• il y a 10 mois
Lundi 5 février 2024, SMART BOURSE reçoit Jeanne Asseraf-Bitton (Directeur de la Recherche et Stratégie, BFT-IM) , Vincent Chaigneau (Directeur de la recherche, Generali Investments) et Thierry Guille (Président, Raymond James France)

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Transcription
00:00 (Générique)
00:10 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13 Jeanne Asraf Bitton est à nos côtés, directeur de la recherche et de la stratégie de BFTIM.
00:19 Bonsoir Jeanne.
00:20 Merci d'être là, merci à Vincent Chaignot d'être avec nous également.
00:23 Bonsoir Vincent.
00:24 Bonsoir Grégoire.
00:24 Vous êtes directeur de la recherche de Generali Investments
00:27 et Thierry Guil nous accompagne également ce soir.
00:29 Bonsoir Thierry.
00:30 Ravi de vous retrouver.
00:31 Vous êtes président de Raymond James France et spécialiste du marché américain.
00:36 Parlons des États-Unis pour commencer sur le plan macro,
00:39 notamment Jeanne et puis Vincent.
00:42 Jeanne, dans le sillage notamment du rapport sur l'emploi de vendredi dernier,
00:48 de l'ISM Service qui est sorti au cours de cet après-midi, en ce début de semaine.
00:55 Il faut se demander si l'économie américaine n'est pas en train de réaccélérer à ce stade.
01:01 On va dire qu'elle n'a pas vraiment ralenti.
01:05 Il y a de temps en temps des perceptions de marché qui s'imaginent qu'il y a un ralentissement très appuyé.
01:12 Aujourd'hui c'est plutôt l'image d'une réaccélération.
01:15 En fait c'est une économie en croissance modérée et d'ailleurs elle se modère.
01:20 On a quand même des signes, même dans les fameux rapports de l'emploi,
01:24 on a des signes. Il y a un signe intéressant qui est la durée hebdomadaire du travail.
01:30 Elle est tombée sur des plus bas niveaux.
01:33 C'est un signe précurseur. Objectif, ce n'est pas une enquête, au sens de...
01:38 C'est le nombre d'heures travaillées par semaine. En baisse de 0,6%, c'est ça, j'ai vu sur le mois passé.
01:43 Et du coup, quand on regarde le salaire horaire, effectivement il accélère,
01:47 mais pas le salaire hebdomadaire qui lui décélère.
01:50 Donc c'est intéressant. Ce sont des signes qu'il y a quand même un peu moins besoin.
01:54 Après, il y a une enquête qui paraît en général avant les deux enquêtes officielles
02:00 qui sont parues vendredi, c'est l'enquête ADP.
02:03 Et cette enquête est intéressante parce qu'elle est basée sur les données réelles de l'entreprise ADP
02:13 sur les 700 000 sites qu'elle couvre.
02:19 Alors c'est échantillonné de façon adéquate au plan statistique, etc.
02:23 La différence avec les deux grandes enquêtes nationales,
02:27 c'est que les enquêtes nationales ont vu depuis le Covid leur taux de réponse chuter d'environ 20 points.
02:35 C'est-à-dire que sur l'enquête qu'on dit payroll, l'enquête salariée,
02:39 le taux de réponse est en gros à 40% de mémoire.
02:44 Sur l'enquête ménage qui détermine le taux de chômage, elle est à 50% peut-être,
02:51 ou 70% alors qu'elle était à 90% avant le Covid.
02:54 Donc, ça jette un peu le doute sur la signifiance de ces enquêtes et leur pertinence.
03:06 Elles sont un peu altérées, vous dites, ces enquêtes, aujourd'hui.
03:09 Elles pourraient être en tout cas données des signaux un peu altérés, on ne sait pas très bien.
03:15 On regarde les taux de réponse qu'on a vu qui se sont dégradés,
03:18 alors que l'enquête ADP, non, il n'y a pas de concept de dégradation,
03:22 puisque ce n'est pas une enquête, elle échantillonne sur ses propres données.
03:27 Et puis, il y a en plus des éléments qui s'ajoutent, parce que c'était les données du mois de janvier,
03:33 c'est la correction des variations saisonnières, qui est une pratique usuelle en statistique.
03:38 Sauf que pour le mois de janvier aux États-Unis, elle est très forte.
03:43 Et donc, selon qu'on regarde les données brutes ou bien corrigées, l'écart est absolument gigantesque.
03:50 Du coup, il est possible que les données de janvier soient révisées par la suite.
03:55 L'un dans l'autre, on a des signes que l'emploi se détend, mais c'est un processus lent et progressif.
04:05 Et d'une façon générale, le ralentissement de l'économie américaine,
04:10 comme l'emploi ralentit tout doucement et que les salaires fondent même,
04:15 il y a de quoi soutenir la consommation.
04:18 Sans grande surprise, le ralentissement est très modéré.
04:23 Et d'ailleurs, quand j'ai trouvé intéressant ce que Powell a dit,
04:27 puisque dans sa conférence de presse, il dit, vu que mon objectif de plein emploi est rempli,
04:33 pourquoi ne pas se donner le temps d'arriver à l'objectif d'inflation et pas avant ?
04:41 Donc, il se donne le temps pour... voilà.
04:44 Mais avec tous les cavettes que vous mettez, l'image renvoyée par l'économie américaine
04:49 reste quand même celui d'une bonne économie.
04:52 C'est une économie résiliente, absolument.
04:55 Alors, il y a, et c'est ce qu'on surveille de très près,
04:58 c'est à quel point les entreprises vont changer leur fusil d'épaule
05:03 et commencer ou pas à licencier et à détruire des emplois
05:08 pour préserver éventuellement leurs marges.
05:10 On voit, à chaque annonce de résultat, il y a des programmes de restructuration ici et là.
05:15 Alors, toujours pas mal dans la tech, c'est Snap aujourd'hui qui va licencier plus de 10% de sa workforce, etc.
05:20 Mais aussi dans d'autres groupes de consommation, c'est les cosmétiques aussi avec Estée Lauder aujourd'hui.
05:26 Il y a à nouveau ce sentiment de voir les entreprises annoncer effectivement des plans de départ, on va dire.
05:32 C'est toujours ce qui stimule, on va dire, les ajustements de l'emploi,
05:36 c'est quand les entreprises ont moins de... ont une volonté de réduire la charge de personnel.
