Deux femme disparues, son épouse et sa fille, le 14 juillet 2013 à Perpignan. Peut-être une troisième, une maîtresse brésilienne, quelques années plus tôt. La vie du légionnaire Francisco Benitez, est peuplée de femmes et de fantômes. Difficile de suivre la trajectoire de cet Espagnol, séducteur invétéré qui multiplie les conquêtes. Mais qui, sous ce masque, pourrait être également un meurtrier. Un éternel suspect qui n'a jamais été confondu. Il a mis fin à ses jours alors l'enquête était en train de se rapprocher de lui après les disparitions de sa femme et de sa fille.
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
Regardez L'heure du Crime avec Jean-Alphonse Richard du 14 mai 2024
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00:0014h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
00:05Jean-Alphonse Richard.
00:07Alison, c'est ma vie. Je suis à l'infertitude de rencontrer ma fille.
00:12Et ma fille n'a jamais fait quelque chose comme ça.
00:15Pas donner de nouvelles, ni de choses comme ça. C'est impossible. Je sais que c'est impossible.
00:19J'espère que ma fille sera retrouvée, ainsi que sa maman.
00:23Bonjour. Deux femmes disparues le 14 juillet 2013 à Perpignan.
00:28L'épouse est la fille du légionnaire Francisco Benitez.
00:32Éternel suspect qui n'a jamais été confondu, il a mis fin à ses jours
00:36alors que les investigations étaient en train de se rapprocher de lui, au point de le cerner.
00:41C'est ainsi une enquête à rebours qui va être menée,
00:44à la recherche de Francisco Benitez lui-même, de son parcours,
00:48de cette vie qui semble peuplée de femmes et de fantômes.
00:51Une épouse et une fille disparues, mais aussi une maîtresse brésilienne quelques années plus tôt.
00:56Plus de dix ans après l'affaire et aucun corps retrouvé,
00:59le mystère du légionnaire espagnol demeure insondable.
01:03Impossible de savoir s'il s'est suicidé parce qu'il ne supportait plus le poids du soupçon
01:08ou parce qu'il ne voulait pas que la justice des hommes le rattrape.
01:11Que savait Benitez ? Combien de secrets inavouables a-t-il emporté dans sa tombe ?
01:16Serait-il, oui ou non, un tueur en série ?
01:20Parmi nos invités aujourd'hui, la journaliste Pauline Lallement,
01:24elle avait recueilli les dernières confidences du légionnaire.
01:27Elle va nous aider à répondre à ces questions.
01:30Francisco Benitez, le légionnaire et les disparus de Perpignan.
01:34J'ai pris une décision difficile, mais c'est mieux comme ça.
01:37Je pars à Toulouse avec Alison. Je vous aime.
01:41L'enquête aujourd'hui de l'heure du crime, la seule émission radio 100% fait divers.
01:45A tout de suite sur RTL.
01:5414h30, 15h30, Jean-Alphonse Richard sur RTL.
01:59L'heure du crime.
02:01Dans l'heure du crime, aujourd'hui nous revenons sur l'affaire Francisco Benitez.
02:04En plein été 2013, ce légionnaire espagnol qui habite Perpignan
02:08vient signaler les disparitions de son épouse et de sa fille.
02:12Les deux femmes auraient décidé d'aller vivre ailleurs, parties sur un coup de tête.
02:17Lundi 22 juillet 2013, Francisco Benitez, 49 ans,
02:21adjudant chef chargé du recrutement de la légion étrangère à Perpignan,
02:25est au commissariat de la ville.
02:27Il vient déposer une main courante pour signaler les disparitions simultanées
02:31de son épouse, Marie-Josée, 53 ans, et de sa fille, Alison, 19 ans.
02:36Il n'a plus de nouvelles d'elle depuis le 14 juillet.
02:39Leurs téléphones sont sur messagerie.
02:42Un policier enregistre le signalement donné par un homme
02:45qui ne semble pas forcément inquiet pour sa femme,
02:48mais davantage préoccupé pour sa fille, Alison.
02:51Trois jours plus tard, Francisco Benitez revient au commissariat.
02:55Il est accompagné cette fois de Laura,
02:57une des filles que son épouse a eue d'un premier mariage.
03:01Le légionnaire et la jeune femme demandent le déclenchement de recherche.
03:05Benitez raconte que le 14 juillet, dans la matinée,
03:09il a accompagné Alison jusqu'à la station balnéaire du Canet en Roussillon.
03:14Sa fille est candidate au titre de Miss Roussillon.
03:17En début d'après-midi, ils sont rentrés chez eux,
03:19au numéro 28 de la rue Jean Richepin, à Perpignan.
03:23Il précise qu'il ne vit plus vraiment ici, car son couple bat de l'aile.
03:27Il est séparé de son épouse, Marie-Josée.
03:29Benitez raconte que Marie-Josée et Alison ont discuté cinq minutes en tête à tête,
03:35puis elles ont quitté la maison, avec une valise, sans dire un mot.
03:39Je ne me suis pas inquiété, car ma femme est déjà partie plusieurs fois,
03:42sans me donner de nouvelles.
03:44Le départ d'Alison est en revanche incompréhensible à ses yeux.
03:48Elle a raté un rendez-vous avec l'organisation de Miss Roussillon.
03:52Le lundi, elle ne s'est pas présentée non plus au salon de coiffure, où elle est apprentie.
03:58Les policiers s'interrogent sur le départ soudain de la mère et de la fille.
04:02Elles ne possèdent ni voiture, ni permis de conduire.
04:05Elles n'ont pas pris d'argent.
04:06Laura, qui accompagne Francisco Benitez,
04:09a dit aux policiers avoir reçu, le 14 juillet, à 17h17,
04:14un texto de sa mère, bourré de fautes d'orthographe.
04:17« J'ai pris une décision difficile à prendre, mais c'est mieux comme ça.
04:21Je pars à Toulouse avec Alison.
04:23Ça va être difficile au début, et c'est pour ça que je n'ai pas voulu appeler.
04:27Je vous aime. Appelle papa », écrit la maman.
04:31Benitez ne sait pas pourquoi Marie-Josée et Alison seraient parties à Toulouse.
04:35Un appel à témoins est lancé pour retrouver Marie-Josée en mètre 67,
04:39corpulence ronde, yeux verts, et Alison en mètre 74,
04:43minces yeux marrons, cheveux bruns, légèrement ondulés.
04:46Personne n'a croisé la mère et la fille.
04:49Elles sont invisibles sur les caméras de surveillance à Perpignan, comme à Toulouse.
04:54Jeudi 1er août, le procureur adjoint de Perpignan, Luc-André Lenormand,
04:59ouvre une information judiciaire pour disparition inquiétante.
05:02Il indique que depuis 15 jours, les enquêteurs n'ont noté aucun mouvement
05:07sur les comptes bancaires des deux femmes.
05:09Leurs portables sont éteints.
