Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo
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00:00 19h, c'est l'heure, presque 19h, c'est l'heure.
00:03 On a le temps de rigoler.
00:05 Comment allez-vous ?
00:06 Non, ah bon ?
00:06 Attends, je parle au téléspectateur.
00:08 Ah bon ?
00:09 Pas à vous.
00:10 Ah bon ?
00:10 Comment allez-vous ?
00:12 Comment avez-vous passé votre week-end ?
00:13 Je sais, l'actualité n'était pas très...
00:15 Pardon ?
00:16 Ah, vous nous attendiez.
00:17 Ben vous aussi, on vous attendait.
00:19 Ça va, j'ai fini mon calendrier.
00:20 Ça va, ma belle Charlotte ?
00:21 Non mais si on dérange, on peut rentrer chez nous.
00:23 Ah ouais, non ?
00:24 Charlotte, ça va ? Magnifique.
00:26 Charlotte est venue avec une jeune demoiselle
00:28 qui est en régie, elle s'appelle Clairevie.
00:30 Elle a 16 ans, elle est magnifique
00:32 et elle va jouer Jeanne d'Arc en fait.
00:33 Elle l'a été.
00:34 Elle l'a été Jeanne d'Arc.
00:35 Elle l'a été, voilà, elle fait un petit stage
00:37 pour découvrir le métier.
00:38 Et elle est en régie, on l'embrasse très fort.
00:40 Et Marc Benant va bien,
00:41 il a passé un merveilleux week-end à Paris.
00:43 Mais pas aussi beau que le vôtre.
00:44 Ah oui ?
00:45 Moi, je suis jaloux.
00:46 Ah ben, on en parle tout à l'heure.
00:47 Et Dimitri, vous allez bien en forme ?
00:49 Oui, toujours, olympique.
00:51 Olympique ?
00:52 Quand même.
00:52 Ah oui, olympique, ouais.
00:53 Et je regarde la pochette,
00:55 ouais, tout va bien se passer.
00:56 Comment avez-vous...
00:58 Mathieu Bocot est arrivé ce soir
00:59 avec un chapeau sur la tête.
01:00 Non mais vous la racontez maintenant.
01:02 Mais d'aucune manière, il fait chaud.
01:03 Je me protège du soleil.
01:05 Bon, je vous dirais,
01:06 j'ai emmené des petits trucs pour vous, là, regardez.
01:07 Des petits cadeaux, j'en achète toujours.
01:08 Et je vais vous dire où j'étais.
01:10 J'étais au Puy du Fou,
01:11 mais j'en ai été bouleversée.
01:13 Et je vais vous dire pourquoi,
01:14 après la minute d'info de Somaïa à la Bidi.
01:21 Les suites de la bataille contre la réforme des retraites
01:24 dans une ambiance houleuse à l'Assemblée.
01:26 La motion de censure déposée par la NUPES a été rejetée,
01:29 ne recueillant que 239 voix sur les 289 nécessaires.
01:33 Il s'agissait de la 17e motion de censure déposée à l'Assemblée
01:37 depuis l'arrivée d'Elisabeth Borne à Matignon.
01:41 Salaire des fonctionnaires,
01:42 le point d'indice sera revalorisé de 1,5%.
01:45 Au 1er juillet, la CGT dénonce une mesure
01:48 largement insuffisante, je cite,
01:50 même si elle est complétée par une prime dite de pouvoir d'achat,
01:53 comprise entre 300 et 800 euros,
01:56 mais qui ne concernerait qu'une partie des salariés.
02:00 Et puis le décès de Silvio Berlusconi à l'âge de 86 ans.
02:03 Des Italiens en ombre pour lui rendre hommage
02:05 devant l'hôpital de Milan,
02:06 où il était soigné pour une leucémie,
02:08 mais aussi devant son domicile.
02:10 Giorgia Meloni, chef du gouvernement italien,
02:13 a salué la mémoire de l'un des hommes
02:14 les plus influents de l'Italie.
02:17 Rome a d'ailleurs décrété une journée de deuil nationale
02:19 ce mercredi et des funérailles d'Etat
02:21 se tiendront dans la foulée à Milan.
02:24 Et au sommaire ce soir,
02:27 alors que toutes les stratégies ont été utilisées
02:31 pour faire taire le débat sur l'immigration
02:34 après la tragédie d'Annecy,
02:36 du mensonge au déni en passant par le récit médiatique,
02:40 nous nous demanderons clairement
02:42 en quoi la politique migratoire
02:45 est-elle, oui ou non, responsable.
02:48 L'immigration menace-t-elle, oui ou non,
02:50 la paix civile en France ?
02:52 Question claire avec l'édito de Mathieu Boccoté.
02:57 Alors que certains s'empressent de brandir
02:59 les décisions du Parlement européen
03:01 jeudi et vendredi pour combattre l'immigration,
03:04 on se demandera en quoi consiste cet accord
03:06 qui vise à harmoniser les législations nationales,
03:09 en quoi est-ce une solution ou encore un leur
03:12 et avec quelle perspective d'application
03:14 le décryptage de Dimitri Pavlenko.
03:18 Alors que l'ex-épouse de l'agresseur Dancy
03:20 avait alerté sur son état,
03:22 alors qu'il avait été attaqué par des djihadistes en Syrie
03:26 lors de son service militaire étant le seul à survivre à l'attaque,
03:29 alors qu'il a été condamné en Suède
03:31 pour fraude aux prestations sociales,
03:33 alors qu'il se dit chrétien mais n'est pas connu
03:35 pour fréquenter les églises,
03:37 quelle leçon peut-on clairement tirer du drame d'Annecy
03:41 en termes d'accueil des migrants ?
03:43 Qu'est-ce qui aurait pu éviter le drame ?
03:46 Décryptage, Charlotte Dornelas.
03:49 Mais puis alors que certaines associations
03:51 affichent accueillir les migrants en toute humanité,
03:54 que penser de l'association Utopie 56
03:57 qui maintient depuis plusieurs mois des migrants
03:59 dans une école désaffectée du 16e arrondissement de Paris
04:03 sans aucune autre proposition concrète
04:05 à part les parquer dans des lieux interdits ?
04:08 Le parquage, le transfert en province
04:11 pour les cacher à l'approche des JO
04:13 et de la Coupe du monde de rubis,
04:14 est-ce cela l'humanisme et les droits de l'homme
04:17 cachant la misère ?
04:18 Marc Menand raconte.
04:20 Henri l'affreux catholique,
04:24 Henri l'horrible patriote,
04:27 Henri l'homme d'extrême droite
04:28 qui porte un t-shirt avec un drapeau français,
04:31 tout a été dit sur le jeune héros de 24 ans
04:34 pour décrédibiliser la puissance
04:36 de son acte héroïque à Annecy.
04:39 Seul face aux barbares,
04:41 agresseurs d'enfants, au couteau.
04:43 Pourquoi n'était-il pas le bon héros pour certains
04:46 lorsque la société se met à faire le procès
04:49 d'un sauveur d'enfants ?
04:51 N'est-ce pas la preuve d'une société
04:53 qui a perdu le sens de la dignité ?
04:56 L'édito de Mathieu Boccocchia.
04:59 Une heure pour prendre un peu de hauteur sur l'actualité
05:01 avec nos mousquetaires en commentant des rythmes
05:03 en analyse et c'est maintenant.
05:05 ♪ Musique ♪
05:17 "Combattu, souvent, battu, parfois, abattu, jamais."
05:24 François-Anastase Charette.
05:27 Ça, c'est une devise qui m'a tellement plu
05:29 lorsque je suis allée au Puy-du-Fous ce week-end.
05:31 J'en ai été bouleversée d'émotion
05:33 et puis surtout de la puissance.
05:35 Qui est-ce qui a déjà été au Puy-du-Fous ?
05:38 Tout le monde.
05:39 - Marc Menand.
05:40 - Marc Menand, le plus jeune d'entre nous.
05:42 Il n'y a pas encore été.
05:44 On y retournera ensemble.
05:45 Mais la puissance de la prouesse technique,
05:47 l'histoire, c'est exceptionnel.
05:50 Tout le monde en a parlé,
05:52 mais je ne pourrais pas imaginer à quel point
05:55 les détails étaient aussi puissants dans la scénographie.
05:59 C'est bouleversant.
06:01 - C'est ça qui donne envie d'y aller.
06:02 Moi, je ne suis jamais rendu.
06:04 Mais ce sont les loisirs qui soudain vous grandissent.
06:08 C'est-à-dire que vous n'allez pas à la bêtasse
06:10 en train d'être poussé par un chariot,
06:12 faire "Ouh !" pour une fausse émotion.
06:15 Non, là, vous entrez dans l'histoire.
06:18 Ça vous imprègne, ça vous emporte.
06:20 Et ça, il faut effectivement que je m'y rende avec vous.
06:22 - Je rappelle que Marc Menand n'y a pas encore été.
06:25 - Alors, je vous ai emmené un petit mug,
06:27 parce que là, je ne peux pas.
06:29 Je pense que ce slogan est vraiment exceptionnel.
06:32 Même pour nous, combattu souvent, abattu parfois,
06:36 parfois et abattu jamais.
06:39 Et un mug pour chacun d'entre vous.
06:41 J'ai emmené un petit miroir avec fleurs de lys
06:42 pour ma belle Charlotte.
06:44 Toujours un petit cadeau en plus pour Charlotte.
06:46 Et puis une petite paire de boucles d'oreilles aussi.
06:48 - Ah, mais trop gentil.
06:49 - Je vous donne ça tout à l'heure pendant la pause
06:51 pour qu'on puisse attaquer tout de suite.
06:53 Parce que trop de sujets.
06:54 Une question pour commencer.
06:56 L'immigration menace-t-elle la paix civile?
06:58 Question claire, question claire.
07:00 On en parle.
07:01 - Je vais vous laisser à côté.
07:02 Depuis la scène d'horreur à Annecy jeudi dernier,
07:05 il y a eu de nombreuses manières à reconnaître
07:08 que l'immigration massive déstabilise en profondeur le pays
07:11 et qu'il faut y mettre fin.
07:13 Il y en a d'autres, toutefois, pour juger que la moindre référence
07:17 à l'immigration relève de la récupération politique.
07:20 Mais encore une fois, chose certaine,
07:22 l'immigration se retrouve au cœur du débat politique.
07:26 Peut-on s'attendre à ce qu'enfin nous passions collectivement
07:29 du diagnostic aux décisions politiques?
07:32 - Hélas non, parce qu'il n'y a pas de communauté quant au diagnostic.
07:36 Il y a plusieurs diagnostics.
07:37 Mais commençons d'abord par ceux
07:39 pour qui la question de l'immigration est centrale en ce moment.
