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NewsTranscription
00:00 (Générique)
00:02 Bonjour, alors on se retrouve avec notre premier invité, Luc Smessard, vice-président de la FNSEA.
00:09 Merci d'être avec nous, monsieur Smessard. Bonjour.
00:12 Bonjour.
00:14 Je tenais à vous avoir à l'antenne de Sud Radio pour parler d'abord de ce qui s'est passé hier à Beauveuil,
00:21 une manifestation pour soutenir l'éleveur Vincent Verschure,
00:25 qui a été condamné quand même à 106 000 euros de dommages et intérêts confirmés par la Cour de cassation
00:30 parce qu'il avait été attaqué par son voisinage pour des nuisances sonores et olfactives
00:35 que génère son extension qu'il avait construite pour son exploitation d'élevage.
00:39 Comment on en arrive là ? Qu'est-ce qui s'est passé pour que les agriculteurs deviennent des ennemis publics ?
00:45 C'est juste incroyable quand une minorité qui habite dans nos campagnes n'accepte plus le bruit des vaches,
00:54 les odeurs. C'est 13 ans de procédure d'une petite minorité, mais la minorité aujourd'hui a gagné
01:02 puisque, comme vous l'avez dit, il est condamné. En cassation, il a été débouté.
01:07 Donc, il devra payer 106 000 euros. Finalement, il ne cherchait que de l'argent.
01:11 D'ailleurs, la majorité des six plaignants ont déménagé aujourd'hui. Et ça, ce n'est pas entendable.
01:16 En plus de ça, on demande aujourd'hui à Vincent de faire des travaux de mise aux normes
01:22 avec des murs anti-bruit. On est à la campagne, c'est normal qu'une vache fasse un peu de bruit.
01:27 Il y avait quand même beaucoup d'élus qui étaient en soutien avec l'agriculteur, avec Vincent hier,
01:34 le maire de Beauvais, bien sûr, la présidente du département, il y avait le président de région,
01:39 Xavier Bertrand, qui a même prêté 40 000 euros à l'éleveur, donné, puisqu'il ne devra pas les rembourser.
01:47 Il y a quand même une coalition pour dire que ça ne va pas. Est-ce qu'il y a des recours pour Vincent ?
01:55 Ou est-ce que c'est plié ? Il devra payer ses 106 000 euros de toute façon.
02:00 À la Cour d'appel d'Amiens, le juge avait dit "C'est pas grave, Vincent Verschures retournera contre l'État".
02:06 C'est encore cinq ans de procédure, puisque forcément, il a eu toutes les autorisations permises de construire.
02:11 Mais comme vous l'avez dit, il y a une grande solidarité au-delà du département, de la région,
02:15 c'est toute la France, voire même une partie de l'Europe qui se soude et qui veut accompagner pour dire "Plus jamais ça".
02:22 On est tous des Vincent Potentiels et on a eu le pied à terre quand il y a eu le retour de la cassation.
02:27 Aujourd'hui, ce qu'on veut, c'est que Vincent vive tranquille.
02:31 Et donc, on a mis en place une cagnotte avec l'ensemble du monde agricole, mais aussi toute la ruralité qui se dit
02:38 "Pour qu'elle soit belle, vivante, dynamique, et que ça fait partie de nos campagnes".
02:45 Et comme l'avait dit le garde des Sceaux au Salon de l'Agriculture, la campagne, on l'aime comme elle est, sinon on repart en ville.
02:51 Clairement, mais c'est quand même quelque chose d'assez terrible, parce que l'agriculteur, ce n'est pas un métier facile.
02:59 On a eu les chiffres des nombreux suicides, des exploitations qui sont en faillite.
03:04 C'est un métier de passion qui demande quand même beaucoup de temps, beaucoup d'implications.
03:09 Pourquoi on en arrive à ce moment-là où il y a ces affaires incroyables d'agriculteurs attaqués dans leur milieu de vie
03:20 par des riverains qui ne comprennent rien au monde agricole ?
03:24 Parce qu'il y a certains qui viennent à la campagne pour avoir le calme, le silence.
03:29 Ils ont oublié que la campagne, si elle est belle, c'est parce qu'elle est cultivée.
03:32 À l'approche des fêtes, si on va manger de très beaux produits à Noël, c'est aussi parce qu'on a l'excellence française, la gastronomie française.
03:40 Mais pour ça, il faut des bâtiments, il faut des animaux pour produire le lait, pour produire la bonne viande.
03:48 Je pense qu'il y a surtout un éloignement de la population avec le monde agricole.
03:53 On doit y travailler, nous les premiers, pour accueillir dans nos campagnes, travailler le vivre-ensemble.
04:00 Et puis, arriver à ce que justement, la campagne, elle est belle parce qu'il y a le bruit.
04:08 Il y a le moment des moissons, c'est vrai que c'est la période des vacances, mais il y a de la poussière.
04:12 Au moment des ensilages, des fois, il y a un peu de route sur la terre.
04:16 Mais par contre, on est bien content quand il neige, de trouver un agriculteur pour donner un coup de main.
04:20 Finalement, c'est recréer ce lien, cette solidarité.
04:24 Et je crois que ça fait partie notamment de la loi d'orientation qui a été annoncée la semaine dernière par le ministre de l'Agriculture.
04:30 C'est refaire du lien, et notamment avec les écoles primaires, pour que l'ensemble des enfants puissent au moins, dans leur vie, visiter une ferme.
04:39 Le lait, il ne vient pas d'une brique de lait, il vient de derrière.
04:43 Il y a des hommes, des femmes, comme vous l'avez dit, qui sont avec cette notion de bien-être animal.
04:48 Ce sont des gens qui sont plutôt passionnés.
04:50 Et on a la chance aujourd'hui, c'est qu'on a beaucoup de jeunes qui veulent faire ce métier qui a du sens.
04:54 Et donc, encourageons, plutôt que d'aller stopper, des envies d'entreprendre.
