Lundi 27 janvier 2025, SMART BOURSE reçoit Céline Piquemal-Prade (Présidente, Piquemal Houghton Investments) , Louis de Fels (Directeur Général et responsable de la gestion, Gay-Lussac Gestion) et Jeanne Asseraf-Bitton (Directeur de la Recherche et Stratégie, BFT-IM)
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00:003 invités avec nous chaque soir autour de la table pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:15Jeanne Asraf Bitton est avec nous, directeure de la recherche et de la stratégie de BFTIM. Bonsoir Jeanne.
00:19Bonsoir Grégoire.
00:20Céline Pickmall Pratt nous accompagne également, présidente de Pickmall Outer Investments. Bonsoir Céline.
00:25Bonsoir Grégoire.
00:26Louis De Feltz, directeur général et responsable des gestions de Gay-Lussac, gestion, est également avec nous. Bonsoir Louis.
00:31Bonsoir Grégoire.
00:32Merci à vous trois d'être là. Ravis de vous retrouver avec, je le disais en titre, ce signe rouge qui vient faire trembler les grandes valeurs de la tech américaine
00:42et plus précisément autour de la thématique IA et de l'infrastructure IA. DeepSeek revendique un modèle d'IA et un robot conversationnel
00:51qui semble au moins aussi performant que ce qu'on peut trouver développé par les anglo-saxons sur le marché,
00:57beaucoup moins coûteux semble-t-il et plus sobre également sur le plan énergétique.
01:01Je citais des investisseurs emblématiques de la tech américaine. Mark Andresen, par exemple, a été le premier à saluer une percée extraordinaire en provenance de Chine à travers DeepSeek
01:11et évoque même un moment spoutnik où on se retrouve dans les années 50, l'Amérique voit débarquer Spoutnik 1 dans le domaine de l'exploration spatiale,
01:21évidemment à l'époque, ce qui représente un wake-up call un peu dur pour la partie américaine à ce moment-là.
01:30Qu'est-ce que tout ça vous inspire Céline ?
01:33Et je le précise, ça fait déjà quelques temps, vous êtes, j'allais dire, très prudente, voire méfiante, voire non investie dans cette partie technologique américaine très centrée sur l'IA.
01:46Tout à fait Grégoire. Donc effectivement, nous étions non investis sur la technologie, nous restons non investis,
01:51non pas parce que nous ne croyons pas à cette révolution de l'intelligence artificielle qui va bien entendu avoir de multiples conséquences pour notre environnement au cours des années à venir,
02:01mais tout simplement parce que quand on a un environnement dans lequel on a énormément d'argent qui est déployé sur un métier en particulier,
02:12vous avez un phénomène choumpé-terrien qui vous conduit à avoir plus de concurrence.
02:17Et quand on a plus de concurrence, à la fin, ça a un impact négatif sur la rentabilité des investissements que vous faites dans ce domaine-là.
02:26Et ce à quoi on a assisté au cours des quinzaines d'années, ça a été une course en avant dans la technologie.
02:32Au départ, on avait des acteurs qui avaient un monopole ou quasi-monopole.
02:36Et puis, à force d'investissements et de nouvelles entreprises qui se lancent, on finit par avoir un paysage un peu plus éclaté.
02:43Et c'est ce à quoi on assiste aujourd'hui avec l'annonce de DeepSea du côté de la Chine.
02:49Je ne sais pas si ça sera une entreprise qui permettra de changer totalement l'environnement dans lequel on est.
02:55Mais tout ce que je sais, c'est que la rentabilité à venir pour les leaders du marché de l'intelligence artificielle sera peut-être plus faible
03:03que ce à quoi nous étions préparés compte tenu des valorisations qui étaient attachées à ces entreprises.
03:10Et de ce point de vue-là, le moment DeepSea, l'événement DeepSea, c'est une petite étincelle qui vient,
03:16alors je ne dis pas faire sauter le baril de poudre parce qu'on n'en est pas là, sans doute Céline,
03:20mais qui vient quand même soulever ou magnifier cette question de la monétisation de l'IA et des CAPEX,
03:28des investissements qui ont été déployés dans les infrastructures IA à vitesse grand V depuis 2-3 ans.
03:33Cette question, elle existait, elle était lancinante.
03:36On pensait qu'on avait du temps pour y répondre, en tout cas que les applicatifs, ceux qui allaient mettre en place les applications
03:42auraient un peu de temps pour y répondre. Visiblement, là, on a un modèle économique beaucoup plus efficace peut-être de ce point de vue-là.
03:50Et donc effectivement, on va se poser, j'imagine qu'on va avoir tous les rétoirs qui vont tomber au cours des prochains jours,
03:54qu'au moment des conversations qu'on va avoir avec les dirigeants, ça va être une conversation assez rude entre les investisseurs et les dirigeants
04:03sur ce sujet-là, parce qu'effectivement, si on parle de coûts divisés par 10 ou 20, ça change totalement les attentes de croissance.
04:12Et notre problématique, c'est pour ça que j'avais fait souvent le rappel avec ce qui s'était passé dans l'Internet dans les années 90 et 2000,
04:18ou ce qui s'est passé dans les chemins de fer il y a beaucoup plus longtemps, ou ce qui s'est passé quand on a mis en place des canaux.
04:25Enfin, c'était des révolutions industrielles ou économiques majeures. Mais à un moment donné, quand on a des attentes qui sont trop importantes,
04:33on a la déception d'être déçus. Et comme on attendait des croissances qui étaient supérieures à 20% au cours des 20 prochaines années
04:40pour ces entreprises qui ont eu des valorisations, si jamais on ne fait pas 20 mais 10, ça change un tout petit peu le prix et la valeur des entreprises.
04:49Mais par contre, qu'on soit bien clair, je ne pense pas qu'on va revenir à l'âge de pierre et qu'on ne va pas utiliser ces modèles-là.
04:58Ce n'est pas la question qui se pose. C'est une position d'investisseur pragmatique.
05:06La révolution Internet a eu lieu. Mais par contre, pour la rentabilité des entreprises, on a attendu 10 ans et ça n'a pas du tout été en 2000 qu'on en a profité, mais plutôt en 2011.
05:15Ce qui me frappe, c'est la vitesse à laquelle cette technologie, ou en tout cas l'infrastructure, peut se banaliser, se commoditiser.