07:42 Je vais y aller de quelques déclarations
07:44 qui permettent de voir comment le débat se construit en creux.
07:47 Éric Ciotti, le patron des Républicains,
07:50 a dénoncé dans ce cadre la submersion migratoire.
07:54 La submersion migratoire, un terme qui a déjà été utilisé
07:57 par Marine Le Pen, qui témoigne d'une inquiétude toute simple.
08:01 L'immigration, si elle ne s'accompagne pas
08:04 de l'intégration ou de l'assimilation,
08:06 aboutit inévitablement à la submersion.
08:09 C'est-à-dire que vous avez de plus en plus de gens qui arrivent,
08:11 vous ne parvenez pas à les intégrer.
08:13 La société d'accueil, le peuple historique d'accueil,
08:16 est de moins en moins nombreux.
08:17 Il est mis en minorité chez lui.
08:19 Et au terme d'un siècle, c'est un calcul élémentaire,
08:21 le peuple historique devient minoritaire chez lui.
08:24 Donc, Éric Ciotti s'inquiète de la submersion migratoire.
08:28 Et c'est un terme fort qui permet d'enchaîner
08:31 sur la prochaine déclaration,
08:33 tout aussi forte d'Olivier Marlex, cette fois.
08:36 Figure importante des LR.
08:38 Alors, je cite.
08:40 Je note que pendant 30 ans, ceux qui ont dit des propos
08:53 comme ceux-là étaient extrême-droitisés systématiquement.
08:56 Désormais, une figure raisonnable, une figure équilibrée.
08:59 Personne ne prendra jamais Olivier Marlex pour un extrémiste.
09:02 Ça permet d'utiliser une telle formule.
09:05 Qu'est-ce que ça veut dire?
09:06 Qu'il refuse de voir dans les événements d'Annecy
09:10 un fait divers.
09:11 Il l'inscrit dans un contexte et nous dit finalement,
09:14 on ne peut comprendre ce qui s'est passé là.
09:16 Si on ne va pas dans le contexte plus global, je le cite,
09:19 l'immigration massive, incontrôlée, tue.
09:22 Ce sont les mots d'un patron LR.
09:24 Jean-Pierre Chevènement.
09:26 C'est intéressant parce qu'il pousse le diagnostic
09:28 encore plus loin.
09:29 C'est important comme phrase.
09:45 Que nous dit Jean-Pierre Chevènement?
09:47 Figure de la lucidité républicaine à gauche.
09:49 Il nous dit qu'on aurait beau parler d'intégration
09:52 et d'assimilation, certaines populations sont à ce point
09:56 décalées sociologiquement et culturellement,
09:59 et on pourrait dire civilisationnellement,
10:01 si vous me permettez le terme, sont à ce point décalées
10:04 que l'intégration ou l'assimilation n'est pas possible.
10:07 On pourrait la souhaiter, on dira république
10:10 avec des majuscules, on s'établit le trame
10:12 au république aussi souvent qu'on le souhaitera.
10:14 Elle n'est pas possible vu la nature des populations
10:17 qui arrivent, on comprend aussi vu le nombre,
10:19 vu l'ampleur du phénomène démographique.
10:21 Immigration massive, plus immigration extra-européenne,
10:25 culturellement très étrangère, plus immigration
10:28 difficilement compactible économiquement et socialement
10:31 parce que sous-diplômés, sous-formés,
10:33 nous dit Jean-Pierre Chevènement,
10:35 ça rend l'intégration impossible,
10:37 et on aura des chocs culturels à répétition.
10:39 Je précise que si Jean-Pierre Chevènement
10:41 avait pensé ça dès la fin des années 80,
10:43 alors qu'il était aux affaires, on aurait probablement
10:45 eu le problème aujourd'hui. Mais quoi qu'il en soit,
10:47 c'est une déclaration de lucidité tardive,
10:49 mais c'est de la lucidité néanmoins.
10:51 Marine Le Pen, elle va avec cette déclaration.
10:54 "Cette attaque d'Annecy, s'attaquer à des bébés
10:57 dans des poussettes, c'est la barbarie ultime.
11:00 Il y a eu des défaillances. Cet individu n'était pas
11:03 en situation régulière et il aurait dû repartir
11:06 dès le mois de janvier."
11:08 Alors on comprend, ce qui est remis en question ici,
11:10 c'est le droit d'asile, le droit d'asile tel qu'on le comprend
11:12 aujourd'hui à la fois en France et dans le contexte européen.
11:15 Donc on y voit dans l'événement d'Annecy quelque chose
11:18 qui touche à la définition du droit d'asile
11:21 et à son encadrement. Je note que dimanche,
11:24 sur une autre chaîne info, Marion Maréchal a tenu
11:27 à peu près le même propos. Donc on voit en creux,
11:30 c'est une critique de fond de l'immigration massive,
11:33 tant sur le plan de la sécurité, de la compatibilité culturelle,
11:36 de la laïcité, de la possibilité de travailler,
11:39 donc il y a du droit d'asile. Mais soyons honnêtes,
11:42 il y a un autre pan, un autre pan du discours public
11:45 qui a dit toute autre chose. C'est notamment le cas
11:48 de Louis Boyard. Louis Boyard, il faut jamais oublier
11:51 de le citer. Je le cite. "Je n'ai pas de mots assez justes
11:54 pour décrire notre douleur après ce qui s'est passé à Annecy.
11:57 Penser aux victimes, aux proches." OK.
12:00 Mais comme d'habitude, là-dedans, on voit la suite.
12:03 "Et voir le Rassemblement national et Aurore Berger,"
12:06 c'est étonnant. "Faire de la récupération, c'est écœurant.
12:09 S'il vous plaît, pensez aux familles, ce n'est pas le moment."
12:12 C'est intéressant. Donc là, ce qu'on nous dit, c'est que
12:15 c'est absolument terrible, mais il ne faut pas réfléchir
12:18 à ce qui s'est passé et de toute façon, vous êtes écœurant
12:21 et dégueulasse. Benoît Hamon va y aller sur le mode plus modéré,
12:24 l'ancienne figure, l'ancien candidat du PS à la présidentielle.
12:27 "La responsabilité des dirigeants politiques est de ne pas
12:30 exploiter la peur et l'émotion suscitées par cet événement
12:33 pour en tirer les conséquences sur les politiques d'asile
12:36 en général en Europe. Donc, il n'y a pas de réflexion
12:39 dans les circonstances à avoir sur la signification
12:42 de cet événement." Et vous noterez, on en parlait ici jeudi,
12:45 c'est toujours la même chose dans cette gauche. Plus ils se disorifient,
12:48 plus ils nous expliquent qu'on ne doit pas réfléchir.
12:51 Donc, plus ils en rajoutent dans leur confession d'horreur,
12:54 je ne doute pas un instant, soyons honnêtes, plus ils nous expliquent
12:57 que c'est une raison de dépolitiser radicalement l'événement.
13:00 - Et c'est aussi un problème climatiquement, aussi, diversion.
13:03 - Oui, on y arrive. - La diversion, c'est une stratégie
13:06 pour ne pas penser. - On y arrive justement avec
13:09 Elisabeth Borne, qui va nous dire... Elle dit "évidemment,
13:12 je suis bouleversé par ce qui arrive". Encore une fois, j'insiste,
13:15 je n'en doute pas un instant. Mais elle ajoute "ce qui me scandalise,
13:18 je ne sais pas si c'est moi exact à l'esprit en ce moment,
13:21 c'est la récupération par la mouvance d'ultra-droite".
13:24 Donc, il y a la frappe, l'agression, mais ce qui choque vraiment,
13:27 c'est l'ultra-droite qui récupérerait. Et ça me fait penser,
13:30 vous me permettrez de le dire, au discours post-2015,
13:33 en post-attentat, où chaque fois qu'il y avait un attentat islamiste,
13:36 la première chose qu'il fallait condamner, c'était l'islamophobie.
13:39 C'est un peu étonnant comme argument. Et il y a aussi
13:42 l'autre argument, celle du maire d'Annecy, François Astorgue,
13:45 c'est l'argument, ce que j'appelle la théorie attentiste du "c'est pas le moment".
13:48 Donc, chaque fois qu'on a un événement qui met en scène l'immigration
13:51 et ses aspects négatifs, la première réponse, c'est que c'est pas le moment.
13:54 À quel moment ce sera le moment? Ce serait étonnant, parce que j'ai l'impression
13:57 que c'est jamais le moment de parler de ça. Il y a aussi, dernier élément
14:00 à présenter, l'argument du "c'est pas important d'en parler au niveau national,
14:03 c'est au niveau européen que ça se traitera".
14:06 Donc, François Hollande et François Béroux, qui sont, on pourrait dire,
14:09 du grand parti central, du grand parti centriste, quoi qu'on en dise,
14:12 de gauche ou de droite, nous disent "c'est pas important d'en parler
14:15 au niveau national, le vrai niveau c'est européen, donc si vous voulez
14:18 ramener ça au niveau national, vous faites diversion sur le véritable enjeu".
14:21 - On va décortiquer ça avec Dimitri dans un instant.
14:24 - Ah ben oui, et je note par ailleurs qu'on est dans un contexte en ce moment,
14:27 la question de l'immigration après les 6 mois consacrés aux retraites,
14:30 revient en force, donc avec la récente interview d'Édouard Philippe,
14:33 avec la place suscitée par le modèle danois dans l'actualité,
14:36 avec le projet de loi gouvernemental centré sur le besoin des entreprises
14:39 et le projet de loi LR qui pose la question constitutionnelle.
14:42 Donc, vous voyez, tout nous ramène à l'immigration en ce moment,
14:45 laïcité, changement de peuple, violence, constitution,
14:48 tout nous y ramène.
14:51 - Mais n'entend-on pas régulièrement que l'immigration n'est pas vraiment
14:54 une préoccupation pour les Français?
14:57 - Ah, on l'entend très, très, très souvent.
15:00 Deux exemples récents, Manuel Bompard et Fabien Roussel.
15:03 Manuel Bompard, figure importante de la Française soumise,
15:06 qui quand on lui demande, donc vous savez, une très naine majorité
15:09 de Français considère qu'il y a trop d'immigrés en France.
15:12 Quelle est sa réponse? Peut-être, mais c'est pas l'essentiel.
15:15 L'immigration est une classe très loin dans la liste des préoccupations
15:18 des Français, donc ne prenons pas la peine de répondre à cette question.
15:21 Elle est secondaire, elle est entretenue médiatiquement.
15:24 Ce que dit aussi à sa manière Fabien Roussel, qui voit presque
15:27 un effet de sondage. Donc, si on pose la question aux gens,
15:30 ils répondent oui, il y a trop d'immigrés, mais c'est pas une raison,
15:33 par ailleurs, pour en parler, parce que ce serait une construction
15:36 médiatique artificielle. Notez qu'au monde, la présidentielle,
15:39 on a connu la même chose. Il y a plusieurs manières pour être capables
15:42 d'évaluer l'enjeu migratoire dans le débat public. La première,
15:45 c'est ce que j'appelle le matraquage médiatique sur tout autre thème.