05:00 Vous, vous êtes plutôt optimiste.
05:02 Vous pensez que le monde agricole voit une jeunesse arriver, se réintéresser à l'exploitation ?
05:08 Parce que ces dernières années, c'était plutôt la déprime, la fermeture de nombreuses exploitations.
05:14 J'en parlais, les faillites, les difficultés aussi réglementaires, on y reviendra.
05:18 Vous, vous êtes plutôt optimiste sur l'agriculture française ?
05:22 En tout cas, on doit relever finalement ce challenge.
05:28 Moi, je suis assez confiant, c'est qu'on voit aujourd'hui, avec le Covid, avec ce qui s'est passé en Ukraine notamment,
05:35 des gens qui veulent retrouver des métiers qui ont du sens.
05:37 Et se lever le matin pour nourrir les gens, finalement, c'est vraiment quoi de plus beau métier.
05:43 Alors par contre, il va falloir que ce soit un métier qui soit rentable, un métier qui soit vivable.
05:48 On passe aujourd'hui plutôt 55-60 heures par semaine.
05:53 La jeune génération, elle veut vivre un peu comme tout le monde, pouvoir prendre quelques jours de congé.
05:57 Et donc, il faut absolument y travailler.
06:00 Et là, il y a des pistes pour justement moderniser le métier,
06:05 ou trouver des moyens d'attirer une jeunesse qui voudrait préserver quand même une certaine qualité de vie
06:10 et pas passer toute sa vie à travailler comme ça a été le cas pour de nombreux agriculteurs dans le passé.
06:17 Exactement. Aujourd'hui, c'est grâce à l'innovation, grâce à la modernité.
06:23 Je suis sur une exploration de vachettières, vous les voyez peut-être derrière pour ceux qui sont connectés.
06:29 Les vachettières sont traitées par des robots de traite.
06:32 Ça ne veut pas dire qu'il y a moins... mais c'est la pénibilité en moins.
06:35 La même chose au niveau des tracteurs, au niveau des champs.
06:40 On travaille avec des drones, on travaille avec des GPS.
06:43 Finalement, il y a énormément de jeunes qui sont séduits par Farming Simulator,
06:47 qui est un jeu pour tester l'agriculture.
06:52 Nous, ce qu'on invite aujourd'hui, c'est justement à tous ces jeunes à venir dans nos fermes
06:58 et puis de travailler à ce que demain, on puisse trouver des passerelles
07:02 pour l'ensemble des métiers d'agriculture et celui d'agriculteur.
07:06 Vous parlez de passerelles, justement.
07:09 Comment ça se passe avec le monde de la militance écologique ?
07:15 Est-ce qu'aujourd'hui, la FNSEA dialogue avec les écolos pour faire comprendre
07:22 qu'il y a des moyens de préserver la nature et d'avoir des exploitations agricoles
07:26 et de ne pas faire de l'agriculteur un ennemi du vivant, de la biodiversité
07:31 ou quelqu'un qui maltraiterait les animaux ?
07:35 Vous avez raison, il y a besoin d'expliquer davantage tout ce qu'on a pu faire.
07:40 Finalement, c'était aussi le message d'un mois d'action partout en France.
07:46 Quand on disait "on marche sur la tête", c'est-à-dire qu'aujourd'hui,
07:49 toutes ces transitions, notamment les transitions écologiques, agroécologiques,
07:53 tout le travail qui est à faire sur la biodiversité, on l'a déjà fait en partie,
07:57 on doit accompagner les agriculteurs à ce que demain dans nos pratiques,
08:01 on fasse toujours mieux. Je pense qu'on fait déjà pas mal.
08:04 Il n'y a pas grand monde qui sait qu'aujourd'hui, ce sont les agriculteurs
08:08 qui entretiennent le plus grand réseau de haies en France.
08:11 Sur la ferme, à moi tout seul, on entretient 22 km de haies.
08:16 Derrière, c'est de la biodiversité, c'est de l'environnement.
08:19 Il y a des grosses pratiques qui ont vraiment évolué aussi pour le stockage du carbone.
08:24 Finalement, c'est comment on fait pour refroidir la planète.
08:27 Il y a besoin d'un dialogue avec les écolos, bien sûr, mais surtout avec l'ensemble de la société
08:32 pour qu'on soit plutôt fier de nos agriculteurs plutôt que de montrer du doigt.
08:35 Il y a des éléments sur lesquels il faut qu'on dialogue, sur les produits phytosanitaires,
08:39 par exemple, sur lesquels si on applique un produit aujourd'hui parce que notre blé est malade
08:45 ou parce que notre vache a la grippe, c'est justement pour la soigner.
08:50 On fait ça comme la pharmacie, finalement.
08:52 Il n'y aurait pas d'un côté les méchants agriculteurs et puis les gentils pharmaciens.
08:57 Je pense qu'on est aujourd'hui des gens qui sont formés, responsables
09:01 et qu'on n'a qu'un seul intérêt, c'est le bien-être animal et surtout le bien-être et la vie du sol
09:06 parce que sans la durabilité de notre sol, on ne sera plus là demain.
09:10 On n'a qu'un intérêt, c'est justement de vivre avec les chauves-souris, les coccinelles, les hirondelles.
09:15 Par contre, je pense qu'on a un problème, c'est qu'on est plutôt des silencieux.
09:19 On dit souvent qu'on est des taiseux et des feuzeux plutôt que des diseux.
09:23 Mais je pense que vous avez compris, c'est-à-dire qu'on a besoin certainement de communiquer davantage.
09:29 Il y a des dynamiques qui sont en place avec AgriDemain,
09:32 avec tout un réseau qui s'appelle France AgriTutos pour justement expliquer davantage aux jeunes
09:39 comment a évolué nos fermes et en tout cas, il n'y aurait pas d'un côté les mauvais agriculteurs
09:45 et puis les gentils écolos.
