• il y a 8 mois
Vendredi 12 avril 2024, SMART BOURSE reçoit Patrice Gautry (Chef économiste, Union Bancaire Privée) , Philippe Uzan (Directeur général adjoint et Directeur des gestions, IM Global Partner) et Pierre-Alexis Dumont (Directeur de la gestion actions et convertibles, Groupama AM)

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Transcription
00:00 (Générique)
00:10 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13 Philippe Huzon est à nos côtés, directeur général adjoint et directeur de gestion d'IM Global Partners.
00:17 Bonsoir Philippe.
00:18 Bonsoir Grégoire.
00:19 Merci d'être là. Merci à Pierre-Alexis Dumont d'être à nos côtés également.
00:22 Bonsoir Pierre-Alexis.
00:23 Directeur Action et convertible de Groupama Asset Management.
00:27 Et Patrice Gautry nous accompagne également. Bonsoir Patrice.
00:29 Bonsoir Grégoire.
00:30 Ravi de vous retrouver. Vous êtes chef économiste à l'union bancaire privée.
00:34 Comment est-ce que vous regardez le débat sur la divergence qui semble se matérialiser entre les perspectives de baisse de taux côté américain et côté européen ?
00:43 Patrice, en intégrant notamment les dernières données américaines depuis le rapport sur l'emploi la semaine dernière et les dernières données d'inflation qu'on a pu avoir pour le mois de mars.
00:52 Et de l'autre côté la communication centrale de Christine Lagarde à la suite de la réunion du conseil des gouverneurs de la BCE cette semaine.
00:59 Divergence pour démarrer les baisses de taux ? Oui, sans doute.
01:03 Mais ensuite quel degré de divergence est-ce qu'on peut attendre ou observer entre les intérêts de la réserve fédérale américaine et ceux de la banque centrale européenne pour la zone euro ?
01:15 Oui, la situation est très différente entre les deux zones puisqu'en fait on peut même inclure d'ailleurs le Royaume-Uni, l'Europe continentale et le Royaume-Uni par rapport aux États-Unis.
01:24 Et effectivement, premier point, la croissance est plate ou sort à peine de récession au Royaume-Uni.
01:29 Elle est encore très très fragile en Europe alors qu'aux États-Unis le problème, la croissance reste au-dessus de son potentiel.
01:37 Et donc l'inflation reste au-dessus aussi de son potentiel ou au-dessus des fourchettes qu'avait donné la banque centrale américaine même s'il y a un petit peu de ralentissement du côté de l'inflation salariale.
01:48 Copie qui est complètement différente en Europe.
01:50 Donc croissance faible dans les deux pays, le Royaume-Uni et l'Europe continentale et une inflation.
01:56 Et ça il faut le marquer.
01:57 On l'a vu les derniers chiffres qui viennent d'être publiés donc en zone euro.
02:02 On est à 2,4% sur un an.
02:04 Le Royaume-Uni va bientôt tilter les 2%.
02:07 Donc effectivement et on va rester dans ce range-là entre 2 et 2,5% sur les prochains trimestres.
02:13 Ce qui est un scénario qui est complètement à l'opposé de ce que l'on a donc aux États-Unis puisque l'inflation malheureusement va rester entre 3 et 3,5% jusqu'au mois de septembre.
02:21 Peut-être si on a un peu de chance et si on n'a pas trop de désordre en interne, on passera juste en dessous des 3%.
02:28 Mais pour avoir 2,5% il faut se téléporter en 2025.
02:31 Donc effectivement il y a un espace de liberté et d'ouverture qui est en train de se créer à la faveur des banques centrales européennes où elles peuvent prendre de l'initiative.
02:38 Alors initiative pour la banque centrale européenne qui est confortée par l'évolution de l'inflation salariale.
02:44 C'était ce qui embêtait Madame Lagarde en fin d'année.
02:47 Ce qui avait été aussi un petit peu confus en termes de communication puisque on avait un nouvel indicateur qui était sorti
02:52 qui montrait que les nouvelles négociations avec des effets de rattrapage notamment en Italie nous amenaient sur une inflation qui était légèrement en réaccélération.
03:00 Mais visiblement d'après les derniers indicateurs dont disposait Madame Lagarde, cette crainte est plutôt levée.
03:07 Donc avec 3 conditions, le scénario global de l'inflation, la désinflation, la transmission de politique monétaire qui est efficace dans la zone euro donne confiance.
03:18 Pour reprendre effectivement le libellé exact de la formulation qui permet cette déconnexion.
03:24 Mais cette déconnexion elle est là pour durer et elle devrait effectivement aussi avoir un impact sur l'évolution des taux.
03:31 Et on n'est plus dans l'académiac américaine sur les taux longs européens.
03:35 On s'affranchit de l'ombre de la réserve fédérale américaine de ce point de vue-là.
03:39 Que la Fed ou la banque d'Angleterre puissent commencer sans attendre la réserve fédérale américaine c'est une chose.
03:44 Mais ensuite quel est le degré de marge de manœuvre une fois la première baisse de taux enclenchée par la BCE pour continuer de baisser les taux ?
03:53 Si c'est l'intérêt et si c'est ce que recommande la situation de l'économie en zone euro notamment.
04:00 Si de l'autre côté la réserve fédérale américaine est toujours sur quelque chose de très hésitant ?
04:04 L'inflation aujourd'hui dans toutes ces grandes économies c'est d'abord un problème domestique.
04:08 Alors on met de côté, ce qu'il va falloir être vigilant sur l'évolution des prix et matières premières et la situation géopolitique au Moyen-Orient.
04:15 Puisque chaque week-end on a des risques de quelque chose.
04:18 Si on accepte effectivement ce facteur qui peut être important, on a des trajectoires comme je le disais sur l'inflation qui permettent de tenir des rythmes au moins de 75 points de base de baisse de taux au Royaume-Uni et en zone euro.
04:34 Et plus si affinités, les affinités proviendraient d'une croissance qui est encore assez lente, d'effet de transmission d'un marché de l'immobilier tant au Royaume-Uni qu'en zone euro qui est quand même très mal en point.
04:47 Et donc là il y a un besoin effectivement d'oxygène.
04:50 Ça va un peu mieux au Royaume-Uni mais c'est encore assez mal orienté.
04:53 Et puis on revient sur cette histoire d'inflation salariale.
04:57 Plus on va avancer dans le calendrier, les négociations salariales en Allemagne par exemple en fin d'année 2024 vont se faire je dirais de façon beaucoup plus calme.
05:06 Donc la comparaison sur un an va progressivement donc s'amenuiser même si on est encore avec du 4 ou après du 3%, ce sera encore élevé mais ce ne sera plus un facteur d'accélération des prix cœur.
05:19 Et donc là ça donne du confort.
