Jean-Jacques Dupaux, Tony Froissart, Jean Saint-Martin – Université de Franche-Comté, Université de Reims Champagne-Ardenne, Université de Strasbourg : « L’évolution de la gymnastique et de ses représentations lors des fêtes, commémorations et compétitions dans la revue Le Gymnaste »
Dans le cadre de la Grande Collecte des archives du monde du sport, pilotée par le Service interministériel des Archives de France, un colloque de deux journées, spécifiquement consacré au traitement et à la valorisation des archives fédérales et à l’histoire des fédérations sportives en France, olympiques ou non-olympiques, s'est tenu le 21 novembre 2023 aux Archives nationales à Pierrefitte-sur-Seine. Initié à l’initiative du Comité d’histoire des ministères chargés de la jeunesse et des sports (CHMJS) cet évènement a été conçu et organisé conjointement avec l’ensemble des partenaires suivants :
– l’Académie nationale olympique française (ANOF),
– les Archives nationales de Pierrefitte sur Seine
– le Comité national olympique et sportif français (CNOSF),
– la mission des archives et du patrimoine culturel du ministère de l’Éducation nationale, de la jeunesse et des sports.
– le Service interministériel des Archives de France (SIAF)
– la Société française d’histoire du sport (SFHS)
Dans le cadre de la Grande Collecte des archives du monde du sport, pilotée par le Service interministériel des Archives de France, un colloque de deux journées, spécifiquement consacré au traitement et à la valorisation des archives fédérales et à l’histoire des fédérations sportives en France, olympiques ou non-olympiques, s'est tenu le 21 novembre 2023 aux Archives nationales à Pierrefitte-sur-Seine. Initié à l’initiative du Comité d’histoire des ministères chargés de la jeunesse et des sports (CHMJS) cet évènement a été conçu et organisé conjointement avec l’ensemble des partenaires suivants :
– l’Académie nationale olympique française (ANOF),
– les Archives nationales de Pierrefitte sur Seine
– le Comité national olympique et sportif français (CNOSF),
– la mission des archives et du patrimoine culturel du ministère de l’Éducation nationale, de la jeunesse et des sports.
– le Service interministériel des Archives de France (SIAF)
– la Société française d’histoire du sport (SFHS)
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00:00 à travers la revue Le Gymnaste, les collègues vont pouvoir nous montrer comment il est possible
00:11 de faire justement cette histoire du sport et de l'intégration des fédérations sportives
00:17 de France. Jean et Tony, la parole est à vous pour 15 minutes.
00:22 Avant de déclencher le chrono, peut-être juste dire que nous sommes deux parce que
00:30 notre collègue Jean-Jacques Dupont est en soins post-opératoires aujourd'hui, donc
00:36 il n'a pas pu venir, mais on a travaillé tous les trois sur ses archives.
00:40 Bonjour à toutes et à tous, je vais prendre la parole pour représenter le groupe et Jean
00:51 Dupont a été le garant du temps parce que j'ai tendance aussi peut-être à déborder
00:55 un petit peu. Donc ce qu'on peut dire c'est que pour commencer, les archives fédérales
01:04 qui sont au siège de la Fédération Française de Gymnastique, FFGYM, ont subi un certain
01:10 nombre d'épisodes catastrophiques et donc de destruction. Il y a eu le transport des
01:18 archives sur une péniche au moment où ils ont changé de local parisien et donc la péniche
01:24 a coulé, premier épisode. Et puis là, en 2003, vous avez la photo de l'incendie des
01:30 locaux de la Fédé et qui a amené à une autre destruction massive d'archives. Seules
01:40 celles qui étaient dans le bureau du président ont survécu. C'est celles qu'on a pu consulter
01:45 là. Et donc du coup, il y a une rareté des archives de première main, ce qui fait qu'il
01:57 faut peut-être se tourner vers d'autres types d'archives ou alors essayer d'aller chercher
02:03 ailleurs. C'est ce qui a été fait par exemple par Jean qui est allé jusque Prague pour
02:09 trouver des traces d'archives par exemple de Casalet, le président qui a été président
