'un sport individuel, le cyclisme,
21:35qui est un sport collectif.
21:36Mais il y a d'autres sports,
21:38et je ne parle pas seulement des gens dont on porte le sac,
21:39mais qui obligent le sportif à être centré sur lui-même
21:42et seulement sur lui-même parce qu'il est porteur tout seul de la performance.
21:46Alors, il a un staff avec lui, c'est vrai,
21:47mais je pense que c'est là, que je souhaiterais en tout cas,
21:50que la formation qui accompagne le sportif
21:52l'amène justement à une réalité
21:54que la performance n'est pas seulement individuelle
21:56parce qu'un coureur de 100 mètres,
21:58sa performance est totalement individuelle.
22:03On vous écoute, Véronique ?
22:03Vous avez l'air d'avoir envie de réagir.
22:07Oui, oui.
22:07De ne pas être d'accord avec moi, j'en rêve.
22:10Je travaillais hier à l'APEC
22:14où je forme les consultants justement à l'accompagnement des sportifs
22:17et j'ai avec moi une ancienne athlète
22:19qui s'appelle Sophie Domènech-Vindex,
22:22qui était athlète et qui disait, elle,
22:23que sa meilleure performance était quand elle faisait le relais
22:26parce que c'était la dimension collective
22:29qui finalement lui permettait de se transcender.
22:31Et moi, j'ai eu des joueurs de tennis me dire
22:33« En fait, je m'éclatais vraiment quand je faisais du double. »
22:36Mais vous demandez, par exemple, à un judoka
22:41s'il fait un sport individuel ou un sport collectif,
22:43il va vous dire qu'il fait un sport collectif
22:45parce que sans le collectif, il n'est rien.
22:47Il sait qu'il a besoin des autres
22:48qui vont venir faire des sparring partners
22:50pour lui permettre de progresser
22:51et il sait se mettre au service de celui qu'il doit faire travailler
22:55pour qu'il lui-même progresse.
22:57Donc, ce n'est pas parce qu'on est dans un sport individuel
23:00qu'on est forcément quelqu'un d'absolument égocentrique
23:04et qui ne sait pas prendre en compte le groupe et le projet collectif.
23:08J'aime votre amour des sportifs et la manière dont vous les défendez.
23:11Et je vais encore aller dans votre sens, le judo.
23:14Le judo, on a vu un exemple extraordinaire
23:17pour ceux qui ont suivi les Jeux Olympiques de Tokyo.
23:19Vous pouvez demander à tous les grands champions individuels de judo,
23:22leur grand souvenir, c'est cette médaille d'or par équipe mixte
23:25avec une compétition extraordinaire, qui est nouvelle d'ailleurs
23:27et qui va être évidemment renouvelée pour les prochains Jeux à Paris.
23:31Mais quand même, je voulais juste dire que
23:35le sportif étant souvent auto-centré,
23:37quelle meilleure formation pour lui pendant sa carrière
23:40que de l'amener aussi à travailler dans le collectif.
23:43On va en terminer avec cette première partie.
23:46Dans quelques instants, je vous montrerai quelques extraits
23:49d'un film que vous avez réalisé justement sur
23:53comment concilier le sport et l'éducation, enfin les études,
23:58comment vivre son après-sport aussi.
24:01Mais pour l'heure, je vous propose une toute petite pause de 4 secondes
24:03avant d'engager la deuxième partie.
24:14Deuxième partie des grandes questions du sport consacrées au sport
24:20et à l'éducation avec un grand E.
24:22Véronique Barré, dans votre documentaire du sport des médailles et après,
24:27vous avez évoqué la question du sport en parallèle du parcours scolaire évidemment.
24:32On va juste dater pour commencer avant de voir un extrait.
24:35Merci de me dire si les choses ont évolué
24:38et si elles ont évolué dans le bon sens depuis que vous attachez à traiter ce sujet.
24:43Elles évoluent dans le sens où on a de plus en plus d'écoles notamment
24:47qui essayent de mettre en place des aménagements pédagogiques
24:52qui permettent aux sportifs de concilier leur pratique sportive à haut niveau,
24:57je parle notamment pour cela, et la poursuite d'études.
25:01Donc ça évolue dans ce sens-là.
25:04Maintenant, il y a encore beaucoup à faire dans beaucoup de structures
25:10et moi je vois la ministre mettre quand même une grosse pression
25:14notamment dans les universités pour qu'on tienne réellement compte
25:18des impératifs d'une carrière sportive pour aménager des cours
25:22ou obtenir des dispenses d'assiduité ou des reports d'examens.
25:26De ce que je vois, j'ai l'impression qu'il y a une grosse volonté
25:31qui est posée là pour que les choses évoluent.
25:34Donc on n'en voit peut-être pas encore tout à fait les réussites aujourd'hui
25:39mais je crois qu'assez rapidement on devrait en voir des mouvements positifs pour les sportifs.
