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  • 03/09/2023
L'acteur et réalisateur français Mathieu Kassovitz a été "très sérieusement blessé" ce dimanche dans un accident de moto sur le circuit automobile de Montlhéry, en Essonne, a appris BFMTV auprès de son entourage. Il a été transporté en urgence à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre.

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Transcription
00:00 Mais juste avant, je voulais vous donner une information qui concerne Mathieu Kassovitz,
00:03 l'acteur français grièvement blessé après un accident de moto sur un circuit automobile en Essonne.
00:08 Voilà, vous voyez apparaître sur la carte le circuit de Montlhéry.
00:12 Grievement blessé, c'est une information qui a été confirmée par l'entourage de l'acteur.
00:17 Mathieu Kassovitz qui est dans un état grave.
00:19 Il a été transporté en urgence à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre.
00:23 Voilà l'information qu'on peut vous donner ce soir.
00:26 Mathieu Kassovitz, grièvement blessé après un accident de moto sur un circuit automobile en Essonne.
00:32 Ce circuit automobile que vous voyez à l'écran au circuit de Montlhéry.
00:36 Bonsoir, Mesdames.
00:38 Bonsoir, Benjamin.
00:39 Roselyne Bachelot.
00:40 Bonsoir.
00:40 Cécile Duflo.
00:41 Merci d'inaugurer ce duel de 19h.
00:44 Je suis très heureux de commencer avec vous.
00:45 Est-ce qu'on vous présente ?
00:46 Il y a besoin de vous présenter.
00:47 Non, je vous connais.
00:49 Roselyne Bachelot.
00:50 On ne me présente pas Cécile Duflo.
00:52 Je suppose que Cécile n'a pas besoin que je lui soit présentée.
00:55 Cécile, je crois que ça va, mais peut-être que les gens qui nous regardent,
00:57 enfin, ils connaissent Roselyne parce qu'ils la voient souvent, mais moi, je suis là.
01:00 Cécile Duflo, écologie.
01:02 You are fishing for compliments.
01:03 Non, même pas.
01:04 Ancienne ministre de François Hollande, patronne d'Oxfam.
01:07 Ça va ?
01:08 Exactement.
01:09 Vous connaissez ou pas ?
01:10 Oui.
01:11 Bon, donc très bien.
01:12 Donc on reste là.
01:13 Non, pas très bien, mais on se connaît bien depuis longtemps.
01:16 On va passer, comment dire, l'actualité au tamis de vos regards.
01:20 Vous ne pensez pas la même chose sur les sujets,
01:21 mais on va essayer de discuter intelligemment de tout cela.
01:25 On va parler du sujet qu'on abordait il y a quelques instants,
01:28 la question des abayas.
01:29 On va parler de la rentrée politique.
01:32 On a eu une information il y a quelques instants,
01:33 Jordan Bardella au Figaro a confirmé qu'il serait tête de liste
01:36 Rassemblement national aux Européennes.
01:38 On va aborder ces questions.
01:39 Mais d'abord, c'était un sujet qu'on abordait en début d'émission
01:42 avec Alexandre Bonpart, la question de l'inflation
01:45 et notamment la situation critique des Restos du Coeur.
01:48 Écoutez, l'appel que lançait le patron des Restos du Coeur,
01:50 c'était il y a quelques heures.
01:53 Je crois qu'il faut se rendre compte que l'inflation
01:55 est d'une violence inouïe.
01:57 C'est de pire en pire.
01:59 À ce rythme-là, si l'on n'y fait rien,
02:01 même les Restos du Coeur pourraient mettre la clé
02:03 sous la porte d'ici trois ans.
02:04 Eh bien, nous allons devoir prendre des mesures très difficiles
02:07 et notamment réduire fortement le nombre de personnes
02:09 que l'on va accueillir dès la prochaine campagne.
02:11 Dire non à des gens qui se présenteront.
02:13 Dire non à des personnes à qui on aurait dû dire oui l'hiver dernier.
02:16 Et surtout, ce qui est encore plus terrible,
02:18 c'est que les personnes que l'on va accueillir,
02:20 eh bien, nous allons devoir leur donner moins de produits.
02:22 Aujourd'hui, je lance un appel aux forces politiques de notre pays
02:26 et aux forces économiques également.
02:28 Nous demandons des réponses concrètes, précises, immédiates
02:31 et le lancement d'un plan d'urgence alimentaire.
02:34 On entend cet appel.
02:36 Ils ont besoin de 35 millions d'euros en plus.
02:38 Il y a 150 000 personnes qui risquent de se retrouver
02:41 sans aide des Restos du Coeur.