05:42 Alors, il est vrai qu'aujourd'hui, cette volonté est un peu amoindrie
05:46 parce que la productivité est bonne aux Etats-Unis.
05:49 Donc, elle soutient... enfin, elle fait que le coût du travail est moins dur pour les entreprises
05:54 et est ressenti de façon moins difficile, mais on sent quand même que la dynamique de création d'emploi ralentit.
06:01 C'est moins que ce qui a été le cas à certains moments.
06:05 Ce sera probablement corrigé en février pour être moins dynamique que ce qui était là,
06:10 mais en gros, ça ralentit, mais très modérément.
06:13 C'est presque un scénario idéal pour la Fed.
06:16 Vincent, comment vous regardez cette macroéconomie américaine ?
06:20 Malgré tout, spectaculaire, effectivement.
06:23 Et comment vous comprenez aussi l'état d'esprit du marché qui peut varier par rapport à cette situation économique ?
06:31 C'est vrai que trop de bonnes nouvelles, à un moment, ça peut générer une forme d'indigestion
06:36 ou la crainte du retour de l'inflation, de la hausse des taux, etc.
06:40 Et puis, on l'a vu vendredi, avec des chiffres qu'il faut prendre avec du recul et des pincettes, comme le disait Jeanne,
06:46 malgré tout, sur une publication de plus de 350 000 créations d'emploi aux Etats-Unis,
06:51 l'action décide que là, c'est quand même plutôt une bonne nouvelle.
06:55 Oui. En effet, comme Madame le dit, je pense que le débat mérite d'être tenu, ralentissement ou pas.
07:02 La réalité, c'est que dans ce cycle, les indicateurs précurseurs ont envoyé des signaux plutôt erronés.
07:10 La réalité, c'est que le cycle de crédit n'a pas joué comme il joue d'habitude.
07:15 On a eu, par exemple, un resserrement très fort des conditions de crédit qui n'a pas conduit à un resserrement des conditions financières
07:24 et un fort ralentissement de l'économie. Donc, on a une résilience exceptionnelle.
07:29 Et certes, on pourrait, nous attendons toujours un ralentissement, mais il a tendance à être repoussé.
07:36 Et la réalité, c'est que le marché, quand on regarde la distribution des probabilités, des scénarios possibles,
07:45 le marché est en train de réduire très fortement la probabilité d'une récession ou d'un intéressage forcé.
07:52 C'est-à-dire que le marché est en train d'aplatir complètement cette queue de distribution parce que l'économie américaine n'en finit pas de surprendre à la hausse.
08:01 Et j'en veux pour preuve, là vous parlez de bonnes nouvelles qui pourraient être une mauvaise nouvelle,
08:07 j'en veux pour preuve la décorrelation entre marché des actions et marché des obligations.
08:13 Donc, de la fin juillet à la fin décembre, on a eu des marchés obligataires et actions très corrélées.
08:19 Et en l'occurrence, c'est le signe d'un marché qui est dominé par la politique monétaire.
08:23 Les anticipations de baisse des taux ont poussé à la fois le prix des obligations et des actions à la hausse.
08:29 En ce début d'année, on a plutôt une décorrelation, c'est-à-dire que les taux l'ont plutôt remonté et malgré ça, les actions continuent de monter.
08:37 Et ça, c'est le signe plutôt d'un marché qui est dominé par le thème cyclique, la confiance dans la croissance, l'appétit pour le risque.
08:47 Probablement, les questions de productivité également jouent parce qu'on a ce débat avec les valeurs technologiques qui continuent de surperformer.
08:55 Cette idée que le choc intelligence artificielle va créer un choc de productivité positive qui a tendance plutôt à faire monter les taux réels, mais qui sont bons pour les profits.
09:05 Le point d'équilibre est plus haut pour une économie plus productive, le point d'équilibre est plus élevé.
09:09 Mais là, en tout cas, dans la dynamique du marché, on voit une cassure assez nette depuis le début de l'année.
09:15 Ce ne sont plus les espoirs de baisse des taux qui dominent, c'est plutôt le thème "oublions la récession".
09:21 La question de la productivité, comment vous la regardez à ce stade ?
09:25 Les économistes m'expliquent que des gains de productivité sur un trimestre, ça ne veut pas dire grand-chose.
09:30 Sur deux trimestres, on commence à jeter un oeil. Sur trois, voire quatre trimestres, on se demande s'il n'y a pas quelque chose.
09:38 C'est vrai que quand on mesure la productivité horaire aux États-Unis, on voit qu'elle est quand même 5-6% supérieure au niveau qui était atteint avant le Covid.
09:45 C'est à peu près exactement l'inverse de ce qu'on observe en zone euro et en France, par exemple.
09:51 Est-ce qu'il y a là une forme de mystère à expliquer ? Comment on réfléchit à cette question ?
09:57 Est-ce qu'il y a un truc unique dans le monde qui est en train de se passer aux États-Unis et qu'on ne verrait nulle part ailleurs ?
10:03 C'est un peu étrange ce qui se passe en Europe parce qu'on ne peut pas contester qu'avec Covid, on a eu une accélération de la digitalisation.
10:11 Et ça ne se voit pas en effet dans les chiffres de productivité.
10:16 On s'interroge sur la qualité des données. Ce qui est sûr, c'est que sur les deux ou trois derniers trimestres aux États-Unis, on voit une accélération nette de la productivité.
10:25 Une éorndelle ne fait pas le printemps. Deux trimestres, c'est encore relativement récent.
10:30 On était sur des tendances de productivité assez faibles aux États-Unis, sur des tendances de croissance de l'ordre de 1,5%.
10:37 La stagnation séculaire, la grande modération, etc.
10:40 Là, on a une accélération assez nette depuis deux trimestres qui laisse penser qu'en effet, le choc technologique déjà est en train de produire ses effets.
10:51 Il y a beaucoup d'interrogations sur la vitesse d'absorption de ces nouvelles technologies.
10:58 Il est encore un peu tôt pour comprendre, mais le marché est clairement en train d'acheter ce thème.
11:04 Je dois dire que les valeurs technologiques performent extrêmement bien.
11:09 On a certains éléments qui rappellent peut-être la fin des années 90, le début des années 2000, les discussions sur une bulle potentielle.
11:18 Je dois dire qu'il y a quand même une différence.
11:20 Une période que vous citez qui correspondait là aussi à une période de choc de productivité pour l'économie américaine.
11:26 Oui, je vois quand même...
11:27 Jusqu'à la bulle effectivement d'Otcom.
