• la semaine dernière
Mercredi 4 décembre 2024, SMART BOURSE reçoit Stephane Déo (Senior Portfolio Manager, Eleva Capital et membre de l'Éco à venir) , Sophie Chauvellier (Gérante allocation d'actifs, Dorval AM) et Vincent Juvyns (Stratégiste, JP Morgan Asset Management)

Category

🗞
News
Transcription
00:003 invités avec nous chaque soir en plateau pour décrypter les mouvements de la planète
00:13marché.
00:14Sophie Chevelier est avec nous, gérante allocataire chez Dorval Asset Management.
00:17Bonsoir Sophie.
00:18Bonsoir Grégoire.
00:19Vincent Juvins nous accompagne, stratégiste chez JPMorgan Asset Management.
00:22Bonsoir Vincent.
00:23Bonsoir Grégoire.
00:24Et bonsoir à Stéphane Déo qui est avec nous également, gérant senior chez Leva Capital
00:27et membre également de l'association L'Eco à Venir.
00:31Bonsoir Stéphane.
00:32Oui, marché et crise politique au pluriel, commençons peut-être par la situation française.
00:41Je ne sais pas, il y a évidemment la dimension politique qui est la priorité du moment,
00:48mais je voulais aller assez vite en fait sur le terrain de l'investissement Stéphane.
00:51Quand on regarde ce que les actifs français ont escompté depuis le 9 juin dernier, c'est-à-dire
00:57qu'on a quand même une décote qui s'est créée sur les actions françaises par rapport
01:02aux actions européennes qui elles-mêmes sont très décotées par rapport aux actions
01:05américaines.
01:06Quand on regarde là aussi les tensions qui sont apparues sur la dette française, pas
01:11d'ailleurs du point de vue du taux absolu qui est plus bas qu'avant la dissolution
01:15à 2,90 aujourd'hui, mais en termes de primes, d'écart de rendement par rapport aux autres
01:21pays européens et à l'Allemagne en premier lieu, est-ce qu'on se dit que la reconstitution
01:26des primes de risque est suffisante aujourd'hui pour que l'investisseur ait quand même
01:31un risque-reward un peu plus équilibré et puisse regarder à nouveau de manière constructive
01:37les actifs français ou est-ce qu'on est encore loin de cette situation face à un
01:41vent et un bruit politique qui ne risque pas de faiblir sans doute ni dans les prochains
01:47jours ni dans les prochaines semaines, peut-être même pas dans les prochains mois ?
01:49Sur les actions, vous l'avez dit, il y a énormément de choses pour moi qui sont déjà
01:53discomptées, d'ailleurs je pense que c'est pour ça que le CAC 40 remonte aujourd'hui,
01:58qui a remonté hier aussi, je pense qu'il y a énormément de pessimisme qui a déjà
02:02été inclus dans les cours, d'autant plus que si vous regardez les grandes entreprises
02:09du CAC 40, ce sont dans leur majorité des entreprises qui font l'essentiel de leurs
02:14chiffres d'affaires à l'extérieur, pour certaines, je pense à LVMH, Sanofi, une grande
02:20partie aux Etats-Unis et donc qui bénéficient de l'effet de change, il ne faut pas oublier
02:24que l'euro s'est un petit peu cassé la figure dans cette histoire-là, donc forcément
02:29ça veut dire que quand on rapatrie les bénéfices, c'est positif, donc il faut faire attention
02:34à ne pas trop corréler le PIB français, les problèmes français avec le CAC 40, ces
02:40deux animaux qui se ressemblent évidemment, qui bougent ensemble, mais qui ne sont pas
02:43parfaitement corrélés, et oui effectivement, je pense que ce qu'a fait le marché c'est
02:48qu'il y a eu énormément de ventes, je pense qu'il y a encore beaucoup de gens qui ont
02:53vendu à découvert, si on n'a pas de budget, alors ça peut reposer peut-être quelques
03:00petits problèmes, mais il y a des hausses d'impôts sur les sociétés qui disparaissent,
03:04donc il faut aussi garder ça à l'esprit pour les grandes entreprises, de facto...
03:08Il y a des plus et des moins quoi ! Oui, c'est positif en tout cas pour les
03:12grandes entreprises qui font des bénéfices, et donc je pense que c'est ça qui explique
03:17le rallye à l'heure actuelle, donc oui sur les actions, je pense qu'on est quand même
03:21sur des primes de risques maintenant, il faut dire autrement des valorisations qui sont
03:24à des niveaux...
03:25Et des perspectives bénéficiaires pour ces entreprises qui n'ont pas fondamentalement
03:31changé ces dernières semaines, en tout cas pour les grandes entreprises cotées effectivement
03:36avec l'idée que le terrain de jeu est souvent mondial pour ces boîtes-là.
03:39Oui, et dans certains cas, je pense aux entreprises de luxe en particulier, la part de la France
03:45finalement dans le chiffre d'affaires, et je ne vais pas dire anecdotique, ce serait
03:48exagéré, mais ce n'est pas prépondérant.
03:51Donc oui, il faut faire attention à ne pas...
03:55Le fait que l'entreprise soit cotée en France est évidemment important, mais il faut faire
04:01attention à ne pas verser dans un excès de pessimisme sur certains titres, je pense.
04:05Et il y a des opportunités maintenant pour rentrer à notre vie.
04:09Ce qui est intéressant, c'est vrai qu'autant le CAC 40, les marchés français ont réagi
04:14à la situation spécifique de crise de gouvernance en France, autant on voit un autre pays en
04:19crise à côté de chez nous qui s'appelle l'Allemagne, dont l'indice phare d'Axe lui
04:25affiche des records, pour aller dans le sens de l'idée qu'il faut quand même parfois
04:29séparer les différents enjeux et les différentes dimensions d'analyse.
04:33Vous avez quelques très grosses entreprises, dont le Dax, qui vont très bien, Siemens,
04:39SAP, etc., et qui tirent le Dax vers l'eau.
04:43Et par contre, si vous regardez le Mdax, c'est-à-dire les petites entreprises, là par contre, ça massacre.
04:48Là, ça reste plus la situation domestique.
04:52Sophie, sur la France, il faut quand même en parler, alors il y a la France que ça
04:57implique pour l'économie française, pour les actifs français, il y a aussi ce que
05:00ça implique peut-être pour l'Europe plus généralement, dans un contexte de retour
05:08de Donald Trump à la Maison-Blanche d'ici quelques semaines maintenant.
05:13Ce n'est pas difficile, effectivement, de faire la liste des incertitudes et des inquiétudes.
05:18L'évolution de la donne politique en Europe aura un impact ou pas.
05:26Pour l'instant, ce qui se passe en France n'a pas de caractère systémique.
