Lundi 25 novembre 2024, SMART BOURSE reçoit Pierre-Yves Dugua (Correspondant américain)
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00:00Le dernier quart d'heure de Smartboard. Chaque lundi, c'est le quart d'heure américain.
00:08Nous retrouvons en visioconférence notre correspondant américain, Pierre-Yves Dugas.
00:12Bonsoir Pierre-Yves, merci beaucoup d'être avec nous.
00:15Donc la planète finance, la planète marché n'a plus que le nom de Scott Besant au bord des lèvres.
00:20Il a été choisi pour être le secrétaire du trésor américain de la future administration Trump.
00:26Il fait partie des noms qui ont circulé de manière très insistante au cours des derniers jours et des dernières semaines.
00:33On a pu, pour certains d'entre nous, commencer à anticiper un peu sa nomination en se penchant sur le profil de Scott Besant.
00:40Qui est-il et est-il, comme les américains ou les anglo-saxons aiment l'appeler, l'adulte dans la pièce, Pierre-Yves ?
00:47Il a tous les éléments pour être l'adulte dans la pièce.
00:52C'est indiscutable et c'est d'ailleurs pour ça que les marchés réagissent bien aujourd'hui, en particulier le marché obligataire.
00:59On voit l'or chuter également, il y a un soupir de soulagement.
01:03Même si son nom était anticipé, ça n'était pas le seul en lice.
01:07Personnellement j'aurais préféré Kevin Walsh mais il était trop mainstream.
01:11Je pense qu'on reparlera de Kevin Walsh pour succéder à Jérôme Powell d'ici un an.
01:17Ça le deal entre Trump et Walsh, Pierre-Yves ?
01:21C'est possible. Scott Besant a suggéré il y a quelques mois de créer, pour embarrasser Jérôme Powell,
01:31une espèce de poste virtuel de « Shadow Fed Governor »
01:36où le président Trump aurait annoncé à l'avance que le successeur de Jérôme Powell serait Kevin Walsh.
01:49A partir de là, tout le monde se serait mis à écouter Kevin Walsh et plus personne n'aurait écouté Jérôme Powell.
01:54Finalement, Scott Besant a changé d'avis. Il pense que c'est une mauvaise idée.
02:00Peut-être parce que d'abord c'est une mauvaise idée,
02:03peut-être aussi parce que la réserve fédérale s'est engagée dans des baisses de taux à un rythme qui maintenant est remis en question,
02:09mais enfin baissent tout de même et que c'est toujours le sens dans lequel Donald Trump souhaite voir évoluer les taux d'intérêt.
02:17La grande question, c'est est-ce que dans cette pièce, s'il est l'adulte, il ne sera pas le seul et est-ce que le président Trump l'écoutera ?
02:29Nous en parlions il y a quelques minutes avec vos invités.
02:35Il y a la possibilité de désaccord entre Howard Lutnick,
02:42qui est un super secrétaire au commerce, enfin qui est appelé à l'être en tout cas,
02:48et Scott Besant qui a certes son mot à dire dans les négociations commerciales,
02:52qui a une position très visible dans la diplomatie économique et commerciale des États-Unis,
02:58mais qui n'est pas l'homme qui va décider du niveau des taux d'intérêt.
03:04Je note que tout ce que je lis depuis quelques heures me porte à croire que les Chinois sont rassurés,
03:12parce que visiblement ils craignaient que Donald Trump nomme un fou furieux au trésor
03:18qui instantanément apporterait sa bénédiction à de très forts relèvements de droits de douane.
03:28Je pense que Scott Besant, s'il est fidèle au discours qu'il a tenu au cours des derniers mois
03:33est quelqu'un qui pense que les droits de douane sont un très bon moyen d'engager des négociations
03:39et d'extorquer des concessions de la part des partenaires des États-Unis,
03:44plutôt que les droits de douane sont une fin en soi, en raison des recettes fiscales qu'ils apportent
03:52et en raison de cette tentation isolationniste, protectionniste, souverainiste de l'aile maga du parti républicain.
04:03Il y a deux manières de le voir. Soit on le voit comme un adulte dans la pièce, un garde-fou,
04:09quelqu'un qui va essayer, comme disent les investisseurs, d'éliminer les risques extrêmes,
04:16les tail risks qui pourraient être générés par une application un peu trop maximaliste des Trumponomics.
04:23Soit on peut se dire aussi qu'il pourrait faire office de fusible assez vite
04:28si jamais les choses n'allaient pas dans le sens d'un Donald Trump soutenu par Howard Lutnick comme représentant au commerce.
04:36Le problème c'est que quand on demande à Scott Besant de s'en aller,
04:40on envoie un très mauvais signal au marché si on est remplacé par quelqu'un qui s'aplatira devant les partisans de la guerre commerciale.
04:48Je crois que le véritable adulte dans la pièce, peut-être Scott Besant, d'abord parce qu'il est adulte,
04:57il a une grande connaissance de l'international, mais c'est surtout le porte-parole du véritable adulte qui est le marché obligataire.
05:06Et les marchés d'action aussi, indirectement.
05:11Et que si Scott Besant nous dit, si on fait ça, Wall Street va plonger, les rendements obligataires vont s'envoler, le dollar va plonger, etc.
05:21Je pense que Donald Trump va écouter.
05:24Je répète beaucoup depuis quelques jours, Pierre-Yves, mais je soumets ça à votre sagacité, votre contrôle même.