25:44Il y a peut-être, Patrick, quelque chose à faire aussi
25:47du côté de l'aspect psychologique des sportifs.
25:50C'est vrai que le double projet, c'est quelque chose qui est mis en place
25:53au niveau européen pour le haut niveau en général, ça fonctionne bien.
25:58Mais on a quand même une étude qui a été menée en 2019 en Finlande
26:02qui nous indique que 60% des lycéens et lycéennes athlètes
26:06ont été interrogés, présentés une santé mentale fragilisée
26:09attestée par la présence de symptômes de burn-out sportifs et ou académiques.
26:13Et donc il y a un véritable besoin aussi,
26:16on parle de triple projet sportif, enfin de triple projet,
26:20l'idée c'est de vraiment aussi prendre en compte cet aspect dans les formations.
26:24Équilibré évidemment, puisque 1 plus 1 ça fait souvent 3 dans ce type d'activités.
26:29Mais c'est vrai que c'est intéressant ce que disait Éric Barrès,
26:31c'est qu'aujourd'hui on a les sports-études spécifiques
26:34mais on a de plus en plus d'établissements, et on le souhaite en tout cas,
26:37qui vont adapter, sans devenir des sports-études,
26:39mais qui vont adapter leur programme à quelques exceptions,
26:42parce que ces exceptions-là sont occupées par des compétitions de sport de haut niveau.
26:47Extrait de votre magazine, donc de votre documentaire du sport des médailles et après,
26:54on va entendre un témoignage de Mathilde Gros et de Hedi Haron-Kampan
26:58sur ce sujet justement de la gestion en parallèle des études et du sport de haut niveau.
27:04C'est humain de rentrer le soir après l'entraînement et d'être fatiguée,
27:10de vouloir juste une chose, c'est de se plonger dans son lit,
27:13mais en fait, il faut se faire violence et se dire,
27:16bon ben allez, je vais réviser parce que j'ai un partiel bientôt et qu'il faut que ça marche.
27:23Si j'avais été 100% que sportive, j'aurais eu des performances autres.
27:27Si j'avais été 100% que étudiante, j'aurais eu des performances sportives autres
27:33et des performances scolaires peut-être différentes.
27:37Si vous privilégiez les études, au final, ça va impacter notre sport,
27:42ça va impacter nos résultats et ça, on ne peut pas se le permettre
27:45parce qu'on vit pour notre sport déjà à la base,
27:48on vit pour ramener le plus de médailles et pour rendre fiers nos familles et tout ça.
27:52Donc, c'est vrai que c'est vraiment tout le temps un jeu d'équilibre entre les deux et ce n'est pas évident.
27:57Vous avez vu que la passion est quand même d'un côté, elle est du côté du sport.
27:59Je ne peux pas me permettre de ne pas avoir de médailles,
28:01je ne peux pas me permettre de rater mon bac, mais je ne peux pas me permettre
28:03et c'est ce qui est beau d'ailleurs dans cette passion.
28:06Peut-être ce que tu peux dire, c'est qu'au CNESF, on a mis en place la commission des athlètes
28:12qui regroupe un certain nombre d'athlètes qui ont terminé leur carrière ou qui sont encore dedans
28:18et ça leur permet de recueillir justement toutes ces remarques-là,
28:23toutes ces problématiques auxquelles sont confrontées les athlètes.
28:28On les ressent si on essaye d'agir dessus et notamment le dernier point,
28:32c'était d'obtenir que la retraite soit prise en compte,
28:35que des points de retraite soient pris en compte par rapport à leur carrière de sportif.
28:39Donc, je crois que c'est une bonne chose de leur demander
28:44où sont les problématiques pour essayer de les résoudre.
28:46Mais ça, vraiment, ça me semble tellement évident, ce que vous dites là,
28:49d'aller priver un jeune qui amène dix médailles à la France de cinq années de cotisation retraite.
28:55C'est tellement absurde que les politiques devraient se dépêcher un peu pour réagir là-dessus.
29:00Nous allons parler bien sûr, puisqu'on parle d'éducation, de l'impact du sport sur les jeunes,
29:05sur l'entreprise, on va en parler dans quelques instants.
29:07On ne peut pas ne pas parler des JO de 2024 et de cette année-ci particulière.
29:11J'aimerais pas être l'organisateur des JO de 2024 parce qu'en fait, on lui demande tout.
29:14Il faut qu'il règle tous les problèmes de la société, d'urbanisme, d'éducation sociologique, etc.
29:20Donc, Tony, décontracte-toi, t'es pas obligé de tout faire non plus,
29:24mais c'est vrai qu'on en demande beaucoup à ces jeux de 2024.
29:27L'idée, c'est de se dire que ça peut être un déclic.
29:30On parle même de génération 2024.