05:21 Donc 75 points de base mais on peut aller très bien à 100 points de base alors que pour la Fed, on va refaire avec la comparaison.
05:28 Si ça se passe bien, on a deux baisses de taux, 2 fois 25. Si ça se passe pas bien, on en a une seule.
05:34 Et puis on va se poser sur la question...
05:36 Enfin pas bien, ça veut dire que la croissance nominale est trop forte pour permettre à la Fed de baisser ses taux.
05:41 Donc ça se passe trop bien.
05:43 Ça se passe trop bien du côté de la croissance.
05:45 Oui, j'ai toujours du mal à dire que trop de croissance c'est mal.
05:48 Trop bien du côté des taux de marge des entreprises puisque le prix nominal c'est la marge des entreprises.
05:53 Mais effectivement ça va résister du côté... Et surtout le taux terminal ne sera pas du tout le même parce que la Fed ne pourra pas aller aussi bas.
06:02 Surtout qu'il y a le calendrier électoral qui vient jouer là-dessus puisque on va être en pleine campagne électorale.
06:08 Mon sentiment c'est que si on a déjà des doutes sur les baisses de taux de la Fed en 2024, on peut déjà commencer à s'interroger sur celle de 2025 aussi en fonction du résultat des élections du 5 novembre.
06:18 Et 2026 parce que je ne sais pas pourquoi il y aurait des baisses de taux s'il y a de la relance budgétaire.
06:24 Et les deux programmes, M. Biden et M. Trump, nous disent qu'il va y avoir de la relance de déficit budgétaire avec des dépenses qui vont augmenter dans des thématiques qui sont différentes.
06:36 Et personne n'accure de ce qu'a dit le CBO en disant qu'en 2054 la dette par rapport aux PIB sera de 176%.
06:44 On écoute peu effectivement ces gens-là même s'il y a eu une sortie il y a deux semaines du directeur du CBO, Congressional Budget Office,
06:50 qui est l'organisme bipartite indépendant qui s'occupe notamment de réaliser les trajectoires de déficit et de dette aux Etats-Unis.
06:57 Philippe, que vous inspire cette histoire de découplage, de désynchronisation ? Quel degré de découplage est-ce qu'on peut attendre ? Et qu'est-ce que ça génère dans le marché ?
07:06 On a vu que la semaine a été très turbulente quand même sur ces questionnements autour des chemins de politique monétaire de part et d'autre de l'Atlantique.
07:13 C'est-à-dire qu'effectivement il y a maintenant on peut lacter un décalage de politique monétaire.
07:18 On l'attendait parce que c'est vrai, vous l'avez très bien dit, la situation est en termes de croissance et en termes d'inflation, elle est quand même très différente des deux côtés de l'Atlantique.
07:26 Il faut remettre les choses en perspective. L'inflation américaine, on n'est pas en 2021, on n'est pas en 2022.
07:30 Elle a juste du mal, on va dire, à descendre sous les 2% alors que nous on y arrive.
07:35 Puis on en reparlera sans doute, ça dépend aussi des modes de calcul.
07:37 Mais bon, globalement, on a une croissance nominale qui est, allez, on va dire de l'ordre de 5% aux Etats-Unis.
07:41 Donc avoir des taux courts à 5%, ça n'a rien d'étonnant.
07:44 Alors qu'en zone euro, on a une croissance nominale qui est peut-être, allez, disons de l'ordre de 2,5%.
07:48 Donc avoir des taux courts à 4%, c'est beaucoup.
07:50 Donc enfin, effectivement, on va avoir cette divergence.
07:53 Alors, on peut se demander pourquoi ils n'ont pas baissé les taux hier.
07:55 Mais bon, ça, ils ont débattu, certains l'ont proposé.
07:58 Mais ce n'était pas le consensus, c'est le consensus.
08:01 Et on sait que Mme Lagarde, contrairement à son prédécesseur, aime le consensus.
08:05 Ce sera pour le mois de juin.
08:07 Il va y en avoir une majorité pour la première baisse de taux.
08:09 Oui, oui, absolument.
08:10 Bon, donc, bon.
08:11 Et puis c'est vrai que ça joue probablement sur la demande de crédit bancaire.
08:17 Ça joue sur les taux immobiliers.
08:19 Bon, mais on sait que les taux souverains aussi,
08:22 qui est quand même un élément très important pour l'endettement en zone euro.
08:26 Les taux longs sont déjà bas, on y reviendra.
08:29 On est quand même en dessous de 2,5% déjà sur le 10 ans allemand.
08:32 Bon, sur votre question, est-ce que ça peut se prolonger ?
08:37 Je dirais, sans doute, mais ça dépendra beaucoup aussi de l'évolution de l'économie américaine.
08:42 Pour l'instant, tout va bien.
08:43 Mais il y a quand même quelques petits signaux qu'il va falloir continuer à regarder.
08:47 Puis évidemment, plus les taux restent hauts longtemps,
08:50 plus ça va quand même continuer à mordre sur les acteurs qui ont besoin de rouler de la dette.
08:54 Donc, il ne faut pas non plus penser que l'économie américaine,
08:57 elle est absolument immunisée à tous les...
09:00 Le débat, ou en tout cas les paris affichés par certains qui nous disent
09:05 "Il n'y aura pas de baisse de taux de la Fed, préparez-vous, il n'y en aura pas",
09:08 c'est déjà un peu extrême pour vous, peut-être ?
09:11 Ce qui est intéressant, et je reviens sur la deuxième partie de votre question,
09:14 c'est quand même qu'il y a des réactions dans le marché obligataire
09:16 qui sont colossales par rapport à, on va dire, à une différence de chiffre d'inflation.
09:20 C'était 0,4 au lieu de 0,3 attendu.
09:23 On voit que le marché...
09:25 2 ans prend 20 points de base.
09:26 Exactement, le 10 ans prend 20 points de base.
09:28 20 points de base, de mémoire, c'est arrivé 10 fois dans les 20 dernières années sur une journée.
09:32 Donc c'est un mouvement, un sismographe le repère.
09:36 Donc ça prouve quand même que le marché obligataire est quand même perturbé.
09:41 On l'avait vu dans l'autre sens en fin d'année dernière,
09:44 quand les investisseurs s'étaient mis à anticiper 6, 7 baisses de taux de la Fed,
09:50 simplement, effectivement, parce qu'on avait eu à l'inverse des chiffres d'inflation
09:53 un petit peu en dessous des estampes,
09:55 et que M. Powell avait ouvert la porte, on va dire, au pivot.
09:59 Donc maintenant on est revenu à quelque chose de beaucoup plus raisonnable.
10:03 Mais il ne faut pas complètement balayer d'un revers d'une bianche
10:07 le fait que l'économie américaine ne va pas forcément être à 2,5 sur toute l'année.