05:11Aucune activité sur les réseaux sociaux, où Alison est pourtant très active.
05:16Le domicile familial est perquisitionné, l'habitation passée aux luminoles,
05:20un produit qui permet de détecter les projections, même infimes, de sang.
05:25Des traces suspectes sont relevées sur le sol.
05:28Elles ont été nettoyées à la Javel.
05:30Francisco Benitez apparaît sombre, anxieux.
05:33« S'il leur est arrivé quelque chose, je me tuerai », annonce-t-il.
05:37Il se sent cerné par les soupçons.
05:39Il ne sort plus de la caserne.
05:41Il dort dans son bureau, où le soir venu, il pose un matelas.
05:44À sa belle-fille, Laura, qui le soutient, étant de dissiper son désespoir, il confie.
05:49« Pour tout le monde, je suis coupable ! »
05:51Laura déclarera plus tard.
05:53Il n'avait qu'une obsession, retrouver sa femme et sa fille.
05:57Il a envisagé de sillonner Toulouse pour cela.
06:01Et tout le monde commence à s'interroger sur Benitez.
06:04Époux de Marie-Josée et père d'Alison, on suppose qu'il n'échappera pas à une longue audition ou à une garde à vue,
06:11car ses disparitions sont beaucoup trop soudaines.
06:14Mais ce programme, on va le voir dans la suite de l'heure du crime, va être bouleversé.
06:19Le légionnaire ne va plus pouvoir parler puisqu'on va le retrouver pendu haut et court.
06:24Ça sera dans le prochain chapitre de l'heure du crime.
06:27Alors, Benitez est en première ligne parce qu'effectivement, c'est le mari.
06:31Donc, il est fatalement le premier suspect.
06:33Et puis, c'est lui qui signale ses disparitions.
06:36Bonjour Pauline Lallement.
06:38Bonjour.
06:39Merci infiniment d'être avec nous aujourd'hui dans le studio RTL de l'heure du crime.
06:44Vous êtes journaliste et auteur de ce livre,
06:47« Les disparus de l'affaire Benitez », publié aux éditions Flammarion.
06:51Livre qui sort demain.
06:52Merci beaucoup, Pauline Lallement, de nous en donner la primeur de cet ouvrage qui est passionnant
06:56parce qu'il revient sur une affaire où, on le lit toujours, on a l'impression de tout connaître.
07:00Cette histoire Benitez avec les disparitions de ses femmes,
07:03qui sont d'ailleurs plus que deux, on va l'apercevoir dans cette heure du crime.
07:06Mais finalement, il y a beaucoup de détails.
07:08Il y a une foule d'anecdotes, de questions qui apparaissent.
07:13C'est toujours une histoire qui est extrêmement passionnante.
07:16Alors, Pauline Lallement, il faut revenir au début avec ce signalement des disparitions.
07:21Finalement, la démarche de Benitez est très rationnelle, j'ai envie de dire.
07:26Il pensait, lui, que son épouse allait rentrer rapidement.
07:31Elle a fait une nouvelle crise parce que ce couple ne s'entend pas, c'est ça ?
07:35Oui, et en fait, le signalement de Benitez est assez tardif.
07:39Il passe le 22 juillet au commissariat de Perpignan pour signaler...
07:44Alors qu'elles ont disparu le 14, c'est ça ?
07:46Oui, le 14 juillet.
07:47Elles ont disparu le 14 juillet et il signale la première fois le 22 juillet.
07:51Brièvement, il passe au commissariat.
07:53Il signe juste le registre et se présente une nouvelle fois le 25
07:59pour vraiment faire une déposition et dire qu'elles sont parties.
08:03C'est étonnant, ça fait quand même longtemps.
08:06Entre le 14 juillet et le 25 juillet, il s'est passé presque dix jours.
08:09Pressé aussi par sa belle-fille, Laura, l'aînée de Marie-Josée
08:15pour alerter la police.
08:18La police qui ne tique pas vraiment parce que ce couple est en opposition l'un et l'autre.
08:26Les personnes s'entendent très bien dans cette famille,
08:28donc on se dit après tout, l'épouse va revenir, c'est ça ?
08:32Oui, parce qu'en fait, Francisco Benitez n'habite plus au domicile, rue Jean Richepont.
08:37Il habite à la caserne Joffre, la caserne de la Légion étrangère à Perpignan.
08:44Et ça depuis six mois déjà, depuis le mois de décembre.
08:48Quel est le parcours de Francisco Benitez ?
08:51Vous allez rapidement le rencontrer.
08:54On va en parler de cette rencontre qui est presque surréaliste.
08:57Elle est totalement incroyable et vous êtes la dernière personne,
09:00la dernière journaliste à avoir recueilli ses propos.
09:04Quel est son parcours ? C'est un militaire pur et dur, espagnol ?
09:07Alors oui, il est d'origine espagnole.
09:09Il est arrivé en France à l'âge de 22 ans.
09:12C'est à ce moment-là qu'il intègre la Légion étrangère.
09:15Il a tenté les parachutistes en Espagne avant,
09:18mais c'est finalement à la Légion étrangère qu'il fait toute sa carrière.
09:22Pourquoi il a intégré la Légion étrangère ?
09:24On aurait pu se demander si c'était pour effacer un crime, un délit.
09:29Un passé, c'est l'armée de la seconde chance, on le sait.
09:32Son casier est vide en France autant qu'en Espagne.
09:36Je l'ai cherché.
09:38En fait, il fait toute sa carrière à la Légion étrangère.
09:41En tant que tireur d'élite, il a de nombreuses campagnes.
09:45Son poitrail est rempli de médailles.
09:49Il rencontre Marie-Josée assez tôt dans sa carrière, à Marseille, dans un bar.
09:56Elle est déjà mère de quatre enfants.
09:58Et ensemble, avec Francisco Benitez, ils vont avoir un cinquième enfant pour Marie-Josée, Alison.
10:05Et il va beaucoup bouger dans sa carrière.
10:07C'est important, parce qu'on va se poser des questions sur le parcours de cet homme.
10:11Il est nomade, il a été muté dans de nombreux endroits,
10:14que ce soit à Mayotte, au Plateau d'Albion, à Nîmes, Castelnaudary.
10:19Il a un parcours assez classique à la Légion étrangère.
10:23Bonjour Maître Philippe Capsier.
10:27Philippe Capsier qui n'est pas avec nous, mais on va le retrouver dans un instant.
10:30C'est l'avocat des frères et de la sœur de Marie-Josée Benitez.
10:35Pauline Allemand, je continue avec vous.
10:37Ce qui frappe les enquêteurs, après cette double disparition,
10:40c'est qu'il n'y a zéro trace de ces deux femmes.
10:43On les voit normalement quand c'est une disparition volontaire.
10:47Il y a bien une vidéosurveillance, quelque chose qui apparaît.
10:50Là, il n'y a rien.