05:26On pensait bien qu'il allait y avoir ce phénomène de commoditisation des modèles IA, mais j'avoue que ce n'était pas évident de le voir arriver là, début janvier 2025.
05:38On ne pouvait pas connaître l'étincelle. Ce qu'on pouvait savoir, c'est qu'on avait une concentration très importante de la part des investisseurs sur un secteur,
05:45et que sur ce secteur-là, on avait des valorisations qui étaient celles qu'on avait connues en 2000.
05:51Et que quand on a des valorisations très importantes et des attentes très importantes, on a un risque très important.
05:56C'est uniquement la conclusion qu'on peut tirer. Et comme je le disais tout à l'heure, quand on a beaucoup d'argent qui s'investit sur un endroit, on risque d'avoir des marges plus faibles.
06:03Quels enseignements vous tirez à ce stade de l'événement DeepSea qui marque cette journée ?
06:08Alors qu'il peut être vu comme un événement spécifique IA, avec Nvidia évidemment qui perd 15%,
06:13mais si c'est la question du cycle de CapEx, d'infrastructures IA notamment qui est remis en cause, ça peut aussi vite devenir un sujet un peu plus macro.
06:22Ça arrive vraiment en plus à un moment, après deux années exceptionnelles aux Etats-Unis, quasiment deux années de suite, plus 20 sur le S&P, même plus 24 l'année dernière.
06:30On a vu, je sais, on travaillait pas mal avec Jean-Pierre Petit dès qu'il y avait l'économie et qu'il nous disait qu'est-ce qui se passe après deux années exceptionnelles sur les performances de S&P.
06:37Pour qu'il y ait une troisième aussi forte performance au-dessus de 10%, à chaque fois que ça arrivait, c'était un foment de bulle.
06:43Donc la question de savoir, voilà, est-ce que les valeurs de l'IA, c'était un peu une bulle ?
06:47Ce n'était pas forcément la même chose qu'en 1999 que les sociétés ne gagnaient pas d'argent.
06:51Mais là, on se pose une vraie question sur la monétisation de CapEx comme vous venez de dire.
06:55C'est comme par hasard, ça arrive tout de suite après le 20 janvier, après l'introduction de Trump, où c'était peut-être le sommet de toutes les annonces.
07:02Stargate, 500 milliards, les CapEx de Meta et Microsoft, largement au-dessus des attentes.
07:06Le pic Trump quoi, dès la première semaine, le pic Trump.
07:09Voilà, le pic Trump, toutes les annonces.
07:10On a tout, la Colombie, Stargate.
07:11Toutes les sociétés montaient à fond.
07:13Schneider Electric, on en avait parlé, plus 12% depuis le début de l'année.
07:16Siemens Energy, quasiment plus 20.
07:18Nvidia qui était repartie à fond.
07:20Et c'est vrai que ce que vous avez dit juste avant est hyper intéressant.
07:23Parce qu'il ne faut pas oublier que là, c'est la première fois et les chercheurs d'or et ceux qui vendent l'Apple ont gagné.
07:29Les vendeurs d'or, c'est les Microsoft, Meta et tout.
07:33Les hyperscalers.
07:34Les hyperscalers et ceux qui fournissent les Nvidia.
07:36Et tout le monde a monté.
07:37Et il ne faut pas oublier que les CapEx de Meta et Microsoft, c'est le chiffre d'affaires d'Nvidia.
07:41Voilà, c'est les deuxièmes et troisièmes plus gros clients.
07:44Je crois le premier et le deuxième plus gros clients d'Nvidia.
07:46Et clairement, je crois que j'ai oublié les marges d'Nvidia.
07:49On est à 75 ?
07:51Ah ben non, marge brute, c'est ça.
07:53Non, non, je parle en marge et bits.
07:54Non, c'est plutôt 50.
07:56En marge et bits.
07:57Oui, oui, marge brute, on est à 80.
07:59Ah oui, marge brute.
08:00Je parlais de la marge nette.
08:02Vous connaissez des sociétés qui restent des marges autour de 50.
08:06Je pense que les acheteurs de Meta et de Microsoft, si on voit qu'on peut faire quelque chose aussi avec trois fois moins cher,
08:13je ne pense vraiment pas que les marges d'Nvidia sont soutenables.
08:17Et c'est pour ça que Nvidia est une des plus fortes baisses aujourd'hui.
08:21Et c'est vrai que je suis assez prudent dessus, parce que voilà, la croissance est là.
08:24Là, on comprend que DeepSeek a réussi cette performance et s'est percé dans son modèle d'IA
08:29en ayant sans doute accès à beaucoup moins de puces ou d'avancées de puces de pointe fournies par Nvidia que ses concurrents américains, bien évidemment.
08:41D'après eux, ils ont réutilisé que 1 000 puces.
08:43Moi, ça ne me parle pas grand-chose.
08:45Je ne suis pas assez technique pour comprendre qui a raison.
08:52Ce qui est assez intéressant, c'est que dans toutes les news outside aujourd'hui,
08:55il y a des sociétés comme la Société Générale qui fait un très gros travail de recherche sur Weken qui a dit que ça ne remet rien en cause.
09:01D'autres qui sont très inquiets, comme on a pu le voir sur X ce week-end.
09:04Aujourd'hui, on ne sait pas.
09:07Enfin, il y a une concurrence chinoise. Ça ne remet rien en cause.
09:09Mais il y a quand même un acteur chinois qui est à la hauteur.
09:13Ce qu'il fallait, c'est la fameuse allumette.
09:16Nous, c'est un peu ce qu'on attendait.
09:18Ce qui est affreux, c'est qu'en plus, vous savez, nous, chez Guy de Suggestion, on est sur les small and mid-cap equity.
09:22C'est sur des actions qui ne sont pas du tout sur cette vibe de lien.
09:26Et je pense qu'on est arrivé un peu, comme avec l'élection de Trump, au paroxysme des gens qui disent
09:32« je ne veux plus d'Europe, plus de France, encore moins de small cap et que de l'US ».
09:35Donc, pic pessimisme en Europe, pic Trump aux Etats-Unis.
09:39Il suffit qu'il y ait un tout petit peu d'argent qui revienne vers d'autres secteurs.
09:44Et c'est ce qu'on a vu aujourd'hui.