09:47 Mais justement, vous dites que vous êtes plutôt silencieux.
09:49 Ces derniers temps, on ne peut pas dire que les agriculteurs ont été très silencieux.
09:53 Il y a eu les panneaux retournés pour cette opération "On marche sur la tête"
09:57 pour justement expliquer un peu ce qu'était un village de la ruralité, comment ça fonctionnait.
10:01 Les nombreuses manifestations d'agriculteurs partout sur le territoire,
10:04 mais aussi en Allemagne, ailleurs en Europe.
10:06 Est-ce que vous pouvez nous expliquer pourquoi ces manifestations ?
10:09 Qu'est-ce qui aujourd'hui mobilise le monde agricole ?
10:13 Alors finalement, ça a interpellé beaucoup de monde de retourner simplement
10:19 les panneaux d'entrée de nos villages.
10:21 Il y en a quasiment la moitié qui ont été retournés en France, la moitié dans mon département.
10:26 Et finalement, on a eu beaucoup de soutien des maires en disant "Oui, on marche sur la tête".
10:30 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a une réglementation franco-française qui est vraiment très forte,
10:35 des fois même incompréhensible.
10:36 Tout à l'heure, je parlais des haies.
10:37 On a 14 réglementations aujourd'hui pour réglementer la haie en France.
10:42 Du coup, ça crée la peur dans la haie et que finalement, du coup,
10:45 on a peur, nous les premiers, de planter un mètre de haie.
10:48 Et donc, il faut absolument s'en sortir.
10:50 Et puis, à l'inverse, on importe de plus en plus en France.
10:54 On parle de souveraineté alimentaire, mais on est plutôt dans la souveraineté importée.
10:57 Et là, on ne regarde pas la façon dont ça a été produit au Brésil, aux États-Unis, en Nouvelle-Zélande.
11:04 On est à quelques jours où l'Europe serait prête de signer l'accord avec le Mercosur,
11:09 c'est-à-dire avec le Brésil et les États-Unis.
11:11 Le Brésil et l'Argentine, il y a deux ans, on se rappelle tous que le président Macron
11:16 avait dit la main sur le cœur, non, on ne signera jamais cet accord,
11:19 parce que derrière, c'est la déforestation de la forêt amazonienne.
11:23 Vous voyez un peu qu'on a besoin de cohérence politique pour nous accompagner, justement.
11:29 Et c'est ça que, quand on retourne ces panneaux, les agriculteurs ont voulu montrer
11:34 tout simplement qu'on est prêt à faire des choses, mais on a besoin de visibilité,
11:39 de durabilité sur ces éléments-là.
11:42 Et c'est pour ça qu'on en appelle plutôt à un vrai pacte avec la société,
11:46 pour qu'on retrouve finalement la fierté, le sens de notre métier.
11:50 Et puis, il y a quand même des sujets, par exemple, sur la prédation,
11:53 qui sont quand même prégnants quand on protège davantage le loup
11:57 que les producteurs zoovins dans la montagne.
11:59 Je peux vous dire que ça perturbe quand même.
12:02 Quand on voit le monde viticole aujourd'hui, qui commence malheureusement à rentrer en crise,
12:06 c'est vrai sur Bordeaux, mais c'est vrai aussi dans le sud de la France.
12:10 Tout ça parce qu'on est aussi aujourd'hui en train d'apporter du vin,
12:15 alors qu'en France, on sait le produire avec beaucoup plus de traçabilité et de durabilité.
12:21 Et cette inflation normative, elle ne vient pas seulement, j'imagine, de l'État français.
12:28 Il y a sans doute la Commission européenne qui est pour quelque chose, non ?
12:32 Qu'en est-il de la politique agricole commune aujourd'hui ?
12:36 Alors, c'est compliqué. On s'aperçoit encore.
12:40 Souvent, on a des distorsions entre ce qu'on nous impose en France et la règle européenne.
12:45 On peut toujours faire plus blanc que blanc.
12:47 Et ça, à un moment donné, ce n'est pas possible,
12:49 parce que sinon, c'est un problème de compétitivité.
12:51 C'est pour ça que, par exemple, en vin aujourd'hui,
12:53 les Espagnols ou les Italiens seraient des fois un peu plus compétitifs,
12:56 ne serait-ce que par rapport au coût de la main d'œuvre,
12:58 mais pas que. Des produits interdits dans certains pays,
13:02 notamment en France, ne sont toujours pas interdits dans d'autres pays européens.
13:06 Donc ça, ce n'est pas entendable.
13:08 Et puis, par exemple, quand l'Europe nous impose pour 2024
13:12 de mettre en place 4 % de non-production sur nos terres,
13:16 vous savez, si on demande à une usine aujourd'hui de faire 4 % de moins,
13:20 c'est forcément de la rentabilité en moins.
13:24 Si on a un tracteur qui laboure ou qui travaille 60 hectares
13:28 ou qui en laboure 64, ça ne fait pas de différence.
13:30 Pourquoi cette demande de toujours diminuer ?
13:32 On a vu une cible posée sur les vaches
13:35 qui serait un danger pour le réchauffement climatique.
13:38 Maintenant, c'est diminuer la production.
13:41 Pourquoi cette volonté de contraindre et d'empêcher la production
13:45 de la part de l'Europe ?
13:47 C'est une vision des fois idéologique,
13:52 en disant finalement qu'on peut importer
13:55 des produits de d'autres grandes régions mondiales.
14:00 On voit bien que c'est une erreur,
14:02 puisque quand il y a eu le Covid ou quand il y a eu le début de la guerre en Ukraine,
14:07 on a vite vu que rapidement, on pouvait manquer.
14:10 Parce que finalement, l'huile de colza, on la produisait majoritairement,
14:15 ou l'huile de tournesol, on la produisait en Ukraine.
14:19 On peut citer d'énormes exemples comme ça.
14:22 On ne sera jamais compétitif avec des modes de production
14:25 qui n'ont rien à voir avec la typologie française.