11:29 Je vois une différence assez nette. Aujourd'hui, les valeurs technologiques dans l'ensemble délivrent.
11:34 Les résultats sont excellents.
11:36 Si on regarde la performance des profits relatifs par rapport à l'indice et la performance du prix des actions, on n'a pas des choses complètement délirantes.
11:45 Thierry, ça c'est votre domaine, les résultats des entreprises.
11:48 En tout cas, le côté sectoriel et micro, oui, vous confirmez, les résultats de la tech américaine sont impressionnants.
11:54 On a eu quand même suffisamment d'exemples là, notamment au cours de la semaine passée, pour dresser ce constat aujourd'hui ?
11:59 C'est clair. Quelques chiffres. Si vous prenez la croissance des profits, on va exclure Tesla, on va prendre les magnifiques 6 et pas les 7.
12:08 Alors, on n'a pas encore Nvidia qui...
12:10 Je note déjà que le groupe se rétrécit alors.
12:12 Mais la croissance des profits Q4, c'est à peu près plus de 60%, 61,5% à peu près.
12:16 Pour les Mac 6 ?
12:17 Oui. Si vous excluez ces 6 valeurs-là, la croissance des profits, je ne devrais pas parler de croissance, la baisse des profits sur le Q4, vous êtes globalement sur du -9, -10.
12:27 En glissement annuel ?
12:28 En glissement. Si vous agrégez sur un glissement annuel ce qui a déjà été publié de ce qui va être publié.
12:32 À ce matin, il y a à peu près un peu moins de 50% des sociétés qui ont publié.
12:37 Donc très clairement, c'est une concentration qu'on constate de semaine en semaine et qui n'arrête pas de s'accélérer.
12:43 C'est un phénomène assez troublant d'ailleurs.
12:45 C'est légitime ? C'est déjà l'idée d'une bulle ? En tout cas, au moins l'idée de la construction d'une bulle ?
12:52 Sans que ce soit forcément le climax ou le pic de cette bulle ?
12:57 Non, je ne pense pas qu'on puisse vraiment parler de bulle comme le rappelait Vincent à l'instant.
13:00 Il y a 25 ans, on a connu cette période-là. Les sociétés ne gagnaient pas l'argent. Ce n'est pas du tout le cas aujourd'hui.
13:06 Les valorisations ne sont certes pas forcément cadeaux, mais elles ne sont pas hyper tendues.
13:11 Si vous regardez en années calendaire, des acteurs comme Nvidia, vous êtes à 32-33 fois de PE.
13:16 Alors, ça paraît beaucoup pour des Européens, mais aux États-Unis, dans la tech, avec la croissance que connaît Nvidia, ce n'est pas hors de prix.
13:23 Vous pouvez le faire sur Microsoft, vous êtes sur des peu de 33.
13:26 Apple, vous êtes en dessous de 30. Ce sont des valos, pas forcément cadeaux, mais qui ne sont pas hors de prix.
13:32 Donc, bulle, je ne sais pas. L'avenir le dira. Mais en tout cas, les sociétés continuent à délivrer.
13:36 Et puis, il y a ce changement de paradigme avec l'apparition de l'IA qui change beaucoup la donne.
13:40 Le plus bel exemple, c'est que la plupart des gérants qui ont joué ces derniers mois, deux acteurs qui étaient Microsoft et Nvidia pour l'IA,
13:47 peu de gens ont anticipé ce qu'a fait Meta.
13:51 Est-ce que c'est un thème qui se décorrèle totalement du reste de l'actualité ?
13:58 Je vois aujourd'hui les taux américains continuer de remonter. Nvidia prend encore 3%.
14:02 On a l'impression d'une déco... Il y a un truc à part. C'est un thème que les investisseurs traitent à part du reste.
14:10 Nvidia monte aujourd'hui parce qu'elle est recommandée fortement par un de mes confrères avec une révision subjective assez généreuse.
14:16 Et cela mis à part d'autres boîtes de tech aujourd'hui qui souffrent un peu plus.
14:21 Je ne sais pas s'il y a une totale décorrélation. Il y a d'autres secteurs qui marchent très bien sur le marché américain.
14:26 Je ne cesse ces derniers mois de dire, même si la plupart de nos clients veulent jouer le marché par le prisme des gars-femmes,
14:33 et ça peut être légitime, ne serait-ce que par gestion du risque, il faut quand même regarder ailleurs ce qui se passe.
14:39 Et vous avez sur le marché américain des secteurs qui marchent très bien, une partie de l'immobilier,
14:43 la thématique de l'assurance se porte très bien, les équipements de l'infrastructure marchent très bien.
14:48 Il y a des tas de secteurs qui tirent très bien leur épingle du jeu.
14:51 Vous êtes venu avec un graphique, Thierry, qu'on va pouvoir afficher, parce que vous dites qu'il y a plein de choses qui fonctionnent très bien.
14:57 Sauf qu'on arrive, et il faut nous expliquer ce que veut dire ce graphique,
15:01 on arrive à des niveaux de concentration de performance qui sont proches des extrêmes,
15:08 et notamment des extrêmes, si j'arrive bien à lire, de la fin des années 90, Thierry.
15:12 Ce graphique remonte donc sur les 30 dernières années.
15:15 Et là où il est pertinent, c'est un travail qui a été fait par un stratégiste.
15:18 En dessous de la ligne que vous voyez sur la cône verticale à 0%,
15:21 chaque fois que la ligne orange glisse en dessous, c'est que vous avez une excessive concentration,
15:26 ou un marché qui en fait paye plutôt sur un nombre limité de titres.
15:29 Et on voit bien qu'en 99, vous voyez que cette ligne orange qui est très basse,
15:34 montrait l'excessive concentration du marché à l'époque sur des acteurs qui, certains, ne sont plus forcément là aujourd'hui.
15:39 Il y avait déjà Amazon à l'époque, il y avait des Cisco, il y avait des IBM, il y avait ce genre de sociétés.
15:44 Et on voit au moment où il y a eu l'implosion de la bulle du Nasdaq en 2000,
15:48 il y a un phénomène élastique.
15:50 - Ah ben un renversement total. - Un renversement total, ça repart totalement dans l'autre sens.
15:54 Et vous tombez sur non pas une décennie, mais de 2000 à 2007,
15:57 pratiquement jusqu'à la crise du subprime avec une meilleure performance des acteurs dans les domaines des valeurs cycliques.
16:02 Ça c'est une tendance.
