• il y a 9 mois
La semaine dernière, le département américain de la Justice a engagé des poursuites contre l'écosystème Apple, accusé d'être un monopole. C'est la première action anti-concurrentielle d'envergure menée par l'administration Biden. Pierre-Yves Dugua, notre correspondant américain, revient sur cette affaire.

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Transcription
00:00 Venons-en aux affaires américaines comme chaque lundi à la mi-journée.
00:08 C'est notre rendez-vous américain, notre quart d'heure américain et nous retrouvons
00:12 notre correspondant américain, Pierre-Yves Dugas avec nous en visioconférence.
00:15 Bonjour et bienvenue Pierre-Yves.
00:16 Merci beaucoup d'être avec nous.
00:19 Apple face à la justice.
00:21 C'est l'une des actualités chaudes dans le monde du business américain et mondial
00:26 aujourd'hui.
00:27 Apple avec tout d'abord Bruxelles qui ouvre une enquête sur des positions d'Apple mais
00:33 également de Meta ou d'Alphabet Google liées à la nouvelle réglementation européenne,
00:39 le Digital Market Act.
00:40 Mais avant cela, c'est la justice américaine qui ouvre une procédure et des actions antitrust
00:46 contre Apple.
00:48 Pierre-Yves, qu'est-ce qu'il faut comprendre de cette affaire et est-ce que c'est un sujet
00:54 lourd, profond pour l'écosystème Apple aujourd'hui ?
00:57 Oui, oui, ce sont des questions qui vont être compliquées à résoudre.
01:02 Apple se défendra bec et ongle.
01:06 Apple affirme que le département de la justice a tout faux.
01:10 D'abord n'a pas compris la réalité des faits de son système de tarification dans
01:18 l'Apple Store, que le département de la justice n'a pas compris quelle était la réalité
01:23 de la concurrence et que donc à la fois sur les faits et sur les remèdes envisageables,
01:30 le département de la justice se trompe.
01:33 Alors, ce qui est frappant dans cette affaire, d'abord, c'est que les États-Unis, le département
01:39 de la justice qui agit sur instruction de la Maison-Blanche, intervient finalement assez
01:46 tardivement et est en train de mettre à exécution une des promesses de Joe Biden dans sa campagne,
01:53 il y a plus de trois ans.
01:55 Et c'est d'autant plus urgent de la part du département de la justice de lancer cette
02:00 procédure maintenant que précisément les Européens sont toujours en avance des Américains
02:07 dans la pression qu'ils exercent sur ce que l'on appelle le Big Tech et qui donne une
02:12 fausse impression de ce qu'est la réalité des géants de la technologie américaine.
02:17 Les Européens, là je parle des consommateurs et des électeurs européens, on cherche à
02:23 leur expliquer qu'il y a un cartel de la technologie américaine et que ces entreprises
02:27 sont en train de mettre la main dans la poche des consommateurs européens et de leur voler
02:33 de l'argent.
02:34 La concurrence qui existe entre Apple et Google et Meta Platforms et Amazon et j'en oublie
02:43 est considérable.
02:44 Il n'y a pas de cartel de la technologie américaine, il y a des entreprises qui ont
02:51 créé des modèles économiques et qui ont l'intention de se défendre bec et ongle
02:56 pour éviter que ces modèles soient démantelés.
02:59 Ce qui ne veut pas dire que la technologie américaine soit exempte de toute critique,
03:04 bien au contraire.
03:05 Mais vous vous souvenez qu'il a fallu plus de trois ans après 1998 pour que l'on obtienne
03:13 une solution à la vente liée au fait que pratiquait Microsoft dans son navigateur
03:18 internet voulant obliger les gens qui utilisaient Windows qui était vraiment une situation
03:23 monopole avec plus de 90% du marché à se servir du navigateur internet dont tout le
03:29 monde a oublié le nom d'ailleurs depuis.
03:31 Aujourd'hui la situation est différente.
03:33 D'abord la situation dite de monopole d'apport, elle n'est pas aussi fracassante que celle
03:42 dont Microsoft jouissait en 1998.
03:46 C'est sur le marché purement américain à peu près 60% du marché qui est Apple.
03:50 Il y a quand même beaucoup de gens qui peuvent tout à fait se passer de produits Apple en
03:54 achetant des produits qui fonctionnent sur la plateforme de Google Android.