02:42 On est la septième puissance du monde.
02:45 Comment on en arrive là ?
02:47 Cécile Duflo.
02:48 Bon, on est dans une crise effectivement.
02:50 Pardon, ton soeur.
02:51 Non, non, non, non, allons-y.
02:53 On est dans une crise qu'on connaît.
02:55 On va parler de l'inflation.
02:56 Effectivement, il lance un appel au secours.
02:58 Je suis persuadé que cet appel au secours, il sera entendu.
03:02 Dans l'incruse, vous mettez un abandon de l'État.
03:04 Il n'y a pas d'abandon de l'État.
03:06 On connaît l'origine des financements des Restos du Coeur
03:09 dans lequel l'État est très impliqué par des subventions directes et indirectes.
03:13 Puisque quand on fait un don au Restos du Coeur,
03:17 il y a des exonérations fiscales extrêmement importantes.
03:20 Quand on donne 60 millions au Restos du Coeur,
03:22 l'État restitue 40 millions aux donneurs par les dispositions fiscales.
03:28 Il y a aussi des emplois aidés, etc.
03:30 Bon, il y aura un appel à la générosité publique.
03:34 Je ne doute pas aussi qu'étant donné le rôle emblématique des Restaurants du Coeur,
03:39 ces 35 millions vont être couverts.
03:42 D'ailleurs, Alexandre Bompard, tout à l'heure, le PDG de Carrefour,
03:44 il est aidé.
03:45 Bien sûr, mais bien sûr.
03:46 Il a eu raison, le président des Restos du Coeur,
03:49 de lancer cet appel à l'aide parce que ça touche vraiment les plus démunis.
03:53 En plus de ce qui s'est passé à Watrolos,
03:55 pour ceux qui nous regardent, avec des bus des Restos du Coeur
03:57 qui ont été attaqués, qui sont hors d'usage.
04:00 Donc, situation qui est critique.
04:01 Oui, non, non, mais effectivement,
04:03 et on comprend bien que dans la situation actuelle,
04:05 il va falloir forcer la générosité,
04:08 qu'elle soit la générosité publique ou la générosité individuelle.
04:11 Mais je ne sais pas, je ne suis pas optimiste sur la situation.
04:15 Vous voyez bien, le symbole est quand même...
04:16 Ah, mais le symbole, mais voilà.
04:18 Mais il a appel à l'aide et il faut qu'on entende cet appel à l'aide,
04:21 à la fois le gouvernement et les individus,
04:25 parce que 35 millions, ce n'est pas introuvable quand même.
04:28 Cécile Duflo, le gouvernement fait assez ?
04:30 Je pense que ce qui est problématique,
04:32 c'est que les Restos du Coeur existent toujours.
04:34 Vous vous souvenez quand Coluche, en 1985, avait lancé les restos,
04:37 il avait dit "on devrait aboutir à notre dissolution,
04:40 ça ne devrait pas exister".
04:41 Parce que qu'est-ce qui fait qu'on a besoin des Restos du Coeur ?
04:45 C'est qu'il y a des gens qui n'arrivent pas à se nourrir.
04:47 Vous l'avez dit, en France, la septième puissance économique du monde
04:52 qui dispose de ressources très importantes,
04:55 qui a des capacités à en mettre en œuvre de la solidarité,
04:57 mais cette solidarité s'est trouvée en échec,
05:00 parce qu'un certain nombre de familles,
05:03 et je pense en particulier aux femmes seules avec les enfants,
05:05 c'est elles, on le sait, toutes les études le montrent,
05:07 la précarité et la pauvreté se concentrent sur elles.
05:10 Donc évidemment qu'il faut aider les restos,
05:12 et d'ailleurs je sais que l'immense majorité des ressources
05:15 des Restos du Coeur, ce sont des donateurs individuels.
05:18 Vous avez rappelé que je dirige une ONG,
05:20 c'est la même chose avec la solidarité internationale.
05:22 On compte beaucoup sur la solidarité individuelle,
05:24 mais on sait aussi qu'il y a une réponse.
05:26 Il y a une réponse qui peut être pas seulement
05:27 de verser une subvention de 35 millions,
05:29 et ça c'est vrai que c'est tout à fait
05:31 une possibilité très simple pour l'État,
05:35 mais c'est de faire en sorte qu'on augmente les minimas sociaux
05:39 de ceux qui aujourd'hui n'ont pas assez d'argent pour se nourrir.
05:41 Voilà, parce qu'en fait, au fond, si on parle aussi beaucoup
05:44 des Restos du Coeur, c'est parce qu'on est dans un contexte
05:46 que tout le monde a constaté, l'inflation, on en a parlé beaucoup.
