Avec Marc Menant, journaliste, co-auteur avec Christine Kelly de “Ces grands destins qui ont fait l’histoire”.
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##LE_LIVRE_DU_MIDI-2023-12-27##
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NewsTranscription
00:00 - Et notre invité livre, un invité vraiment de marque, on peut même dire de grande marque,
00:04 Marc Menand, co-auteur avec Christine Kelly.
00:07 - Facile mais beau, c'est bien, ça crée de l'ambiance.
00:09 - Ça crée de l'ambiance.
00:10 Co-auteur avec Christine Kelly de cet excellent livre, "Ces destins qui ont fait l'histoire",
00:16 publié chez Plon.
00:17 C'est très bien écrit et il y a également plein d'illustrations.
00:21 Marc Menand, bonjour.
00:23 - Bonjour Philippe.
00:24 - Tout d'abord, quel était votre objectif principal en dressant le portrait de dix personnalités ?
00:29 - Alors au départ, c'est une émission qui est née sur CNews.
00:33 On racontait des personnages, des destins.
00:37 Bon, moi l'histoire, mais les sciences aussi.
00:40 Je pense que la curiosité doit être insatiable.
00:42 Et si on ne cherche pas à savoir, en ayant un oeil dans le rétroviseur, quels ont été
00:48 les destins de nos ancêtres, on est orphelin.
00:51 Alors je me suis passionné pour les uns et les autres depuis des années, des années,
00:55 je prenais des notes.
00:56 Et puis, parfois on ne choisit pas toujours les propositions qui vous sont faites dans
01:02 le métier, et j'ai eu plusieurs opportunités à diverses reprises de raconter des destins.
01:08 Et donc à CNews, Serge Nijjar m'a dit "on va faire une émission".
01:13 - C'est le patron de CNews.
01:14 - C'est le patron de CNews.
01:15 Et d'abord, on a raconté comme ça des personnages.
01:19 Et l'émission a été un succès.
01:23 Christine m'a dit "mais ça serait bien qu'on en fasse un livre, l'éditrice, Lisboel".
01:28 Moi j'étais réticent, parce que j'aime la littérature, j'aime les mots, il faut
01:33 savoir les caresser, il faut leur donner une authenticité.
01:37 Et même quand on essaie d'avoir de l'éloquence, on se dit qu'il y a eu une faille au moment
01:42 de l'expression, qu'on n'est pas dans la véritable résonance, et que sur le papier,
01:49 ça manquera d'amplitude, ça manquera de poésie, ça manquera de musique.
01:53 Et néanmoins, j'ai fini par me laisser persuader, Serge Nijjar a insisté aussi, et donc on
01:59 a choisi 10 destins, 10 destins qui ont un lien, à savoir, en l'occurrence je parle
02:06 beaucoup Philippe.
02:07 - Mais allez-y.
02:08 - À savoir des gens qui ont dû d'abord, et c'est le fondement même de toute existence,
02:18 découvrir la flamme qui était en eux, et la faire, en quelque sorte, prospérer.
02:25 Et ce sont des gens de solitude, des gens, comme le dit Beethoven, "j'ai pris mon destin
02:32 à la gorge", je dirais presque à la gueule.
02:34 Et ça c'est extraordinaire, c'est comment on se propulse, comment on vit, et que l'on
02:41 a l'ambition de pouvoir déployer toutes les qualités qui sont en nous.
02:47 - Le premier de ces 10 personnages, c'est Jeanne d'Arc, pour pourquoi avoir commencé
02:51 au XVe siècle ? Parce qu'il y a de grands personnages français avant, je sais pas,
02:55 Versingéthorix, Clovis...
02:57 - Alors d'abord, on pourrait dire Versingéthorix, français.
03:01 Clovis, c'est pas français, mais on s'en fout parce que...
03:04 - Oui, c'est un franc, le roi des francs qui va être la France après.
03:07 - Non mais en plus on a Colomb, on a Beethoven, etc.
03:10 Ce sont des grands destins de l'histoire.
03:12 Ceux qui, dans chacun des domaines, sont des points de référence.
03:17 Des gens...
03:18 Beethoven, il bouleverse la musique ! C'est-à-dire que Mozart, c'est le surdoué, Beethoven,
03:24 c'est le révolutionnaire.
03:25 Pourquoi Jeanne d'Arc ? Parce que c'est un mythe, Jeanne d'Arc.
03:30 Que sait-on véritablement d'elle ? Et quand on rencontre des jeunes, ou des personnes
03:37 plus âgées, c'est vrai que dans ce qui les fascine, il y a Jeanne d'Arc, il y a Napoléon,
03:45 et par conséquent, c'était indispensable de savoir quelle était cette bergère qui
03:51 n'est pas bergère.