09:45Ce n'est pas que tout le marché a été entraîné à la baisse.
09:47C'est vraiment les valeurs liées à l'IA et les dérivées secondes, comme les clients très ciblés.
09:53Vous avez vu aujourd'hui, le luxe, on pourra en reparler, qui est quand même beaucoup mieux.
09:56Gras, l'oreille est encore en hausse.
09:57Le VMI est en hausse.
09:58La santé, les telcos, ça va.
10:00Les valeurs qui ont des valorisations un peu plus abordables.
10:05Ce qui permet d'ailleurs à des indices européens de très bien tenir, alors qu'on a quand même une ASML qui peut perdre 10%.
10:11ASML, ça pèse aussi un peu son poids quand même.
10:14Donc voilà, pour l'instant, c'est assez sain.
10:16Ça va peut-être calmer, notamment, ces thématiques de flux qui arrivaient automatiquement dans les ETF.
10:21Donc voilà, c'est une première allumette.
10:24Ça ne va peut-être pas s'effondrer tout de suite.
10:26Vous savez comment ça se passe.
10:27Je pense que ça va être très vite racheté.
10:29Et c'est ce que dit Goldman Sachs.
10:30C'est ce qu'on appelle les valeurs momentum.
10:33Plus vous aviez du momentum, plus ça marchait.
10:34Je crois qu'on s'est peut-être remonté en séance.
10:36Mais je crois que c'était la deuxième pire séance de crack momentum.
10:39Les valeurs momentum étaient quasiment à moins 7,4% cet après-midi.
10:44Jeanne, qu'est-ce que tout ça vous inspire ?
10:46Il y a la dimension marché, la réaction de marché du jour.
10:49Est-ce qu'on peut en retirer ?
10:50Et puis la question de savoir si c'est un sujet qui reste vraiment pure tech
10:54ou est-ce que ça peut devenir un sujet macro plus global ?
10:57Le fondateur de DeepSeek, Yam Wen-Feng, nous dit que plus d'investissement
11:03ne veut pas dire forcément plus d'innovation.
11:05Et semble-t-il qu'il a réussi à atteindre un niveau d'innovation important
11:09avec sans doute beaucoup moins d'investissement et de capital mobilisé
11:12que d'autres ailleurs dans le monde.
11:14Je ferais peut-être une distinction entre le côté boursier,
11:18c'est-à-dire que depuis le début de l'année,
11:23on a eu un rattrapage de ce que j'appellerais entre guillemets
11:28la value dans lequel on peut mettre l'Europe, etc.
11:31avec des marchés qu'on soit aux US ou en Europe
11:35qui à vendredi étaient sur des plus hauts historiques, y compris l'eurozone.
11:39C'est quand même quelque chose d'assez remarquable,
11:41donc une espèce de respiration, on va dire,
11:44liée probablement au fait que le risque a été perçu
11:50ou le risque d'augmentation des tarifs douaniers a été perçu comme moindre.
11:54Donc du coup, il y a une prime de risque qui s'efface
11:57et il y a une respiration en particulier sur...
12:01Et puis peut-être aussi une prime de risque géopolitique
12:04avec l'hypothèse dont on avait parlé d'ailleurs la dernière fois
12:08qui était que peut-être il pourrait y avoir une issue favorable à la guerre en Ukraine.
12:14Tout ça qui est une prime de risque très importante sur les actifs euros
12:19et qui tout d'un coup diminue.
12:21Donc ça, ça propulse les actifs euros.
12:24Après, sur le caractère particulier de l'attaque de diptyque, etc.,
12:30je ferai juste une remarque.
12:32C'est que, de mon point de vue, ce n'est pas tout à fait les attentes.
12:36On n'est pas tout à fait sur un moment où on était...
12:39C'est en fait un modèle dans lequel aujourd'hui,
12:43les valeurs, comme Nvidia et comme d'autres,
12:47avaient des marges, ce qui a été évoqué, gigantesques.
12:51Donc ça n'est jamais durable. Jamais.
12:54Les vendeurs de pelle et sioche ont bien vécu.
12:57C'est-à-dire que même si la bourse n'avait pas monté,
13:00de toute façon, c'est rarissime qu'une entreprise puisse maintenir
13:04des marges à 50 % pendant très longtemps.
13:07Donc après, savoir si la société chinoise est en train...
13:12Cette société-là est en train de développer ce que j'appellerais
13:15de l'IA low cost. C'est possible.
13:18Et peut-être qu'il va se développer de l'IA à deux régimes,
13:21entre guillemets, qui n'auront peut-être pas les mêmes caractéristiques.
13:24J'ai essayé d'enquêter un peu pour comprendre
13:27quels étaient les détails techniques.
13:30Je n'ai pas compris grand-chose, je suis honnête, sur les différences.
13:35Simplement, il semble que les avis ne sont pas aussi clairs que ça
13:38sur le côté disruptif de la technologie.
13:41Je pense qu'on découvre tous un peu dix psyches aujourd'hui.
13:44Mais de toute façon, c'est parfaitement cohérent
13:47que des entreprises, on n'en connaît pas beaucoup,
13:50qui maintiennent... Je n'en connais pas d'ailleurs.
13:53Mais qui maintiennent à un moment.
13:56Ça vient un peu secouer aussi.
13:59C'est quelque chose qui dynamise les entreprises.
14:02Je ne trouve pas que ce soit défavorable.
14:05En plus, il faut rappeler qu'il y a un caractère politique
14:08évidemment très important et que pour des tas de raisons,
14:11on n'imagine pas qu'elle va avoir un succès fantastique
14:14aux Etats-Unis en particulier.
14:17Elle est numéro un des téléchargements sur l'App Store aujourd'hui.
14:20Aux Etats-Unis, au Canada, en Australie, au Royaume-Uni.
14:23Parce que pour l'instant, ça peut exister, je suis d'accord.
14:26Ça va être rapide à mon avis.
14:29Ça va se régler à coup de relèvement de droits de douane.
14:32C'est un point qui n'est pas neutre.
14:35Mais surtout, je pense que c'est une façon aussi
14:38pour les entreprises du secteur de réfléchir à d'autres modèles,
14:41à d'autres choses et d'élargir l'offre
14:44un peu comme a fait l'automobile
14:47quand ils sont arrivés aux voitures low cost.