05:49 Et de ce point de vue-là, on a un discours politique
05:51 qui est quand même assez étonnant.
05:52 On recevait ce midi Bruno Le Maire, qui dit au fond,
05:55 "J'ai qu'une parole, ça va aller bien, l'inflation va ralentir."
05:59 Et on a Alexandre Bompard tout à l'heure,
06:01 qu'on ne peut pas accuser d'être un afro-gauchiste,
06:03 qui dit, "Attendez, attention à ça."
06:06 Est-ce qu'au fond, il n'y a pas une sorte de décalage, Roselyne,
06:09 entre le discours politique qui, par volontarisme,
06:12 essaie de montrer que ça va aller mieux et la réalité de ce que vivent les gens ?
06:17 - Je crois que Cécile Duflo a été comme moi au gouvernement,
06:21 le politique coupé des réalités.
06:23 Je crois qu'au contraire, les politiques connaissent les réalités
06:28 et que dans des situations comme la situation d'inflation
06:31 dans laquelle on est, qui est évidemment à beaucoup de causes,
06:37 le politique est assez dépourvu de moyens aussi.
06:40 - Donc on ne peut pas faire ça.
06:41 - Non, mais si, on peut faire des choses, bien entendu.
06:44 Mais il y a des contextes internationaux,
06:46 il y a des situations qui sont extrêmement difficiles.
06:48 Il y a aussi un certain retard à l'allumage, par exemple.
06:52 On s'étonne que les prix ne soient...
06:55 On ne répercute pas immédiatement les baisses,
06:57 mais il y a des effets de stock, etc.
06:59 Mais là, évidemment, la maman seule avec enfant,
07:03 quand on lui dit, il y a un effet de stock,
07:05 elle, elle sait ce qu'elle va pouvoir mettre dans son cas.
07:08 Quand on lui dit que l'inflation va passer de 4,8 à 4,
07:13 elle dit, très bien, moi je continue à...
07:15 - Surtout, pardon, quand on sait d'où vient une grande partie de cette inflation.
07:18 Et là non plus, ce ne sont pas des affreux gauchistes qui le disent,
07:20 c'est qu'une grosse part de cette inflation,
07:22 c'est l'augmentation des marges des producteurs,
07:24 c'est-à-dire qu'ils gagnent plus d'argent.
07:26 D'ailleurs, ça se voit de façon assez simple.
07:28 On vient encore de battre un nouveau record de distribution
07:31 de dividendes aux actionnaires.
07:32 Et parmi ces records, c'est en France qu'on est encore en avance.
07:36 - Donc Roselyne, il faut taxer plus les propriétaires et les dividendes.
07:41 - C'est-à-dire que oui, moi d'abord, je suis un peu réticente
07:46 devant les discours des grands patrons,
07:49 quand ils parlent de reconstituer les marges
07:53 et qu'il faut lutter contre l'inflation.
07:54 Bon, très bien, je pense qu'ils sont surtout...
07:57 Et d'ailleurs, c'est leur boulot.
07:58 - C'est à quoi vous dites qu'il y a besoin de doubles discours
08:00 des patrons de la grande distribution ?
08:01 - Oui, il n'y a pas un peu, il y a beaucoup de...
08:04 - C'est-à-dire que quand Alexandre Bonfart parle de déconsommation,
08:06 vous dites...
08:07 - Alors, on peut essayer d'avoir un discours un petit peu plus différencié.
08:12 D'abord, moi, s'il y a, quand on sait qu'un tiers des produits alimentaires
08:18 sont jetés et vont directement à la poubelle,
08:20 et qu'en France, c'est 10 millions de tonnes, les produits gâchés alimentaires.
08:24 Si on peut se recentrer, si on peut changer nos habitudes de consommation
08:30 et être plutôt dans une stratégie de bien consommation.
08:34 - Je pense que vous avez tous poussé un caddie dans les supermarchés
08:38 et vous avez regardé comment on achète.
08:40 - Oui, sauf que là, bien consommé, c'est...
08:43 Là, les témoignages qu'on a, on en avait tout à l'heure un monsieur
08:45 qui nous dit "mais moi, je n'en suis plus à bien consommer,
08:47 j'en suis à me priver de l'essentiel".
08:50 - Mais bien sûr, mais je ne suis pas idiote, je connais les réalités.
08:55 Il y a des gens qui sont vraiment, qui se privent d'un certain nombre de choses
09:00 et qui vont justement au resto du cœur.
09:02 Pour l'instant, moi j'ai le sentiment que 1) cette crise inflationniste,
09:10 elle devrait diminuer, elle devrait être jugulée.