03:52 Et d'essayer, parce que c'est ça qui était intéressant, on n'est pas dans le conte pour
04:00 le conte, c'est d'essayer d'insuffler à ces personnages par la joie de la plume.
04:06 Que l'on comprenne ce qui les anime.
04:09 Alors justement, parmi les dix, il y a six artistes, c'est quand même surprenant.
04:14 Moi je compte Antoine de Saint-Exupéry dans les artistes, puisque pour moi, le petit prince
04:19 c'est vraiment la quintessence de la littérature pour enfants.
04:21 Victor Hugo, qui a été homme politique, mais qui est aussi un immense poété-écrivain.
04:25 Beethoven, n'en parlons pas.
04:27 La Fontaine, la Reine Margot et Léonard de Vinci.
04:31 Il y a beaucoup d'artistes.
04:32 Aujourd'hui, est-ce qu'il y en a encore des artistes déterminants dans l'histoire de France ?
04:35 Des contemporains ? Oui.
04:38 Vivant, vivant, non.
04:40 Mais l'homme qui marque la littérature au XXe siècle, c'est évidemment, pour moi, Céline.
04:47 Jamais le verbe n'a autant été florissant.
04:51 Il ose toutes les invraisemblances, il ose toutes les ruptures, il prend le mot le plus
05:01 chatoyant, celui qui a la magie, la majesté, celui qui est présentable, celui qui est
05:08 de l'aristocratie du vocabulaire et hop ! Il le met en compagnonnage avec la rupture, le
05:14 dévoyé, le minable, l'ordure.
05:17 Et ça, ça donne une force au verbe invraisemblable.
05:22 On va revenir à Jeanne d'Arc.
05:23 Est-ce qu'on lit le chapitre sur Jeanne d'Arc ? Est-ce qu'elle n'est pas déjà le symbole
05:27 de la trahison des élites françaises, notamment de Mgr Cochon ?
05:30 Alors c'est même la trahison de Charles VII.
05:35 Aussi.
05:36 Parce que Cochon, à ma foi...
05:37 Mais Cochon, c'est au tribunal.
05:38 Oui, oui, mais Cochon en plus.
05:40 C'est ce que j'ai essayé, avec Christine, on a essayé de faire apparaître.
05:43 C'est que oui, forcément, il est le procureur, il est l'homme des Anglais, et pour autant,
05:51 il cherchera à lui offrir l'opportunité d'échapper au bûcher.
05:56 Comment ? Eh bien, elle porte des habits d'homme, c'est impossible !
06:00 Des habits d'homme ! Mais le Seigneur ne peut tolérer cela.
06:04 Et donc, il faut qu'elle revienne à une tenue féminine.
06:09 Il la convainc que grâce à cela, elle sauvera sa tête.
06:15 Et elle accepte.
06:17 Reste qu'elle pensait pouvoir retourner dans une prison où elle serait sous protection.
06:24 Et là, les soldats anglais qui la voient dans la grâce de sa féminité, forcément
06:30 se précipitent dans la jôle et cherchent à abuser d'elle.
06:34 Donc, elle redemande ses habits.
06:36 Et là, forcément, eh bien, elle est aposteur, en quelque sorte.
06:41 Et elle est condamnée au bûcher.
06:43 Mais Charles VII, elle fait tout pour le rencontrer.
06:49 Elle arrive à lui faire comprendre que le roi doit être sacré à Reims.
06:58 S'il n'y a pas cette cérémonie, Reims est pratiquement inatteignable.
07:03 Il y a les Anglais, il y a les Bourguignons, et lui n'a pas envie d'aller se faire sacrer
07:09 à Reims.
07:10 Et pour autant, elle insiste.
07:11 Le sacre aura lieu.
07:14 Et ensuite, eh bien, elle veut continuer à guerroyer contre les Anglais.
07:18 Et puis, c'est un politique.
07:19 Il estime que le plus dur a été fait et qu'il faut maintenant plutôt chercher à être
07:26 en pacification avec les Anglais.
07:28 Là, il y a la rupture.
07:29 Elle va devenir le personnage infréquentable.
07:33 Elle paye elle-même ses mercenaires.
07:35 Et c'est comme ça qu'elle se fait arrêter à Compiègne.
07:38 - On part au personnage suivant, Christophe Colomb.
07:41 Est-ce que c'est un des plus grands hommes, les plus importants de l'histoire de l'humanité?
07:46 - Oui.
07:47 - Je pense qu'il n'y a aucune contestation possible.
07:48 - Un destin fabuleux.
07:49 - Parce que c'est invraisemblable.
