• il y a 5 mois
Le ministre démissionnaire de l'Europe, Jean-Noël Barrot, était l’invité de #LaGrandeInterview de Florian Tardif dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.

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Transcription
00:00Bonjour Jean-Noël Barraud, vous êtes ministre délégué des missionnaires chargé de l'Europe et président de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale.
00:07Vous allez pouvoir souffler.
00:09J'ai intérêt puisque dans quelques jours je participerai avec plusieurs dizaines de milliers d'autres coureurs amateurs au marathon des Jeux Olympiques
00:19qui est ouvert pour la première fois dans l'histoire des Jeux à des non-athlètes.
00:24Et donc il faut que je souffle pour y être prêt.
00:26Vous savez pourquoi je vous dis cela ? Tout simplement parce qu'Emmanuel Macron a annoncé une trêve politique durant ces Jeux Olympiques que vous évoquiez à l'instant.
00:33Écoutez, l'Assemblée nationale a été installée, non sans mal, mais c'est désormais chose faite.
00:38Il nous faut désormais commencer à agir au service des Français.
00:42C'est possible, sans gouvernement. Il y a un gouvernement mais des missionnaires.
00:46Je crois que l'été doit être mis à profit pour que nous puissions collectivement nous interroger sur le message que les Français ont voulu nous adresser lors des élections législatives
00:55et les réponses que nous voulons apporter en matière de pouvoir d'achat.
00:57Est-ce que vous l'avez compris ce message ? Gérald Darmanin explique que vous avez perdu les élections législatives.
01:02Est-ce que vous partagez le même diagnostic ce matin sur Europe 1 et C News ?
01:05Bien sûr, mais quand je parle du message, je crois qu'il faut entendre le cri de détresse,
01:11le sentiment d'abandon, d'injustice et de dépossession qui s'est exprimé à l'occasion de ces élections.
01:16Les attentes très fortes en matière de pouvoir d'achat, de sécurité, d'efficacité des services publics, de l'école, de la santé, de l'accès au logement.
01:24Et c'est à tout cela que nous devons apporter des réponses, sans quoi, évidemment, nous serions tenus responsables.
01:30Lorsque je me permets de revenir sur cette trêve politique annoncée par le président de la République,
01:35est-ce qu'il faut comprendre que le gouvernement actuel démissionnaire pourrait rester tel qu'il est jusqu'à la rentrée prochaine ?
01:41C'est au président de la République de choisir le moment et le nom de la personne qu'il nommera pour former un gouvernement.
01:50Il vous en a parlé, il a des idées.
01:52C'est à lui que cette décision appartient et je souhaite pour ma part qu'elle intervienne le plus rapidement possible
01:58parce que nous ne devons pas faire attendre les Français qui, comme je l'ai dit, ont exprimé un certain nombre d'attentes très fortes.
02:04Avant la rentrée ?
02:05C'est à lui d'en décider.
02:06Très bien. C'est la première fois qu'Emmanuel Macron prendra la parole sur le sol français, si je ne m'abuse, ce soir depuis les élections législatives.
02:15Que doit-il dire ce soir ? Que peut-il dire d'ailleurs au milieu de ce brouillard politique ?
02:20Vous savez, c'est la première fois depuis un siècle que la France accueille les Jeux olympiques et paralympiques.
02:26C'est un événement d'envergure mondiale. Il est donc bien naturel que le président de la République prenne la parole à la veille de la cérémonie d'ouverture.
02:33Il y aura une partie effectivement sur les Jeux olympiques et il y aura une partie plus politique.
02:36J'imagine que les journalistes l'interrogeront sur les questions de politique intérieure. Il aura l'occasion.
02:42Et sur ces questions-là, que peut-il dire ?
02:44Ce qu'il peut dire, je crois, c'est qu'il prendra sa décision, celle qui lui revient aux termes de notre Constitution,
02:52qui consiste à nommer un Premier ministre chargé de former un gouvernement qui tienne compte, dans sa composition, des nuances représentées à l'Assemblée nationale.
03:01Et pour ma part, je considère qu'il n'y a qu'une seule majorité susceptible d'apporter à la France la stabilité...
03:07Il y a une majorité aujourd'hui à l'Assemblée nationale ?
03:09Il n'y a qu'une seule majorité qui, arithmétiquement, est susceptible d'apporter la stabilité à notre pays.
03:14C'est celle qui va de la gauche modérée à la droite modérée, en passant par le centre.