03:57 Donc il y a une alternative à Apple, elle existe et sa part de marché est déjà considérable.
04:02 Le modèle de vente des applications sur la plateforme Android est également beaucoup
04:07 plus ouvert et ressemble en fait à ce que le département de justice voudrait qu'Apple
04:11 mette en place sur l'Apple Store.
04:14 Et puis Apple est une société qui aujourd'hui est moins invincible qu'elle ne le paraissait
04:19 encore il y a un an ou deux.
04:21 Le cours d'Apple a plongé de 11% depuis le début de l'année alors que le Nasdaq a
04:25 gagné 9%.
04:26 Pourquoi ? Parce qu'on se rend compte qu'Apple est probablement en retard dans le domaine
04:31 de l'intelligence artificielle et c'est ça le grand moteur de l'innovation et de la valorisation
04:37 boursière depuis plus d'un an maintenant.
04:39 Apple a abandonné complètement tous ses efforts pour sortir un véhicule électrique, un véhicule
04:47 autonome et en termes de sortie de grands produits grand public, ça n'est pas son casque
04:53 de réalité augmentée qui va vraiment séduire les foules au prix où il est vendu.
04:57 On ajoute à cela le fait que ça se passe assez mal en Chine pour un nombre de sociétés
05:02 américaines et que Apple est en situation concurrentielle très difficile face à la
05:07 montée de produits chinois dans les smartphones qui sont extrêmement compétitifs y compris
05:11 pour les modèles les plus chers, les plus luxueux, compatibles avec la 5G.
05:16 Contrairement à ce que l'on avait anticipé d'ailleurs du côté américain, les Chinois
05:20 sont capables de faire de magnifiques smartphones de très très haute qualité pour concurrencer
05:25 directement le haut de la gamme d'Apple.
05:27 Apple ne va pas se laisser faire.
05:30 Apple qui fait partie de ces sept mercenaires ou de ces sept magnifiques qui ont décroché
05:35 avec Tesla.
05:36 Tesla doit être à -30 peut-être depuis le début de l'année mais Apple est déjà
05:39 sur un bon -10, -11 vous disiez en termes de performance boursière depuis le 1er janvier.
05:46 Affaire à suivre effectivement mais en tout cas Apple est cernée par de nombreux sujets
05:50 que ce soit sur le plan opérationnel, commercial et sur le plan judiciaire et réglementaire.
05:57 Le rebond de Donald Trump en bourse qui arrive, ce sera sans doute l'événement de la semaine
06:02 si le calendrier peut se confirmer mais le réseau social que Donald Trump a fondé après
06:09 sa sortie je crois de la Maison Blanche va pouvoir se retrouver en bourse cette semaine.
06:14 Alors, mon petit quiz de la semaine Grégoire, est-ce que vous vous souvenez ce que c'est
06:20 que DJT ?
06:27 C'est l'acronyme d'une société ?
06:29 DJT c'était en 1995 le symbole sur le New York Stock Exchange de la holding de Donald
06:42 Trump.
06:43 Les JT sont les initiales de Donald Trump et tout son empire de casinos, de resorts
06:51 et d'hôtels notamment ce qu'il avait à Atlantic City a été coté en bourse sous
06:56 ce symbole avant de faire faillite quelques années plus tard.
07:00 Ce symbole DJT ressuscité aujourd'hui depuis le vote par le SPAC Digital World Acquisition
07:13 vendredi de la fusion totale avec la filiale de Trump dans les réseaux sociaux et la technologie.
07:20 Trump Media and Technology Group est absorbé en fait Truth Social va être coté.
07:27 Vous vous souvenez de ce que c'est qu'un SPAC vous en parliez tout à l'heure on le
07:30 rappelle peut-être rapidement pour ceux qui nous suivent, Special Purpose Acquisition
07:35 Corp.
07:36 C'est une coquille qui n'est pas vide puisqu'elle est capitalisée mais qui est cotée en bourse
07:41 et qui va racheter rapidement une jeune pousse ce qui va de facto permettre à une société
07:47 qui n'est pas encore mûre pour être cotée d'être cotée tout de suite par le biais
07:51 de cette entreprise là.