05:31Je pense que c'est un point vraiment important à prendre en considération.
05:34C'est-à-dire qu'effectivement, la dette française s'est écartée, le coût de la
05:40dette française s'est écarté de la dette allemande, mais pas de façon grave, entre
05:44guillemets, puisqu'aujourd'hui, on se refinance à, disons, France à 2,9%, donc il n'y a
05:48pas de catastrophe.
05:49Est-ce que ça ira plus loin ? Ça va dépendre, effectivement, de ce qui va sortir du vote
05:56de cet après-midi, en tout cas, en partie.
05:58Sur la partie, vraiment, pour faire un lien direct avec l'investissement et notamment
06:04l'investissement en actions, je pense que c'était bien exprimé, c'est une question
06:07de structure.
06:08Le CAC, entre guillemets, la contre-performance du CAC 40 n'est pas tant que ça liée au
06:15problème français.
06:16Alors, effectivement, on peut...
06:17Il y a d'autres facteurs qui ont expliqué le décrochage du CAC à travers l'été ?
06:20Absolument.
06:21Plus important, probablement, une crise de confiance sur le secteur du luxe liée à
06:25la faiblesse de la demande chinoise.
06:26Effectivement, l'auto ne va pas très bien.
06:30Il y a plein de raisons qui ne sont pas liées à la donne politique à court terme et qui
06:35ont pu pénaliser la France.
06:37Les secteurs les plus domestiques, en revanche, comme les banques, les banques françaises,
06:44les services aux collectivités, les 26 de ce monde, peuvent être effectivement amenés
06:50à s'inquiéter d'une sortie qui amènerait une pression fiscale accrue, qui amènerait
06:57une réglementation qui leur serait moins favorable.
07:00Donc, ça va vraiment être quelque chose à suivre.
07:02Et c'est sûr qu'en Europe, on n'avait pas particulièrement besoin de ça, sachant
07:06qu'on était déjà sous pression de la moindre demande chinoise et puis de la sauce
07:12à laquelle on va être mangé par Donald Trump.
07:14Donc, en gros, ça vient s'ajouter à un bilan qui était déjà un petit peu problématique,
07:20mais qui, pour le moment, encore une fois...
07:23Pourquoi le crise politique française n'est pas perçue comme systémique ? La France
07:30est forcément un pays systémique au cœur de la zone euro.
07:33Pourquoi il n'y a pas ces effets de contagion ? Et s'il faut se poser la question, est-ce
07:40qu'à un moment, il faut craindre des effets de contagion si jamais la crise française
07:45perdurait, s'enlisait dans le temps ?
07:48Alors, pour l'instant, personne ne parle de sortir de la zone euro.
07:53On a, depuis la crise européenne de 2011-2012, un backstop, donc un courroie, un support
08:02de la BCE qui a en place un certain nombre d'instituts, enfin un certain nombre de mécanismes
08:07qui sont là pour soutenir, effectivement, pour aider des pays qui pourraient rencontrer
08:12des difficultés importantes.
08:13Même si j'ai vu les derniers commentaires étaient de dire que non, non, non, nous n'allons
08:17pas vous aider si vous dérapez votre budget.
08:20Il y a des instruments dédiés à chaque situation.
08:22Si c'est une crise politique interne…
08:24Ce n'est pas à nous d'intervenir.
08:26Maintenant, s'il devait y avoir un déparage fort, on sait, il y a un…
08:30Mais bon, l'aléa ne fait que…
08:32Je comprends.
08:33Je ne comprends pas nécessairement dire ça.
08:34Donc ça, c'est le premier niveau, c'est-à-dire qu'on a, dans l'esprit collectif des investisseurs,
08:38on a quand même en place, maintenant, depuis 2012, un certain nombre de mécanismes qui
08:41peuvent protéger.
08:42Et pour qu'on bascule dans une situation plus grave, il faudrait vraiment qu'on bascule
08:50dans une situation où il y ait une dérive totale des déficits, où il y ait vraiment
08:55une volonté affichée de détruire…
08:58C'est ça.
08:59Une capitulation totale du politique français sur l'idée de rester quand même un peu
09:04dans les rails, dans le statu quo et l'ordre européen.
09:07Et je pense qu'à ce jour, ça n'est l'ambition de personne.
09:10Non.
09:11Non, mais…
09:12Vincent, sur cette situation française, alors qui peut être aussi un poison lent quand
09:20même pour l'Europe, dont on aimerait bien avoir les prémices d'une réponse de quelque
09:27chose, je parle à l'horizon 2025 et au-delà, face à l'arrivée imminente de Trump le
09:3220 janvier prochain.
09:33À très court terme, c'est le retour du « bad news is good news ». Donc là, clairement,
09:38les marchés aujourd'hui, c'est des chiffres de l'emploi aux Etats-Unis qui sont un tout
09:41petit peu moins bons que tendus.
09:43C'est finalement une situation conjoncturelle en Europe, comme le souligne Mme Lagarde
09:46aujourd'hui, qui est quand même relativement faible et qui se détériore dans le contexte
09:50français qu'on connaît et dans le contexte, n'oublions pas, politique difficile qu'on
09:53connaît en Allemagne aussi.
09:54Donc « bad news is good news », puisque quelque part, ça pousse la BCE à en faire
09:58davantage, comme l'a fait aux Etats-Unis.
10:00Donc je pense que quelque part, aujourd'hui, les marchés célèbrent à la fois le fait
10:03qu'il y ait peut-être des exagérations à la baisse ces derniers jours, mais également
10:06cet espoir que la politique monétaire revienne un peu plus offensive, alors qu'on craignait
10:11qu'elle le soit un peu moins avec l'arrivée de Donald Trump.
10:13Donc je pense qu'il y a ça, évidemment, qui joue aussi.
10:15Les commentaires de la Bundesbank en Allemagne qui dit que l'Allemagne fait sans doute une
10:21erreur de ne pas dépenser, d'avoir ce « debt break » qui limite la capacité de financement
10:25à 0,35 % du PIB, et ainsi de suite, et qui ouvre cette perspective que si une nouvelle
10:29coalition il y a en Allemagne, ce soit une coalition qui dépense davantage, et Dieu sait
10:33qu'il y a bien un pays en Europe qui peut le faire, c'est bien l'Allemagne.
10:36Mais je pense que les marchés s'élèvent aussi, et derrière quelque part l'allant
10:39que le DAX a pu retrouver, il y a sans doute un petit peu cette idée que l'Allemagne
10:43pourrait en tout cas changer de trajectoire en 2025.
10:47L'Allemagne faisait bien déjà avant la fin de la coalition en Allemagne, mais oui,
10:51on t'a mérité la performance du DAX.