14:50Excellent parallèle avec l'automobile
14:53qui est un des secteurs emblématiques
14:56de la guerre ou des guerres commerciales menées par Donald Trump.
14:59Est-ce que l'IA sera la grande bataille d'un Trump 2.0
15:02puisque c'est comme ça qu'on l'appelle d'ailleurs ?
15:05Dans ces 4 prochaines années ?
15:08En tout cas, il a dit que c'était une priorité.
15:11C'est très clair.
15:14C'est-à-dire que le niveau de restriction des exportations
15:17vers la Chine sensible liée au secteur va encore se durcir ?
15:20On peut arriver à quelque chose d'encore plus fort ?
15:23C'est très difficile évidemment de se prononcer.
15:26Je dirais simplement que j'ai eu l'impression
15:29que l'administration par opposition à l'administration Biden
15:32était beaucoup sur un concept de restriction.
15:35Y compris d'ailleurs dans les derniers jours.
15:38J'ai l'impression que l'administration Trump
15:41est plus sur un concept d'augmenter les tarifs douaniers.
15:44Dans leurs réflexions économiques,
15:47j'ai l'impression qu'ils préfèrent ça plutôt.
15:50C'est l'outil numéro 1 ?
15:53Il semble.
15:56On a compris que c'était un peu le couteau suisse ces tarifs douaniers.
15:59L'histoire de la Colombie ce week-end,
16:02ils veulent obtenir la possibilité
16:05d'exiler les Colombiens chez eux.
16:08On refuse les avions.
16:11C'est 25% voire 50%.
16:14Et puis immédiatement la Colombie dit
16:17qu'ils auraient pu dire qu'on va faire des restrictions,
16:20qu'on va mettre en place des mesures de retorsion.
16:23Ce qu'aurait fait typiquement l'Europe.
16:26On est plus dans une idée de restriction et de rétorsion.
16:29Là, c'est un peu le côté très brutal.
16:32C'est l'outil de négociation.
16:35On ne s'embarrasse pas de diplomatie.
16:38Non, ce n'est pas dans la diplomatie du tout.
16:41Ça a le mérite d'être clair.
16:44Ce qui rend les choses compliquées,
16:47c'est qu'on ne sait pas forcément
16:50quels vont être les prochains sujets.
16:53C'est la surprise.
16:56Je crois que personne ne s'attendait à la Colombie ce week-end.
16:59Non, mais ça a été réglé très vite.
17:02À tel point que ce n'est pas un sujet ce lundi matin.
17:05Mais ça montre bien la manière dont Trump peut utiliser ces tarifs.
17:08Ils l'ont dit.
17:11Et Bessent l'a dit aussi très clairement.
17:14C'est un levier transactionnel.
17:17Je reviens à mon petit sujet.
17:20Je comprends la différence entre investir dans des valeurs
17:23qui vous paraissent trop chères
17:26et croire que l'IA sera une révolution.
17:29Comment ça se traduit dans votre stratégie ?
17:32Où est-ce que vous voyez de la valeur dans le thème IA ?
17:35Aujourd'hui ? Demain ?
17:38Et comment on essaie de capter cette valeur ?
17:41Si ce n'est pas à travers Nvidia ou d'autres.
17:44On cite Nvidia en tant qu'emblème.
17:47Ce qui me semble extrêmement intéressant
17:50avec ce qui a été annoncé ce week-end,
17:53c'est que ça fait deux ans qu'on nous dit
17:56que la Chine est non investissable.
17:59La Chine va être squeezée par les tarifs douaniers.
18:02La Chine va être empêtrée dans des problématiques technologiques
18:05parce que les puces ne sont pas accessibles pour les Chinois.
18:08On va les asphyxier.
18:11Aujourd'hui, on découvre que malgré tout ce qu'on leur a mis
18:14sur leur chemin, ils arrivent à faire quelque chose.
18:17C'est ultra intéressant.
18:20C'est un message que le marché doit pouvoir entendre.
18:23Je pense que c'est un message intéressant.
18:26Ils ne sont peut-être pas complètement morts.
18:29L'autre message qu'il faut entendre aujourd'hui,
18:32c'est qu'on va pouvoir avoir accès potentiellement
18:35à des solutions moins chères que ce qu'on pensait.
18:38Des solutions moins chères qui vous permettent
18:41d'augmenter votre productivité.
18:44Il y a des entreprises qui vont en profiter.
18:47On parlait des pelles et des pioches tout à l'heure.
18:50Ce qui va être important, c'est de comprendre
18:53un peu comme quand on a mis en place le chemin de fer.
18:56Il y a des stations balnéaires qui ont émergé.
18:59Il va falloir s'intéresser au dérivé seconde
19:02d'un accès facilité à des outils de productivité
19:05plus importantes.
19:09Il y a des entreprises, notamment industrielles,
19:12qui vont en profiter parce qu'elles vont avoir des outils
19:15qui vont leur permettre de produire des voitures moins chères,
19:18de produire des solutions d'air conditionné moins chères.
19:21Cela fait déjà un cas d'investissement pour vous ?
19:24Cela se retrouve déjà dans des cas d'investissement concrets.
19:27Cela peut être très intéressant.
19:30La Chine n'est pas morte.
19:33La Chine a construit un écosystème avec des sociétés
19:36de pointe dans un certain nombre de domaines
19:39liés à notre demande d'énergie à terme
19:42ou à notre demande d'air conditionné.
19:45Par exemple, ils ont 45% de part de marché dans l'air conditionné.
19:48On a, qu'on le veuille ou non, un changement climatique
19:51qui va affecter quelques zones géographiques,
19:54par exemple l'Inde, dans laquelle on a une demande d'air conditionné.
19:57Ces entreprises vont avoir l'avantage
20:00lié au fait qu'elles avaient une industrie, un écosystème intéressant
20:03et qu'elles peuvent s'asseoir demain sur une solution
20:06d'intelligence artificielle qui va être potentiellement attractive.
20:09Si on combine tout cela, on va avoir des coûts
20:12pour ces solutions qui peuvent être plus faibles
20:15que les coûts qu'on peut avoir en Europe ou aux Etats-Unis
20:18et arriver sur le marché avec des produits très intéressants.
20:21Par exemple, on parlait tout à l'heure des voitures électriques de BYD.
