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Chaque matin dans son édito, Alexis Brezet, directeur des rédactions du Figaro, revient sur l'actualité politique du jour. Ce mardi, il revient sur la responsabilité d'Emmanuel Macron face aux violences qui persistent en Nouvelle-Calédonie.
Retrouvez "L'édito politique" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-edito-eco
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NewsTranscription
00:00 L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Alexis Brezel.
00:04 Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:06 Alexis, alors que le calme vaille que vaille revient en Nouvelle-Calédonie,
00:09 le temps est peut-être venu de tirer les premières leçons politiques de cette crise.
00:12 Pour Emmanuel Macron, cette affaire est-elle un revers Alexis ?
00:16 Sans aucun doute Dimitri, un revers dont il peut espérer limiter l'ampleur en rétablissant l'ordre public,
00:22 mais enfin évidemment un revers, et même un revers personnel.
00:26 Rendez-vous compte, 6 personnes sont mortes en 6 jours d'émeute, 2 gendarmes, 3 canaks, 1 européen.
00:32 Ce nouveau statut qui devait ancrer la Nouvelle-Calédonie dans la France
00:36 aurait été à l'origine des plus graves violences dans l'archibel depuis 40 ans.
00:40 Emmanuel Macron qui rêvait de devenir le premier président à mener à bonne fin un processus de décolonisation inédit,
00:48 s'est retrouvé contraint de déclarer l'état d'urgence pour tenter de rétablir le calme.
00:52 Comme François Mitterrand lors de la quasi-guerre civile des années 1980.
00:56 Pour lui c'est une terrible déconvenue et pour son gouvernement un lourd échec politique.
01:01 Ce qui frappe Dimitri dans cette affaire, c'est la surprise,
01:05 presque la stupeur du gouvernement lorsque les premières violences sont éclatées.
01:09 Pourtant on le savait que cette affaire de dégel du corps électoral au demeurant parfaitement justifiée.
01:15 Il était démocratiquement invraisemblable qu'un quart des citoyens français habitant en Nouvelle-Calédonie
01:20 soit interdit de vote là où ils vivent.
01:22 Mais on le savait bien depuis toujours que cette question était sensible et même ultra sensible.
01:27 Et pourtant on a le sentiment que rien n'était prêt.
01:30 Alors que quelques escadrons de CRS ou de gendarmerie mobile
01:33 auraient permis sinon d'empêcher les émeutes du moins de les contenir dans les limites du raisonnable,
01:38 en protégeant notamment Nouméa,
01:40 les bandes ultra-violentes d'extrémistes canaques pendant cinq jours ont pu faire régner la terreur.
01:45 Il y a là un manque d'anticipation qui laisse pantois.
01:49 Comment on peut l'expliquer Alexis ?
01:50 Vous savez Dimitri, on dit parfois que pour la grammaire politique les pires fautes sont des fautes de temps.
01:56 Et bien en l'occurrence il me semble qu'Emmanuel Macron a pêché par précipitation.
02:02 En vérité il aurait pu attendre avant d'enclencher le processus de révision constitutionnelle.
02:06 Il n'y avait pas d'urgence absolue à élargir le corps électoral
02:10 puisque le Conseil d'État lui avait laissé pour organiser les élections provinciales jusqu'à novembre 2025.
02:16 Mais voilà, Emmanuel Macron était pressé.
02:19 Parce qu'il estimait que la réforme était juste, ce qui est vrai.
02:22 Et surtout parce qu'après avoir organisé trois référendums,
02:26 s'être rendu deux fois dans l'île, sans parler des réunions à l'Elysée,
02:30 il a estimé que la plaisanterie avait assez duré et il a demandé à Gérald Darmanin de pousser les chevaux.
02:35 Et Gérald Darmanin qui connaissait bien la situation pour s'être rendu sept fois sur le caillou
02:40 et qui aurait pu crier "Casse-coups ça va mal tourner"
02:43 et bien Gérald Darmanin ne l'a pas fait.
02:45 Pourquoi ? Parce qu'il a surestimé l'influence pacificatrice des leaders indépendantistes sur leur base
02:51 et parce que lui aussi était pressé.
02:54 Pressé de boucler le dossier avant les Jeux Olympiques,
02:57 sans doute pour pouvoir quitter Beauvau après, avec le sentiment du devoir accompli.
03:02 Au fond, tout ça ressemble à l'échec de la loi immigration.
03:06 Un peu par aveuglement, un peu par fourfanterie,
03:09 mais aussi parce que c'est ce que le chef voulait entendre,
03:12 Gérald Darmanin avait dit à Emmanuel Macron que ça passerait.
03:15 Emmanuel Macron l'a cru et puis pour finir ça n'est pas passé.
03:18 - La faute de temps donc.
03:20 Bon, maintenant on fait quoi Alexis ?
03:21 Est-ce qu'Emmanuel Macron doit convoquer le Congrès pour élargir le corps électoral néo-calédonien ?
03:26 - Il le faudrait Dimitri.
03:27 Cette réforme n'a jamais été ni si justifiée, ni si nécessaire.
03:31 Malheureusement, au point où sont les choses, ça me paraît à peu près impossible.
03:35 Pourquoi ? Parce que personne n'en veut.
03:37 Ni la gauche, ni l'ERN, ni Manuel Valls, ni Yael Brown-Pivet, la présidente de l'Assemblée,
03:42 ni même la maire de Nouméa, pourtant non-indépendante, si c'est soutien d'Emmanuel Macron,
03:45 et Gérard Laché qui n'est pas emballé.
03:48 Donc le président va être très probablement obligé de repousser cette révision.
03:52 Ce qui est désolant, non pas pour lui, mais pour le respect de l'autorité dans ce pays.
03:57 Une fois de plus, la violence triomphe.
04:00 Une fois de plus, on va dire qu'en France, il faut tout casser pour être entendu.
04:04 - L'édito politique sur Europe, merci Alexis Brézet.
04:07 À la Une du Figaro, la loi sur la fin de vie,
04:09 les députés font tomber les gardes fous. On va en parler dans le journal de 8h. A demain Alexis, merci à vous.