10:53Il n'empêche pas, on a évoqué les cas des exportatrices en France qui doivent peut-être
10:57se satisfaire de la baisse de l'euro ces derniers temps, même si finalement pour les
11:03vendeurs de luxe de ce monde, les quelques pourcents sur l'euro font en tout cas relativement
11:07peu de différence pour la clientèle qui est visée.
11:09Mais au-delà de ça, il n'en demeure que ce qui se passe actuellement est un gâchis
11:14sur le plan européen, où objectivement, vue d'Europe, et je suis là aussi pour représenter
11:18cette vue hors de l'hexagone, il y avait quand même une très bonne perception de
11:22la France ces dernières années.
11:23On le sait, je pense qu'en France, on reconnaît le fait que Macron était évidemment beaucoup
11:28mieux perçu à l'étranger qu'il n'est perçu dans l'hexagone, mais laissons en
11:31tout cas lui que pour la construction européenne, pour le projet européen, c'est quelqu'un
11:36qui a beaucoup apporté.
11:37Si l'Italie aujourd'hui affiche de belles croissances, c'est notamment grâce au fond
11:41next generation EU, qui avait quand même été co-pensé par Emmanuel Macron et Angela
11:46Merkel.
11:47Mai 2020, réaction très rapide dès le départ de la crise du Covid.
11:50Ne l'oublions pas, si derrière on a aujourd'hui ces garde-fous qui font que les marchés ne
11:55doutent pas de l'homogénéité de l'Europe, c'est également grâce à des mécanismes
12:00comme cela.
12:01Je pense aussi que l'intégrité de l'Europe est plus forte aujourd'hui qu'elle ne l'était
12:06en 2012 et qu'évidemment, il est certain qu'on pouvait imaginer une Grèce, un Portugal
12:12sortir de la zone euro.
12:13On imagine mal le cas de la France, donc ce n'est pas craint par les marchés actuellement.
12:19On sait que les mécanismes d'intervention existent et qu'il faudra les activer, puisqu'évidemment
12:24on ne peut pas se permettre avec la France ce qu'on s'est permis avec la Grèce.
12:29Mais les marchés n'en testeront néanmoins le niveau où ces interventions auront lieu.
12:35Pas de contagion aujourd'hui, tant mieux.
12:37C'est vrai que l'Europe est relativement mieux orientée, c'est-à-dire avec l'Italie,
12:42l'Espagne, le Portugal, qui s'en tirent relativement bien, parfois grâce à ces mécanismes de
12:48soutien européen, il faut quand même bien le signaler.
12:50Donc ça c'est déjà un premier élément, il y a une différenciation à faire sur le
12:55plan économique évidemment.
12:58Néanmoins, la situation est évidemment interpellante pour le futur.
13:01On rappelle évidemment que Donald Trump c'est des régulations, c'est plus d'investissement,
13:06c'est une politique plus pro-business.
13:08Finalement, pour beaucoup, c'est des points qui avaient été rappelés, notamment dans
13:11le rapport de Mario Draghi, plus d'libérer la capacité de l'Europe, Europe first, je
13:17pense que c'est même Stéphane Séjourné qui a avancé le sujet.
13:21Mais c'est vrai qu'il ne faut pas être naïf, il faut plus d'Europe, il faut avancer ce
13:26genre de sujet.
13:27Et le problème de la crise politique qu'on a actuellement en France, surtout aussi parfois
13:31de la mésentente ou en tout cas de l'incapacité de parler beaucoup entre Allemagne et France,
13:36bloque l'Europe dans cette capacité d'avancer et bloque un pays qui avait été pourtant
13:40censé pour être justement cette terre d'investissement ces dernières années, post-Brexit notamment.
13:44Et en un mot, on pourrait y revenir, mais concrètement, le message sur l'investissement
13:50en Europe, sur les marchés européens, chez JP Morgan aujourd'hui, quel est-il ?
13:55Entre les valeurs intéressantes et ce manque d'enthousiasme ou d'excitation ?
14:01Un langage d'analyse sur une valeur, c'est soit à diminuer, soit à conserver, soit à accumuler.
14:06Je dirais que c'est à conserver, mais à ce stade, pas encore à accumuler, malgré
14:12des valorisations qui intègrent déjà beaucoup de difficultés.
14:15À conserver, pourquoi ? Parce qu'on a relativement des entreprises de bonne qualité qui sont
14:19souvent encore insensibles à la conjoncture locale et qui, par ailleurs, nous payent assez
14:24bien pour rester investis avec des dividendes relativement attrayants.
14:26D'où peuvent venir des bonnes nouvelles pour l'Europe ? Est-ce que Trump peut apporter
14:31des bonnes nouvelles pour l'Europe ? Je ne sais pas, dans une certaine mesure.
14:34Le conflit russo-ukrainien, ça fait partie des objectifs signalés comme Trump, prioritaire
14:40pour son Day One ou les jours suivants.
14:43Est-ce que les élections en Allemagne offrent une source d'espoir ? Est-ce que la BCE,
14:48à un moment, peut aussi être une source de soutien plus actif et proactif ? Est-ce
14:55qu'on peut imaginer ou est-ce que ça reste de la spéculation totale ?
14:58Non, on n'est jamais à l'abri des bonnes nouvelles.
15:00On peut construire un cas ? Oui, ben voilà ! Essayons de tirer un peu ce fil-là.
15:05On a le droit d'y réfléchir aussi, je me dis quand même, vu le pessimisme ambiant
15:08sur l'Europe.
15:09Je vais reprendre en sens inverse sur la BCE.
15:12On a une réunion la semaine prochaine.
15:14Je rappelle que tous les trimestres, ils publient des prévisions.
15:17Celle de septembre était un petit peu optimiste.
15:21Entre-temps, on a eu des mauvaises nouvelles.
15:23Donc, ils vont être obligés de réviser leurs prévisions à la baisse très nettement,
15:26je pense.
15:27Et donc, c'est la porte ouverte à plusieurs baisses de taux, à mon avis.
15:31Alors, est-ce qu'ils vont faire 25 BP ou 50 BP la semaine prochaine ? Moi, si j'avais
15:35à parier, je dirais 25 parce que c'est la BCE, on ne peut pas aller trop vite, etc.
15:40Mais si c'est 25 avec un discours accommodant et en disant, il est très probable qu'on
15:45continue derrière, vous avez un stimulus qui arrive monétaire qui est important.
15:51Stimulus budgétaire, je pense qu'il devient de plus en plus probable.
15:55Alors, il va falloir un petit peu de patience parce que vous savez qu'il y a des élections
15:59en Allemagne mi-février, il n'y aura pas de majorité, donc il leur faudra quand même
16:04quelques semaines, voire quelques mois pour se mettre d'accord.