16:03 Et après, la période qui nous intéresse, on va aller tout de suite à l'extrême droite du graphique,
16:08 où on voit que la ligne orange est très très basse, elle est pratiquement au niveau de 99.
16:13 - Oui c'est ça. - D'où la question, il peut toujours y avoir un changement de paradigme,
16:17 mais on pense, on l'avait évoqué quand on s'était entretenu et qu'on en avait parlé ensemble au mois de décembre dernier,
16:22 est-ce que ça ouvre la porte au fait que, alors il faut rappeler que ce graphique compare l'indice S&P equal weight
16:28 et puis pondérait par rapport au S&P.
16:30 Et la question est de savoir si effectivement on n'ouvre pas la porte à une possibilité ou un rattrapage d'un univers SMID,
16:37 un small cap ou mid cap.
16:39 Je ne réponds pas, nous on pense que oui, même si c'est peut-être encore un peu prématuré,
16:44 mais sur la base du graphique c'est assez éloquent.
16:47 Comment vous regardez cette concentration de marché, au regard notamment de ce qu'on a pu décrire de l'économie américaine,
16:52 qui va résiliente, comme vous disiez Jeanne.
16:56 Si c'est le cas, pourquoi est-ce qu'il n'y a pas plus de valeur ou de secteur qui en profite d'une certaine manière ?
17:02 Parce que je pense que la résilience est en grande partie liée aux distorsions pérennes de l'emploi depuis le Covid,
17:13 donc qui ont du mal à se corriger, et à une augmentation des salaires, donc ça tire la consommation.
17:20 Maintenant, pour un grand nombre d'entreprises, ça ne veut pas forcément signifier que les marges sont aussi bonnes
17:29 que elles l'ont été par le passé. Il y a quand même une certaine pression sur les marges,
17:34 alors qu'il ne se ressent pas bien sûr sur les grandes entreprises de la tech.
17:39 Je voulais juste évoquer un petit quelque chose sur la productivité.
17:42 Parce qu'il me semble que parfois on occulte le fait que les États-Unis sont inscrits depuis déjà 4-5 ans
17:52 sur un grand cycle d'investissement qui augure toujours un cycle long de productivité.
17:59 Bien sûr, il y a l'IA que vous évoquez sur les trimestres récents, mais il y a un grand cycle de productivité
18:07 assez profond avec une caractéristique sur bien sûr tout ce qui est technologie, de l'information, software, etc.,
18:15 mais aussi sur les structures, aussi sur les équipements. C'est un cycle important d'investissement qui finit par générer...
18:25 Et ça, c'est un prérequis à une histoire de croissance de la productivité.
18:29 On ne trouve pas d'exemple où on aurait une croissance de productivité sans avoir eu ce choc d'investissement.
18:35 Pas durable.
18:36 Pas durable en tout cas.
18:37 Non, pas durable. Ça pourrait être un épiphénomène sur un trimestre ou deux, mais pas durable.
18:43 Donc, il y avait quand même un grand cycle qui a été renforcé par un certain nombre de lois et autres actes
18:51 qui visaient aussi le "re-shoring", l'investissement local, etc.
18:57 Donc, il y a eu quand même des efforts importants sur l'investissement aux États-Unis qui génèrent
19:03 ou qui permettent un cycle de productivité plus favorable aujourd'hui ici qu'aux États-Unis.
19:11 Sur la concentration, pour nous, c'est une vulnérabilité.
19:14 Mais comme vous le disiez à l'instant, quand on regarde le S&P équipondéré,
19:19 si on regarde son PE, il n'est pas si cher que ça.
19:23 Tu as 15,5.
19:24 Oui, c'est ça.
19:25 C'est l'Europe, quoi.
19:26 Non, quand même pas. L'Europe, elle est...
19:28 C'est encore en dessous, nous.
19:29 Oui.
19:30 On est encore en dessous. Bon.
19:31 Mais oui, donc c'est très compliqué. C'est une vulnérabilité de marché.
19:37 Parce qu'en plus, on ne peut pas exclure un accident sur un des sept magnifiques.
19:41 Ah, on en a vu, oui.
19:42 Les sept magnifiques, c'est 30% de la capitalisation de tout le S&P.
19:47 Mais comme le faisait remarquer Thierry, Tesla, on peut déjà mettre Tesla à part.
19:52 En tout cas, Tesla, depuis le début de l'année ou depuis quelque part, ne contribue pas.
19:55 Il n'y aura plus que six magnifiques.
19:56 Oui, c'est ça. Elles sont peut-être déjà plus que six aujourd'hui sur ce phénomène de concentration de marché
20:01 qu'on a déjà décrit, commenté, analysé de nombreuses fois, Vincent,
20:05 mais qui restent pour l'instant persistants.
20:07 Oui, très persistants.
20:08 Si on regarde depuis début 2023, en effet, le S&P a surperformé le S&P équipondéré de 16 points de pourcentage.
20:18 16 points, c'est considérable.
20:20 En Europe, c'est un peu moins marqué.
20:21 Si on fait la même analyse sur le MSCI euro, on est à 6-7 points de différentiel.
20:27 Mais là encore, les grandes valeurs dominent.
20:29 Aux États-Unis, c'est considérable.
20:32 Si vous prenez le S&P 500, les 500 valeurs du S&P, les 10 plus grosses valeurs,
20:38 aujourd'hui, représentent près d'un tiers de l'indice.
20:41 Les 30 plus grosses valeurs sur les 500 représentent la moitié de l'indice.
20:46 Donc, c'est une concentration extrême qui rend la vie très difficile pour les gérants actifs sur les actions
20:53 parce que pour battre les indices, il faut être encore plus concentré.
20:58 Et en termes de gestion du risque, ce n'est pas possible.
21:01 Ou alors, on s'affranchit de toutes les contraintes possibles.
21:05 On a un particulier éventuellement pour faire ça.
21:07 Mais un professionnel ne peut pas se permettre ce genre de dérive.
21:11 C'est très compliqué.
21:12 Après, il y a des plus petites valeurs qui performent également très bien.
21:15 Mais c'est quand même très difficile.
21:19 Est-ce qu'il faut jouer contre cette tendance ?
21:22 Effectivement, si on regarde ce graphique, c'est assez tentant.
21:27 Ceci dit, c'est baqué par des résultats qui sont excellents.
21:33 Il faut également garder en tête, si on reste toujours dans cette optique de baisse des taux et de baisse des taux longs,
21:38 que les valeurs de croissance ont tendance à bénéficier de cet environnement de baisse des taux longs.