10:11 Donc ça c'est à surveiller.
10:13 Alors évidemment ça soutient l'eau de l'arbre.
10:15 Donc l'histoire n'a pas complètement changé encore.
10:17 Elle a évolué, mais elle ne s'est pas renversée.
10:20 Non c'est ça.
10:21 Elle est meilleure aux Etats-Unis, tant mieux.
10:24 L'histoire des baisses de taux, j'ai entendu parler de ça.
10:26 Non, l'histoire des baisses de taux, c'est plus, on va dire,
10:29 c'est plus le marché qui avait énormément espéré,
10:32 dans une année qui aurait été fantastique,
10:34 avec à la fois des croissances de bénéfices à 15%
10:36 et des baisses de taux de 150 points de base.
10:38 Ça franchement, on n'y a pas cru.
10:40 Voilà, donc, et c'est l'autre point important.
10:43 C'est-à-dire que ce que vous lisiez en début d'année,
10:45 ou ce que vous entendiez, c'était "baisses de taux",
10:47 ça veut dire qu'il faut être long des obligations.
10:49 Mais si le taux à 10 ans est déjà à 100 points de base,
10:52 en dessous du taux monétaire, il y a déjà beaucoup de choses qui sont pricées.
10:55 Donc aujourd'hui, on est revenu, en tout cas sur le marché américain,
10:58 à des choses un petit peu plus raisonnables.
10:59 Nous, on avait 4,5 en baisses de taux.
11:02 Non, non, 4,5 sur le 10 ans, pour se dire, ok,
11:04 là, effectivement, ça devient un peu plus intéressant
11:07 de regarder de la duration.
11:09 Donc, voilà.
11:10 C'est un seuil qu'on a, voilà, qui a été testé, franchi, même.
11:14 Il a été franchi mercredi, on est autour de ce niveau-là aujourd'hui.
11:18 Là, effectivement, c'est intéressant de se poser la question,
11:20 parce qu'à un moment ou à un autre,
11:22 il va bien y avoir un ralentissement de l'économie américaine.
11:24 Ça viendra.
11:25 J'entends.
11:26 Le point intéressant, si je peux me permettre de rebondir,
11:28 effectivement, par rapport à ce que l'on disait,
11:30 c'est le programme d'émission du Trésor.
11:32 C'est-à-dire, en fait, et là, on va avoir des annonces trimestrielles,
11:35 mais aussi, on voit bien que derrière, il y a toute une stratégie
11:37 qui est peut-être en train de changer, puisqu'ils auront la tentation
11:40 d'émettre plus sur le court que sur le long.
11:42 Mais s'ils viennent sur le long, parce que derrière,
11:44 il y a des programmes ambitieux de relance budgétaire,
11:47 il faut appeler un chat un chat, de relance budgétaire,
11:49 donc aux États-Unis avec l'un ou l'autre des candidats.
11:51 Il faudra payer plus cher.
11:52 Effectivement, il faudra payer plus cher.
11:53 Et oui, on l'a vu avec les émissions du 10 ans et du 40 ans américain cette semaine.
11:56 Le 4/40, effectivement, alors là, ce n'est pas le nom de l'indice,
11:58 c'est le seul sur les obligations longues.
12:01 Il pourrait, malheureusement, être encore challengé
12:03 si jamais il y a un retour budgétaire
12:06 et les agences de natation devraient peut-être aussi faire leur travail.
12:10 Baisse compliquée pour les taux longs, oui.
12:11 C'est difficile d'imaginer, enfin, toute chose égale par ailleurs,
12:14 sauf accident, évidemment, important,
12:16 mais d'imaginer une vraie grande baisse des taux longs.
12:19 En octobre, novembre, tout le monde serait sur la duration.
12:21 On en parlait tout à l'heure avant de venir.
12:22 Oui, bien sûr.
12:23 Et aujourd'hui, en fait, on s'oriente vers des marchés obligataires
12:25 qui sont un peu plus fragmentés, entre pays, mais aussi entre segments.
12:28 Ça veut dire que la gestion obligataire est devenue beaucoup plus complexe qu'avant.
12:32 Mais bon.
12:33 Ça redonne de l'intérêt à cette question obligataire
12:35 qui n'a vu qu'un grand mouvement de baisse de taux
12:38 pendant toute une génération.
12:40 On l'a déjà évoqué avec vous, Pierre-Alexis.
12:42 On ressort légèrement obligataire sur les plateaux.
12:45 Que vous inspire cette idée de découplage ?
12:47 Est-ce qu'il faut commencer à, je ne sais pas,
12:49 mettre une vraie probabilité sur le fait que la Fed ne puisse pas baisser ses taux cette année ?
12:54 À l'extrême inverse du spectre, Larry Summers nous dit,
12:56 moi, j'imagine 15, 20, 25 % de probabilité que la Fed monte les taux dans son prochain mouvement.
13:02 C'est sans doute une position extrême qui appartient à Larry Summers.
13:06 Mais quand même, ça montre bien la nature du débat aussi aujourd'hui.
13:10 Oui, mais de toute façon, tant qu'il n'y a pas inversion des anticipations,
13:13 il n'y a pas de problématique sur les marchés d'actifs risqués.
13:20 Les marchés peuvent être patients de ce point de vue-là ?
13:23 Ils peuvent être patients, tout à fait.
13:25 C'est vert du rare, quand même, chez les marchés.
13:29 Ils peuvent être patients. L'autre point qui est clé, c'est qu'on dit que la volatilité n'est pas sur les actifs risqués,
13:34 elle est sur les taux.
13:35 Et donc, aujourd'hui, l'intérêt marginal d'avoir des actions est beaucoup plus fort qu'avant par rapport aux taux.
13:41 Donc, vous avez aussi un intérêt, parce qu'aujourd'hui, vous avez des volatilités beaucoup plus fortes,
13:47 et un actif qui résiste beaucoup mieux à des inflations légèrement supérieures.
13:52 Il ne faut pas que ça passe 4%, mais si on reste entre 2 et 4, on m'a dit, c'est maximal pour la valorisation des actions.
13:59 Donc, ça fait baisser les primes de risque.
14:01 Et on a eu des primes de risque extrêmement hautes pendant 10 ans.
14:04 Et là, on est revenu à des primes de risque beaucoup plus standards qu'on avait avant la période de déflation
14:09 que l'on a connue à partir de la crise financière.
14:13 Donc, nous, ça nous conforte dans notre scénario, parce qu'on avait un scénario...
14:18 - Vous étiez déjà très prudent sur les baisses de taux de la flèche.
14:20 - Nous, on était long for higher.
14:22 Avant, on était longer for higher, et on est passé long for higher avec en descente.
14:27 - High for longer, oui, c'est ça.
14:29 - Pardon, je...
