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Aujourd'hui, dans « Les 4V », Jeff Wittenberg revient sur les questions qui font l’actualité avec Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères. 

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00:00Bonjour Jean-Noël Barreau.
00:03Bonjour.
00:04Et merci d'être avec nous car vous étiez hier en Turquie, en Turquie où vous avez représenté la France.
00:09Dans ce qui ressemble pour l'instant, on l'entendait dans le journal de 7h30, à une impasse sur le conflit en Ukraine.
00:14Alors certes des réunions trilatérales doivent avoir lieu aujourd'hui, mais au moment où nous parlons, les Russes et les Ukrainiens ne se sont toujours pas rencontrés.
00:24Est-ce qu'il y a un espoir que les choses avancent dans les prochaines heures ?
00:27Vous l'avez dit, j'étais en Turquie toute la journée hier pour défendre le camp de la paix, c'est-à-dire le camp de l'Ukraine,
00:33face au camp de la guerre, celui de Vladimir Poutine qui a choisi de faire la politique de la chaise vide.
00:39Alors je le souhaite que ces discussions puissent avoir lieu, qu'elles puissent avancer aujourd'hui.
00:44Mais j'ai peu d'espoir.
00:46Vous avez peu d'espoir.
00:46D'une part parce que Vladimir Poutine a refusé de se rendre lui-même en Turquie,
00:52et d'autre part parce qu'on ne peut pas négocier sereinement sous les bombes
00:56et qu'il convient, avant que des discussions sérieuses puissent avoir lieu,
01:01que Vladimir Poutine consente à un cessez-le-feu.
01:03Mais M. Barraud, qu'est-ce qui pourrait faire évoluer la position de Vladimir Poutine
01:07et aboutir à ce cessez-le-feu que vous réclamez ?
01:10On sait que dans ces négociations, le Kremlin a des exigences extrêmement importantes,
01:14que Kiev abandonne quatre de ses provinces, la Crimée renonce à être membre de l'OTAN.
01:20Qu'est-ce qui est acceptable dans tout ça ?
01:21L'Ukraine n'a renoncé à rien puisque les discussions n'ont pas commencé.
01:23Mais ce qui fera bouger Vladimir Poutine, qui le fera consentir à un cessez-le-feu
01:28et à se présenter lui-même lorsqu'on lui propose des discussions directes avec Volodymyr Zelensky,
01:34c'est la pression colossale qui va s'abattre sur lui.
01:36C'est ce pourquoi j'ai plaidé auprès de nos interlocuteurs américains, hier en Turquie,
01:42et c'est ce à quoi j'appelle les Européens.
01:43à bâtir des sanctions dissuasives, de nature, si Vladimir Poutine continue à faire de l'antigeux
01:50et à traîner les pieds, à asphyxier son économie.
01:52Est-ce que Donald Trump a tort de dire que rien ne se passera tant que lui-même
01:56et Vladimir Poutine ne seront pas ensemble à la table des négociations ?
02:00Ce qui est clair et ce que nous espérions, c'est qu'avec Volodymyr Zelensky en Turquie,
02:06avec l'ouverture du président Trump à s'y rendre, lui aussi,
02:09eh bien que Poutine ait pu accepter d'entrer à son tour dans la discussion.
02:15Il s'y a refusé, il va falloir l'y contraindre.
02:16Et rien ne s'est passé, vous parliez de sanctions, il y en a depuis trois ans,
02:19des sanctions dont qu'est-ce que vous parlez de fermeté aujourd'hui.
02:22Êtes-vous convaincu que c'est le moyen de faire bouger, je vous cite à nouveau, Vladimir Poutine ?
02:28Vous avez raison, nous avons, nous les Européens, les Américains aussi,
02:32nous avons mis des sanctions très lourdes sur Vladimir Poutine,
02:36mais qui lui ont empêché de se saisir de l'Ukraine comme il l'aurait souhaité.
02:41Rappelez-vous, il pensait y parvenir en trois semaines,
02:43et grâce à la résistance ukrainienne, et grâce à ces sanctions très lourdes
02:47que nous avons appliquées, nous avons réussi à l'en empêcher.
