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Loïc Cantin, président de la Fédération Nationale de l'Immobilier, répond aux questions d'Alexandre Le Mer. Ensemble, ils font le point sur le dernier rapport de la FNAIM.

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Transcription
00:00 - Europe 1, il est 6h41, les derniers chiffres, les dernières tendances du logement en Europe et plus particulièrement en France.
00:06 On vous dévoile en exclusivité ce matin sur Europe 1, la dernière étude de l'AFNIM, Fédération Nationale de l'Immobilier.
00:12 Vous en parlez avec votre invité Alexandre Loïc-Quentin, le président de l'AFNIM.
00:16 - Bonjour Loïc-Quentin. - Bonjour Alexandre.
00:17 - Alors merci d'abord de réserver la primeur de vos chiffres aux auditrices et aux auditeurs d'Europe 1.
00:22 Étude sur le logement en France et en Europe.
00:24 Premier enseignement, après avoir longtemps augmenté, le taux de propriétaires est en baisse en France.
00:29 On parle de propriétaires occupant leur logement, 57,4% de propriétaires.
00:34 Pourquoi cette proportion en France diminue ?
00:36 - Alors c'est un chiffre que nous constatons en recul depuis quelques années.
00:38 Alors pourquoi il diminue ? Parce qu'il illustre parfaitement les difficultés de plus en plus grandes,
00:43 notamment de jeunes, de pouvoir accéder à la propriété.
00:45 Alors dans ces 57,4, sont répartis entre 40% qui sont déjà propriétaires de leur logement, qui n'ont plus recours au crédit,
00:52 et les 17%, ceux qui ont recours au crédit, c'est-à-dire des jeunes.
00:56 Mais il faut rappeler que ces chiffres, c'est 17% et ils étaient 24% en 1982.
01:01 Ça démontre parfaitement, et ça illustre, le recul des dispositifs d'accompagnement des jeunes avec l'accès à la propriété,
01:08 qui conduit à ce que le marché du logement soit un marché d'exception et qui conduit à cette exclusion.
01:12 - Vous parlez des jeunes, jeunes travailleurs, jeunes urbains, il y a cette particularité encore plus marquée,
01:17 dans les 10 plus grandes villes de France, on est nettement sous cette moyenne,
01:20 si on parle du taux de propriétaires. Paris, Strasbourg...
01:22 - Ah bah oui, parce que si vous prenez les grandes villes, aujourd'hui, quand on a 57,4% de propriétaires en France,
01:32 ils ne sont plus que 27% dans certaines villes, parce qu'il y a 37% de locataires.
01:39 Donc on est plus facilement locataire dans les grottes-villes, et finalement on devient propriétaire à l'extérieur des grandes villes.
01:45 - Il y a ce sujet de conversation, en tout cas de préoccupation récent, chez les propriétaires,
01:49 c'est le fameux DPE, Diagnostic de Performance Énergétique,
01:53 auquel s'ajoute un audit énergétique qui sera obligatoire, payant à partir du 1er avril ?
01:58 - 1er avril, oui, pour tous les logements qui sont vendus en monopropriétés, j'insiste, en monopropriétés,
02:02 car dans la copropriété, vous avez l'obligation d'annexer à la fois le DPE, mais aussi l'audit énergétique,
02:08 qui vous donne finalement le classement et les moyens d'y rémédier, d'améliorer le classement.
02:13 C'est-à-dire qu'on va vous faire des préconisations et un chiffrage des travaux nécessaires pour atteindre une classe énergétique,
02:18 rappelant que les objectifs, c'est d'avoir une France décarbonée sur les logements en 2005.
02:22 - Donc là, l'idée, c'est qu'on est obligé de se voir proposer en quelque sorte des scénarios de travaux pour mieux isoler son logement.
02:28 - Voilà.
02:29 - Est-ce que tout cela, c'est un frein supplémentaire pour devenir, ou en tout cas pour rester propriétaire ?
02:34 - Alors, pour rester propriétaire, non, mais c'est quelque chose, aujourd'hui, il y a un impact direct sur le marché locatif.
02:39 Il est vrai que ces travaux vont devenir une charge augmentative ou diminutive du prix,
02:43 mais ça va finalement faire le jeu de la négociation.
02:46 Aujourd'hui, il va falloir des vrais professionnels pour accompagner les Français,
02:49 pour comprendre, effectivement, dans cet environnement, qu'acquérir n'est pas simple.
02:52 - Dont vous êtes, alors, mais je veux dire, par là, est-ce qu'on risque de se retrouver, dans les mois qui viennent,
02:56 dans les années qui viennent, avec un influx de "passoirs thermiques" sur le marché ?
03:00 - Pas forcément, parce que les passoirs thermiques, aujourd'hui, sont identifiés par les F et les G,
03:04 qui sont en location et l'interdiction de location, au titre de l'indécence de ces logements,
03:09 parce que, bon, en raison de ce mauvais classement.