14:29 La ferme moyenne, par exemple, laitière à 60-70 vaches,
14:32 vous allez aux États-Unis,
14:34 vous allez dans d'autres pays de l'Europe de l'Est,
14:38 on parle en milliers ou en dizaines de milliers de bêtes.
14:41 On n'a rien à voir.
14:42 En plus de ça, même en France, des fois,
14:44 on nous reproche que notre taille serait trop grande.
14:46 Donc, à un moment donné, il faut remettre les choses en place.
14:49 Aujourd'hui, les jeunes agriculteurs, la FNSEA veut aussi redonner de la visibilité
14:55 pour que demain, on a 160 000 agriculteurs qui vont arriver en retraite d'ici 2030.
15:01 C'est qu'on renouvelle un maximum,
15:03 parce que ça permettra de garder la diversité et la richesse de notre agriculture.
15:07 Parce que derrière ça, c'est aussi cet enjeu stratégique de cette souveraineté alimentaire.
15:12 Mais en un mot, vous pensez qu'aujourd'hui, l'Europe est un atout
15:17 ou plutôt un danger pour la souveraineté alimentaire de la France ?
15:21 On va avoir en 2024 des élections européennes.
15:25 Les agriculteurs, en tout cas, la FNSEA, sont plutôt pro-européens,
15:29 puisqu'aujourd'hui, on ne peut pas se passer de ce marché
15:32 de plus de 400 millions de consommateurs.
15:35 On a besoin de se fédérer, on a besoin de plus d'Europe,
15:38 mais on a besoin justement de plus de cohérence
15:41 et que la norme revienne à la norme européenne.
15:44 Et surtout qu'on impose à toutes nos importations,
15:47 ce qu'on appelle les "close-miroirs",
15:49 les mêmes exigences qu'on nous impose dans nos champs, dans nos étables.
15:53 Et là, ça serait du bon sens.
15:55 Je pense que l'Europe a surtout besoin de bon sens et un peu moins d'idéologie.
15:58 Et le bon sens, il est là dans nos territoires.
16:01 Merci beaucoup, Lux Messar, vice-président de la FNSEA,
16:04 d'avoir répondu à nos questions.
16:06 On se retrouve dans un instant pour la suite de Poulain sans réserve.
16:09 On va parler d'Agnès Firmin-Lebaudot,
16:11 la ministre de la Santé qui remplace le ministre démissionnaire.
16:14 Aurélien Rousseau, à tout de suite.
16:16 Oh, mais ça y est, c'est déjà le grand sapin de Noël.
16:19 Ah non, non, mais pourtant j'ai cru que c'était le grand sapin de Noël.
16:23 Sud Radio, c'est vrai, trois montres de luxe,
16:26 une montre connectée, trois smartphones,
16:28 une enceinte connectée, 42 bouteilles de champagne,
16:31 10 magnums de champagne, 36 bouteilles de fameux vin de Bordeaux
16:35 et une télé, une télé.
16:37 Une télé dernier cri.
16:39 C'est vrai que ça ressemble quand même à des beaux cadeaux de Noël.
16:41 Sous ça, d'une valeur de 20 000 euros quand même.
16:44 C'est ce qu'a reçu la ministre de la Santé, Agnès Firmin-Lebaudot,
16:49 qui vient de remplacer Aurélien Rousseau, qui a démissionné.
16:52 Mais on apprend que lorsqu'elle était pharmacienne,
16:54 elle a reçu de la part d'Urgo,
16:56 donc c'était plutôt le grand sapin de Noël d'Urgo,
16:58 20 000 euros de cadeaux de 2015 à 2020,
17:02 dans le cadre de sa fonction de pharmacienne.
17:04 Et une enquête est en cours.
17:06 La DGCCRF, la Direction contre les fraudes,
17:09 a lancé une enquête en début d'année,
17:11 puisque la firme Urgo a été condamnée à plus d'un million d'euros d'amende
17:16 pour avoir offert des cadeaux aux pharmaciens
17:18 en contrepartie de remises commerciales.
17:21 Ces 8 000 pharmaciens qui ont profité des largesses du laboratoire,
17:25 certains ont reçu jusqu'à 120 000 euros de cadeaux.
17:28 Et pourtant, dès 1993, une loi anti-cadeaux avait été faite
17:32 pour limiter le pouvoir des lobbies sur les médecins et pharmaciens.
17:35 On voit bien que derrière, ce n'est pas la santé publique,
17:38 c'est la vente de produits qui est là.
17:40 L'enquête est en cours.
17:42 La ministre, elle, a dit qu'elle réserverait les échanges
17:45 qu'elle aura avec les autorités compétentes dans les jours qui viennent.
17:49 Il n'y a que l'ouverture d'une enquête par le Parquet
17:51 pour perception non autorisée par un professionnel de santé,
17:54 davantage procurée par une personne produisant ou commercialisant des produits sanitaires.
17:59 Alors il y a 8 000, comme je vous le disais, pharmaciens.
18:01 L'enquête remonte à janvier.
18:03 Mais avant ça, c'est vrai qu'Agnès Firmin-Lebaudot n'avait pas été prise la main dans le sac.
18:07 Et c'était des pratiques qui sont là.
18:10 C'est encore une ministre qui est prise dans une affaire quasiment de conflit d'intérêt
18:15 ou du moins de proximité avec les lobbies.
18:18 On a pris l'habitude avec ce gouvernement.
18:20 Hélas, voilà, c'est chouette.
18:22 On peut avoir confiance dans l'industrie de la santé.
18:26 Et tout de suite, sans transition,
18:29 on se retrouve pour parler aussi de Noël avec notre invitée.
18:33 Bonjour Sophie Kouane, vous êtes rédactrice en chef adjointe de 60 Millions de Consommateurs.
18:37 Bonjour.
18:38 Merci d'être avec nous.
