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La mise en place de la gratuité dans les transports pour les habitants de la métropole de Montpellier ne fait évidemment pas l'unanimité parmi tous les élus. Certains y voient une fausse mesure sociale, car la gratuité a aussi nécessairement un coût pour tous les contribuables.
Alenka Doulain, élue issue de la liste Nous Sommes en 2020, est montée ce jeudi matin dans la rame 4 nous servant de studio itinérant avec son vélo. Dans quelques heures, avec la mise en place de la gratuité, cela ne sera pourtant plus autorisé.

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Transcription
00:00 France Bleu Héro est sur France 3 Occitanie, nous sommes en direct avec Alenka Doulin,
00:04 conseillère municipale d'opposition à Montpellier, notre prochain invité en direct de nos studios,
00:08 installé dans l'une des rames de la ligne 4.
00:10 Guillaume Rouland, vous êtes aussi en direct sur France 3 Occitanie, je le rappelle.
00:13 Absolument, et on est à l'arrêt Hôtel de Ville, voilà, on a pris Mickaël de la Fosse tout à l'heure à l'Hôtel de Ville.
00:22 Alors Alenka Doulin, vous êtes montée au Corum je crois.
00:26 Alors Alenka Doulin, conseillère, bonjour, merci d'être venue nous rejoindre, conseillère municipale et conseillère métropolitaine d'opposition.
00:32 Vous êtes montée à bord de cette rame de la ligne 4 avec votre vélo, vous savez que c'est interdit à partir de ce soir, j'imagine que vous le savez.
00:42 Oui, c'est un rétro-pédaleur qui est très très fâcheux pour la communauté des cyclistes,
00:46 puisqu'aujourd'hui c'est la double peine, quand vous faites l'effort de prendre le vélo,
00:49 et il peut vous arriver parfois, bah oui, de crever sur votre lieu de travail,
00:52 et hors heure de pointe, c'était tout à fait logique de pouvoir continuer à mettre son vélo dans le tram.
00:57 Moi j'ai entendu monsieur le maire opposer les usagers des mobilités actives entre elles, je trouve ça vraiment regrettable.
01:04 Vous n'êtes pas la seule, Elisabeth Badigny, notre rédactrice en chef, est aussi montée avec son vélo, puisqu'elle fait aussi beaucoup de...
01:09 Non mais d'autant plus regrettable que ça a été fait sans concertation avec l'association de la communauté des cyclistes à Montpellier,
01:16 je crois que c'est vraiment un contre-message qui a envoyé en cette journée.
01:20 - Bon, Alain Cadoulin, c'est quand même malgré tout un jour historique, un jour de fête, vous participez à cette fête ou pas ?
01:26 - Bah écoute, moi pour être tout à fait honnête, le problème c'est pas la gratuité, c'est cette gratuité.
01:33 La charrue a été mise avant les bœufs, et je crois que si on demande aujourd'hui aux Montpellierais et Montpellierais et nos habitants de la métropole,
01:40 qu'est-ce qu'ils font qu'ils ne prennent pas les transports en commun, ils vous diront que c'est parce que le service n'est pas au rendez-vous.
01:45 Donc le risque aujourd'hui c'est que ça va être gratuit, mais un peu pourri. Et je crois qu'aujourd'hui c'est contre-productif, c'est fâcheux,
01:52 et je crois que ça témoigne d'une déconnexion en fait, entre les élus aujourd'hui aux manettes, et puis les gens du quotidien.
01:58 - Mais si on voulait en faire quand même une mesure sociale, et ça, Mickaël Delafosse et son équipe le revendiquent, il fallait quand même commencer par ça, non ?
02:05 - La gratuité si vous voulez, pour les étudiants, c'est une évidence. Et je pense à ceux aujourd'hui qui font la queue à l'aide alimentaire.
02:11 La gratuité pour les moins de 18 ans, c'est une évidence, c'est un geste pour les familles qui aujourd'hui peinent à boucler leur fin de mois en cette période de fête.
02:19 Mais la gratuité généralisée sur des critères géographiques qui n'ont pas de sens, parce que je le redis, le défi de notre métropole,
02:26 c'est de sortir ceux qui sont aujourd'hui coincés dans les bouchons, qui tous les jours doivent prendre leur voiture et nous écouter sûrement,
02:32 et bien c'est de leur proposer un réseau attractif.