07:52 Alors là, une détermination pareille.
07:56 D'abord, ce projet qu'il germe.
08:00 Il n'est pas le premier à se douter que le mont d'Hérons a été démontré dès le deuxième
08:07 siècle avant Jésus-Christ, etc.
08:08 Mais ce qui est important, c'est qu'il pense qu'il est possible de traverser l'océan.
08:16 Il va lui falloir des années et des années de solitude pour essayer de convaincre d'abord
08:23 le roi du Portugal et puis après les rois catholiques.
08:27 Il est seul contre tous.
08:29 Et après, il faut former les équipages.
08:31 Vous imaginez, lui, il sait que la Terre est rondue.
08:34 Il ne pense pas tomber dans les abysses au bout de l'horizon.
08:38 Mais pour les gars des tavernes, ces gaillards que l'on prend dans les ports et de temps
08:43 en temps on est obligé de mettre la chopine supplémentaire pour que dans l'état d'ébriété
08:48 ils disent oui à tous les projets, ceux-là ne peuvent pas imaginer que l'on puisse arriver
08:55 de l'autre côté aux Indes ou en Chine.
08:59 Et il sera seul.
09:02 Il y a 240 hommes sur 3 bateaux.
09:06 - Oui, la Niña, la Pinta, la Santa Maria.
09:08 - Voilà, la Santa Maria en réalité, ça c'est la légende.
09:12 D'ailleurs, dans ses écrits, il ne dit jamais la Santa Maria.
09:18 Mais ce qui est extraordinaire, c'est que les frères Penzon qui sont sur les deux autres
09:24 bateaux, qui sont les armateurs, pour eux c'est une sorte d'humiliation de devoir obéir
09:32 à un personnage qui n'est pas espagnol.
09:34 Et pour autant, bon, ils doivent se soumettre.
09:38 Et ils vont tenter quelques dérobades, des mutineries.
09:42 Et à bord, les hommes qui sont là, qui commencent à connaître la détresse.
09:46 C'est-à-dire qu'on ne sait pas où on va, l'horizon est vide de toute vie, on commence
09:52 à avoir le vin qui pourrit, il n'y a plus rien à manger.
09:56 Et on est là dans des conditions invraisemblables.
09:58 Sur le pont, vous dormez sur le pont, vous êtes soumis aux caprices du temps, les vagues
10:05 qui sont là, qui s'engouffrent, le soleil qui ensuite vient vous tarauder.
10:09 Et il va réussir à les maintenir en les leurrant constamment.
10:14 Et il finira, bien qu'étant menacé d'être passé par Dieu sur le mur, carrément, et
10:21 bien il arrive à les tenir jusqu'au bout.
10:24 Et arriver, on ne sait pas que ce sont les Amériques bien évidemment, mais arriver de
10:29 l'autre côté de l'océan.
10:30 - Toute la passion de Marc Menand avec nous jusqu'à 13h, on a parlé de Jeanne d'Arc,
10:34 on a parlé de Christophe Colomb, on va continuer avec un immense génie, Léonard de Vinci.
10:39 Restez bien avec nous sur CELRADIO.
10:41 Et un immense bonheur de recevoir Marc Menand, co-auteur avec Christine Kelly, de cet excellent
10:47 livre "Si le Père Noël a mis des êtres-êtres sous le sapin, il est dans toutes les bonnes
10:51 librairies de France et de Navarre".
10:53 Ces destins qui ont fait l'histoire publiée chez Plon.
10:56 On a fait Jeanne d'Arc, on a fait Christophe Colomb, un autre génie, Léonard de Vinci.
11:02 Est-ce que c'est pas, quand on voit le livre, il a vu l'hélicoptère, il a vu plein de
11:06 choses, le plus grand génie de l'histoire ?
11:09 - C'est surtout presque l'incarnation de l'homme parfait.
11:14 Il est d'une beauté inouïe, il méduse son entourage, d'une curiosité insatiable, d'une
11:23 pétillance d'esprit sans limite.
11:26 Il est à la fois ingénieur, c'est-à-dire qu'il a tellement observé avec son grand-père
11:35 la nature, il a cherché à comprendre comment les insectes s'agitaient, qu'est-ce qui pouvait
11:42 les propulser dans les airs.
11:44 Ça déjà, en soi, c'est extraordinaire.
11:46 Il regarde les moulins.
11:47 Et il y a une sorte d'incubation qui se fait dans son esprit, et il pense qu'il pourra ainsi
11:59 créer des engins, des éléments qui feront avancer la science qui n'est pas encore la
12:08 science.
12:09 Et puis, il y a ce don incroyable pour la peinture, pour la sculpture.