21:43 Tout à l'heure, vous disiez, Thierry, en montrant le graphique,
21:47 l'histoire devant nous, c'est potentiellement celle d'un retour à la moyenne
21:53 ou d'un changement de leadership, pour dire les choses sur le marché.
21:56 Mais vous disiez aussi que c'est peut-être trop tôt.
21:59 Pour être tout à fait clair, je pense qu'il faut rester investi sur ces valeurs, de manière ou d'une autre.
22:06 Ce n'est pas arbitrer l'un pour l'autre.
22:08 Il n'est pas question de sortir de l'investissement dans les grandes valeurs technologiques américaines.
22:14 Elles ont beaucoup monté en 2023.
22:16 Je rappelle une chose, c'est que si vous partez en vacances fin 2021 et que vous revenez deux ans plus tard,
22:20 globalement, les GAFAM, vous n'avez fait rien.
22:23 Donc il y a des années où ça faisait fortement que c'était le cas de 22.
22:26 Par contre, en 23, vous aviez raison de le souligner, la hausse était très forte.
22:29 Moi, l'idée, je dis juste que notre travail, c'est un petit peu d'essayer de trouver des poches d'opportunités sur le marché.
22:35 Et ce que j'attends simplement, c'est si on est sur un cycle, on l'évoquait tout à l'heure, en rentaine,
22:40 d'un possible no landing, où on peut jouer sur les mots, et qui justifie la remontée des taux,
22:46 il va falloir jouer le cyclique.
22:48 C'est-à-dire qu'on est dans un scénario presque idéal pour l'activité américaine.
22:52 Et là, vous aurez forcément un rattrapage des small et des mid-cap.
22:55 C'est un univers qui leur correspond bien.
22:57 Après, il va falloir faire le travail, trouver les thématiques, mais c'est ce rattrapage.
23:00 C'est pour ça que j'attends la fin de la saison des publis du Q4, qu'on aura, je pense, une dizaine de jours.
23:04 Ça sera moins bien que les grosses, c'est sûr, mais ce qui nous importe, comme toujours en bourse,
23:09 la bourse, c'est une dynamique, c'est l'inversion, et je pense qu'on peut avoir peut-être des meilleures trimestres devant nous.
23:14 Je reviens au Big Tech quand même, parce que, bon, il y a eu Meta aussi, le phénomène Meta,
23:20 le retour, le grand retour de Meta, qui s'était perdu un peu dans les lignes du Metaverse en 2022, notamment.
23:29 2023, c'était "The year of efficiency", nous disait Mark Zuckerberg.
23:33 Visiblement, les résultats sont là, et pas que chez Meta, d'une certaine manière.
23:37 Ces grandes valeurs technologiques, alors certaines ont des histoires séculaires,
23:40 enfin Apple, Microsoft existent depuis très longtemps, et se sont réinventées plusieurs fois.
23:43 Meta, c'est une histoire jeune encore.
23:46 C'est des boîtes qui n'ont jamais eu l'expérience, ou le track record, justement, de restructurer,
23:52 de baisser leurs coûts, de créer des plans de départ de certains de leur personnel, etc.
23:58 Visiblement, elles apprennent à le faire, et elles l'ont plutôt bien fait.
24:03 Oui, elles l'ont bien fait. On parlait tout à l'heure des sociétés qui annoncent probablement des programmes de licenciement.
24:08 Zuckerberg a dit "Je vais rembaucher cette année". Lui, il a licencié il y a un an et demi déjà.
24:12 Et c'est ce que le marché a payé l'année dernière, avec la plus forte hausse des GAFAM, et avec un début d'année...
24:18 Donc il a eu un temps d'avance par rapport à ce que les autres sont en train de réaliser peut-être aujourd'hui.
24:22 Oui, il a surtout fait marche arrière sur le metaverse, par rapport à un char un char,
24:25 et par contre il a surfé sur l'IA, c'est certain.
24:28 Et puis c'est une valeur qui n'était pas forcément perçue, encore une fois,
24:31 notre analyste a pris cette acronyme qui m'a fait sourire, il l'appelait ça les MNM.
24:36 En fait, il parle de Microsoft, il parle de Nvidia, il parle de Meta,
24:39 mais c'est vrai que c'est peut-être la troisième, on ne l'avait pas forcément, il y avait des deux premières.
24:43 On pensait que c'était de "dead money" Meta.
24:45 Oui, oui, oui, et puis beaucoup de gens ne voulaient pas investir dans cette société, pour des raisons ISR.
24:50 C'est une valeur qui est en plein retour en ce moment.
24:53 On a mis ces considérations de côté pour l'instant.
24:55 Oui.
24:56 Bon, et un premier dividende. Enfin, c'est l'âge du dividende, la boîte n'a même pas 20 ans, je crois, c'est ça ?
25:00 Oui, c'est ça, rachat.
25:01 C'est déjà premier dividende, c'est le début d'un changement de statut aussi pour Meta ?
25:05 Oui, parce que lorsqu'Apple l'a fait à l'époque, et de rares acteurs, toutes ne payent pas des dividendes.
25:10 Tesla n'en paye pas, de mémoire il y en a encore d'autres, mais celles qui l'ont fait,
25:14 les performances qui ont suivi dans les mois suivants ont été plutôt assez bonnes.
25:17 Parce que du coup, vous avez des tas de fonds aux Etats-Unis qui ne peuvent acheter des valeurs que si elles payent un dividende.
25:23 Même s'il est faible, on parle de moins d'1 %.
25:25 Oui, et même un dividende en progression aussi.
25:27 Oui, et symboliquement, ça rentre dans des cases, donc du coup la société est courtisée par les grandes gestions.
25:33 Pour résumer un petit peu notre discussion sur les US,
25:37 qu'est-ce qu'on peut dire du timing de baisse de taux de la réserve fédérale américaine,
25:41 et notamment à comparer au calendrier potentiel d'une banque centrale comme la Banque Centrale Européenne ?
25:47 Écoutez, nous, on n'a pas changé notre point de vue.
25:50 On va dire qu'on tablait sur une baisse des taux en mai, pour la Fed.
25:56 Premier mai, donc ?
25:57 Je précise, la réunion, ce sera le 1er mai jeudi pour tous ceux qui voudraient prendre leur 1er mai tranquille.
26:04 Voilà, et donc a priori, pour être honnête, on disait mai-juin.