09:14 Il y a un problème, c'est que si les salaires suivent l'inflation,
09:17 les minima sociaux ne les suivent pas.
09:20 Et ça, c'est un véritable problème.
09:23 Et donc, ça va toucher justement ces personnes les plus fragiles.
09:27 Donc là, il y a sans doute un effort à faire.
09:30 Et ensuite, on peut se poser aussi des questions sur nos moyens de consommer,
09:36 nos méthodes de consommer.
09:38 - Il y a quand même un sujet, vous avez souvent fait des sujets
09:40 pour montrer à quel point un certain nombre d'agriculteurs
09:43 sont dans une situation très difficile.
09:44 Des gens qui produisent ce que nous mangeons.
09:47 Dans le même temps, vous avez des gens qui ont du mal à se nourrir.
09:49 Vous l'avez dit, avec des prix qui ont énormément augmenté,
09:52 y compris sur des aliments de base comme les pâtes.
09:54 Mais qu'est-ce qui se passe entre les deux ?
09:55 Il n'y a pas une boîte noire.
09:57 Entre les agriculteurs et les consommateurs,
09:59 il y a effectivement une augmentation des coûts de l'énergie.
10:02 Mais pour le reste, il y a des entreprises qui ont bénéficié de cette espèce de...
10:05 - Mais donc quoi ? Il y a une sorte de...
10:07 Il y a une cagnotte cachée ?
10:08 - La cagnotte, elle est redistribuée aux actionnaires.
10:10 C'est pour ça que les dividendes s'envolent.
10:11 Il n'y a pas de mystère autour de ça.
10:13 L'argent, il n'est pas planqué.
10:15 Il est redistribué aux actionnaires.
10:17 Et cette aggravation des inégalités que ça produit,
10:20 c'est non seulement injuste.
10:21 Nous, on défend un modèle de justice sociale.
10:23 Et là, aujourd'hui, ça va devenir périlleux
10:26 quand on entend effectivement le patron des Ressaux du Coeur
10:29 qui dit qu'ils vont être obligés de mettre des critères plus stricts
10:33 pour distribuer de la nourriture.
10:34 On parle de la nourriture.
10:36 On voit bien que ça ne peut pas fonctionner.
10:38 Et on n'arrête pas de parler du modèle de la France,
10:42 de ce pays de grande redistribution.
10:43 C'est vrai.
10:44 On est un des pays qui redistribue le mieux.
10:46 Mais tout ça, c'est frite depuis plusieurs années.
10:49 Et là, ça prend une tournure et une accélération.
10:51 Donc, ce serait difficile si on n'avait pas d'argent.
10:53 Mais cet argent, il existe.
10:54 Il est distribué ailleurs.
10:55 Et donc, on peut plaider pour une meilleure redistribution.
10:58 Avoir une politique de régulation sur ceux,
11:04 sur les grandes enseignes,
11:06 parce que c'est elles qui assurent majoritairement
11:09 la consommation des produits de première nécessité,
11:12 c'est-à-dire l'alimentation.
11:15 Il faut savoir aussi que quand on regarde l'inflation,
11:18 elle est distribuée différemment.
11:21 Ce qui augmente le plus, c'est les produits d'hygiène et de beauté.
11:24 10%, l'entretien, si on peut servir un peu moins de produits d'entretien,
11:28 il n'y aurait que des avantages sur le plan écologique,
11:31 car on gaspille beaucoup aussi dans ce domaine.
11:35 Les surgelés, le frais.
11:37 Mais je pense qu'on est vraiment, on va voir, au pic d'inflation.
11:43 Ça devrait redescendre,
11:44 mais il faut des mesures ciblées sur les plus modestes.
11:47 Mais juste si l'inflation diminue,
11:50 ça ne veut pas dire que les prix vont baisser.
11:51 Et le problème, c'est qu'ils vont franchir un cap.
11:53 Exactement, ça veut dire qu'ils vont en augmenter moins vite.
11:56 Et pour un certain nombre de familles,
11:59 ça devient effectivement une situation difficile.
12:01 Et ça, vous pouvez le prendre par n'importe quel bout,
12:03 expliquer que c'est le modèle, que c'est la Banque centrale européenne.
12:06 On touche à un sujet qui est vraiment un bien de première nécessité,
12:12 l'alimentation.
12:13 Et quand vous dites "on taxe les riches et puis les dividendes",
12:17 vous balayez ça avec un petit air...
12:19 Mais je le dis, en fait, on fait des choix avec la fiscalité.
12:23 On choisit qui paye et qu'est-ce qu'on finance.