10:51Vous l'avez dit dans votre résumé, c'est que les cartes de crédit sont inactives.
10:57Les réseaux sociaux d'Alison Benitez, qui est très accro à son Facebook,
11:03elle publie constamment ses états d'âme, finalement reste très silencieux.
11:09Et puis, elle avait rendez-vous avec le comité Miss Roussillon,
11:14on l'a dit à demain, le 14 juillet,
11:16et elle ne s'est jamais rendue à ses activités, à ses rendez-vous prévus.
11:20Elle y tenait beaucoup.
11:21D'ailleurs, il y a Cindy Flipiak, qui est la déléguée locale du comité Miss France.
11:27Elle va dire, partir comme cela, ça ne lui ressemble pas du tout.
11:30Ça, ça met aussi la puce à l'oreille des policiers.
11:32Effectivement, elle était très impliquée dans cette compétition.
11:35Elle avait commandé des robes.
11:37On s'attendait à ce qu'elle arrive un jour, dès le lendemain.
11:42Donc, c'était un élément troublant.
11:45Et c'est d'ailleurs les amis d'Alison qui sonnent l'alerte.
11:49Le premier appel à témoin, c'est finalement les amis d'Alison,
11:52et c'est le comité des Miss qui alerte les policiers.
11:56Alors, il n'y a pas de témoignage, etc.
11:59Elles ont disparu, elles se sont volatilisées.
12:01Encore une question, polidemment.
12:03Il y a du sang dans la maison ?
12:04Oui, il y a des traces.
12:05Alors, à première vue, non.
12:08Et Benitez va être convoquée à plusieurs reprises,
12:13au domicile rue Jean Richemin, après le début de l'enquête.
12:18Le 1er août, vous l'avez dit, par le procureur,
12:22qui lance une enquête pour disparition inquiétante.
12:26Et à ce moment-là, on va chercher dans l'appartement,
12:28et il va y avoir des traces qui vont apparaître.
12:31Un militaire qui, dans quelques heures, va mettre fin à ses jours,
12:35après avoir délivré un ultime message.
12:38Francisco Benitez, le légionnaire et les disparus de Perpignan,
12:41je vous demande, s'il vous plaît, de ne pas me juger.
12:44Mais je suis vraiment au bout de mes forces.
12:46L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
12:59Jusqu'à 15h30 sur RTL.
13:01Au programme, aujourd'hui de l'heure du crime,
13:03l'affaire Francisco Benitez à Perpignan, été 2013.
13:07Le 14 juillet, l'épouse et la fille de ce légionnaire,
13:10bien noté, inconnu de la justice, ont brutalement disparu.
13:1420 jours après les faits, il fait figure de témoin numéro 1, voire de suspect.
13:20Dimanche 4 août 2013, au matin, Francisco Benitez accepte de rencontrer
13:24la reporter de Paris Match, Pauline Lallement.
13:27Il n'a pas donné suite aux autres sollicitations des journalistes,
13:30alors que la tension monte autour de lui.
13:33Son interpellation, son placement en garde à vue, semble une question d'heure.
13:38Peu avant 18h, le militaire rencontre la journaliste qui monte dans sa voiture.
13:43L'homme manifestement amaigri par rapport aux photos diffusées dans la presse,
13:47est méfiant, il est aux abois, il roule jusque dans une ruelle déserte,
13:52puis stoppe son véhicule.
13:54« Je suis à deux doigts de tout exploser », dit-il.
13:57Il ne souhaite pas donner d'interview tout de suite, demain peut-être,
14:00mais il remet à la journaliste un iPad.
14:03Sa belle-fille, Laura, l'a filmée dans son bureau,
14:06dans un bâtiment de la Légion étrangère.
14:08Il s'agit d'un message vidéo sur les disparitions.
14:11Il souhaite sa diffusion le plus vite possible sur le site internet de Match.
14:17Sur les images, Benitez remercie toutes les personnes
14:20qui se sont mobilisées pour les recherches.
14:22Il apparaît très ému.
14:24« Il y a beaucoup de choses qui nous passent par la tête.
14:27On tient, on tient, mais c'est trop dur.
14:29On est à la limite d'exploser », dit-il.
14:31« J'espère que ma fille sera retrouvée »,
14:33ainsi que sa maman, conclut Francisco Benitez.
14:36Un fichier contenant de nombreuses photos d'Alisson est joint à la vidéo.
14:40Vidéo diffusée ce dimanche 4 août à 21h.
14:45Lundi 5 août, peu avant 7h du matin,
14:47un caporal de la caserne de la Légion
14:49aperçoit un corps pendu par le cou à la rambarde du premier étage,
14:53non loin des toilettes.
14:54Un homme en uniforme dont un foulard noir masque le visage.
14:58Il s'agit de l'adjudant-chef Benitez.
15:00Il s'est jeté de tout son poids dans le vide
15:03pour avoir toutes les chances de ne pas rater son suicide.
15:06Dans son bureau, il a laissé en évidence tous ses papiers,
15:09de son brevet de parachutisme jusqu'à un ticket de la loterie espagnole,
15:14en passant par des articles du journal Midi Libre
15:17qui évoquent la candidature de sa fille Alisson à l'élection Miss Roussillon.
15:22Dans un message maladroitement écrit en français
15:25et adressé à son colonel et à ses amis légionnaires,
15:28il se dit abattu, sans force, son optimisme a cessé.
15:31Francisco Benitez poursuit.
15:33Je vous demande s'il vous plaît de ne pas me juger,
15:36mais je suis vraiment à bout de force.
15:38Le légionnaire savait qu'il était attendu par les enquêteurs pour une audition.
15:42C'est un témoin capital qui disparaît.
15:44S'il a un secret, il l'a emporté avec lui.
15:46Regrette le procureur adjoint de Perpignan.
15:49Le magistrat ajoute qu'une lettre a été retrouvée,
15:52dans laquelle il certifie qu'il n'est pour rien
15:55dans la disparition de sa fille Alisson et de son épouse Marie-Josée.
16:00La mort de Benitez ne clôt pas le dossier.
16:03Tout continue à être mis en œuvre pour retrouver l'épouse et la fille disparue.
16:07La téléphonie est épluchée, jeudi 8 août.
16:09Les enquêteurs entendent une Espagnole, une femme mariée de 46 ans,
16:13vigile au consulat de France à Barcelone.
16:16Elle était la maîtresse du légionnaire.
16:18Quelques heures avant de se pendre,
16:20il lui a téléphoné aux alentours de 1h du matin.
16:23La maîtresse raconte au policier que Francisco Benitez était désespéré.
16:27Il lui a répété que sa fille Alisson était tout pour lui.
16:30Il était sincère.
16:32La maîtresse a du mal à croire que le militaire soit un meurtrier.
16:38Des investigations qui vont se poursuivre.
