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La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, était l’invitée du Face-à-Face sur RMC et BFMTV de ce vendredi 16 mai. Elle évoque notamment ArcelorMittal mais aussi les chiffes du chômage. 

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Transcription
00:00Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Sophie Binet.
00:04Bonjour.
00:05Merci d'être dans ce studio ce matin pour répondre à mes questions.
00:08Vous êtes la secrétaire générale de la CGT.
00:10Mardi soir, vous croisiez le fer avec Emmanuel Macron sur la question des plans sociaux.
00:15On va y revenir dans un instant parce qu'ArcelorMittal promet d'investir massivement
00:19mais ne renonce pas à ses suppressions d'emplois.
00:23Mais d'abord, je voudrais vous faire réagir à ces chiffres du chômage.
00:25On l'a appris ce matin à 7h30, le chiffre officiel du chômage.
00:29Il est stable, quasi stable, mais en légère hausse tout de même.
00:33C'est tout de même 64 000 Français de plus qui sont au chômage.
00:38Pourquoi ça ne baisse pas ?
00:40Le problème, c'est même que ça va augmenter.
00:42Et pourquoi ça augmente ?
00:43Parce qu'il y a des plans de licenciement en cours
00:46avec une accélération de ces plans de licenciement.
00:49Ça fait un an que la CGT alerte.
00:51Ça fait un an que le gouvernement est dans le déni.
00:54Le président de la République nous a même expliqué mardi soir
00:56que les licenciements, c'était un mal nécessaire.
00:58Et qu'il fallait laisser les entreprises faire.
01:01C'est un énorme problème.
01:02L'État a les moyens d'agir, mais refuse d'agir pour empêcher ces licenciements.
01:05Mais agir comment sert ?
01:06Pour vous, c'est quoi ?
01:06C'est une interdiction de licenciement ?
01:08Par exemple, c'est commencer par conditionner les aides publiques.
01:11Parce qu'aujourd'hui, toutes les entreprises qui licencient
01:13ont bénéficié d'aides publiques.
01:15Et il y a une grosse partie de ces entreprises,
01:17qui sont de très grosses entreprises,
01:18qui font des bénéfices et qui licencient quand même.
01:20Là, on pourrait peut-être interdire les licenciements
01:23aux entreprises qui font des bénéfices.
01:24Il y a une proposition de loi qui va être présentée au Sénat les jours à venir.
01:29Ce serait bien que le gouvernement la soutienne.
01:32Et puis, la CGT demande un moratoire sur les licenciements
01:34pour permettre aux salariés de construire des projets de reprise
01:38avec les pouvoirs publics pour garantir le maintien
01:41des capacités productives et de l'outil industriel.
01:44Mais quand on regarde dans le détail l'outil industriel dont vous parlez,
01:46cette annonce hier d'ArcelorMittal.
01:50ArcelorMittal qui, depuis plusieurs semaines déjà,
01:52a annoncé 636 emplois postes qui vont être supprimés,
01:57notamment à Dunkerque.
01:58Et dans le même temps, ils annoncent un investissement
02:01d'1,2 milliard d'euros pour acheter un four électrique à Dunkerque.
02:06C'est paradoxal ou est-ce que ça permet de voir venir,
02:10de s'investir tout de même dans l'avenir ?
02:12Le rapport de force paye et Arcelor est obligé de faire des annonces.
02:15Le problème, c'est que le compte n'y est pas
02:17parce que ces annonces, elles sont extrêmement conditionnées,
02:20avec plein de conditions.
02:22Elles ne sont pas, pour l'instant, confirmées.
02:24Et par contre, ce qui reste confirmé, c'est les 636 licenciements.
02:27En plus, ces annonces ne sont pas du tout à la hauteur
02:29des projets précédemment prévus par ArcelorMittal
02:32puisqu'il y a deux fours à Dunkerque.
02:34Et là, ils nous expliquent qu'ils vont en décarboner un seul.
02:36Donc, ça veut dire la fermeture de l'autre four.
