Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de l'évasion massive au Centre de rétention administrative de Sète où neuf étrangers en situation irrégulière sont toujours recherchés.
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00:00 Je profite de la présence de Jean-Christophe Coville pour évoquer ce qui s'est passé dans des centres de rétention administratifs,
00:07 à la fois dans la ville de Sète, où il y a plusieurs personnes qui se sont échappées, et aussi à Lille-Sequin, dans le nord.
00:12 On fait le point d'abord sur ce qui s'est passé à Sète avec Stéphanie Roux qui est sur place et je vous passe la parole.
00:16 Les policiers parlent d'une évasion spectaculaire.
00:20 Les faits se sont déroulés dans la nuit de vendredi à samedi à 2h du matin,
00:24 10 étrangers en situation irrégulière se sont évadés de ce centre de rétention administrative.
00:30 Ils sont passés par les combles du bâtiment, puis par le toit situé à 9 mètres de haut.
00:35 Et pour des raisons inconnues, l'alarme ne s'est pas déclenchée.
00:39 L'enquête en cours analyse donc ces défaillances.
00:42 A noter que l'un d'eux a été interpellé dès samedi, les 9 autres sont toujours recherchés.
00:47 Alors, selon nos informations, ils sont âgés entre 18 et 34 ans, tous originaires d'Afrique du Nord.
00:54 Et selon les syndicats de police, cette évasion massive n'est pas une surprise.
00:58 Ce petit centre de rétention, installé tout proche du centre-ville de Sète, est vétuste.
01:03 Et ces policiers déplorent un manque d'effectifs criants.
01:06 Ils sont seulement 5 ou 6 policiers pour surveiller 28 personnes.
01:11 Merci Stéphanie Roux qui est Jean Cassock, qui sont les policiers,
01:14 donc ils sont chargés de faire respecter l'ordre dans ces centres de rétention administrative.
01:17 Ils ont de plus en plus de mal parce qu'il y a de plus en plus de monde et que la situation se dégrade.
01:23 En fait, on a un problème, les collègues le disent bien d'ailleurs dans le résumé,
01:27 c'est les effectifs, ils l'avaient justé.
01:29 C'est-à-dire qu'on a des conditions de travail, et forcément on est en minorité par rapport aux personnes qu'on doit surveiller.
01:36 Quand il y avait 5-6 collègues qui doivent surveiller 28 personnes,
01:39 imaginez s'il y a des rébellions, parce que souvent c'est ça, il y a des provocations, des rébellions.
01:44 C'est pas un métier facile pour les policiers.
01:46 Il y a une époque, l'État avait essayé de regarder s'il ne pouvait pas privatiser les centres de rétention administrative,
01:54 et en fait ça leur coûtait beaucoup trop cher.
01:56 Pour les donner à des sociétés privées.
01:58 Un fonctionnaire ça donne à manger, ça surveille, ça peut nettoyer, etc.
02:00 Oui, on a une petite tâche.
02:02 Tandis que quand vous prenez des personnes privées, il y a la personne qui va faire le repas,
02:06 la personne qui est là pour surveiller, vous multipliez tout.
02:09 Donc un fonctionnaire est moins cher, contrairement à ce qu'on peut penser,
02:13 et ça coûte déjà une même pannelle.
02:16 Terminé Jean-Christophe.
02:18 Une journée dans un centre de rétention administrative, ça coûte à la société 690 euros par jour.
02:23 Ce qui est quand même énorme.
02:25 C'est une personne égale 690 euros par jour.
02:27 Louis, un deuxième individu a été arrêté.
02:33 Absolument, à l'instant.
02:35 Sur le CRA de 7, le CRA de 7.
02:37 Absolument.
02:39 Il faut juste se souvenir que le centre de rétention administrative de 7 a vécu la même chose en 2023,
02:45 donc ce n'est pas la première fois.
02:47 Ce ne sont pas des prisons, mais il faut le dire.
02:49 Ce sont des personnes en situation irrégulière, mais qui ne sont pas en prison.