12:14 Mais alors, il a la création vagabonde, la création buissonnière.
12:22 C'est-à-dire que c'est un garçon, il est tellement peut-être l'incarnation de cette
12:28 perfection que pour lui rendre hommage au créateur, c'est tenter d'atteindre l'absolu.
12:34 Donc, dans un tableau aussi petit que la Joconde, il mettra plus de 20 ans à réaliser la Voix
12:44 de l'Homme.
12:45 Il y va par petites touches.
12:46 Ce qui fait que ceux qui lui passent commandes sont constamment déçus parce qu'ils veulent
12:51 voir l'œuvre terminée.
12:53 Et lui, pof, il commence, il se dissipe, s'évanouit, revient, touche hot, etc.
13:02 Et par conséquent, il n'est pas pris au sérieux.
13:05 Les papes préfèrent Raphaël, lui préfèrent Michel-Ange.
13:12 Une question pour une réponse courte, il est plus italien ou français ?
13:15 Il est italien.
13:17 Ce sont que ces dernières années de sa vie qu'il passe en France, lorsque François
13:24 Ier le découvre.
13:25 Mais d'ailleurs, il y avait eu Louis XII déjà, qui l'avait rencontré.
13:29 C'est-à-dire que les rois français, quand ils sont au contact de ce personnage et surtout
13:35 des fruits qui sont les siens, toutes ses œuvres, aussitôt ils veulent se l'accaparer.
13:41 Le personnage suivant, c'est la reine Margot, un destin marqué par les guerres de religion
13:46 qui ensanglantent la France.
13:48 Oui, alors je dirais la fille maîtrisée, Catherine de Médicis, la néglige complètement.
13:55 Et puis elle a une passion pour ses frères, les frères qui se succèdent sur le trône.
14:03 Il y a François II, il y a Charles IX, il y aura ensuite Henri III.
14:09 Et à chaque fois, elle se retrouve, ses frères...
14:15 Vous savez, quand on parle de l'histoire de France, on a l'impression d'une continuité
14:21 joyeuse avec des familles qui se partagent le pouvoir et qui sont dans l'amour.
14:29 Mais pas du tout ! On est dans des guerres de camps, des guerres de gangs pratiquement.
14:34 Et même dans une famille, Keeb essaiera de prendre la place de celui qui le précède.
14:41 - Calife à la place du Calife, comme dirait Isnogood.
14:43 - Voilà, voilà, voilà.
14:45 Et elle sera, d'ailleurs avec son futur mari, Henri de Navarre, qui deviendra Henri IV,
14:52 elle sera dans les conspirations contre Charles IX, par exemple.
15:00 Et dans tout cela, il y a les moments de grands amours avec ses frères, une complicité inouïe.
15:07 C'est une femme qui a la chance, là encore, d'avoir une intelligence exceptionnelle,
15:13 d'être ouverte à la langue.
15:15 C'est l'un des premiers écrivains.
15:18 On oublie ça, mais ses mémoires sont à lire encore aujourd'hui.
15:21 - C'est pour ça qu'on peut la compter parmi les artistes de vos livres,
15:24 et qu'elle a été mécène de nombreux artistes.
15:27 - Complètement ! Après, elle va créer sa cour, puisqu'elle sera en dissidence,
15:33 mais elle enchante tous les créateurs.
15:36 - Vous êtes un amoureux de la langue, ça s'entend,
15:39 et le personnage suivant, c'est Jean de La Fontaine.
15:42 Est-ce que Jean de La Fontaine, c'est pas quelque part, on fait tous partie,
15:46 nous ici dans ce studio, de la génération qui a appris les fables de La Fontaine,
15:49 la quintessence de l'esprit français ?
15:54 - D'abord, moi, ce qui me plaît chez lui,
15:57 c'est cette capacité à l'indépendance totale.
16:03 Une soif de liberté inimaginable.
16:08 C'est-à-dire que s'il y a un personnage qui refuse tous les codes,
16:12 qui veut vivre en son amplitude, c'est La Fontaine.
16:17 C'est la fidélité la plus invraisemblable.
16:21 Quand il a un ami, il l'accompagne jusqu'au bout.
16:24 C'est le cas, entre autres, avec Molière.
16:28 Et pour autant, c'est aussi le compagnon des muses.
16:32 Ce qui fait que quand il participe à une soirée, il est là,
16:35 c'est pas le plus remarquable sur la tenue, il est un négligé inouï.
16:41 Et puis bon, il va se laisser aller à quelques mots, et puis soudain,
16:45 comme s'il était dans l'ombre ou dans un nuage,
16:48 il oublie l'Assemblée pour être en train de préparer la création à venir.