12:26 Aujourd'hui, par exemple, les entreprises reçoivent énormément d'argent de l'État.
12:31 Ça ne les dérange pas.
12:32 Et c'est la fiscalité qui permet la redistribution.
12:34 Elles n'en payent pas d'argent, elles en payent un peu moins.
12:35 On ne leur fait pas de chèque.
12:37 Si, bien sûr qu'il y a des aides.
12:39 Il y a des aides qui sont des diminutions de charges.
12:42 Majoritairement, ce sont des diminutions de chèque.
12:44 Oui, mais ce que je veux dire, c'est qu'aujourd'hui, le budget global,
12:47 c'est 150 milliards d'euros d'aides publiques aux entreprises.
12:50 Ce ne sont pas des aides, ce sont des moindres prélèvements.
12:53 Oui, mais ça s'appelle des aides quand même.
12:54 Ah non, je ne touche pas à un chèque à la fin du mois.
12:57 À partir du moment où la France le taxe le plus ses entreprises...
13:02 Non, mais ça me fait penser au...
13:03 Vous savez, vous avez deux billets de 50 euros sur votre commode,
13:07 il y a un cambrioleur qui vient, il ne vous prend qu'un billet,
13:09 il dit "remerciez-moi, vous m'avez fait cadeau de 50 euros".
13:11 Non, c'est pas un cadeau.
13:13 Si vous considérez que quand l'État prend de l'argent, c'est un cambrioleur,
13:18 effectivement, on ne va pas être très d'accord.
13:19 Parce que...
13:21 Comparaison des comparaisons.
13:22 On ne vous mettra pas tout à fait d'accord.
13:23 Juste pour avancer dans ce contexte d'inflation,
13:25 il y a eu une décision qui a été prise,
13:27 une annonce qui a été faite par la première ministre ce matin,
13:29 qui dit, alors même que ça faisait partie des débats budgétaires,
13:32 on n'augmentera pas le prix des cigarettes.
13:34 Là, je pose la question à l'ancienne ministre de la Santé,
13:37 ça veut dire qu'en fait, pour protéger le pouvoir d'achat des Français,
13:39 on prend une décision au détriment de la santé publique.
13:41 - Alors, je suis une militante de l'augmentation du prix du tabac,
13:45 et je l'ai fait dans les responsabilités qui étaient les miennes.
13:50 Là, on est sur un vrai problème,
13:51 il faut regarder quelle est la structure de consommation du tabac.
13:56 Les personnes diplômées consomment deux fois moins de tabac
13:59 que les personnes non diplômées.
14:00 - C'est les classes populaires qui trinquent.
14:01 - C'est les classes populaires qui consomment le plus,
14:03 parce qu'il y a un effet de combat de l'anxiété, du stress,
14:08 chez des gens qui vivent difficilement.
14:11 Donc, on est en période où c'est déjà difficile.
14:14 Quand on interroge les fumeurs des classes populaires,
14:17 on se rend compte qu'ils ne vont pas faire l'arbitrage
14:23 sur la diminution du tabac, ils font l'arbitrage sur la nourriture.
14:27 - C'est-à-dire qu'ils vont continuer à acheter des cigarettes.
14:29 - On interroge ces personnes, elles se priveront d'un repas,
14:34 d'un coiffeur, d'une séance de cinéma pour continuer le tabac.
14:39 On est dans une période où il y a de l'inflation.
14:42 Et d'ailleurs, on se rend compte que le prix du tabac
14:45 n'a pas d'impact sur la diminution de leur consommation.
14:48 Alors que ça représente, si on fume un paquet de tabac par jour,
14:51 c'est 300 euros à la fin du mois.
14:54 Là, on est dans une période de difficulté.
14:56 Ça ne va pas jouer sur la santé,
14:59 mais ça va diminuer le pouvoir d'achat
15:01 et les arbitrages se feront contre la nourriture
15:03 et contre des produits de première nécessité.
15:05 - Je suis d'accord avec le fait que le tabac est une drogue dure.
15:08 Et dans le débat sur les drogues,
15:10 ce que vient de dire Roselyne est très clair.
15:12 On peut se priver de manger pour continuer à acheter des cigarettes.
15:15 Ça prouve bien que c'est d'abord un produit très addictif
15:18 et c'est un produit qui rend très dépendant.
15:20 - Mais il fallait augmenter ou pas les taxes de cigarettes ?
15:21 - Et donc c'est vrai que la question est posée de se dire
15:24 qu'est-ce que ça a comme conséquence sur le budget des familles ?
15:27 Mais on ne peut pas le prendre juste par ce petit bout-là.