15:48 Donc, on nous expliquait qu'au-delà du pouvoir d'achat, et ensuite
15:51 les retraites, et ensuite on verra c'est quoi le prochain thème,
15:54 il n'y avait rien, rien, rien dans l'actualité au-delà du pouvoir d'achat.
15:57 Donc, on explique à tous que si ils ne sont pas sur ce sujet-là,
16:00 ce sont des obsidés migratoires, dès lors, ils sont probablement
16:03 d'extrême droite, laissons-les de côté. Donc, il n'y a pas de réalité
16:06 liée à l'immigration, il n'y aurait qu'une construction médiatique.
16:09 Ou alors, là, il y a le jeu de sondage, ça c'est toujours génial.
16:12 Donc, on va découper des sondages de telle manière qu'on va dire,
16:15 bon, en premier lieu, il y a le pouvoir d'achat, et ensuite, on va découper
16:18 en plusieurs sujets. Identité, laïcité, intégration, immigration, sécurité.
16:23 Donc là, vous tranchez ça en fines lamelles, vous saucissonnez le sujet,
16:26 et en dernière instance, la question de l'immigration disparaît du paysage,
16:30 elle est présentée comme une question, encore une fois, d'obséder de l'identité.
16:35 Je note toutefois un paradoxe, dès lors qu'un homme politique qui est un peu déclassé,
16:40 un peu oublié, ou dans l'espoir de 2027, veut revenir, surtout à droite,
16:44 on le voit avec Édouard Philippe, il revient sur le mode de la fermeté migratoire.
16:47 Ce pourrait-il qu'au-delà de ce que disent les commentateurs qui façonnent
16:50 l'opinion et qui inhiblent certains sujets, la question de l'immigration
16:54 soit vécue par beaucoup de Français comme une question existentielle?
16:58 - Pourtant, on entend bien que l'immigration est une richesse.
17:02 - Ah oui, l'immigration est une richesse, et ceux qui la critiquent sont des fous.
17:06 On a vu ça sur le service public, évidemment, il y a quelques jours,
17:09 un intellectuel organique du macronisme, Jean Villard, qui se présente comme sociologue,
17:14 je vais y aller avec quelques-unes de ses citations qui sont assez intéressantes.
17:18 « L'essentiel des immigrés sont des universitaires.
17:21 Le taux de délinquance des immigrés n'est pas supérieur au taux des Français.
17:25 Je réclame immédiatement que les gens de Check News et de, vous savez,
17:28 les vérificateurs libérationnesques, qu'ils se mobilisent pour nous dire
17:32 si c'est vrai ou si c'est faux. »
17:34 - Redites la phrase « L'essentiel des immigrés sont des universitaires.
17:37 Le taux de délinquance des immigrés n'est pas supérieur au taux des Français. »
17:40 - Allez, allez, allez, Check News, il faut se forcer.
17:42 Ensuite, oui, quand vous pensez que des gens aujourd'hui vous parlent d'assimilation,
17:51 mais on est où, c'est son moment, Nabila, mais on est où, quoi?
17:55 Une société métissée. Donc aujourd'hui, parler d'assimilation ne serait plus légitime.
18:00 Il va nous dire aussi qu'on ne va pas redevenir tous blancs,
18:04 et on n'a jamais été tous blancs. Alors ça, c'est intéressant.
18:07 Redevenir tous blancs, personne ne parle de ça. On ne l'a jamais été.
18:10 On est probablement quelqu'un qui croit que les ancêtres des Suédois sont des Africains.
18:14 À tout le moins, je devine qui a été conseiller historique pour cette série.
18:17 - Diversion.
18:18 - Ensuite, il faut que la France accepte sa puissance.
18:21 La seule fois qu'on supporte qu'il y a des immigrés, c'est que les immigrés sont une force.
18:25 Donc remarquez l'argument roi-lien.
18:27 Si les Français refusent l'immigration, c'est qu'ils n'accepteront pas la puissance
18:31 que leur donnerait l'immigration massive.
18:33 Et dès lors, il faudrait accepter et même chanter cette immigration massive
18:37 parce qu'elle serait argument de force dans le monde qui vient.
18:40 En dernier instant, je vous évite les citations en répétition.
18:43 Je note simplement deux derniers éléments.
18:45 Le premier, le discours public dominant, malgré les critiques,
18:49 demeure un discours immigrationniste, immigrationniste, immigrationniste.
18:52 Olivier Grégoire, tout récemment, 2 juin, il va falloir accepter de régulariser
18:56 pendant quelques années, encore une fois, donc on l'appelle à la régularisation
19:00 des clandestins, mais la réalité, c'est...
19:03 On parle aujourd'hui de la surreprésentation des problèmes de maladie mentale
19:06 chez les populations issues de l'immigration.
19:08 C'est pas un avis d'extrême droite, c'est un fait d'ailleurs inquiétant.
19:11 On parle des abayas, on parle des problèmes liés à la laïcité,
19:14 on parle du lien de l'immigration et des délinquances.
19:16 On a vu ce qui s'est passé à Annecy, mais circulez, y'a rien à voir.
19:19 L'immigration était une richesse en toutes circonstances
19:21 et qui la critique est d'extrême droite, nous connaissons la chanson.
19:24 - Diversion.
19:28 C'est intéressant, j'ai lu une information comme quoi le maire de New York
19:31 propose aux habitants d'accueillir des migrants chez eux.
19:34 225 $ par nuit. Je ferme la parenthèse.
19:37 Dimitri, jeudi dernier, pour montrer que c'est...
19:40 - 225 $ par nuit? - Non, juste 125.
19:43 - Par nuit? - Oui, par nuit.
19:45 - Ah oui, non. - 225, il pense accepter.
19:48 Je trouve que c'est bien payé, c'est sacrément bien payé.
19:52 - Non, mais c'est intéressant de voir que tous cherchent des solutions,
19:55 mais certains font diversion pour ne pas en parler.
19:58 Dimitri, jeudi dernier, très important, le jour de l'attaque au couteau à Annecy,
20:02 les 27 États membres de l'Union européenne sont enfin parvenus à un accord
20:06 pour réformer le pacte migration et asile.
20:09 Cela fait presque trois ans qu'ils négociaient.
20:12 Est-ce que c'est la solution pour lutter contre l'immigration au niveau européen,
20:17 ou est-ce que c'est un leurre, puisque ça a été présenté comme étant presque la solution?
20:22 Enfin, que contient cet accord déjà pour en commencer?
20:25 - Je dirais que ce n'est ni un leurre, ni la merveilleuse solution,
20:28 mais c'est un grand accord, c'est vraiment de la cuisine politique européenne.
20:32 Je vais commencer par du contexte.
20:34 Ce sont les ministres de l'intérieur des 27 qui se sont mis d'accord jeudi dernier
20:38 sur deux textes qu'on appelle des propositions législatives.
20:41 C'était à Luxembourg, et d'ailleurs, rappelez-vous,
20:43 on avait appris que Gérald Darmanin avait dû quitter en trombe la Réunion
20:46 au moment du drame d'Annecy.
20:49 Ces propositions législatives, au départ, elles émanent de la Commission européenne,
20:54 donc Ursula von der Leyen.
20:56 C'est passé entre les mains du Parlement européen en avril,
21:00 donc le Parlement qui siège à la fois à Strasbourg et à Bruxelles.
21:02 Et maintenant, il y a eu accord des ministres de l'intérieur entre eux,
21:06 ça va passer au niveau du Conseil européen,
21:08 c'est-à-dire l'Assemblée des chefs d'État et de gouvernement.
21:10 Vous voyez un peu le circuit, c'est Commission européenne,
21:13 Parlement, ministre, chef d'État.
21:15 Et ce n'est pas fini.
21:16 Ça faisait trois ans que les 27 discutaient de ces propositions,
21:19 qui visaient à quoi ?
21:20 À modifier ce qu'on appelle le règlement de Dublin,
21:23 qui date de 2013, et qui, pendant la crise migratoire de 2015-2016,
21:28 on a vu que ce règlement, comment dire, ça ne fonctionnait pas très bien.
21:31 Parce que dans le système Dublin, on en a déjà parlé mille fois,
21:33 mais je le rappelle, le premier pays d'entrée d'un demandeur d'asile
21:37 dans l'Union européenne est responsable de lui.
21:39 Or, la géographie, on n'y échappe pas,
21:42 les pays d'entrée sont toujours les mêmes.
21:45 En premier lieu, les Italiens,
21:48 donc les trois quarts des migrants aujourd'hui arrivent en Italie,
21:51 la Grèce, l'Espagne, donc plutôt la rive sud de l'Italie.
21:54 Et rappelez-vous, ponctuellement, ça avait été la Pologne
21:56 quand la Biélorussie avait importé des migrants.
21:59 Mais bon, c'était très exceptionnel.
22:00 Alors, l'Italie, qu'on sait aujourd'hui, qui est totalement débordée,
22:04 et Rome estime que les pays de second rideau,
22:06 France, Allemagne et les pays du Nord, ne sont pas suffisamment solidaires.
22:10 Et donc, les Italiens, que font-ils ?
22:12 Ils laissent filer les migrants qui arrivent sur leur côte
22:14 sans les enregistrer pour que le premier pays d'enregistrement
22:18 soit un des pays plus au nord,
22:20 ce qui crée beaucoup de tensions, à commencer avec la France.
22:23 Donc, ce système Dublin, c'est ça.
22:25 Donc, ça ne marchait pas bien.
22:26 Et alors, sachez que dans l'Union européenne,
22:28 on a aussi ce qu'on appelle un régime d'asile européen commun,
22:31 le RAEC, encore un acronyme européen.
22:34 Ce RAEC fixe, en gros, les critères d'acceptation ou de refus des demandeurs d'asile.
22:39 Sur quelle base on va leur dire oui ou leur dire non pour rester dans l'Union européenne ?
22:43 Et aussi, les normes d'accueil, c'est-à-dire à quoi ils ont droit
22:47 quand ils sont dans l'Union européenne,
22:49 pendant le traitement, l'instruction de leur dossier,
22:51 si on leur dit oui, si on leur dit non.
22:53 Mais vous voyez, c'est un minimum de base.
22:55 Et un État membre est tout à fait libre d'être mieux disant,
22:58 ce qu'est la France, en l'occurrence mieux disante,
23:01 sur les allocations qu'on va verser aux demandeurs d'asile,
23:04 sur le temps qu'on va lui laisser quand il est dans le pays,
23:07 sur le temps qu'on va lui laisser au moment de repartir, etc.
