• il y a 10 mois

Jean-Christophe Repon, président de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment, répond aux questions d'Alexandre Le Mer. Ensemble, ils s'intéressent à la colère des artisans du Bâtiment qui réclament la même chose que les agriculteurs, la fin de la hausse de la taxe sur le GNR.
Retrouvez "L'invité éco" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-eco

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Transcription
00:00 La colère des agriculteurs pourrait-elle s'étendre au secteur du bâtiment ? Les agriculteurs qui ont obtenu la suppression de la hausse de la taxe sur le gazole non routier,
00:08 le GNR qui fait rouler les tracteurs mais qui remplit aussi les réservoirs des engins de travaux publics.
00:15 Le bâtiment entend donc bien bénéficier de la même mesure.
00:19 Votre invité ce matin sur Europe 1, Alexandre Lemaire, c'est Jean-Christophe Repond, président de la CAPEB, la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment.
00:26 Bonjour Jean-Christophe Repond. Vous représentez, je le rappelle, plus de 600 000 entreprises artisanales du bâtiment.
00:33 Votre message ce matin, il est simple. Et nous alors ?
00:37 Et nous alors parce que depuis le mois de décembre, nous revendiquons des problématiques d'activité et donc nous anticipons ce manque d'activité à venir en 2024
00:45 et nous demandons à la première ministre de l'époque et au premier ministre actuel de dénouer les nœuds de l'activité grâce à ma prime rénov' à la rénovation énergétique
00:54 et nous avons fait une lettre ouverte avec plus de 30 industriels et distributeurs pour l'interpeller sur la nécessité d'intervenir et de simplifier définitivement ma prime rénov'
01:03 et permettre à ces 600 000 entreprises d'accéder au marché.
01:07 Et parallèlement, nous avons vu comme tout le monde le mouvement des agriculteurs et la décision unilatérale, je dirais, de Gabriel Attal de dire
01:15 le GNR, l'accord tripartite entre le bâtiment, les agriculteurs et Bercy, il tombe pour les agriculteurs et pour les autres, on verra bien.
01:22 - Unilatéral sous pression, sous pression de la rue.
01:24 - Bien évidemment, sous pression, bien évidemment.
01:26 Donc nous artisans, qui pour beaucoup d'entre nous n'utilisons pas le GNR, c'est que le gros œuvre et le travail de pelleteuses et de tractos,
01:34 nous demandons, et comment ça se fait que vous nous méprisez, nous, alors que ça fait plus d'un mois qu'on vous sollicite fortement
01:40 et vous attendez que les gens qui vont dans la rue et qui mettent du fumier sur les préfectures.
01:45 Donc nous, quid des TPE dans le bâtiment ?
01:48 Bruno Le Maire nous a reçu de suite en nous disant "nous ferons une compensation pour les TPE du bâtiment qui utilisent le GNR".
01:55 Donc, on a entendu, mais on a encore à construire cet argumentaire de compensation.
02:00 - On sent votre agacement, en attendant votre ressentiment ce matin, Jean-Christophe Repon, c'est un peu deux poids, deux mesures là.
02:05 Vous regardez ce qui se passe pour les agriculteurs, vous vous attendez.
02:08 - Nous on attend, et hier soir, au vœu de Christophe Béchut, il a été dit que nous voyons le 15 pour trouver des solutions
02:15 sur la simplification de la prime rénov' et permettre à tous ces artisans d'accéder à ce marché.
02:19 Cette année, l'argent public qui a été mis pour rénover la France n'a pas été totalement consommé.
02:24 L'année prochaine, on met un milliard six de plus, et il y a de moins en moins d'entreprises qui sont qualifiées pour pouvoir faire le chantier.
02:29 Donc on dit "ouvrez le marché, permettez à toutes les entreprises compétentes sur l'ensemble du territoire d'y aller".
02:34 Donc bien évidemment qu'on veut, par le GNR, pousser le gouvernement à prendre des décisions pour la TPE,
02:41 pour la classe moyenne qu'ont représentent les entrepreneurs du bâtiment, qui sont le maillon fort de la France, et la solution.
02:47 - Vous dites "pousser le gouvernement", Jean-Christophe Repond, sur la méthode, vous dites quelque chose de très intéressant.
02:52 Je reprends la déclaration de votre confédération, la CAPEB,
02:55 "les entreprises du bâtiment ne peuvent pas entendre que les entreprises agricoles soient privilégiées
03:01 sous prétexte qu'elles aient engagé un rapport de force contestataire".