15:28 Ce qu'il faut, c'est effectivement faire diminuer cette consommation
15:31 qui a un impact sur la santé, qui a un impact sur la mortalité,
15:34 qui a un impact sur le budget,
15:35 mais pour lequel il y a une pression de lobby très forte sur les pouvoirs publics.
15:40 Donc la question de qui a poussé à cet arbitrage...
15:44 - Faut pas caricaturer !
15:45 Je suis pas...
15:47 - Non, pas vous !
15:48 - Non, mais pas moi !
15:48 - Je suis pas passionné par les lobbyistes !
15:50 Je n'ai jamais été sous leur...
15:52 - Je n'ai pas dit ça, mais la question de savoir comment on a une politique globale des drogues,
15:57 et de toutes les drogues, dont une drogue très addictive comme le tabac,
16:02 c'est un vrai sujet.
16:03 Vous l'avez dit, pourquoi on fume des cigarettes ?
16:05 Parce que ça apaise, parce que ça calme, parce que ça permet de gérer le stress,
16:08 parce qu'on a été acclimaté, parce que quand on était jeune,
16:11 il y a eu une pression de ses amis pour dire "alors, t'oses pas, t'es un bébé", etc.
16:15 Tout ça participe des éléments sur lesquels il faut agir pour faire diminuer la consommation.
16:21 - Moi je trouve qu'il faudra baisser le prix du tabac, mais...
16:25 - Comment ?
16:25 - Mais pas maintenant.
16:26 - Mais en ce moment où on est en pleine crise inflationniste,
16:30 le risque c'est que les arbitrages se fassent contre les produits de nécessité
16:34 pour garder l'usage du tabac.
16:36 Je le dis avec beaucoup de peine, et c'est une souffrance pour moi de dire ça,
16:42 alors que je milite pour l'augmentation du prix du tabac,
16:45 qui est le moyen le plus efficace de faire baisser la consommation,
16:48 mais ce qui est extraordinaire, quand on regarde sociologiquement,
16:51 ça fait baisser la consommation chez les gens qui ont des moyens.
16:55 C'est ça qui est quand même terrible.
16:56 - C'est pour ça que peut-être il faut essayer autre chose.
16:58 On verra ce que ça va donner, mais la Nouvelle-Zélande a décidé
17:01 qu'à partir d'une certaine date de naissance,
17:04 on n'a plus le droit de fumer des cigarettes.
17:07 - L'interdiction, parce qu'il y a eu l'annonce ce matin
17:09 de l'interdiction de ce qu'on appelle les puffs,
17:11 c'est-à-dire les petites cigarettes électroniques jetables.
17:13 Vous pensez qu'il faut réfléchir à l'interdire ?
17:15 - En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'il faut une politique de santé publique
17:18 bien plus intelligente sur l'ensemble des drogues.
17:21 Le tabac, l'alcool, l'alcool qui est une catastrophe sociétale,
17:27 qui peut être un plaisir comme toutes les drogues.
17:29 Il faut dire la vérité.
17:30 Ça peut être à la fois agréable, plaisant.
17:34 - Si c'était meuveux, il n'y aurait pas de problème.
17:35 - Exactement, et poser des problèmes.
17:37 Mais comme l'amour ou comme plein d'autres choses,
17:40 on pourrait aller très loin.
17:41 - C'est pas encore l'amour.
17:43 - Il y a des sexes addicts.
17:45 - Voilà, on n'ira pas plus loin sur ce plateau.
17:46 - Mais ça veut dire aussi qu'avoir cette politique libérale sur le tabac
17:51 et cette politique aussi folle et aussi restrictive sur le cannabis,
17:55 ça aboutit à une situation qui est baroque.
17:57 - Juste un mot avant de parler du sujet qu'on abordait juste avant,
17:59 la question des abayas.
18:00 En fait, si ce débat intervient aussi,
18:02 c'est parce que le gouvernement, dans le même temps,
18:04 décide d'augmenter la franchise,
18:06 c'est-à-dire ce que les Français vont payer sur les boîtes de médicaments,
18:08 sur la consultation chez le médecin,
18:10 et que dans le même temps, ils font cet arbitrage
18:12 pour ne pas augmenter les taxes sur l'alcool et sur les cigarettes.
18:15 C'est là que les Français se disent, mais attendez, en fait...
18:18 - Oui, il y a un plafonnement.
18:19 - C'est vrai qu'il y a un plafonnement à 50 euros,
18:21 mais malgré tout, est-ce que les efforts sont au bon endroit ?
18:24 - Mais ça dit une politique.
18:26 En fait, c'est ça la force de la politique, c'est de faire des choix.
