Conclusion
Par Ghislain BRUNEL, directeur des publics des Archives nationales.
Séance du mardi 10 décembre 2024, qui s’est tenue de 14h00 à 17h30 dans les salons de l’hôtel de Soubise (60 rue des Francs-Bourgeois, 75003 Paris), dédiée au thème des réjouissances, du divertissement et de la fête, de la fin du Moyen Âge au siècle des Lumières.
Par Ghislain BRUNEL, directeur des publics des Archives nationales.
Séance du mardi 10 décembre 2024, qui s’est tenue de 14h00 à 17h30 dans les salons de l’hôtel de Soubise (60 rue des Francs-Bourgeois, 75003 Paris), dédiée au thème des réjouissances, du divertissement et de la fête, de la fin du Moyen Âge au siècle des Lumières.
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00:00...
00:00Bonsoir à toutes et à tous.
00:17Je suis chargé de l'épilogue rapide de cette séance.
00:20Je voudrais donc commencer par remercier très sincèrement
00:23nos intervenantes qui ont éclairé si brillamment notre lanterne,
00:27mais pas suffisamment, donc on leur pose encore des questions.
00:30C'est vraiment un sujet passionnant.
00:33Nous fûmes à la fête, si j'ose dire,
00:36et donc que ce soit pour la technicité,
00:38la robustesse de vos méthodes de recherche
00:40et pour la subtile complexité de votre histoire de la fête
00:44et des divertissements.
00:46Vos communications étaient totalement réjouissantes.
00:48Donc voilà, c'est déjà l'essentiel.
00:50Vous avez surtout montré quel chemin doivent emprunter
00:52les historiennes et les historiens pour interroger les sources,
00:55creuser les dossiers, proposer de nouvelles interprétations,
01:00et donc je vais revenir, je vais dérouler quelques fils de cette histoire
01:04très rapidement que vous avez tissé devant nous
01:06en redisant le plaisir que nous avons eu à vous suivre dans vos recherches.
01:11Alors, réouverture de Notre-Dame oblige,
01:15me venait à l'esprit, en entendant Marie,
01:18que c'est les fêtes religieuses qui animaient les églises et leur parvis,
01:23que Victor Hugo a su rendre éternel dans son roman,
01:26et la fête des fous, et la fête des saints innocents,
01:31avec les évêques des fous, les papes des fous,
01:33et toutes les festivités qui allaient avec,
01:35ont laissé de nombreuses traces à Paris et ailleurs,
01:39à Besançon, dans d'autres villes.
01:41Et donc, c'est un sujet qu'il faut avoir en tête.
01:47Mais vous l'avez dit, le théâtre n'est pas une affaire réservée,
01:51notamment aux clercs ou à la caricature,
01:54aux puéries qui mimeraient leurs autorités.
01:58Mais très vite, des troupes de théâtre s'organisent
02:00au sein du monde séculier.
02:03Les acteurs de théâtre sont aussi des hommes du siècle.
02:07Et on y trouve plusieurs professions.
02:09Et dans ça, c'était très intéressant de voir cette rature.
02:14Parce qu'ailleurs, on a vu aussi, je crois, des notaires
02:17qui étaient acteurs dans des troupes,
02:20et donc voir un sergent à masse, et puis un chirurgien.
02:25Donc des professions, voilà, quand même assez marquées,
02:27et puis liées à une certaine pratique intellectuelle.
02:31C'était vraiment intéressant.
02:32C'est vraiment une nouveauté.
02:35Et ces troupes, on les voit, sont recrutées par des princes,
02:39puisqu'on a des exemples au XIVe siècle,
02:42de mémoire, je ne sais pas, Charles d'Orléans,
02:43le Duc de Bourgogne, Charles VI,
02:45et puis, vous le montrez, les villes.
02:48Et notamment, la ville de Romand.
02:52De ce qu'on peut subodorer, de ce que vous avez montré aussi,
02:55chaque troupe, sans doute, a un répertoire
02:58sur lequel elle veille jalousement,
03:02ou qu'elle fait évoluer représentation après représentation.