03:18Donc du Parti socialiste, des écologistes, jusqu'au LR de Laurent Wauquiez, de Bruno Rotailleau.
03:24On reviendra notamment sur le pacte législatif qu'ils ont présenté hier.
03:28Est-ce que vous avez eu des consignes pour cette période estivale ?
03:33Vous êtes un ministre démissionnaire, mais est-ce que Matignon vous a demandé potentiellement d'être disponible en moins de trois heures
03:40pour pouvoir rejoindre la capitale en cas de dossier que vous devriez prendre en charge assez rapidement ?
03:46Je suis, avant toute chose, député des Yvelines, où j'ai été réélu le 7 juillet avec 73% des voix.
03:53Je suis désormais président de la Commission des affaires étrangères.
03:56J'ai été ministre pendant deux ans, mais Gabriel Attal ayant présenté la démission du gouvernement qui a été accepté par le président,
04:03je ne suis chargé que de l'expédition des affaires courantes pour mon ministère, c'est-à-dire le strict minimum.
04:09François Ruffin, ce matin, parle de gouvernement fantôme.
04:12C'est une période transitoire qui doit prendre fin le plus tôt possible.
04:16Donc vous acquiescez finalement ce terme de gouvernement fantôme ?
04:20C'est un gouvernement démissionnaire. C'est un gouvernement qui n'est chargé que du strict minimum, c'est-à-dire l'expédition des affaires courantes.
04:25Sur la délégation israélienne, c'est dernier est arrivé hier à Paris.
04:30Gérald Darmanin a annoncé qu'il serait protégé, que cette délégation serait protégée par le GIGN 24 heures sur 24.
04:36Qu'est-ce que cela dit du climat dans notre pays ?
04:39Je dénonce les propos abjects et dangereux de la France insoumise qui, une nouvelle fois, flirte avec l'antisémitisme.
04:46Et je réitère, les athlètes israéliens sont évidemment les bienvenus dans notre pays.
04:52Gérald Darmanin l'a dit, ils seront protégés par nos forces de l'ordre et ils ont vocation à participer en toute sérénité aux épreuves sportives.
05:00Emmanuel Macron, juste après le 7 octobre, avait peur d'une importation du conflit israélo-palestinien dans notre pays.
05:06Est-ce que finalement, ce conflit, d'une certaine manière, lorsque l'on voit ce qui s'est passé assez récemment,
05:12lorsque l'on voit ce qui se passe justement avec cette délégation israélienne, ces propos tenus ce week-end par Thomas Porte,
05:17est-ce que ce conflit n'est pas d'ores et déjà sur notre sol, parfois ?
05:20Il est indéniable que certaines forces politiques ont instrumentalisé ce conflit pour en faire du carburant électoral.
05:28C'est une attitude que je dénonce qui est contraire à ce qui est l'âme et l'identité de la France, son esprit universaliste,
05:35qui considère les personnes pour ce qu'elles sont et non pas pour leur religion ou leurs origines.
05:41Et donc, pour ce qui me concerne et pour les forces du Bloc central, et je l'espère de la gauche modérée et de la droite modérée,
05:48nous nous battrons, nous lutterons sans relâche contre cette tentation permanente des extrêmes d'instrumentaliser et d'importer le conflit.
05:58Nous évoquions les insoumis à l'instant. Hier, à cette même place, Emmanuel Bonpart a estimé que c'était à Emmanuel Macron
06:05d'appeler les membres du Nouveau Front Populaire et ensuite, ils lui proposeront un nom pour l'hôtel de Matignon.
06:11Que lui répondez-vous ce matin sur Europre et CNews ?
06:13Bien que pour une fois, il ne fait pas un contresens constitutionnel.
06:15C'est effectivement au président de la République de choisir la personnalité chargée de former le gouvernement.
06:21Charge ensuite à cette personne, au nouveau Premier ministre, de composer un gouvernement reproduisant les nuances présentes à l'Assemblée nationale
06:31de manière à pouvoir gouverner, puisque pour gouverner, il faut pouvoir trouver une majorité à l'Assemblée.
06:36Et je le redis, la seule majorité susceptible d'apporter une forme de stabilité et de soutenir durablement l'action d'un gouvernement dans notre pays aujourd'hui,
06:45c'est celle qui va de la droite modérée à la gauche modérée en passant par le centre.
06:48Est-ce que vous étiez à l'Assemblée nationale dans la nuit de vendredi à samedi ?