16:40Pour les enquêteurs, il faut absolument trouver le fil qui pourrait conduire
16:43aux deux disparus et peut-être même à une troisième disparue.
16:47Puisque le légionnaire avait été entendu il y a quelques années
16:50dans une autre disparition.
16:52Est-ce que ce séducteur est un tueur de femmes ?
16:55C'est une possibilité, en tout cas c'est une interrogation pour les policiers.
16:58On va voir s'il y aura des réponses dans le prochain chapitre de l'heure du crime.
17:03Pauline Lallement, vous êtes avec nous, journaliste et auteure du livre
17:06« Les disparus de l'affaire Benitez » qui sort demain dans les bonnes librairies
17:13et qui a été publié aux éditions Flammarion.
17:17Il y a bien la maîtresse qui lui a parlé au téléphone à une heure du matin.
17:23Mais vous êtes la dernière personne à avoir pu parler avec Benitez.
17:27Et plus que cela, pas au téléphone, à avoir pu l'approcher
17:30et même être monté dans cette voiture où il va vous donner cette vidéo.
17:35Vous le décrivez très bien, cette rencontre dans votre livre « Les disparus de l'affaire Benitez ».
17:40C'est impressionnant.
17:42Vous vous êtes laissé emporter dans une espèce de flux
17:45et vous aviez l'espoir que vous alliez peut-être apprendre plein de choses avec lui.
17:49Mais vous aviez peur aussi.
17:51Oui. Je ne m'attendais pas à monter dans sa voiture.
17:54Il me donne rendez-vous place de la Catalogne à Perpignan.
17:59Et là, quand j'arrive, il m'appelle.
18:04Et il me dit « avancez vers le feu, le feu rouge qui se trouve devant vous ».
18:08Donc je comprends qu'il m'observe de loin.
18:10Et je m'avance et une voiture, une berline noire, la Laguna, se dirige vers moi.
18:17C'est lui qui est auto-volant.
18:18Il s'arrête juste devant moi.
18:21Et là, il se penche, ouvre la porte passagère.
18:27Et je comprends qu'il faut que je monte.
18:29Vous n'êtes pas vraiment rassurée.
18:32Évidemment, à ce moment-là, tout le monde le suspecte.
18:35Je me souviens, le titre du journal du dimanche, ce jour-là, c'était « Les silences suspects du père ».
18:44Il n'avait pas parlé avant ça.
18:46Donc pour moi, c'était quand même important de le rencontrer,
18:49de faire mon travail de journaliste, d'aller jusqu'au bout et d'avoir son interview.
18:53Donc je monte dans cette voiture et là se passe un long silence.
18:56On ne se parle pas.
18:58Il fait extrêmement chaud à Perpignan.
19:00Il y a vraiment cette chaleur palpable et cette ambiance assez lourde.
19:06Il a extrêmement peur.
19:07On le sent tout de suite.
19:08Il est aux abois et il jette des regards en permanence au rétroviseur.
19:13J'ai l'impression qu'on est presque suivi ou en tout cas qu'il le pense.
19:17Et puis avant, il roule.
19:19Juste avant de s'embarquer vers l'autoroute, il s'arrête dans une petite ruelle, se gare,
19:24coupe le moteur, remonte les fenêtres et me regarde et commence à pleurer.
19:30Il me dit ses premiers mots, c'est « je suis prêt à tout exploser ».
19:34C'est ce qu'il dit d'ailleurs dans la vidéo où vous avez repris l'extrait.
19:38Et donc là, je suis un peu déstabilisée parce qu'on est quand même dans un habitacle
19:46d'une voiture, dans une proximité un peu désagréable et je ne sais pas exactement
19:53comment réagir.
19:54Je tiens quand même à mon interview.
19:56J'ai envie de savoir et d'avoir des éléments concrets.
20:00Mais je me dis qu'il faut tenter quand même aussi la carte de la compassion.
20:04Donc je le rassure quelque part.
20:07Je lui dis mais j'ai eu des témoignages assez positifs envers votre comportement
20:13en tant que père, le soutien que vous avez vis-à-vis d'Alison pour son concours.
20:17Et puis rapidement, il reprend le dessus.
20:19C'est le militaire qui reprend le dessus.
20:21Et il me dit j'ai un iPad avec une vidéo et je souhaite que vous la diffusiez.
20:26Ça, il vous le confie tout de suite.
20:28Alors il a craqué légèrement puis après il s'est repris.
20:31C'est important ce que vous dites.
20:33Vous sentez qu'il y a une ambiance très pesante et vous allez même décrire qu'il
20:36y a presque une odeur de mort dans cette voiture.
20:38Vous vous posez des questions.
20:39Vous dites c'est peut-être dans le coffre de la voiture que ces femmes ont été transportées.
20:43Pourquoi pas ?
20:44J'ai trouvé qu'il y avait une odeur désagréable et j'ai repensé le soir.
20:47Après, on était dans une ambiance qui était assez pesante de toute façon.
20:53Et c'était peut-être l'odeur de la peur aussi.
20:57Il y avait quelque chose en tout cas.
20:59Juste un petit mot.
21:00Vous pensez que c'est quelqu'un qui va mettre fin à ces jours ?
21:03Quand vous le voyez comme ça ?
21:05Alors, c'est toujours…
21:09Ça peut être un peu facile de reprendre l'histoire avec tous les éléments qu'on
21:14a lus après.
21:15On ne savait pas pour la troisième disparue.
21:18On ne savait pas ce qu'ils l'attendaient et ce qu'ils avaient trouvé aussi.
21:22Ce que les enquêteurs avaient trouvé sur place lors de la perquisition rue Jean Richepin.
21:27Donc, on peut refaire l'histoire.
21:29Mais ce jour-là, il me donne rendez-vous aussi le lendemain pour faire une interview
21:34plus longue.
21:35Oui, il vous promet.
21:36Il vous dit demain, on fera ça demain.
21:38Voilà.
21:39Effectivement, dans la nuit, il va se pendre comme on l'a raconté.
21:42Bonjour Maître Philippe Capsier.
21:44Bonjour.
21:45Merci infiniment d'être avec nous aujourd'hui dans l'heure du crime.
21:47Vous êtes avocat au barreau de Perpignan et dans cette affaire, avocat des frères
21:50et la sœur de Marie-Josée Benitez.
21:52Vous êtes donc du côté évidemment de la famille et de la partie civile.
21:57Il y a cette vidéo, Maître, qui est importante parce que c'est le seul témoignage qu'il
22:02laisse Benitez.
22:03Il ne donne pas vraiment de détails dans cette vidéo.
22:07Simplement, il en reste sur ses positions.
22:09C'est pas moi, c'est pas moi.
22:10Y compris dans une lettre qu'il adresse à sa hiérarchie.
22:14Il est dans une démarche de sauver les apparences et sauver son honneur.