03:13 Mais c'est quelque chose qui va se faire, qui va s'infuser doucement,
03:16 en fonction des dates de libération des logements ou des congés qui seront donnés par les propriétaires,
03:20 mais qui va se traduire par un retrait d'une offre locative sur le marché.
03:24 - Regardons les prix de l'immobilier, à travers votre étude Loïc Quentin,
03:28 tout augmente, les maisons comme les appartements ?
03:30 - Les maisons, beaucoup plus vite que les appartements, parce qu'il y a un afflux,
03:33 il y a une demande très forte, vous savez, 80% des Français, sur un dernier sondage,
03:37 affichaient leur intérêt pour l'accession à la maison individuelle.
03:41 Et voilà, c'est, sans nul, la parfaite illustration, plus forte tension sur les prix des maisons.
03:46 - Un phénomène marquant tout de même, vous observez des baisses de prix dans certaines villes, hein ?
03:49 - Oui, d'abord Paris. Paris en 2022, 1,5% de baisse, ce qu'on n'avait pas vu.
03:54 Et aujourd'hui, sur l'ensemble de la France, pour la première fois en février,
03:58 les prix n'augmentent plus. 0% d'augmentation en février.
04:02 Mais moi, je corrige ces prix d'une inflation, qui s'est établie aujourd'hui à 6,4%.
04:07 Normalement, quand vous avez une inflation à 6,4%, en quelque sorte, c'est une régression des prix.
04:11 Mais la régression des prix, elle commence seulement.
04:14 - Elle commence seulement ? - Elle commence seulement.
04:16 Nous avons eu un fléchissement de la demande des ventes de maisons et appartements en 2022,
04:21 on a descendu à 1,1 million de ventes, on prévoit en 2023 950 000 transactions,
04:27 on va continuer à baisser, ce n'est pas catastrophique.
04:30 Mais généralement, quand il y a une baisse de la demande et une baisse des transactions,
04:33 ça précède toujours une baisse des prix annoncées.
04:36 - Du point de vue des accords, il y a cet accès au crédit immobilier, qui est toujours compliqué,
04:40 hausse des taux d'intérêt, Loïc Quentin.
04:42 - Là, c'est quelque chose qui écarte un grand nombre d'accès dans la propriété.
04:47 On estime qu'à 3,5%, c'est 20% de capacité d'emprunt en moins par rapport à il y a deux ans et demi.
04:54 C'est-à-dire que là encore aussi, les ménages aux ressources les plus modestes vont être affectés,
04:59 puisqu'en France, nous n'avons pas de dispositif d'accompagnement de ménages aux ressources les plus modestes
05:04 pour leur permettre d'accéder à la propriété.
05:05 - La durée d'emprunt, c'est un autre enseignement de votre étude, elle augmente elle aussi,
05:08 elle a tendance en moyenne à augmenter.
05:10 - Vous savez, en économie, tout est élastique, le prix, la durée de l'emprunt,
05:14 et puis finalement, on s'adapte aux conditions du moment, en phase de prix les plus élevés,
05:18 il faut améliorer le pouvoir d'achat.
05:20 - On parle de crise du logement. Il y a en France 8% de logements vacants,
05:23 cette part de logements vides qui est en constante augmentation depuis 10 ans.
05:26 Comment vous l'expliquez ?
05:27 - Ça, c'est un constat qu'on a fait, bien évidemment, puisqu'on s'est rendu compte que la part des logements vacants
05:32 a augmenté de 1 million de logements, passant de 1,8 à 2,8 millions de logements en 15 ans.
05:37 C'est très important.
05:39 Je dirais à tous vos éditeurs, ce n'est pas là où on croit, ce n'est pas à Paris que les logements sont vacants.
05:42 Ils sont libres, notamment dans la diagonale du vide,
05:45 c'est-à-dire partant du nord-est au sud-ouest en passant par le Massif central,
05:48 là où les logements demandent une politique d'accompagnement du territoire,
05:51 une politique d'entretien, de rénovation, et là, c'est là que ce sont ces logements vacants.
05:56 C'est quand même un paradoxe, alors qu'on manque gruellement de logements en France,
05:59 on a des logements vides.
06:00 Ça oblige quand même à un sursaut et à un regard politique différent
06:03 que les politiques publiques ont suits aujourd'hui.
06:05 Ce qui représente en effet près de 3 millions de logements en France.
06:07 Merci Louis Quentin, président de l'AFNAIM, Fédération Nationale de l'Immobilier.
06:11 Vous nous dévoilez donc ce matin en exclusivité sur Europe 1
06:14 cette dernière étude que vous publiez sur le logement en France et en Europe.
06:17 Merci à vous.

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