16:55 Et la création, dans un premier temps, c'est quoi ? C'est un libertin !
16:58 Il a ça dans le sang, même si, en pleine jeunesse,
17:02 alors qu'il a été dans cet élan libertaire,
17:06 soudain, il a la révélation.
17:09 Ça surprend son père, il comprend pas.
17:12 Son fils veut devenir prêtre.
17:15 Et alors, la Fontaine se retrouve à Paris,
17:22 et malheureusement, la théologie, ça correspond pas à son esprit, forcément.
17:26 - Pas pour le truc. - Voilà.
17:28 Alors il prend des cons particuliers.
17:29 Vous savez où il prend les cons particuliers ? Rue d'Enfer !
17:32 [Rires]
17:35 - Alors, rue d'Enfer ! - Et Rocheron n'était pas arrivé encore !
17:38 [Rires]
17:39 Rue d'Enfer, forcément, tout flambe, et en particulier la foi, il la perd,
17:43 il retourne voir les copains, et les grandes tavernes,
17:48 où il se laisse aller à tous les débraillages.
17:51 Et les femmes seront fascinées par la Fontaine,
17:55 et en particulier, celle qui le suivra pendant plus de 20 ans,
18:00 Madame de la Sablière.
18:02 Grâce à elle, il ignore la misère,
18:04 il ignore aussi, ou disons, oublie qu'il est à l'index,
18:09 parce que son oncle était à côté de Fouquet,
18:13 il lui a présenté Fouquet, Fouquet est devenu son mécène,
18:17 malheureusement peu de temps après, il y a la fameuse histoire de Volviconte...
18:21 - Et il finit au cachot ! - Il finit au cachot, il y mourra,
18:25 et lui reste une fidélité inouïe.
18:27 Il écrit à Louis XIV !
18:29 Carrément, il lui demande de comprendre l'attitude de Fouquet, de lui pardonner.
18:35 Mais Louis XIV, déjà ça, ça l'irrite un peu, mais qui plus est ?
18:40 Qu'a fait la Fontaine, ses premiers écrits ?
18:42 Aujourd'hui quand vous lisez, vous vous dites "bon, il n'y a quand même pas de quoi se relever la nuit",
18:46 quoique le temps étant tellement puritain, ça heurterait encore.
18:50 Mais ce sont des fables licencieuses,
18:53 et ça, à la cour, c'est très très mal vu.
18:57 - On passe au personnage suivant, Napoléon Bonaparte,
19:01 peut-être l'homme le plus important, un des hommes les plus importants de l'histoire de l'humanité,
19:05 comme colon, puisque c'est lui qui en donnant l'indépendance,
19:07 en revendant la Louisiane aux États-Unis, qui représentait le tiers des États-Unis actuels,
19:12 ça allait de la Louisiane actuelle au Montana, Dakota du Nord, Haïdao, etc.
19:17 fait que les États-Unis vont pouvoir s'unifier, et aujourd'hui c'est la première puissance mondiale,
19:21 l'homme qui a voulu unifier l'Europe.
19:23 Est-ce que pour vous, c'est le plus grand Français de l'histoire ?
19:27 - Je ne sais pas si c'est le plus grand Français de l'histoire,
19:31 ce qui est fascinant, il est l'incarnation d'un destin.
19:35 Quand on... et c'est ça qui nous a passionné, alors on ne pouvait pas raconter,
19:38 puisque les chapitres sont courts, on ne voulait pas faire des fiches "Wikipédia",
19:44 on voulait être dans l'emballement, dans la connivence avec des personnages.
19:49 Alors Christine me pose les questions, et j'ai été débusquer les petites anecdotes,
19:53 celles qui nous permettent de comprendre quelle est l'intériorité
19:59 de ceux que nous mettons en bouche ou en plume.
20:04 Et moi ce qui m'a fasciné chez lui, et de toute façon on ne pouvait pas aller plus loin,
20:09 c'est l'ascension, c'est le petit Bonaparte.
20:12 - Qui passe par l'académie militaire de Brienne, etc.
20:15 - Et à 10 ans, il quitte son pays, il quitte la Corse, il ne parle pas français.
20:21 - D'ailleurs c'est pour ça qu'on se moque, parce qu'il dit "Napoleone",
20:24 "Napoleoné" et "Lapayoné", qui s'est parti après dans le spectacle de Serge Lama.
20:29 - Mais vous voyez ce qui est extraordinaire,
20:31 c'est que plus d'un gamin se serait effondré sous ces moqueries.
20:36 Et lui non, il se replie, il va chercher cette force propulsive.
20:44 Il la trouve où ? En particulier dans le compagnonnage avec les livres.
