• l’année dernière
Pierre-Yves Rougeyron s'est exprimé sur les individus ultraviolents. «C’était un type de criminalité qui était minoritaire il y a une trentaine d’années. Aujourd’hui, c’est une possibilité dans toutes les bandes», explique-t-il.

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Transcription
00:00 L'un des grands spécialistes en France de cette question,
00:02 le psychiatre Maurice Berger, dont je vous recommande la lecture et l'oeuvre,
00:07 il les a interrogés, ces tortionnaires.
00:11 Il a interrogé des dizaines de tortionnaires.
00:12 Pourquoi tu as écrasé la tête de ce pauvre homme qui te disait juste de ne pas fumer
00:17 sur un quai de métro bondé ? Pourquoi lui as-tu écrasé la tête
00:21 jusqu'à ce qu'il perde l'usage de sa colonne vertébrale ? Pourquoi tu as fait ça ?
00:26 Il en a fait des centaines d'heures, il en a fait plusieurs ouvrages
00:29 parce qu'il faut voir, c'est un type de criminalité qui était totalement minoritaire,
00:37 voire très marginale il y a une trentaine d'années.
00:41 Aujourd'hui, c'est une possibilité dans toutes les bandes.
00:45 Dès qu'on trouve une cible, on peut lui faire ça.
00:49 Et là, vous vous rendez compte, et ça il faut avoir le courage je pense de le regarder,
00:53 que vous êtes en face de gens pour qui l'autre n'est pas un humain,
00:58 pour qui la vie de l'autre c'est un concept, point, ça se pense, ça ne se ressent pas,
01:04 l'empathie est absente, et vous n'allez pas en créer artificiellement en les rééduquant.
01:10 Ils ne seront pas réinsérés, ils n'ont jamais été insérés,
01:13 donc ils ne se sont jamais insérés et ils n'en feront pas l'effort.
01:17 La prison pour eux, même s'ils chialent au moment d'entrée
01:20 parce qu'ils sont contraints physiquement, ils savent que parce qu'ils ont tué quelqu'un,
01:25 ils seront en partie respectés et ils apprendront quelque chose
01:28 et quand ils retourneront au quartier, ils auront des épaulettes et des galons,
01:33 et ils savent que notre système est faible,
01:36 et s'ils ne le savent pas, leurs avocats leur diront,
01:38 donc de toute façon, ils n'ont aucune raison d'arrêter,
01:42 c'est pour ça que nous avons affaire à ce que la criminologie du 19ème siècle
01:46 appelait des criminels d'habitude, et ça, ça ne se rééduque pas,
01:49 ça doit se briser par l'appareil carcéral,
01:52 mais nous avons renoncé à ça depuis une quarantaine d'années,
01:55 vu que nous pensons que l'État est, même dans sa punition,
02:00 une sorte de prêtre et de distributeur automatique d'indulgence
02:03 qui doit à un moment ou à un autre les pardonner.
02:05 Sur ces criminels-là, ça ne fonctionne pas.
02:08 [Musique]
02:12 [SILENCE]

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