14:31 - Et par contre, le processus de découplage, je pense qu'il y a quand même quelques forces de rappel qu'il faut confier pour les auditeurs.
14:40 Le premier, c'est, évidemment, il y a quand même un certain nombre de forces globales qui sont derrière ça.
14:47 Donc, vous avez les matières premières, vous avez un marché de l'emploi qui reste quand même relativement fort, même en Europe.
14:55 On est quand même sur des marchés d'emploi qui sont encore un peu tendus.
14:58 Et donc, ça, ça devrait limiter quand même le phénomène de découplage fort entre les différentes banques centrales.
15:08 Et le troisième point aussi, c'est que si on a fort découplage, on aura sans doute des réactions assez fortes sur les taux de change.
15:16 - Ah ben, ça a été... Le test, le laboratoire de la semaine a été sur le fort excentre, de ce point de vue-là.
15:22 - Et donc, de ce fait, vous allez avoir un peu d'inflation à porter, qui va faire que...
15:26 Bon, de toute façon, là, c'est encore positif pour les actifs risqués, parce que les devises baissent.
15:33 Normalement, c'est positif croissance Europe et c'est positif inflation.
15:37 Donc, aujourd'hui, ce qui est vrai, c'est qu'on est un peu, on le dit, dans une boucle d'or sur les actifs risqués.
15:43 Et c'est pour ça, d'ailleurs, que les actions et les actifs risqués, globalement, se comportent si bien.
15:47 Parce qu'on est dans une vision où il y a un peu d'incertitude sur les taux et l'inflation,
15:53 mais pas à des niveaux suffisants pour créer du stress sur les marchés d'actifs risqués.
15:59 Et finalement, des scénarios de croissance nominale qui sont bien plus porteurs qu'avant.
16:03 - C'est ça. - Et qui poussent un peu les valorisations vers le haut et les primes de risque vers le haut.
16:07 - Ma question, pour la Fed... Tiens, Philippe, si vous voulez reprendre la parole.
16:10 Ma question était, si l'économie américaine ne justifie pas, en tout cas dans l'immédiat, un "pout" de la Fed, des baisses de taux assurancielles,
16:19 est-ce que le rappel peut venir de la sphère financière ? Encore une fois, le maintien de taux élevés pour longtemps,
16:26 ça peut provoquer des craquements aussi dans la sphère financière. Il y en a eu une série depuis 2022.
16:31 FTX, crise des LDI britanniques, SVB... - Oui, c'est possible.
16:36 - Ça rythme quand même cette séquence. - Il y en avait eu l'année dernière.
16:39 Et on a vu que le programme spécial qui avait été mis en place pour les petites banques régionales avait été arrêté sans trop de problèmes.
16:46 On en a moins parlé. Ça fait moins le devant de la scène que les baisses de taux. Mais elle va probablement arrêter son quantitatif tightening, quand même, la Réserve fédérale.
16:55 Donc il y a la même problématique de la liquidité. On va pas rentrer dans des détails trop techniques.
17:01 Mais effectivement, comme le Trésor avait mis beaucoup de titres courts, ça avait aidé à contrebalancer le quantitatif tightening.
17:07 On sait que sur le restant de cette année, la liquidité va être un petit peu plus tendue.
17:12 Ça explique aussi peut-être ce regain de volatilité sur les marchés d'action et sur les marchés d'obligation qu'on a commencé à avoir.
17:18 Mais bon, les grandes banques que vous citiez en introduction, JPMorgan, Wells Fargo, Citigroup, c'est ultra solide.
17:26 Non, c'est vraiment effectivement ce qui peut se passer en matière de devises.
17:33 Alors oui, on a passé les 1,06. Ça reste quand même très très calme par rapport à ce qu'on a pu connaître en moyenne sur les 10 dernières années.
17:40 Enfin, sur les 12 derniers mois, on a dû faire 1,15, 1,05 comme range sur le euro/dollar.
17:46 Ce n'est pas beaucoup par rapport à des économies divergentes.
17:50 Et il a fallu quand même, depuis le début de l'année, il a fallu attendre mercredi pour que ça bouge un petit peu.
17:56 Alors que ce qu'on dit sur l'inflation et la croissance, c'était dans les...
18:00 C'était observable auparavant.
18:02 Donc, on va dire que la résistance des marchés de change est aussi assez forte.
18:09 Bon, voilà, on va voir le yen, restons un petit peu une exception.
18:11 Mais bon, la Banque du Japon a quand même une politique beaucoup plus divergente.
18:15 Quand elle parle de hausse d'auto, c'est 10 points de base et on en aura peut-être 2 cette année.
18:18 Ce n'est quand même pas énorme.
18:20 Après, effectivement, je pense qu'on va... Là, on va re-rentrer sur un régime micro sur les bénéfices des entreprises.
18:26 Et qui vont venir confirmer ce que le marché a anticipé ou l'idée que la croissance nominale plus forte pour plus longtemps,
18:33 c'est bon pour les résultats des entreprises, pour les marges des entreprises, pour le pricing power des entreprises.
18:39 On est encore dans ce phénomène-là ?
18:41 Alors, si la croissance est bonne, normalement c'est bon pour les entreprises.
18:44 Et puis, ce qui compte toujours sur les marchés, c'est la réalité versus les anticipations.
18:47 Les anticipations, si vous prenez les actions américaines, les anticipations sur 2024, elles sont élevées.
18:51 Elles sont à plus de 15% de mémoire.
18:53 Mais en fait, quand vous regardez séquentiellement, pas au premier trimestre.
18:56 Au premier trimestre, là, ce qu'on attend en moyenne sur le S&P, c'est 3% de croissance par rapport au T1 2023.
19:01 Ça n'a fait qu'être revu à la baisse, comme d'habitude, sur les trois derniers mois.
19:05 Donc, honnêtement, la barre ne me paraît pas difficile à battre.
19:09 Quand on sera au quatrième trimestre, c'est loin encore, mais le quatrième trimestre de 2024, c'est 17% par rapport au quatrième trimestre de 2023.
19:15 Donc là, la barre va être quand même…
19:18 Ça va crescendo quoi !
19:19 Voilà, crescendo, avec effectivement des risques qui vont quand même aller crescendo aussi.
19:22 Donc, il ne faut pas s'attendre à ce que forcément le scénario Goldilocks dure toute l'année.
19:27 Mais pour l'instant, profitons-en.
19:29 Qu'est-ce qu'on dit du pricing power des entreprises ?
19:31 Et c'est un point avec les salaires qui a été souligné par Christine Lagarde dans sa conférence de presse.
19:36 C'était d'ailleurs de Paris que faisaient les forecasters de la BCE.