02:15 pendant de très longues années de la Fédération de Gym, qui ne s'appelait pas comme ça à
02:19 l'époque, mais je vais lire Fédération de Gym pour que ça aille plus vite, mais c'est
02:23 l'USGF, ça a été cité, l'union Casalet qui était en opposition à l'union Chéron,
02:28 pour raisonner avec ce qui a été dit tout à l'heure. Et donc, aller jusqu'à Prague
02:34 pour trouver finalement des traces manuscrites de courrier de Casalet alors qu'à la Fédération,
02:38 il n'y a absolument rien. Donc c'est pour montrer un petit peu les démarches qui nous
02:44 amènent à travailler de cette manière là. Donc il nous restait une revue, la revue fédérale,
02:53 Le Gymnaste, dont le premier numéro date de 1873, 150 ans comme la Fédé, donc qui
03:01 était peut-être une source intéressante pour nous, mais qui nous posait un peu de
03:12 problèmes dans la mesure où c'était peut-être des archives un peu désincarnées, un petit
03:17 peu trop institutionnelles, et donc se posait la question de finalement comment les faire
03:23 parler ces archives. Du coup, on a réfléchi un petit peu à la question, parce que 150
03:31 ans quand même d'une revue, c'est pas rien, et il nous fallait trouver des articles, des
03:38 truies, des images qui permettaient de capter des moments où cette Fédération se dévoile
03:49 un petit peu à travers l'image qu'elle veut donner d'elle-même. Et du coup, il
03:53 nous a paru intéressant de nous intéresser aux dates où il y a des commémorations,
03:58 puisque là on célèbre les 150 ans de cette Fédération, donc on s'est dit que ces dates
04:04 de célébration régulières, les 50 ans, le centenaire, les 150 ans, etc., pouvaient
04:10 peut-être être des moments clés où on revenait un peu sur son histoire et où on
04:14 montrait son image. Du coup, on a questionné les années en trois, 73, 53, 63, etc. Et
04:24 donc on a utilisé la diversité de ces archives pour essayer de montrer, de comprendre un
04:36 petit peu comment cette gymnastique évolue dans les trois périodes qui se dégagent.
04:41 Et donc il nous a paru intéressant, au fil de ces articles qui célèbrent et qui dressent
04:50 le bilan, de voir quels étaient les abandons qui apparaissaient. Donc, apprécier qu'est-ce
04:57 que finalement, d'une période à une autre, on délaissait ou profite autre chose. Donc
05:03 des abandons, j'en cite quelques-uns là, juste pour aider à la discussion, par exemple,
05:11 l'abandon des exercices imposés, qu'est-ce que ça signifie, ou par exemple l'abandon
05:18 d'un certain nombre d'orientations militaires ou éducatives, au profit de quels autres
05:27 sont, etc. De façon à pouvoir reconstruire un petit peu cette histoire de la gymnastique
05:33 à travers ces éléments-là. Donc, du coup, nous allons un peu questionner les trois périodes
05:44 que vous avez vues. Donc une gymnastique plutôt d'orientation militaire et éducative, avec
05:50 des bornes qui ne sont pas tout à fait celles qu'on voit dans les autres fédérations,
05:54 mais qu'on pourra justifier. Une période davantage centrée sur la pratique sportive,
06:00 et une période à partir de 1986 orientée sur le spectacle gymnique à proprement parler.
06:09 Donc, pour voir cette première valance qui combine avec plus ou moins d'épaisseur le
06:20 militaire et puis l'éducatif, quelques extraits du gymnaste qu'on peut essayer de commenter.
06:28 Par exemple, une passe qui dit "je n'hésiterai pas" en rouge, "à aller plus loin que le
06:36 font les Allemands eux-mêmes". On est bien dans l'esprit de la revanche ici, assez clairement
06:44 explicité. Ou encore le gymnaste numéro 9, où on encourage les esprits énergiques à
06:53 ne pas se laisser aller à l'abattement. Ou deux mois plus tard, le gymnaste numéro
07:01 11 qui rappelle à l'occasion d'une célébration, qu'on donne un poème pour fêter ce cinquantenaire,
07:15 on écrit un poème à la gloire des gymnastes patriotiques, et que finalement, lu en présence
07:25 du président de la République. Là encore, ça donne un peu la teneur pour les éléments.