18:39 Alors on va parler des cadeaux de Noël, là encore, mais surtout de l'inflation.
18:44 Comment se passent les fêtes pour les Français en cette fin d'année
18:48 compte tenu de l'explosion du panier moyen, on va dire,
18:51 pour les fêtes de Noël et le réveillon ?
18:55 Eh bien, ils ont prévu de se serrer la ceinture.
18:57 Et on verra dans quelques semaines leur retour là-dessus.
19:02 Au niveau des cadeaux pour les enfants, par exemple,
19:05 le budget a diminué.
19:07 Ils prévoyaient de dépenser 6% de moins, soit 124 euros,
19:12 quand l'année dernière ils dépensaient aux alentours de 150 euros.
19:17 Donc oui, se serrer la ceinture,
19:20 choisir des produits un petit peu moins qualitatifs pour le repas de Noël.
19:25 Il est important pour eux de ne pas se priver.
19:28 Néanmoins, faire attention, c'est au cœur des priorités de tout le monde actuellement.
19:33 Pourtant, Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie,
19:36 explique que l'an prochain c'est bon, ça y est, la crise est derrière nous
19:40 et l'inflation va être jugulée.
19:41 On a l'impression qu'il dit ça à peu près tous les trois mois.
19:43 Sincèrement, on voudrait y croire.
19:45 Et nos lecteurs à 60 millions de consommateurs aussi voudraient y croire.
19:49 On a quand même pris 25% d'inflation sur l'alimentaire en deux ans.
19:55 Et l'Institut Nielsen avec lequel on travaille à 60 millions
20:00 prévoit l'année prochaine une hausse encore de 3,5% des prix de l'alimentaire.
20:05 Donc, j'espère qu'on fera mentir les Cassandres
20:10 et que notre ministre aura raison au final.
20:14 Pour le moment, j'attends de voir.
20:16 Est-ce que c'est les produits alimentaires qui sont les plus touchés par l'inflation
20:20 ou est-ce qu'il y a d'autres postes de dépense qui ont vraiment explosé ces derniers mois ?
20:24 Oui, alors les produits alimentaires sont quand même ceux
20:26 qui ont le plus de visibilité pour les Français.
20:29 99% des Français ont vu la hausse des prix cette année.
20:34 C'est quand même une belle unanimité.
20:37 On ne peut pas dire 100% quasiment.
20:39 Une belle unanimité, oui.
20:40 Et actuellement, on nous parle de prix qui commencent à diminuer.
20:44 Nous, dans le panier inflation qu'on suit depuis deux ans,
20:47 il y a un seul produit dont les prix ont diminué,
20:50 c'est l'huile, et encore pas l'huile d'olive.
20:53 Donc, voilà.
20:56 Beaucoup d'autres produits ont augmenté.
21:01 Évidemment l'essence, le carburant,
21:04 mais le prix des hôtels et des vacances,
21:08 par exemple, le prix des meubles,
21:11 enfin, les industriels se sont énormément servis.
21:16 Ils ont profité de cette période d'inflation généralisée
21:21 pour augmenter leurs profits.
21:23 Et ça, ce n'est pas 60 millions de consommateurs qui le disent,
21:26 c'est la BCE, la Banque Centrale Européenne, c'est le FMI,
21:29 qui ont noté l'un comme l'autre
21:32 que la moitié des hausses observées par les Français et les Européens
21:37 sont liées à des augmentations de profits décidées par les industriels
21:41 et non à des problèmes d'approvisionnement,
21:44 des problèmes énergétiques,
21:46 qui seraient liés aux différents conflits qui nous entourent actuellement.
21:49 - Qui sont les plus gros profiteurs de cette crise inflationniste ?
21:53 - Alors, sur l'alimentaire,
21:56 des gros industriels type Pepsi & Co,
22:00 type Unilever, Enkel,
22:04 qui sont vraiment...
22:07 dont on achète énormément de produits.
22:10 Unilever, ça va être de l'alimentaire,
22:12 ça va être également des produits d'entretien,
22:14 des produits corporels.
22:17 Bon ben voilà, ils ont bien profité de la crise.
22:21 Ils montrent des dividendes records,
22:24 des bénéfices records,
22:27 ça, il faut quand même le noter.
22:30 Donc ils se sont bien engraissés, oui.
22:33 - Les distributeurs ont joué le jeu aussi ?
22:36 Ou ils ont fait des efforts ?
22:38 - Les distributeurs, vous savez, les négociations entre les distributeurs
22:41 et les industriels ont été avancées,
22:45 elles vont commencer en février.
22:47 L'idée, c'est que les négociations puissent aboutir
22:50 à des prix corrects, on va dire.
22:55 Ce qu'on sait, nous, en off,
22:58 c'est que ce soit les industriels sur leur marque de distributeurs,
23:01 les distributeurs sur leur marque de distributeurs,
23:07 leur marque propre, chacun ont décidé qu'il y aurait des augmentations.
23:10 - Donc il y aura de toute façon des augmentations ?
23:12 - Il y aura des augmentations, mais des deux côtés.
23:14 Mais des deux côtés, y compris dans les marques de distribution,
23:17 des distributeurs, qui, il faut le noter, cette année,
23:20 ont augmenté elles aussi.
23:23 - Mais à quel moment ça va s'arrêter ?
23:26 Parce qu'à un moment, les magasins vont être vides.
23:29 On voit déjà l'explosion des banques alimentaires
23:31 qui n'arrivent pas à suivre la demande,
23:33 de gens qui vont au Resto du Coeur ou ailleurs.
23:35 Vous le disiez, les Français ont réduit leur consommation,
23:38 le panier moyen.
23:40 À quel moment on trouve un équilibre
23:43 et on arrête de vouloir toujours plus augmenter les prix ?
23:46 - Écoutez, tant que les Français achètent...
23:49 - Ils n'ont pas le choix !
23:51 C'est-à-dire que c'est un peu un achat contre un, on est obligé de se nourrir.
