• il y a 7 mois
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Philippe Gomès, fondateur du parti non indépendantiste "Calédonie ensemble", répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils reviennent sur la situation en Nouvelle-Calédonie où Emmanuel Macron vient d'arriver pour tenter de renouer le dialogue, après 10 jours de violences et d'émeutes.

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Transcription
00:00 - Il est 7h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin Philippe Gomes, fondateur du parti non-indépendantiste Calédonie Ensemble.
00:07 - Oui, ancien président du gouvernement de la province sud, ancien député de Nouvelle-Calédonie.
00:12 Bonjour Philippe Gomes !
00:14 - Bonjour !
00:15 - Bienvenue sur Europe 1 en direct avec nous depuis Nouméa où était arrivé Emmanuel Macron.
00:21 Cette nuit pour nous c'était ce matin pour vous, je précise qu'il faut ajouter 9h pour avoir l'heure néo-calédonienne.
00:28 Il est actuellement 16h, visite express du président de la République.
00:32 Alors on va regarder en détail ce qu'a dit, ce qu'a annoncé le chef de l'État qui vient de passer 4h dans les murs du haut commissariat
00:38 en présence de plusieurs personnalités néo-calédoniennes.
00:42 Mais je voudrais vous demander d'abord comment s'est passé, comment se passe la journée, comment s'est passé la nuit précédente ?
00:46 Est-ce qu'on est sur le tempo des violences que l'on connaît depuis 10 jours, Philippe Gomes ?
00:50 - On va reconnaître qu'il y a un certain apaisement, c'est-à-dire que les destructions,
00:55 près de 250 entreprises et magasins qui ont été brûlés, pillés, incendiés,
01:01 au total près de 300 interpellations, une centaine de forces de l'ordre qui ont été blessées,
01:07 enfin c'est un chaos total et aujourd'hui encore, on s'est constaté que...
01:11 - Je vais donner, Philippe Gomes... - Un certain nombre de quartices, pardon.
01:14 - Non, je voulais juste donner ce chiffre livré par le Figaro ce matin avec des dégâts estimés,
01:18 tenez-vous bien, entre 2 milliards et demi et 4 milliards et demi d'euros de dégâts.
01:22 Enfin, ces chiffres sont vertigineux.
01:25 - C'est colossal et je vais dire que ce n'est pas terminé,
01:29 parce qu'il y a encore des écoles qui ont brûlé récemment, des incendies qui se sont déclarés.
01:35 On est dans une situation qui reste toujours une situation de quasi-guerre civile,
01:40 avec des quartiers tenus par des barrages indépendantistes,
01:44 des quartiers où les habitants ont installé leur propre système d'autodéfense,
01:49 avec eux aussi des barrages pour éviter que le cas échéant, des émeutiers puissent venir piller ou incendier les maisons ou les magasins.
02:01 Donc on ne circule pas librement dans la ville et la portion de route qui mène à l'aéroport,
02:06 qui fait 60 km, il y a près de 80 barrages dessus.
02:09 Alors, un certain nombre ont été démontés bien sûr par les forces de l'ordre,
02:11 mais ils sont remontés par derrière.
02:13 - Donc il y a encore des barrages. - Donc on reste dans une situation, on est dans un cas de chaos.
02:16 - Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui est venu à Nouméa avec le président de la République,
02:22 parle lui de "poches de non-droit".
02:24 "Poches de non-droit", ça en dit long quand même.
02:27 Il y a une discontinuité de la République sur le sol néo-calédonien en ce moment.
02:32 - Ah oui, c'est certain.
02:35 Des poches de non-droit, c'est des très grosses poches de non-droit.
02:38 Puisque dans les quartiers sud, qui sont les quartiers privilégiés de l'agglomération,
02:42 l'ensemble des quartiers ne sont accessibles qu'après avoir passé des barrages
02:46 qui sont tenus par les habitants des quartiers.
02:48 Et dans les quartiers nord, qui sont les quartiers indépendantistes et canaques,
02:51 c'est exactement la même chose.
02:52 Donc oui, il y a de très très grosses poches de non-droit.
02:55 On peut dire ça comme ça, en réalité, il n'y a aucune liberté publique aujourd'hui,
02:57 notamment la liberté de circulation qui n'est assurée dans l'agglomération
03:01 et même à l'intérieur jusqu'à l'aéroport de Tontotin.
03:04 - Alors, comment réagissent les néo-calédoniens ce matin ?
03:06 Philippe Gomez, à ce qui est l'une des premières annonces du chef de l'État, il a dit
03:10 qu'il y a 3000 membres des forces de sécurité actuellement déployées en Nouvelle-Calédonie.
03:14 Eh bien, tout ce monde-là restera aussi longtemps que nécessaire,
03:17 même si c'est pendant la période olympique.
03:19 On est prêt à dégarnir le front olympique pour assurer l'ordre en Nouvelle-Calédonie.
03:25 Ça va dans le bon sens, vous pensez ?
03:27 - Ah bah écoutez, ça rassure, parce que vous savez, aujourd'hui, les calédoniens ont peur.
03:32 Dans les quartiers, ils ont peur, les écoles sont fermées, plus personne ne circule,
03:35 les magasins sont extrêmement peu nombreux à être ouverts.
03:38 Donc, l'idée que les 3000 gendarmes et policiers puissent rester aussi longtemps que possible,
03:43 parce qu'on avait effectivement peur qu'ils puissent retourner en métropole
03:47 à l'horai des Jeux olympiques et paralympiques,
03:50 c'était effectivement une très bonne nouvelle pour la Nouvelle-Calédonie.