03:05Ce qu'on voyait dans le texte de Padoue, du XVIe siècle,
03:10qu'on devait faire jouer les œuvres du chef Maprio,
03:13et que donc là, on avait une liaison entre ce chef,
03:17qui est sans doute, voilà, un peu comme Molière,
03:19chef de troupe, mais aussi écrivain,
03:21enfin voilà, en tout cas,
03:23metteur en œuvre de ces textes,
03:27qui partent sans doute de formulaires ou de formats antérieurs,
03:30mais en tout cas, je connais mal le sujet.
03:32Mais c'est important de voir ce jeu avec les œuvres aussi.
03:38Ça, c'est important.
03:39Quelles œuvres sont jouées, qui les rédige,
03:42et aussi derrière, évidemment,
03:43comment le public les reçoit,
03:46et comment le public s'élargit au fur et à mesure du temps.
03:49C'est un autre sujet aussi très important.
03:53Donc avec le théâtre, on entend la voix,
03:55les costumes, les décors,
03:57et dans toutes les communications de cet après-midi,
03:59je me rends compte que l'image et le son sont importants,
04:04car ils sont au cœur des divertissements et des fêtes.
04:07Donc vous en avez tous parlé,
04:10que ce soit le bruit des boîtes et des canons,
04:13surtout quand il y en a plus de plusieurs milliers,
04:16pour le feu d'artifice de 1674,
04:19et tout ce qu'on a entendu sur les festivités dans la capitale,
04:22avec ces bruits permanents,
04:26ces images partout,
04:29les textes placardés.
04:30C'est un monde où on doit voir et on doit entendre
04:33de manière constante.
04:36Mais on sait bien qu'on avait affaire à des villes
04:38sans doute plus brillantes que les nôtres,
04:41avec toutes sortes de bruits,
04:44les bruits du travail,
04:45les bruits du crieur,
04:47les bruits des sonneries.
04:49Et on a l'image et le son qui sont au cœur de ces festivités.
04:55Donc ce qu'a montré Gaël Lafage aussi,
04:57c'est que la recherche avait fait beaucoup de progrès
04:59autour des spectacles éphémères,
05:01qui était un domaine quand même très mal connu,
05:04je dirais il y a une vingtaine d'années, je pense.
05:07Et vous avez bien montré comment à partir de correspondances,
05:11d'échanges administratifs,
05:13de comptabilité bien sûr,
05:14tous les historiens souhaitent avoir des comptabilités,
05:17et moi je ne les trouve pas arides,
05:19je les trouve toujours passionnantes.
05:21Vous avez ces comptabilités,
05:23c'est une énorme chance,
05:24mais aussi ces carnets, ces albums,
05:26qui mettent en image les spectacles
05:29dont vos correspondants parlent.
05:32Ça c'est vraiment très important.
05:35Et donc de ce que je comprends,
05:37des feux de guerre aux feux de joie,
05:39la période moderne a vu les ingénieurs artificiers
05:41mettre à profit leurs sciences de l'artillerie et de la poudre
05:43pour en faire des spectacles inventifs.
05:45On a un long progrès,
05:48un long mouvement,
05:49et de ce que j'ai compris aussi,
05:52le premier XVIIe siècle vit cette révolution des feux d'artifice,
05:56accompagné maintenant d'albums européens, j'imagine,
06:00qui fournissent des images restituant les réalisations et les projets.
06:04Et donc la fête de Versailles de 1674,
06:06que vous avez évoquée de manière complète,
06:10incarne ce moment de bascule,
06:11ce temps de bascule du milieu du XVIIe siècle,
06:13où le feu d'artifice est partout,
06:16semble-t-il.
06:17Il est réclamé pour les fêtes,
06:19pour les fêtes qu'on veut importantes.
06:22Et on le perfectionne,
06:23on met en mouvement ces feux d'artifice,
06:26avec des objets,
06:27des personnages,
06:28des têtes d'animaux,
06:30des bateaux.
06:31On utilise la terre et l'eau,
06:33les palissades,
06:33la charpenterie.