16:06Derrière, il faudra prendre des décisions.
16:07Donc, c'est pour 26.
16:08La relance budgétaire en Allemagne, c'est pour 2026.
16:10Non, ça peut être la deuxième moitié de l'année.
16:11Et en plus, a priori, le chancelier, ce sera Merch, qui est donc la droite classique.
16:19Et paradoxalement, je pense qu'il aura encore plus de crédibilité parce que c'est quelqu'un
16:25qui est plutôt orthodoxe, s'il dit, écoutez, là, il faut qu'on y aille, ça a beaucoup
16:28plus de poids, surtout avec la bouba derrière.
16:30Le signal est d'autant plus fort.
16:31Oui, la bouba derrière, on peut y aller.
16:34C'était la bonne surprise de ce matin.
16:35Si vous avez la bénédiction de la bouba.
16:37Joachim Nagel dit, ce serait very smart de se donner plus de capacité à investir.
16:41Non, mais à la bouche de Joachim Nagel, c'est parolé d'or, là.
16:45Exactement.
16:46Donc, on peut effectivement se retrouver avec une Allemagne qui est un petit peu plus pro-business,
16:51etc.
16:52Le point important, c'est que je pense qu'il y aura un assouplissement budgétaire à coup
16:57sûr.
16:58La différence, c'est si on a un gouvernement, pour simplifier, de droite, ce sera beaucoup
17:03plus une politique de l'offre.
17:05Si c'est un gouvernement plus de gauche, ce sera beaucoup plus une politique de demande.
17:10Mais dans les deux cas, je pense que oui, le train est lancé, il faut le mettre en
17:14place.
17:15Et ça veut dire quoi pour les actions européennes ? Là aussi, on parlait des actions françaises
17:19spécifiquement, mais le cas que vous avez développé sur la France, on peut l'élargir
17:23aussi au spectre européen ?
17:25Une baisse des taux de la BCE dans les modèles classiques qu'on utilise, ça a un impact
17:31deux, trois trimestres plus tard.
17:32Donc on peut se retrouver avec une deuxième moitié d'année où on a l'effet budgétaire
17:36et monétaire qui arrivent en même temps.
17:38Et donc tout d'un coup, un coup de mieux sur l'Europe, c'est tout à fait probable.
17:44Et puis, il y a l'effet Trump qui effectivement peut forcer les Européens à… Le couple
17:51franco-allemand n'a pas l'air dans une forme olympique à l'heure actuelle, mais
17:55à un moment donné, il va quand même falloir se parler et faire progresser les choses.
18:00Donc ça peut être effectivement « Bad news is good news » de ce point de vue-là aussi.
18:052025, la place des actions européennes, comment vous y réfléchissez aujourd'hui ? Tout
18:08le monde est dans la réflexion des perspectives 2025 là, Sophie ?
18:12Oui, oui, tout à fait.
18:13Non, c'est sûr que dans un mandat…
18:14Parce qu'on va parler de la domination des actions américaines.
18:16La question étant, ça fait au moins deux ans que ça dure, est-ce que ça peut durer
18:19encore ? Et peut-être que la réponse est oui, donc…
18:22Dans un mandat international, c'est vraiment une question qu'on se pose.
18:26Effectivement, le principal argument en faveur de l'Europe, c'est la décote.
18:31Aujourd'hui, en équipe pondérée, les États-Unis se payent 21 fois, l'Europe se paye 15 fois
18:37ou 14 fois.
18:38Donc il y a plus de 6 points de décote et c'est le niveau de décote qu'on avait
18:42pendant la crise européenne de 2012.
18:43Après, il y a des raisons objectives.
18:45La croissance des résultats aux États-Unis a été stellaire.
18:49Mais il y a eu de la croissance bénéficiaire en Europe aussi cette année.
18:53Il y en a eu, mais beaucoup moins.
18:55Il y en a, mais beaucoup moins.
18:57Donc quand on fait l'écart, on voit bien effectivement se creuser et ça a justifié
19:01les statuts respectifs des deux économies.
19:04Maintenant, la spécialité de l'Europe, c'est de gravir le mur des inquiétudes.
19:07C'est-à-dire que le positionnement est extrêmement négatif, les shorts en place
19:13sur le marché européen sont très élevés.
19:15Je pense que le consensus aujourd'hui, c'est probablement plus proche d'une récession
19:21qu'autre chose.
19:22Les attentes sont quand même assez faibles.
19:24Effectivement, nous, on s'inquiète sur la question de l'emploi, mais l'emploi tient
19:29quand même, même s'il y a des annonces, il y a beaucoup d'effets d'annonces dans
19:32la presse.
19:33Mais c'est sur l'emploi manufacturier, donc l'emploi, ça reste mine de rien relativement
19:37petit.
19:38On est dans une économie de service.
19:39Le pouvoir d'achat des ménages est substantiel, le taux d'épargne est substantiel, il n'a
19:46jamais été aussi haut.
19:47Et le pouvoir d'achat des ménages est repassé positif, c'est réamélioré.
19:51Les stocks sont extrêmement bas dans l'industrie.
19:56En fait, toute cette année, si vous voulez, on a passé notre temps à repousser l'horizon
20:02d'une reprise européenne parce qu'effectivement, le déstockage se poursuivait dans l'industrie.
20:07Et puis, les ménages ne touchaient pas à leur épargne.
20:13Pourquoi est-ce que les ménages ne touchent pas à leur épargne ? Alors, ils le font
20:15dans l'Europe du Sud, dans les grosses économies européennes.
20:18Les ménages sont inquiets.
20:20Je ne suis pas visionnaire, mais je ne suis pas persuadée que les gens soient extrêmement
20:25rassurés par les aléas politiques, malheureusement, qu'on est en train de traverser en Europe.
20:29Ils le seront peut-être davantage en Allemagne, enfin en France, je voulais dire.
20:34Et il est possible qu'on finisse par être rassurés, que ça se stabilise.
20:38On va finir par se rassurer ?
20:39Il est possible que ça se stabilise.
20:41À un moment, on va sortir de cette situation extrêmement épineuse, en tout cas, il faut
20:44l'espérer.
20:45Donc, personne n'attend rien sur l'Europe.
20:49La plupart des investisseurs sont même net vendeurs quand ils le peuvent.
20:52Il y a un pouvoir d'achat, il y a une épargne forte, il y a probablement un point bas manufacturier
21:01à trouver dans plusieurs domaines.
21:02Donc, on peut vraiment se retrouver dans une situation où on gravit le mur des inquiétudes
21:08en Europe et que là, les internationaux redécouvrent les vertus européennes au travers d'une valorisation
21:13qui, en somme toute, est attractive et des résultats qui peuvent repartir.