22:19Mais on sait aujourd'hui, avec l'information judiciaire, que les indices graves ou concordants
22:26étaient très importants et auraient conduit indiscutablement à l'issue de sa garde à
22:32vue qui était prévue dans la matinée qui suivait son passage à l'acte.
22:36Elle aurait été suivie indiscutablement de sa mise en examen.
22:39Il y a la maîtresse espagnole qui l'appelle dans la nuit.
22:43Elle va être interrogée évidemment par les policiers.
22:46Ce qu'elle raconte, elle dit, lui il est sincère.
22:49Elle ne le croit pas possible d'avoir commis un tel acte.
22:54Oui, mais malheureusement, les éléments sont là.
22:57Les indices graves ou concordants existent.
22:59Il est d'abord la dernière personne à avoir vu, selon ses propres déclarations, les
23:03deux femmes en vie.
23:04Il est dans ce contexte de séparation qu'il vit et qu'il apprécie mal.
23:09Et puis on a des éléments que l'enquête a révélé, certes un peu tard, mais qui
23:15donnent des indices très importants comme la présence de sang dans le garage et dans
23:20la pièce du logement.
23:22Ces ADN qui sont retrouvés aussi dans un congélateur et une machine à laver.
23:27Et on a ensuite la téléphonie qui finit de confirmer une liaison après la disparition
23:35qui n'a jamais été expliquée par l'intéressé.
23:39Et si avant son épouse et sa fille, le suspect avait fait disparaître une autre femme ?
23:45Francisco Benitez, le légionnaire, elle est disparue de Perpignan.
23:49Avant de disparaître, Simone avait laissé une lettre.
23:52Mais on s'est aperçu que ce n'était pas son écriture.
23:55L'enquête de l'or du crime, où est donc passée la brésilienne qui avait croisé
23:59la route du militaire ?
24:01C'est à suivre, restez avec nous sur RTL.
24:20Retour aujourd'hui dans l'heure du crime sur l'affaire Francisco Benitez.
24:23En 2013, ce légionnaire de Perpignan allait être entendu dans les disparitions simultanées
24:28de son épouse et de sa fille de 19 ans.
24:3020 jours après les faits, il s'est pendu.
24:32Enquête qui se poursuit, une autre disparition ressurgit dans son passé.
24:37Lundi 5 août 2013, alors que la photo du suicidé Francisco Benitez s'affiche sur Internet,
24:42les enfants de Simone de Oliveira Alves ne cachent pas leur surprise.
24:47Ce visage, eh bien celui de l'homme qui, en 2004, partageait la vie de leur mère,
24:52à Nîmes, juste avant qu'elle ne disparaisse.
24:55Simone avait 39 ans. Depuis 9 ans, plus aucun signe d'elle, aucune trace.
25:00Emmanuel, l'ex-mari de Simone, contacte la police pour évoquer cette étrange coïncidence.
25:05A l'époque, Francisco Benitez avait été entendu comme témoin dans cette disparition
25:10sans être jamais inquiété.
25:12Simone, de nationalité brésilienne, serveuse dans un bar à Nîmes, mère de 4 enfants,
25:17séparée de son mari, s'était évaporée après une violente dispute avec Benitez.
25:23Elle avait découvert qu'il était marié, elle avait décidé de rompre,
25:26elle avait laissé derrière elle ses enfants qu'elle adorait
25:29et tous les cadeaux de Noël qu'elle leur avait achetés.
25:32Fait troublant, Simone avait écrit en mots, à son fils aîné,
25:36l'être désordonné dans lequel elle se dit faible
25:39et ne supporte pas que l'homme qu'elle aime ait une double vie.
25:42Je n'ai jamais reconnu l'écriture de Simone.
25:45Ce n'était pas la sienne, dira son ex-mari.
25:49Jeudi 8 août, une enquête supplémentaire est ouverte sur le cas de Simone de Oliveira Alves.
25:54La PJ va alors se replonger dans le passé, la vie itinérante du légionnaire Benitez,
25:59un militaire passé par Mayotte, Marseille, le Gard, le Vaucluse,
26:03autant de lieux où les signalements de disparition de femmes vont être examinés.
26:10Et on retrouve dans cette heure du crime l'une de nos invitées,
26:12c'est Pauline Lallement, journaliste, auteure du livre
26:14« Les disparus de l'affaire Benitez » qui sort demain aux éditions Flammarion.
26:18Vous êtes avec nous, Pauline Lallement, pour nous parler de ce Benitez que vous connaissez bien.
26:23Vous l'avez interviewée juste avant qu'il mette fin à ses jours.
26:26Alors il y a cette histoire encore très troublante de Simone, la brésilienne.
26:30C'était neuf ans avant la disparition de Marie-Josée et Alison.
26:34Ce qu'on peut dire, c'est que ces histoires, elles se ressemblent presque comme deux gouttes d'eau,
26:38des disputes et puis des femmes qui disparaissent.
26:40Alors oui, c'est l'affaire dans l'affaire.
26:43Simone, mère de quatre enfants et qui noue une relation avec Francisco Benitez
26:50alors qu'il est au même moment avec Marie-Josée.
26:54Et ensemble, ils vont avoir une relation assez continue
27:00avec les enfants qu'il adopte, Francisco Benitez,
27:05ils passent des nouvelles ans ensemble, des vacances.
27:08Il est vraiment le nouveau père dans cette famille.
27:12Et pareil, comme pour Marie-Josée, une dispute, une violente dispute.
27:17Comme vous l'avez dit.
27:19Et finalement, il est la dernière personne à avoir vu Simone en vie.
27:25Il est le destinataire aussi d'un message disant je pars, je te quitte.
27:30Et plus personne n'aura de nouvelles de Simone.
27:33Maître Philippe Capsier, vous êtes avec nous également dans l'heure du crime.
27:36Avocat à Perpignan, avocat des frères et de la sœur de Marie-Josée Benitez.
27:41On a l'impression que ces scénarios sont calqués l'un sur l'autre.
27:45Est-ce que finalement, on aurait dû enquêter peut-être plus vite sur Benitez ?
27:49Ou en tout cas, il avait ce passé déjà.
27:51Il y a cette première disparition, il avait été entendu dans cette affaire.
27:54C'est vrai que l'identité de contexte et l'identité du mode opératoire
27:59sont extrêmement troublantes.
28:02On a dans les deux cas un contexte de séparation qui est imposé à Benitez.
28:07Il y en a dans les deux cas une disparition qui n'est pas expliquée.
28:10Avec dans les deux cas aussi l'annonce d'un départ que l'on sait aujourd'hui mensonger.
28:16Donc ça, c'est le mode opératoire.
28:18C'est le contexte qui est identique et troublant.
28:21Sur la personnalité de Benitez, évidemment, c'est une page blanche
28:25que rendra de toute façon la justice parce qu'il n'y a pas d'expertise psychologique,
28:29pas d'expertise psychiatrique.