20:49 Alors forcément, il y a Alexandre Le Grand !
20:53 - Un grand destin de conquérant aussi !
20:56 - Voilà, voilà, mais forcément, ça l'animera.
21:00 Et pour autant, il a des périodes où il est tellement dans la détresse
21:05 en étant seul dans ce monde hostile, qu'il écrit un petit traité sur le suicide.
21:14 Et ça, ça l'animera toute son existence.
21:17 Plus d'une fois, et à Paris, lorsqu'il remontait après s'être révélé à Toulon
21:23 qu'il a gagné en quelques mois ses galons de général,
21:27 qu'il a l'air la dépenaillé avec des nips toutes ripées,
21:33 eh bien, il écrit "je cherchais le fiacre qui pourrait m'écraser".
21:40 De toute façon, il faut bien mourir.
21:42 - Marc Menand, co-auteur avec Christine Kelly de ces destins qui ont fait l'histoire,
21:46 on a fait Napoléon, dans quelques instants, on va passer aux derniers, aux quatre derniers.
21:51 On va commencer par Beethoven et ensuite un certain Victor Hugo,
21:54 dont je crois le père était un des officiers supérieurs de la grande armée de Napoléon Bonaparte.
21:59 Restez bien avec nous sur Sud Radio.
22:01 Un immense plaisir d'avoir cet homme de passion, on peut le dire.
22:06 Marc Menand, co-auteur avec Christine Kelly, on embrasse Christine d'ailleurs,
22:09 ces destins qui ont fait l'histoire, on va passer maintenant à un des plus grands compositeurs, Beethoven.
22:16 Vous écrivez de lui que c'est un révolutionnaire, mais pas que musicalement. Pourquoi ?
22:22 - Alors déjà, c'est un enfant martyr.
22:25 C'est-à-dire qu'il rencontrera Mozart quand il a 17 ans.
22:31 Mais ce qui est étonnant, c'est qu'à cette époque, Mozart,
22:37 toute personne qui a un gamin un peu doué au piano, se dit "nous aussi on détient le prodige".
22:44 Et le père de Beethoven, Ludwig, qui est dans une paroisse où il est musicien du fond de scène, si je puis dire,
22:54 n'a qu'une obsession, c'est que son garçon soit le futur Mozart.
22:59 Alors quand il a 3 ans et demi, il le place devant le clavier,
23:03 et puis il est là avec la règle, et mon petit gars, il n'est pas question de regarder s'il y a une mouche, etc.
23:09 Tu vas me montrer que les doigts, eh bien, ils sont dans la félicité, dans la magie,
23:15 et qu'il caresse les touches, qu'il bondisse, et que tu es un virtuose.
23:20 Il est émerveillé, mais alors, le pauvre môme ne prend que des taloches aussitôt que ça tourne mal.
23:27 S'il y a la moindre défaillance, clac !
23:30 Et pas question qu'il aille à l'école, l'école ça sert à rien.
23:34 L'école c'est une façon d'entrer en fainéasserie, travail, travail, travail.
23:40 Et alors le soir, le père Beethoven, Ludwig, lui aussi, forcément il est aigri de par sa situation,
23:48 il rêve que son fils soit sa revanche, mais le quotidien, je vous l'ai dit, c'est le musicien de fond de cours.
23:56 Alors, il y a Dame Bouteille, ah, ça c'est une maîtresse, avec elle, on se tournicote,
24:04 il suffit d'aller dans les tavernes, et là on connaît l'évasion, le tourbillon.
24:10 Et un jour, dans l'un de ces lieux de débauche, arrive un personnage, c'est le bohème de la musique.
24:20 Un garçon extrêmement doué, Tobias Psyffer.
24:26 Et Tobias, il reste peu de temps dans les orchestres, il s'ennuie, il est surdoué,
24:35 mais il lui faut butiner, passer d'un groupe à l'autre.
24:38 Et les voilà, allez, on s'en reprend un verre !
24:42 Et le père Beethoven qui dit "mais moi j'ai un garçon, Mozart sera oublié !"
24:48 Ah bon, Mozart sera oublié ? Il est minuit, et voilà que l'on se dandine,
24:55 on godit si je puis dire, la route n'est pas droite, et l'on monte chez les Beethoven.
25:01 Le petit bonhomme, il est en train de dormir, il a passé 7h, 8h au piano toute la journée,
25:07 sous la menace du père, et là il le réveille !
25:10 "Allez, allez mon garçon !"
25:12 Imaginez cet enfant, il a 4 ans et demi, et le voilà, en pleine nuit,
25:21 devant le clavier, à devoir démontrer ses capacités.