18:29 C'est de se dire, effectivement, est-ce qu'on taxe les riches
18:32 ou est-ce qu'on augmente la franchise sur les médicaments ?
18:36 Voilà, c'est faire de la politique.
18:38 Et donc, ça dit quelque chose, effectivement,
18:39 des choix politiques de ce gouvernement
18:41 qui préfère toucher tout le monde et de façon un peu contrainte,
18:44 parce que de toute façon, quand vous achetez votre boîte de médicaments,
18:48 ce n'est pas vous qui décidez ce qu'on vous rembourse.
18:50 Et donc, évidemment que c'est problématique.
18:52 En le présentant, vous l'avez dit, personne ne peut entendre
18:56 que c'est une évidence naturelle et souhaitable.
18:58 - Roselyne ?
19:00 - De toute façon, on va être soumis à des demandes de dépense sociale
19:05 tout à fait considérables et que de toute façon, à un moment,
19:08 c'est le consommateur ou c'est le...
19:13 Ou c'est le... Comment dirais-je ?
19:14 L'usager, enfin le consommateur ou le contribuable,
19:17 ça y est, je vais y arriver,
19:18 qui paye ou le cotisant d'ailleurs, le cotisant de la sécurité sociale.
19:23 De toute façon, ces dépenses, il va falloir trouver des financements,
19:27 surtout qu'on est au début de thérapeutiques tout à fait remarquables.
19:32 Ce qu'il y a dans les cartons de l'industrie pharmaceutique
19:36 sur des produits comme les anticancéreux, par exemple,
19:40 c'est quelque chose qui est absolument, d'abord, ébouriffant, magnifique,
19:44 mais avec des prix de traitement absolument considérables
19:47 qui vont poser des problèmes d'ailleurs philosophiques et sociaux
19:51 quand on a des produits de plusieurs dizaines de milliers d'euros
19:54 de traitement par jour.
19:56 - Pour faire en sorte que ce soit accessible au plus grand nombre.
19:59 - Le débat avait été tranché au moment des trithérapies sur le sida
20:02 parce qu'à un moment, on avait imaginé que tout le monde n'aurait pas droit,
20:06 qu'il faudrait choisir ses...
20:10 J'allais dire ses malades.
20:12 Le gouvernement d'époque, c'était Hervé Guémard
20:14 qui était secrétaire d'État à la Santé,
20:15 avait tranché sur le fait qu'il n'y aurait pas de filtre.
20:19 On va être avec ces mêmes sujets et il faudra payer ces choses.
20:24 - Vous parlez de questions philosophiques,
20:26 on est là pour le coup sur notamment la philosophie,
20:28 mais concrète demain, compte tenu de la décision de Gabriel Attal,
20:31 le ministre de l'Éducation nationale, d'interdire les abayas,
20:33 demain les lycéennes, que les jeunes ne pourront plus aller au lycée en abaya.
20:37 Et voilà ce qu'en disait la première ministre,
20:39 c'était chez nos confrères d'Hertel à la mi-journée.
20:43 - Il n'y a aucune stigmatisation.
20:46 Et chacun de nos concitoyens,
20:49 quelle que soit sa religion, a toute sa place dans notre pays.
20:53 On voit bien qu'il y a des démarches dans lesquelles,
20:55 je vous dis, le port de l'abaya manifeste,
21:00 sert à manifester son appartenance à une religion.
21:03 Et ça, c'est interdit par la loi.
21:05 - Cécile Duflo, pas de stigmatisation, dit Elisabeth Borne.
21:09 Donc au fond, c'est logique, on interdit les abayas demain.
21:11 - En fait, tout le monde comprend en creux quand même.
21:14 D'ailleurs, c'est pour ça que c'est utilisé.
21:16 Moi, je vais être très franche avec vous, ça me fait surtout beaucoup de peine.
21:20 Ça me fait beaucoup de peine parce que ça met des tas de gens dans une situation impossible.
21:24 Des personnels de l'éducation nationale, des jeunes filles,
21:29 surtout à un moment qui s'appelle l'adolescence.
21:31 Et qu'est-ce que c'est l'adolescence ?
21:32 Parce qu'en fait, on parle de l'abaya,
21:34 moi, je voudrais parler des personnes qui sont à l'intérieur,
21:37 c'est-à-dire des adolescentes, parce qu'on ne parle pas des adultes.
21:39 On ne parle pas d'interdire l'abaya dans la rue.
21:41 C'est heureux et je ne sais quoi.
21:43 On parle d'adolescentes qui sont au collège et au lycée,
21:45 c'est-à-dire entre 10 ans et 18 ans, des adolescentes.