02:51 Et qui sont placées en centre de rétention administrative pour que le préfet les ait sous la main lors des procédures d'expulsion.
02:57 Aujourd'hui, il y a 1869 places en CRA de places réelles.
03:01 L'objectif du gouvernement, c'était de créer 3000 places de CRA supplémentaires d'ici 2027.
03:09 Ça met beaucoup de temps à être créé.
03:11 Mais ce qu'il faut aussi avoir en tête, c'est l'inefficacité totale de ce système.
03:15 En l'espace de 5 ans, il y a eu 445 000 au QTF qui ont été prononcés.
03:21 Et qui ne sont pas exécutés ou pratiquement pas.
03:23 Il n'y a quasiment plus d'exécution.
03:25 Et puis aujourd'hui, on vous parle sans cesse du droit de ces personnes qui sont placées en centre de rétention administrative.
03:29 Ils ont des droits.
03:31 Ils ont des droits immenses.
03:33 Et je trouve qu'on en vient vraiment avec une société à deux vitesses.
03:37 Les Français leur demandent beaucoup de choses.
03:39 Ils paient des impôts. On leur demande de très gros surtout.
03:41 Et s'agissant des personnes en CRA, ils peuvent choisir leur menu.
03:45 Ils ont un bouquet de télévision quasiment illimité.
03:48 Ils ont beaucoup de droits même s'ils sont privés de leur liberté.
03:51 Tout est fait sous le contrôle du juge.
03:53 Et très souvent, il arrive quand même que le préfet décide de placer en CRA quelqu'un qui doit être expulsé.
03:59 Qui a commis des délits.
04:01 Et ensuite, le JLD, le juge de la liberté de la rétention, fait capoter le placement en CRA.
04:05 - Je peux vous poser une question alors Christophe, rapidement.
04:07 - Dans un cas comme ça, les gens sautent la barrière, partent, ils sont 7, 8 à Paris.
04:12 - Et ils menacent les policiers.
04:13 - Que peuvent faire les policiers ? Ils ne vont pas les tirer dessus.
04:16 - Ah bah non, non, non.
04:18 - Ils ne sont pas en prison, ils sont en sorte...
04:21 Donc presque les policiers sont désarmés pour aller les interpeller physiquement.
04:26 - Sur Christophe Couville, la réponse ?
04:28 - C'est toute l'ambiguïté en fait.
04:29 C'est-à-dire que vous êtes retenus.
04:30 Vous n'êtes pas en garde à vue, vous n'êtes pas condamné.
04:32 Vous êtes retenu administrativement pour qu'on traite votre dossier administratif
04:35 et qu'on puisse vous raccompagner à la frontière, là où vous êtes nés en fait.
04:38 Là où vous venez.
04:39 Et souvent même, on a des avions groupés, des vols groupés,
04:42 parce qu'il y a d'autres pays européens par exemple, qui disent
04:44 "Voilà, on fait une destination cette semaine avec telle nationalité,
04:48 est-ce que vous, vous avez des personnes à nous donner ?
04:50 On fait un vol groupé européen, etc."
04:52 Et souvent, les Français n'en répondent même pas.
04:53 C'est ça qui est fou.
04:54 - Celui qui sait pas, il sait qu'il ne fera pas grand-chose.
04:57 - Il va repasser devant un juge, on va le remettre en prison pour rétention.
05:01 On va les rattraper, un jour ou l'autre, ils reviennent.
05:03 Et puis effectivement, l'idée, c'est de les renvoyer très rapidement dans les pays,
05:06 pour pas les garder trop longtemps.
05:07 De toute façon, on peut pas les garder plus de 80 jours.
05:09 - Naïma, rapidement.
05:10 - Je voudrais vous rappeler que, tout à l'heure, on parlait de notre pays qui est extrêmement généreux.
05:14 C'est qu'aujourd'hui, la personne qui accepte de repartir chez elle,
05:17 elle est accompagnée pour investir dans son pays.
05:20 Et c'est jusqu'à entre 10 000 à 18 000 euros qui lui sont donnés.
