Invitée sur le plateau de Face à l'info, Charlotte d'Ornellas s'est exprimée sur la question du drapeau LGBT qui remplace parfois le drapeau français. Selon la journaliste, «ce drapeau LGBT prend plus en plus de place à la fois dans le pays et dans les revendications, et il ne prend pas vraiment sa place. On l'installe toujours comme si c'était simplement une question de défense des personnes»
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00:00 on voit en effet une personne qui grimpe le long du mur, qui arrache ce drapeau-là,
00:03 et la foule qui applaudit.
00:05 Ensuite, on a eu le contexte qui a été précisé, c'est-à-dire qu'il y a eu une bataille
00:08 des personnes qui participaient à cette marche, je précise,
00:11 une bataille sur les réseaux sociaux.
00:12 Certains disaient que la personne qui avait installé le drapeau français
00:16 les avait d'abord insultés les manifestants,
00:19 et que donc ils avaient décroché le drapeau parce que c'était celui de l'homme qui insultait.
00:22 D'autres répondaient "oui d'accord, mais c'est quand même le drapeau français,
00:25 et il faut arrêter d'assimiler le drapeau français à l'extrême droite,
00:27 ça il faut le repréciser tous les jours que c'est le drapeau de la France et non pas un drapeau politique".
00:32 Donc il y a eu une bataille en interne, c'est très difficile de, comment dire,
00:36 de conclure à partir de cet épisode-là, est-ce qu'ils voulaient vraiment arracher le drapeau français,
00:41 ou est-ce qu'ils voulaient arracher le drapeau de cet homme ?
00:43 J'ai ma petite idée, mais je vais rester prudent,
00:47 étant donné que certains tentent de rappeler le contexte.
00:50 Mais plus largement, c'est l'occasion, et c'est pour ça que je vous disais que c'était,
00:53 à la fois ça peut sembler anecdotique, mais ça ne l'est pas vraiment,
00:56 parce qu'on a vu ailleurs, et on voit de plus en plus, qu'un drapeau en chasse un autre.
01:02 Un drapeau, ça n'est pas rien comme symbole,
01:04 et il se trouve qu'à Chambéry, pendant à la fois le mois de la Fierté et pendant les manifestations,
01:11 c'est le drapeau de la région qui a été remplacé par le drapeau LGBT pendant ces marches de la Fierté.
01:17 Ailleurs en France, le drapeau LGBT a été hissé sur des bâtiments publics,
01:21 comme s'il était le drapeau de l'appartenance collective.
01:24 Vous voyez, on a des drapeaux français, régionaux, parfois de l'Union européenne,
01:28 la plupart du temps de l'Union européenne, et donc ce sont des appartenances collectives.
01:32 Et là, le drapeau LGBT est hissé sur ces bâtiments publics.
01:35 On avait vu à l'époque, souvenez-vous, des gilets jaunes, où Jean Lassalle,
01:38 moi ça m'avait marqué parce que Jean Lassalle avait mis un gilet jaune dans l'Assemblée nationale,
01:42 et on lui avait répondu que le règlement interdisait tout symbole politique partisan sur l'Assemblée nationale.
01:48 Et quelques semaines plus tard, que voyait-on ?
01:50 Des bannières LGBT sur la même Assemblée nationale.
01:53 Comme s'il s'agissait finalement de tout autre chose que de quelque chose de politique.
01:58 Et c'est là où ça devient intéressant, parce que ce drapeau prend de plus en plus de place
02:02 à la fois dans le pays, dans les revendications, et il ne prend pas vraiment sa place.
02:07 On l'installe toujours comme si c'était simplement une question de défense des personnes.
02:12 Or, il y a un, comment dire, la revendication légitime de la protection des personnes,
02:18 quelle qu'elle soit, et donc évidemment quelle que soit leur pratique sexuelle, leur orientation sexuelle,
02:24 leur choix personnel, individuel, ça c'est une évidence.
02:28 Il n'y a pas besoin de drapeau pour ça, ça s'appelle l'éducation élémentaire.
02:31 Bon déjà, c'est la première chose.
02:33 Évidemment que ce drapeau recouvre une réalité beaucoup plus vaste.
02:37 La meilleure preuve, c'est qu'il fait débat au sein même de ce qu'on pourrait appeler la communauté homosexuelle,
02:42 dont précisément, certains homosexuels ne veulent pas faire partie,
02:46 puisqu'ils disent ne pas être partie d'une communauté, mais simplement avoir une orientation.
02:51 Et à Lyon, par exemple, et c'est là où je vous disais que ça recouvre quand même beaucoup plus de choses,
02:55 à Lyon, on va reprendre cet exemple-là, le drapeau a été arraché lors d'une pride de nuit,
03:00 parce qu'en gros, le slogan c'était "la nuit nous appartient aussi",
03:04 donc ils ont défilé pendant la nuit.
03:06 Alors, toutes leurs affiches, etc., toutes leurs communications,
03:10 est évidemment en écriture inclusive, et alors là, on est sûr de l'écriture inclusive carrément illisible.
03:15 C'est déjà illisible en soi, mais là, on a des X au milieu des mots, on invente des mots,
03:19 enfin, je vous assure, je n'ai même pas mis les mots parce que c'est incompréhensible.
03:23 Et je cite les organisateurs, ils déclarent être "les voies qui porteront le changement
03:29 et l'abolition de ce système cis-centré, hétéropatriarcal, raciste, validiste",
03:35 alors validiste, c'est parce qu'on ne considère pas les personnes handicapées, c'est ça que ça veut dire,
03:39 "classiste", donc là, on fait des classes, je ne sais pas très bien,
03:43 "putophobes", on a la phobie des putes désormais, dans le système, je veux dire,
03:48 et on en passe, alors merci pour eux, ils ne nous ont pas fait toute la liste,
03:51 parce que là, déjà, on apprend des mots, donc bon, on va y aller doucement.
03:54 Donc, vous voyez bien qu'évidemment, il y a un projet politique qui dépasse de loin
03:57 la question de l'intégrité physique des personnes, quelle que soit leur orientation sexuelle,
04:01 et à Paris, et de manière générale dans les Pride, on a entendu des slogans
04:05 qui marquent une appartenance politique beaucoup plus large que cette seule revendication, évidemment.
04:10 On a entendu résonner, par exemple, l'international "sauce LGBT",
04:13 donc remise au goût du jour LGBT, ou encore des slogans contre Marine Le Pen,
04:19 par exemple, alors qu'on sait très bien qu'il y a une proportion importante,
04:22 il y a certains sondages qui disent 30% des personnes qui vivent en couple
04:26 qui sont homosexuelles et qui disent vivre en couple homosexuel,
04:28 qui déclarent voter pour Marine Le Pen, ou encore, on a entendu des slogans
04:31 contre Florian Philippot, lui-même d'abord homosexuel, outé contre son gré,
04:35 mais pas défendu par la communauté qui prétend défendre précisément ces personnes-là.
04:40 Et au-delà du...
04:41 Les homos n'aiment pas Florian Philippot et les lesbiennes votent pas Marine Le Pen.
04:44 C'est ça, c'était le slogan, en effet, qu'on a entendu.
04:47 Donc, au-delà du respect des personnes très directement,
04:50 que tout le monde peut évidemment défendre, il y a évidemment non seulement un discours politique
04:55 qui s'inscrit dans une somme de revendications qu'on connaît très bien
04:59 et qui est plus ou moins liée au sujet très directement du respect des personnes, quelle qu'elle soit.
05:04 Une récupération, non ?
05:05 Oui, ça c'est...
05:07 [Musique]
05:11 [SILENCE]