03:52 - C'est un triplement !
03:53 - À la sortie, même avec 3000 gendarmes et policiers,
03:56 l'ordre public, l'ordre républicain n'est pas rétabli.
03:58 C'est nécessaire, mais ce n'est pas suffisant en tout état de cause.
04:01 - Vous croyez qu'on va pouvoir lever l'état d'urgence ?
04:03 Normalement, ce sont des périodes de 12 jours, l'état d'urgence,
04:06 c'est-à-dire vendredi, le président de la République dit ce matin
04:09 que ce serait peut-être la chose à faire, c'est vers cela qu'il faudrait aller.
04:13 Ça vous paraît pertinent ? Réaliste ?
04:16 - Tout est pertinent à partir du moment où l'ordre républicain est rétabli.
04:20 Est-ce que d'ici, dans les prochains jours, il sera rétabli ?
04:23 Est-ce que les annonces, par exemple, que le président de la République pourrait faire,
04:27 notamment le report de la réforme constitutionnelle qui a été envisagée,
04:32 serait susceptible de contribuer à l'apaisement, à la levée des barrages,
04:36 au retour de la paix et de la sécurité ?
04:38 C'est tout ça qui sera en jeu.
04:40 - Qu'est-ce que vous en pensez ? Parce qu'il y a un vrai débat actuellement
04:43 dans les élites politiques néo-calédoniennes.
04:46 Nicolas Metzdorf, par exemple, député de Nouvelle-Calédonie,
04:49 lui dit "non, non, non, reporter la réforme",
04:51 je le rappelle, c'est le détonateur de cette crise,
04:53 cette réforme du corps électorat local,
04:55 "la reporter, ce serait donner raison aux casseurs".
04:58 Vous en pensez quoi, vous, Philippe Gomez ?
05:00 - Je pense que ce n'est pas très malin de dire ça,
05:04 même si on peut, avec un coup de menton et un ton martial,
05:07 donner du poids à ses propos.
05:09 Cette réforme, elle est morte, née.
05:11 Cette réforme de Marine Le Pen à la France Insoumise,
05:14 en passant par le président du Sénat et la présidente de l'Assemblée Nationale,
05:17 en revenant par les Républicains du Sénat,
05:20 personne ne la votera.
05:22 Donc dire "on ne réunit pas le Congrès à Versailles",
05:24 c'est simplement prendre acte qu'il n'y a pas aujourd'hui
05:26 une majorité des 3/5ème pour intégrer cette réforme
05:29 dans la Constitution de la République française.
05:31 Et ça permet, dans un même temps,
05:33 d'éviter que la guerre civile qui s'est engagée ne se poursuive.
05:36 La guerre, on l'a connue en Nouvelle-Calédonie,
05:38 de 1984 à 1988,
05:40 elle s'est soldée par 90 morts,
05:42 des atteintes majeures aux libertés publiques.
05:44 Et il a fallu OUVA ce drame,
05:46 pour qu'enfin, avec Michel Rocard, Jacques Lafleur et Jean-Marie Thibault,
05:50 on retrouve le chemin de la paix, du destin commun et du vivre ensemble.
05:53 Donc, conclusion, arrêter une réforme qui ne sera pas adoptée par le Congrès,
05:57 c'est simplement prendre acte d'un fait politique
05:59 et nullement reculer devant des émeutiers.
06:02 - Mais quand, pour résumer, on finira là-dessus,
06:04 Philippe Gomez, quand le Président dit "c'est sans retour en arrière institutionnel",
06:07 donc il ne semble pas vouloir reculer,
06:09 ça sous-entend que les 3 000 forces de l'ordre
06:14 qui sont actuellement dans l'île et qui doivent rester
06:16 le temps nécessaire, pourraient rester très longtemps ?
06:18 - Bah écoutez, je vais vous dire,
06:21 j'ai vécu les événements en Nouvelle-Calédonie,
06:24 j'ai été élu à partir de 1988
06:26 et engagé en politique à partir de 1984
06:28 et le boycott actif des élections par les indépendantistes,
06:31 on avait à l'époque 5 000 gendarmes et policiers,
06:36 jamais l'ordre public n'a été rétabli à l'échelle du pays
06:39 et ça a été une guerre civile larvée pendant 5 années
06:42 jusqu'à l'ACME d'Ouvaia.
06:44 Donc non, on ne va pas réengager ce chemin
06:47 qui a été un chemin de tristesse, de drame
06:50 et d'infinies blessures et d'infinies souffrances pour notre pays.
06:54 Donc non, il faut raison garder,
06:56 on a fait un faux pas, c'est peut-être le résultat d'une faillite collective,
06:59 on va dire ça comme ça, indépendantistes, non-indépendantistes
07:02 et États en sont co-responsables.
07:04 Maintenant, reprenons raison,
07:06 mettons-nous autour d'une table,
07:08 dialoguons et construisons le consensus dont nous avons besoin
07:12 comme nous l'avons fait à l'occasion des accords de Matignon,
07:14 comme nous l'avons fait à l'occasion de l'accord de Nouméa,
07:16 c'est le seul chemin possible pour la paix dans notre pays.
07:19 - Merci Philippe Gomes, ancien député de Nouvelle-Calédonie,
07:22 direct avec nous depuis Nouméa ce matin sur Europe 1. Bonne journée à vous !

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