02:38Et puis, dans le même temps, ArcelorMittal n'investit plus
02:41sur aucun de ces autres sites.
02:43D'ailleurs, c'est de l'argent qui était prévu pour investir
02:45sur les autres sites qui est décalé sur Dunkerque.
02:47En fait, il faut préciser effectivement qu'initialement,
02:49il y a un an, ArcelorMittal avait annoncé
02:511,8 milliard d'euros d'investissement,
02:54dont 800 millions qui, en réalité, venaient de l'État.
02:57Il mettait 1 milliard, l'État mettait 800 millions
02:59pour des investissements de long terme.
03:00Cet investissement-là, il a été gelé.
03:02Il n'a pas véritablement été fait.
03:06Et désormais, c'est 1,2 milliard d'euros.
03:08Est-ce que vous demandez, est-ce que l'État,
03:13s'il venait à aider ou à accompagner ce plan-là,
03:15ne le fasse qu'en échange de l'interdiction
03:17de ses licenciements ?
03:19Tout à fait.
03:19Ça n'est pas possible de subventionner les licenciements.
03:22Et donc, l'État doit être très ferme sur ce point
03:24et doit dire qu'il n'y aura pas d'aide publique
03:26si Arcelor maintient ses licenciements.
03:28L'État doit également annoncer d'entrée de jeu
03:31qu'il bloquera ses licenciements.
03:32Il en a les moyens, puisque le plan de licenciement
03:35doit être validé par l'administration.
03:36L'administration peut le bloquer.
03:38Et puis, nous continuons à penser que la meilleure solution,
03:41c'est la nationalisation d'Arcelor Mittal,
03:43puisque ce que Mittal continue à organiser,
03:46c'est son désengagement de France et d'Europe.
03:48Depuis que Mittal a repris Arcelor en 2006...
03:50Mais c'est un peu paradoxal, parce qu'on dit
03:51qu'il se désengage,
03:53mais il annonce qu'il va mettre quand même 1,2 milliard d'euros.
03:55Alors, pour l'instant, c'est seulement une annonce.
03:57Les investissements sont conditionnés à une très longue série de conditions.
04:02Et la confirmation, elle est renvoyée à plusieurs mois.
04:04Donc attention, il faut prendre ça avec beaucoup de prudence.
04:06C'est du bluff ?
04:07En tout cas, c'est le signe de la mobilisation et du rapport de force,
04:11parce qu'ils sont obligés d'annoncer quelque chose.
04:13Après, chat et chaudé craint l'eau froide.
04:14Parce qu'en 2008, quand Mittal a voulu fermer Gandrange,
04:19ils nous ont fait exactement la même chose,
04:20avec de grandes promesses,
04:21qui ont été d'ailleurs relayées par le président de l'époque, Nicolas Sarkozy.
04:24Et au final, derrière, Gandrange a fermé.
04:26Même chose après avec Florange en 2012.
04:29Donc chat et chaudé craint l'eau froide.
04:31Nous pensons toujours que la meilleure solution, c'est la nationalisation,
04:34parce que ce qu'organise aujourd'hui Mittal,
04:36c'est son désengagement de France et d'Europe.
04:39Depuis que Mittal a repris Arcelor en 2006,
04:41ils ont fermé la moitié de leur site en France.
04:44On est passé de 14 sites à 7 aujourd'hui.
04:46Voilà le problème.
04:47Donc vous demandez à l'État de ne pas abonder à cet investissement de Mittal ?
04:53Nous demandons à l'État de conditionner son aide au fait que le plan de licenciement soit supprimé.
04:59Nous demandons aussi à l'État de transformer son aide en entrée au capital,
05:03de façon à pouvoir peser sur les décisions stratégiques
05:06et reprendre en main la production de l'acier.
05:09C'est central et c'est stratégique pour la France et l'Europe.
05:12Sur la question de l'industrie, vous entendiez, après les annonces de Donald Trump,
05:18la demande d'Emmanuel Macron qu'il avait adressée aux entreprises et aux grands patrons français.
