• il y a 9 mois
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Transcription
00:00 La COVID-19 et la guerre russo-ukrainienne ont fortement désorganisé le système économique mondial.
00:19 Quatre ans après le déclenchement de la maladie à coronavirus, les affaires peinent à redécoller.
00:24 Partout dans le monde, la croissance reste timide.
00:27 En Afrique subsaharienne, les effets de l'inflation font toujours gripper la machine économique.
00:32 Dans ce nouveau numéro de CETECO, nous essayerons de décrypter l'économie post-COVID de la sous-région
00:37 et surtout expliquer la performance de certains pays comme la Côte d'Ivoire malgré le contexte encore délétère.
00:44 Mesdames et messieurs, bienvenue.
00:46 Notre invité, Dr Gomez Agou, il est Ivoirien, économiste senior au Fonds monétaire international.
00:53 Bonjour, monsieur.
00:54 Bonjour.
00:54 En tout cas, merci d'avoir accepté notre invitation.
00:57 C'est moi qui vous remercie.
00:58 Docteur, vous êtes PhD d'économie de l'université Sorbonne Panthéon
01:03 et diplômé de master en sciences politiques, économie, développement, leadership et management public de l'université d'Avart.
01:12 Vous avez 17 ans d'expérience dans le diagnostic et la résolution des problématiques de développement économique.
01:18 Aujourd'hui, vous représentez le Fonds monétaire international au Gabon, n'est-ce pas ?
01:23 C'est correct.
01:23 En tout cas, nous avons la bonne personne pour avoir des bonnes réponses.
01:27 Donc, la première question, quatre ans après la Covid-19 et deux ans après la guerre entre la Russie et l'Ukraine,
01:34 deux crises qui ont fortement perturbé les économies du monde et celles subsahariennes.
01:39 Aujourd'hui, peut-on dire que l'économie de notre sous-région va bien ou pas ?
01:44 D'abord, merci de m'avoir invité.
01:47 Effectivement, l'Afrique subsaharienne a traversé, comme de nombreux pays, des périodes très difficiles depuis 2020 avec la pandémie,
01:55 ensuite avec les pressions inflationnistes, donc la hausse des prix généralisée, et puis ensuite avec la guerre en Ukraine.
02:03 Aujourd'hui, il semble y avoir une amélie en termes de croissance.
02:09 Les économies, petit à petit, commencent à sortir de cette situation difficile.
02:13 Pour la première fois, la bonne nouvelle, c'est que l'Afrique connaîtra un niveau de croissance plus élevé en 2024 qu'elle en a connu en 2023.
02:21 Ce sera la première fois que l'année suivante, on a une croissance plus élevée que l'année précédente.
02:26 Mais ces deux chocs ou crises que vous avez mentionnés ont laissé des conséquences très importantes pour l'Afrique subsaharienne.
02:34 La première, c'est que vous avez environ 30 millions de gens qui se sont retrouvés dans l'extrême pauvreté à cause de ces deux crises.
02:40 Vous avez une dette importante de certains pays qui, aujourd'hui, font face à de nombreux défis en matière de surendettement.
02:49 Et puis vous avez un autre facteur qui s'est ajouté à toute cette situation, qui est le fait que les financements se sont raréfiés.
02:58 Et donc les pays africains sont en train de travailler graduellement pour sortir de cette situation.
03:05 Donc on peut dire qu'on n'est pas encore sortis. Ce n'est pas ce que nous avions avant les crises que nous avons maintenant, c'est ce que cela veut dire.
03:13 Nous avons les clercies, mais il y a encore des risques importants.
03:17 Et il faut que les gouvernements africains continuent de rester attentifs et prêts à réagir lorsque ces risques-là auront tendance à se matérialiser.
03:26 D'accord. En 2024, votre institution, le Fonds monétaire international, annonce 4% de croissance pour l'Afrique subsaharienne, contre 3,3% en 2023.
03:36 Cependant, vous dépeignez une autre situation, c'est que certains pays vont connaître une stabilité pendant que d'autres continueront à subir les effets de l'inflation
03:48 et les effets de toutes ces crises que nous avons connues. Comment vous expliquez cette double vitesse dans l'économie de notre sous-région ?
03:57 Cette double vitesse, je pourrais l'expliquer à trois facteurs, principalement. Le premier, c'est qu'il y a certaines économies qui sont plus diversifiées que d'autres.
04:07 Donc par exemple, les économies qui ont beaucoup de ressources naturelles sont moins diversifiées.