29:33Alors, on va essayer de pas être trop bisounours, de pas se dire que les jeux vont tout changer.
29:39Mais on va quand même préciser, et c'est quand même une prise de position politique forte, réelle,
29:44c'est que le sport a été désigné grande cause nationale pour 2024.
29:50Alors, qu'est-ce qu'on peut attendre de cette grande cause nationale ?
29:52On commence avec vous, Véronique Montréal.
29:53– Moi, je pense qu'il faut qu'on regarde l'héritage d'un point de vue positif et aussi d'un point de vue critique.
30:00Alors, sur le point de vue positif, c'est que je crois qu'il y a vraiment un engouement par rapport à ces Jeux Olympiques
30:06et il y a une réelle dynamique, par exemple, chez les enseignants pour s'inscrire dans la semaine Olympique et Paralympique.
30:14On a plus de 2 millions d'élèves qui participent.
30:18Donc, ça, c'est vraiment un héritage et on va le faire perdurer l'année prochaine.
30:23– Pour parler des héritages, juste une petite précision,
30:25c'est que justement, ce qui se passe aujourd'hui, on va en tirer les bénéfices plus tard
30:28avec cette prise de conscience, justement, de tous ces gens concernés par cette opération.
30:32– Voilà, il y a un deuxième axe qui me semble hyper important, c'est les Jeux Paralympiques.
30:37Je pense que là, vraiment, on a fait un bon en avant avec les Jeux qui vont se dérouler.
30:42– J'aurais d'ailleurs dit, pardon, j'aurais dû dire Jeux Olympiques et Paralympiques.
30:45Je dis les JOP plutôt que les JO maintenant,
30:47mais c'est vrai que ça doit absolument rentrer dans le langage commun.
30:50Aussi bien au niveau de la sensibilisation de tout le monde sur les Jeux Paralympiques
30:56et quand on voit la journée paralympique avec ce regroupement de personnes
31:01qui viennent voir des sportifs qui sont forcément cabossés, abîmés,
31:05mais ce n'est pas grave, on est là et on participe.
31:07Ça, moi, je trouve que c'est vraiment nouveau
31:09et il y a vraiment les Jeux Paralympiques qui prennent une certaine légitimité
31:14qu'ils n'avaient pas avant.
31:15Donc ça, ça fait partie aussi des points importants.
31:17– Et puis le troisième axe, c'est le Label Génération 2024
31:22avec toute cette communauté éducative justement qui s'est regroupée
31:26et les 45 000 volontaires aussi qui sont un public captif.
31:32Les 4,5 millions de personnes qui sont inscrites au Club Paris 2024,
31:36ce sont des personnes qu'on peut retrouver, qu'on peut mobiliser
31:40et à qui on se doit, pour l'héritage, de proposer des choses.
31:46Même si une grande partie d'entre eux sont déjà dans le monde associatif,
31:49dans le sport, mais on peut recruter évidemment grâce à cette opération-là.
31:53– Voilà, point plutôt critique, point critique,
31:57c'est que l'héritage des Jeux, c'est de changer les comportements des Français.
32:02La grande cause nationale le réclame, c'est qu'il faut bouger,
32:05il faut faire rentrer le sport dans sa vie, etc.
32:08– Ce n'est pas encore négatif, ça ?
32:10– Alors non, ce qui va être négatif, c'est que je trouve
32:13qu'on est trop sur des actions à court terme et des actions de communication
32:20et que ce qui manque, c'est de travailler vraiment des axes en profondeur
32:23et le sport à l'école en est un.
32:25– Eh bien, vous nous faites un lien parfait avec Carole Maigreau,
32:29parce que s'il y a une entité qui peut vraiment remplir ce rôle
32:32que d'assurer la pérennité de ce petit coup de projecteur,
32:35de cet énorme coup de projecteur même, c'est bien l'entreprise ?
32:38– Oui, tout à fait, par exemple le slogan
32:40« manger cinq fruits et légumes par jour »,
32:41eh bien, on pourrait pratiquer 30 minutes d'activité physique par jour.
32:45Alors là, on parle plutôt en termes d'activité physique que sport,
32:50surtout en entreprise, et ça, ça va permettre de…
32:53le but, c'est vraiment de modifier les habitudes des gens,
32:56de pouvoir faire de l'activité, aller garer sa voiture peut-être
33:01le plus loin possible du parking pour marcher un peu plus,
33:04prendre les escaliers au lieu de prendre des ascenseurs
33:06et tout ça cumuler, ça va faire 30 minutes.
33:09Parce qu'on peut aussi avoir un métier très actif,
33:14enfin voilà, qui bouge beaucoup, qui est très difficile,
33:17mais le soir, on peut être complètement inactif
33:19et du coup, ne pas remplir les…
33:21– Les entreprises, vos interlocuteurs, sont-elles conscientes
33:26de l'importance justement de leur action future
33:28par rapport aux Jeux Olympiques de 2015 ?