23:53 - Ils n'ont pas le choix, vous savez que 14% de la population,
23:55 cette année, était en précarité d'achat.
23:58 14%, on n'a jamais vu ça.
24:01 - Précarité d'achat, c'est-à-dire dans l'incapacité d'acheter les produits ?
24:05 - Dans l'incapacité d'acheter des produits, des services,
24:08 et de devoir complètement se priver.
24:13 - Et là, on parle de familles qui travaillent ?
24:16 - On parle de familles qui travaillent,
24:19 de familles qui ont plus de difficultés à trouver l'emploi,
24:22 qu'elles ne puissent pas se nourrir correctement,
24:25 qu'elles ne puissent pas nourrir leurs enfants.
24:27 C'est un vrai problème.
24:29 Les chercheurs en nutrition, les chercheurs qui suivent
24:32 la façon dont les familles se nourrissent,
24:36 se rendent compte qu'elles achètent beaucoup moins de fruits et de légumes.
24:39 C'est un problème. Qu'elles achètent beaucoup moins de viande.
24:41 Qu'elles se privent là-dessus.
24:43 Alors on pourrait se dire, bon, voilà,
24:45 ils mangent peut-être quand même à leur faim.
24:48 Oui, mais ça c'est des problèmes de santé à venir.
24:50 Et la facture, on finira par la payer.
24:53 - Oui. À la fois sur l'impact de santé...
24:56 - Voilà, sur l'impact de santé, effectivement.
25:00 - Et les problèmes d'intégration aussi, de difficultés pour ces familles
25:03 qui vont être de plus en plus loin de la société de consommation
25:06 parce qu'elles ferment ces portes finalement aux consommateurs.
25:09 - Oui, et c'est très difficile à entendre
25:11 puisqu'on est dans une société où la publicité est faite en permanence
25:15 autour des nouveaux produits, du nouveau smartphone.
25:20 Et pour les familles, ça a du sens quand même
25:24 d'aller chercher des marques, de pouvoir offrir
25:28 même en alimentaire, les bonnes marques à leurs enfants,
25:31 la bonne marque de soda, la bonne marque de pâte à tartiner.
25:34 Et donc on ne peut pas être en permanence dans ce bain
25:38 de publicité et de nécessité d'acheter des choses dernier cri.
25:43 Et à côté de ça, avoir son pouvoir d'achat
25:46 qui stagne, au mieux qui stagne, cette année.
25:49 Mais dans les années 60-70, le pouvoir d'achat des Français
25:53 est augmenté de 5-6% tous les ans.
25:55 - On en est très loin. On en est où du pouvoir d'achat des Français ?
25:58 - Alors sur le dernier trimestre, l'INSEE considère qu'il y a eu -0,2%.
26:05 - Donc il baisse.
26:07 - Alors une baisse légère ce trimestre-ci.
26:09 Sur l'ensemble de l'année, ça devrait être en dessous de 1%
26:14 d'augmentation du pouvoir d'achat.
26:16 Mais évidemment pas pour toutes les classes sociales.
26:19 - Donc il y a des classes sociales qui voient leur pouvoir d'achat
26:21 vraiment en négatif.
26:23 - Et d'autres qui en bénéficient plus.
26:25 - Et ça, est-ce que c'est inédit ou est-ce qu'il y a déjà eu
26:27 un épisode inflationniste un peu similaire dans les dernières années ?
26:30 - Alors un dernier épisode inflationnaire fort, c'était au moment
26:35 de la crise des subprimes 2007-2008.
26:39 Là effectivement, on a vu de l'inflation, de la shrinkflation.
26:44 Mais une inflation aussi forte avec une augmentation de 25%
26:50 des prix à la consommation dans l'alimentaire,
26:52 ça, ça fait longtemps qu'on n'avait pas vu ça.
26:54 - Et quels sont les...
26:56 On a vu les trimestres anti-inflation mis en place par Bruno Le Maire,
27:01 c'est passé totalement à côté de la cible et l'objectif ?
27:07 - C'était pas suffisant.
27:09 - Oui.
27:10 - Voilà, c'était pas suffisant.
27:12 Donc là, si vous voulez, il serait bon de taper du poing sur la table
27:16 de manière à ce que les industriels se calment.
27:20 Là, les négociations vont arriver.
27:23 On attend des pouvoirs publics qui donnent un cap quand même
27:28 dans le cadre de ces négociations entre distributeurs et industriels
27:32 de manière à limiter au maximum les hausses, parce que c'est plus possible.
27:37 - On va continuer d'en parler avec vous, Sophie Kouin.
27:40 N'hésitez pas à nous appeler au ZIRAN 826-300-300
27:43 pour nous parler de votre expérience par rapport à ces prix qui ne font que flamber.
27:48 On se retrouve dans un instant dans Poulain sans réserve
27:50 pour continuer de parler de cette fin d'année et du pouvoir d'achat des Français.
27:54 A tout de suite.
27:55 Et on continue de parler avec Sophie Kouin, rédactrice en chef adjointe
28:00 de 60 millions de consommateurs de cette fin d'année
28:03 et du pouvoir d'achat en berne des Français.
28:05 On le disait, tous les produits qui ont augmenté,
28:08 y compris les produits de première nécessité.
28:10 Et cette négociation avancée à février plutôt que mars
28:14 entre industriels et distributeurs.
28:16 Est-ce que vous pensez qu'il y aura quand même une limitation,
28:19 même si les hausses ont déjà été annoncées ?
28:21 Est-ce qu'on peut attendre quelques bonnes nouvelles ?
28:24 - Bah écoutez, pas sûr.
28:26 Pas sûr qu'on ait beaucoup de bonnes nouvelles.
28:29 Faut pas être dupe quand un distributeur nous dit
28:34 "Ah, PepsiCo ou telle marque de soda prévoit une hausse de 7%."
28:39 Nous on va essayer de la maintenir à 3%.