04:12 Et celles qui ont moins de ressources naturelles ont plusieurs secteurs économiques.
04:15 Diversifier, ça veut dire simplement que vous avez plusieurs secteurs économiques. Et donc, lorsqu'il y a un choc qui frappe l'économie,
04:21 comme vous avez plusieurs secteurs, tous les secteurs ne sont pas affectés en même temps. Ça permet donc de porter, de continuer de porter l'économie.
04:27 Donc, le premier élément qui permet à d'autres de s'en sortir mieux, c'est le fait que ces économies-là sont un peu plus diversifiées que celles qui n'ont que soit le pétrole ou les mines comme matière principale.
04:38 Premier élément. Le deuxième élément, c'est que vous avez des économies qui avaient une situation budgétaire ou de dette qui était raisonnable.
04:47 Ils n'étaient pas proches du surendettement, par exemple. Ces économies-là, bien que le bilan ou les situations financières se soient aggravées,
04:55 elles ne sont pas arrivées à des extrêmes. Alors que celles qui étaient déjà financièrement plus fragiles se sont, au cours des deux crises, retrouvées dans des situations très délicates
05:03 et donc ont du mal à sortir des difficultés financières. Ça, c'est la deuxième raison. Et puis, la troisième raison, qui je pense est importante,
05:11 c'est le fait qu'il y a des économies où des gouvernements ont pris des décisions très difficiles de réforme pendant ces crises.
05:18 Et il y en a d'autres qui ont eu beaucoup plus, moins d'entraîn, je dirais, à faire les réformes difficiles.
05:24 Et les gouvernements qui ont fait des réformes plus difficiles pendant les périodes de crise, aujourd'hui, l'ont suffisamment de lévier pour commencer à s'élever au-dessus des conséquences.
05:32 Mais comment on peut expliquer que c'est une absence de bonne politique pour qu'un gouvernement ne puisse pas prendre des bonnes dispositions après avoir connu de telles crises ?
05:46 Comment est-ce qu'on peut arriver à ne pas prendre certaines dispositions pour relancer l'économie ?
05:50 Il y a plusieurs raisons. Il y a par exemple des raisons techniques, mais souvent il y a des raisons aussi politiques.
05:57 Il faut se rappeler que les prises des mesures publiques concernent la vie des gens.
06:03 Et lorsque l'homme est au cœur, il est plus complexe de prendre des décisions lorsque cela concerne une très grande population.
06:12 Donc la complexité des réformes souvent est liée au fait qu'il faut pouvoir prendre en compte la sensibilité sociale et politique de l'environnement où les pays opèrent.
06:22 Donc d'un pays à un autre, la situation diffère. Et cela en partie peut expliquer pourquoi certains pays ont tendance à aller plus vite en matière de réformes,
06:29 et là où d'autres ont du mal à pouvoir mettre en œuvre les réformes importantes.
06:33 Depuis les deux crises, la COVID et la guerre Russie-Ukraine, les pays en général dans le monde et les pays africains ont du mal à emprunter de l'argent sur le marché international.
06:47 Mais fin janvier, la Côte d'Ivoire, dans ce contexte difficile, a réussi à lever 2,4 milliards d'euros sur le marché international.
06:55 Dans la même période, le Bénin aussi a réussi à lever 750 millions de dollars.
06:59 Qu'est-ce qui fait la particularité de ces deux pays, particulièrement la Côte d'Ivoire ?
07:04 Ou bien c'est la performance de ces deux pays qui ont permis d'avoir ce résultat aujourd'hui ?
07:10 Alors déjà, ce que je peux dire, c'est que je ne ferai pas de commentaire particulier sur la Côte d'Ivoire,
07:14 puisque vous avez une voix autorisée, représentante résidente du FMI en Côte d'Ivoire, qui peut se prononcer.
07:19 Je peux me prononcer sous l'état général de la région d'Afrique subsaharienne.
07:23 Mais pour revenir à votre question, je dirais déjà qu'il faut bien comprendre pourquoi est-ce que le marché des eurobonds s'est fermé.
07:29 Le marché s'est fermé à la suite de la crise COVID, avec beaucoup d'incertitudes chez les marchés.
07:34 La plupart des pays se sont vus, le marché des eurobonds, la capacité à pouvoir lever des financements à l'extérieur se sont immunisés.