25:26 Et Tobias n'en revient pas.
25:29 Il lui dit "je vais rester à tes côtés".
25:34 Il demande au père Beethoven de l'abriter pendant plusieurs mois,
25:39 pour être le maître, celui qui va lui apprendre la musique.
25:45 Et c'est comme ça qu'il aura les bases qui vont le propulser, lui, ce môme de 4 ans et demi.
25:53 Il nous reste 3 personnages à faire, il nous reste 7 minutes, Victor Hugo,
25:58 poète, écrivain, homme politique, qui part en exil,
26:01 qui est au départ un partisan de Louis-Napoléon Bonaparte,
26:04 mais devient l'ennemi juré de Napoléon III, un destin hors pair.
26:07 - Ah, là oui, c'est extraordinaire, mais déjà, c'est Victor Hugo,
26:16 très tôt, il y a la muse qui est avec lui.
26:19 Alors là aussi, les circonstances doivent t'aider.
26:22 Le père, vous l'avez dit tout à l'heure, mon cher Philippe,
26:25 c'est un général de Napoléon. - Absolument.
26:27 - Alors, il n'aime pas spécialement l'empereur d'ailleurs,
26:31 il estime que l'empereur ne prend pas toujours les bonnes décisions,
26:34 il se retrouve en Espagne. Et alors, sa femme est là,
26:38 à courrotte derrière les diverses mutations.
26:42 Et l'un des éléments très important, c'est que quand le petit Victor
26:48 n'a qu'un an, sa mère doit rester à Paris.
26:52 Et le père, le général Hugo, se retrouve, eh bien, à l'île d'Elbe.
27:00 C'est incroyable ! - C'est fou ça !
27:02 - À l'île d'Elbe. Et à l'île d'Elbe, eh bien, on a une gouvernante.
27:07 Et c'est là que le petit Victor va faire ses premiers pas,
27:12 loin de maman. Et quand maman a résolu tous ses problèmes administratifs,
27:17 elle veut récupérer son gamin. Et ce sont les dissensions du couple,
27:22 les brisures. Et dans tout cela, avec son petit frère, le plus jeune,
27:27 il y a une force propulsive qui les unit et qui fait que la plume,
27:34 la plume, la plume, est l'élément réparateur de cette détresse sentimentale.
27:40 - Marc Menand, personnage suivant, une femme, Marie Curie, née à Varsovie,
27:44 prix Nobel de physique 1903, prix Nobel de chimie 1911.
27:49 Un génie à l'état pur et surtout une synergie extraordinaire avec Pierre Curie.
27:54 - Ah ouais ! - Et puis après il y aura Frédéric Joliot-Curie, etc.
27:57 - Ah bah non mais... - C'est toute une dynastie après !
27:59 - Une dynastie de prix Nobel, c'est une... - Oui, c'est pas mal !
28:02 [Rires]
28:05 - Alors déjà, ce qui est étonnant, c'est le contexte, la Pologne,
28:09 où les filles n'ont pas le droit à cette époque aux études supérieures.
28:14 Elles ont la chance d'avoir un... - Mais il y a eu des polonaises et des polonais
28:16 qui ont eu de belles destinées en France, hein, pour Samaria Leksinska,
28:18 la femme de Louis XV, ou encore Ade Chopin qui a... - Oui, oui, bien sûr !
28:21 Mais donc, pour les études supérieures, non.
28:25 Et le père, alors très tôt, elle va perdre sa maman.
28:28 Ce qui fait que, alors qu'elle est élevée dans la foi,
28:31 elle se détourne du Seigneur.
28:34 Quel est cet être d'amour, cet être, cette substance supérieure
28:39 que l'on doit caresser au quotidien, à qui l'on doit la dévotion
28:45 et qui vous trahit ainsi, qui vous enlève cette maman superbe.
28:49 Et le père qui s'occupe de ses cinq enfants,
28:52 et qui veille à ce que ses filles puissent avoir la meilleure éducation.
28:57 Et c'est pas que l'éducation intellectuelle !
29:00 Quand on a les images, on en a quelques-unes dans le livre,
29:03 de Marie Curie, c'est la dame en noir.
29:06 - Voilà ! Il suffit de demander pour ceux qui nous regardent en vidéo !
29:10 - Il n'y a vraiment pas de sourire pourtant !
29:13 Dans cette jeunesse, on la voit virevoltante, danser, etc.
29:18 Et cette jeune fille s'impose, elle est là, surdouée.
29:22 Et avec sa sœur, elle se promet d'aller en France,
29:26 pour pouvoir entamer les études supérieures.
29:29 On raconte tout ça avec Christine. - Absolument !