33:30Est-ce qu'elles sont conscientes du déclic que ça peut représenter ?
33:35– Alors aujourd'hui, nous, on a beaucoup d'entreprises
33:37qui nous sollicitent effectivement pour mettre en place
33:40alors plein de choses, ça peut être de mettre en place
33:43de l'éveil musculaire par exemple en début de prise de poste
33:45parce qu'ils ont conscience qu'il faut bouger,
33:48mais ça peut être aussi utiliser, savoir utiliser
33:53les appareils de musculation dans une salle de sport
33:56qu'est l'entreprise A, donc oui, je trouve que les entreprises
34:00commencent à prendre conscience de l'importance de faire du sport.
34:04– Un adulte est assis en moyenne 12h par jour dans une journée travaillée
34:08et 9h dans une journée non travaillée, un autre sondage,
34:11alors qui vaut ce qui vaut, mais l'inactivité est la cause
34:14de 9% des décès en France et alors là, on va moins faire les malins
34:19que pour le nombre d'heures à l'école, mais au niveau de la pratique
34:21d'activité physique chez les adolescents, la France est 119ème sur 146 pays,
34:27alors je ne sais pas si vous avez un avis là-dessus
34:32et à qui je peux donner la parole, Véronique Barré ou Véronique Morera,
34:35je ne sais pas, sur les écrans, est-ce que ce n'est pas la première lutte
34:40qu'il va falloir réussir à faire, le jeu ?
34:42Quand j'entends dire toute la journée ou presque,
34:44le e-sport c'est du vrai sport, c'est formidable,
34:46bon d'accord, je n'ai rien contre, surtout dans cette société,
34:49mais est-ce que ce n'est pas un ennemi justement la pratique sportive ?
34:52– Tout à fait, c'est un ennemi, je ne sais pas si Véronique Barré veut répondre,
34:56moi ce que j'en dis c'est que les adolescents décrochent le sport
35:00parce que justement ils préfèrent, c'est bien plus pratique de prendre son téléphone
35:04ou de prendre la Switch et de rester assis,
35:08donc c'est pour ça que je disais tout à l'heure,
35:09il faut aller les contacter, leur demander quel est le sport qu'ils voudraient pratiquer
35:17parce qu'on s'aperçoit que quand en bas d'un immeuble il y a un terrain de 3-3,
35:23on s'aperçoit qu'ils y vont, ils lâchent la Switch parce qu'ils se disent
35:27« ah ben tiens là je vois il y a 2-3 copains, je vais aller jouer avec eux. »
35:30– C'est l'offre qui va faire la différence.
35:31– Voilà, donc il faut arriver à faire coller leurs besoins à la pratique
35:37et là on va pouvoir accrocher ces adolescents
35:40qui finalement préfèrent quand même jouer avec les copains
35:42que d'être tout seuls avec leur écran.
35:44– Véronique Barré ?
35:46– Je pense que si on avait un autre regard sur l'importance de la pratique sportive
35:52et notamment si on arrivait à lui donner une valeur quasi académique
35:56à peu près du même niveau qu'être bon en maths ou en histoire ou en français
36:01et qu'on disait c'est grâce à cette pratique-là que tu vas apprendre à tolérer l'autre,
36:05que tu vas apprendre à respecter les règles.
36:07Si les parents, les éducateurs valorisaient un peu plus aussi le fait que faire du sport
36:12ce n'est pas simplement le corps, le mouvement, etc.
36:16mais c'est aussi des apprentissages fondamentaux qui y sont réalisés.
36:21Si les parents en avaient un peu plus conscience,
36:25je pense qu'ils inciteraient aussi un peu plus leurs enfants à se bouger
36:29parce qu'ils y verraient des gains pour leur avenir, pour l'avenir de l'enfant.
36:32Ce qu'aujourd'hui on fait peu, c'est-à-dire qu'un parent il va plutôt souvent dire
36:37écoute tu rentres en sixième, là maintenant les choses deviennent sérieuses
36:41donc s'il te plaît le sport, tu faisais trois sports jusqu'à maintenant,
36:44là maintenant tu ne vas plus en faire qu'un
36:45parce qu'il faut que tu aies du temps pour te concentrer sur ce qui est vraiment utile.
36:48Donc il y a tout ce regard de la société sur le sport
36:52qui doit aussi intervenir pour faire bouger et évoluer les comportements des plus jeunes.
36:56Qui a beaucoup évolué depuis quelques années mais qui doit évoluer encore
36:59parce que c'est vrai quand on se souvient encore il y a 30 ans
37:01où le simple fait de lire l'équipe était mal vu,
37:03aujourd'hui de ce côté-là ça a un tout petit peu...
37:05Je vais vous donner deux chiffres qui me troublent beaucoup.
37:0840% des étudiants, 40% ne pratiquent aucune activité physique.