28:32On a des états de service qui sont par moments plutôt bons,
28:36par d'autres moments plutôt inquiétants.
28:39Et donc ça restera, de mon point de vue, une énigme définitive.
28:43Pauline Lallement, il y a quelque chose de troublant dans cette affaire,
28:46c'est que les corps, puisqu'il faut parler de corps aujourd'hui,
28:49évidemment on n'a retrouvé personne, les corps de ces trois femmes,
28:52ils ont disparu très rapidement.
28:54Là, ça suppose une expérience, une espèce de savoir-faire ?
28:58Oui, et puis il n'y a pas eu de recherche finalement des enquêteurs,
29:01très peu pour Simone finalement.
29:03Simone c'est vrai, on l'oublie à l'époque.
29:06On l'oublie.
29:07Les frères et sœurs de Simone tentent d'alerter les policiers
29:11et Francisco Benitez est vaguement entendu à la Légion de Nîmes
29:15et rapidement envoyé à Mayotte pour deux ans.
29:18Il donne l'impression de fuir à ce moment-là et il n'est pas du tout inquiété.
29:22Pour Marie-Josée et Alison, les recherches vont tarder,
29:26elles ne vont commencer que finalement en septembre,
29:29un mois après le suicide de Francisco Benitez.
29:32Philippe Capsier, il y a un savoir-faire, on le dit avec Pauline Lallement,
29:36mais il est militaire, il ne faut pas l'oublier,
29:38les légionnaires sont habitués peut-être à ce genre de dissimulation,
29:42de transport de cadavres ?
29:45C'est ce qu'on se dit, c'est ce qu'on pense,
29:47mais effectivement les légionnaires sont malheureusement aguerris
29:52à donner la mort, savent donner la mort,
29:55savent ensuite faire disparaître un corps.
29:58Pour eux c'est malheureusement un acte ordinaire,
30:01c'est ce qui évidemment complique aujourd'hui la situation
30:04et c'est ce qui nous laisse aujourd'hui encore un espoir malgré tout,
30:08parce que ce dossier est aujourd'hui évidemment suspendu
30:11et qu'on attend aujourd'hui soit cette découverte morbide,
30:14soit une révélation d'un confident ou d'un complice.
30:19Voilà ce qui pourrait aujourd'hui animer encore l'instruction
30:23et l'espoir des familles de savoir et de comprendre ce qui a pu se passer.
30:28Le profil du suspect décédé va encore s'assombrir
30:32avec la découverte de tâches de sang.
30:35Francisco Benitez, les disparus de Perpignan et le légionnaire,
30:39les moyens sont exceptionnels, je pense qu'on aura des réponses à nos questions.
30:43L'Enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
30:49L'Enquête, l'heure du crime sur RTL.
30:59L'heure du crime consacrée aujourd'hui à l'affaire Francisco Benitez,
31:02ce légionnaire de Perpignan s'est suicidé en 2013
31:05alors qu'il était suspecté d'avoir fait disparaître son épouse et sa fille.
31:09Les corps sont introuvables, l'enquête rebondit un mois et demi plus tard.
31:15Lundi 26 août 2013, la police scientifique informe le juge d'instruction
31:19chargé de l'affaire Francisco Benitez que des traces de sang
31:22qui pourraient appartenir à Alison, 19 ans, la fille du militaire,
31:26ont été retrouvées dans un congélateur entreposé à la caserne.
31:30Un collègue de l'adjudant-chef se souvient avoir aidé le militaire
31:35à transporter cet appareil jusqu'à son bureau.
31:37C'était le 14 juillet dans la soirée, le jour où Marie, José et Alison ont disparu.
31:42Les enquêteurs notent que le congélateur a été méticuleusement nettoyé à l'eau de Javel.
31:47Un lave-linge dans lequel de l'ADN a été retrouvé a subi le même traitement,
31:52tout comme un tapis de sol.
31:53Les experts ont relevé dans la maison des Benitez plusieurs traces de sang suspectes,
31:58notamment au sous-sol.
31:59Les passeports des deux femmes ont également été découverts dans leurs affaires,
32:03excluant tout départ volontaire à l'étranger.
32:07Mardi 10 septembre, une première série de fouilles minutieuses
32:10sont entreprises autour de l'étang de Port-Lecatte.
32:13Le ratissage intensif et auquel participent des chiens pisteurs se déroule
32:17autour d'une station d'épuration et d'une vaste pinède.
32:21Malgré les efforts déployés, les fouilles ne donnent rien.
32:23Le secteur de Lecatte va toutefois demeurer à l'épicentre des recherches
32:27car Francisco Benitez venait souvent ici.
32:30Son portable a borné à plusieurs reprises dans ce secteur dans les jours
32:34suivant la double disparition.
32:35Trois ans plus tard, 23 septembre 2016, des ossements émergents du sable
32:40sont découverts par des promeneurs dans cette zone.
32:42Mais l'expertise conclue à des restes d'animaux.
32:48Et on retourne dans cette heure du crime.
32:49L'un de nos invités, c'est Maître Philippe Capsier,
32:51avocat au barreau de Perpignan, avocat des frères et la sœur de Marie-Josée Benitez.
32:55Alors, vous nous aviez déjà dit en mots là-dessus sur ces découvertes dans la maison.
32:59Elles sont un peu tardives, un mois et demi après le suicide de Benitez.
33:03Il y a le sang dans le congélateur, le sang dans la maison.
33:06Ça, selon vous, Maître Philippe Capsier, c'est bien la signature d'un double féminicide ?
33:11Ah oui, là, c'est la matérialisation de ces indices graves ou concordants
33:17que l'instruction aurait voulu mettre sous le nez et sous l'analyse de Benitez.
33:24L'histoire en a décidé autrement.
33:27Ce qu'on sait aussi pour la petite histoire,
33:30c'est que ces premières analyses avaient été faites dans les premiers temps immédiatement de l'enquête
33:36et que manque de produits avait retardé l'exploitation de l'ensemble des pièces.
33:42Aujourd'hui, avec le recul, on peut effectivement regretter ce retard,
33:48déjà à l'allumage et puis ce retard dans l'exploitation de ces pièces
33:53qui, à l'évidence, correspondaient à la scène de crime.
33:56Pauline Lallement, on vous retrouve dans cette heure du crime, journaliste, auteure du livre
34:00« Les disparus de l'affaire Benitez » qui est publié aux éditions Flammarion.
34:03Vous le trouverez demain dans toutes les librairies, ce livre qui raconte toute cette histoire.
34:08Et vous avez rencontré, on en a parlé tout à l'heure, vous avez rencontré Benitez juste avant qu'il ne se suicide.
34:15Pauline Lallement, il y a quelque chose d'étonnant, moi, qui me trouble toujours dans cette histoire,
34:19c'est que, finalement, tôt ou tard, Benitez, il savait qu'on allait retrouver ses traces.