07:33 Alors, quelle permanence sur cette période-là ? Finalement, forcément c'est la première
07:39 période, donc on n'a pas encore d'abandon. Ce qu'on voit, c'est que dans ces célébrations,
07:45 le banquet c'est quelque chose de très fort et de très important, avec beaucoup d'autorités
07:48 politiques et militaires qui sont invitées. Des défilés derrière les étendards, les
07:54 drapeaux avec tenue, fanfare, des grandes fêtes de plein air, des pratiques collectives
08:00 ou simultanées notées et appréciées par les juges sur l'ordre et l'obéissance,
08:05 des pratiques de présentation sur l'espace de travail, garde à vous avant de passer
08:13 sur la graie, des pratiques qui mettent en évidence une complétude physique, il s'agit
08:20 de développer toutes les qualités physiques, des déplacements en rythme binaire, évidemment,
08:26 et puis des noms, des patriotiques, des récompenses, un certain nombre d'éléments. Pour continuer
08:33 un petit peu sur cette idée militaire, donc deux extraits du gymnaste qui nous montrent
08:47 finalement qu'on glorifie les camarades modestes, actifs, patriotes, désintéressés, c'est
08:55 le premier extrait, où dans le deuxième on rappelle les quatre sillons qui signent
09:02 l'image que l'on veut proposer, c'est écrit comme ça dans l'article, l'amour
09:06 de la France, le respect des lois de la République, la discipline sociale et la solidarité, et
09:13 l'éducation des forces physiques et morales. Vous voyez que sur ces quatre sillons, trois
09:18 ont très nettement une valance militaire et un une valance éducative, donc quand on
09:23 parle des abandons, des glissements. Pour continuer un petit peu ce panorama, on a comparé
09:32 des articles sur des périodes clés, et toujours sur cette manière de célébrer les anniversaires,
09:40 par exemple en 1903, c'est la démonstration, on met la focale sur les discours lors du
09:49 banquet, sur effectivement la Marseillaise jouée par le 49e régiment d'infanterie.
09:56 Le programme montre, et les invités montrent le poids des militaires, mais sans l'étouffer
10:05 totalement. Par exemple, on voit le belge Cuperus, qui est connu pour ses positions
10:15 éducatives pour la gymnastique européenne, et qui s'oppose même à Casalet, qui était
10:20 un peu plus versé sur la compétition, qui prononce le discours. Donc on voit un affaiblissement
10:25 de cette militarisation en quelque sorte. En 1953, vous voyez en milieu, les photographies
10:35 valorisent plutôt des allégories militaires, un certain nombre de choses comme ça. En
10:51 1953, on remet comme seule photo de l'événement dans le gymnaste, les officiels qui se déplacent
11:00 pour rendre hommage au monument aux morts. Donc vous voyez comment les choses évoluent
11:15 un petit peu dans cette glorification. Toujours pareil, là on a tenu à montrer qu'à partir
11:22 de 1936, comme vous le voyez sur la photo, il n'y aura plus de présidents de la République
11:32 qui seront présents au fait de la gymnastique. Donc peut-être là, il y a une inflexion.
11:38 En revanche, il y a toujours, comme vous le voyez, l'arrivée dans une gare avec l'étendard,
11:44 le drapeau et se tourner un peu vers la ville, vers le public, vers la cité. Donc on va
11:57 passer celle-ci. Et donc arrive un tournant important à partir de 1963 avec Arthur Magatian,
12:07 un DTN nouvellement nommé dans le cadre de la politique gaullienne, on en a parlé plusieurs
12:12 reprises, et qui va amener un tournant sportif à la gymnastique, trop souvent enseigné
12:19 comme un système d'éducation physique et non comme un sport d'itines. Donc cette position
12:27 qui va se structurer, on va le voir par la suite, génère très rapidement des oppositions
12:32 au sein des membres et qui peuvent s'exprimer dans la revue Le Gymnaste à travers l'opinion
12:38 et donc où on demande le maintien des exercices simultanés parce qu'ils sont garantis, la
12:45 garantie d'une approche éducative. En effet, quand on travaille simultanément, on se cale
12:51 sur le plus faible du groupe et on ne fait pas d'élitisme. Et on revient à d'anciens
12:58 principes comme cette gravure là où le gymnaste triomphe de la maladie, vous voyez, donc pour
13:04 montrer qu'il y a des bas dans le monde de la gymnastique. Également, sur la question
13:16 des équipements qui sont assez importants, où on déplore finalement, au moment où
13:22 on fait une planification des équipements en France, où on déplore l'abandon d'équipements
13:28 de salles de gymnastique spécialisées au profit de salles de gymnastes polyvalents,
13:33 comme le COSSEC, etc., qui ont vu le jour. Et notamment aussi qu'il n'y ait pas, dans
13:37 la capitale, à Paris, de grandes salles susceptibles de pouvoir accueillir un événement international
13:43 en gymnastique et qui oblige à organiser des championnats d'Europe à Grenoble par
13:47 exemple. Donc, bon, les permanences, je ne les cite pas, puisqu'elles sont permanentes,
13:54 on en a déjà parlé, mais on abandonne tout ce qui est banquets, invitations, tous les
14:00 défilés derrière les étendards, les pratiques collectives simultanées, tout ce qui renvoie
14:06 à l'ordre, à l'obéissance, aux commandements militaires sont en perte de vitesse. Voilà.