03:05 - C'est notre façon de travailler, nous avons toujours eu un syndicalisme de négociation,
03:09 et donc nous interpellons les ministres, nous trouvons des solutions, et nous essayons de trouver une sortie pour l'intérêt général.
03:15 Là, visiblement, entre la pollution, le GNR, et la sortie qui a été faite d'aide définitive pour l'agriculteur,
03:22 c'est pas la bonne voie, me semble-t-il. Donc nous, nous ne sommes pas à remettre en cause les accords,
03:26 nous sommes à trouver des solutions, et nous promettons derrière une activité aux artisans.
03:29 Nous ne voulons pas vivre de subventions et d'une PAC européenne, nous voulons une indépendance et une autonomie.
03:35 C'est ce que nous demandons au gouvernement.
03:36 - Ça veut dire qu'on ne vous verra pas, par exemple, là, dans les jours qui viennent, rejoindre les barrages,
03:41 garer vos camions à côté des tracteurs, ça c'est quelque chose qu'on ne verra pas ?
03:44 - À ce jour, je ne donne pas de consignes de manifestation, mais nous avons des départements
03:47 qui ont déjà commencé le mouvement pour être dans la rue avec des agriculteurs.
03:51 Nous avons une quinzaine de départements en France, des artisans du bâtiment, on dit "il y en a assez, on y va".
03:57 Donc moi je dis au gouvernant, "entendez la classe moyenne des entrepreneurs, écoutez-nous définitivement,
04:03 nous voulons de l'activité, nous ne voulons pas plus de dettes pour la France.
04:07 Donc essayez de trouver des solutions ensemble et construisons l'avenir pour la TPE.
04:11 - Au-delà du GNR, vous parliez de la simplification, de la nécessité de simplifier,
04:15 ça fait partie du mot d'ordre et des promesses qui ont été formulées
04:19 mardi par Gabriel Attal dans sa déclaration de politique générale.
04:22 Vous attendez des actes maintenant, j'imagine ?
04:24 - Nous attendons des actes, la simplification ça fait des années qu'on nous l'a promis,
04:27 et vous savez quand on parle de simplification, pour une entreprise ça a du sens,
04:30 mais pour une entreprise de petite taille que je représente, nous c'est trois salariés en moyenne,
04:33 avec 40% d'artisans seuls.
04:35 - Donc vous n'avez pas le luxe de consacrer un plein temps à la paperasse ?
04:39 - Nous ce n'est pas possible, et il y a vraiment un irritant par rapport à ça.
04:43 Nos artisans nous disent "c'est plus possible, on ne peut plus travailler,
04:45 nous voulons vivre de nos compétences, avoir de l'activité".
04:49 Et donc le levier le plus rapide pour 2024,
04:51 on sait très bien que le 9 va mettre quelques temps à se relever, à redresser,
04:55 nous avons la rénovation et la rénovation énergétique.
04:57 Ce sont deux segments importants qui peuvent sauver l'emploi et l'artisanat en France.
05:00 - Le 9, 30 000 logements promis dans les trois ans,
05:03 Gabriel Attal promet ainsi un choc d'offres,
05:06 est-ce que ça vous parle ce choc d'offres ?
05:09 30 000 logements, ça va suffire ?
05:11 - Ça nous parle parce qu'on sait très bien que le statu quo ne peut être entendu non plus,
05:15 on ne peut pas continuer la loi de zéro artification de nette des sols,
05:19 elle est logique aussi pour sauver la planète,
05:21 le fait est qu'on est aussi obligé de rénover plus que de construire me semble-t-il.
05:25 On a un projet de rénovation qui est monumental,
05:28 on a un défi entre la performance énergétique et la rénovation du bâti existant
05:32 qui est monumental, c'est la création de 300 000 emplois.
05:35 Par contre, il faut permettre aux TPE qui sont,
05:37 je le rappelle encore une fois au gouvernement,
05:39 la majorité des entreprises en France,
05:41 97% des entreprises du bâtiment ont moins de 10 salariés.
05:46 Et si on ne comprend pas que la politique doit être construite pour eux,
05:49 leur permettre d'accéder au marché,
05:50 de libérer ces derniers et de simplifier la partie administrative,
05:54 on n'aura pas les résultats à se compter
05:55 et donc nous voulons faire partie du défi de la transition énergétique,
05:58 de la performance et créer de l'emploi et de l'activité.
06:01 Il faut qu'on soit vraiment cette fois entendus.
06:03 Merci Jean-Christophe Repon,
06:04 on vous a entendu ce matin sur Europe 1,
06:06 président de la CAPEB, Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment.

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