37:14Ils prennent la voiture, la trottinette ou les transports en commun pour leur trajet,
37:17ensuite ils s'assièrent dans un amphi à la fac,
37:19ils reprennent le transport en commun assis
37:22et ensuite ils sont chez eux le soir en train de jouer avec la console.
37:27C'est effrayant, 40%.
37:3034% des enfants de 2 à 7 ans sont en situation de surpoids ou d'obésité.
37:36C'est vraiment un problème de santé publique.
37:38Alors maintenant j'aimerais passer à autre chose, l'argent parce que c'est bien beau.
37:41Moi quand je lis par exemple
37:44projet 300 millions d'euros consacrés dans les prochaines années
37:49pour construction ou rénovation de terrains de sport.
37:53Alors évidemment 300 millions d'euros on a l'impression que c'est une grosse somme
37:56mais c'est rien, c'est une petite goutte d'eau.
37:59300 millions d'euros sur plusieurs années.
38:01Vous vous rendez compte si on fait ça sur 5 ans,
38:0360 millions d'euros pour rénover au niveau national
38:06les terrains de sport ou pour en créer, c'est juste rien.
38:09Donc là je rebondis sur le travail qui a été fait sur Marge-Georges Buffet
38:13à qui on avait confié un comité d'éthique qui a rendu ses conclusions très récemment.
38:20Elle évoque justement l'héritage de Paris 2024.
38:22Elle trouve ça formidable mais simplement elle rappelle
38:25que le budget du sport représente 0,3% du budget de la France
38:32versus, alors je n'aime pas du tout opposer les styles,
38:34je sais que je suis un défenseur de la culture,
38:36mais c'est quand même trois fois et demi moins que la culture.
38:39Donc est-ce que ça va changer un jour ?
38:41Est-ce qu'on va se donner les moyens ?
38:42Parce que c'est bien beau de reprocher aux jeunes de ne pas bouger
38:45mais si on ne leur offre pas la possibilité, comme vous le disiez en bas de chaiseux,
38:48d'avoir un terrain de 3-3, ils ne vont pas se bouger pour autant.
38:51Oui, c'est un vrai problème et le CNOSF a fait beaucoup de lobbying,
38:54beaucoup de plaidoyer, par exemple sur le sport scolaire dans le premier degré,
39:00il n'y a pas une association de sport scolaire dans chaque école.
39:03Ça, ça aurait été une première possibilité et ça ne coûtait même pas d'argent.
39:07Il suffisait juste que les politiques l'inscrivent dans la loi sur le sport,
39:11ça n'a pas été fait, peut-être que Marie-Georges Buffet arrivera à le faire.
39:15Et après, bien sûr qu'il faut des moyens.
39:17On disait tout à l'heure que si on veut que des clubs puissent venir dans les écoles,
39:21il faut pouvoir rémunérer les intervenants qui vont le faire
39:25et puis il faut faire de la formation pour les enseignants.
39:28Donc forcément, à un moment donné, il faut que l'État y mette des moyens.
39:33Sur le premier degré, l'UCEP, c'est 6 millions d'euros,
39:38c'est rien du tout, et pourtant, la priorité, c'est le premier degré.
39:44Ça a été dit depuis le début et ça faisait même partie des objectifs de l'héritage.
39:48Et c'est en ça qu'on peut être quand même déçu de ne pas avoir passé un cap,
39:53de ne pas avoir passé une étape supérieure.
39:56Déçu et inquiet, moi je dirais, parce que là, on a les Jeux qui arrivent,
39:59donc les budgets sports ont augmenté, mais il faut voir ce qui va se passer après,
40:04une fois que tout ça va retomber et voir les niveaux de budget qui vont être accordés aux sports.
40:11Il y a pourtant des belles initiatives, c'est les moyens qui manquent,
40:15mais la Fédération nationale du sport en milieu rural a mis en place le dispositif mobile sport
40:20qui se déplace au plus près des lieux les plus reculés pour encourager la pratique des sports,
40:25chez les jeunes et chez les retraités.
40:28C'est un projet formidable. Qu'est-ce qui lui manque ? Des moyens, évidemment.
40:31Donc on a la recette, je pense.
40:33Ce qui m'inquiète encore plus, c'est que vous avez vu des images d'ailleurs de ces véhicules
40:39qui se baladent de village en village les plus reculés pour proposer la pratique sportive.
40:44Oui, je disais, ce qui m'inquiète un peu plus, c'est que la volonté politique,
40:47autant on a eu des dirigeants, des présidents de la République
40:50qui honnêtement n'étaient pas tellement concernés par la pratique sportive.
40:54Là, on a quand même eu trois de suite, Nicolas Sarkozy, François Hollande
40:57et le président actuel Emmanuel Macron, qui ont une vraie sensibilité sportive.
41:03Il n'y a pas besoin de les connaître de très près pour le savoir.