14:13 Et donc arrive cette troisième période à partir de 1986 où on décide de créer à
14:25 la fédération des événements internationaux, des événements qui vont toucher la politique.
14:36 Parce que, comme vous voyez sur les deux flèches bleues, jusque-là, on faisait une gymnastique
14:42 pour des initiés ou des techniciens. On ne plaisait qu'à ceux-là. Il n'y avait
14:45 qu'eux qui comprenaient la gymnastique et les autres étaient un petit peu, restaient
14:50 sur leurs fins devant le spectacle. Et également, dans la politique fédérale, il s'agit
14:57 de véhiculer de l'émotion, la nôtre, les valeurs, etc. Et c'est ce qu'on dit
15:04 pour célébrer le 120e anniversaire. Donc ces événements-là vont faire glisser petit
15:12 à petit la gymnastique vers quelque chose de beaucoup plus spectaculaire, au prix d'un
15:18 certain nombre d'abandons, qui sont cette fameuse polyvalence des six agrés indispensables
15:24 et incontournables pour pouvoir concourir individuellement ou concourir au cours général.
15:30 Il fallait donc faire tous les agrés, etc. Ce qui était une garantie de formation, cette
15:34 fameuse complétude dont on a parlé au début. C'est la fin des imposés et c'est aussi
15:38 la fin de la notation sur disque qui était très sclérosante. Et on passe à une addition
15:47 d'exécution, ça ça l'a toujours été, et de difficultés. Du coup, on en arrive
15:53 à une gymnastique où le spectaculaire l'emporte parce qu'on développe une gymnastique
15:59 de très haute performance. Mais ça, ça a été déjà en marche depuis 1950. Mais
16:06 par exemple, dans les Internationaux de France, voilà comment on relate le fait. Eric, Eric,
16:12 Eric Thésimire, t'es trop beau. Effectivement, on nous dit dans le journal, c'est lui qui
16:16 a fait le spectacle à Bercy. Regardez son look, ses cheveux décolorés, son petit bouc
16:21 blond. Enfin, que des informations gymniques sur la haute performance, vous voyez. Donc
16:26 le show gymnique ici, il faudra cliquer là, je ne sais pas comment on fait pour mettre
16:30 le son, se poursuit. Par exemple, c'est ce qui a été choisi pour fêter les 150 ans
16:35 de la Fédération cette année, donc en septembre. Tout à l'heure, quand j'avais fait l'essai
16:44 de l'écarture, ça fonctionnait. Donc c'était simplement un show pyrotechnique avec des
16:48 musiques, etc. etc. très, très dynamique et qui ont permis de basculer de l'autre
16:56 côté. Juste pour une dernière petite phrase pour dire, je voulais terminer sur le fait
17:04 qu'on avait mobilisé des archives sonores. Une archive sonore, c'est un peu raté, mais
17:09 que c'était aussi des archives utiles puisqu'on était sur les archives et que par exemple,
17:13 ces trois périodes qu'on a vues là, militaires et éducatives, très sportives et chauds,
17:20 ça peut s'illustrer par cette fameuse musique là dont j'ai envie de vous parler. Mais la
17:24 première période par les Orphéons militaires et la marche aux pas et la deuxième période
17:28 par la succession d'hymnes nationaux. Donc les archives sonores sont aussi quelque chose
17:32 d'important.
17:32 [SILENCE]