07:52 C'est une manière d'accélérer la monétisation de l'innovation et ça peut poser un problème.
07:58 Pourquoi ? Parce que maintenant que de facto sera coté sur le Nasdaq Truth Social la holding
08:07 de Donald Trump il va être assis sur une plus-value disons en tout cas sur un matelas
08:14 qui va représenter 79 millions d'actions dans sa société à peu près valorisées
08:21 vendredi dernier à 3 milliards de dollars.
08:24 Mais, mais en tant qu'actionnaire principal de ce SPAC il ne peut pas vendre ses actions
08:31 tout de suite à moins bien entendu que le conseil d'administration qui est constitué
08:36 de copains à lui décide de lever les dispositions dites de lock-up qui empêchent à l'actionnaire
08:43 principal de libérer toutes ses actions en tout cas d'en libérer en partie pour gagner
08:47 de l'argent.
08:48 Il a besoin d'argent tout de suite Donald Trump.
08:50 Il a besoin de liquidité parce qu'il doit placer une caution de 484 millions de dollars
08:56 aujourd'hui, aujourd'hui parce que l'attorney de l'état de New York Madame Leticia James
09:04 procureure élue, procureure démocrate estime que comme il a perdu en première instance
09:11 dans son procès sur la valorisation extraordinaire de son empire, il doit être sanctionné immédiatement
09:19 sans attendre l'appel et qu'il doit donc poster cette caution de 484 millions de dollars
09:25 alors il ne les a pas.
09:26 Et il ne veut pas être acculé à vendre des buildings, à vendre des immeubles, à
09:30 vendre des golfs, à vendre le fameux Trump Tower pour obtenir les liquidités nécessaires
09:37 au versement de cette caution d'où la possibilité de faire un coup par le biais du SPAC qui
09:44 est désormais représentatif de son réseau social.
09:49 Et le timing suffira Pierre-Yves ? C'est-à-dire que c'est entre l'attorney qui demande
09:55 aujourd'hui les 400 et quelques millions de dollars pour ses obligations et sa caution
10:00 et le moment où le SPAC va pouvoir mettre en bourse ou créer la valeur pour Truce Social,
10:07 il y a quelques heures, quelques jours d'écart qui peuvent jouer ?
10:09 Alors ce qui peut rendre service à Donald Trump c'est qu'il n'est pas question d'aller
10:14 mettre des scellés sur le grand ascenseur en or qui descend du haut de la Trump Tower
10:20 en haut de la 5ème avenue.
10:22 La raison pour laquelle Donald Trump n'arrive pas semble-t-il à lever cette caution auprès
10:29 des compagnies d'assurance qui sont dans ce business c'est que ces dernières demandent
10:34 du collatéral.
10:35 Ils demandent des gages et ces gages c'est la valeur de bâtiments.
10:39 En ce moment l'immobilier de bureaux aux États-Unis et à New York en particulier
10:42 s'est effondré.
10:43 Donc il n'accepte pas ce type-là de collatéral.
10:47 C'est ce que plaident avec les yeux mouillés de larmes les avocats de Donald Trump et qu'il
10:55 faudra donc trouver une solution alternative.
10:58 Maintenant Leticia James ne peut pas saisir le bâtiment de Trump à Wall Street, elle
11:03 ne peut pas saisir tout de suite le Trump Tower sur la 5ème avenue.
11:08 En revanche elle a déjà pris des dispositions pour mettre en branle toutes les procédures
11:12 juridiques pour aller saisir le grand golfe de Westchester County qui est près de la
11:19 maison familiale de Donald Trump.
11:22 Donc les prochaines heures vont être intéressantes.
11:24 Bon ben voilà une semaine clé pour Donald Trump et sa fortune ou ses revers de fortune.
11:31 Merci beaucoup Pierre-Yves.
11:32 Pierre-Yves Duguay avec nous chaque lundi dans ce quart d'heure américain.
11:35 Si vous nous suivez en direct entre 13h30 et 14h donc le lundi et que vous retrouvez
11:41 bien sûr en replay chaque semaine sur bsmart.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos
11:46 plateformes préférées.
11:47 Voilà donc pour cette édition de la mi-journée du lundi.
11:49 On se retrouve à 17h en direct pour la grande édition de Smartbourse sur Bsmart TV.
11:54 Merci.

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