Une "mise en situation" a lieu ce jeudi matin dans le cadre de l'enquête sur la disparition du petit Émile. 17 personnes sont convoquées pour reproduire au Haut-Vernet la journée du drame, en juillet dernier.
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00:00 -Le 7 minutes pour comprendre ce que la mise en situation, mise en situation organisée ce matin dans l'enquête sur la disparition d'Émile peut changer.
00:09 [Générique]
00:13 -On en parle avec Valérie Odile Dervieux, vous êtes magistrate près de la cour d'appel de Paris, déléguée régionale, unité magistrat du syndicat national de la magistrature FO.
00:22 Merci d'être avec nous ce matin. Pauline Revenat, chef du service police-justice de BFMTV est également là.
00:28 On va rejoindre dans un instant Boris Karlamoff en direct du Haut-Vernay dans les Alpes de Haute-Provence,
00:32 où a lieu ce matin, 8 mois après la disparition toujours inexpliquée du petit Émile, une mise en situation.
00:39 Valérie Odile Dervieux, est-ce que vous pouvez d'abord nous expliquer la différence entre une mise en situation et une reconstitution ?
00:46 Parce qu'il ne s'agit pas ce matin d'une reconstitution en fait.
00:49 -Alors c'est vrai que dans les faits, c'est différent. Mais en droit, le code de procédure pénale ne prévoit ni l'un ni l'autre.
00:56 Alors ça peut paraître étrange. Le code de procédure pénale prévoit un transport sur les lieux.
01:01 Et en fait, quelle est la différence ? La différence, c'est que dans la mise en situation,
01:06 le juge d'instruction va tenter de comprendre ce qui s'est passé. Et dans la reconstitution, il a déjà quelques pistes.
01:13 Et notamment, généralement, un ou plusieurs mises en examen qui vont exposer leur version et les confronter à ceux des enquêteurs, des experts, des témoins.
01:22 -Et en l'occurrence, là, il n'y en a pas. Donc ça ne pouvait pas être une reconstitution.
01:25 -En l'occurrence, il n'y en a pas. Alors je dois préciser quand même que je ne connais pas le dossier et que je ne peux pas m'en prononcer.
01:31 -Mais actuellement, il n'y a pas de mise en examen.
01:33 -Il s'agit donc à ce moment précis du dossier de faire le point sur les éléments de la procédure.
01:39 Qu'est-ce qu'on a ? Quels sont les témoins ? Qu'est-ce qu'ils disent ? Est-ce qu'on peut vérifier la cohérence de leur déclaration avec les autres éléments du dossier ?
01:47 -En langage courant, on dirait peut-être que c'est une remise à place. C'est-à-dire qu'on va prendre les emplois du temps des uns et des autres.
01:51 -Attends, Pauline, quand on dit les uns et les autres, qui est formellement convoqué ?
01:56 -Nous avons 17 personnes qui sont convoquées ce matin à 9h00, qui sont des habitants du village, mais pas tous.
02:02 Une grande partie de la famille du petit Émile, à savoir les grands-parents qui en avaient la charge, les parents, certains frères et sœurs qui étaient présents le jour de la disparition d'Émile.
02:11 Et puis, ces deux fameux témoins, l'un qui dit avoir vu l'enfant descendre vers le lavoir, l'endroit même où les chiens renifleurs ont perdu sa trace,
02:18 et un autre qui nous dit, à un autre horaire, qu'il l'a vu remonter cette fameuse route. Est-ce cohérent ? Est-ce compatible ?
02:24 C'est exactement ce que cette mise en situation va peut-être pouvoir éclairer.
02:29 -Alors Boris Karlamoff est en direct du Auvergnet. Boris, cette mise en situation commence dans moins de trois quarts d'heure maintenant. Les gendarmes sont sur place et le hameau est bouclé.
02:38 -Alors, on a reperdu Boris Karlamoff. C'est difficile, les Alpes-de-Provence, évidemment.
02:45 -Et alors, on a une météo qui n'est pas très favorable. Ils avaient choisi cette date parce que la météo était censée être favorable, mais là, on a de la pluie, peut-être un peu de neige, donc ce n'est pas si simple que ça.
02:55 -Lorsqu'on parle de mise en situation, Madame, est-ce qu'on va respecter la chronologie exacte ou approximative du jour de la disparition ?
03:05 -Tout à fait. Alors, normalement, effectivement, c'est quand même plus cohérent d'avoir une météo qui corresponde. Ça s'est passé au mois de juillet, ça se passe au mois de juillet, mais ça dépend de l'état d'avancement du dossier.