41:05Et ça ne marche pas. Il n'y a pas le fameux, je ne sais pas,
41:08il faudrait qu'il y ait le grand jour du sport en France.
41:12Est-ce que Paris 2024, je me répète un peu,
41:14mais est-ce que Paris 2024 peut être ce déclic-là ?
41:17Qu'est-ce qu'il faut faire pour ça ? Qu'est-ce qu'il faut titiller un peu plus ?
41:21Là, si Marie-George Buffet arrive à faire cette loi sur le sport,
41:26il faudrait que ça passe par une loi sur le sport
41:28qui donne vraiment une place plus importante au sport dans la vie des Français.
41:33– J'ai entendu cette phrase tellement souvent depuis quelques années.
41:35– Oui, oui, je sais bien.
41:37– On va y croire encore.
41:38Et on va regarder un extrait du documentaire de Véronique Barré
41:43pour parler de ces sportifs de haut niveau.
41:46Parce que quand on parle de l'éducation,
41:47il faut aller jusqu'au bout de la vie du sportif.
41:50Et il y a un thème qui m'est cher aussi,
41:52parce que là aussi, il faudrait mettre des moyens.
41:54On entend tellement parler de dépression,
41:57et ce n'est pas des mots pour un sportif de haut niveau
42:00qui a demandé tellement de choses à son corps pendant des années.
42:03Je ne parle même pas de la popularité,
42:04du fait de rentrer dans les stades où les gens vont les applaudir.
42:07Ça, c'est une petite drogue dont on se bat assez aisément.
42:10Mais ce qu'on demande à son corps et d'un seul coup, on s'arrête.
42:14Voyons un extrait justement de ce sportif de haut niveau
42:16qui parle de ce fameux deuil après la pratique du très haut niveau.
42:21– Il faut quand même faire une croix sur ce mode de vie
42:23que j'avais depuis 13 ans maintenant
42:25et que j'ai depuis que je suis toute petite.
42:27Il y a plein de choses qui me composent,
42:29qui vont partir avec cette identité, ce métier en fait.
42:34C'est assez difficile à expliquer
42:36pour les gens qui ne sont peut-être pas des sportifs professionnels,
42:38mais c'est vrai que c'est quand même socialement valorisant.
42:42– D'un côté, je suis fière de ce que j'ai fait,
42:44mais il y a quand même une touche de souffrance,
42:47parce que ça a été vraiment dur par moments,
42:50et une touche de nostalgie en même temps.
42:53J'ai du mal à accepter qu'une partie de moi
42:55ne soit plus vraiment active aujourd'hui de la même façon.
42:59– C'est à la fois angoissant et c'est excitant,
43:01donc voilà, c'est une charge mentale très forte quand même.
43:04– J'ai ressenti ce qu'on appelle la petite mort du sportif,
43:09j'ai dû le ressentir deux secondes, mais ça fait peur.
43:13C'est ce qu'on se demande, ce qu'on va être après une fois que tout s'arrête,
43:16parce qu'on a eu cette étiquette de champion pendant des années
43:20et notre vie s'est construite autour de ça.
43:22Donc voilà, il y a des tas de problèmes, à la fois psychologiques, de santé,
43:26qui sont vraiment émergents dans les deux à trois ans à l'issue des carrières,
43:31et c'est là qu'on doit progresser,
43:33et c'est là qu'il faut qu'on accompagne nos sportifs.
43:35– Ça c'est le bien-bien, vous avez entendu cette phrase,
43:37des choses qui me composent, qui vont disparaître.
43:40Je veux dire, vraiment bravo à Véronique Barret
43:44pour avoir recueilli ces témoignages, qui sont d'une force incroyable.
43:49Quand on connaît les sportifs de haut niveau qui rayonnent en tout cas en public
43:52et qui d'un seul coup se retrouvent face à eux-mêmes,
43:54vous avez dû recueillir des témoignages bouleversants.
43:57– Complètement, il y avait des extraits encore plus émouvants que ça,
44:03mais il faut vraiment comprendre que ce qui se joue à ce moment-là pour le sportif,
44:06c'est de l'ordre d'une désintégration identitaire.
44:09Tout ce qu'il a défini jusque-là, tout ce par quoi il se définissait,
44:14se dissout instantanément avec la perte de cette identité de sportif.
44:19Son identité de sportif, pourtant, ce n'est que son identité sociale,
44:23c'est son costume dans la société et il n'y a que ça qu'il perd.
44:27Il lui reste toute son identité personnelle,
44:30celle qui est composée de la richesse de sa vie jusque-là,
44:34de ses expériences, des compétences qu'il a développées.