05:24Il leur avait demandé de geler leurs investissements aux États-Unis le temps que les négociations s'installent.
05:29Et on l'apprend hier, Sanofi annonce un investissement de 20 milliards de dollars aux États-Unis.
05:37Est-ce que vous craignez que ce soit une manière de se désengager de la France ?
05:41Oui, Sanofi le fait déjà, puisque Sanofi licencie en continu.
05:45Chaque année, il y a un plan de licenciement à Sanofi.
05:47Ils ont supprimé la moitié de leurs emplois de chercheurs en 10 ans.
05:50Et ce que nous savons, c'est qu'aujourd'hui, les grands groupes pharmaceutiques
05:53organisent un chantage contre les États européens
05:57en faisant un chantage à la délocalisation de leurs activités
06:01s'il n'y a pas de modification sur le prix des médicaments.
06:05Ils veulent que la Sécurité sociale leur donne plus d'argent pour les médicaments
06:10en faisant un chantage sur les gouvernements.
06:11C'est très grave.
06:12Ça ne marche pas, d'ailleurs, parce que les gouvernements sont plutôt sur votre position là-dessus.
06:17Éric Lombard, le ministre de l'Économie, lui aussi déplore cet investissement.
06:21Écoutez.
06:23Moi, j'espère que Sanofi va encore une fois continuer à investir en France.
06:25L'ampleur des investissements aux États-Unis, c'est clair que c'est un mauvais signal.
06:30C'est un mauvais signal.
06:32Oui, c'est sûr.
06:32Mais ce que j'ai envie de dire au gouvernement,
06:34c'est qu'il faut arrêter d'être fort avec les faibles et faible avec les forts.
06:37Il le déplore.
06:38Il fait quoi ?
06:39Sanofi bénéficie très largement des aides publiques,
06:42à commencer par le crédit impôt recherche.
06:43On a des moyens de pression sur les multinationales
06:46et on doit arrêter de leur laisser la bride sur le coup.
06:49Lorsque vous parlez d'industrie, on parle de milliards,
06:51il y a, pendant ce temps-là, ce que certains patrons dénoncent
06:55comme un plan social silencieux, un vaste plan social silencieux,
06:59celui de tous les commerces qui ferment en France,
07:03celui des commerçants, notamment dans le textile.
07:05Alors, de manière spectaculaire,
07:07on a eu la fermeture d'un certain nombre de marques françaises.
07:11Mais ils disent, désormais, ce sont aussi tous les petits commerçants
07:13dans ce domaine-là qui sont en train de mettre la clé sous la porte,
07:16et notamment à cause de Chine, à cause de Temu,
07:18à cause de ces arrivées massives d'une consommation très peu chère,
07:22qui détourne d'une consommation réelle.
07:25Comment vous agissez pour ça ?
07:26On vous entend peu là-dessus.
07:28On entend presque plus les patrons.
07:29Je suis quand même frappée de ça.
07:31En fait, il y a deux choses.
07:33La première chose, c'est que le problème en France,
07:35c'est que la consommation baisse.
07:36Pourquoi est-ce que la consommation baisse ?
07:37Parce que les salaires n'ont toujours pas retrouvé leur niveau de 2020.
07:41Donc, il faut augmenter les salaires.
07:43Et là-dessus, il n'y a toujours aucune réponse du gouvernement et du patronat.
07:46Et puis, la deuxième chose, c'est qu'il faut protéger notre pays, l'Europe, du dumping.
07:52Et donc, il y avait d'ailleurs une proposition de loi sur Chine
07:55pour renchérir et pour taxer les petits colis.
08:00Exactement.
08:01Cette proposition de loi, malheureusement, elle a été abandonnée.
08:04On peut agir pour imposer des normes minimales et empêcher le dumping social.
08:10La CGT propose de conditionner les droits de douane aux normes sociales et environnementales.
08:16C'est une façon de protéger notre économie.