23:10 Ces paramètres-là, ils varient d'un État à l'autre,
23:12 et donc on n'a pas partout en Europe le même niveau d'accueil
23:15 et pas le même système de traitement des demandes.
23:18 Il y a des pays qui disent plus non que d'autres.
23:20 Et en l'occurrence, les Allemands disent plus non que les Français.
23:23 En conséquence de quoi, les demandeurs d'asile, que font-ils ?
23:26 Ils se déplacent dans l'Union européenne,
23:29 ils font, pardonnez-moi l'anglicisme, ce qu'on appelle leur benchmark,
23:32 ils comparent les différents États membres,
23:35 et ils voient là où ils ont le plus de chances d'être accueillis,
23:38 là où ils ont le plus de chances d'avoir des aides intéressantes.
23:41 C'est exactement ce qu'a fait notre Abdelmassy, le poignardeur d'Annecy.
23:44 Il était insatisfait de sa situation en Suède,
23:47 à savoir qu'il avait demandé la naturalisation après avoir eu la protection.
23:51 Il a tenté en Suisse, en Italie, en France.
23:54 Finalement, il est resté en France, et là, il est passé à l'acte.
23:57 Alors qu'on a un système européen centralisé
24:00 qui devrait empêcher ce genre de démarche.
24:02 Ce système s'appelle Eurodac, centralise les demandes,
24:05 l'identité, les empruntes, etc.
24:07 Mais vous voyez, ça ne marche pas, et on a des flux secondaires,
24:10 comme ça, de migrants, de recalés du droit d'asile,
24:14 et la France en récupère un certain nombre par ricochet.
24:17 Donc vous voyez, ce sont tous ces dysfonctionnements
24:20 que visaient à corriger les fameuses propositions législatives
24:23 qui étaient discutées et donc qui ont été adoptées jeudi dernier.
24:27 Alors, adopter, rappelons que tous les Etats membres n'ont pas voté en sa faveur,
24:31 mais que prévoit justement cette réforme concrètement ?
24:33 Alors, effectivement, vous avez raison, sur 27 Etats membres,
24:36 vous en avez 21 qui ont dit oui, 4 abstentions,
24:39 Bulgarie, Malte, Lituanie, Slovaquie,
24:42 ce sont des Etats membres qui ont un point commun,
24:44 ils n'ont pas de politique d'accueil, parce qu'ils n'ont pas envie d'accueillir des réfugiés,
24:47 tout simplement.
24:48 Vous avez eu deux refus, la Pologne et la Hongrie.
24:51 On va voir pourquoi.
24:52 Alors, notez que normalement, sur l'immigration,
24:54 quand les 27 décident, il n'y a pas besoin de l'unanimité.
24:58 Vous savez, la règle de l'unanimité,
24:59 c'est qu'il faut qu'on soit tous d'accord pour accepter.
25:01 On peut faire ça à la majorité qualifiée,
25:03 c'est-à-dire 15 Etats membres minimum sur 27,
25:06 et ces 15 Etats doivent représenter 65% de la population de l'Union.
25:10 La règle de la majorité qualifiée.
25:12 Mais ce qui se passe, c'est que depuis 2015-2016,
25:14 la crise migratoire qui avait fait monter le niveau de tension
25:17 entre les Etats membres à son paroxysme,
25:19 plus aucune commission, on n'osait plus,
25:22 si vous voulez, ce système de majorité qualifiée.
25:24 On cherchait absolument la majorité, comment dire, l'unanimité.
25:27 Seulement, on ne l'a trouvé jamais.
25:28 Et donc, on n'avait plus d'accord depuis huit ans
25:31 sur ces questions d'immigration.
25:33 Or, il ne vous aura pas échappé
25:35 qu'il y a une certaine pression politique des peuples en Europe
25:38 sur ces questions migratoires,
25:39 qu'on faire les résultats de toutes les élections ces derniers temps,
25:43 que ce soit en Suède, que ce soit en Espagne, etc.
25:45 On en a parlé la semaine dernière.
25:47 Il ne vous aura pas échappé que l'an prochain
25:49 ont lieu des élections européennes également.
25:51 Et enfin, il ne vous aura pas échappé
25:54 que vous avez les chiffres à l'écran.
25:56 Il y a une forte augmentation des arrivées dans l'Union européenne
26:00 des demandeurs et primo-demandeurs.
26:02 Voyez 2022, l'année dernière, c'est tout simplement
26:04 la troisième année la plus importante en termes d'arrivées
26:07 dans l'Union européenne.
26:08 Et là, il n'y a pas l'immigration illégale.
26:10 Les deux années qui sont devant, c'est 2015-2016,
26:12 soit le pic de la crise migratoire.
26:14 Donc, il y avait urgence à prendre une décision.
26:16 Alors, pour tomber d'accord, les 27 ont dû quand même
26:19 arriver à ce grand accord dont je vous parlais,
26:21 la grande négociation.
26:23 Qu'est-ce qui a été abandonné ?
26:25 Qu'est-ce qui a été adopté ?
26:27 On marque une pause et on voit ça dans le...
26:29 Et voilà, plus besoin d'être là,
26:31 la Kelly, elle va disparaître, comme ça.
26:33 Allez, on marque une pause.
26:36 Retour sur le plateau de face à l'info.
26:41 On parlait du pacte migration et asile
26:44 dans nos décrypts, Dimitri.
26:46 Qui autour de la table croit en ce pacte immigration et asile ?
26:49 Pas moi.
26:51 Vous ne savez pas ce qu'il y a dedans, encore ?
26:53 Alors, dites-nous ce qu'il y a dedans,
26:55 parce que nous, on sait un petit peu, on n'y croit pas trop.
26:56 Alors, faites-nous rêver.
26:58 Il y avait une mesure, en fait, qui empêchait
27:00 l'adoption, la rénovation de ce fameux pacte,
27:03 de ce règlement Dublin qu'il fallait moderniser.
27:05 Une mesure qui ne passait absolument pas parmi les 27.
27:08 C'était celle qu'on appellait la relocalisation obligatoire.
27:12 C'était l'idée qu'on abandonnait, en fait,
27:14 le fondement même, le pied central du règlement Dublin,
27:17 qui est cette idée que le premier pays d'accueil,
27:19 c'est lui qui est responsable du demandeur d'asile.
27:22 Là, l'idée, c'est que le demandeur d'asile arrive
27:24 en Italie, et bien, relocalisation,
27:27 c'est collégial, compétences partagées,
27:30 on répartit tout le monde dans l'Union européenne,
27:32 dans les différents États membres,
27:34 en fonction de la population des États membres,
27:36 de leur richesse nationale, etc.
27:38 Donc, ça, c'est ce que voulait l'Italie,
27:39 c'est ce que voulait la Grèce, etc.
27:41 Si vous imaginez bien que tous les autres États membres,
27:43 soi-disant fédéralistes, soi-disant généreux,
27:46 l'égoïsme national l'emportant,
27:48 personne ne voulait de ce système-là.
27:50 Il y avait, alors, la Grèce, l'Italie le voulaient
27:52 parce que c'était dans leur intérêt,
27:53 mais aussi la Commission européenne,
27:55 mais aussi l'Allemagne, et là, par contre,
27:57 c'était par conviction idéologique,
27:59 dans un élan qui était clairement fédéralisant.
28:02 Le Parlement européen était aussi sur cette ligne-là.
28:04 Mais vous voyez, ce qui se passe,
28:05 c'est que quand vous faites parler les États,
28:07 ce qui s'est passé la semaine dernière,
28:09 c'est que ce sont les ministres de l'Intérieur qui ont parlé.
28:11 Ah, ben là, ce n'est plus tout à fait la même chanson.
28:13 Et donc, on a abandonné cette idée de répartition contrainte,
28:17 et à la place, on a mis en place une autre règle
28:22 qui s'appelle l'obligation de solidarité.
28:24 Alors, notez que les Allemands se sont un peu navrés,
28:27 finalement, de la décision d'abandonner la relocalisation obligatoire.
28:30 Ils ont dit, ils ont déploré le manque d'ambition de l'accord.
28:33 Alors, traducteur automatique,
28:34 quand vous entendez un Allemand vous dire
28:36 qu'on manque d'ambition, au niveau européen,
28:38 c'est que ce n'est pas assez fédéraliste,
28:40 et c'est qu'on n'abandonne pas assez de souveraineté nationale.
28:42 Voilà. Donc, il n'y aura pas de relocalisation obligatoire
28:44 des demandeurs d'asile.
28:45 À la place, il va y avoir une obligation de solidarité.
28:48 Alors là, vous allez voir l'hypocrisie absolue du système,
28:51 c'est génial.
28:52 Donc, chaque État membre, dans l'accord,
28:54 s'engage à prendre un certain nombre de demandeurs d'asile.
28:57 Alors là, ils ont dit 30 000.
28:59 Mais si, par exemple, il y a une énorme vague migratoire,
29:01 ça pourrait être 100 000, par exemple.
29:03 Ce qui est attendu de toute classe.
29:05 Voilà, exactement. C'est inéluctable.
29:07 On ne va pas se mentir.
29:08 Donc, les États membres s'engagent,
29:10 par solidarité avec les pays en première ligne,
29:12 à prendre un certain quota de demandeurs d'asile.
29:14 Mais, s'ils le souhaitent,
29:16 ils pourront verser à la place
29:18 20 000 euros par migrant
29:20 qu'ils laisseront aux pays de première ligne.
29:24 Je ne veux pas le migrant, mais je vais payer à la place.
29:26 Voilà. Donc, c'est comme à l'armée.
29:28 Vous vous rappelez, dans certains pays,
29:29 si vous ne vouliez pas aller vous battre,
29:30 vous pouvez payer quelqu'un pour y aller à votre place
29:32 ou vous payer une taxe d'exemption,
29:33 comme ça se fait, par exemple, en Suisse, aujourd'hui.
29:35 - Comme on fait avec l'Athier aussi.
29:37 - Oui, c'est pas tout à fait...
29:39 Enfin, oui, c'est un peu l'idée.
29:40 On paye pour laisser le fardeau aux autres.
29:42 Alors, on notait que les Italiens,
29:44 l'idée était de leur donner l'argent,
29:46 20 000 euros par migrant.
29:48 Ils ont refusé, ils ont dit non, non, non.
29:49 Ça va aller dans un fonds commun
29:51 qui sera géré par la Commission pour, je cite,
29:53 "financer des projets visant à s'attaquer
29:56 aux causes profondes de l'immigration".
29:58 Bon, comprenez, de l'aide au développement
30:00 qui partira dans la corruption.
30:01 C'est ça qui va se passer très concrètement.