06:52Jusqu'à 4h30 du matin.
06:53Jusqu'à 4h30 du matin, que dites-vous à vos collègues qui n'y étaient pas ?
06:56Je regrette que nous ne soyons pas mobilisés pour être en mesure d'éviter que le bureau de l'Assemblée nationale
07:03ne soit, si l'on peut dire, dominé par des forces politiques dont je crains qu'elles aient la tentation d'affaiblir l'autorité de la présidence de l'Assemblée nationale,
07:18ce qui risquerait de dégrader encore la tenue du débat à l'Assemblée nationale.
07:22C'est une grave erreur justement de ne pas avoir siégé à l'Assemblée nationale jusqu'à 4h du matin
07:26pour éviter justement que ce bureau de l'Assemblée nationale ne tombe d'une certaine manière aux mains des représentants de la gauche.
07:35Il est bien évidemment normal qu'ils aient plusieurs sièges compte tenu du poids politique qu'ils ont à l'Assemblée nationale,
07:40mais ils sont surreprésentés, il faut le dire, au sein de ce bureau.
07:43Ils sont surreprésentés.
07:44C'est une erreur de votre part, de vos collègues ?
07:46Ma crainte, c'est que l'affaiblissement possible de l'autorité de la présidence dégrade la qualité des débats, mais j'espère me tromper.
07:54N'avez-vous pas peur d'une bordélisation de l'Assemblée nationale ?
07:56Je souhaite en tout cas que le respect et l'ordre reviennent dans cette enceinte.
08:01Vous y croyez sur les 69 sanctions décidées depuis 1958, 36 ont été ces deux dernières années.
08:06Je veux y croire et c'est ce pourquoi je me bats.
08:09C'est sincère ?
08:10Bien sûr, je souhaite que le Parlement soit un lieu où toutes les opinions qui traversent notre pays soient représentées,
08:17qui puissent se confronter, puissent parfois se battre,
08:20mais dans le respect de l'institution et dans le respect qui est dû à tous les parlementaires qui sont les représentants de la nation.
08:26On évoquait à l'instant ce pacte législatif proposé par Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau,
08:31présenté d'ailleurs hier par ces deux parlementaires.
08:35Vous souscrivez tout ou partie de ces mesures qu'ils ont présentées ?
08:38Je souscris à l'approche qui consiste à faire montre d'ouverture,
08:43à mettre des propositions sur la table et à les mettre en débat.
08:46Est-ce que le centre, le bloc central et la droite républicaine peuvent travailler ensemble ?
08:52La réponse est oui.
08:53Sur la revalorisation des retraites, sur la santé, sur l'école, très certainement.
08:58Est-ce que ce travail commun entre le centre et la droite est suffisant pour donner à la France la majorité dont nous avons besoin ?
09:05La réponse est non.
09:06C'est une condition nécessaire, ce rapprochement, en tout cas ce dialogue,
09:09mais ce n'est pas suffisant puisque seule une majorité qui va de la droite modérée à la gauche modérée
09:15est susceptible de permettre à la France d'agir et d'avancer.
09:19Il y a des électeurs qui nous écoutent sur Europe 1, qui nous regardent sur ces news
09:25et qui se disent peut-être, mais pourquoi pensent-ils faire cela maintenant ?
09:29Pourquoi ne pas l'avoir fait plus tôt alors même que vous n'aviez plus la majorité absolue
09:34ces deux dernières années à l'Assemblée nationale ?
09:37Pourquoi ne pas avoir tenté justement d'élargir une coalition avec la droite
09:41pour tenter de faire avancer plus rapidement le pays,
09:44faire avancer le pays sur ces différents sujets que vous évoquiez à l'instant ?
09:47Écoutez, nous l'avons tenté, nous l'avons même réalisé sur un certain nombre de lois.
09:51Réellement ? Il y a eu des ouvertures ?
09:52Bien sûr, et y compris sur un certain nombre de lois qui sont passées…
09:55Ce n'était pas en 2022, signé en bas de la page ?
09:57Qui sont passées avec l'appui de la droite ou avec l'appui de la gauche.
10:00Mais aujourd'hui, nous sommes dans un monde totalement nouveau.
10:03Les Français nous ont donné une Assemblée nationale où aucun bloc n'est capable de dominer les autres.
10:09Et il faut donc que les blocs puissent dialoguer entre eux pour converger…
10:13Mais c'était déjà le cas en 2022, excusez-moi.