21:17C'est possible.
21:18C'est le scénario rosy ou favorable, parce qu'évidemment, on peut construire des scénarios
21:24à l'inverse.
21:25En tout cas, à ce niveau de valo, il y a quand même beaucoup de choses dans l'épreuve.
21:28Sur cette situation, et puis, allons-y, parce que c'est vrai que la domination des US a
21:32été totale cette année.
21:34Je crois qu'il n'y a pas un secteur en Europe qui fait mieux que son comparable américain.
21:40Les écarts de marché de perves de valo sont inédits peut-être, d'ailleurs, dans l'histoire
21:46moderne, Vincent, et la question n'est vraiment pas orientée dans le sens où cette domination
21:52des actions américaines, avec un Trump qui va pousser sans doute les limites de l'exceptionalisme
21:57américain jusqu'à ce qu'on ne pourra plus le supporter peut-être, j'en sais rien, c'est
22:04dur aussi d'avoir un cas qui soit défavorable aux actions américaines.
22:10Oui, à part les valorisations qui sont évidemment un frein à l'influence à long terme.
22:14Maintenant, en fin d'année, il y a toujours une question qu'il faut se poser en tant qu'investisseur.
22:17Si j'ai laissé mon portefeuille aller ou aller au gré des marchés, il y a un rebalancing
22:21qui peut être opéré, qui peut nous amener à vendre un peu d'US et de se repositionner
22:25un peu sur des positions qui ont été moins favorisées cette année.
22:28Le rebalancing, c'est quelque chose qui peut, indépendamment des convictions qu'on peut
22:32avoir, qui est sain à faire en fin d'année et qui, là, serait plutôt favorable en arbitrage
22:36US pour Europe.
22:38Maintenant, l'arbitrage auquel nous on pense, au-delà du rebalancing dans un contexte plus
22:42de gestion de fonds ouverts et de se dire, au sein des États-Unis, qu'est-ce qu'il
22:46y a peut-être encore à faire, au-delà de ce qui a particulièrement bien performé.
22:49C'est d'abord, avant que ce soit un rebalancing international, c'est d'abord un rebalancing
22:54dans les actions, au sein du marché actions US.
22:57Voilà, on voit déjà bien la bonne performance, par exemple, dans la S&P, équipondérée par
23:01rapport à S&P, pondérée par les capitalisations depuis le second semestre.
23:05Dans un contexte où on a des baisses de taxes indiscriminées aux États-Unis sous Trump,
23:09c'est quelque chose qui sera relativement plus favorable pour les entreprises opérant
23:14au sein des États-Unis, c'est-à-dire que les techs sont de fait, les entreprises sont
23:18plus exposées à l'international, le reste du S&P 500 est plus exposé aux États-Unis
23:23et donc, je veux dire, il profitera plus de cette politique pro-business aux US, pro-réindustrialisation
23:31et ainsi de suite.
23:32Donc ça, c'est déjà une thématique.
23:33Au-delà, évidemment…
23:34Et il y a de la place encore pour ce mouvement qu'on observe déjà depuis quelques semaines
23:38et quelques mois.
23:39C'est un mouvement qui est évidemment aux alentours de 22 fois les bénéfices attendus,
23:4223…
23:43On n'a pas joué tout Trump d'un coup comme ça.
23:45C'est beaucoup, mais c'est historiquement le cas.
23:47Je dis souvent que c'est pricé pour la perfection, mais le fait est que chaque trimestre
23:50on attend ces résultats avec impatience, on attend les valeurs retournant pour voir
23:54si elles vont délivrer et elles délivrent.
23:55En tout cas, ce qu'on comprend déjà de Donald Trump, c'est qu'il ne va pas changer
24:00diamétralement la donne en termes de régulation de fiscalité, que du contraire.
24:04Donc, j'ai envie de rester sur ce mouvement d'inertie.
24:06Maintenant, il y a des thématiques comme la tech qui se jouent aujourd'hui d'autant
24:11mieux sur du private equity ou du crédit privé, par exemple, qui sont probablement
24:16une manière d'aborder la même thématique à un niveau plus avancé dans le cycle et
24:22donc de bénéficier de meilleures opportunités, de meilleures valeurs de réalisation.
24:2540% du PE, 40% du private credit, c'est de la tech, un stade plus avancé.
24:31Et aujourd'hui, tout le monde est à la recherche de ceux qui vont réellement être
24:34les prochains gagnants de l'IA, ceux qui l'adoptent au quotidien.
24:37Alors, pour certains, ça peut déjà être la banque.
24:39Aujourd'hui, JP Morgan, comme d'autres banques, annonce en grande pompe le fait que
24:43des outils LLM sont déployés au sein de leur personnel.
24:46Le patron d'UBS disait ça il y a deux semaines, le nôtre dernièrement également.
24:51Je pense qu'un peu partout, c'est le cas.
24:53Voilà, ces secteurs-là vont être également disruptés, verront potentiellement leur
24:56productivité améliorée.
24:58Et c'est de chercher là où, en effet, seront les prochains gagnants.
25:00Espérons-le dans les soins de santé.
25:02C'est encore fort régulé, donc c'est vrai que l'IA n'est pas encore déterminante
25:06dans la recherche médicale, mais tôt ou tard, il faudra bien ouvrir la porte à ceci.
25:11On se rend compte, évidemment, du champ des possibles.
25:13Là aussi, on ouvre potentiellement, évidemment, plein d'opportunités.
25:17Donc, voilà, recherche au sein des États-Unis, hors des valeurs qui ont fait la tendance.
25:22Arbiterons quelque peu, rebalançons, allons chercher sur le reste qui est encore un petit
25:26peu de support, certainement dans le contexte politique qu'on connaît aux États-Unis.
25:30Et puis, alors, sur les marchés privés, qui sont à nouveau une des grosses thématiques
25:34de cette fin d'année, parce qu'on sent bien qu'on va pouvoir aborder ces thématiques
25:36à un stade plus avancé.
25:37Sophie ?
25:38Oui, aussi, à la question des valorisations, je pense que quand on regarde le S&P 500 et
25:43qu'on regarde le MID, donc les 400 valeurs suivantes, on a quand même une décote de
25:49PE de pratiquement 5 points, c'est-à-dire qu'au sein des États-Unis, il y a quand
25:53même des différences, il y a un creusement des valorisations qui s'est opéré, et donc
25:57il y a vraiment de la place pour une diffusion des performances boursières.
26:01Donc avant que les Américains reviennent en Europe, ils vont déjà finir de travailler
26:04leur marché.