20:24Déjà, quand on vend en Chine,
20:27elles sont 10 fois moins chères que si on vend aux Etats-Unis.
20:31Si en plus, ils ont une assiste technologique
20:34qui est renforcée par cette évolution vers l'intelligence artificielle,
20:37on risque d'avoir des voitures très peu chères,
20:40ce qui va être compliqué malgré le tarif douanier.
20:43Une guerre des prix.
20:46Cela peut mettre la pression sur les prix un peu partout.
20:49Cela peut permettre à des sociétés industrielles,
20:52des sociétés de la vieille économie, d'avoir une rentabilité
20:55plus forte que celle qu'on avait anticipée.
20:58Si le thème de l'IA devient plus volatile,
21:01Louis, cela peut réorienter les investisseurs
21:04ou en tout cas remettre de la lumière
21:07sur d'autres sujets de marché,
21:10d'autres zones, d'autres thématiques,
21:13d'autres facteurs pour investir ?
21:16Et petites valeurs ?
21:19On a de ce penser.
21:22On a parlé tout à l'heure du pessimisme
21:26sur l'Europe et du PQS.
21:29Tout le monde était boule dollar.
21:32Il y a un truc comportementaliste qui est très fort.
21:35On est arrivé à un 0,3. Le monde entier est long dollar.
21:38C'est à ce moment-là que l'euro va remonter par rapport au dollar.
21:41Depuis l'élection de Trump,
21:44l'Europe a surperformé.
21:47Je pense que cela va continuer.
21:50C'est vrai qu'il y a eu un pessimisme beaucoup trop fort.
21:53Il y a eu des indications du quatrième trimestre.
21:56Elles sont très bonnes aux Etats-Unis.
21:59Elles vont être pas trop mal en Europe,
22:02notamment pour les sociétés européennes qui exportent aux Etats-Unis.
22:05On a pu le voir sur le terrain au début d'année au forum Odo.
22:08Le nombre de sociétés qui ont repris une forte croissance
22:11lors qu'elle commande, post-élection Trump,
22:14que ce soit dans le conseil,
22:17une société comme Accenture,
22:20ou une société comme Calimber.
22:23Même le luxe, qui avait beaucoup cutté,
22:26nous ont dit que ça repart un peu dans le luxe.
22:29C'est quasiment un des meilleurs performeurs depuis le début de l'année.
22:32On sent que même dans le nautisme,
22:35il y a un peu de visibilité retrouvée
22:38depuis que l'élection est passée,
22:41que Trump a repris ses marques.
22:44C'est vrai que pour les sociétés de service,
22:47on a parlé de consommation,
22:50on a parlé aussi de tout ce qui est dans le tourisme.
22:53Au début, Accor est réunie au plus haut,
22:56même une société qu'on aime beaucoup chez nous,
22:59c'est Voyageurs du Monde.
23:02Les réservations sont reparties en forte hausse depuis octobre pour 2025.
23:05Tout ça, ça marche bien.
23:08On a même vu Roche-Beaubois,
23:11des sociétés dans la logistique, comme Staffidé Logistique,
23:14qui n'a pas eu de manifestation.
23:17Quand on laisse le Français consommer et qu'il y a la confiance,
23:20il se met à consommer.
23:23Je rappelle qu'au départ, il montait entre 17 et 18 %,
23:26une fois qu'il n'est pas là, il est parti en vacances à Noël.
23:29C'est le débat qu'on avait avec Jeanne,
23:32notamment avant l'émission.
23:35Entreprise par entreprise, secteur par secteur,
23:38on a ces indicateurs, ces évidences, ces signaux qui s'accumulent.
23:41Mais d'autres chiffres macro sont à venir.
23:44La Banque de France prévoit une croissance à zéro au quatrième trimestre.
23:47Est-ce qu'il y a l'effet de rattrapage ?
23:50L'effet des Jeux olympiques au troisième trimestre ?
23:53Le contre-coup du JO ?
23:56Le vide politique ?
23:59C'est vrai que c'est plutôt positif.
24:02Comment la Conso s'est comportée sur cette perte ?
24:05Au niveau Conso Tech, ça marche plutôt bien.
24:08Au niveau industrie, c'est plus compliqué.
24:11On a vu pas mal de sociétés qui sont des dérivées secondes à la construction.
24:14Ça va être encore un peu long.
24:17Les sociétés qui sont dans l'automobile ou trop proches de l'automobile,
24:20ça va être un peu long.
24:23Mais la plupart d'entre nous nous ont dit que nos clients vont bien.
24:26C'est juste un problème de perception politique.
24:29Quand ils vont rappuyer sur le bouton, ça va repartir fort.
24:32C'était plutôt assez positif pour la France.
24:35On est peut-être un peu plus inquiets de nos copains allemands à côté.
24:38Il y a beaucoup de gens qui se sont balayés en disant
24:41que les élections en février en Allemagne, ça va tout rechanger, ça va repartir.
24:44Ce n'est pas encore gagné.
24:47Les Allemands ont eu 90-2020,
24:50toutes les planètes alignées, la croissance chinoise,
24:53le mondial, de l'argent pas cher
24:56et aussi une énergie pas chère.
24:59Tout est en train de se retourner et c'est un peu plus problématique.
25:02On a quand même besoin de l'Allemagne forte
25:05pour que l'Europe revienne vraiment investir.
25:08Est-ce que le facteur taille peut ne plus être un vent contraire ?
25:11Quand je dis taille, c'est évidemment d'aller chercher
25:14des petites moyennes capitalisations boursières,
25:17en tout cas des moins grandes que ce qu'on voit dans les top indices.
25:20C'est vrai qu'aujourd'hui, sauf que là,
25:23les smalls françaises ont été négatives
25:26pour la quatrième année consécutive.
25:29Aujourd'hui, on est quasiment à peine plus que les fonds propres.
25:32Aux Etats-Unis, je ne sais pas combien le S&P
25:35c'est combien de fois, 6, 7, 8 fois les fonds propres.
25:38Aujourd'hui, vous avez des sociétés plutôt de qualité
25:41qui ont beaucoup de cash net au bilan, qui sont plus bas.
25:44Je pense qu'il y a eu le pic de rachats qui a été fait sur le mois de décembre.