02:34 - Donc ça veut dire quoi ? Vous auriez aimé une gratuité pour tout le monde, c'est ça ? Ça aurait coûté encore plus cher, hein ?
02:39 - Ce qui est évident aujourd'hui, c'est que cette gratuité, dont on ne sait pas comment elle est financée, 30 millions d'euros par an, où est pris l'argent ?
02:46 Où est pris l'argent ? Est-ce que ça va se faire sur le dos des usagers, qui aujourd'hui voient le réseau se dégrader, le service se dégrader ?
02:52 Est-ce que ça va être pris ailleurs, au niveau des politiques des médiathèques, du sport pour tous, de la solidarité ?
02:58 Et comme on n'a pas de plan de financement, et je crois que c'est extrêmement regrettable, et je pense que Montpellier malheureusement ne fera pas office de référence
03:05 avec cette gratuité qui est malfagottée. C'est une mesure aujourd'hui qui est électoraliste.
03:11 Mais le problème, c'est que la vraie vie, qu'est-ce qu'elle nous dit ? C'est qu'aujourd'hui, les gens qui veulent se rendre au travail et arriver à l'heure,
03:17 ils vous demandent des trams tôt le matin, je pense aux travailleurs qui travaillent aux horaires décalés.
03:21 Les femmes, le soir, quand elles doivent attendre 20, 25 minutes le tram à partir de 21h, et bien ce qu'elles demandent, eux, ce sont des trams plus réguliers,
03:29 des bus plus réguliers. Et aujourd'hui, je crois qu'on loupe le coche, parce qu'en fait, on ne va pas convaincre celles et ceux qui aujourd'hui ne prennent pas les transports en commun.
03:35 Et bien, on va louper le coche.
03:37 Je reviens un instant sur le financement, parce que vous en parlez, vous ne pensez pas, par exemple, que le versement en mobilité,
03:42 Michael Delafosse, on en parlait avec lui tout à l'heure, et puis ceux qui vont aussi continuer à acheter leur ticket, ce financement,
03:49 il sera aussi assuré en grande partie par cela, mais ça, ça ne vous rassure pas, manifestement.
03:55 Tout le monde sera d'accord pour dire que si le versement en mobilité augmente, c'est parce que le nombre de salariés dans notre métropole augmente,
04:01 et que théoriquement, il faut plus de moyens financiers pour déplacer ces personnes.
04:04 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il aurait fallu embaucher des conductrices, des conducteurs, il aurait fallu mettre des vrais arrêts de bus aux arrêts de bus,
04:11 pour pouvoir simplement favoriser le fait de déplacer toutes ces personnes.
04:15 Aujourd'hui, on se prive de 30 millions d'euros, quasiment 200 millions d'euros sur la durée d'un mandat.
04:20 De toute façon, quoi vous craint Alain Cadoulin ? Qu'on opère des coupes franches, comme on dit, dans d'autres budgets, d'autres lignes budgétaires ?
04:27 Tout à fait, c'est qu'on dégrade le service. On est aujourd'hui dans la ligne 4 de tram.
04:31 Savez-vous qu'en 2021, l'actuelle majorité a dégradé le fréquence horaire de cette ligne ?
04:36 C'est la ligne de tram qui est d'ailleurs la moins bien cadencée du réseau.
04:40 Ce n'est pas normal, c'est un déni de réalité que de faire cette gratuité sur le dos des usagers de transport.
04:47 C'est mettre la charrue avant les bœufs. Et je crois que c'est en ce sens que la plupart des villes qui sont aujourd'hui gérées par des écologistes ne mettent pas en place la gratuité.
04:55 Pourquoi ? Parce qu'en fait, c'est louper la cible. La cible aujourd'hui, c'est de convaincre celles et ceux qui ne prennent pas les transports que les transports sont réguliers, sont fiables.
05:04 Et aujourd'hui, on se prive de 30 millions d'euros.
05:06 Alors, vous savez qu'on fait un sondage tous les matins dans le 6-9. Ce matin, on demande à nos auditeurs si cette gratuité est susceptible de les inciter à prendre moins leur voiture.
05:16 Je n'ai pas regardé les chiffres où on en est, mais je crois que c'était 60% qui disaient que oui, grâce à cette gratuité, ils allaient prendre moins leur voiture.
05:24 Donc là, l'objectif, quelque part, il est atteint quand même, non ?