30:03 Les Italiens, on ne voulait pas l'argent direct
30:05 parce que, quelque part, c'était une manière
30:07 de se lier les points face aux autres,
30:09 en disant "attendez, vous prenez l'argent,
30:10 c'est votre problème, c'est votre problème".
30:12 Bon, les Italiens n'ont pas voulu.
30:13 Donc, accueil des migrants ou aide financière,
30:15 c'est pareil, nous dit l'accord.
30:17 Et si on n'avait pas dit ça,
30:19 il n'y aurait pas eu d'accord.
30:21 Sauf que les Hongrois et les Polonais,
30:22 ils disent 20 000 euros par migrant,
30:24 c'est cher, si on doit refuser 100 000,
30:26 ça fait 4 milliards d'euros.
30:28 Ou 1200 000, ça fait 4 milliards d'euros.
30:30 Ça chiffre assez vite.
30:31 Alors, un point, ce sera le dernier point,
30:33 je m'arrêterai là, sur lequel les 27
30:34 ne sont pas arrivés à s'entendre, c'est
30:36 qu'est-ce qu'on fait des déboutés du droit d'asile ?
30:38 C'est l'éternel problème qu'on a en France
30:40 avec les OQTF et surtout les laissés-passer
30:42 - C'est la question. - Voilà.
30:44 On n'arrive pas à exécuter les OQTF
30:45 parce que les pays d'origine ne veulent pas reprendre
30:47 leur débouté du droit d'asile.
30:49 Alors, vous avez plusieurs pays,
30:50 Autriche, Pays-Bas, Italie, Grèce,
30:52 qui ont plaidé pour des renvois
30:54 vers des pays tiers dits "sûrs".
30:56 Des pays tiers dits "sûrs".
30:57 Autrement dit, pardonnez-moi l'expression,
30:59 mais des destinations poubelles,
31:01 des États avec qui on va signer des accords de reprise,
31:03 sans qu'il y ait forcément de lien d'attache
31:05 avec le pays en question.
31:07 C'est l'histoire des Britanniques ou des Danois
31:09 qui négocient avec le Rwanda.
31:11 Vous voyez, c'est exactement ça.
31:12 L'Union européenne réfléchit à pourquoi pas
31:14 le faire avec la Libye, pourquoi pas
31:16 avec la Tunisie. Et précisément,
31:18 où étaient Georgia Melanie, Ursula von der Leyen
31:21 et le Premier ministre néerlandais hier ?
31:23 Ils étaient en Tunisie, avec comme idée,
31:25 finalement, que la Tunisie,
31:27 à l'image de ce qu'on fait avec la Turquie,
31:29 la Turquie faisant plutôt de la rétention,
31:31 là, l'idée, ce serait que les Tunisiens,
31:33 qui sont dans une situation économique absolument dramatique,
31:36 jouent ce rôle de prestataire rémunéré
31:39 pour garder la frontière européenne.
31:41 C'est pour ça que je vous parlais de cynisme.
31:43 Ça va quand même assez haut dans les tours,
31:45 dans ce registre-là.
31:47 Merci beaucoup, Dimitri, pour votre regard.
31:49 Dans un instant, on parle souvent
31:51 des constructions, de statues,
31:53 décapitées, d'églises déconstruites.
31:56 On va parler d'une initiative,
31:58 quelques instants, quelques petites secondes,
32:00 mais on va parler aussi du positif.
32:02 Il y a des choses qui se font,
32:04 il y a des gens qui construisent face à la déconstruction.
32:06 Un petit coup de projecteur dans un instant.
32:08 Juste avant, c'est intéressant, Charlotte,
32:10 de s'arrêter sur le profil de l'agresseur d'Ansi,
32:14 qui a étonné beaucoup de monde, petit à petit.
32:17 Plus on en apprenait sur lui.
32:19 Ce profil qui interroge forcément sur notre manière
32:22 d'appréhender l'immigration.
32:24 Quelle leçon peut-on en tirer ?
32:26 Comment ce profil pourrait nous aider
32:28 à mieux gérer la question migratoire ?
32:31 Déjà, il faut décortiquer, en effet,
32:33 les étapes dans l'apprentissage du profil de cet homme.
32:36 Tout le monde a cru à la première seconde
32:39 où on a appris une attaque au couteau sur des enfants,
32:41 qui était, je le rappelle,
32:43 une des manières d'attaquer,
32:45 qu'avait recommandée l'État islamique,
32:47 attaquer au couteau et des enfants
32:49 dans les pays occidentaux,
32:51 notamment la France.
32:53 Tout le monde a pensé à ça en premier.
32:55 On apprend très rapidement que, en effet,
32:58 cet homme, dans sa déclaration d'asile,
33:01 initialement, s'est déclaré chrétien de Syrie.
33:04 Or, on sait autre chose,
33:06 c'est qu'il y a, à défaut d'être réellement persécuté
33:09 pour ce qu'ils sont,
33:11 certaines personnes ont la liste,
33:13 par le biais des passeurs,
33:15 voire même de certaines associations,
33:17 des persécutions listées par la Convention de Genève
33:19 sur l'asile.
33:21 Et donc, immédiatement, certains se sont dit
33:23 "C'est pas possible, ça ressemble tellement
33:25 à une attaque islamique,
33:27 que ça doit être un mensonge dans son dossier d'asile".
33:29 Et, à la fin, on a appris que non, en effet,
33:31 on a eu à la fois son ex-femme qui a parlé,
33:33 son entourage, le dossier,
33:35 les renseignements ont eu accès à son dossier en entier,
33:37 on a eu son nom de famille,
33:39 on a eu des gens sur place en Syrie
33:41 qui ont bien confirmé que cet homme
33:43 était de la communauté chrétienne locale,
33:46 on a su d'où il venait, etc.
33:48 Simplement, la première chose,
33:50 c'est que là où on ne pouvait pas deviner,
33:52 là où on ne pouvait pas initialement
33:54 penser à un chrétien,
33:56 c'est qu'il y a des recommandations
33:58 de l'État islamique,
34:00 il y a assez peu de recommandations d'aller tuer au couteau
34:02 des enfants de la part de l'Église orthodoxe.
34:04 Donc, il faut quand même garder ça à l'esprit,
34:06 il n'y a pas de volonté de nuire
34:08 ou de volonté de tromper quand on a une première intuition,
34:10 même si, en l'occurrence,
34:12 elle se révèle fausse.
34:14 Alors, évidemment, certains ont immédiatement dit
34:16 "Ah bah ça y est, il y a un terrorisme chrétien,
34:18 comme il y a un terroriste islamiste",
34:20 donc en fait, chacun a ses brebis galeuses.
34:22 Il y a une petite différence, me semble-t-il,
34:24 c'est qu'encore une fois,
34:26 aucune organisation chrétienne,
34:28 même radicale, n'a appelé
34:30 à poser ce genre de gestes,
34:32 ce qu'a fait l'État islamique,
34:34 qui a appelé ses soldats islamistes,
34:36 à le faire dans le monde.
34:38 Ça fait une petite différence, quand même.
34:40 Ensuite, il était, vous l'avez rappelé
34:42 dans votre titre,
34:44 il était pas pratiquant
34:46 et rien dans sa vie ne relevait
34:48 de la fanatisation chrétienne
34:50 organisée par qui que ce soit.
34:52 Alors, pour être tout à fait juste,
34:54 il est vrai qu'il y a des profils d'islamistes
34:56 qui ressemblent à ça,
34:58 c'est-à-dire des gens radicalisés au dernier moment.
35:00 Simplement, ils sont radicalisés
35:02 par des personnes qui ont intérêt à les radicaliser
35:04 parce qu'elles ont un projet politique,
35:06 ce qui n'est pas le cas, en l'occurrence, de cet homme.
35:08 Et je note autre chose,
35:10 pour compléter les deux chroniques qui viennent d'arriver,
35:12 en l'occurrence,
35:14 un fait d'hiver, c'est quelque chose qu'on ne peut pas
35:16 relier à d'autres faits pour expliquer
35:18 ce qui est en train de se passer.
35:20 En l'occurrence, dans cette histoire d'Annecy,
35:22 le fait qu'il soit chrétien,
35:24 c'est à la limite la seule chose qui pourrait relever
35:26 du fait d'hiver. Et j'ose espérer
35:28 que ce sera vraiment la seule fois que ça arrivera.
35:30 En revanche, la question de l'immigration,
35:32 là, on bascule dans le fait de société.
35:34 Et comme d'habitude, la seule chose
35:36 sur laquelle certains décident de s'attarder
35:38 pour faire diversion, c'est ce qui relève
35:40 réellement du fait d'hiver,
35:42 et non du fait de société.
35:44 Et je fais en la parenthèse.
35:46 Ensuite, l'autre défense après ce qui s'est passé,
35:48 c'est de dire, vous remettez,
35:50 vous allez sur le terrain de l'immigration,
35:52 c'est quoi le sujet ? On ne va quand même pas refuser
35:54 le droit d'asile aux chrétiens d'Orient.
35:56 Ça, c'est l'autre manière, vous voyez,
35:58 les étapes de réflexion.
36:00 Alors, un, dans ce qu'on a appris sur cet homme,
36:02 il n'est pas seulement chrétien d'Orient.
36:04 Ça n'est pas la seule chose qui doit être examinée.
36:06 Ça ne vous détermine pas toute une personnalité,
36:08 ça ne vous détermine pas toutes les raisons
36:10 de vous installer dans tel ou tel pays.
36:12 Et, par ailleurs,
36:14 le fait d'accorder l'asile aux chrétiens d'Orient,
36:16 en l'occurrence dans ce dossier,
36:18 a concerné la Suède.
36:20 En France, c'est un autre sujet.
36:22 Donc c'est malhonnête que de dire que c'est ça
36:24 le sujet qui se pose aujourd'hui à la France.
36:26 Un, dans son dossier, on a appris depuis,
36:28 et on a appris aussi que son ex-femme
36:30 avait prévenu,
36:32 on a en effet un homme
36:34 qui était engagé dans l'armée syrienne,
36:36 alors par le biais du service militaire,
36:38 donc c'est obligatoire,
36:40 et qu'en l'occurrence, son unité avait été
36:42 attaquée par des islamistes, et qu'il aurait été
36:44 le seul survivant.
36:46 Je mets tout ça au conditionnel parce que je n'ai pas
36:48 vérifié ça moi-même, c'est absolument impossible,
36:50 mais donc ça relèverait potentiellement
36:52 du stress post-traumatique
36:54 extrêmement violent. Et ça, on ne le garde pas à l'esprit.
36:57 Nous, quand on voit des gens arriver
36:59 et des demandes d'asile arriver,
37:01 on ne fait jamais attention
37:03 à la violence par laquelle ont pu passer ces gens.