02:49Maintenant, il nous faut aller encore beaucoup plus loin,
02:52c'est ce que prépare le sénateur américain Lindsey Graham,
02:55qui était hier en Turquie, avec lequel je me suis entretenu,
02:57des sanctions avec des droits de douane de 500%
03:00sur les importations de pétrole russe,
03:02et sur tous les pays qui continuent à en importer.
03:05Et c'est la ligne que va suivre, vous pensez,
03:08le président des États-Unis, qui s'est montré, pour l'instant,
03:12parfois assez ouvert, au contraire, à son homologue russe.
03:16Vous savez, il y a une centaine de sénateurs aux États-Unis,
03:20et 80 d'entre eux, à peu près, ont déjà soutenu ce paquet de sanctions colossales.
03:24Donc vous sentez une évolution aujourd'hui ?
03:26Je sens évidemment une évolution et une résolution de la part des sénateurs américains
03:30d'en finir avec ce conflit, et donc de contraindre Vladimir Poutine
03:33à entrer de bonne foi dans des négociations.
03:36Autre région, autre conflit brûlant, M. Barrault, la situation à Gaza.
03:40Emmanuel Macron a eu des mots extrêmement fermes cette semaine
03:44contre Benjamin Netanyahou et sa politique.
03:47Ce qui se passe là-bas est inacceptable, c'est une honte, a dit le président français.
03:52Et la réplique n'a pas tardé.
03:53M. Netanyahou a accusé, je cite, le président français de se ranger
03:57du côté d'une organisation terroriste.
04:00Voilà ce qu'il a dit.
04:01Comment vous vous accueillez, comment vous recevez ces propos du Premier ministre israélien ?
04:05Tout ce qui est excessif est insignifiant.
04:07Le Premier ministre israélien sait parfaitement que la France,
04:10depuis le premier jour, a condamné le Hamas,
04:13qu'elle a sanctionné ses dirigeants et qu'elle appelle aujourd'hui
04:16au désarmement du Hamas, à son exclusion de la bande de Gaza,
04:19à son exclusion de toute forme de gouvernance à l'avenir.
04:22Mais dire que c'était une honte, ce n'était pas excessif par contre.
04:24Écoutez, le Premier ministre israélien doit entendre l'appel quasi unanime
04:31de la communauté internationale, profondément choquée
04:34par la situation catastrophique à Gaza, a cessé le feu
04:38et a laissé entrer sans aucune forme d'entrave et sans délai
04:42l'aide humanitaire, l'eau, la nourriture à Gaza.
04:45Il y a 9000 enfants qui ont été accueillis dans ce qu'il reste des hôpitaux à Gaza
04:50depuis le début de l'année pour malnutrition.
04:52C'est une situation qui doit cesser parce qu'elle est inacceptable.
04:55Au-delà des mots, que pouvez-vous faire là encore ?
04:57Est-ce que ce ne sont pas les États-Unis qui ont le pouvoir
05:01d'influencer le gouvernement israélien ?
05:04Est-ce que par exemple la France, l'Union européenne,
05:06peut prendre des sanctions contre l'État hébreu ?
05:08La France s'est mobilisée depuis le départ
05:10pour apporter des réponses à la crise humanitaire.
05:12C'est à Paris que s'est tenu, un mois après le début des hostilités
05:15qu'on fait suite à l'attentat terroriste du 7 octobre,
05:18une conférence internationale qui a permis de lever 1 milliard d'euros pour Gaza.
05:20Ensuite, nous avons pris des sanctions à l'encontre des colons israéliens
05:27qui fragilisent la perspective d'une solution politique dans la région.
05:32Je l'ai dit, nous ne nous interdisons rien pour l'avenir.
05:35Les Pays-Bas ont demandé à la Commission européenne
05:37d'examiner l'article 2 de l'accord d'association entre l'Europe et Israël
05:43qui prévoit que les deux parties respectent les droits de l'homme.
05:45C'est une demande légitime et j'appelle la Commission européenne
05:48à faire ce travail d'instruction.