26:12 Monsieur Powell nous a dit probablement pas en mars, donc on arrive plutôt en mai.
26:18 Si jamais les chiffres d'emploi continuent d'être très forts, peut-être qu'il attendra peut-être juin.
26:25 Enfin bon, pour nous, il n'y a pas de grande surprise.
26:29 La question est plus compliquée de notre point de vue pour l'eurozone,
26:34 parce que, outre la stagnation d'activité que vous évoquiez,
26:38 Madame Lagarde le dit très clairement, il y a une problématique de salaire,
26:42 qui à mon avis est davantage d'ailleurs une problématique de manque de visibilité sur les salaires.
26:48 À chaque fois qu'on en reparle, ça doit faire un an qu'on parle de ce problème-là.
26:54 Donc on ne regarde plus les données du passé, de ce point de vue-là.
26:57 Et vraiment du très passé.
26:59 Donc on a ce fameux tracker que mentionne régulièrement la BCE.
27:05 Alors on regarde les données, pour l'instant, ce n'est pas encore ça.
27:08 On n'est pas en ralentissement suffisant.
27:10 On a le tracker Indy qui est pour décembre.
27:13 Pour l'instant, on serait au niveau à peu près de l'inflation des Etats-Unis,
27:19 sauf que nous n'avons pas de gain de productivité, donc c'est beaucoup trop élevé.
27:23 Alors il y a un manque de visibilité sur cette donnée qui est étonnante, honnêtement.
27:28 Mais après, c'est un constat.
27:31 Et chacun essaye de trouver des éléments pour savoir si les salaires décélèrent.
27:36 Pour l'instant, sur les données de janvier, l'inflation des services est étale.
27:41 Elle ne bouge pas, on est à 4.
27:43 Ce qui montre quand même que la problématique, la BCE craint cette fameuse boucle salaire-prix des services, etc.
27:52 Et du coup, même si l'activité pourrait valider une baisse des taux prochaine,
28:01 parce que l'inflation décélère très vite dans les données,
28:04 cette crainte fait que la BCE devrait attendre pour nous peut-être un mois de plus.
28:10 Comme vous dites, il y a une forme d'angle mort quand même sur les données salariales en Europe
28:14 qui laisse entendre que la BCE n'aura peut-être jamais vraiment à sa disposition
28:19 la donnée parfaite, idéale, qui lui permettra de compléter sa décision.
28:25 Ou alors il faudra qu'elle soit très en retard pour ça.
28:29 Oui, alors ceci dit, Mme Lagarde s'est pas mal exprimé sur le sujet.
28:33 Ils ont quand même des données qui remontent des banques centrales nationales
28:36 et ils ont bon espoir d'en avoir d'ici le mois d'avril-mai, en effet.
28:41 Mme Lagarde a cité également un élément rassurant,
28:44 ce sont les enquêtes téléphoniques de la BCE auprès des entreprises.
28:48 Les entreprises qui disent qu'elles ont plutôt tendance en ce moment à absorber la hausse des coûts
28:53 en renuant sur les marges plutôt qu'en montant les prix.
28:57 Ce qui n'est pas forcément une très bonne nouvelle pour les profits,
29:01 mais qui est plutôt rassurant d'un point de vue inflationniste.
29:05 Donc on se projette vers une baisse des taux prochaines.
29:11 Notre scénario, effectivement, c'est également le mois de juin pour la BCE.
29:16 Mais on ne peut pas exclure un mouvement dès le mois d'avril.
29:21 On a juin et mai également pour la Fed.
29:25 Le marché étant autant, je dois dire, nous révisons à la hausse
29:29 et plutôt convergeons vers le consensus sur la croissance,
29:32 autant le marché a plutôt tendance à converger vers nous en termes de baisse de taux.
29:37 Nous attendons 100 points de base de baisse sur l'année, aussi bien de la Fed que de la BCE.
29:43 Le marché pralse un peu plus aujourd'hui, autour de 125,
29:46 un peu plus pour la BCE, un peu moins pour la Fed.
29:49 Mais le marché, en fin d'année dernière, pralse jusqu'à quasiment 175 points de baisse autour de la Fed.
29:55 Donc le marché est en train de réduire ses incipations sous le coup de chiffres économiques
30:00 qui, en effet, continuent de surprendre la hausse.
30:03 Il faut qu'on parle de la Chine. Gardez la parole, Vincent.
30:06 Bon, le sujet est toujours le même, si ce n'est que rien n'avance.
30:12 Moi, je regarde les données de marché.
30:14 Le disan chinois est tombé à 2,43% fin de semaine dernière, plus bas depuis 2002.
30:18 Le MSCI China, qui a été créé en 1992, apporte une performance négative entre 1992 et aujourd'hui.
30:25 C'est une manière de décrire une situation que tout le monde connaît,
30:29 à la fois conjoncturelle et structurelle, qui est particulièrement difficile pour la Chine.
30:33 Je note quand même que ces derniers jours, ces dernières semaines,
30:35 il y a eu des efforts ou des intentions d'efforts très ciblées vers la stabilisation des marchés financiers
30:40 venant du pouvoir chinois.
30:42 Non seulement ça n'a pas marché, mais je crois que la séance qu'on a eue la nuit dernière en Chine,
30:47 du point de vue des indices chinois, a été une séance catastrophique.
30:51 On a vu un effondrement des small and mid-cap chinois.
30:54 Voilà, même si on est remonté en fin de séance...
30:56 Oui, mais voilà, la volatilité encore.
30:59 Non, les autorités chinoises, pour l'instant, n'arrivent pas à convaincre.
31:04 Les mesures du type interdiction du short-selling, par exemple,
31:10 en général, ne sont pas très bien perçues, parce que ce sont des mesures coercitives.
31:16 Mais ce que veut le marché, ce sont des nouvelles sur la politique économique
31:21 et sur leur capacité, effectivement, de générer ce rebond de la croissance en Chine.
31:26 Et pour l'instant, il y a un grand scepticisme en la matière.
31:30 Comme effectivement, le marché chinois, c'est l'éléphant dans la pièce
31:33 quand on parle d'actions émergentes, les actions émergentes continuent de surperformer.
31:39 Alors, on a plutôt tendance à penser...
31:40 De sous-performer.
31:41 De sous-performer très très fortement contre les marchés déployés.
31:44 On a plutôt tendance à penser qu'après trois ans de crise immobilière en Chine,
31:50 avec les baisses de taux de la Fed qui se profilent,
31:53 on pouvait être un peu plus optimiste en la matière.