26:05Ils vont déjà aller travailler leur propre marché, il y a de la place en fait pour aller
26:07travailler autre chose que les GAFAM aux États-Unis, même dans des valorisations qui sont un peu
26:12plus attractives.
26:13Bon, sur cette domination, cet exceptionnalisme américain, alors il y a la question marché,
26:18domination des actions US, est-ce qu'on est reparti pour un tour en 2025 selon vous, Stéphane ?
26:24Et puis au-delà de ça, l'exceptionnalisme américain dopé par Trump, qu'est-ce que
26:31ça donne et quel type de calendrier ou de séquence il faut avoir en tête ? Il a déjà
26:36mis un peu de couleur avec des nominations, avec des premières annonces, etc.
26:41Alors sur les marchés américains, il y a les deux débats, il y a est-ce que les profits
26:46vont monter et qu'est-ce qu'on met comme valorisation.
26:49Alors on va commencer par le commencement, sur les profits, moi quand je regarde le
26:56consensus, on a une croissance qui se tassouille, qui mollassonne, je pense qu'il y a des
27:01potentiels de surprises à la hausse assez marqués, au même titre qu'il y a un an
27:06quand tout le monde nous expliquait qu'on allait partir en récession.
27:09Pourquoi ? Je vais juste vous donner un exemple, si vous regardez l'enquête sur les petites
27:14entreprises, ça s'appelle l'ANFIB, en niveau d'incertitude, j'ai été obligé
27:19de changer l'échelle de l'enquête, non mais je ne rigole pas, on a un demi-siècle
27:24de données, le truc il est parti, il fallait se mettre en logarithmique, oui, pourquoi
27:29? Parce qu'ils avaient peur des élections, etc.
27:32Ça, ça va s'effondrer, donc évidemment vous êtes dans une condition beaucoup plus
27:37favorable pour faire de l'investissement, d'autant plus qu'il y a huit ans, quand
27:42Donald a été élu, le moral des petites entreprises, lui, il a explosé complètement.
27:47Donc si on passe d'une situation où on est mort de peur à cause de ces élections,
27:52à une situation où c'est l'euphorie parce qu'América is back again ou Y again ou je
27:57ne sais pas quoi.
27:58Donc on était mort de peur mais on avait quand même une croissance de 2,5% récemment
28:02et là vous dites on va avoir un choc de confiance et donc il n'y a plus que 2,5% qu'on va
28:06avoir.
28:07L'investissement, si vous enlevez les investissements sur l'IA, était en fait très décevant
28:12par rapport à la croissance.
28:13Donc sans investissement hors IA et sans confiance, on avait déjà 2,5% de croissance quoi.
28:16Et donc on a un potentiel de rattrapage de l'investissement qui est assez fort et d'ailleurs
28:22c'est un peu la thèse de Hassett qui est le…
28:25Kevin Hassett donc, qui vient d'être nommé lui, c'est ça ?
28:27Au CEA, qui est le Council of Economic Advisers.
28:29Qui conseille la Maison Blanche sur les enjeux économiques.
28:32Je pense qu'il y a un potentiel, d'autant plus que l'équipe Trump est beaucoup mieux
28:36préparée.
28:37Il y a huit ans c'était un petit peu artisanal, pour le dire gentiment.
28:39Ils étaient un peu surpris.
28:40Oui.
28:42Surpris, ils ne s'étaient pas tout à fait préparés à ça.
28:44Là, ils ont une équipe qui appelle les entreprises individuelles en leur demandant qu'est-ce
28:50qui vous embête dans la réglementation, qu'est-ce qu'il faut annuler.
28:52Et ils ont les décrets prêts, ils sont prêts à les signer.
28:55Donc je ne serais pas étonné qu'on ait tout d'un coup un appel d'air vers le haut important.
28:59Donc sur les E, les earnings, les profits…
29:03Surprise positive.
29:04Le potentiel de surprise positive, il est quand même là.
29:08Après, sur les valorisations, si vous regardez, on a quasiment un siècle de données en PER,
29:14c'est 15 de la moyenne.
29:15On est à 24.
29:16C'est affreux.
29:17Oui, c'est affreux, sauf que ça fait un quart de siècle qu'on n'est pas passé
29:21en dessous de 15, ou de manière très, très sporadique.
29:23C'est-à-dire que cette histoire de retour à la moyenne, ça dépend sur quelle période
29:28vous calculez la moyenne.
29:29Si on calcule depuis le début du siècle, oui, c'est cher, mais ce n'est pas aberrant,
29:35surtout si on a de la croissance.
29:36Et surtout, il y a un détail, c'est que…
29:39Alors ça, c'est ma théorie à moi.
29:40On prend la mauvaise, le mauvais ratio de valorisation.
29:49C'est un peu technique, mais on regarde les profits des entreprises, sauf qu'on a
29:53de plus en plus d'entreprises qui n'ont pas besoin de faire d'investissement parce
29:56qu'on est passé sur des services, parce qu'ils ont délocalisé, etc.
29:59Donc la conversion, on cache, parce que moi, c'est ça qui m'intéresse.
30:04Je suis un actionnaire, je veux savoir combien de cash on me rend à la fin de la journée.
30:07C'est tout ce qui m'intéresse.
30:08Vous avez vu ce petit bout de la longueur ?
30:10La conversion en cash a complètement explosé.
30:12Donc si vous regardez combien vous payez pour ce qu'on appelle le free cash flow,
30:18c'est-à-dire les flux de trésorerie, qui est vraiment le cash à la fin de la journée…
30:21Le rendement du free cash flow, c'est ça ?
30:23Voilà.
30:24Que l'entreprise peut rendre à l'actionnaire, finalement, vous n'êtes pas si cher que ça.
30:27Donc oui, en profit, on paye beaucoup.
30:30Mais si vous avez une part des profits beaucoup plus importante que vous pouvez rendre à l'actionnaire,
30:35ça ne me dérange pas de payer un petit peu plus cher.
30:38Donc sur les valeurs, je pense qu'il faut être un petit peu prudent.
30:42Après, on avait plein d'excuses en 2000, avant la bulle des dot-com,
30:45pour expliquer que non, non, les valorisations ont été…
30:48Donc je fais attention à mes arguments, mais je pense…
30:52Donc une vue positive, en tout cas, sur le démarrage de 2025 du nouveau mandat Trump.
30:58Positive, marché, investissement, etc.
31:01Je pense qu'on n'est pas à l'abri de très bonnes surprises sur la croissance.
31:04Et je suis dubitatif sur l'argument que les valorisations sont aberrantes, sont beaucoup trop hautes, etc.
31:10Je pense que c'est plus compliqué que ça.
31:12De toute façon, si les valorisations nous donnaient un timing en Europe,
31:16ça fait longtemps qu'on aurait rebondi.
