Mardi 20 juin 2023, SMART JOB reçoit Benjamin GUICHARD (Chef du service des politiques et de l’accompagnement vers l’emploi, ATIGIP – Agence du travail d’intérêt général et de l’insertion professionnelle)
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00:00 Générique
00:02 ...
00:11 -Aujourd'hui, dans "Fenêtres sur l'emploi",
00:14 zoom sur le travail en prison. C'est en ce moment
00:16 le Tour de France du travail pénitentiaire.
00:19 Qu'est-ce que ça veut dire ?
00:21 Aujourd'hui, 31 % des détenus bénéficient
00:23 d'une activité rémunérée.
00:25 Le ministère de la Justice aimerait passer
00:28 à 50 % d'ici 2027.
00:30 Pour en parler, nous sommes ravis de recevoir
00:32 Benjamin Guichard, chef du service des politiques
00:35 et de l'accompagnement vers l'emploi à l'ATIJIP.
00:38 Bonjour. -Bonjour.
00:39 -Tout d'abord, Benjamin Guichard,
00:42 pourquoi ce sujet du travail en détention
00:46 fait-il en ce moment l'objet d'un focus particulier
00:49 de la part du ministère de la Justice ?
00:51 -Du ministère de la Justice et du gouvernement,
00:54 puisque le travail pénitentiaire est une politique prioritaire
00:58 et que nous avons un rôle important,
00:59 le travail pénitentiaire participe à rendre le temps de prison
01:03 un temps utile, utile pour la personne
01:05 et utile aussi pour la société.
01:07 La peine de prison, c'est quoi ?
01:09 C'est réparer le passé, c'est-à-dire payer sa dette
01:12 à la société et aux victimes, et c'est préparer l'avenir,
01:15 sa réintégration dans la société.
01:17 Il nous faut des dispositifs qui nous permettent
01:20 de faire en sorte que cette réintégration
01:22 se fasse de façon durable.
01:24 Le travail pénitentiaire y participe.
01:26 Avec mes collègues de l'administration pénitentiaire,
01:29 on essaie de développer ces activités,
01:31 ce qui est essentiel en prison.
01:33 Quand vous êtes dans une cellule de 10 m2 avec 3 personnes,
01:37 si vous restez toute votre journée dans la cellule,
01:39 ça ne participe pas à une réintégration durable.
01:42 Il faut aussi des activités.
01:44 Le travail pénitentiaire en fait partie,
01:46 avec la formation professionnelle, c'est lié au travail pénitentiaire.
01:50 On développe ces dispositifs et on veut faire un appel
01:53 aux entreprises pour leur montrer
01:55 qu'ils peuvent s'attentir à une réelle utilité
01:57 et qu'ils peuvent venir nous accompagner
02:00 et qu'on a des outils pour qu'ils viennent nous accompagner.
02:03 -Est-ce que vous pensez que l'écosystème économique local
02:06 a du mal, de manière générale, à rencontrer
02:09 et à tisser des liens avec les prisons ?
02:11 -Bah, déjà, parce que je pense que c'est méconnu.
02:15 Avant tout, ça peut faire peur, et c'est normal.
02:17 Quand on parle de prison, quand on ne connaît pas, ça fait peur.
02:21 Notre rôle, c'est d'accompagner ces entreprises
02:24 et de leur montrer que vous pouvez implanter
02:26 toute ou partie de votre activité dans des zones industrielles
02:30 en prison qui existent.
02:31 Ce qu'on leur propose, c'est de venir découvrir
02:34 ce qu'est une prison. -D'accord.
02:36 Et les entreprises viennent découvrir,
02:38 elles auraient quand même des avantages
02:41 à faire confiance aux prisons, des avantages économiques,
02:44 des avantages sociaux ?
02:45 -Il y en a déjà certaines qui font appel au travail pénitentiaire.
02:49 Plus de 300 entreprises font appel au travail pénitentiaire
02:53 et parfois implantent directement leur activité
02:55 dans les établissements pénitentiaires.