31:56 Pour l'instant, ça reste très difficile parce que...
31:59 La fenêtre ne se rouvre pas là.
32:01 Non.
32:02 Sur la Chine ?
32:03 Une chose de définitive ?
32:05 On ne peut faire que ce constat.
32:07 Alors, je ne sais pas s'ils ont mis en œuvre, ils ont envisagé...
32:11 Non, non, il y a des intentions.
32:12 Alors, il y a eu des mesures annoncées, et puis il y a eu l'intention d'un fonds de stabilisation.
32:16 Voilà.
32:17 C'était la rumeur d'il y a quinze jours, effectivement.
32:19 Oui, le plan de stabilisation, s'il est mis en œuvre, pourrait...
32:22 300 et quelques milliards, quoi, c'était le chiffre qui...
32:25 Alors...
32:26 On ne parle peut-être pas de la même chose, je ne sais plus.
32:28 C'était un peu plus, quand même.
32:29 Ah ben, en yuan, oui, c'était...
32:30 En yuan, non.
32:31 Oui, je parlais en dollars.
32:32 3,824, oui, c'est ça.
32:35 Oui.
32:36 Ou 3,824.
32:37 Bon, enfin, 350, 400 milliards de dollars, ça.
32:40 Non, mais il avait eu des...
32:41 C'est un plan équivalent qui avait été mis en place il y a une dizaine d'années,
32:47 qui avait quand même permis d'améliorer les choses.
32:49 Mais bon, il y a, comme dans tous les pays où il y a eu une crise de l'immobilier,
32:56 il faut un certain nombre d'années pour que ça se résorbe.
32:59 Et là, les autorités sont assez timides, quand même, dans leur soutien.
33:04 Et bon, ben, voilà.
33:07 Alors, c'est un marché dont on pourrait dire qu'il est très, très attractif,
33:11 si on regarde les résultats des entreprises et la valorisation,
33:14 parce qu'ils ne se payent vraiment pas très cher.
33:17 Alors, de temps en temps, on peut peut-être avoir un petit sursaut,
33:20 mais pour l'instant, les autorités n'arrivent pas à convaincre.
33:23 Je pense que ça a été dit, il n'y a pas plus intéressant.
33:26 Non, non, non, mais c'est juste pour faire un...
33:28 Peut-être que ça fait un peu de bascule avec le Japon.
33:30 Un point.
33:31 Vous parliez de la baisse des taulons.
33:32 Ceci dit, en général, c'est suivi par une accélération sur l'impulsion de crédit.
33:36 Et là, on voit que ça commence à tourner à ce niveau-là.
33:39 D'accord.
33:40 Donc, ça, c'est quand même porteur d'espoir.
33:41 D'accord.
33:42 Après, l'élément qui est, a contrario, plutôt inquiétant,
33:46 c'est qu'on parle de déflation en Chine et du risque qu'ils exportent cette déflation.
33:51 Et du coup, ça pourrait accélérer la désinflation dans le monde occidental.
33:54 Et du coup, la baisse des taux, ce qui peut être une bonne nouvelle,
33:58 mais pas forcément, là, encore une fois, sur les profits.
34:01 Est-ce qu'il est le moment qu'on parle de Donald Trump, Thierry ?
34:06 Non, je...
34:07 C'est toujours intéressant d'en parler.
34:10 C'est toujours intéressant de suivre ce que dit, ce que fait Donald Trump.
34:14 Ça part dans tous les sens, mais on connaît le personnage désormais.
34:18 Est-ce que c'est déjà le moment pour des investisseurs
34:20 de commencer à considérer des scénarios Trump 2.0 ?
34:24 Ce que ça veut dire pour les États-Unis, pour le reste du monde, etc. ?
34:28 Alors, on peut tout envisager.
34:30 J'ai tendance à dire, comme je le dis à mes clients,
34:33 que construire un scénario avant les élections,
34:36 enfin, dès mars, ça va être compliqué.
34:40 Le fameux "Super Tuesday".
34:42 On aura le discours de politique générale de l'État-Union du président.
34:47 Il y a pas mal d'échéances, des binoirs...
34:48 Donc, il y a encore un doute sur le fait que Trump sera le candidat républicain ?
34:52 Non, il n'y a aucun doute.
34:53 Simplement, on veut savoir de quelle sera l'amplitude de la victoire.
34:55 Parce qu'encore une fois, c'est...
34:57 Momentum qui compte, quoi.
34:58 Oui, et puis, encore une fois, ce sont des collèges,
35:00 et finalement, de grands électeurs qui, quelque sorte, finissent par voter.
35:02 Donc, souvenez-vous, il y a quatre ans, tout le monde donnait Trump vainqueur.
35:06 C'est Biden qui l'a emporté.
35:08 Aujourd'hui, la question, au-delà de savoir qui sera le président,
35:11 où seront les majorités au sein des chambres ?
35:13 Et pour l'instant, c'est vrai que...
35:16 Si on regarde les fameux "swing states",
35:18 il y a plus de chances qu'aujourd'hui, Trump l'emporte.
35:21 Mais encore une fois, tout va se passer du côté de l'État de l'économie,
35:24 comme ça se passe toujours aux États-Unis.
35:26 C'est pour ça qu'il y a une espèce de course contre la montre.
35:29 Et quand on sait, en plus, que Trump a officiellement annoncé la semaine dernière
35:33 que s'il était réélu, il ne renouverait pas le mandat de Powell,
35:36 je pense que la Fed, même si elle va le démentir,
35:39 fera tout pour faire en sorte que l'économie se porte bien.
35:42 Il ne renouvera pas Powell, c'est ce que j'ai compris venant de lui, de Trump,
35:46 parce qu'il estime que Powell est en train de lui préparer un coup de jarnac,
35:50 en baissant les taux à quelques mois de l'élection présidentielle
35:55 pour faciliter l'atterrissage ou la réélection de Biden.
35:59 C'est du Trump, c'est une partie de billard à 18 bandes.
36:02 Et j'imagine bien que si Trump allait à la Maison Blanche le 5 novembre,
36:05 enfin, ou en janvier 2025, le premier truc qu'il demanderait à Powell,
36:07 ce serait des taux peut-être plus bas.
36:09 Oui, c'est possible.
36:10 Mais les conditions ne sont pas celles de l'élection de Trump à l'époque,
36:14 ça fera donc maintenant il y a 8 ans.