31:19Qu'est-ce que…
31:21Bon, Trump, c'est bon ou pas ?
31:22C'est bon pour les US, c'est bon pour l'Europe, c'est bon pour tout le monde, ou il y a quand même aussi des…
31:27Parce que le marché voit beaucoup les aspects positifs de Trump, et il y en a sans doute.
31:30L'animal spirit.
31:31Est-ce qu'il faut à un moment considérer qu'il y aura peut-être des aspects moins positifs,
31:35voire peut-être durement négatifs ?
31:37J'en sais rien.
31:38Tout dépend où on se place, qu'on soit en Europe, en Chine ou aux Etats-Unis.
31:41À court terme, on peut même avoir de bonnes surprises qui seraient liées.
31:44Finalement, toute cette discussion autour des droits d'ouine, etc.,
31:48pourrait même organiser une espèce de boom de l'activité.
31:52On frontonnerait, en fait, en anticipant.
31:55Il y a toujours des phases de front running.
32:00Donc il est possible qu'il y ait une anticipation d'achat
32:03qui fasse qu'on est vraiment sur la fin de l'année d'accélération.
32:06Le principal risque, entre guillemets, il est de deux niveaux.
32:11Il y a un niveau et un niveau moins.
32:13Niveau 1.
32:14Aujourd'hui, les investisseurs regardent Trump comme un dealmaker.
32:19Il est là, il fait des deals.
32:21Et d'ailleurs, la discussion avec le Mexique est complètement dans cet esprit.
32:24C'est-à-dire que j'ai eu une discussion avec la présidente mexicaine,
32:28elle m'a entendu, ta-ta-ta...
32:30Elle a arrêté l'immigration.
32:32Elle a arrêté.
32:34En 24 heures.
32:35Voilà, en 24 heures.
32:36Et donc, toute cette histoire de 25% de droits d'ouine, on va en reparler.
32:39OK, ça, c'est le dealmaker.
32:40Super.
32:41Qu'est-ce qui se passe s'il y va pour de vrai ?
32:45Potentiellement, un choc inflationniste aux Etats-Unis.
32:48Donc ça, les marchés n'aimeraient pas
32:51parce que tensions obligataires, etc., américaines.
32:54Avec des potentiels effets de contagion.
32:57Un risque quand même d'un Trump qui irait au bout de ce qu'il a raconté.
33:03Ça serait assez désagréable.
33:05Avec deux grosses étapes en Chine.
33:0720% d'un coup, puis après encore 20%.
33:09Ça serait in fine, très violent.
33:11Violent pour la croissance mondiale.
33:13Violent pour les anticipations d'inflation aux Etats-Unis.
33:15Ça, c'est numéro 1.
33:17C'est le risque numéro 1.
33:18Le risque numéro 2, c'est un risque plus classique.
33:21Un risque de surchauffe.
33:23On a simplement, vous en parliez très bien,
33:26on a simplement la perspective d'un Trump qui réveille l'animal spirit,
33:31qui relance la croissance des entreprises en dehors des GAFAM.
33:35Parce qu'effectivement, il y a eu beaucoup de croissance des résultats des entreprises.
33:38Mais c'était très concentré.
33:40Et là, ce qu'on espère, c'est une diffusion.
33:42Et puis, une diffusion qui finalement irait trop vite.
33:44Tout ça réaccélère.
33:46Les chiffres de création d'emplois, aujourd'hui, étaient bons.
33:49C'est-à-dire aux alentours de 150.
33:51C'est très confortable.
33:52Mais derrière, les salaires médians, ils augmentaient encore d'à peu près 5%.
33:56Donc, on n'est pas non plus dans une économie américaine qui a tant ralenti que ça.
34:01Et donc, un animal spirit qui se réveillerait un petit peu trop
34:04peut nous ramener, effectivement, vers des mouvements de tension,
34:07avec des obligations qui pourraient corriger un peu.
34:10Et qui serait, quelque part, l'opportunité de prise de bénéfice sur le marché américain.
34:14Comment Trump réagirait face à ça ?
34:16Ça va le frustrer.
34:17Ça va l'énerver.
34:19Bien entendu, il n'aimerait pas ça.
34:22Il ne se sentirait pas salué à sa justement.
34:24Ben oui.
34:26C'est la limite, entre guillemets,
34:28ça serait la limite de ce qui a vraiment un impact sur l'investissement.
34:32Mais donc, il y a effectivement ces deux risques qui paraissent, aujourd'hui, les plus évidents.
34:38Comment vous regardez la séquence ?
34:40Encore une fois, il y a quelques clés quand même dans les Trumponomics,
34:43dans cette doctrine.
34:44C'est vrai que, tarifs pour le Day One,
34:47ça semble être, déjà, la façon de fonctionner de Trump.
34:53D'attaquer le Mexique, il en avait beaucoup parlé,
34:56parce qu'il y a l'automobile derrière.
34:58De mettre 25% ou d'annoncer 25% sur le Canada,
35:01ça, j'ai vérifié, mais je crois que ce n'était pas dans les cartes.
35:03Ce n'était pas écrit nulle part dans le programme.
35:05En tout cas, ça n'a jamais été verbalisé, ni vocalisé.
35:07Bon, qu'est-ce que ça nous dit ?
35:09Sur la Chine, Sophie disait, peut-être par palier, 20, 20, etc.
35:12Je crois que le premier mandat, il met 20 ou 25 sur la Chine, max.
35:1520 !
35:17Déjà, là, on parle de plus.
35:19Sauf qu'il commence avec 10.
35:21Si on essaye de comprendre la logique de Trump,
35:24et d'imaginer une séquence,
35:26et des risques potentiels ?
35:28Les risques seraient évidemment élevés.
35:30Quand on entend les niveaux de tarifs qui sont évoqués,
35:32les 60% vis-à-vis de la Chine, c'est du jamais vu.
35:35Les 10% sur toutes les importations,
35:38c'est quelque chose qui leur placerait
35:40au post-Seconde Guerre mondiale,
35:42dans des niveaux historiquement élevés.
35:45Donc, on aurait un choc inflationniste,
35:47un choc sur le commerce,
35:49qui serait évidemment très significatif.
35:51Si important que ça ?
35:53Parce que l'euro, le yuan, ont déjà escompté une partie des tarifs.
35:55Ça peut être tout à fait corrigé par ce genre d'éléments.
35:58Alors, moi, je crois qu'il y a évidemment
36:00beaucoup d'effets d'annonce,
36:02et qu'on essaye aussi beaucoup de négocier.
36:04D'ailleurs, tout le monde va à marre à la goût.