03:17 -Donc là, aujourd'hui, ils ont choisi une météo favorable. Ça tombe mal, ce n'est pas très favorable, mais compte tenu de la durée de la mise en situation qui a été prévue, je pense que chaque témoin va pouvoir, avec des données météorologiques qui correspondent plus ou moins,
03:33 donner à nouveau son témoignage et peut-être se souvenir de nouveaux éléments. Et c'est ça qui est important.
03:38 -C'est à la fois important et à la fois, est-ce que l'on se souvient de ce que l'on a fait ce jour-là ? C'est ça qui est compliqué. D'autant que le drame se joue à un horaire précis.
03:49 Lorsque l'enfant se réveille de sa sieste à 17h, c'est à partir de ce moment-là que c'est important.
03:55 -Tout à fait, c'est à partir de ce moment-là que c'est important. Et donc les témoins devront restituer leur déclaration. Et en étant placés exactement au même endroit, dans des conditions qui sont comparables, peut-être pourront-ils se souvenir d'éléments dont ils n'avaient pas encore fait part.
04:10 -Concrètement, par exemple, ils vont situer le témoin qui a vu l'enfant descendre à l'endroit même où il dit l'avoir vu descendre. S'il était à sa fenêtre, on le met à sa fenêtre. S'il était en bas de chez lui, on le met en bas de chez lui.
04:19 -On essaie de voir si un enfant de petite taille... Alors évidemment qu'on ne va pas demander à un enfant de 2 ans de rejouer le rôle d'Emile. -C'était ma question.
04:26 -Non, il n'y aura pas d'enfant de 2 ans qui jouera Emile. Il y aura peut-être un marquage au sol, il y aura peut-être un mannequin, il y aura peut-être un élément qui permettra de visualiser.
04:35 -Mais en tout cas, il n'y aura pas d'enfant à la place d'Emile, c'est évident. On les remet en situation et on essaye de voir si ça colle, si c'est contradictoire, s'il y a des incohérences.
04:43 -Aussi, parce que c'est un acte qui n'est pas fait pour rien, un élément peut jaillir, quelque chose qu'on n'a pas vu, qu'on a oublié. Il faut se dire aussi qu'Emile, avant de disparaître, le matin, il joue avec des enfants du village en bas.
04:55 -Et donc c'est peut-être la raison pour laquelle les chiens perdent sa trace. Il va falloir faire aussi l'avant, le réveil de la sieste, le grand-père qui charge des éléments dans sa voiture et puis l'enfant qui se volatilise.
05:06 -Parce qu'en fait, ce qui est très contradictoire, c'est que les témoins oculaires, certains l'ont vu descendre, le petit garçon, et d'autres l'ont vu monter. Est-ce que cette mise en situation, elle va permettre de savoir qui a vu vrai ?
05:17 -Mais est-ce que l'enfant n'avait pas fait des zigzags ? Moi, j'en sais rien, en fait. Qu'est-ce que l'enfant a fait ? Un enfant, il descend naturellement la pente, on vous dit, mais peut-être qu'il est remonté parce qu'il y avait quelque chose qui l'attirait là-haut.
05:25 En tout cas, la seule certitude, c'est qu'aujourd'hui, on n'a toujours pas retrouvé ce petit Emile.
05:28 -Mais Pauline, est-ce que dans l'histoire judiciaire récente, des mises en situation ont permis de débloquer des enquêtes ?
05:33 -Alors, j'ai cherché, j'ai fouillé, j'ai deux mises en situation, mais qui malheureusement n'ont pas permis de résoudre à ce jour l'énigme criminelle. Je parle sous votre contrôle, notamment Chevaline.
05:43 Chevaline, ils ont fait une mise en situation, vous vous souvenez, cette famille qui a été retrouvée criblée de balles dans une voiture et un cycliste également abattu à proximité.
05:50 Ils font cette mise en situation neuf ans après les faits, donc ils sont effectivement à ce moment-là dans une impasse, dans cet énigme criminel, et à la fin de cette remise à plat, on ne sait toujours pas, on n'a toujours pas réussi à identifier les auteurs.
06:02 Donc je ne dis pas qu'il n'y a rien qui va jaillir, mais au moins on se donne les chances d'essayer d'éclaircir cette scène.
06:07 -Donc c'est à suivre, ça va se passer toute la journée donc au Vernez, ça commence dans 40 minutes maintenant.