05:30Je répète beaucoup depuis quelques jours qu'il ne faut pas oublier que Trump, le Trump de 2016, mais le Trump sans doute d'aujourd'hui,
05:36avait un indicateur de performance qu'il aimait bien mettre en avant en permanence pour vanter son succès, c'était le Dow Jones.
05:42On en pense ce qu'on veut, mais est-ce que le Trump qu'on retrouve aujourd'hui reste le Trump de ce point de vue-là de 2016 ?
05:48Est-ce que la maximalisation du portefeuille boursier de l'américain moyen ou du 60-40 de l'américain moyen,
05:57est-ce que ça fait partie de la feuille de route de Scott Bessent aujourd'hui ?
06:01Probablement. Pour vous, je ne vous l'apprendrai pas, mais je pense que pas mal de gens qui nous écoutent seront un petit peu surpris,
06:10il est arrivé à plusieurs reprises au cours de la campagne électorale de ces derniers mois,
06:15à Donald Trump de commencer ses discours dans ces stades où il avait l'habitude de faire ses meetings électoraux par
06:25Comment se porte votre 401k ? Le 401k, c'est une allusion à l'article du Code des impôts, c'est le compte d'épargne par capitalisation
06:38des salariés ou des travailleurs indépendants américains. C'est l'instrument de mesure du patrimoine que l'on met de côté pour prendre sa retraite.
06:48C'est très important pour la classe moyenne américaine et pas simplement pour la classe moyenne supérieure.
06:53Quand le 401k des Américains plonge, ils ont moins envie d'acheter des voitures, ils ont moins envie de partir en vacances, ils ont moins envie d'aller au restaurant.
07:00Le 401k est un des indicateurs, c'est bien entendu corrélé avec la divergence, mais c'est un moyen pour Donald Trump de rappeler aux Américains
07:12qui ont de l'épargne en bourse que ces politiques vont leur faire du bien.
07:17Un autre nom qu'il faut retenir en ce lundi, Pierre-Yves, c'est celui de Laurie Chavez-Deremer, qui est donc la personne qui a été choisie par Trump
07:26pour diriger le département du travail.
07:28Alors là, c'est un mystère. C'est un mystère parce qu'elle est tellement à gauche qu'on se demande si Donald Trump ne s'est pas trompé de ligne
07:40en annonçant sa nomination.
07:42Qui est-elle ?
07:44Elle vient de perdre les élections dans le Faubourg de Portland, Oregon, où elle souhaitait voir son mandat de représentante républicaine de Portland renouvelé.
08:00Donc elle n'est restée que deux ans au Congrès. C'est une des trois républicaines, seulement une des trois républicaines, contre 215 démocrates,
08:10qui a soutenu un projet de loi qui est véritablement la meute des loups dans la bergerie du point de vue du business américain.
08:22De quoi s'agit-il ? Il s'agit, nous en avons souvent parlé ici, d'un projet de loi qui s'appelle PRO 2023, qui consiste à imposer au niveau fédéral
08:37une autorisation complète du monopole syndical dans l'embauche et dans les négociations de salaires.
08:46Il y a 26 États américains qui interdisent ce système, beaucoup dans le sud des États-Unis. Ce projet de loi, entre autres, effacerait cette exception
08:56qui a considérablement favorisé l'investissement industriel en affaiblissant le syndicalisme. Et cette personne est maintenant appelée à diriger
09:07le département du Travail. On se demande si ce n'est pas un exemple de Richard Nixon qui va serrer la main de Mao Zedong en Chine.
09:20On se demande si ce n'est pas simplement d'abord un remerciement adressé aux syndiqués américains, qui ont beaucoup plus que d'ordinaire voté pour Trump,
09:32et si ce n'est pas la main tendue au mouvement syndical pour essayer d'améliorer les relations entre le patronat et les syndicats,
09:40et si ce n'est pas non plus un moyen de fidéliser l'école bleue dans la perspective des prochaines élections présidentielles. Dans ce cas-là,
09:50Jelly Vance, vice-président, serait bien entendu le favori de l'investiture. Jelly Vance, qui est très marqué par son origine de colle bleue.
10:01Si vous avez lu son livre, si vous ne l'avez pas lu, je vous conseille vraiment de le lire. Achetez-le, offrez-le à vos amis pour Noël.
10:08C'est un livre exceptionnel, mais qui raconte la misère des gens dans des régions pauvres qui se sont appauvries encore avec l'effondrement de l'activité industrielle.
10:19Et Jelly Vance est quelqu'un qui peut parler au monde ouvrier. Et cette sélection de Laurie Chavez de Rembert à ce poste du département du Travail
10:32est assez curieuse, mais m'analyse beaucoup d'élus républicains traditionnels, en particulier au Sénat,
10:42mais montre que la version populiste du parti républicain qu'a imposé Donald Trump ne va pas aussi facilement que ça redevenir une version régalienne, disons.
10:56Merci beaucoup pour cet éclairage, toujours aussi précieux, Pierre-Yves, en cette période de nomination au sein de l'administration Trump.
11:04Pierre-Yves Dugas, notre correspondant américain que nous retrouvons chaque lundi en direct si vous nous suivez dans Smart Bourse à partir de 17h.
11:12Le quart d'heure américain c'est à 17h45, sinon bien sûr à consommer sans modération, en replay sur bsmart.fr ou encore en podcast à l'heure qu'il vous plaira sur l'ensemble de vos plateformes préférées.