10:15Ah non, en 2022, il y avait un bloc qui dominait les autres.
10:19Aujourd'hui, ce n'est plus le cas.
10:21Et c'est la raison pour laquelle la droite modérée et la gauche modérée,
10:24le centre, doivent s'accorder sur un programme d'action minimal
10:27qui ne va pas satisfaire pleinement ni les uns ni les autres.
10:30Mais ce que les électeurs nous ont dit le 7 juillet, c'est non au Rassemblement national.
10:34Et c'est oui à des convergences, à des ententes, à de la composition
10:38pour faire en sorte que des réponses puissent être apportées aux Français.
10:41Une motion de censure n'était pas passée à neuf voix près tout de même.
10:44Sur l'instabilité actuelle de notre pays, est-ce que cela ne menace pas l'Europe aujourd'hui ?
10:52La stabilité de l'Union européenne ?
10:54Vous savez, la France a un poids en Europe qui ne varie pas.
11:00Notre voix porte toujours ?
11:01Bien sûr. Vous savez, la semaine dernière, le Parlement européen s'est installé.
11:05La présidente de la Commission européenne a été élue dans son discours d'investiture.
11:10Elle a repris l'essentiel de ce que le président de la République avait développé
11:15il y a quelques semaines dans son deuxième discours de la Sorbonne,
11:19que sont les priorités françaises.
11:21L'idée que l'Europe soit plus forte, plus indépendante, plus souveraine.
11:25Qu'elle sorte de sa naïveté.
11:27Je considère mettre en œuvre la préférence européenne en matière de défense.
11:33Tout cela, nous le retrouvons dans les propos de la présidente réélue de la Commission européenne.
11:40C'est la démonstration que la France continue de peser.
11:45Pour que cela se poursuive, il nous faut rapidement un nouveau gouvernement,
11:49un gouvernement pro-européen, de manière à ce que ce qui a été initié depuis sept ans puisse se poursuivre.
11:55Merci.
11:56Votre appel ce matin sur Open AC News est entendu par le président de la République.
11:59Vous avez également été ministre en charge du numérique jusqu'à janvier dernier.
12:04Vous avez donc dû participer à la préparation des Jeux olympiques.
12:08Je parle bien évidemment de ces cyberattaques potentiellement qui pourraient cibler ces Jeux.
12:15On attend huit à dix fois plus de cyberattaques par rapport aux JO de Tokyo en 2021.
12:21Est-ce que vous êtes inquiet ? Est-ce que tout est prêt ?
12:23Est-ce que vous pouvez nous assurer notamment que des structures sensibles,
12:27je pense bien évidemment à des hôpitaux qui ont été ciblés ces dernières années,
12:31ne seront pas durant cet été la cible de cyberattaques ?
12:35Nous sommes prêts parce que la cybersécurité d'un événement comme les Jeux olympiques,
12:39ce n'est pas un sprint, c'est un marathon.
12:41Cela fait plusieurs années que nous nous préparons à sécuriser l'ensemble des sites de compétition.
12:47Comment ?
12:48Grâce notamment au travail de l'ANSI.
12:50L'ANSI, c'est l'Agence nationale de sécurité des systèmes d'information.
12:54C'est une agence que le monde entier nous envie,
12:57qui dispose de toute l'expertise nécessaire pour préparer,
13:00et c'est ce qu'elle a fait pendant des mois,
13:02tous les sites de compétition ainsi que nos opérateurs d'importance vitale,
13:06c'est-à-dire les hôpitaux, les grands établissements
13:09dont dépend la continuité de la vie économique et sociale de la nation.
13:13Tout cela, on fait l'objet d'exercices, de stress tests.
13:18Des stress tests ? C'est quoi précisément ?
13:21Des tests en situation,
13:23parce que face à une cyberattaque,
13:26l'importance est la réponse humaine que l'on y apporte,
13:28pour être prêts le moment venu,
13:31si effectivement de telles attaques devaient se manifester.
13:34À ce stade, ce que nous dit l'ANSI,
13:36c'est qu'aucune activité anormale n'a été constatée,
13:39mais si des attaques devaient survenir,
13:42tout le monde est prêt à y faire face.
13:45Merci beaucoup Jean-Noël Barraud.
13:46Je rappelle que vous êtes ministre délégué démissionnaire,
13:48donc chargé de l'Europe,
13:49et président de la Commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale.
13:53C'était votre grande interview sur CNews Europa.

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