08:18Les normes sociales, les normes environnementales, les normes européennes
08:21qui, à l'inverse, sont jugées trop élevées, trop exigeantes
08:26pour faire face à la concurrence.
08:29C'est ce que, notamment, se crie assez symptomatique quand même
08:32de deux patrons qui, habituellement, sont concurrents et qui se sont mis ensemble.
08:35Le patron de Renault, le patron de Stellantis,
08:37qui ont appelé l'Europe à baisser ses exigences de normes
08:41qui coûtent trop cher et qui empêchent de produire ou de vendre des voitures européennes.
08:46Comment vous réagissez à ça ?
08:48C'est une honte.
08:49C'est une honte parce qu'ils ont une stratégie de délocalisation depuis très longtemps.
08:53L'automobile en France, depuis 10 ans, c'est 100 000 suppressions d'emplois.
08:56Si on les laisse faire, c'est 80 000 suppressions d'emplois dans les 5 ans
09:00avec des grands groupes qui ne cherchent qu'à délocaliser pour accroître leurs marges.
09:04Et le prétexte du basculement du thermique vers l'électrique, c'est seulement un prétexte.
09:11Aujourd'hui, leur seul objectif, c'est de produire pour toujours moins cher
09:14et de délocaliser les capacités de production.
09:17Donc, vous estimez aujourd'hui que leurs demandes ne sont pas justifiées ?
09:22Non, leurs demandes ne sont pas justifiées.
09:23Ce qu'il faut, c'est protéger le marché européen
09:25et donc, justement, accroître les normes sociales et environnementales
09:29et conditionner les droits de douane.
09:30Mais si vous faites ça, mais que vous continuez à importer des voitures qui ne les respectent pas ?
09:35Justement, c'est pour ça que je dis qu'il faut conditionner les droits de douane
09:37aux normes sociales et environnementales.
09:39Et aujourd'hui, que fait Renault, par exemple ?
09:41C'est lui qui envoie ses moteurs être produits en Chine.
09:46J'étais hier à Renault-Cléon en Seine-Maritime.
09:50Renault s'était engagé à ce que tous les moteurs électriques de la gamme
09:55soient fabriqués à Cléon en Seine-Maritime.
09:57Et les salariés viennent d'apprendre qu'une partie de ces moteurs
10:01seraient envoyés au Portugal et en Chine.
10:03Mais mécaniquement, vous allez faire augmenter le prix de ces voitures.
10:06Il n'y aura plus de concurrence.
10:08Qui va les acheter ?
10:09Le problème, en fait, c'est que les constructeurs européens
10:12ont fait le choix de produire des gros véhicules chers
10:15pour avoir plus de marge.
10:17Ça, j'ai bien compris.
10:18Mais là, je tire le fil de votre scénario.
10:20Vous maintenez ces exigences de normes très élevées.
10:25Vous augmentez les droits de douane sur les voitures qui viendraient de l'étranger.
10:28En gros, vous faites en sorte que les voitures qui viennent de Chine, etc.,
10:32ne pénètrent plus sur le marché européen.
10:36Donc, certes, on n'a plus vraiment le choix.
10:39On achètera des voitures européennes.
10:41Mais le prix va mécaniquement beaucoup monter.
10:44Qui va les acheter à la fin ?
10:46Eh bien non.
10:46En fait, la CGT a un projet de véhicules électriques populaires produits en France.
10:51Nous savons que Renault comme Stellantis pourraient produire et fabriquer en France
10:55un véhicule électrique qui serait commercialisé autour de 15 000 euros.
10:59C'est ce que Nissan fait au Japon.
11:01Et donc, ils peuvent le faire en France.
11:03Pour cela, il faut baisser les marges et puis aussi changer de gamme
11:06et produire des véhicules plus petits qui seraient moins polluants d'un point de vue environnemental.
11:10Sophie Binet, lorsque vous étiez face à Emmanuel Macron en mardi soir,
11:13il a évoqué la question du financement de notre modèle social.