21:49 Qu'est-ce qu'on est quand on est adolescent ?
21:51 On est assez, d'abord, provocateur, souvent.
21:56 On peut être très dans la volonté de ressembler complètement à ses camarades.
22:03 Et puis, on est aussi, avec plein de cas pratiques,
22:07 on parlait du tabac, c'est en général le moment où on commence à fumer,
22:10 on veut essayer de franchir des limites.
22:13 Et donc, qu'est-ce qui s'est passé avec cette histoire d'abaya ?
22:16 C'est que, effectivement, et je l'ai vu,
22:18 et ce n'est pas faux de dire que pour certains,
22:20 il y a une démarche militante,
22:22 comme on peut être militant quand on a 14 ou 15 ans.
22:25 C'est dire, ah ben, on ne peut plus venir avec un voile,
22:27 donc on va mettre une robe traditionnelle.
22:32 Parce que ce ne sont pas les robes longues,
22:33 c'est visiblement, il faut les reconnaître, alors broderie ou je ne sais quoi.
22:36 Mais est-ce que c'est comme ça qu'on gère la relation avec des adolescents ?
22:39 Moi, mes enfants sont allés dans un collège qui a appliqué la loi,
22:42 et donc, ce n'était pas le voile qui était interdit au collège,
22:44 c'était tous les couvre-chefs.
22:45 En hiver, s'il neigeait, il était interdit de mettre un bonnet.
22:48 Donc là, on va se retrouver, le jour de la rentrée en plus,
22:51 dans cette espèce de milestone compliqué.
22:53 Donc, je pense que l'immense majorité des jeunes filles vont dire,
22:56 OK, ce n'est pas possible.
22:57 Mais si vous vous retournez sur ce qui s'est passé avant,
23:00 c'est-à-dire avant que le ministre de l'Éducation nationale ait donné cette instruction.
23:05 Par ailleurs, il ne précise pas du tout ce que c'est une abaya.
23:07 Dans le texte, le truc, c'est que tout le monde comprend.
23:10 Roselyne va vous répondre dans un instant.
23:11 Mais pardon.
23:12 Les arguments utilisés par les chefs d'établissement,
23:14 personne ne dit qu'on ne sait pas ce qu'est une abaya.
23:16 Ils disent, donnez-nous une règle.
23:17 Et donc, est-ce que vous pouvez nous dire ce que c'est ?
23:19 En l'état de ce que l'on sait, c'est une robe longue qui couvre les membres,
23:24 c'est-à-dire les bras, les jambes.
23:28 Personne n'a de difficultés, du moins les acteurs concernés,
23:30 à savoir ce qu'est une abaya ou ce qu'il n'en est pas.
23:31 Moi, je peux vous dire qu'il y a des tas de robes qui remplissent ces critères-là.
23:36 C'est d'ailleurs pour ça que Pap N'Diaye avait dit une chose intelligente.
23:41 Il avait dit, je ne vais pas réglementer la longueur des robes.
23:43 Parce que si vous voulez définir de façon juridique ce que c'est,
23:47 techniquement, vous n'allez pas y arriver.
23:50 Cécile Duflo, regardez, on voit là votre tweet,
23:52 parce que vous avez piégé un tweetos.
23:54 Vous avez dit, ça vous choque, ça c'est une atteinte à la laïcité.
23:56 Il était très choqué.
23:57 Sans dire que c'était une robe Gucci.
23:59 Donc, évidemment, quelqu'un a dit, mais pas du comment, vous pouvez dire ça.
24:02 Et à la fin, vous avez dit, soyez un peu sérieuse,
24:04 donc une jeune fille censée normalement constituer une porteraie,
24:06 une défroque d'une telle laideur,
24:07 si cela n'était motivé par un besoin d'exhiber une appartenance religieuse.
24:10 Ce qui me choque, c'est votre tartufferie.
24:12 Et derrière, toute contente de ce piège,
24:14 bim, badaboom, perdu, ce n'est pas une abaya, c'est une robe Gucci.
24:17 De 1980 euros, une somptueuse robe longue de style chemise sur ce bonne nuit.
24:20 Roselyne Bachelot, personne ne fait l'amalgame entre une robe Gucci et une abaya.
24:24 Oui, écoutez, moi, je n'ai pas de vision philosophique sur cette affaire.
24:28 Moi, je sais que l'abaya est un vêtement religieux
24:33 qui est porté par des personnes parfaitement respectables,
24:36 qui en font un habit d'appartenance religieuse
24:42 ou d'appartenance à une culture religieuse,
24:45 pratiquante ou pas.

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