07:42 Ensuite, à cela est venu s'aggraver un autre facteur, c'est celui de la hausse des taux d'intérêt dans les grandes économies,
07:49 États-Unis, Europe, à cause de l'inflation. Lorsqu'il y a eu une hausse de l'inflation, après le démarrage de la guerre en Ukraine,
07:55 il y a eu donc l'inflation, les grandes économies ont dû lever les taux d'intérêt, et à partir de là, il est devenu trop cher d'emprunter.
08:02 Depuis quelques mois, l'on constate que l'inflation dans ces grandes économies a commencé soit à baisser ou à se tasser.
08:10 À partir de là, le relèvement du taux d'intérêt soit s'est arrêté, et certains pensent qu'il va commencer graduellement à diminuer.
08:17 À partir de là, on espère que l'argent va devenir relativement, pas moins cher, mais ne va pas continuer de se renchérir.
08:24 Cela a donc rassuré un tout petit peu les investisseurs, donc ceux qui prêtent de l'argent,
08:29 et les pays qui ont une situation macroéconomique relativement stable ou raisonnable,
08:35 ceux-là ont pu aller sur le marché et ont commencé à lever un certain nombre de financements que tout à l'heure vous avez mentionnés.
08:43 Et on espère que la russite des premiers pays va permettre de continuer à permettre à d'autres pays africains de pouvoir lever aussi des financements,
08:52 afin de pouvoir prendre en charge les questions de développement et les besoins de développement qui se posent aux populations.
08:57 Monsieur Agour, je voudrais qu'on fasse une petite brèche pour comprendre un peu la levée de fonds sur le marché international.
09:03 La Côte d'Ivoire, elle met ce qu'on appelle les obligations.
09:07 Comment est-ce qu'à partir de là, des gens viennent prendre ces obligations pour donner à la Côte d'Ivoire de l'argent ?
09:12 Comment ça se passe, le mécanisme ?
09:14 Le mécanisme est relativement simple, c'est-à-dire que c'est comme vous et moi.
09:17 Lorsque vous avez besoin de l'argent, vous partez dans une banque.
09:22 Alors, pour pouvoir déterminer l'argent dont vous avez besoin, vous regardez les revenus que vous gagnez, donc votre salaire, et puis les dépenses.
09:28 À partir de là, il y a une différence. Si vos revenus sont moins importants que vos dépenses, vous avez besoin de prendre un prêt.
09:35 Les pays font la même chose. Ils regardent les impôts, les douanes qu'ils gagnent, avec les dépenses.
09:39 Généralement, les dépenses ont tendance à dépasser les revenus. La différence, ça doit être emprunté.
09:45 Généralement, les pays vont d'abord s'appuyer sur les marchés domestiques, c'est-à-dire dans le cas de la Côte d'Ivoire du Bénin, ça sera celui-là.
09:52 Dans le cas, par exemple, du Gabon, ça sera sur le marché de la CEMAC.
09:55 Donc, ils vont aller prendre de l'argent auprès des banques.
09:58 Généralement, le pays va donc lancer ce qu'on appelle des bonds, et vous souscrivez, vous achetez un bond.
10:04 Et dans ce bond-là, il y a un engagement où le pays dit, je vais vous rembourser sur une période de six ans, par exemple, et chaque trimestre, je vais vous payer des intérêts.
10:13 C'est la même chose qui se passe à l'international.
10:15 Donc, lorsque le pays sait exactement de combien il a besoin, après avoir fait la différence entre ses dépenses et ses revenus,
10:22 il va prendre une partie sur le marché domestique et puis le reste, il va aller se financer sur le marché international en émettant des bonds que des investisseurs vont acheter.
10:30 Et en retour, le pays s'engage à pouvoir rembourser ces prêts-là à bonne date avec des intérêts.
10:37 Aujourd'hui, est-ce qu'on peut dire que le pire est derrière nous, après la crise de COVID et puis la guerre, que finalement, les pays se sont accommodés ?
10:46 Est-ce qu'on peut dire que le pire est derrière nous par rapport à l'économie de la sous-région ?
10:50 On voudrait bien le dire, mais je pense qu'il faut rester prudent, et c'est le message du FMI.
10:54 Nous voyons clairement l'éclairci.
10:57 Comme je l'ai dit, pour la première fois, on a une croissance en 2024 qui est plus élevée que celle de 2023.
11:02 C'est une très bonne chose.
11:03 Mais il y a des risques importants qui continuent de demeurer.
11:06 L'inflation n'est pas totalement redescendue.