44:37Et donc tout l'enjeu pour le sportif à la fin de sa carrière,
44:40c'est de se rendre compte que tout ce qui va changer,
44:44c'est sa place dans la société, mais pour autant la personne qu'il est
44:48et qui lui a permis d'atteindre cette performance,
44:52elle reste là, il lui faut juste, entre guillemets,
44:55à trouver un nouveau champ d'expression de ses compétences et de ses qualités
45:01et quelque chose qui va lui permettre de s'y épanouir à nouveau.
45:05Et c'est ce que dit très bien Sarah Ouramon dans l'extrait,
45:08c'est qu'à partir du moment où je me suis défini un projet qui me donnait envie,
45:14La Petite Mort, ça a duré quelques secondes parce que très vite,
45:17je me suis sentie forte de toutes ces années de sport au plus haut niveau
45:22et dans mon projet, je me suis dit mais je vais m'éclater
45:25et puis je n'ai plus besoin d'être la meilleure
45:27quand on est dans le champ professionnel,
45:29il suffit d'avoir un projet dans lequel on s'épanouit
45:31mais la compétition est beaucoup moins rude.
45:34Carole Migros, vous êtes au cœur du débat là,
45:36les entreprises, la Fédération française du sport en entreprise,
45:38on va avoir à la fois l'entreprise qui va, sujet précédent,
45:43faire pratiquer du sport et la mobilité à des gens qui ne bougent pas
45:46avec ses 30 minutes par jour et puis aussi vous avez une responsabilité,
45:49enfin vous, les entreprises avec lesquelles vous travaillez,
45:52c'est justement, alors est-ce que c'est trop en demander à l'entreprise ?
45:54Mais je trouve que ce serait un investissement formidable pour une entreprise
45:57c'est-à-dire de prendre un champion de haut niveau juste à la fin de sa carrière,
46:00de l'accompagner, d'investir dans cet accompagnement
46:03pour qu'il devienne positif et constructif et ensuite en tirer les bénéfices
46:07en ayant un collaborateur de très haut niveau.
46:09Est-ce que les entreprises commencent à être conscientes de ça ?
46:11Oui, il y a des entreprises qui effectivement embauchent des sportifs de haut niveau,
46:16c'est une belle image pour l'entreprise d'avoir un sportif de haut niveau
46:19parce qu'il va véhiculer des valeurs en fait.
46:21La RATP, la gendarmerie, c'est vrai qu'on a beaucoup d'exemples
46:24où le choc est moins rude puisqu'on a déjà des copains au boulot
46:28pendant trois mois de l'année quand on ne s'entraîne pas trop
46:30et on va tout de suite s'intégrer dans une équipe.
46:33Oui, alors là, moi j'entends cette volonté de l'entreprise de recruter un sportif
46:43mais s'il vous plaît, pas pour son image.
46:47Il ne s'agit pas de prendre une Ferrari pour aller faire le kéké à la sortie de l'école,
46:53il s'agit d'aller prendre une ressource qui a des qualités exceptionnelles
46:58pour emmener l'entreprise plus loin.
47:01Donc s'il vous plaît, recrutons des sportifs pour ce qu'ils sont capables d'apporter
47:06au nom de ces fameuses valeurs et compétences dont on parle
47:10parce que ce sont des gens qui vont savoir mettre de l'engagement dans leur activité professionnelle,
47:16qui vont savoir entraîner des gens avec eux,
47:19qui vont savoir être rigoureux, qui vont savoir aller au bout de leur engagement
47:23et pas seulement pour faire joli sur la photo.
47:26Ça c'est bon pour l'entreprise à court terme
47:28mais on oublie le sportif dans tout ça et on en fait toujours un homme sandwich.
47:32Vous avez raison mais peut-être que les deux peuvent se mêler,
47:34que l'entreprise y trouve son compte parce que l'entreprise investit sur quelqu'un.
47:38Peut-être avoir les deux aussi, une belle image avec un champion qui a des résultats
47:42et surtout travailler avec lui pour quelques années plus tard,
47:45être fier du travail accompli avec lui
47:47et que l'entreprise bénéficie doublement de l'image dans un premier temps
47:52et de la capacité dans le travail.
47:54Moi j'ai envie de vous demander, dans tout ce qu'on vient de se dire là,
47:58et on a tapé large si j'ose dire,
48:01que seraient des jeux réussis finalement ?
48:04Qu'est-ce qu'il faut mettre comme ingrédient ?
48:06Moi ce débat sur les médailles me désole et me fascine en même temps.
48:10Comment un président de la République peut dire il faut tant de médailles ?
48:13Pardon j'ai envie de dire mais qu'est-ce qu'on s'en fout ?
48:15Des médailles il y en aura, il y aura des belles performances
48:18mais des jeux réussis c'est pas ça.
48:19C'est des jeux qui auront un impact sur le territoire évidemment,
48:22j'espère que ça a commencé,
48:23qui auront un impact sur l'état d'esprit des Français,
48:25sur l'après pour les grands champions.
48:27Qu'est-ce que c'est pour vous la définition de jeux réussis ?