29:31 - Et quand elle viendra, alors qu'elle n'y croit plus,
29:34 sa sœur est à Paris depuis 5 ans, 5 longues années,
29:38 pendant lesquelles elle est là, elle a des errances en Pologne !
29:42 Elle doit donner des cours particuliers, ça ne l'intéresse pas spécialement,
29:45 néanmoins, elle fait en sorte qu'il y ait des cours pour les femmes.
29:50 Que les femmes découvrent le plaisir de l'instruction.
29:55 Le plaisir de la pétition. - C'est une féministe avant l'heure !
29:57 - Oui ! D'une certaine façon !
29:59 Et quand sa sœur lui écrit de venir parce qu'elle a réussi médecine,
30:03 elle se propulse à Paris, elle va rencontrer Pierre Curie.
30:08 On n'a pas le temps de raconter tout ça, c'est dans le livre !
30:10 - Une fois, je l'ai dit !
30:12 - Je rembourse si ça ne vous plaît pas !
30:16 - Satisfait ou remboursé par Marc Meunand !
30:20 - Et ce qui est extraordinaire, c'est que Pierre Curie, lui aussi est un garçon étonnant.
30:25 Il est tellement dans l'atypisme que son père, qui est médecin,
30:31 lui a dit "tu ne vas pas aller à l'école".
30:33 Il fait toutes ses études tout seul, chez lui !
30:36 Et pour autant, il réussit les plus grands concours,
30:41 en revanche, ça l'empêche de pouvoir se dresser dans une chair à la Sorbonne.
30:47 Il aura sa revanche lorsque le prix d'un bal lui sera accordé.
30:51 - Et le dernier héros, Antoine de Saint-Exupéry,
30:54 vous me permettez, comme il est mort aux commandes de son P-38 Lightning,
30:58 de dire que c'était le petit prince de la France libre ?
31:02 - Oui !
31:04 Et j'avais écrit, il y a 3 ans, 4 ans, un livre qui s'appelle,
31:08 qui est un roman, qui s'appelle "L'homme qui croyait en sa chance"
31:12 et qui est une biographie de Mermoz.
31:14 Je suis fasciné par Mermoz et Saint-Exupéry.
31:17 Deux êtres en fraternité, avec Guillaumet et Kessel en périphérie.
31:24 Et je raconte comment ils se sont rencontrés,
31:28 et surtout pour moi, pourquoi le petit prince c'est Mermoz.
31:33 Et comment donc ce personnage apparaît dans l'imaginaire de Saint-Exupéry,
31:41 qui, la première fois qu'il rencontre Mermoz, c'est en plein désert !
31:45 Là où on se pose en escale avant de gagner l'Afrique.
31:51 - L'Amérique du Sud ! - Non, non, non, l'Afrique, vous savez !
31:53 - Parce qu'après il y a eu les rempasades, Dakar et l'Amérique du Sud !
31:56 - Voilà, voilà !
31:57 Et comment la première rencontre, quand il descend de son avion,
32:05 Mermoz, Saint-Exupéry s'aperçoit qu'il a des livres dans ses poches,
32:09 des livres de poète !
32:11 Alors, on festoie !
32:15 C'est-à-dire que lui, Mermoz, est arrivé de Marrakech,
32:18 et il a quelques victoires, on célèbre ça !
32:23 La petite anecdote au passage, c'est que quand il voit qu'ils vont pouvoir
32:28 passer à table de façon flamboyante, Saint-Exupéry prend deux bouteilles,
32:33 saute dans son avion, monte à 3000 mètres,
32:37 à 3000 mètres c'est un peu frais, comme ça on aura un vin !
32:40 - Ha ha ha ! Extraordinaire !
32:44 - Et il lui lit les premières lignes de son roman lorsqu'ils ont terminé le repas.
32:52 Et dans "Le Petit Prince", il y a tous les codex que j'explique là,
32:57 et qui permettent de comprendre que Mermoz, c'est le petit prince.
33:05 - Un livre extraordinaire qu'il faut lire, il y a de très belles illustrations dedans,
33:09 ces destins qui ont fait l'histoire de Christine Kelly et Marc Medand,
33:13 qu'on a eu l'immense plaisir d'avoir avec nous aujourd'hui.
33:16 - Merci à vous, merci Philippe !
33:18 - Merci beaucoup Marc Medand, vraiment, franchement, il vous reste un peu d'argent
33:20 mais qui est arrivé sous le sapin, vous posez les chèques à la banque
33:23 et vous faites un saut à la plus proche librairie,
33:26 parce que c'est un livre qu'on se régale à lire et à regarder,
33:29 parce qu'il y a de très belles illustrations !