28:42 Bah oui, c'est quand même une hausse
28:44 qui s'installe au-dessus d'autres hausses.
28:47 Et puis il y a également ce jeu entre les distributeurs et les industriels
28:54 où les distributeurs diabolisent parfois un petit peu les industriels
28:57 pour mieux vendre leurs propres marques.
28:59 Et on voit bien que les distributeurs sur leurs propres marques
29:02 ne font pas forcément tous beaucoup d'efforts.
29:06 Les marques premier prix,
29:08 ces paquets blancs qu'on trouve en bas de rayon
29:11 et qui ont été les premières à pâtir de l'inflation
29:16 quand elle a commencé au moment de la guerre en Ukraine.
29:19 Ils ont pris 16% cette année.
29:21 Alors il reste des prix plus petits,
29:24 mais ils ont quand même augmenté.
29:26 - Mais quand on regarde et qu'on vit dans notre pays,
29:30 l'essence, alors parfois augmente, parfois stagne,
29:33 mais elle ne fait qu'augmenter sur le long terme.
29:35 Les taxes aussi augmentent,
29:37 les produits de consommation augmentent,
29:40 les péages vont aussi augmenter malgré les annonces de Clément Beaune.
29:44 À un moment, il va y avoir quand même un vrai problème qui va se poser
29:49 entre ce que dit le ministre de l'économie
29:51 croyant que ce qu'il dit est parole de vérité
29:54 et que les Français ne s'appauvrisent pas
29:57 et les Français qui voient bien qu'ils s'appauvrisent quand même.
29:59 - Oui, alors les allocations ont légèrement augmenté cette année,
30:03 d'1,6%.
30:05 Les salaires auraient augmenté très légèrement également de 4,5%.
30:10 Évidemment, tous les Français ne peuvent pas le voir
30:12 puisque tous les Français n'ont pas été augmentés.
30:14 La crainte, c'est évidemment la frustration
30:18 qui vient de l'absolue nécessité de vouloir nourrir sa famille
30:24 et de vouloir consommer à minima correctement,
30:28 pouvoir emmener ses enfants en vacances.
30:31 Il y a des Français qui ont renoncé cet été.
30:33 - On a l'impression que tout devient progressivement
30:36 produit de luxe ou difficile d'accès.
30:39 - Il faut faire attention. Il faut faire attention tout le temps.
30:42 - Vous êtes en contact avec le ministère de l'économie ?
30:47 Est-ce que vous attendez quelque chose de la part des pouvoirs publics
30:52 dans les premières semaines de 2024 ?
30:55 - Comme les négociations vont arriver dans un mois,
31:00 juste après Noël, début février,
31:03 oui, qu'il y ait vraiment un coup de frein,
31:07 une alerte qui soit donnée des pouvoirs publics
31:10 sur ces négociations-là, ce serait vraiment important.
31:14 C'est important de le faire, là maintenant.
31:16 Puisque c'est maintenant que ça se décide pour l'année qui vient.
31:19 - Est-ce que quelque chose est en préparation ?
31:21 - Écoutez, nous on n'a pas d'info là-dessus.
31:23 - Ok, donc ce sera peut-être la surprise.
31:25 On a l'impression qu'on occupe les Français
31:27 avec des débats de politique, la loi immigration, etc.
31:30 Mais la chose qui préoccupe premièrement les Français,
31:33 c'est quand même le pouvoir d'achat.
31:35 - Ah oui, c'est important de revenir aux Français et de les écouter.
31:38 Nous on a un service lecteur qui est très fourni
31:41 et des lecteurs qui nous font remonter
31:43 les arnaques auxquelles ils sont confrontés,
31:45 les difficultés, les cas de shrinkflation, vous savez,
31:48 quand on diminue la quantité d'un produit
31:51 tout en maintenant le prix.
31:53 - Ça c'est une pratique honteuse.
31:55 C'est-à-dire que les distributeurs font exprès,
31:57 enfin les industriels, d'avoir le même packaging
32:00 mais mettent moins dedans en fait,
32:02 en expliquant que le prix reste le même.
32:04 - Ah, ils n'expliquent rien justement.
32:06 - Il faut bien regarder le poids en fait, écrit en petit sur le paquet.
32:08 - Alors, en fait, nos lecteurs s'en rendent compte,
32:11 par exemple, quand ils ont un vieux paquet,
32:13 puis ils achètent le nouveau pour faire de la recharge,
32:15 puis tout à coup ils se rendent compte, par exemple,
32:17 que la bouteille est moins remplie.
32:19 Par exemple, l'industriel a mis un fond
32:21 un petit peu plus important au fond de la bouteille,
32:24 ou un petit peu plus d'air dans le paquet de chips,
32:27 et là on reçoit des courriers en disant
32:29 "c'est honteux, la dernière crise en date,
32:32 des biscuits, des oreos,
32:34 qui auraient moins de crème à l'intérieur".
32:36 C'est, voilà, une façon de limiter encore
32:40 les coûts, d'en donner un petit peu moins
32:42 pour le même prix.
32:43 Alors, le consommateur paye la même chose,
32:46 mais il en a moins dans l'assiette.
32:48 - Sans compter ça, et les changements des recettes aussi.
32:51 C'est-à-dire, vous savez, qu'en agroalimentaire
32:54 on peut jouer sur les additifs, etc.
32:58 - Remplacer le beurre par de l'huile de palme.
33:01 Alors, il y a un site public,
33:04 Signal Conso, qui signale les changements de recettes
33:08 quand les industriels veulent bien être transparents,
33:10 parce qu'il y a quand même des industriels qui jouent le jeu.
33:12 - Mais ils ne sont pas obligés à la transparence
33:14 sur les changements de recettes ?
33:15 - Ah non, pas forcément.
33:16 De même que sur le changement de taille des paquets,
33:20 il n'y a aucune loi pour le moment qui exige
33:23 que quand on change le volume du contenu,
33:26 on doive l'indiquer sur le paquet.