19:42 L'idée, effectivement, d'une modération des salaires, peut-être même d'un regain de productivité devant nous,
19:48 un rattrapage peut-être par rapport à ce qu'on observe aux États-Unis,
19:51 et l'idée que les entreprises, à travers leurs marges, allaient commencer à absorber aussi une partie de la hausse des coûts du unitaire du travail.
19:58 Et ça a été mentionné explicitement, je crois même que c'est dans le communiqué de la BCE hier, Patrice.
20:04 Oui, tout à fait, effectivement, il y a moins d'inquiétude sur ce sujet-là, alors qu'effectivement, c'était un gros sujet.
20:09 Et est-ce que les investisseurs actions, eux, doivent commencer à s'inquiéter, justement, de cette situation ?
20:13 Non, parce qu'en fait, et là je rebondis sur ce que vous venez de dire,
20:16 c'est que le discours des entreprises, il est que l'activité est grosso modo normale.
20:20 C'est-à-dire qu'en définitive, si on paye plus du côté des salaires, il y a aussi des économies de coûts.
20:25 Et notamment, on le voit, et ça c'est vraiment évident dans les sondages détaillés que peuvent nous révéler les indicateurs PMRI,
20:33 et on voit que dans le secteur manufacturier, il y a une baisse des coûts des entrants,
20:37 ce qui permet, effectivement, d'avoir une certaine latitude sur, je dirais, en fait, l'appréciation des salaires,
20:44 puisque on a même, je dirais, des enquêtes aux États-Unis, où on a des hausses de salaires qui sont programmées,
20:49 sans avoir nécessairement de hausse de prix programmée, là aussi.
20:54 Donc ça veut dire, en fait, qu'en termes de coûts, ça n'est pas une contrainte majeure,
20:57 qui devrait se retrouver, effectivement, globalement, dans une productivité qui va être bonne, pour rebondir sur votre premier point,
21:04 qui va être bonne, puisque en zone euro, on part de zéro, donc on va avoir un effet de productivité, même chose au Royaume-Uni.
21:11 Et aux États-Unis, elle peut rester bonne, mais là, il faut agir ou agiter un autre facteur,
21:17 c'est l'investissement en technologie et la façon dont celui-ci est progressivement,
21:22 et les dernières études montrent que ce progressif est vraiment très progressif,
21:26 c'est-à-dire que, pour l'instant, c'est le secteur de la technologie et quelques secteurs,
21:29 la finance, je dirais, tout ce qui est production artistique, audiovisuelle,
21:33 qui commencent à bien utiliser, en fait, ce secteur de l'intelligence artificielle,
21:38 mais ça va passer cinq, six ans dans les secteurs traditionnels,
21:43 et là, il y a deux, trois points de productivité à gagner, c'est-à-dire un demi-point ou plus de croissance potentielle,
21:50 ce qui veut dire que le deux et demi qui pose problème aujourd'hui aux États-Unis ne posera pas de problème demain,
21:55 parce qu'il pourra vivre avec une inflation, à la limite, encore à deux et demi,
22:00 mais des salaires qui peuvent être beaucoup plus hauts parce qu'il y a des gains de productivité,
22:02 et là, on retrouverait un cycle comme celui qu'on avait connu au début d'Internet,
22:06 quand Internet avait diffusé dans l'ensemble des années 90.
22:09 - Les années 90, quoi. - Alors, la fin des années 90.
22:11 - Oui, la fin, le fin des années 90. - Et juste avant 2001.
22:14 - Oui, oui, c'est ça. 94 jusqu'à... - Juste avant 2001.
22:18 Comment vous regardez aussi, je veux bien qu'on en dise un mot, mais on parle beaucoup de la politique monétaire,
22:23 mais c'est vrai qu'il faut regarder aussi le policy mix dans son ensemble,
22:26 avec la question de savoir qu'est-ce que vous comprenez de la guidance que les décideurs de politique budgétaire offrent aujourd'hui,
22:35 notamment aux marchés et aux investisseurs, par rapport à ce que la politique monétaire nous dit,
22:40 et quel est le lien que vous voyez entre des déficits budgétaires qui vont quand même rester relativement amples devant nous, pour le dire le moins, Patrice,
22:50 et les politiques budgétaires telles qu'elles sont signalées ou telles qu'elles seront conduites demain ?
22:55 Alors, aujourd'hui, la politique monétaire, partout, c'est la pédale frein qui est activée.
23:00 La politique budgétaire, elle est toujours en mode accélération,
23:03 et elle va, aux États-Unis, continuer à accélérer à un moment où la politique monétaire va progressivement, je dirais, s'accommoder, être plus accommodante.
23:13 Alors, on ne parlera pas de dominance fiscale, même si le terme peut apparaître, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de perte d'indépendance,
23:18 la Fed ne devient pas la BOJ, pour être méchant, c'est-à-dire que la Fed n'est pas un FED au gouvernement,
23:24 mais elle va aller dans un sens qui est pro-croissance.
23:28 Côté européen, la Banque Centrale Européenne va s'assouplir, là, on appuie sur la pédale accélérateur.
23:36 On relâche le frein, quoi !
23:37 Oui, un peu d'accélérateur, parce qu'effectivement, on parlait du crédit, refinancement des entreprises, les murs,
23:42 Il y a un vrai soutien, ça peut apporter un vrai soutien.
23:43 et surtout l'immobilier, ça va se voir.
23:45 Par contre, il y a la Commission Européenne qui va commencer à regarder en détail les projets budgétaires 2024-2025.
23:52 Et là, il y en a un qui est en avance sur tous les autres élèves, ça s'appelle l'Allemagne,
23:57 parce que l'an prochain, et en 2026, on aura rempli les critères de Maastricht.
24:02 Ce qui ne sera pas le cas pour la France, pour l'Italie, pour l'Espagne, pour la Belgique, pour les Pays-Bas,
24:06 mais c'est-à-dire, grosso modo, pour tout le reste de la zone euro.
24:09 Sauf l'Allemagne, oui !
24:10 Ce qui n'est pas une nouveauté, mais ce qui n'est pas une nouveauté pour les marchés.
24:13 Et le Luxembourg aussi, il fait remarquer, c'est plus puissant, très bien !
24:15 Et donc là, on va avoir accélérateur, frein.
24:17 Un coup de Luxembourg, Allemagne.
24:18 En fait, je dirais, l'assouplissement de la politique monétaire viendra à un bon moment,
24:22 il sera bienvenu, par rapport à des discours et des discussions budgétaires qui vont être un petit peu plus difficiles.
24:27 Est-ce que les marchés ont raison de ne pas mettre de stress sur cette question des déficits et des dettes aujourd'hui ?
24:35 Et d'ailleurs, c'est assez dissonant entre le ou les discours qu'on peut entendre ici et là.
24:40 Je ne lis pas la presse italienne tous les jours, etc.