25:47Il y a eu beaucoup de rachats, nous-mêmes,
25:50des gens qui sortaient de la France soit pour aller vers l'Europe
25:53soit évidemment aussi vers les Etats-Unis, comme on a parlé tout à l'heure.
25:57Depuis le début de l'année, il ne se passe pas grand-chose.
26:00Mais il ne faudrait pas grand-chose pour que ça reparte fort.
26:03C'est vrai qu'il y a la CDC qui est en train d'investir 500 millions d'euros
26:06sur la classe d'actifs qui pourrait remettre un peu de baume au cœur.
26:09Bon, 500 millions d'euros, ce n'est pas énorme,
26:12mais il faut remettre par rapport au PAPME, c'est à peu près 5 milliards d'argent.
26:15Tout ne sera pas investi en PAPME, mais c'est une vraie bonne nouvelle
26:18au moment où des résultats vont être quand même pas si mauvais que ça
26:21avec une relative confiance pour 2025.
26:25Petite info sur DeepSeek, on apprend qu'il y a des petits soucis
26:28en termes de gestion du trafic, voire des cyberattaques.
26:31A priori, DeepSeek est victime d'une cyberattaque à grande échelle
26:34en ce moment, aujourd'hui, et donc est obligé de limiter
26:37les enregistrements sur son modèle.
26:40Et je crois qu'il y avait déjà eu des pannes liées à l'explosion du trafic
26:43bien sûr sur DeepSeek, c'est-à-dire qu'il va quand même gérer aussi
26:46cette nouvelle fame pour DeepSeek aujourd'hui.
26:51Si je regarde un petit peu devant nous sur la semaine, Jeanne,
26:54on aura le retour des réunions de Banque Centrale,
26:57FED bien sûr, Banque Centrale Européenne.
27:01Qu'est-ce qu'on peut dire de l'histoire de ces deux banques centrales
27:04sur les premières décisions de 2025, au-delà de celles
27:07qui nous attendent cette semaine ?
27:10Juste avant, je dirais un mot, parce qu'un mot optimiste.
27:13Pour dire que je crois vraiment à la révolution
27:16que va apporter l'IA et je rejoins en termes de productivité.
27:20Mais ça veut dire aussi que si les Chinois arrivent à faire entre guillemets
27:24du low cost, les Européens y arriveront, les Américains y arriveront.
27:28On regagne des chances dans la course de l'IA ?
27:33Oui, je le pense. Et ça veut dire aussi que ça gomme, à mon sens,
27:38un peu la géographie entre guillemets.
27:42Je ne parle pas pour les entreprises qui font de l'IA ou de la tech,
27:46parce que là, c'est quand même compliqué de rattraper les choses.
27:49Mais pour les entreprises dans d'autres secteurs,
27:52on va dire que le fait que la Chine produise moins cher,
27:57qui a fait que la Chine a été notre usine, etc.,
28:00ça va être de moins en moins vrai.
28:03Parce que l'avantage concurrentiel apporté par une main d'oeuvre
28:06moins cher, au fur et à mesure que l'IA permet de gagner
28:09des gains de productivité, veut dire que l'avantage est moindre.
28:12Donc c'est quand même quelque chose qu'on doit garder à l'esprit
28:15dans la réflexion sur les géographies et les gains de productivité.
28:20C'est-à-dire que la compétitivité prix aura moins d'importance
28:23dans le monde de demain et que c'est la compétitivité hors prix
28:26qui va faire vraiment la différence ?
28:28C'est parce que les gains de productivité, en Europe,
28:31on n'en a pas beaucoup et on a une main d'oeuvre chère.
28:34Donc ça, c'est un paradigme qui quand même peut évoluer.
28:38Il faut quand même un petit peu de temps.
28:41Mais c'est un paradigme qui peut évoluer et qui est intéressant.
28:44Alors ça suppose que les entreprises partent vraiment, en Europe aussi,
28:48dans un grand cycle d'investissement.
28:51Alors on le voit aux États-Unis.
28:53C'est pour ça qu'en ce moment, nous, on est à zéro de croissance
28:57de la productivité en Europe, eurozone, je devrais dire.
29:00Eux, ils sont à 1,5.
29:02C'est le résultat des années antérieures.
29:04Bien sûr, 10-15 ans d'investissement.
29:06Voilà. Et puis bon, en plus des politiques économiques
29:09qui ont été menées, qui ont toujours favorisé
29:11l'investissement aux États-Unis.
29:13Donc voilà. Et ça, c'est une chose.
29:16Après, les banques centrales s'inscrivent dans ces éléments-là.
29:20Le lien est parfait, je trouve.
29:22C'est vraiment les banques centrales.
29:24Alors vous avez la fête d'un côté dont parfois on oublie
29:27qu'elle a un double mandat.
29:29Elle doit assurer le plein emploi et elle doit assurer
29:32une inflation modeste, enfin modeste, autour de 2%.
29:36En tout cas, c'est l'objectif qu'elle s'est fixé.
29:38Eh bien, j'allais dire qu'elle n'a aucune urgence,
29:41dans aucun sens. Tout va bien.
29:43Bon, la désinflation est un peu plus lente maintenant,
29:46mais elle est un peu plus lente partout.
29:48C'est normal. Le dernier kilomètre est plus difficile.
29:51Et puis, côté plein emploi, on est au plein emploi.
29:54Donc elle n'a aucune raison de se précipiter.
29:56Il ne faut rien toucher, quoi.
29:58Là, bon, tout le monde attend qu'elle ne fasse rien.
30:01Mais elle va rester très data-dependent,
30:03puisqu'elle est dans une situation aujourd'hui
30:06où elle a réussi, il faut être au tête,
30:09elle a réussi ce qu'elle avait prévu de faire
30:12en sortie de Covid.
30:14Donc c'est assez remarquable.
30:16Alors après, la BCE est dans une situation
30:19un peu plus compliquée. Alors on va voir à quoi
30:21vous ressemblez les PIB cette semaine.
30:23Ça, ça va être très important.
30:25Ça va nous donner des éléments un peu plus concrets
30:28sur la dynamique de croissance.
30:30Sur l'inflation, on est peu différents des États-Unis.
30:33Donc ce n'est pas là l'enjeu.
30:35L'enjeu va être sur la dynamique d'activité.
30:37Et puis, peut-être quelque chose
30:39qui peut freiner la BCE.