02:57 C'est le cas, notamment, dans ce Tour de France à Muray,
03:01 notre prochaine étape du Tour de France pénitentiaire,
03:04 où on a 10 000 m2 de zone industrielle dans la prison,
03:07 avec des entreprises qui sont des PME,
03:09 mais aussi des plus grands groupes,
03:11 comme Liber Aerospace, comme Safran,
03:13 qui sont implantés dans ces établissements pénitentiaires
03:17 et qui proposent de l'activité.
03:19 On leur offre la mise à disposition des locaux,
03:22 qui est gratuite, mais d'autres avantages,
03:24 notamment en termes de cotisations patronales,
03:27 qui sont réduites de près de 10 points
03:29 par rapport aux milieux libres.
03:31 Des avantages liés à une réduction de la concurrence,
03:34 puisqu'ils peuvent être éligibles au marché réservé
03:37 dans le cadre de la commande publique,
03:39 comme les ESAT ou les structures d'insertion.
03:42 Tout ça participe à faire en sorte de les attirer vers nous
03:45 et de leur faire comprendre qu'ils ont des avantages
03:48 à s'implanter en milieu pénitentiaire.
03:50 -C'est un temps partiel, un temps plein,
03:53 en extérieur, à l'intérieur ?
03:54 Comment ça se passe ?
03:56 -En réalité, tout est possible.
03:58 En termes d'activité, c'est-à-dire qu'on fait
04:01 des activités de travail du bois,
04:03 on fait des bureaux, par exemple,
04:05 pour les administrations, on fait les uniformes
04:08 des surveillants dans les ateliers pénitentiaires.
04:11 On travaille dans l'aéronautique, comme je vous le disais,
04:14 sur Toulouse, notamment.
04:16 Mais ça ressemble à des ateliers de production
04:19 à l'extérieur, ça peut être aussi du travail à l'extérieur,
04:22 sur le domaine de l'établissement pénitentiaire.
04:25 Et puis, c'est des activités qui peuvent être
04:27 à temps plein ou à temps partiel.
04:29 C'est à l'entreprise de nous dire ce qu'elle souhaite.
04:32 On doit s'adapter aux contraintes du monde économique.
04:36 Il faut aussi que l'entreprise puisse s'intégrer
04:38 dans le fonctionnement de l'établissement pénitentiaire.
04:42 -Par rapport à ça, est-ce que c'est le même droit du travail
04:45 qui encadre le travail en prison que le travail en entreprise ?
04:49 -Jusqu'alors, on était très éloignés du droit du travail.
04:52 Le gouvernement a souhaité faire une réforme importante
04:55 pour faire en sorte que le droit du travail pénitentiaire,
04:59 qui est un droit particulier, se rapproche le plus possible
05:02 du droit du travail. Pourquoi ? Pour faire en sorte
05:05 que ça ressemble le plus possible.
05:07 Pour se réinsérer durablement dans un emploi,
05:10 ce qui vit en prison doit correspondre le plus possible
05:13 à ce qui vit à l'extérieur. C'était l'enjeu de cette réforme
05:17 de confiance dans l'institution judiciaire
05:19 pour faire en sorte de se rapprocher le plus possible
05:22 du code du travail. Ils ont un contrat d'emploi pénitentiaire
05:26 avec des droits et des devoirs comme n'importe quel travailleur
05:29 à l'extérieur. Les entreprises ont la possibilité
05:32 de recruter elles-mêmes les personnes qu'elles souhaitent
05:35 pour participer à leur activité de production.
05:38 -Merci, Benjamin Guichard,
05:40 chef du service des politiques et de l'accompagnement
05:43 vers l'emploi à l'Agence du travail d'intérêt général
05:46 des personnes placées sous main de justice.
05:49 La TIGIP, merci d'avoir répondu à toutes ces questions.
05:52 C'est la fin de cette émission. Merci à Nicolas Juchat,
05:55 Alexis Mathieu et à Eva Bensadi
05:57 qui m'ont aidée à préparer cette émission.
06:00 Merci à tous de nous avoir suivis.
06:02 On se retrouve à Arnois, demain, sur Smart Job.
06:05 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
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