24:41 Mais enfin, en tout cas, la presse française en a beaucoup parlé ces derniers temps.
24:45 Il y a eu un dérapage aussi en Italie constaté, etc.
24:47 Sur le marché, on a l'impression que l'histoire n'est pas du tout aussi grave que ce qu'on entend ici et là.
24:53 Oui, c'est d'ailleurs un constat qu'on fait qui me semble intéressant.
24:59 C'est qu'on a une situation totalement miroir de la période précédente.
25:03 On avait des politiques monétaires très accommodantes et des politiques budgétaires qui étaient plutôt restrictives dans le monde.
25:10 En zone euro, en tout cas, oui.
25:11 Et pour nous, c'est le signe, en effet, d'une sorte de changement de paradigme.
25:15 Et le cœur surperformait la périphérie, quand aujourd'hui c'est la périphérie qui surprend le cœur.
25:20 Puisque la périphérie a un problème de dette.
25:23 Pour nous, c'est assez cohérent avec ce qu'on voit comme type d'environnement à moyen long terme.
25:34 C'est-à-dire qu'on a des besoins de dépense.
25:36 Et donc, la dette va servir à ça.
25:40 Et du coup, on va rentrer sans doute dans des structures de marché plus inflationnistes de ce fait.
25:47 Parce que si vous avez beaucoup de dépenses, si vous n'avez pas d'inflation, vous avez un gros problème pour payer votre dette à moyen long terme.
25:54 Après, c'est quand même toujours une épée d'Amoklès.
25:57 C'est-à-dire qu'on l'a vu avec Mme Lestrust.
26:01 En trois semaines, vous pouvez vous retrouver.
26:04 Je place ma dette comme des petits pains.
26:07 On arrête tout.
26:10 Tout se ferme.
26:11 Il ne faut pas faire de la provocation en disant "je vais baisser les impôts et augmenter les dépenses".
26:15 Il faut quand même continuer à tenir un discours qui a l'air sérieux.
26:20 Mais vous avez raison, sur la durée, ça devrait quand même se traduire par des courbes de taux plus pentues.
26:27 Là, finalement, on n'est pas encore complètement sorti dans les têtes du "competitive easing" d'une certaine façon.
26:32 Tout à fait.
26:34 C'est clairement un risque qu'il faut avoir en tête et qui change un peu l'intérêt relatif des actifs.
26:45 Vous avez maintenant un peu plus de risques.
26:47 La hiérarchie n'est plus tout à fait la même.
26:49 Et donc, attention, les primes de risque, les actions sont extrêmement basses par rapport au taux.
26:56 Oui, mais vous avez un changement de paradigme.
26:58 S'il perdure, et qu'on a raison, il est assez normal que les primes des actifs risqués restent relativement faibles
27:06 par rapport aux actifs d'actives d'aides gouvernantes.
27:11 Donc ça, ça nous semble logique.
27:14 Et l'autre point que je voulais vous mettre en avant sur cette problématique-là...
27:23 Dettes, je ne sais pas, on vous aide.
27:26 Dettes, spread...
27:28 Ça joue aussi favorablement sur les obligations d'entreprise.
27:31 En relatif par rapport à ce qu'on a ?
27:33 En relatif, oui, parce qu'elles sont plutôt en bonne santé.
27:36 Si vous voulez avoir un pick-up de taux, il vaut peut-être mieux aller chercher du crédit qui a longé.
27:40 La semaine dernière, je n'arrive pas à me souvenir où, mais on disait qu'on pourrait avoir des obligations d'entreprise
27:45 qui coteraient avec des spreads négatifs par rapport au très jeune risque qu'on a vu parfois en Europe.
27:50 On l'a vu chez les faits, je crois.
27:52 Peut-être, oui.
27:53 Donc, effectivement.
27:54 Tout à fait.
27:55 Et moi, j'entendais des discours d'investisseurs un peu type fonds de pension qui sont, eux, soumis et contraints
28:00 d'acheter de l'actif sans risque et qui, généralement, achetaient du treasurist.
28:04 Ils mettent parfois un peu d'Apple à la place ou un peu de Microsoft.
28:08 Tiens, ça fait le job aussi et ce n'est pas moins bien que des treasurist.
28:12 En fait, ce qu'on observe maintenant, c'est que pour aller chercher du rendement,
28:15 il fallait chercher du crédit.
28:17 Comme vous l'avez mentionné, effectivement, personne n'a envie d'aller se positionner très long sur la duration.
28:21 Donc, on va aller chercher des catégories de crédit de plus en plus risquées.
28:24 AT1, COCO, etc.
28:26 Et tout le monde est très, très content des rendements que ça offre pour le moment.
28:30 Puisque les murs de refinancement, c'est 2025, 2026.
28:33 On a le temps et là, on aura des taux courts beaucoup plus bas.
28:36 Et donc, Alexi, il ne faut pas être un point aberrant.
28:41 Il faut rester dans le pack des États.
28:44 Et c'est pour ça qu'on a la France en stress.
28:47 Mais là, je reviens au petit warning du patron du CBO américain.
28:51 C'était dans le FT il n'y a qu'un jour.
28:53 Lui, il appelle ça le risque à la truss pour les treasuristes.
28:56 C'est son job de parler des risques.
28:59 Après, comme le disait Philippe, il ne faut pas un jour arriver en disant
29:02 on va baisser tous les impôts non financés.
29:05 Merci au reste du monde de venir nous financer pour ça.
29:08 Il ne faut pas être provoquant et il ne faut pas être un point aberrant.
29:11 Il faut rester dans des normes.
29:13 Et le marché dit qu'il n'y a pas de point aberrant aujourd'hui en zone euro de ce point de vue-là.
29:16 Pour l'instant, oui, mais par contre, le problème des marchés, c'est que ça change vite d'avis.
29:20 On l'a vu, on l'a vu.
29:22 7 baisses de taux, 2 baisses de taux en espace de 3 mois, ça va vite.
29:25 Le moment LISTRA, c'était intéressant puisqu'on l'a vu au Royaume-Uni
29:31 avec la nouvelle copie budgétaire qui a été présentée il y a quelques deux mois.
29:34 C'est exactement le contraire.
29:36 C'est-à-dire, comment ne pas faire de vagues et comment paradoxalement
29:39 donner une copie budgétaire qui va être parfaite pour le prochain gouvernement anglais
29:43 même si ça change de majorité, puisqu'il y aura une réduction des déficits à moyen terme.
29:47 Je pense aussi, et là, dans le discours du CBO, je reviens là-dessus,
29:51 l'an dernier, on a eu un avertissement sur la dette américaine
29:54 en disant "Faites attention, vous ne contrôlez pas votre dette à moyen terme
29:58 parce qu'il y a des dépenses de santé, des dépenses qui sont liées au vieillissement de la population
30:02 et les dépenses d'intérêt".