11:17Et il a dit qu'il y avait un vrai problème parce que ça ne repose que sur le travail
11:22et qu'il fallait sans doute une conférence sociale sur le financement du modèle social
11:27et peut-être faire reposer ça davantage sur la consommation.
11:30Le MEDEF, par la voix de Patrick Martin, ce matin dans les colonnes du Figaro,
11:33dit qu'ils sont prêts à ouvrir une discussion. Et vous ?
11:37Ce que je constate, c'est que le gouvernement, encore une fois, cède à tous les caprices du patronat.
11:42Nous sommes très inquiets des velléités patronales et gouvernementales
11:45parce que ça s'appelle la TVA sociale ou plutôt même la TVA antisociale.
11:49Alors pour l'instant, il n'a pas tout à fait...
11:51Vous lui avez demandé, vous lui avez dit, mais c'est de la TVA sociale, monsieur le Président.
11:54Et il a refusé le mot.
11:55Évidemment, le mot les dérange, mais en réalité, c'est ça,
11:58puisque ça veut dire que les patrons ne paieraient plus ou moins, en tout cas, la protection sociale
12:04et que ça reposerait sur la consommation.
12:06Ça s'appelle la TVA.
12:08Et donc, ça veut dire une augmentation massive des prix pour aller financer de nouveaux cadeaux pour les entreprises.
12:12Mais si vous interrogez les salariés et que vous leur dites que ça pourrait être une manière de rapprocher,
12:18en gros, le brut du net, ils vont plutôt être pour, non ?
12:21En fait, il suffit de regarder ce qui s'est passé ces dernières années.
12:24Il y a eu beaucoup de baisses de cotisations ces dernières années.
12:27Jamais les salariés ne l'ont récupérée en augmentation du salaire net.
12:30Donc, à chaque fois, ce que l'on constate, c'est que tout ça s'évapore
12:33et va nourrir les marges et les dividendes versés aux actionnaires.
12:36Donc, vous n'y croyez pas ?
12:37À cette conférence sociale sur le financement, vous n'y croyez pas ?
12:40Nous sommes très inquiets, dévéléités, d'instaurer une forme de TVA antisociale
12:45qui ferait encore baisser le pouvoir d'achat des salariés.
12:47Mais je rappelle, encore une fois, que les salaires n'ont toujours pas retrouvé leur niveau de 2020
12:51et qu'il y a de très nombreux travailleurs et travailleuses qui n'arrivent pas à boucler leur fin de mois.
12:55Ils évoquent éventuellement une autre piste.
12:58Quand ils disent la consommation, que vous lui demandez des TVA sociales
13:01et qu'ils répondent que ce n'est pas de la TVA sociale,
13:03une autre piste éventuelle serait d'augmenter non pas la TVA,
13:07mais les taxes précisément sur les importations.
13:10Ça pourrait permettre de financer notre modèle social ?
13:12Ça, c'est autre chose. Il faut l'examiner.
13:14Moi, je n'ai pas assez d'éléments pour pouvoir me positionner.
13:17Vous regrettez d'avoir voté Macron ?
13:19J'ai voté Macron pour faire barrage à l'extrême droite
13:24et il suffit de regarder ce qui se passe aux États-Unis
13:26pour constater le grand danger de l'extrême droite,
13:30d'un point de vue démocratique bien sûr,
13:31mais aussi d'un point de vue social,
13:33puisque je rappelle qu'en trois mois,
13:34Donald Trump a licencié plus de 100 000 personnes
13:36et que là, les prix sont en train d'augmenter très fortement aux États-Unis
13:40où les travailleurs et les travailleuses vont être les premières victimes
13:43de la politique de Donald Trump.
13:45L'extrême droite est le meilleur allié des milliardaires et des grandes fortunes.
13:49C'est le pire ennemi des travailleurs et des travailleuses.
13:51Jean-Philippe Tanguy, que j'ai reçu le lendemain de l'émission d'Emmanuel Macron,
13:54je lui ai demandé si sur les retraites, il était plutôt de votre côté
13:57ou de celui d'Emmanuel Macron.