05:24 On l'aide même à monter son petite entreprise dans son pays d'origine.
05:27 Vous imaginez.
05:28 Donc je pense que tout est fait pour les accompagner, même dans leur pays d'origine.
05:32 Mais malheureusement, ça ne marche pas.
05:34 - Joseph, Macezcaron.
05:35 - Oui, on a parlé très justement de droit.
05:38 Il y a un élément, bien sûr, qu'on ne retrouve pas dans ce débat aux élections européennes.
05:43 C'est en effet le droit et le droit européen.
05:45 Ça va de soi.
05:46 Et comme par hasard, les mêmes disent "parlons d'Europe, parlons d'Europe",
05:49 quand vous leur posez cette question et cette problématique, il n'y a plus personne.
05:52 - Oui, parce que ce que souligne en fait Joseph Macezcaron,
05:56 c'est que c'était un délit.
05:58 En fait, le délit de clandestinité existait.
06:00 Il a été aboli par l'Union européenne.
06:03 C'est Manuel Valls qui a transcrit, mais il a transcrit une directive européenne.
06:07 Donc, première chose, en faire de nouveau un délit,
06:10 ce qui permettra de surveiller, de faire des vrais centres de rétention fermés
06:15 et surtout construire beaucoup plus de centres de rétention.
06:18 Vous l'avez dit, 1850 places pour 450 000 au QTF prononcé.
06:24 Sans doute le vrai nombre de clandestins, on est autour de 900 000.
06:28 Donc, c'est un système qui ne fonctionne pas du tout.
06:31 Il faut dire aussi que, du coup, comme il y a très peu de places
06:34 dans les centres de rétention administratifs,
06:36 on met les individus qui sont en réalité des délinquants,
06:39 dont la place devrait être en prison.
06:41 Donc, ce n'est pas très étonnant qu'ils s'évadent.
06:43 Mais ça montre notre faillite, tout simplement, en matière migratoire.
06:47 - Vous confirmez, monsieur Kouvis, ce sont des personnes délinquantes.
06:50 - Les troubles à l'ordre public, effectivement,
06:52 c'est toutes les personnes qui sortent de prison.
06:54 Imaginez, quand vous avez purgé une plaine de prison
06:56 dans un milieu carcéral qui est quand même aussi dur,
06:59 et que vous arrivez ici, je disais, ça fait un peu auberge de jeunesse pour eux.
07:02 C'est un peu ça, c'est-à-dire que vous avez une tranquillité,
07:05 vous pouvez vous balader dans tout le centre.
07:07 Alors, effectivement, il est fermé, il y a des grilles,
07:09 mais on voit bien que ce n'est pas un haut niveau de sécurité comme une prison.
07:12 Et donc, quand on s'échappe, effectivement,
07:14 on n'a pas les effectifs nécessaires pour empêcher.
07:16 Il y a des rondes qui sont faites, mais on fait tout au rabais.
07:18 De toute façon, la France, malheureusement,
07:20 on a une fonction publique aujourd'hui qui est au rabais, on est à l'os.
07:23 On n'arrête pas de le dire.
07:24 - La pression sociale est extrêmement importante,
07:28 et on décroche socialement, on ne peut pas.
07:30 Quand vous voyez qu'aujourd'hui, on a des prioritaires,
07:32 notamment les dallaux, les dallaux qui ne sont plus...
07:34 - C'est quoi, les dallaux ? - Droits de logement opposables.
07:36 - Droits de logement opposables, et qui ne sont plus prioritaires.
07:38 C'est les migrants qui arrivent qui sont prioritaires,
07:40 et ça, c'est un vrai problème.
07:42 Vous avez aujourd'hui des travailleurs pauvres,
07:44 c'est-à-dire des personnes qui travaillent, qui dorment dans leur voiture.
07:47 C'est ça, le problème.
07:48 C'est-à-dire qu'on a effectivement tout acté avec les directives européennes,
07:52 mais on ne peut pas, et ce n'est pas en service d'idées,
07:54 en pays d'accueil, ni à ceux qui arrivent.