11:09 Si l'inflation continue de monter, on risque d'avoir un retournement des politiques monétaires dans les grandes économies.
11:15 Vous avez ensuite la question de la dette, où les pays doivent faire des réformes profondes pour pouvoir améliorer la situation financière.
11:23 Et puis ensuite, il faut garder en tête qu'il y a de grands défis qui vont continuer de se poser à l'Afrique subsaharienne, au monde, mais à l'Afrique subsaharienne en particulier.
11:31 Je vais mentionner deux défis.
11:32 Le premier, c'est le changement climatique.
11:34 Donc, le changement du climat va continuer d'affecter les économies africaines.
11:39 Donc, il y aura un travail là à construire sa résilience face à cela et à s'adapter.
11:44 Et le deuxième défi, c'est la démographie africaine.
11:46 Aujourd'hui, en Afrique subsaharienne, nous sommes 1,2 milliard d'habitants.
11:51 Dans 25 ans, nous serons 2,4 milliards d'habitants.
11:54 Et dans 75 ans, nous serons 4,8 milliards d'habitants.
11:57 Nous serons la région la plus peuplée du monde.
12:00 Il faut trouver du travail à ces gens.
12:02 Il faut pouvoir les soigner, les éduquer et s'assurer qu'ils deviennent une véritable force de développement pour nos pays.
12:08 Donc, ce sont de grands défis qui vont se poser dans l'avenir à l'Afrique subsaharienne.
12:11 Donc, nos gouvernements doivent continuer à y travailler.
12:14 Dr. Argo, nous allons à la dernière question.
12:17 La Chine. La Chine, dans ces 10 dernières, 20 dernières années, était l'un des premiers prêteurs à l'Afrique,
12:25 notamment l'Afrique subsaharienne.
12:27 Mais aujourd'hui, la crise immobilière dans le pays fait que l'économie, toute l'économie chinoise, souffre.
12:33 C'est compliqué.
12:35 Si cet état d'effet continue, ça perd 4 ans, 5 ans, est-ce qu'il y a une véritable crainte réelle sur l'économie subsaharienne ?
12:45 Vous me donnez l'occasion de donner un message important que le FMI, depuis environ un an, passe à l'ensemble des pays du monde,
12:53 mais surtout à l'ensemble des pays d'Afrique subsaharienne.
12:56 Le temps où l'argent était moins cher et il était facile de trouver des prêts, ce temps semble être passé.
13:03 Il est important que les économies commencent à travailler sur les capacités à lever l'impôt, les douanes,
13:09 afin de pouvoir prendre soin de leur population.
13:11 Pour revenir à votre question, non seulement vous avez la Chine qui est dans une phase de ralentissement économique,
13:17 donc qui va prêter de moins en moins, mais les autres bailleurs, les autres pays qui avaient l'habitude de prêter,
13:23 ce qu'on appelait l'aide au développement, l'aide officielle au développement,
13:27 ces pays-là aujourd'hui prêtent de moins en moins parce que ces pays eux-mêmes ont aussi leurs difficultés qui leur sont propres.
13:33 À cela, l'argent est devenu très cher, on en parlait tout à l'heure sur les marchés internationaux.
13:39 Donc lorsque vous avez la Chine qui prête moins, les autres bailleurs, les autres pays qui vont prêter moins,
13:45 vous avez l'argent que vous voulez emprunter sur les marchés internationaux qui vont continuer de coûter cher pour une très longue période,
13:51 il est important de commencer à compter sur soi-même.
13:54 Comptez sur soi-même, s'élever suffisamment d'impôts, élargir le nombre de personnes qui payent des impôts,
14:00 s'assurer que vous lèvez aussi les droits de douane, faire attention à la taille des dépenses et à la qualité de ces dépenses
14:07 afin de pouvoir s'assurer qu'on peut de façon raisonnable continuer d'assurer les fonctions régaliennes de l'État sur une très longue période.
14:14 Merci beaucoup, docteur Gomez Agou.
14:17 C'est mon plaisir.
14:18 Merci d'avoir répondu à toutes nos questions.
14:20 Mesdames et messieurs, notre émission est terminée. Nous étions avec l'économiste Gomez Agou,
14:26 l'économiste senior au Fonds monitaire international représentant de l'institution Augabon.
14:32 Merci en tout cas.
14:33 Merci à vous de nous avoir suivis. L'information continue sur cette info et sur cetteinfo.ca.
14:38 (Générique)

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