30:04 Mais en fait, sur ces deux points-là, c'est-à-dire qu'ils sont des problèmes de moyen terme
30:10 de la compétitivité de l'économie américaine.
30:12 En fait, l'État, et on l'a vu le débat budgétaire aux États-Unis,
30:16 vraiment, c'est "kick the can", c'est-à-dire on relève systématiquement le plafond de la dette
30:22 pour ne pas avoir à trancher ni dans les dépenses, ni dans les décisions sur les impôts.
30:27 Et là, ce diagnostic-là qui avait été fait il y a un an, il est tout à fait valide.
30:32 Il est même corroboré et encore appuyé par ces études 2030-2054 sur le budget américain.
30:37 Si les agences de l'innovation font bien leur travail, au mois de juin, au moment de la campagne électorale,
30:42 elles vont venir avec une petite clochette en disant "Messieurs les candidats, s'il vous plaît,
30:46 faites quelque chose sur, je dirais, les problèmes structurels à moyen terme de l'économie américaine".
30:51 - Et il n'y a qu'une grosse cloche, je pense, parce que la petite clochette, je ne suis pas sûr que ce soit suffisant pour se faire penser.
30:55 - Je pense que la petite clochette, elle pourrait être entendue par les marchés financiers.
30:58 - Ah oui ?
30:59 - Ça peut se traduire par une prime de risque ou une prime de terme ou une prime sur le dollar.
31:05 Mais là, ce sera une prime négative sur le dollar.
31:07 - Oui, j'entends. On suit les émissions du Trésor américain, 10 ans, 30 ans, ça se place évidemment sans problème,
31:14 mais il faut toujours rajouter un petit extra-rendement pour être sûr que tout le papier et que le dernier dollar partent bien comme il faut.
31:22 Bon, sur le plan des marchés, dans quelle mesure il faut rester ? Pro-risque ? Un peu ? Beaucoup ?
31:27 Quel type de risque, en termes de classe d'actifs, on a envie de prendre aujourd'hui, Philippe ?
31:32 - En matière de classe d'actifs, l'environnement, il reste, comme vous l'avez dit, pour l'instant, favorable aux actifs risqués.
31:39 Il y a eu un premier trimestre très fort avec, encore une fois, un ressort qui était différent.
31:44 À la fin de l'année dernière, c'était les baisses de taux qui faisaient monter les marchés d'action, globalement.
31:48 Là, on a bien vu qu'ils arrivaient à trouver un nouveau ressort dans la croissance et dans la croissance des profits.
31:53 Pour l'instant, tant que les anticipations restent raisonnables et possibles à battre,
31:57 et pour moi, c'est le cas dans le trimestre qui s'ouvre, même probablement sur le trimestre d'après, pour l'instant, tout va bien.
32:05 Donc, sur les obligations, nous, on était prudent sur l'allumération en début d'année.
32:10 Donc là, on commence à penser prudemment à allonger.
32:13 - 4,50 ? - Voilà, mais ça se regarde. Aujourd'hui, c'est plus équilibré.
32:17 Encore une fois, la question, c'est qu'est-ce qui est pricé et quel est l'upside, quel est le downside ?
32:22 La troisième chose, et ça, je voulais en parler parce que j'ai beaucoup entendu des investisseurs en Europe,
32:27 et c'est complètement différent aux États-Unis, sur les 18 derniers mois, nous dire qu'on n'a plus besoin de la gestion alternative.
32:32 Quand les taux étaient à zéro, il fallait faire autre chose.
32:35 Maintenant qu'on peut avoir du 4,50, du 5, on va chercher un peu du crédit.
32:40 Il n'y a plus besoin. Et donc, on a vu globalement, vous avez beaucoup de hedge funds au format USITS qui ont fermé.
32:48 Vous avez eu de la décollecte. Or, les performances sont bien meilleures.
32:53 - Elles sont là ? - Les performances étaient bonnes en 2020.
32:55 - Meilleures que le monétaire ? - Ah oui, elles sont bien meilleures que le monétaire.
32:58 Si vous prenez un indice de hedge funds, vous êtes à 5 % en dollars sur le premier trimestre.
33:03 Et la meilleure stratégie, ça a été les Citi et les suiveurs de tendances.
33:08 Il y a un indice qui est calculé par la Société Générale SGCity.
33:12 On est à 12 % depuis le début de l'année, c'est-à-dire mieux que les actions et un tout moment mieux que les obligations.
33:17 Pourquoi ? Parce que, en général, les hedge funds sont longs de cash en base de portefeuille.
33:23 Évidemment, quand le cash rapporte 5 %, c'est mieux que le zéro d'avant.
33:26 Et ça leur donne aussi une facilité à prendre du risque parce que vous avez un coussin qui peut amortir les pertes.
33:31 Et puis, vous avez eu de la dispersion sur les marchés actions, donc les longs shorts par exemple.
33:37 C'est vrai que c'est difficile pour les gérants actifs parce que même s'il y a un petit peu plus de titres qui battent l'indice,
33:41 on est sur les S&P 500, on est à 40 % des titres qui battent l'indice qu'en surannée 2023.
33:46 Ça s'est un peu élargi.
33:47 Il n'y en avait qu'un sur cas.
33:48 Mais bon, s'il y en a 40 %, ça veut dire qu'il y en a 60 % qui font moins.
33:52 En pure sélection, effectivement.
33:54 Si vous arrivez à identifier.
33:56 Et puis, les tendances ont été très fortes.
33:58 Les suiveurs de tendances, ils ont eu carton plein, ce qui est très difficile.
34:04 Mais ils étaient effectivement longs actions, shorts taux, longs dollars, longs matières premières.
34:09 Tous les trades étaient bien.
34:10 Tous les trades étaient bien.
34:11 Et effectivement, du coup, il y a de la compensation aussi.
34:13 Ça veut dire que par exemple, en étant longs actions, même une journée comme mercredi où les marchés d'action baissent,
34:18 vous gagnez sur le dollar, vous gagnez sur le pétrole, vous gagnez sur l'or et ils finissent d'une journée positive.
34:22 Là où les actions et les obligations baissent.
34:24 Donc, il y a quelque chose de diversifiant pour les portefeuilles.
34:27 Là où, effectivement, on est quand même dans un régime où les obligations sont plus, on va dire,
34:33 le partenaire sympathique qu'elles ont été pour les actions pendant des années.
34:37 Et malgré, effectivement, cette rémunération du cash aujourd'hui, il y a quand même peut-être de l'intérêt à aller chercher des stratégies plus complexes.
34:46 Oui, parce que du coup, ça veut dire que là, on peut aller chercher sur des stratégies de gestion interactive,
34:50 sur l'une d'année, on peut aller chercher des performances à deux chiffres.