37:05 Quand vous fuyez la guerre,
37:07 vous n'avez pas eu la même vie que quand vous avez grandi en France.
37:09 Vous n'avez pas la même vie.
37:11 Il faut peut-être l'examiner au moment d'accueillir ces personnes-là,
37:13 avec les conséquences que ça peut avoir.
37:15 La deuxième question, c'est que la question
37:17 de l'asile directement, elle s'est posée
37:19 à la Suède. La question qui se pose
37:21 à la France, c'est celle de la libre circulation,
37:23 c'est celle des délais d'examen
37:25 entre différents pays,
37:27 c'est celle du suivi des décisions,
37:29 puisque en effet,
37:31 la décision en l'occurrence de la France était celle
37:33 du refus de cette demande, parce qu'elle avait
37:35 été accordée en Suède.
37:37 Donc ce sont des questions extrêmement différentes
37:39 que celles qu'on veut nous imposer pour, évidemment,
37:41 ne pas se poser les questions
37:43 qu'on devrait en effet se poser.
37:45 - Alors, que faut-il donc retenir de ce
37:47 profil au moment d'évoquer, comme beaucoup le font,
37:49 le sujet du droit d'asile ?
37:51 - Alors, un, ce qui saute aux yeux, c'est pas
37:53 l'erreur de la Suède sur l'asile. Honnêtement,
37:55 qu'il ait
37:57 obtenu l'asile en raison de son
37:59 appartenance,
38:01 on va dire, au chrétien d'Orient.
38:03 Il y a un manque d'examen approfondi
38:05 qui est expliqué par le nombre et par la
38:07 submersion du nombre de demandes d'asile
38:09 partout en Europe, mais c'est surtout
38:11 l'absence totale de maîtrise sur son
38:13 parcours. C'est l'impuissance,
38:15 beaucoup plus que le cas particulier qui nous intéresse.
38:17 C'est la répétition des cas particuliers.
38:19 Il y aurait une fois cette histoire-là.
38:21 Tout le monde se dirait, ben, c'est
38:23 l'horreur, et c'est
38:25 l'horreur comme elle arrive, évidemment, dans toutes les
38:27 sociétés. C'est évidemment la répétition qui nous pose
38:29 la question. Un, ce serait bien que la
38:31 question de l'asile, en effet, là je vais rejoindre les
38:33 détracteurs, entre guillemets, ne se pose pas
38:35 uniquement dans ce genre de cas.
38:37 Pourquoi ? Parce que la question de
38:39 la submersion par le biais des
38:41 demandes d'asile, elle pose énormément
38:43 de questions, en plus de celles de
38:45 la sécurité, et en particulier
38:47 du terrorisme ou assimilé, ce qu'on
38:49 a vu à Annecy. Les questions,
38:51 elles sont culturelles, elles sont identitaires,
38:53 elles sont économiques. On l'a vu, c'est la
38:55 question des services publics.
38:57 Il y a mille questions qui se posent, et en effet,
38:59 c'est un sujet qui ne concerne
39:01 pas que les drames.
39:03 Dieu merci, mais ça ne veut pas dire que ce n'est pas
39:05 important le reste de l'année. Or,
39:07 nous n'expulsons pas, ou peu,
39:09 ou très, très peu. Donc le devoir
39:11 et la seule question qui se pose, c'est de ne pas laisser
39:13 entrer. Et Dimitri nous a bien expliqué
39:15 que c'est la seule question que la Commission interdit
39:17 de poser. La seule question que la Commission
39:19 interdit de poser, notamment
39:21 aux États frontaliers de l'Union Européenne.
39:23 Ensuite, le gros sujet, je l'évoquais
39:25 tout à l'heure, c'est la question des
39:27 personnalités examinées.
39:29 Vous avez à chaque fois, les profils se répètent,
39:31 vous passez entre les mains de passeurs. Alors, on peut répéter
39:33 toute la journée qu'ils sont des trafiquants d'êtres humains,
39:35 mais ça veut dire quelque chose. Quand vous avez passé
39:37 une partie de votre vie entre les mains de passeurs
39:39 qui sont capables de jeter des enfants
39:41 au-dessus du bord d'un bateau,
39:43 c'est que vous avez vécu une violence qu'on peut à peine
39:45 imaginer. Ça crée des traumatismes.
39:47 Et ça crée des traumatismes,
39:49 ensuite, dans la vie que vous menez. Ça, c'est vrai pour tout le monde.
39:51 Quand vous avez subi la guerre,
39:53 les attaques djihadistes, ce qui s'est passé dans l'armée syrielle,
39:55 les crimes qui ont été commis,
39:57 la violence, l'extrême pauvreté,
39:59 la corruption absolue à toutes les strates de la société,
40:01 vous n'avez pas le même
40:03 rapport et le même
40:05 équilibre psychologique
40:09 que quand vous n'avez pas vécu tout ça.
40:11 Or, la prudence au moment d'accueillir,
40:13 c'est d'avoir tout ça en tête, surtout
40:15 quand, par ailleurs, vous faites des assises de la santé mentale
40:17 en expliquant qu'on est totalement débordés,
40:19 même avant que ces personnes-là arrivent.
40:21 C'est de l'ordre de la prudence, tout simplement.
40:23 Et la prudence, c'est quand même une responsabilité politique.
40:25 Et évidemment,
40:27 la dernière chose que l'on voit, c'est la perte
40:29 absolue du contrôle
40:31 sur cette question. Mais vraiment, du début
40:33 à la fin, plus personne ne sait
40:35 et on apprend même que sa femme aurait prévenu
40:37 il y a quelques mois les autorités
40:39 suisses et françaises de l'état
40:41 dangereux de cet homme.
40:43 Voilà.
40:45 Y a-t-il donc des choses
40:47 à retenir de ce dossier peu ordinaire ?
40:49 Et n'est-il pas moral
40:51 de continuer à défendre
40:53 le droit d'asile malgré tout ?
40:55 Ce dossier ne peut pas
40:57 résumer nos débats
40:59 sur la question de l'asile parce que, par ailleurs,
41:01 la tentation, c'est quand il y a un drame
41:03 qui touche aussi profondément tous les Français,
41:05 les débats sont extrêmement enflammés.
41:07 Vous avez des propositions qui dépassent...
41:09 On a vu des déclarations, on ne s'attendait
41:11 pas à avoir de telles déclarations.
41:13 Donc évidemment, il y a une émotion qui permet
41:15 de dire des choses que l'on pense le reste du temps
41:17 mais que l'on ne dit pas. Et par ailleurs,
41:19 ce serait bien que ça ne s'éteigne pas
41:21 quand il n'y a pas de drame.
41:23 C'est une question qu'il est nécessaire de régler
41:25 pour l'avenir du pays. Point.
41:27 Même sans les drames.
41:29 Même sans les drames. Ensuite, un,
41:31 nous sommes submergés par les demandes.
41:33 Or, le rôle d'un État n'est pas celui
41:35 d'une œuvre caritative.
41:37 C'est aussi simple que ça. C'est-à-dire que quand vous ne pouvez plus,
41:39 alors vous devez cesser de le faire.
41:41 Or, la première protection,
41:43 la première mission de l'État,
41:45 c'est de protéger les Français.
41:47 Or, cette protection est compromise
41:49 par l'impuissance de l'État
41:51 et de l'Union Européenne.
41:53 Et par ailleurs, en effet, quand on nous dit "ce n'est pas le moment",
41:55 ce n'est jamais le moment. Parce que le reste du temps, ce n'est pas une priorité.
41:57 Les Français s'en fichent. Quand il y a de drame,
41:59 ce n'est pas le moment. Quand il n'y a pas de drame, ce n'est pas le moment.
42:01 En fait, ce n'est jamais le moment. Bon.
42:03 Ensuite, la deuxième question, c'est que la question psychiatrique
42:05 doit vraiment être examinée. On a une étude
42:07 du Lancet, dont on avait entendu parler,
42:09 qui nous dit qu'il y a une prévalence des troubles
42:11 de stress post-traumatique, ce que je disais,
42:13 de 31 %, 18 fois plus élevés
42:16 que pour les Français. On ne peut pas
42:18 faire semblant de voir que ça n'existe pas
42:20 et que les conséquences peuvent être dramatiques.
42:22 C'est ce qu'on voit là. Alors, il est louable
42:24 de vouloir sauver le monde entier,
42:26 mais c'est une ambition d'enfant.
42:28 Quand on devient adulte, on sait qu'on a des limites.
42:30 En général,
42:32 c'est assez prudent.
42:34 Et enfin, sur la dernière chose, en effet,
42:36 on entend qu'il serait moral de prendre
42:38 la défense des migrants à travers le monde.
42:40 Je pense que défendre l'avenir
42:42 de son pays, défendre les enfants
42:44 d'Annecy, défendre
42:46 toutes les conséquences absolument
42:48 non voulues, mais prévisibles
42:50 d'une immigration incontrôlée,
42:52 ça me semble être la chose la plus morale
42:54 que doit faire un politique aujourd'hui.
42:56 Marmenant
43:02 l'humanité dans tout ça.
43:04 L'humanité, pourquoi je dis ça ?
43:06 Parce qu'on l'épargne
43:08 de la vie politique.
43:10 En France, les migrants,
43:12 comme dans cette école des affectés
43:14 de Paris, 16e arrondissement,
43:16 depuis plusieurs semaines, plusieurs mois
43:18 maintenant, on les sort le matin
43:20 à 9h, on les rentre à 18h,
43:22 on leur donne à manger,
43:24 on ne les occupe pas.
43:26 Comment sont traités ces migrants ?
43:28 Doit-on s'en féliciter ?
43:30 Déjà,
43:32 votre présentation,
43:34 elle est éclairante
43:36 à nous interroger,
43:38 parce que, pour reprendre les propos,
43:40 je n'ai pas noté les noms, j'ai noté simplement
43:42 les expressions que Mathieu faisait fleurir,
43:44 mais des personnages qui s'exprimaient.
43:46 Alors,
43:48 l'immigration est une richesse,
43:50 l'immigration est une force,
43:52 une société métissée,
43:54 tous blancs.
43:56 Mais est-ce que ces gens
43:58 qui hurlent comme ça,
44:00 une sorte de credo
44:02 de bon samaritain,
44:04 est-ce qu'ils ont été se promener
44:06 du côté du périphérique,
44:08 dans des recoins de Paris,
44:10 ou près de cette école
44:12 dans le 16e arrondissement ?
44:14 Que verraient-ils ?
44:16 Moi, vendredi, j'ai traversé Paris,
44:18 je me suis retrouvé sur le périphérique,
44:20 et j'ai eu le temps, il y avait des embouteillages,
44:22 de regarder ce qui se passait.