13:59Et il a répondu avec une forme d'ironie sur vous.
14:02Je voudrais que vous écoutiez.
14:02Moi, j'étais du côté des Français, contrairement à Mme Binet,
14:06qui a dit « j'ai voté pour vous, je ne comprends pas ce qui se passe ».
14:08Écoutez, il n'y a que Mme Binet qui ne savait pas que M. Macron
14:10était pour la retraite à 64 ans et qu'il allait trahir et planter dans le dos.
14:14Vous dites à Sophie Binet que vous auriez dû voter pour nous ?
14:16Bien sûr, je m'en fiche.
14:20Vous ne vous dites pas qu'il y a un décalage aussi avec votre électorat ?
14:24Quand on regarde les derniers chiffres,
14:26aux Européennes de 2024, les ouvriers ont voté RN à 54%.
14:29Aux législatives de 2024, les ouvriers ont voté RN à 57%.
14:37Le premier parti, malheureusement, des ouvriers et des employés,
14:40c'est l'abstention parce que les politiques ne répondent plus
14:43aux aspirations du monde du travail
14:45et encore moins à celles des ouvriers et des employés.
14:48Et malgré la grande campagne de mobilisation sur les législatives,
14:50c'est toujours l'abstention qui est restée en tête.
14:52Sophie Binet, le premier parti de ceux qui votent, c'est le RN.
14:56Et massivement.
14:57Oui, parce qu'il y a des promesses
14:59qui ont été trahis.
15:00Il y a, par exemple, en 2012, un candidat qui nous a expliqué
15:03que son ennemi, ce serait la finance
15:04et qui, au final, a fait des lois contre les travailleurs et les travailleuses.
15:08Et donc, c'est ça qui organise la désespérance sociale
15:11et le vote pour l'extrême droite.
15:13Mais on le voit, l'extrême droite, c'est le parti des milliardaires.
15:17En France, le RN est soutenu et financé par les plus grandes fortunes.
15:21Et jamais il n'est présent aux côtés des travailleurs pour les défendre.
15:24Jamais à l'Assemblée nationale, il n'a voté pour l'augmentation des salaires
15:28ou pour la défense de nos services publics.
15:29Ça veut dire quoi ? C'est-à-dire que les ouvriers, quoi, ne comprennent rien ?
15:32Non, pas du tout.
15:33Ça veut dire que...
15:34Non, mais en fait, vous avez l'air de dire, en fait,
15:36que de toute façon, ce n'est pas le parti.
15:38Alors, pourquoi ils votent pour lui ?
15:39Parce que le RN nous ment et se fait passer
15:42pour le parti qui défendrait les ouvriers et les ouvrières.
15:45Alors, quand on ment ?
15:46Ben, quand on ment, oui, effectivement.
15:49Parfois, on peut se faire avoir par des mensonges, ça c'est sûr.
15:51À 57% ?
15:5357% de ceux qui votent.
15:5657% de ceux qui votent, qui votent RN.
15:58Comment vous... Non, mais pardon, c'est vrai que ça me...
16:00Comment vous vous sentez par rapport à ça ?
16:02C'est-à-dire, vous dites que vous représentez les travailleurs de ce pays
16:06et quand vous voyez qu'ils votent RN, comment vous, vous le vivez, Sophie Binet ?
16:10Avec une énorme inquiétude.
16:12Le problème, ce n'est pas les ouvriers qui votent RN,
16:14c'est tout le monde qui vote RN.
16:15Parce qu'aujourd'hui, l'extrême droite est aux portes du pouvoir
16:18et Emmanuel Macron, par sa politique, lui, leur déroule le tapis rouge
16:21puisqu'il organise la désespérance sociale en servant sur le plateau,
16:27en répondant sur le plateau à toutes les demandes des milliardaires
16:29et en fermant les services publics.
16:30Quand on ferme une usine, quand on ferme un service public,
16:32on fait élire l'extrême droite.