36:06Justin Trudeau, ou en tout cas,
36:08Elizabeth Anderley, elle n'est pas encore allée.
36:10C'est parce qu'il y a eu la mise en place de la commission,
36:12mais elle a déjà en tout cas eu une pensée
36:14pour Donald Trump,
36:16en disant qu'évidemment, on pouvait encore importer du gaz
36:18davantage et au-dessus de ça.
36:20Pour un certain nombre de pays, et certainement l'Europe,
36:22on est relativement en meilleure position cette fois-ci pour négocier
36:24qu'on l'était en 2016.
36:26Deux grands dames de la France,
36:28l'Europe achète des F-35 américains,
36:30on achète, on est tous contents, on a le fait,
36:32depuis la guerre en Ukraine, du gaz qui nous vient de là-bas.
36:34Donc, c'est vrai qu'il y a pas mal d'éléments.
36:36On va construire la souveraineté européenne
36:38en achetant du gaz américain et de la défense américaine.
36:40Et malheureusement, l'Europe
36:42vient d'ouvrir la porte
36:44à acheter davantage, utiliser les fonds européens
36:46pour acheter davantage d'armes américaines.
36:48Ça a été décidé cette semaine.
36:50Ils ont dit qu'on réservera une part
36:52de ces fonds pour se fournir auprès des Américains.
36:54La France aurait aimé que non,
36:56mais visiblement...
36:58On investit 2% en défense
37:00de notre PIB, donc on est déjà au niveau
37:02requis par l'OTAN.
37:04Donc, potentiellement, moins de sujets de friction.
37:06Mexique, je veux bien.
37:08Il y a certainement des points qui sont objectifs.
37:10On voit tous, évidemment, la catastrophe sanitaire aux Etats-Unis
37:12avec le fentanyl et les opiacés,
37:14la baisse de l'espérance de vie, et ainsi de suite.
37:16Il est de notoriété publique que les produits
37:18viennent de Chine, passent par le Mexique, arrivent aux Etats-Unis
37:20et qu'il y a sans doute quelque chose à faire. Joe Biden...
37:22Donc, la menace de droite douane va servir
37:24à résoudre des problèmes qui sont en dehors
37:26complètement du champ commercial.
37:28Mais derrière, il y a évidemment cette logique d'essayer de...
37:30Enfin, voilà, faites quelque chose pour ça
37:32sur les droits de douane. Au-delà des droits de douane
37:34et sur l'aspect industriel
37:36de l'équation,
37:38c'est vrai que sur le Mexique, Trump devra choisir.
37:40Soit je réindustrialise les Etats-Unis,
37:42mais je n'ai pas de travailleurs pour le faire,
37:44donc je dois laisser passer les travailleurs migrants pour le faire.
37:46Soit je laisse une partie de mon industrie
37:48à l'étranger, plus en Chine,
37:50mais du coup plus près de chez moi au Mexique.
37:52Enfin, vous voyez...
37:54Bon, quelque part, on a, début de semaine passée,
37:56beaucoup salué l'arrivée, notamment,
37:58de ce nouveau secrétaire au Trésor,
38:00un sujet comme pragmatique plus modéré en la matière,
38:02donc on verra un petit peu comment le cheminement
38:04se fait par cet intermédiaire-là.
38:06Attendons de voir, j'ai envie de dire.
38:08On est condamnés à ça.
38:10On a vu, durant son premier mandat, qu'il avait été
38:12finalement, à certains égards, plus pragmatique qu'anticipé.
38:14Et voilà.
38:16On est, en tout cas, en Europe.
38:18On a beaucoup, finalement, été un peu sceptiques sur l'Europe
38:20aujourd'hui, ou interpellés par la situation.
38:22On est dans une moins mauvaise position
38:24pour faire face à l'Amérique de Donald Trump
38:26que nous ne l'étions précédemment.
38:28Qu'est-ce que ça va impliquer, là, rapidement ?
38:30Il nous reste moins de deux minutes.
38:32Baisse de taux en décembre. En tout cas, les chiffres du jour
38:34semblent l'indiquer, mais ce sont les chiffres de vendredi
38:36qui le diront, évidemment.
38:38On est sur trois baisses de taux entre aujourd'hui
38:40et fin de l'an prochain. C'est allé sensiblement moins
38:42que ce qui était estimement escompté.
38:44On peut s'arrêter ?
38:46A priori, encore une fois, ce sera d'indépendance.
38:48Je pense qu'aujourd'hui, quiconque sur ce plateau
38:50ne saura pas s'exprimer sur une conviction forte
38:52sur ce niveau. La fête, d'ailleurs, ne s'exprime pas.
38:54C'est la fin de la Forward Guidance.
38:56En tout cas, vu d'Europe, il y a cette divergence
38:58de politique monétaire qui est là pour perdurer.
39:00C'est une évidence.
39:02Je vois aisément les taux à deux en Europe.
39:04D'ici la fin de l'année, aux États-Unis,
39:06on sera bien au-delà, bien évidemment.
39:08Pour l'instant, le marché anticipe un taux terminal
39:10US 3,75. C'est ça, à peu près ?
39:12Le 10 ans est à 4,20.
39:14Le 10 ans est à 4,20,
39:164,25, 4,30.
39:18Ça y est, on a fait le...
39:20C'est fait, quoi.
39:22Juste sur la réunion de la fête, il y a un petit détail.
39:24C'est les prévisions.
39:26Elles sont beaucoup trop basses
39:28sur celles de septembre.
39:30Il va falloir bouger les dots.
39:32Je pense que le marché ne va pas très bien prendre l'histoire.
39:34Après, je suis un peu vieux jeu.
39:36Si vous me donnez des fêtes fund à 4,
39:38je veux de la ponte sur la courbe.
39:40Il y aura des taux de 10 ans un peu plus haut.
39:424,20, ce n'est pas assez payé.
39:444,20, c'est trop cher.
39:46Qu'on aille à 4,50,
39:48on va un peu plus haut.
39:50Avec un taux de terminal à 3,75, 4,20, c'est le plus bas
39:52sur 70 de termes prévus à peu près.
39:54Donc, allez voir.
39:56Du côté de 5,
39:58ce n'est pas une utopie.
40:00On a déjà vu 5.
40:02On va suivre.
40:04C'est la séquence Banque Centrale qui va repartir la semaine prochaine
40:06avec la Banque Centrale Européenne,
40:08notamment attendue le 12 décembre.
40:10Merci beaucoup à vous trois.
40:12Vincent Juvins, JP Morgan, Asset Management,
40:14Sophie Chevelier, Dorval AM et Stéphane Déo.
40:16Et Léva Capital,
40:18qui étaient les invités de Planète Marché ce soir.

Recommandations