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Les grands-parents maternels du petit Émile, ainsi qu'une tante et un oncle de l'enfant, ont été placés en garde à vue mardi 25 mars pour "homicide volontaire" et "recel de cadavre". Leur détention a été prolongée de 24 heures ce mercredi.

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Transcription
00:00On en parle avec Jacques Dallest, procureur général honoraire et auteur du livre sur les chemins du crime paru aux éditions Mareuille.
00:07Dominique Rizet, consultant police-justice de BFM TV est avec nous. Bonjour.
00:11Face à Pauline Rovna, chef du service police-justice de BFM TV, on l'a donc appris ce matin à Formation BFM TV,
00:17les quatre garde-à-vue entamées hier matin à 6h ont toutes été prolongées, le grand-père, la grand-mère et leurs deux enfants majeurs.
00:26Exactement, ça veut dire concrètement que les enquêteurs ont encore des questions à leur poser, que les 24 heures n'ont pas suffi à faire entrer ce tamis de questions,
00:33que les questions vont s'affiner, qu'on va avancer et que cette deuxième journée peut être décisive.
00:38Est-ce qu'on peut imaginer, Dominique Rizet, que la première journée fut, j'allais dire, assez calme et qu'on passe vraiment à la vitesse supérieure en termes de pression lors de cette deuxième journée ?
00:48On va dire que c'est exactement ça, parce que pendant la première journée, on a mis tout le monde en confiance.
00:52On a posé des questions à chacun sur ce qu'il faisait, vous vous souvenez, de la mise en situation le 28 mars.
00:57Donc on est revenu là-dessus. Le 28 mars, vous nous avez dit que le 8 juillet, quand Emile avait disparu, vous étiez en train de mettre des choses dans le coffre de votre voiture.
01:05Vous confirmez ça ? Vous, vous nous avez dit que vous étiez prêt du l'avoir. Vous confirmez ça ? Donc tout ça s'est vérifié.
01:10Ensuite, on est allé poser des questions sur les relations dans la famille, notamment au grand-père. Comment ça se passait avec vos enfants, votre femme ?
01:17Et puis ensuite, on est allé poser, troisième audition du grand-père, on est allé lui poser des questions sur Riomont, vous vous souvenez, son passé à Riomont.
01:24L'audition en 2018 dont il a fait l'objet, parce qu'il avait, et il était supposé avoir avec d'autres personnes de cette ABI, violenté des enfants, les avoir frappés.
01:35Il a eu cette fameuse phrase, oui j'ai botté des culs, donné des gifles et des coups de poing dans les épaules.
01:40Pauline Rovna, selon les informations du service police-justice de BFMTV, est-ce que des cartes nouvelles ont été abattues hier par les enquêteurs ?
01:47Selon les informations, à cette heure, pas de cartes nouvelles, pas d'éléments nouveaux qui ont été avancés. Mais j'ai envie de vous dire, il reste encore 24 heures.
01:54Donc pour l'instant, il faut rester prudent. Ce qui est intéressant, c'est de comprendre, là, Dominique l'a bien dit, on rejoue la mise en situation du 28.
02:02Et il y a forcément des incohérences, des micro-failles dans lesquelles vont s'infiltrer les enquêteurs.
02:06La question que je me pose aussi, c'est la remorque à chevaux et la voiture du grand-père qui ont été saisies hier.
02:11Est-ce qu'il y aura des retours d'analyse sous 48 heures ? Est-ce que ce seront des éléments déterminants qui vont permettre de mettre encore plus cette famille dans l'entonnoir ?
02:20On va le voir, mais c'est vrai que les heures qui vont suivre vont être extrêmement intéressantes et déterminantes.
02:25Il faut rappeler que les 4 gardes à vue se déroulent dans les locaux de la section de recherche de la gendarmerie de Marseille. Ils sont tous les 4 interrogés à part.
02:33Séparément. C'est totalement étanche. C'est 4 pièces différentes. C'est la raison pour laquelle ils ont chacun un avocat différent.