36:16 C'est-à-dire qu'à l'époque, les conditions étaient assez différentes,
36:18 ça a été une surprise.
36:19 D'abord, il a été élu avec moins de votes que l'avait gagné Hillary Clinton,
36:22 qu'importe.
36:23 Mais les marchés avaient fini par pricer,
36:25 et c'est pour ça que le marché avait remonté assez rapidement
36:28 sur le fait des baisses d'impôts qui étaient souvent dans son programme.
36:31 Là, la donne, on la connaît, et la question,
36:33 c'est comme l'homme est assez fantasque,
36:35 et de savoir ce qu'il va annoncer,
36:37 et quelle sera sa vengeance ou pas,
36:40 ça va être compliqué à gérer.
36:42 Est-ce qu'il y aurait encore des marges de manœuvre pour refaire le coup de 2016,
36:45 la baisse d'impôts ?
36:46 On a un déficit quand même là qui n'est plus le même aux États-Unis, Jeanne.
36:50 Oui, on est sur des déficits.
36:52 Est-ce que le marché suivrait Trump ?
36:53 Qui serait aux alentours ?
36:54 Mais la question, c'est qu'en fait, que ce soit Biden ou Trump,
36:57 on ne peut pas attendre...
36:58 Ce sera pareil.
36:59 Non, on ne peut pas attendre de réduction des déficits.
37:01 Dans un cas, ce serait baisse d'impôts,
37:03 dans l'autre, ce serait augmentation des dépenses.
37:05 Donc, ça ne va pas changer la donne.
37:07 Les États-Unis tournent sur un déficit
37:09 qui serait aux alentours de 7,5 % du PIB l'an prochain.
37:13 Donc, c'est quand même considérable,
37:14 dont une grande partie est liée au service de la dette,
37:17 à peu près la moitié,
37:18 donnée les ordres de grandeur.
37:19 C'est ça qui devient dingue.
37:20 Le déficit primaire est toujours aux alentours de 3, 3,5,
37:24 mais après, s'ajoute le service de la dette,
37:27 puisque les taux ont remonté.
37:28 Alors, est-ce que ça a changé la donne de ce point de vue-là ?
37:31 Non, je ne pense pas.
37:33 Après, il y a peut-être des secteurs qui peuvent être privilégiés.
37:38 Alors, au sein de la santé, il y a toujours certains titres
37:40 qui profitent davantage des politiques démocrates que républicaines,
37:46 avec des nuances, on va dire.
37:48 En général, les valeurs de défense sont un peu favorisées,
37:52 on va dire, l'énergie aussi,
37:54 quand ce sont les républicains qui profitent d'aucun disque,
37:58 tout ce qui est marijuana, etc.,
38:01 ça profiterait du côté Biden.
38:03 Voilà.
38:04 Non, mais j'ai des recommandations comme ça.
38:07 Oui, mais c'est les marchés en 2024.
38:09 La marijuana est cotée en 2024, évidemment.
38:11 Voilà, c'est ça.
38:12 Bon, après, je ne sais pas.
38:16 Je pense qu'il y a des incidences quand même pour l'Europe,
38:19 puisqu'il y a des messages quand même clairs,
38:22 ou en tout cas répétés, de Trump,
38:25 comme quoi en fait, il pourrait limiter
38:29 la contribution américaine à la défense de l'Europe, on va dire.
38:33 Ah bon ? Il considérera toujours qu'on n'a pas fait nos devoirs,
38:35 de ce point de vue-là, depuis 2016, j'imagine,
38:38 ou 2020, j'imagine qu'il...
38:40 Donc, ça peut avoir des incidences.
38:43 Vincent, vous disiez ?
38:44 Oui, non, il n'a pas changé d'avis en l'occurrence.
38:46 Non, non, mais non, oui.
38:47 Oui, puis surtout qu'il n'a pas changé,
38:48 et surtout que l'Europe n'a pas fait grand-chose
38:50 sur le plan de la construction d'une défense...
38:53 Alors, il y a des efforts, hein, mais...
38:55 Oui, pas suffisamment.
38:56 Il y a eu une prise de conscience, mais voilà.
38:57 Dans les sondages, Trump a 3-4 points d'avance sur Biden,
39:01 dans un match à 2.
39:02 Par contre, il faut considérer que, sur les paris,
39:05 il y a un écart de quasiment 10 points,
39:07 et notamment, le marché est en train d'intégrer
39:09 la possibilité d'un match à 3,
39:11 avec la montée de Robert Kennedy, junior,
39:16 qui potentiellement, alors, il est en train
39:19 d'obtenir les signatures pour pouvoir être
39:21 un candidat indépendant dans l'ensemble des États.
39:23 Il semble qu'il pourrait davantage prendre à Biden
39:26 qu'à Trump.
39:28 Et donc, effectivement, ça s'ajoute plutôt
39:30 à la défaveur de Biden.
39:32 Ensuite, effectivement, la question, c'est
39:34 comment réagirait le marché à une victoire de Trump.
39:36 Effectivement, les déficits, aujourd'hui,
39:38 c'est 7-8% du PIB, le déficit public,
39:40 contre 3-3,5% quand il est arrivé en début 2017.
39:43 Donc, il y a beaucoup moins de marge de manœuvre.
39:45 Et dans le même temps, il promet d'augmenter
39:47 les taxes à l'importation de 10%
39:51 sur l'ensemble des importations,
39:53 ce qui est quand même un coup très dur
39:55 au commerce international.
39:57 Donc, on peut s'interroger sur ce consensus
39:59 qui dit que Trump, en effet, est une bonne nouvelle
40:01 pour les actions.
40:03 Ce n'est pas une très bonne nouvelle pour les obligations
40:05 et potentiellement, ça peut limiter la baisse
40:07 des taux d'emploi américains.
40:09 On regarde maintenant chaque adjudication
40:11 du Trésor américain.
40:13 On surveille ça de près.
40:15 Il y a encore 2 trillions à émettre pour le reste de l'année
40:17 par le Trésor américain.
40:19 Merci à vous trois.
40:21 On s'arrêtera là pour ce soir, pour ce tour d'horizon
40:23 de la situation des marchés financiers
40:25 et de l'économie mondiale
40:27 avec nos invités ce soir, Jeannas Ravbiton, je le rappelle,
40:29 BFTIM, Vincent Chaignot,
40:31 General Investments et Thierry Guil,
40:33 Raymond James, France.

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