44:24 Des pauvres bougres
44:26 qui sont là, "Ah, on a été d'une humanité
44:28 époustouflante,
44:30 on leur a donné des tentes,
44:32 et ils sont là, moins que des bêtes,
44:34 et on les laisse
44:36 végéter, et quand vous sortez
44:38 du périphérique,
44:40 vous vous présentez au feu rouge,
44:42 et ils sont quelques-uns,
44:44 les yeux hallucinés,
44:46 pour la plupart très jeunes,
44:48 ils vous font un petit signe, forcément,
44:50 vous êtes bouleversés,
44:52 vous aimeriez pouvoir les aider,
44:54 déjà vous ne pouvez pas
44:56 avoir cette générosité
44:58 vis-à-vis de tout un chacun,
45:00 si on s'interroge, si on essaie
45:02 d'imaginer ce qu'est leur quotidien,
45:04 depuis combien de jours vivent-ils ça ?
45:06 Depuis combien de mois ?
45:08 Quel est l'espoir qu'on fait scintiller
45:10 devant eux ? Je ne vais pas reprendre
45:12 les propos de Charlotte,
45:14 qui là aussi a été plus qu'éclairant,
45:16 sur les traumatismes
45:18 que beaucoup ont connus, parce qu'ils
45:20 viennent de pays où les situations
45:22 de vie sont épouvantables,
45:24 mais quand ils sont chez nous,
45:26 eh bien que leur propose-t-on ?
45:28 Un petit quignon de pain,
45:30 comme vous dites, puis un ballon de football,
45:32 ben jouez mes garçons !
45:34 Durant la journée, ils sont jeunes,
45:36 ils ont entre 18 et 30 ans,
45:38 et il n'y a rien
45:40 à leur offrir, ils ne parlent
45:42 pas la langue, pour beaucoup,
45:44 ils ignorent ce qu'est notre
45:46 façon de vivre, ils n'ont pas
45:48 la possibilité d'avoir la moindre
45:50 monnaie à part les pièces sept
45:52 qu'éventuellement vous allez leur glisser
45:54 au feu rouge,
45:56 ils n'ont pas la perspective
45:58 du moindre logement,
46:00 donc vous leur offrez quoi ?
46:02 C'est ça la richesse de l'immigration ?
46:04 C'est l'horreur
46:06 de la misère qu'il aurait
46:08 proposé, et nous,
46:10 avec des associations qui se multiplient,
46:12 qui ont des points un peu partout,
46:14 on a quoi ?
46:16 Eh bien des associations de la bonne conscience,
46:18 comme les dames patronesses
46:20 au siècle dernier,
46:22 qui refilaient les fringues des enfants
46:24 à moitié rapiécées
46:26 mais bien repassées par la bonne,
46:28 tenées, et avec ça,
46:30 filochées, mais que leur propose-t-on
46:32 donc ? Rien, le néant.
46:34 Mais alors, forcément,
46:36 ça pose des problèmes,
46:38 c'est invisible,
46:40 c'est insupportable, avoir
46:42 ça, gommer-moi tout cela,
46:44 il va y avoir la coupe du monde
46:46 de feu de rugby, il va y avoir les Jeux olympiques,
46:48 la France, c'est le pays
46:50 des Lumières, c'est l'une des grandes nations du monde,
46:52 et hop, faites-moi partir tout ça.
46:54 Alors maintenant, on a une politique
46:56 de transfert social,
46:58 on choisit des bourgades,
47:00 il y en a une à Bruse, par exemple, je crois que vous en avez
47:02 parlé un jour, où je n'étais pas là, petit cachotier,
47:04 vous ne m'avez même pas appelé pour me le dire,
47:06 et que font-ils
47:08 dans ces petites bourgades-là ? Eh bien là,
47:10 en l'occurrence, vous avez un terrain
47:12 qui est complètement pollué,
47:14 il y a des métaux lourds,
47:16 il y a eu des situations
47:18 où on ne peut pas envisager de
47:20 déplacer les gens, mais en plus, c'est quoi ?
47:22 C'est un terrain vague, et on les laisse là
47:24 pendant trois semaines avant de les dispatcher.
47:26 C'est-à-dire que ces gens
47:28 que l'on veut humains ne sont
47:30 plus que des marchandises,
47:32 ne sont plus que des sacs
47:34 à qui on ne propose rien,
47:36 un ballon de football
47:38 pour passer la journée.
47:40 Voilà, c'est tout ce que l'on a à dire
47:42 à ces jeunes gamins, et on se dit
47:44 généreux, vous êtes un pourri
47:46 si vous estimez que ce n'est pas
47:48 supportable, que l'on ne peut pas
47:50 considérer que l'avenir
47:52 à offrir à un être humain
47:54 soit celui de la main tendue ?
47:56 C'est ça, cet humanisme ?
47:58 C'est ça les droits de l'homme
48:00 que l'on brandit depuis si longtemps
48:02 avec fierté ? Forcément non.
48:04 Alors les solutions ?
48:06 Eh bien, ce n'est pas
48:08 de se masquer, ce n'est pas
48:10 de faire comme dans les pays du tiers-monde
48:12 où quand il y a eu les grandes manifestations
48:14 sportives,
48:16 on a éradiqué
48:18 la pauvreté en la parquant
48:20 à nous donc d'avoir
48:22 le courage, oui, je n'ai pas les solutions.
48:24 Mais on ne peut pas
48:26 aujourd'hui faire en sorte
48:28 qu'il y ait simplement pour enrichissement
48:30 les passeurs
48:32 et tous ceux qui vivent
48:34 de ces conditions
48:36 épouvantables.
48:38 Si vous avez un de ces gamins de 18,
48:40 29 ans qui dit, je ne vais pas continuer,
48:42 à tendre la main au feu rouge,
48:44 qu'est-ce qui lui est possible
48:46 pour essayer d'intégrer
48:48 notre société ?
48:50 Eh bien réfléchissez, c'est quoi ?
48:52 C'est de trouver un autre réseau,
48:54 le réseau du travail
48:56 au noir, c'est-à-dire là
48:58 où vous allez sous-payé,
49:00 on vous prend pour la journée, on vous
49:02 rejette, ou alors,
49:04 eh bien un autre réseau encore plus honteux,
49:06 c'est celui de la drogue. Il n'y a que là
49:08 qu'on vous tend la main, il n'y a que là qu'on vous
49:10 donne une possibilité,
49:12 et à tout jamais, vous êtes exclu
49:14 de ce monde que vous avez
49:16 envisagé comme étant
49:18 le paradis.
49:20 Donc c'est insoutenable
49:22 d'envisager cela et d'avoir
49:24 des propos
49:26 en hurlant
49:28 à l'Assemblée, en étant là
49:30 dans les journaux, en mettant
49:32 des bandeaux
49:34 pour masquer certaines
49:36 réflexions, ça nous permet
49:38 donc d'être
49:40 dans la fierté d'une illusion,
49:42 mais cette illusion fait tellement
49:44 du bien au cœur, mais en
49:46 oubliant que c'est la misère de ces
49:48 gens-là, c'est leurs conditions humaines
49:50 que nous avons oubliées,
49:52 que nous avons méprisées, et que nous
49:54 continuons à mépriser.
49:56 Donc il nous faut envisager de vraies
49:58 solutions et arrêter de nous croire
50:00 glorieux avec
50:02 cette politique de la petite piécette.
50:04 L'humiliation
50:06 derrière l'humanité.
50:08 Merci Marc Menangé. Je vais vous parler
50:10 juste quelques secondes. On parle
50:12 souvent de déconstruction.
50:14 Un coup de projecteur sur la construction.
50:16 On parle
50:18 d'inversion de valeur, souvent
50:20 dans cette émission, où le bien est
50:22 critiqué. On en parlera dans un instant avec vous,
50:24 mon cher Mathieu, comment le bien est
50:26 critiqué avec Henri.
50:28 Le mal est défendu, on le voit
50:30 tous les jours. On parle souvent de statut
50:32 déboulonné, de statut décapité, comme l'Église
50:34 Saint-François-Xavier
50:36 qui a nouveau vandalisé il y a deux, trois
50:38 jours à Paris, en plein Paris il y a quelques jours.
50:40 Et si face à l'info, on parle souvent
50:42 de ce qui ne va pas, parfois il y a quelques
50:44 initiatives qui méritent d'être soulignées.
50:46 Peut-être un peu d'espoir, peut-être
50:48 un peu d'espérance pour aller peut-être
50:50 plus loin, comme une association que j'ai
50:52 découverte qui s'appelle SOS Calvaire.
50:54 Une association de loi 1901 qui existe
50:56 depuis 36 ans. Elle restaure
50:58 le petit patrimoine chrétien français.
51:00 Combien de fois on a parlé des statuts
51:02 déboulonnés avec Charlotte ?
51:04 Ils construisent un calvaire
51:06 restauré, enfin, ils restaurent un calvaire
51:08 en France par jour. 190
51:10 calvaires restaurés depuis le début de l'année.
51:12 Et il n'y a pas que du négatif.
51:14 Marc, maintenant je vous laisse réagir peut-être.
51:16 L'enthousiasme encore dans notre quotidien,
51:18 ces images, je trouve que c'est important aussi
51:20 de les montrer lorsqu'on montre nous aussi
51:22 des images décapitées, de statut
51:24 décapité, les bâtisseurs de l'avenir,
51:26 les castors du quotidien.
51:28 Oui, c'est ça, c'est-à-dire des gens qui
51:30 refusent de baisser la tête
51:32 et de se dire, au-delà
51:34 de ce que peut symboliser
51:36 une croix, c'est-à-dire
51:38 un enflammement de foi,
51:40 on a aussi simplement
51:42 une caractéristique qui est celle
51:44 de notre pays. Et à partir de là,
51:46 on se sent responsable
51:48 de ce qui a donné un paysage
51:50 à la France, a donné
51:52 une sorte de regard
51:54 qui n'est pas le même que celui
51:56 que l'on propose, que l'on arrive au bout du monde.
51:58 SOS Calvaire, 3000 bénévoles,
52:00 ça me rappelle aussi les bénévoles qui sont
52:02 au Puy du Fou, n'hésitez pas à aller au Puy du Fou.
52:04 Non mais qu'on battue souvent,
52:06 ça peut être la devise de Face à l'Info, qu'on battue souvent,
52:08 battue parfois, j'aime bien Charlotte,
52:10 et abattue jamais. Non, non, c'est une devise
52:12 pour Face à l'Info. Aller au Puy du Fou,
52:14 non mais c'est vrai, pour la puissance
52:16 de la réflexion, la passion,
52:18 l'émotion, les prouesses techniques,
52:20 l'un des plus beaux parcs, et ça c'est
52:22 français, l'un des plus beaux parcs de loisirs du monde,
52:24 je pense qu'il faut quand même valoriser
52:26 la France dans ce qu'elle a de plus beau, de plus cher.