34:26Il a sûrement tué, aujourd'hui, on en a une quasi-certitude, même s'il n'est plus là pour le démentir
34:31ou bien dire que, effectivement, c'est la vérité.
34:35Mais il savait que tout ça, c'était une partie perdue.
34:39Alors, il avait été entendu dans l'affaire de Simone, il est présent lors des perquisitions,
34:45lors des analyses scientifiques au domicile.
34:49Il y a tout un étau qui se resserre, l'enquête se rapproche
34:55et il sait qu'il y a une garde à vue qui est plus qu'imminente.
35:00Bien sûr, elle arrive.
35:02Tout le monde s'y attend.
35:04Et d'ailleurs, c'est ce qui participe à la course médiatique sur place de tous les envoyés spéciaux.
35:10C'est-à-dire qu'on sait qu'il risque d'être mis en garde à vue et qu'il faut avoir son témoignage avant que ça arrive.
35:17Parce que quand vous le décrivez dans cette voiture, vous êtes avec lui dans cette voiture, vous le voyez,
35:21il va vous donner cette vidéo, il vous dit à demain pour une interview, là je vous parlerai plus longuement.
35:26Vous avez eu un terme tout à l'heure, vous m'avez dit, il est aux abois.
35:30C'est quelqu'un qui a peur, mais il a peur de quoi ?
35:32Il a peur de voir surgir les policiers qui vont l'embarquer, c'est ça ?
35:37Il a peur de cette... En fait, c'est une ambiance...
35:41Il faut bien se remettre dans le contexte.
35:44Il y a les badauds et les journalistes en poste devant chez lui en permanence.
35:49Il est calfeutré à la Légion et à chaque fois qu'il sort, il entend des voisins dire...
35:58Dès qu'il passe chez lui, dire assassin ou des choses comme ça.
36:02Donc c'est vraiment une ambiance très pesante et tout le monde le suspecte à ce moment-là.
36:08Maître Philippe Capsier, ce fameux secteur de Port-le-Quatre, là où il y a eu les recherches,
36:14selon vous, c'est vraiment l'épicentre, c'est l'endroit où il aurait pu ensevelir les corps
36:18parce qu'on a l'impression qu'il est souvent là-bas, dans ce coin ?
36:21Oui, beaucoup d'éléments nous amènent sur ce secteur.
36:25C'est un département limitrophe à celui des Pyrénées-Orientales.
36:29C'est un département qu'il connaît pour s'y rendre régulièrement,
36:33notamment avec ses maîtresses où il apprécie alors la discrétion.
36:38On a aussi, évidemment, de la téléphonie qui nous amène de manière assez insistante
36:44dans ce département de l'Aude voisin.
36:47Et on a aussi un témoin qui a pu dire avoir un jour recueilli les confidences de Bénitez
36:53en décrivant un endroit toujours dans ce département
36:56et qui décrivait cet endroit comme idéal pour enterrer des corps.
37:00Donc il y avait effectivement une convergence d'éléments qui nous amenait à nous interroger
37:05sur ce secteur qui est un peu isolé et qui est peut-être effectivement propice,
37:10selon lui, à faire disparaître des corps.
37:12Pauline Lallement, je voudrais qu'on refasse un petit bond en arrière et un petit détour.
37:17Vous nous reparlez de l'histoire de la maîtresse espagnole à qui se confie cette nuit-là
37:21une très longue conversation au téléphone.
37:23Il appelle à 1h du matin, je crois qu'à 2h du matin, il raccroche.
37:26Il a raconté sûrement beaucoup de choses.
37:29Et vous, dans votre livre, Les disparus de l'affaire Bénitez,
37:34vous vous interrogez sur le rôle qu'aurait eu cette femme,
37:37ou en tout cas ce qu'elle a pu entendre ces nuits-là.
37:40Alors ce qu'il y a, c'est qu'entre le 12 juillet et le 5 août,
37:46elle est très présente dans la vie de Bénitez.
37:48Elle vient à de nombreuses reprises à Perpignan.
37:53Il la retrouve aussi à Barcelone.
37:54Elle passe une nuit au domicile conjugal.
37:57Il l'emmène dans le secteur de Port-le-Cat.
38:01Et c'est là, à cet endroit même, que les recherches pour retrouver les corps vont se dérouler.
38:08Donc ça a été une des pistes.
38:09Ça a été une des pistes.
38:10Et effectivement, cette femme, elle demeure un mystère, un point d'interrogation,
38:13parce qu'on ne sait pas exactement ce qu'il a pu lui raconter cette nuit-là.
38:16Elle dit qu'il était sincère, mais bon, il n'y a rien pour le prouver.
38:19Il n'y a évidemment pas d'écoute de cette conversation nocturne.
38:23Des débuts d'explications, mais des corps jamais retrouvés.
38:27Francisco Bénitez, les disparus de Perpignan, est le légionnaire.
38:31S'il avait tué Alison, il n'aurait pas attendu trois semaines pour se suicider.
38:35L'enquête aujourd'hui de l'heure du crime.
38:37Je vous retrouve tout de suite sur RTL.
38:49Dans l'heure du crime, aujourd'hui, nous revenons sur l'affaire Francisco Bénitez.
38:52Plus de dix ans de mystère.
38:54En 2013, ce légionnaire suspecté d'avoir tué et fait disparaître sa femme et sa fille s'est suicidé.
39:00Neuf ans plus tôt, une de ses maîtresses avait également disparu.
39:03Autant de corps jamais retrouvés.
39:07Le dossier Francisco Bénitez est toujours ouvert à Perpignan.
39:10À ce jour, les juges d'instruction successifs n'ont jamais disposé d'éléments pouvant les conduire aux sépultures de Marie-José Bénitez et de sa fille Alison.
39:19Le corps de Simone, l'ancienne maîtresse, n'a lui non plus jamais été retrouvé.
39:24Laura, belle-fille de Francisco Bénitez, a toujours douté de la culpabilité du légionnaire.
39:30En 2013, elle confie à Paris Match.
39:32S'il avait tué Alison, il se serait donné la mort instantanément.
39:36Il n'aurait pas attendu trois semaines pour passer à l'acte.
39:40La famille avait déjà des suspicions sur lui, mais on ne voulait pas se l'avouer.
39:43Donc tout au début, quand j'ai appris la disparition de ma soeur, tout de suite, on a pensé Paco.
39:48Mais si c'est lui, il a bien caché son jeu par rapport à Méniès.
39:51Je vous dis, il est parti avec son secret. Il y a des gros points d'interrogation.
39:55Paco, c'est évidemment le surnom de Francisco Bénitez.
39:58Et c'est la voix d'Edwige Barbé qui, elle, est sûre de la culpabilité de cet homme.
40:02C'est la soeur de Marie-José.
40:05Maître Philippe Capsi, on vous retrouve dans cette heure du crime.
40:07Vous êtes avocat à Perpignan, avocat des frères et de la soeur de Marie-José Bénitez, Edwige Barbé.