30:41Alors bon, on est tous, le marché est convaincu,
30:43et on est de cet avis aussi,
30:45qu'OK, la BCE va baisser.
30:47Mais elle va baisser quand même de façon assez graduelle.
30:49Elle peut être gênée un peu aux entournures par l'euro.
30:52Alors ça va mieux depuis qu'on s'est éloigné de la parité.
30:56Sinon, elle a quand même dans son mandat l'euro.
31:00Et une fête qui serait, enfin une quasi-inaction
31:02de la fête cette année, oui, ça, aujourd'hui,
31:05toute chose qui a disparu...
31:07Non, on ne pense pas parce qu'en ce moment,
31:09ce qu'on voit, c'est quand même
31:11un ralentissement de la dynamique d'emploi.
31:13Donc c'est par l'emploi, normalement,
31:15que la fête devrait réagir.
31:17Par le chômage.
31:19Par le chômage, pardon.
31:21Oui, mais pour l'instant, on n'est qu'au ralentissement de l'emploi.
31:23Après, bon, et là,
31:25nous, on pense que, ben, pas immédiatement,
31:28mais elle va suivre ça très près,
31:30et que s'il y a des signaux comme quoi
31:32le taux de chômage remonte,
31:34alors que pour l'instant, il n'y en a pas beaucoup,
31:36elle va être susceptible d'en faire un peu plus.
31:38Mais sinon, elle n'a pas d'urgence.
31:40Enfin, je veux dire, ni dans un sens, ni dans l'autre.
31:42Céline, comment vous appréhendez ce facteur taux
31:46dans les décisions d'investissement, là, effectivement ?
31:48Est-ce que ça fait partie...
31:50Est-ce que c'est le bonus de 2025
31:52de se dire qu'il y aura un peu de baisse de taux ?
31:54Est-ce que ça peut impliquer, d'ailleurs,
31:56je ne sais pas, des réveils, des dynamiques,
31:58des rattrapages importants sur des segments de marché ?
32:00Est-ce que ça contribue à ça ?
32:02Tout à fait. Je pense qu'effectivement,
32:04les marchés actions sont tirés par la liquidité.
32:06Donc, c'est extrêmement important pour nous
32:08de regarder ce qui va se passer
32:10du côté des banques centrales.
32:12Et comme le disait Jeanne à l'instant,
32:14il semble probable qu'il ne se passe pas
32:16beaucoup de choses du côté des Etats-Unis,
32:18alors qu'il s'est passé beaucoup de choses
32:20pendant le temps du côté des Etats-Unis.
32:22Et la liquidité sur les marchés actions
32:24a été tirée par les Etats-Unis.
32:26Donc, c'est un petit peu logique.
32:28Aujourd'hui, on est quasiment 70 %
32:30d'un indice actions internationales
32:32qui soit le marché américain,
32:34ce qui est colossal.
32:36C'est un top. On fera des analyses.
32:38Le Japon n'a même pas fait ça
32:40dans les grandes années du Japon.
32:42On est arrivé à 45 % en 99.
32:44Voilà, 45 %.
32:46Mais aujourd'hui, 70 % aux Etats-Unis.
32:48Et sur les Etats-Unis, on n'aura peut-être pas
32:50cette huile dans le moteur
32:52qu'on aime avoir sur les marchés,
32:54qui est la liquidité.
32:56Et à l'inverse, ce qui peut être extrêmement intéressant
32:58c'est le fait que
33:00il est probable, là aussi,
33:02que la Banque centrale européenne
33:04ait un petit peu plus de capacité
33:06à faire baisser les taux d'intérêt.
33:08Donc, si on a un petit peu plus de liquidité
33:10en Europe, avec effectivement
33:12une guerre en Ukraine
33:14qui arrive à son terme, et donc un prix de l'énergie
33:16qui pèse un petit peu moins
33:18sur les consommateurs,
33:20et des consommateurs qui sont un peu plus en confiance,
33:22comme le disait Louis à l'instant,
33:24et qui se remettent à utiliser leur épargne
33:26pour lutter, on pourrait peut-être avoir
33:28un environnement qui serait un tout petit peu plus favorable
33:30dans un contexte où
33:32les investisseurs européens
33:34sont dans un état de défiance
33:36très important, et dans un environnement
33:38où les prix sont très bas.
33:40Donc là, on a un écosystème qui pourrait être favorable,
33:42à mon sens, pour les actions européennes.
33:44C'est un coutume de dire que
33:46l'économie n'est pas le marché actions.
33:48C'est ce que disait Jeanne tout à l'heure, mais c'est tout à fait ça.
33:50Donc, ça ne veut pas dire qu'on va être
33:52dans une euphorie économique en Europe.
33:54Si on va un peu moins mal,
33:56ça pourrait être porteur pour le marché.
33:58Et de la même façon, je pense qu'il y a un autre marché
34:00sur lequel on est extrêmement négatif,
34:02c'est le marché émergent.
34:04Entre 2000 et 2008,
34:06on ne pouvait pas parler de marchés internationaux
34:08sans parler des émergents. C'était une évidence
34:10que les émergents étaient l'avenir de l'humanité, etc.
34:12Aujourd'hui, si vous parlez émergent, c'est un gros mot,
34:14et on vous dit...
34:16Il vaut mieux se laver la bouche
34:18avec du savon plutôt que d'en parler.
34:20Donc, je dis juste, les marchés émergents sont extrêmement
34:22mal aimés. Et on pourrait, là aussi,
34:24avoir une surprise du côté des liquidés,
34:26puisqu'on a quand même eu une indication comme quoi
34:28la Banque centrale de Chine voulait un petit peu
34:30secouer la problématique
34:32déflationniste chinoise. Donc, s'ils mettent
34:34de l'argent dans le système et que,
34:36là aussi, les Chinois arrêtent de tout
34:38économiser parce qu'ils ont la même tendance que les Européens,
34:40une tendance à l'épargne qui est très importante,
34:42ça pourrait...
34:44Il y a du structurel.
34:46Il y a des tendances lourdes.
34:48Leur niveau d'épargne est quand même phénoménal.
34:50C'est l'inverse des Américains.
34:52Retour des mal aimés. C'est vrai que ça fait déjà quelques années
34:54qu'on vit plutôt sur une concentration
34:56toujours plus poussée des performants
34:58et de ceux qui tirent la performance.
