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00:00Avant, on faisait des lois pour les gens qui vont mourir.
00:03Maintenant, on fait une loi, aujourd'hui, on en débat à l'Assemblée nationale,
00:07une loi sur les gens qui veulent mourir.
00:10Donc, accompagner la fin de vie, ce n'est pas obligatoirement donner la mort,
00:14et c'est même le contraire.
00:16Donc, effectivement, on est en train de mettre en place, sans le dire,
00:21puisque les mots sont masqués, le suicide assisté et l'euthanasie.
00:25Et donc, comme c'est une transgression majeure de donner la mort à l'autre,
00:31eh bien, la loi ne nomme pas les choses.
00:34Et donc, ce texte essaye de contourner l'obstacle,
00:38de dire qu'on met en place le fait de donner la mort à des gens qui le demandent.
00:44Mais c'est vrai, Jean-Léon, le poids des mots, il est important.
00:46On voit que les partisans du texte n'aiment pas qu'on parle de mort,
00:50comme vous le rappeliez, d'euthanasie, qui parle d'aide à mourir,
00:53et même de mourir dans la tignité.
00:54C'est un discours qu'on entend depuis de très longues années,
00:56et pourtant, la sémantique, c'est important également.
01:00La sémantique, les mots, ils veulent dire des choses.
01:03Et donc, par exemple, quand on parle, comme vous venez de le dire, de dignité,
01:08est-ce que si je meurs en souffrant, je meurs de manière indigne ?
01:12Oui, bien sûr, c'est indigne de laisser mourir les gens avec la souffrance.
01:17C'est indigne de les laisser mourir dans la solitude.
01:19Mais est-ce que, pour autant, il n'y aurait qu'une mort digne ?
01:24C'est la mort par suicide assisté ou par euthanasie ?
01:27Donc, ce n'est pas une loi de fraternité.
01:30C'est une loi de liberté, peut-être, de liberté individuelle.
01:34Mais en tout cas, ce n'est pas une loi de fraternité, c'est une loi libérale.
01:36Et peut-être même que c'est une loi par défaut.
01:40Parce que, comme on n'a pas assez de développement de soins palliatifs en France,
01:44on va se trouver dans la situation où on va dire, soit les soins palliatifs,
01:49mais je n'en ai pas assez, mais je ne peux pas vous prendre en charge.
01:52Et donc, finalement, vous avez une autre alternative, c'est celle de vous faire donner la mort.
01:58Donc, je trouve qu'on est dans une rupture majeure,
02:01à la fois sur le plan médical, sur le plan législatif aussi,
02:05et puis sur le plan anthropologique.
02:07C'est la première société évoluée qui envisage de donner la mort aux plus faibles et aux plus vulnérables.