02:38D'abord parce que physiquement, vous ne pouvez pas assister 4 personnes en même temps. Pour l'instant, il n'y a pas eu de confrontation.
02:42Mais c'est une possibilité. À un moment, ils vont pouvoir peut-être confronter 1, 2, 3, 4... Enfin, on est 2 quand on est confrontés, mais 2, 3, 4 personnes.
02:50Et de ces confrontations, ce qu'on cherche, c'est des fragments de vérité.
02:54– Qui décide de ces confrontations ? – Les enquêteurs.
02:56– Les enquêteurs. Les enquêteurs, à un moment, les mettent face à face et disent, vous ne dites pas tout à fait la même chose.
03:02Jacques Daleste, on a saisi hier le véhicule du grand-père et cette remorque servant à transporter des chevaux.
03:10Est-ce que ce sont des éléments nouveaux qui justifient ces saisies ou pas ?
03:16Parce qu'on se dit, ces 2 véhicules, ils auraient pu être expertisés bien avant.
03:22– Oui, écoutez, il faudra attendre les résultats des expertises.
03:25J'imagine que ces véhicules vont être examinés de façon extrêmement minutieuse.
03:30Et c'est pour ça qu'il faut les détenir dans un endroit adapté pour que les enquêteurs de la gendarmerie de l'IRCGN
03:37puissent faire un examen extrêmement approfondi qui suppose un lieu propice.
03:42Donc, à la recherche, vraisemblablement, de traces d'ADN du petit Émile.
03:47Petite rectification, je voulais vous l'indiquer.
03:49Ce ne sont pas les enquêteurs qui, d'initiative, procèdent à une confrontation.
03:53Ce sont les juges d'instruction qui demanderont aux enquêteurs de faire cette confrontation.
03:58Parce que ça peut être un acte important, d'où peut jaillir la vérité,
04:02mais c'est toujours sur la demande du magistrat instructeur.
04:05Donc, l'enquête va se poursuivre.
04:07Il faudra peut-être un peu de temps pour avoir les résultats de ces investigations.
04:12Ça ne ressort pas en quelques minutes, surtout qu'il faut être extrêmement minutieux.
04:17Donc, on n'aura pas forcément le résultat dans le temps de la garde à vue.
04:20Ça peut être ultérieurement.
04:22Et donc, ces éléments-là pourront peut-être donner lieu à de nouvelles auditions
04:26des personnes actuellement en garde à vue, soit peut-être reprises en garde à vue
04:31ou éventuellement mises en examen, cette fois par les magistrats instructeurs.
04:35Jacques Daleste, Pauline et Dominique parlaient il y a un instant de la technique de l'entonnoir dans les gardes à vue.
04:39Jean-Charles Fontbonne, dans le journal de 8 heures, qui est un ancien membre de la section de recherche,
04:43disait que plus l'enquête est grave et plus on rentre tard dans les questions qui fâchent.
04:48C'est-à-dire ?
04:49Oui, il y a une stratégie d'interrogatoire quand la garde à vue est d'une durée à peu près habituelle,
04:56c'est-à-dire 48 heures.
04:57Vous savez qu'il y a des gardes à vue de peu longue durée pour le banditisme en particulier.
05:01Donc, les cartes, entre guillemets, dont disposent les enquêteurs ne sont pas datées immédiatement.
05:06Il y a des auditions de début, on remet en situation les choses, l'avis de ces personnes,
05:12leurs faits et gestes le jour de la disparition du petit Emile.
05:16Et au fil du temps, on va plus loin dans les questions intrusives, si je puis dire,
05:22qui peuvent être plus délicates à supporter pour les intéressés.
05:26Mais évidemment, au fil du temps, quand l'énergie est peut-être un peu moins là,
05:32quand le doute s'insinue chez les intéressés, un certain malaise,
05:37on pose des questions peut-être plus déterminantes et ce sera sans doute le cas en fin de garde à vue
05:43avec peut-être un élément déterminant qui sera proposé par les enquêteurs
05:48et sur lequel devront répondre les personnes en garde à vue.