35:00Juste pour votre analyse
35:02sur l'idée d'un cessez-le-feu
35:04entre la Russie et l'Ukraine. Alors, évidemment,
35:06compliqué d'imaginer la formule, comment les choses
35:08pourraient se mettre en place. Mais, si c'est le cas,
35:10même temporairement,
35:12j'allais dire, ça enlève
35:14vraiment une prime de risque,
35:16une partie importante de la prime de risque.
35:18Je pose la question.
35:20Ça veut dire quoi ? On reprend du pétrole
35:22depuis la Russie ?
35:24Je pense que non.
35:26C'est une question.
35:28Ça veut dire que les marchés anticipent
35:30qu'il n'y aura pas de risque.
35:32Donc, il y a une prime de risque incluse.
35:36Parce que les chaînes d'approvisionnement
35:38se sont réadaptées.
35:40Mais il y a aussi
35:42la prime de risque qui est liée au fait que
35:44la guerre en Ukraine a montré d'abord
35:46la dépendance de l'Europe
35:48en termes énergétiques et la dépendance
35:50de l'Europe en termes de défense.
35:52Et la prime de risque,
35:54elle était double, là.
35:56Et je pense que ça la soulage
35:58au niveau des marchés. Ça ne veut pas dire
36:00qu'il y a des changements radicaux.
36:02Tout d'un coup, les craintes
36:04diminuent et sur les marchés...
36:06C'est un phénomène presque psychologique.
36:08Je veux revenir sur les États-Unis.
36:10À la fois sur la croissance et la politique
36:12de la Fed. Rappelez-vous, au mois de septembre,
36:14le marché anti attendait quasiment 10
36:16baisses de taux de septembre
36:18jusqu'à 25, 26. Je crois qu'aujourd'hui,
36:20c'est à peine 1,5. Et il y a beaucoup
36:22de grandes banques de sell-side qui n'attendent
36:24même plus de baisses de taux.
36:26Et c'est toujours pareil. C'est le pic
36:28de la croissance US qui est arrivé.
36:30Et là, comme par hasard,
36:32les taux sont remontés quasiment au-dessus.
36:34On était quasiment le 2 ans et le 5 ans
36:36US il y a quelques semaines, quelques jours.
36:38On était quasiment au niveau des Fed Fund.
36:40C'est-à-dire que le marché même anticipait des hausses de taux.
36:42Et comme par hasard, le marché va
36:44à l'excès. Et nous,
36:46on peut penser que, ce que vous avez dit tout à l'heure
36:48notamment sur le chômage, il ne faut pas oublier que
36:50le chômage, derrière aujourd'hui, il y a le
36:52pic Trump. Ça y est, tout le monde est assez euphorique
36:54dans les enquêtes. Mais pendant ce temps-là,
36:56voilà, il y a eu un peu d'euphorie. Mais vous allez
36:58voir que peut-être dans les prochains mois, le chômage,
37:00on va de nouveau en reparler.
37:02Et je suis prêt à vous parler de tout ce que vous voulez,
37:04qu'il n'y aura plus d'une ou deux baisses de taux cette année.
37:06Il n'y en aura un peu plus que ce que le marché...
37:08Ça commence, ça recommence.
37:10Plus que deux.
37:12C'est l'effet dipsyche.
37:14C'est toujours pareil.
37:16On est remonté à zéro. Et c'est pareil.
37:18Il y a eu Goldman Sachs qui a fait, à chaque fois
37:20en début d'année, il envoie à tous ses clients. Combien
37:22de pourcentages vous pensez qu'il y a des récessions ? L'année dernière,
37:24il y avait quasiment 25% de gens qui pensaient qu'il y avait une récession.
37:26Cette année, il n'y en a plus aucun.
37:28100% des gens. Voilà. Tout le monde pense
37:30qu'il y aura au moins 2% de croissance.
37:32Voilà, pareil. Vous savez, quand le consensus
37:34dit toujours la même chose, vous savez que ça n'arrive jamais.
37:36Positionnement, en tout cas.
37:38Donc, je pense qu'en effet, il y aura
37:40beaucoup plus de baisse de la Fed
37:42que tendue. Ce qui ne sera pas
37:44si mauvais pour l'Europe,
37:46indirectement, qui devrait quand même soutenir
37:48la monnaie.
37:50Pour revenir sur le positionnement
37:52de la Fed, il est plus complexe que le
37:54positionnement de la Banque Centrale Européenne parce qu'il y a une problématique
37:56d'inflation aux Etats-Unis.
37:58On a la même aussi.
38:00Aux Etats-Unis, qui est quand même plus
38:02sticky parce qu'ils sont en plein emploi.
38:04Alors que nous, où on est,
38:06on a la même hausse des salaires.
38:08On a une problématique d'inflation, à mon sens,
38:10qui est plus forte, avec en plus
38:12le risque sur les tarifs,
38:14le risque sur l'immigration. Donc, on a énormément
38:16d'incertitudes et je pense que ça risque d'être un tout petit
38:18peu plus compliqué pour la Fed de gérer ça.
38:20C'est presque le débat du Conseil des gouverneurs
38:22de cette semaine.
38:24On aurait dû aller à deux.
38:26Bon, ce sera à suivre. La semaine
38:28ne fait que commencer avec
38:30ce signe rouge venu de Chine,
38:32donc DeepSeek, vous l'aurez compris, qui marque
38:34l'événement du jour. Peut-être une date
38:36à retenir. Le 27 janvier, on avait eu
38:38la date des vaccins, la date de ChatGPT
38:40octobre 2022, là aussi
38:42qui ouvre des perspectives
38:44qu'on n'avait pas en tête à l'époque
38:46et peut-être aujourd'hui DeepSeek
38:48avec un modèle d'IA low cost.
38:50Est-ce que c'est un modèle d'avenir ?
38:52C'est toute la question aujourd'hui.
38:54Nvidia chute de plus de 15% quand même
38:56sur la nouvelle, ce qui montre que les investisseurs
38:58prennent cette question au sérieux.
39:00Merci à vous trois d'avoir été des invités
39:02de Planète Marché. Céline Picmal-Prad,
39:04Picmal Auton Investments, Louis Defels,
39:06LUSAC Gestion et Jeanne Asraf Bitton
39:08BFTIM.