48:30Pour moi c'est une fête populaire réussie,
48:33il faut qu'elle touche tout le monde,
48:35il faut que tout le monde se sente concerné à un niveau ou à un autre
48:39et pour moi c'est ce que ça va changer.
48:43Alors je disais tout à l'heure,
48:44moi je trouve que déjà que ça a changé le regard sur le paralympisme,
48:46c'est déjà bien.
48:47Si ça peut changer aussi des comportements dans la vie quotidienne
48:51avec plus de sport, ça ce sera formidable.
48:54Mais voilà c'est ça l'idée et puis peut-être aussi
48:57changer sa représentation du sport
49:00parce que des fois le sport est un peu dévoyé
49:03parce qu'on va voir un match de foot qui se termine mal
49:06et en fait le sport c'est plein d'autres choses,
49:08c'est pas que ce qu'on voit à la télé,
49:10je dis ça un journaliste,
49:11mais voilà c'est plein d'autres choses.
49:14Journaliste et un dirigeant s'il vous plaît,
49:15donc j'ai les deux casquettes.
49:17Non et puis je sais qu'ici on reçoit tout type de sportifs
49:21parce que justement le sport est multiple
49:22et c'est ça qui fait sa richesse, donc j'attends ça.
49:26Pour vous, des jeux réussis ?
49:27Moi ce que je verrais comme utilité durable,
49:33impact durable de ces jeux sur la société,
49:36ce serait effectivement que ça permette
49:38de poser un autre regard sur le sport
49:40et son intérêt dans la société
49:44et que ce soit quelque chose qui devienne plus transversal,
49:47c'est-à-dire qui soit présent dans toutes nos réflexions.
49:51Tout à l'heure vous parliez des investissements
49:55en équipement sportif et de ce que ça représente financièrement,
50:00mais si on avait un état d'esprit un peu plus sportif,
50:03je dirais que ceux qui font de l'urbanisme,
50:05ceux qui rénovent nos villes,
50:08mettraient un petit peu plus de design actif
50:11et il y a des aménagements urbains extraordinaires
50:15ou dans les cours d'école qui sont extraordinaires
50:17et qui favorisent la pratique d'exercices physiques.
50:21Si on avait cette notion de mettre du sport un peu partout,
50:24mais si ça venait infusé dans toutes les dimensions de la société,
50:28là pour moi ce serait vraiment une grande réussite pour les gens.
50:31On pourrait dire la même chose pour l'écologie,
50:33on dit souvent qu'il n'y aurait pas besoin d'un ministère de l'écologie,
50:35mais tout le monde aurait pensé à ça dans son action.
50:37Le sport c'est pareil, ça concerne l'économie,
50:40ça concerne la santé, ça concerne la culture,
50:42ça concerne tous les...
50:44On va en terminer, un petit mot de Jacqueline ?
50:45Non mais c'est effectivement la vision qu'on a chez Sport & Citoyenneté
50:48depuis bien longtemps,
50:49c'est ces différentes dimensions sociétales du sport
50:55et effectivement le fait que chacun aussi prenne la responsabilité.
51:01On parle beaucoup de sport à l'école,
51:02on parle de ce que peut faire le gouvernement,
51:05de ce que peut faire le mouvement sportif,
51:06mais je crois que chacun en a cette responsabilité,
51:08c'est exactement ce que vous venez de dire.
51:10Et plus on va se mettre au sport,
51:12plus on va comprendre les bienfaits du sport
51:14et plus ils vont pouvoir se diffuser dans toute la société.
51:16Le sport et même l'activité toutes simples dans une entreprise physique,
51:20vous disiez l'exemple du parking, il y a un de meilleur,
51:22l'exemple de prendre les escaliers plutôt que l'ascenseur,
51:24je veux dire, ça fait partie de notre thème d'aujourd'hui,
51:27on n'est pas seulement en train de parler des sportifs de haut niveau,
51:29un peu autocentrés comme je le disais tout à l'heure à Véronique Barret,
51:34mais c'est un petit débat agréable.
51:37J'aimerais remercier les équipes techniques,
51:39Anthony Drovet qui m'a aidé à préparer cette émission,
51:41François Caudal notre réalisateur,
51:44Amélie Gilbert au son, Gwendoline Olesko à la vision
51:48et Sandrine David au maquillage.
51:51Merci, la semaine dernière je me plaignais d'une émission un peu,
51:56comment dire, testostérone, avec des hommes, ça m'émerveille,
51:59là au moins on a été servis.
52:01Mesdames, je vous remercie beaucoup de votre contribution,
52:03c'était passionnant.
52:04À bientôt pour un nouveau numéro des Grandes Questions du Sport,
52:07la seule émission où on prend son temps,
52:0952 minutes pour traiter un sujet, ça n'existe plus.
52:12À bientôt.
52:14Sous-titrage ST' 501