05:51Et parmi ces éléments déterminants, ça peut être quoi Dominique ?
05:54C'est quand même un peu trop pour dire qu'on a trouvé par exemple un cheveu...
05:58Ça peut être un retour de la police scientifique, Christophe.
06:01Ça peut être un Allemand qui a été retrouvé dans les fameuses remorques à chevaux, le vent,
06:05ou dans la voiture du grand-père.
06:09Et puis ça peut être autre chose.
06:11Il y a ce prêtre qui s'est suicidé, on peut tout imaginer.
06:14Imaginez ce prêtre qui s'est suicidé le 15 mars et qui avait baptisé Emile.
06:19Supposer qu'avant de se suicider, il ait laissé quelque chose, une trace écrite.
06:25Si c'est le cas, je suis en train de construire un scénario.
06:28Si c'est le cas, les enquêteurs ne vont pas commencer par dire
06:31« Tiens, on a ça. » Non, ils vont attendre la fin.
06:33Dans le plan, ils gardent cette ultime carte.
06:35Tout à la fin, ils diront « Tiens, c'est bizarre parce que nous on a cet élément.
06:38Regardez ce que le prêtre avait écrit. »
06:40Mais ça viendra à la fin.
06:42Théo Bassilana, vous êtes en direct de ce hameau du Haut-Vernay
06:45dont on parle tant depuis ce 8 juillet 2023.
06:48Comment réagissent les quelques habitants du hameau ce matin ?
06:52Eh bien écoutez, hier déjà, cette nouvelle avait ravivé les doutes,
06:56les interrogations, les craintes.
06:58Magali aujourd'hui, avec ces garde-à-vue qui sont prolongées,
07:02dans quel état d'esprit êtes-vous ?
07:04Eh bien écoutez, je suis un peu bouleversée parce qu'une partie de moi me dit
07:14qu'il faut garder son sang froid, que c'est sans doute la procédure,
07:18ça ne veut rien dire qu'il ne faut pas tirer de conclusions hâtives,
07:21que la justice fait son œuvre et que si on peut garder les personnes 48 heures,
07:30peut-être qu'ils ont besoin de ce temps supplémentaire
07:32pour mener à bien leurs investigations jusqu'à son terme.
07:35Et puis une autre partie de moi a peur de découvrir une vérité
07:41qui serait un peu difficile à entendre, peut-être.
07:44Plusieurs habitants hier nous parlaient justement d'avoir peur,
07:47d'avoir une vérité qu'ils ne voulaient pas entendre.
07:50On a eu aussi des habitants qui nous disaient
07:52finalement j'avais eu toujours des doutes sur la famille.
07:54Est-ce que c'est un état d'esprit qui est partagé ici dans ce hameau ?
07:58Je ne veux pas parler à la place des habitants.
08:01Je pense que chacun en son fort intérieur fait des suppositions,
08:05a ses convictions, etc.
08:08Mais c'est vrai que par la force des choses, ça attise un petit peu,
08:13ça entretient du moins cette idée que peut-être c'est la piste familiale
08:18qu'il faudra privilégier, en tout cas qui va ressortir.
08:25On ne sait pas, il faut essayer.
08:27L'important aujourd'hui, pour vous les habitants,
08:30c'est d'enfin avoir une réponse ?
08:32Oui, exactement.
08:34C'est de connaître la vérité pour pouvoir avancer,
08:39quelle qu'elle soit, j'ai envie de vous dire,
08:41même si ces guerres d'avis n'aboutiront pas à l'identification d'un coupable.
08:54Ce qui compte pour nous, c'est de retrouver une certaine paix et d'avancer.
08:58Merci Magali.
09:00Un mot qui vit au fil des rebondissements ici.
09:02Merci Théo Bassilana en direct du Auvergne ce matin
09:05pour ses ultimes rebondissements dans l'enquête sur la mort du petit Emile.
09:08Ces quatre guerres d'avis prolongées,
09:1020 mois après la disparition du petit Emile le 8 juillet 2023.
09:15Merci à tous les deux d'avoir été avec nous.

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