34:53 Donc, ça reste tout à fait, et avec une volatilité qui est bien évidemment plus basse que ce qu'on a sur des actifs risqués traditionnels.
35:02 Je reprenais, mais je ne l'ai plus, mais l'Eurostock 50 au terme du premier trimestre faisait un +12, +13.
35:07 Juste les actions, les eaux d'euro.
35:09 Oui, c'était pas mal quand même.
35:13 C'était une des meilleures performances du premier trimestre.
35:15 J'étais au 10 avril.
35:17 Au 10 avril, alors effectivement, depuis 15 jours, ça a un peu changé.
35:21 Sur les marchés, notamment sur les marchés actions, Pierre Alexis,
35:25 est-ce que ce qu'on a vu au premier trimestre, je ne dis pas que ça se défait,
35:29 mais en tout cas, les tendances depuis le début du mois d'avril ne sont peut-être plus forcément les mêmes.
35:32 Premier trimestre, on a eu, alors, surperformance de la zone euro, le Japon, bien sûr,
35:38 et puis en zone euro, c'était le secteur bancaire, c'était l'industrie,
35:44 c'était des secteurs comme l'automobile, plutôt value, etc.
35:48 Là, en tout cas, sur la semaine, on a vu le Nasdaq revenir,
35:52 on voit les actions émergentes qui font mieux maintenant que les indices développés.
35:57 Donc, il faut se préparer à capter un nouveau mouvement de rotation.
36:01 Ou est-ce que les tendances du premier trimestre, si on considère qu'il faut toujours être "risk on",
36:06 sont des tendances encore porteuses ?
36:08 Non, mais vous pouvez avoir des "risk on" qui...
36:12 Les marchés sont des êtres vivants.
36:14 On voit quand même des différences assez notables par rapport à ce qu'on a eu pendant quasiment 18 mois,
36:21 qui sont que vous aviez vraiment la sphère méga cap, notamment techno-américaine,
36:27 qui a emmené quasiment 50, 60, 70% de l'indice.
36:33 On n'a plus ça. On a une assez forte dispersion sur...
36:37 Maintenant, on ne les appelle plus les 7 merveilleux, ça va vite.
36:40 Qu'est-ce qu'on m'a dit ? Les fabuleuses 4, maintenant, on n'a plus 4.
36:43 Les meilleurs et les moins bons depuis le début de l'année.
36:45 Mais ça, nous, on considère que c'est positif, tout simplement,
36:49 parce qu'on a eu un premier phénomène, un choc technologique,
36:53 où on voit une concentration sur les acteurs directs.
36:57 Légitimes, tout à fait.
36:58 Et puis après, vous avez un phénomène de diffusion.
37:00 Et nous voyons aujourd'hui ce phénomène de diffusion, aux Etats-Unis, c'est très clair,
37:04 puisque maintenant, c'est les mémoires, les producteurs d'électricité,
37:10 le cloud et autres qui commencent à profiter de ce phénomène.
37:15 Un rayonnement, quoi.
37:16 Un phénomène de rayonnement, et ça, a priori, ça évite l'effet de bulle.
37:21 Donc nous, on trouve que c'est positif.
37:24 Deuxième point qui nous semble assez positif, un peu plus de retour sur toute la partie M&A,
37:30 sur toute la partie opération sur capital.
37:33 Et ça, c'est essentiel. Pourquoi ?
37:37 Parce qu'aujourd'hui, si vous restez concentrés sur 10, 15 valeurs,
37:41 on sait tous comment ça va se finir.
37:42 Il va y avoir un moment, un phénomène d'exubérance trop fort
37:45 et vous allez avoir un choc de marché important qui...
37:49 Et en quoi le M&A résout la situation ?
37:52 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que vous avez des acteurs industriels
37:56 qui trouvent preneur pour d'autres objectifs.
37:58 Et donc, vous n'êtes pas dans des phénomènes où les valorisations sont tellement déconnectées
38:04 et ne permettent pas aux acteurs industriels.
38:06 Ça signale qu'il y a de la valeur ailleurs.
38:07 Et deuxième point, ça vous permet, notamment sur les sociétés qui sont un peu en difficulté,
38:12 de vous restructurer.
38:13 Avant, vous ne pouviez pas vous plier passé des actifs.
38:16 Atos n'a pas pu s'aider ses actifs et s'est retrouvé coincé un moment.
38:20 Donc, si vous avez cette capacité-là,
38:23 vous avez une capacité à vous restructurer et à changer de business model
38:29 quand la situation va mal, plus simple et plus facile.
38:33 Donc, le phénomène de divergence qu'on a connu entre des segments de marché
38:37 risque de revenir un peu plus à la normale.
38:40 Et ça, c'est plutôt positif pour les marchés d'actifs risqués à moyen et long terme.
38:44 Patrice, sur une logique d'investissement, qu'est-ce qui vous paraît intéressant à l'UDP ?
38:49 Je travaillerai dans la philosophie qui vient d'être développée,
38:51 c'est-à-dire, en fait, sans se départir des grands thèmes,
38:53 parce que le Japon peut continuer à fonctionner,
38:55 la technologie, vous l'avez bien exprimé, va continuer à fonctionner.
38:58 Donc, on va se positionner, soit prendre des bénéfices, comme on a fait avec le Japon,
39:02 ou soit se positionner sur d'autres secteurs autour.
39:04 Après, ce que l'on peut faire en restant dans la classe d'actifs/actions,
39:07 c'est d'aller chercher des secteurs ou des sous-secteurs
39:10 qui n'ont pas performé ou des marchés qui n'ont pas performé.
39:13 Alors, je pense un peu à la Suisse, pour tout un tas de raisons,
39:16 aux petites valeurs qui ont fait beaucoup de faux départs,
39:20 et puis aux marchés domestiques anglais,
39:22 le marché immobilier ou les valeurs de l'immobilier,
39:25 effectivement, si on a des contextes de baisse de taux.
39:27 Donc, en fait, on arrive effectivement sur la logique de dire
39:30 on ne va pas avoir des mêmes performances qui vont se répéter,
39:33 mais des marchés peut-être un peu plus difficiles, un peu plus volatiles,
39:35 mais au sein de cela, vous avez en fait un élargissement des performances,
39:39 à des secteurs qui ont été un peu délaissés,
39:41 sur lesquels on peut, sans risque, puisque les valorisations ne sont pas élevées,
39:44 donc en définitive, le coût d'opportunité est relativement faible
39:47 par rapport à une dynamique qui est en train de changer.
39:49 Merci beaucoup messieurs d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
39:52 Patrice Gauthry, l'Union Bancaire Privée,
39:54 Philippe Huzan, IM Global Partner,
39:56 et Pierre-Alexis Dumont, Groupe AMA Asset Management.

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