40:14Où en est-on de l'enquête aujourd'hui ?
40:19L'instruction est aujourd'hui un peu suspendue à la Providence.
40:26C'est-à-dire à un élément qui pourrait relancer l'affaire.
40:31C'est-à-dire éventuellement, évidemment, la découverte d'un con.
40:34Et comme je le disais précédemment, des déclarations soit d'un confident qui aurait reçu des informations particulières de Bénitez.
40:43Ou éventuellement d'un complice pour qui la charge du secret serait devenue peut-être beaucoup trop lourde.
40:50Ce qui est sûr aujourd'hui, c'est que pour ces familles-là, aujourd'hui, c'est quand même compliqué
40:54de ne pas avoir de réponse à des questions aussi importantes que savoir ce qui s'est passé ce 14 juillet.
41:04Pourquoi s'en est-il pris à Alisson dont tout le monde s'accorde à dire qu'il l'aimait plus que tout et qu'il a fait des corps ?
41:12Il y a encore une question, maître Philippe Capsier.
41:14Parce que ce que dit Laura, la belle-fille de Francisco Bénitez, n'est pas du tout idiot.
41:19Elle dit que cet homme qui avait son honneur, qui était en militaire, si c'était lui qui avait fait ça, il se serait suicidé tout de suite.
41:26Et c'est vrai qu'il a attendu trois semaines pour passer à l'acte, pour se suicider.
41:29On peut se poser des questions là-dessus ?
41:31Il ne s'est pas suicidé lorsqu'éventuellement il a été à l'origine de la disparition de sa première maîtresse, Simone de Oliveira, dans le Gard.
41:42Donc on peut se dire que les remords, il s'en est plus ou moins accommodé.
41:47Par contre, rendre compte à la justice, c'était peut-être quelque chose qui lui pesait davantage.
41:53Pauline Lallement, journaliste et auteure du livre « Les disparus de l'affaire Bénitez »
41:57publié aux éditions Flammarion, qui raconte effectivement toute cette histoire.
42:02Alors vous, vous avez eu accès à beaucoup de pièces dans le dossier.
42:04Je disais tout à l'heure qu'il n'y avait pas de retranscription, par exemple, de la dernière écoute, celle de la maîtresse.
42:08Cette conversation téléphonique entre Bénitez et sa maîtresse, à une heure du matin, quelques heures juste avant qu'il se suicide.
42:15C'est faux, parce qu'effectivement, dans votre livre, il y a la retranscription de cette écoute.
42:19Il est désespéré, Bénitez, mais il ne livre rien, il ne dit aucun détail.
42:25Il ne parle pas, il ne va pas dire « j'ai fait une bêtise », etc. Il ne s'avance pas du tout sur ce terrain-là.
42:30Il est toujours dans la même posture que celle de la vidéo qu'il me remet, c'est-à-dire une position de victime.
42:36Il essaye de se disculper et il tente le dernier coup, c'est-à-dire le retournement de situation.
42:44Il essaye de se montrer encore le père, comme un père aimant, et pas du tout en lien avec toute cette affaire.
42:54Finalement, en se suicidant, il échappe à la justice, c'est ce que dit le procureur.
43:00Il dit s'il a un secret, il est parti avec.
43:03Et vous pensez, Pauline Allemand, que s'il a attendu trois semaines pour se suicider, c'est qu'il avait cet espoir, peut-être un peu vain,
43:10qu'effectivement la tension se détournerait et qu'on le laisserait tranquille ?
43:15Oui, sauf que là, la tension n'a cessé d'augmenter, elle a continué et ça a été un vrai feuilleton pendant l'été 2013.
43:21Maître Philippe Capsier, c'est un possible tueur en série, Francisco Benitez ?
43:28Il en a en tout cas la carrure, indiscutablement.
43:33On a au moins trois passages à l'acte, si on compte Simone De Oliveira, avec un mode opératoire qui est similaire,
43:42qui est plutôt bien huilé, en tout cas qui est éprouvé.
43:47Et on a quelqu'un qui est capable dès le lendemain de reprendre le cours normal de sa vie.
43:53C'est quelqu'un qui est capable de passer à l'acte et de reprendre le cours normal de sa vie.
43:57Donc c'est quelqu'un qui présente un profil psychologique et psychiatrique qui peut rappeler celui des criminels en série.
44:06D'autant plus que c'est un itinérant, Maître Philippe Capsier, il ne faut pas l'oublier.
44:10C'est quelqu'un qui a l'habitude de changer d'environnement, qui a l'habitude de s'adapter à de nouveaux environnements
44:16et c'est quelqu'un qui a été aussi mis à l'épreuve de par son engagement militaire sur différents théâtres d'opération qui n'étaient pas les plus simples.
44:26Pauline Lallement, aucun témoignage ? Il aurait fait tout ça sans en parler à personne, dans la plus parfaite solitude ?
44:35C'est un loup solitaire cet homme, Francisco Benitez ?
44:39Alors il n'est pas seul, il a des subalternes autour de lui qui déplacent le congélateur.
44:44Il est entouré de beaucoup de gens, on le voit dans sa dernière journée, il fait une sorte de tournée d'adieux
44:52et il va voir chacune de ces personnes, de son entourage, de la Légion, des amis et il leur raconte à quel point il n'est pas du tout impliqué dans la disparition.
45:07Est-ce que eux ont tout dit ? On ne sait pas.
45:10C'est ça, il y a toujours cette espèce de silence et puis il y a cette mort qui est un mot là-dessus parce qu'il a le visage masqué, il y a un voile noir sur son visage etc.
45:21comme s'il y avait une honte parce que moi j'ai appris ça, les légionnaires on ne se pend pas, c'est la mort de la honte, la pendaison.
45:29On se met plutôt une balle dans la tête le cas échéant.
45:32Il y a quelque chose de théâtral, il se suicide à la caserne en uniforme avec un foulard sur le visage.
45:38Pourquoi il n'a pas disparu ? Pourquoi il n'a pas choisi une autre manière de se donner la mort ?
45:47Il est vu par ses subalternes et c'est eux qui déclenchent l'alerte et ça se passe encore dans le haussant de la Légion.
45:56Et ça c'est vraiment quelque chose qui est important, la Légion étrangère est un vrai personnage de ce mystère.
46:01Vous dites le mot mais effectivement il y a encore beaucoup de questions.
46:04Il y a encore énormément de choses, les avocats spécialistes des Cold Case me le confirment.
46:09Il y a encore des choses à trouver même dix, vingt ans après la disparition de Simon.
46:14Merci infiniment Pauline Lallement et Maître Philippe Capsier d'avoir été aujourd'hui les invités de l'heure du crime.
46:20Merci à l'équipe de l'émission, rédactrice en chef Justine Vigneault, préparation Marie Bossard, Marie-Lou Goyer, réalisation Nicolas Godet.