52:28 Mais parfois la France
52:30 nous bouleverse.
52:32 Depuis jeudi,
52:34 la France entière souligne le courage
52:36 du pèlerin au sac à dos,
52:38 Mathieu Bocoté, qui s'est interposé
52:40 à Annecy et qui a ainsi
52:42 sauvé des vies. Mais corrigeons
52:44 tout de suite, toute la France, non.
52:46 Car une partie de la gauche a décidé
52:48 de s'enfermer dans le mutisme
52:50 alors qu'une autre raille
52:52 le héros, le ridiculise.
52:54 Notamment à cause
52:56 de sa foi. Et c'est sur ces railles,
52:58 sur ce mutisme, que vous voulez revenir,
53:00 Mathieu Bocoté.
53:02 - Ah oui, parce qu'il y a une histoire à écrire
53:04 du traitement médiatique du héros Henri.
53:06 Disons ça comme ça. Ça commence par l'émotion
53:08 unanime. On voit un homme faire preuve
53:10 de courage physique, le courage,
53:12 on se demande tous si on a du courage physique en soi,
53:14 lui en a eu à ce moment précis.
53:16 Et là, émotion unanime.
53:18 On lui tend le micro, et là
53:20 soudainement le malaise apparaît,
53:22 je sais certain pourquoi.
53:24 D'abord, il fait un pèlerinage des cathédrales,
53:26 un tour de France des cathédrales.
53:28 Ça commence à sentir le cateau, ça.
53:30 Ça commence déjà à être louche.
53:32 Plus encore, on comprend qu'il appartient
53:34 à la mouvance du catholicisme traditionnel.
53:36 Il a fait l'IPC,
53:38 l'école de formation, parce qu'il a
53:40 travaillé pour l'homme nouveau,
53:42 un bimensuel catholique. On comprend
53:44 qu'il appartient, au moment
53:46 après les événements, il l'invite à faire
53:48 une chaîne de prière pour les enfants.
53:50 Ça commence à en agacer plusieurs.
53:52 Et pire encore, il aime le drapeau.
53:54 Là, franchement, ça passe plus.
53:56 Le drapeau, le cateau,
53:58 qu'est-ce qui se passe? Qui est ce type
54:00 qui ose troubler le récit collectif?
54:02 Alors, trois réactions.
54:04 Il parle très rapidement, globalement,
54:06 de héros à fachos. Trois réactions,
54:08 et je vais documenter chacune d'entre elles.
54:10 La première, c'est la raillerie.
54:12 On l'a vu dans Libération, un journal
54:14 où Daniel Schneiderman se moque
54:16 à la fois de Henri
54:18 et de sa foi, et de ceux
54:20 qui admirent sa foi. On est quand même
54:22 à 24 heures, à peu près, de l'événement,
54:24 48 heures, et déjà, on trouve matière
54:26 à rire parce que cet homme ne croit pas aux bonnes choses
54:28 et finalement, il aime peut-être pas le bon drapeau.
54:30 - Propos condamnés par Denis Oliven.
54:32 - Bien sûr, mais le fait est que Schneiderman
54:34 n'a pas pu s'empêcher, dans les circonstances,
54:36 de faire son petit crachat.
54:38 Deuxième, et là, on passe de la raillerie
54:40 à l'hostilité.
54:42 Et vous me permettrez de citer...
54:44 Il y a eu une enfilade, un thread Twitter,
54:46 qui a eu beaucoup, beaucoup d'échos.
54:48 Je vais citer quelques phrases. Ça vient
54:50 d'un journaliste photoreporteur qui s'appelle
54:52 Ricardo Pereira, et je vais citer
54:54 quelques extraits, vous allez voir un peu
54:56 jusqu'où ça peut aller.
54:58 "Ce qui m'a conduit à écrire ce tweet,
55:00 dit-il, est le choix
55:02 du tee-shirt qu'Henri fait pour se découvrir
55:04 en France."
55:06 Un geste qui n'est pas
55:08 anodin. "De plus, une partie
55:10 de son discours me semble problématique.
55:12 Le tee-shirt est composé de deux symboles.
55:14 Le drapeau français, qui, à mon avis,
55:16 lorsqu'on le porte sur une veste,
55:18 démontre une forme de patriotisme ou de nationalisme.
55:20 Henri est-il un patriote
55:22 ou un nationaliste? Hein?
55:24 Un patriote? C'est inacceptable, ça?
55:26 Ça va plus loin."
55:28 Il nous dit, "Bien évidemment, Henri a réagi
55:30 sur le coup. Je le félicite.
55:32 Mais son discours sur BFM
55:34 est bizarre. Il parle
55:36 de Beltram, de relever la tête,
55:38 d'arrêter de subir. Je dirais que ce sont des
55:40 dog whistles. Pour moi, ce qui ressort
55:42 de cette phrase, c'est une logique
55:44 que je vois prendre de la puissance
55:46 dans les réseaux sociaux d'extrême droite.
55:48 Des phrases qui incitent à la haine,
55:50 à la violence physique envers les personnes racisées.
55:52 Henri se mobilise pour
55:54 défendre des enfants poignardés
55:56 par un migrant syrien. Et c'est lorsqu'il dit
55:58 "Parce qu'il faut relever la tête, il ne faut pas se coucher
56:00 quand on voit un drame comme celui-là. Il ne faut pas
56:02 s'écraser." Je prends comme exemple Beltram.
56:04 Parce que c'est un homme admirable, c'est lui le coupable
56:06 qui appelle à la violence.
56:08 Et un autre élément, le dernier,
56:10 un autre aspect étrange, mais aussi typique
56:12 chez les fervents catholiques, c'est leur obsession
56:14 pour les enfants. L'agresseur
56:16 a blessé 6 personnes, dont 4 enfants.
56:18 Henri a prié sur place pour les enfants.
56:20 Ça, c'est terrible, prier pour les
56:22 enfants. Ça, c'est inacceptable.
56:24 Et, alors là, dans un autre journal,
56:26 vous me permettrez un instant, dans le 20 minutes,
56:28 ça c'est exceptionnel,
56:30 c'est Xavier Regnier.
56:32 Mais si le héros médiatique, comme toute
56:34 figure héroïque, est parfait au départ,
56:36 Henri n'en reste pas tel Batman,
56:38 pas moins un humain. Avec son
56:40 passé, son côté sombre
56:42 et ses éventuelles casseroles,
56:44 le jeune homme aux discours bien rodés et presque
56:46 prédicateurs a été alternant pour un journal
56:48 d'extrême droite, l'homme nouveau.
56:50 Autrement dit, ce héros
56:52 n'est pas le bon. Ce héros
56:54 ne croit pas aux bonnes choses. C'est un patriote
56:56 catholique. Il faut dès lors, puis certains lui demandent,
56:58 "Justifiez-vous, que croyez-vous
57:00 vraiment?" C'est la volonté d'humilier,
57:02 de salir, de cracher
57:04 sur le héros des circonstances.
57:06 - Vous dites que, dernière question, quand vous dites
57:08 qu'Henri n'était pas le héros souhaité
57:10 par les médias, est-ce que vous n'allez pas un petit peu
57:12 loin quand même? Parce que les réactions
57:14 que vous décrivez restent quand même marginales?
57:16 - Non, je ne pense pas qu'elles soient marginales. Elles sont représentatives
57:18 d'un état d'esprit parce que c'est le troisième élément dont je vous ai parlé.
57:20 La raillerie, l'hostilité,
57:22 mais il y a aussi le silence. L'étonnant silence
57:24 d'une bonne partie des figures importantes
57:26 de la gauche, si on avait été devant
57:28 Mamadou Gassama, on aurait applaudi,
57:30 les applaudissements auraient été là. Je souligne que lorsque
57:32 c'est arrivé, à droite, personne ne s'est empêché
57:34 d'applaudir. Il y avait une véritable admiration.
57:36 Mais là, le héros n'est pas le bon. Pourquoi?
57:38 Parce qu'il représente la France dont on veut se délivrer.
57:40 La France catholique, on en a marre!
57:42 Elle n'appartient pas à l'univers de la diversité.
57:44 La France patriote, fière de son drapeau,
57:46 on en a marre! Elle n'appartient pas à l'univers
57:48 du post-nationalisme, du post-patriotisme,
57:50 de l'Europe mondialisée et diversitaire.
57:52 Il représente les Français de trop,
57:54 ceux qui sont de trop en ce pays,
57:56 et c'est parvoxal, ceux qui se lèvent pour défendre
57:58 leur pays lorsqu'il est agressé. Aujourd'hui,
58:00 on les moque, on les tourne en ridicule, mais ce n'est pas surprenant.
58:02 Ce n'est que l'expression radicalisée
58:04 sur le plan médiatique du mépris
58:06 pour ceux qui fondamentalement aiment leur pays.
58:08 Lorsque la société se met
58:10 à faire le procès d'un sauveur d'enfants,
58:12 n'est-ce pas la preuve d'une société
58:14 qui a perdu le sens
58:16 de l'indignité? Isabelle Piboul.
58:18 Après la mort d'une fillette
58:24 tuée par balle dans le Finistère,
58:26 le suspect a été mis en examen
58:28 et écroué pour assassinat
58:30 et tentative d'assassinat.
58:32 Le septuagénaire est soupçonné d'avoir tiré
58:34 samedi soir sur ses voisins.
58:36 En garde à vue, le retraité et son épouse
58:38 ont été testés positifs à l'alcool
58:40 et au cannabis. Le procureur de Brest
58:42 a confirmé qu'un conflit de voisinage
58:44 opposait le couple néerlandais
58:46 à leurs voisins britanniques.
58:48 La motion de censure déposée par la NUPES
58:50 a été rejetée par l'Assemblée nationale.
58:52 En l'absence du soutien des Républicains,
58:54 elle n'a recueilli que 239 voix.
58:56 Sur les 289 nécessaires,
58:58 cette motion de censure de l'Alliance de gauche
59:00 avait été déposée dans le prolongement
59:02 de la bataille des retraites.
59:04 Il s'agit de la 17e motion de censure
59:06 rejetée depuis l'arrivée d'Elisabeth
59:08 Bornam-Attignon.
59:10 Les drapeaux sont en Bern en Italie.
59:12 Rome a décrété une journée de deuil nationale
59:14 mercredi. Le pays rendra hommage
59:16 à Silvio Berlusconi,
59:18 décédé à 86 ans.
59:20 Des funérailles d'Etat se tiendront
59:22 à la cathédrale de Milan,
59:24 reconnue pour ses manœuvres politiques
59:26 et ses démêlés judiciaires.
59:28 L'ex-chef de gouvernement était soigné
59:30 à l'hôpital San Raffaele pour une leucémie.
59:32 ♪ ♪ ♪