16:35Et c'est ça que fait Emmanuel Macron aujourd'hui
16:36et c'est pour ça que nous sommes si en colère.
16:38Est-ce qu'à un moment, au-delà de l'inquiétude,
16:41il y a aussi une forme de culpabilité ?
16:42Est-ce que vous vous dites qu'on s'est trompé ou qu'on n'a pas su
16:45ou qu'on n'a pas mené les combats qu'on aurait dû mener ?
16:49La CGT est très claire sur les questions d'extrême droite.
16:52Nous avons lancé avec toutes les organisations syndicales
16:54une campagne sur les lieux de travail contre le racisme et l'antisémitisme
16:57parce que nous sommes très inquiets de voir une augmentation,
17:01une parole raciste décomplexée sur les lieux de travail.
17:06Donc nous prenons notre part de travail et notre part de responsabilité.
17:10Le problème, c'est que nous ne pouvons pas tout faire.
17:12Le problème, c'est qu'en face, il y a des gouvernements
17:15qui ne répondent pas aux exigences sociales des travailleurs et des travailleuses
17:18et qui organisent le déclassement.
17:19L'extrême droite, elle prospère sur le déclassement.
17:22Le déclassement du travail qui ne paye plus,
17:23le déclassement de nos pays, le déclassement de nos services publics.
17:26Aujourd'hui, le problème en France, c'est qu'on est un pays de rentier.
17:29On vit mieux de sa rente, de son capital que de son travail.
17:33Et personne ne répond à ça.
17:34Sophie Binaise, sur les retraites, le conclave se poursuit sans vous.
17:40Est-ce que vous regrettez de ne plus être dans les discussions ?
17:44Non, parce que ce que je constate malheureusement,
17:46c'est que dans ces discussions, on ne parle plus du point central,
17:48à savoir les 64 ans.
17:51Nous sommes rentrés dans ces concertations
17:53pour abroger la réforme des retraites
17:54et pour remettre en cause ces 64 ans
17:58qui sont très violents et qui font des ravages.
18:00Et donc, nous appelons les salariés à se mobiliser le 5 juin prochain
18:04pour aller chercher l'abrogation de la réforme des retraites
18:06et défendre leurs revendications sur l'emploi,
18:08les services publics et les salaires.
18:09Il y a une autre mobilisation entre-temps qui sera celle des agriculteurs.
18:12Le patron de la FNSEA appelle à la mobilisation à nouveau des agriculteurs
18:15à partir du 26 mai.
18:16Est-ce que vous soutenez cette mobilisation-là ?
18:18Je ne sais pas quelles sont leurs revendications.
18:20Nous pensons que les agriculteurs doivent être mieux rémunérés
18:23pour ce qu'ils font.
18:24Par contre, nous sommes en désaccord avec la FNSEA
18:27qui défend l'agro-business et qui remet en cause
18:31les normes environnementales.
18:32Une question encore sur ce gouvernement
18:35qui pourrait à nouveau peut-être tomber.
18:37Certains commencent à agiter à nouveau l'idée de la censure.
18:41Le patronat répond ce matin par la voix de Patrick Martin du MEDEF
18:45qu'il ne souhaite pas de dissolution à nouveau,
18:48qu'il ne souhaite pas de censure à nouveau,
18:50qu'il craigne davantage l'instabilité.
18:52Et vous ?
18:53Nous, ce que nous voulons, c'est un gouvernement
18:55qui réponde aux exigences sociales.
18:57Nous voulons un gouvernement qui abroge la réforme des retraites.
19:00Nous voulons un gouvernement qui défende nos services publics
19:02à commencer par les hôpitaux qui vont très mal.
19:04Nous voulons un gouvernement qui augmente les salaires.
19:07Ce gouvernement peut le faire, qu'il le fasse.
19:09Merci Sophie Binet d'avoir répondu à mes questions ce matin.
19:12Vous êtes à la tête de la CGT.
19:14Il est 8h51 sur RMC et BFM TV.
19:16Merci.
19:17Merci.
19:18Merci.
19:19Merci.

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