05:50Vous comprennez bien, M. le ministre des Affaires étrangères,
05:52vous pourriez dénoncer cet accord qui existe aujourd'hui
05:55entre l'Union européenne et Israël
05:56si la politique de Benjamin Netanyahou est maintenue dans ces prochaines semaines ?
06:01C'était l'Europe qui appartient de prendre ses décisions,
06:03mais pour que cet accord puisse tenir,
06:07il faut que les parties en respectent les clauses
06:08et l'article 2 prévoit le respect par les deux parties des droits de l'homme.
06:12Vous ne vous interdisez rien, c'est ce que vous disiez il y a un instant.
06:15On revient à Istanbul d'un mot,
06:17puisqu'il y a aussi là-bas des négociations
06:19entre les pays européens, France, Allemagne et Grande-Bretagne
06:24et l'Iran sur le dossier du nucléaire iranien.
06:27Pourquoi je parle de cela ?
06:28Parce qu'aujourd'hui, l'accord sur le nucléaire iranien
06:30qui prévoyait la levée des sanctions
06:32contre l'abandon d'un nucléaire militaire
06:35est aujourd'hui caduque, cet accord.
06:37Mais la France, elle réclame aussi la libération de deux prisonniers,
06:42Cécile Collère et Jacques Paris,
06:43qui sont, dites-vous, détenus arbitrairement en Iran depuis trois ans.
06:48Qu'est-ce que vous pouvez faire là encore ?
06:49Qui sont retenus otages depuis trois ans en Iran,
06:52détenus dans des conditions indignes,
06:54qui sont assimilables à de la torture,
06:56qui sont privés de ce qu'on appelle les visites consulaires,
06:59c'est-à-dire les visites par les membres de notre ambassade
07:02pour prendre de leurs nouvelles.
07:03Et c'est la raison pour laquelle, aujourd'hui,
07:05je dépose plainte devant la Cour internationale de justice
07:08contre l'Iran pour violation de cette protection,
07:10de son obligation de donner droit à la protection consulaire.
07:14Une plainte de la France contre l'Iran va être déposée aujourd'hui ?
07:18Absolument.
07:19Dernière question, M. Barraud,
07:21vous êtes ministre des Affaires étrangères,
07:23mais vous êtes aussi un proche de François Bayrou,
07:26vous êtes membre du Modem.
07:28Comment vous avez vécu cette semaine très éprouvante pour lui
07:30lorsqu'il a été mis sur le grill par les députés sur l'affaire Bétarame ?
07:34Est-ce que vous l'avez trouvé convaincant ?
07:36Ce n'est pas le cas de tout le monde.
07:37J'ai, comme beaucoup de Français, été choqué
07:40par l'inquisition politicienne menée par la France insoumise,
07:44non pas pour s'intéresser aux victimes,
07:46mais pour semer le chaos, fragiliser les institutions.
07:49Et j'ai trouvé un François Bayrou sincère, combatif,
07:53qui a fait la démonstration que ce qui l'intéresse dans cette affaire,
07:57c'est le sort des victimes et pas les procès politiques.
07:59Il n'est pas fragilisé ?
08:01Certains, même dans votre camp, sont troublés par les nuances
08:03qu'il a apportées sur les différentes versions du fait qu'il ne savait rien,
08:08dit-il, de ce qui se passait et des sévices qui se déroulaient dans cette école catholique.
08:12Non, je crois que c'est M. Vanier et la France insoumise qui sont définitivement disqualifiés.
08:15Merci Jean-Noël Barraud, ministre des Affaires étrangères.
08:18C'est la suite de Télématin. Merci à vous.
08:20Merci beaucoup à tous les deux, Jean-Noël Barraud,
08:21qui annonce donc que la France va porter plainte contre l'Iran
08:25concernant le traitement des otages français retenus dans le pays
08:28sur le dossier de la guerre Russie-Ukraine.
08:31Il faut mettre une pression colossale sur Vladimir Poutine,
08:34dit-il, pour le contraindre à négocier avec l'Ukraine.
08:37Il parle de droits de douane de 500% sur les importations de pétrole russe.
08:42Voilà pour La Politique et on remercie Frédéric Chevalier
08:45qui a traduit cette interview en langue des signes.

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