06:34Donc c'est vraiment un art complet,
06:36un art complet du spectacle,
06:38où le feu d'artifice
06:39est un peu la cerise sur le gâteau
06:42d'une immense machinerie.
06:44Un mois et demi de travail,
06:45avec je ne sais pas combien d'ouvriers,
06:46c'est quand même quelque chose
06:47déjà d'important.
06:50Et dans ce que vous avez montré,
06:52Pauline Vallade,
06:53pour la ville de Paris,
06:55vous avez mis de manière très éclairante
06:58le circuit de décision,
07:02suivi tout le circuit de décision,
07:04depuis la décision royale,
07:06jusqu'à son application.
07:07Et donc c'est un circuit à la fois
07:09qui est un circuit de décision,
07:10d'organisation,
07:12de rétractation,
07:13de discussion,
07:15qu'on trouve dans les archives urbaines
07:17et dans les archives parajudiciaires,
07:19ou en tout cas dans les archives
07:21des cours de justice,
07:23mais qui concernent leur police,
07:24donc le Châtelet
07:24ou le Parlement de Paris.
07:27Et donc votre intervention
07:28montre de manière très limpide
07:29le parcours documentaire
07:31qui rend efficace
07:32la volonté venue d'en haut,
07:34avec les prévisions de la ville,
07:35le contrôle de l'autorité royale,
07:37et la volonté de savoir
07:39quelle est l'ampleur de la fête,
07:40comment on participera à la population,
07:42comment la faire participer.
07:44Et on peut penser que,
07:45d'une certaine manière,
07:47on sait si le roi
07:48ou l'administration royale est contente,
07:50parce qu'à chaque fête nouvelle,
07:51on cherche des moyens
07:52de faire participer davantage
07:54cette population.
07:55On trouve des subterfuges,
07:57on leur fait des cadeaux,
07:58des cadeaux fiscaux,
07:59mais tous les gouvernements
08:01savent utiliser les cadeaux fiscaux,
08:03c'est bien utile
08:04à la veille d'élections
08:05ou à la veille de manifestations.
08:06Donc, vous retracez en fait
08:09cette plasticité
08:11de l'administration royale
08:13qui est capable de trouver
08:14des expédiants nouveaux,
08:16de marier ces orphelines,
08:19mais les villes s'affairent aussi ça
08:20dans d'autres provinces.
08:23Le mariage des orphelines,
08:24c'est quelque chose de récurrent
08:25qu'on peut mettre en scène en plus
08:28pour magnifier l'autorité urbaine.
08:30Donc, là-dessus,
08:32vous montrez la totalité
08:36de ce qui est possible
08:39pour mettre en scène
08:40la joie publique,
08:42avec évidemment ces critiques
08:44qui sont souvent tues,
08:45difficiles à voir,
08:47mais qu'on peut ressentir
08:49à des moments véritablement
08:50d'apogée des crises,
08:51comme à la fin des années 1780.
08:54Alors, donc, en conclusion,
08:55je voulais remercier aussi
08:56tous les participants
08:58à ce retour aux sources
08:59qui clôt dix années
09:02de retour aux sources
09:03aux archives nationales,
09:05qui essaie de mettre en valeur
09:06surtout les recherches
09:07de vous toutes,
09:08historiennes et historiens,
09:10qui travaillaient aux archives
09:12sur des sources complexes,
09:14difficiles à déchiffrer.
09:15On a parlé tout à l'heure
09:16des millénotariales du XVIe siècle,
09:19longues, dispersées.
09:21Il faut rabouter tous ces éléments
09:23pour en faire une interprétation
09:25cohérente, parfois nouvelle,
09:28et donc, voilà,
09:29on vous remercie encore une fois
09:30d'avoir accepté
09:31de participer à cette séance
09:33mise en scène,
09:35mise en œuvre
09:35par Cécile Félgiusy,
09:37la responsable du département
09:38de l'accueil des publics de Paris.
09:40Merci encore.
09:40Applaudissements.
09:42Applaudissements.
09:43Applaudissements.
09:43Applaudissements.
09:45Applaudissements.
09:45...