05:26 On verra dans les chiffres. Et moi, ce qui m'inquiète, c'est qu'il n'y a pas eu d'objectif chiffré proposé par M. le maire.
05:34 Un engagement pour dire, voilà, mon objectif, c'est de passer de temps à temps en termes de transport public.
05:38 Donc, sans objectif chiffré, on ne pourra pas évaluer si cette mesure est efficace.
05:42 Moi, je crois qu'aujourd'hui, ça va surtout convaincre parfois des piétons, des cyclistes de prendre les transports en commun.
05:47 Mais on loupe la cible de celles et ceux qui sont coincés dans les bouchons.
05:50 C'est du temps en moins avec leur famille, c'est un budget conséquent de prendre sa voiture.
05:54 Aujourd'hui, qui peut dire que le réseau est acceptable, que la qualité de service est suffisante ?
05:57 C'est faux ! C'est faux ! Il n'y a pas assez de bus, il n'y a pas assez de trams. Il faut améliorer le travail.
06:02 Il y a la gratuité, il y a le développement du deux-roues, des mobilités douze, donc ça veut dire qu'il faut réadapter le centre-ville.
06:07 Vous avez cette fibre écologiste, Alain Cadoulin. Il fallait faire quoi, du coup ?
06:11 Bien sûr, mais ce qu'il faut, c'est un choc de l'offre. Et pour ça, il faut embaucher des conductrices, des conducteurs.
06:16 Il faut améliorer la fréquence.
06:17 Qu'est-ce qui vous dit que ça ne sera pas le cas ?
06:18 Parce qu'aujourd'hui, je le vois bien, l'offre a déjà été dégradée avec la mise en place de la gratuité partielle.
06:23 Et aujourd'hui, je n'ai aucun signal qui peut me rassurer pour me dire que le service va être amélioré.
06:28 Parce que cette gratuité, on ne sait pas comment elle va être financée. Il n'y a pas de plan de financement de cette gratuité.
06:33 Et c'est ça où c'est... Je comprends tous ceux qui sont inquiets aujourd'hui, qui se disent "mais où va être pris l'argent ?
06:39 Qui va payer ? Qui va faire les frais de cette gratuité qui est aujourd'hui malfagottée, qui est faite dans le mauvais sens, qui est prise par le mauvais bout ?"
06:46 Bon, ça permettra quand même néanmoins, à partir de ce soir à 19h, un certain nombre de gens de pouvoir monter dans ces rames du tram ou dans les bus de la ville sans avoir rien à payer.
06:57 Vous dites électoraliste, mais malgré tout, quand même, on sent quand même que les gens apprécient cela.
07:03 Vous direz faire la fête ce soir en place de la comédie ou pas du tout ?
07:06 Je ne veux pas être présente ce soir. Ce que je veux dire c'est qu'aujourd'hui, évidemment, c'est un cadeau qui est joliment emballé.
07:10 Mais est-ce que ce n'est pas un cadeau empoisonné ?
07:12 Et moi, je dis aux Montpolérains et Montpolérais et aux habitants de cette métropole, ils peuvent compter sur ma vigilance, sur tout le long de ce mandat qui reste,
07:19 sur les trois ans qui restent, pour pointer les difficultés que rencontrent les usagers de publics de Montpellier.
07:26 La ligne cab, aujourd'hui, ce matin même, il y a un problème sur cette ligne. Lundi, c'était journée de mort sur le réseau, avec des dysfonctionnements chroniques.
07:33 Je le dis, et toutes celles et ceux qui viennent à Montpellier se rendent compte que, oui, nos trams sont jolis,
07:37 mais ils ne sont pas aujourd'hui encore à la fréquence adéquate pour la 7e ville de France.
07:41 Il faut se battre pour la qualité du service public. Le service public, c'est le patrimoine de ceux qui n'en ont pas.
07:46 Aujourd'hui, les élus qui mettent en place cette mesure, qui se complaisent et qui s'autocongratulent,
07:51 loupent le coche de la réalité de ceux qui, tous les jours, ont besoin de ces transports publics pour se déplacer.
07:56 Merci à vous d'être venu nous rejoindre dans cette rame. Reprenez votre vélo et vous repartez en vélo à Alenca d'Oulane.
08:02 Merci à vous.
08:04 Merci Guillaume Rouland, en direct de la ligne 4.

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