33:28 Ça ce sera au consommateur de le découvrir.
33:31 - Mais ça devrait être des lois qui devraient être discutées à l'Assemblée,
33:33 ça aussi, quand même, dans l'intérêt général.
33:35 - Ah oui, oui, ça...
33:36 Alors, la question de la transparence des industriels,
33:40 le gouvernement est en train de plancher dessus.
33:43 En septembre dernier, il y avait eu toute une crise
33:46 autour de la shrinkflation sur 150 produits,
33:48 qui est vraiment extrêmement faible, soyons clairs.
33:50 - Oui, il n'y avait rien.
33:51 - Mais ça avait provoqué une alerte
33:56 de la ministre Olivia Grégoire, de Bruno Le Maire,
34:00 qui ont parlé de donner plus de transparence
34:03 sur ce genre de pratiques,
34:04 de manière à réconcilier un petit peu les Français
34:07 avec les industriels,
34:08 pour que les Français ne se sentent pas arnaqués
34:11 sur ce point-là précis de la shrinkflation.
34:13 Mais la shrinkflation, cette réduction de contenu,
34:16 c'est vraiment le sommet immergé de l'iceberg.
34:19 C'est l'inflation, l'augmentation des prix
34:21 qui est le plus problématique aujourd'hui.
34:23 - Et là, il n'y a aucune mesure.
34:25 On parlait des trimestres anti-inflation
34:26 qui n'ont pas fonctionné parce que trop peu ambitieux.
34:29 - Ils ont quand même permis de maintenir à flot
34:33 quand même un certain nombre de personnes.
34:35 Heureusement qu'ils étaient là,
34:36 parce que...
34:37 - Oui, c'était mieux que rien, on va dire.
34:38 - Ah ben, c'était mieux que rien.
34:39 Voilà, maintenant, peut-être que ça aurait pu durer davantage.
34:42 Moi, j'attends de voir l'année qui vient.
34:44 - Oui, mais quelles seraient les mesures ambitieuses
34:46 que pourrait mettre en œuvre le gouvernement
34:48 pour donner un peu d'air aux Français ?
34:51 - Continuer les paniers anti-inflation,
34:56 négocier avec les industriels
34:59 de manière à ce qu'ils limitent les augmentations infondées.
35:07 - On parlait aussi des recettes,
35:10 de ce qu'on trouve dans les produits transformés.
35:13 Récemment, on a appris que les nitrites
35:16 étaient interdits dans les croquettes et pâtés pour chats et chiens,
35:20 mais autorisés dans les charcuteries pour les humains.
35:23 Comment on en arrive à des législations pareilles ?
35:27 - Alors, le cas des nitrites est très complexe.
35:32 C'est vrai qu'il n'y a pas d'interdiction des nitrites
35:36 dans la charcuterie humaine,
35:38 si ce n'est dans les saucisses.
35:40 Là, normalement, en mars,
35:42 on devrait commencer à ne plus voir de saucisses avec des nitrites.
35:45 La charcuterie sans nitrites
35:48 est difficile à mettre en place d'un point de vue industriel.
35:52 Ils ont des solutions,
35:55 mais comme le plan anti-nitrites
35:57 ne comporte pas de mesures coercitives,
36:00 c'est à la discrétion des charcutiers.
36:05 Et hélas, quand le plan anti-nitrites est sorti,
36:10 en mars 2022,
36:12 la façon dont il a été communiqué,
36:15 les éléments de langage étaient exactement les mêmes
36:17 que celui du lobby des charcutiers,
36:20 donc on s'est interrogé tout de même
36:22 sur la façon dont ça avait été mis en place.
36:26 Il faut quand même être clair,
36:28 les autorités sanitaires
36:30 sont vent debout contre les nitrites.
36:33 - Qui sont soupçonnés d'être des produits cancérogènes.
36:36 - Qui augmentent le risque du cancer colorectal.
36:40 4000 morts par an en France liées à ce type de cancer.
36:44 - C'est quand même beaucoup,
36:46 et rien n'est fait dans le sens des lobbies de manière très discrète.
36:50 - Il y a un plan,
36:52 à la discrétion des charcutiers,
36:54 de diminuer, mais nous, sur les étiquettes,
36:56 on n'a aucun moyen de savoir
36:58 si la quantité de nitrites d'un jambon nitrité
37:01 a été diminuée ou pas.
37:03 La quantité n'apparaît pas sur les étiquettes.
37:07 Pour un consommateur, en dehors d'avoir
37:10 un journal comme 60 Millions,
37:12 qui fait des essais sur du jambon
37:14 pour vérifier la quantité de nitrites avant/après,
37:17 il n'y a pas moyen de le savoir en regardant les étiquettes.
37:19 - Quels sont les gros dossiers sur lesquels vous travaillez actuellement
37:22 pour la défense des consommateurs ?
37:25 - Il y en a beaucoup, parce qu'il y a beaucoup d'arnaques,
37:29 beaucoup de sites internet abusifs,
37:32 on est sur tous les fronts,
37:36 les fronts de l'augmentation des tarifs SNCF...
37:40 - Pendant les fêtes, c'est vrai que là,
37:42 on a des prix assez exceptionnels.
37:44 - Voilà, donc traditionnellement,
37:47 le numéro de janvier qui sort dans quelques jours,
37:51 est celui où on dénonce un certain nombre
37:54 de malversations et d'entreprises
37:58 qui ont vraiment poussé le bouchon trop loin.
38:01 Donc vous saurez dans quelques jours
38:04 quelles sont les entreprises qu'on a épinglées
38:08 et qui méritent vraiment des cartons rouges.
38:11 - Merci beaucoup Sophie Cohen d'avoir été notre invitée
38:15 pour répondre à nos questions sur le pouvoir d'achat des Français.
38:18 C'était la dernière de l'année de Poulain Sans Réserve.