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Stoppé par la justice, le chantier contesté de l'autoroute A69 Toulouse-Castres pourrait bien être relancé grâce au Parlement. Ce jeudi, le Sénat a voté largement une proposition de loi en ce sens. Écoutez la réaction de Geoffrey Tarroux, porte-parole de l'association "La Voie est libre".
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 15 mai 2025.

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Transcription
00:00Yves Calvi et Agnès Bonfillon, RTL Soir.
00:04Il est 18h43, bonsoir Geoffroy Tarou, vous êtes porte-parole de l'association La Voix est Libre
00:08qui s'oppose au chantier de l'autoroute A69, merci de prendre la parole ce soir avec nous.
00:14Les sénateurs se sont donc largement prononcés aujourd'hui en faveur d'une reprise des travaux.
00:18Cette autoroute doit relier Toulouse à Castres, son projet était à l'arrêt depuis l'annulation des travaux
00:23par le tribunal administratif de Toulouse.
00:25Thomas Becker, la proposition de loi des sénateurs a été adoptée par 252 voix contre 33.
00:32Thomas, une loi adoptée pour contourner une décision de justice, est-ce bien constitutionnelle ?
00:37D'abord Yves, il est vrai que cet objectif déjà des sénateurs est limpide.
00:42Contourner la décision rendue par le tribunal, vous l'avez dit, un article unique, ça a été rapide,
00:46qui reconnaît que le chantier de l'A69 répond à une raison impérative d'intérêt majeur.
00:52Désenclavement, sécurité routière, développement économique, tous les arguments ont été déployés,
00:57notamment par les deux sénateurs du Tarn qui défendaient ce texte.
01:00Sans surprise, les écologistes se sont opposés à cette loi, mais pas les socialistes.
01:04Et oui, parce que beaucoup d'élus locaux soutiennent le projet, à commencer par le président PS du Tarn, Christophe Ramon.
01:10Désormais, c'est vers l'Assemblée nationale que les regards sont tournés.
01:14Le 2 juin, la même proposition de loi sera examinée par les députés.
01:17Et au vu de la composition de l'hémicycle, il y a de bonnes chances que ce texte soit adopté,
01:22si toutefois, Yves, les députés parviennent à aller au bout des débats dans les temps.
01:25Merci beaucoup, Thomas.
01:26On vous retrouve, Geoffrey Tarou.
01:28Quelle est votre réaction après cette adoption au Sénat ?
01:32Notre réaction, c'est qu'on est consterné par l'attitude de ces parlementaires,
01:37qui s'offrent en quelque sorte un bain de trumpisme à marge de la 69,
01:42qui remettent en question la séparation des pouvoirs.
01:45Alors, clairement, c'est une guerre contre une décision de justice qui lance.
01:48J'espère que tout le monde est conscient de la gravité de la situation.
01:52Et certainement, le Conseil constitutionnel, si cette loi passait, aura à s'exprimer.
01:56Nul doute qu'elle sera anticonstitutionnelle,
01:59et qu'elle ne respecte pas non plus la Convention européenne des droits de l'homme.
02:03C'est très grave ce qui est en train de se passer,
02:05et ça dépasse largement le sujet de la 69.
02:07Pourquoi êtes-vous hostile à la construction d'autoroutes à 69 ?
02:10C'est important d'ailleurs qu'on revienne sur votre motivation initiale.
02:12Alors, notre motivation initiale, qui a été confirmée, en fait,
02:16par une décision de première instance du tribunal administratif de Toulouse,
02:20c'est, en fait, que déjà, cette autoroute,
02:23elle ne répond à aucun besoin réel,
02:25puisqu'il y a une route publique qui existe,
02:29qui est en ligne droite quasiment jusqu'à Castres,
02:31et qui n'est pas du tout saturée,
02:33qui est même avec un faible trafic.
02:35Et aujourd'hui, on voudrait accoler quatre voies de plus,
02:38et privatiser 10 kilomètres de deux fois deux voies
02:41qu'on a déjà financées avec nos impôts,
02:43au profit d'un concessionnaire.
02:45Ça veut dire que ceux qui n'auront pas 20 euros à payer pour l'aller-retour,
02:48repasseraient par les villages, comme il y a 30 ans.
02:50C'est un problème antisocial également.
02:52Que répondez-vous à ceux qui disent,
02:55écoutez, finalement, ce chantier, il est quand même bien, bien avancé,
02:59il a coûté des centaines de millions d'euros.
03:03Maintenant, allons jusqu'au bout.
03:05Oui, mais c'est un peu facile.
03:07On pourrait décliner la situation sur d'autres exemples.
03:11Imaginons, je vais construire ma maison sur un terrain qui n'est pas constructible,
03:14et je vais dire, écoutez, maintenant que je me suis fait prendre la main dans le sac,
03:18je vais mettre une loi de validation, et puis c'est fait.
03:21Non, c'est trop facile.
03:22On ne peut pas jouer sur la lenteur de la justice
03:25qui a été démunie un petit peu de ses moyens d'agir
03:30pour légitimer une autoroute.
03:33Une autoroute, on ne la fait pas pour rien,
03:35et on ne la fait pas contre la population,
03:36puisque là, c'est un projet qui va nuire à la population
03:40aux déplacements locaux sur la route publique.
03:43C'est là, et ça a été relevé par le tribunal administratif,
03:47je veux dire, il y a quand même une collégiale de quatre juges
03:49qui ont analysé de manière factuelle, de manière très précise,
03:53les données objectives,
03:54et là, on n'est pas dans l'esbrouf de sénateurs
03:58qui nous vendent cette autoroute, en fait,
04:00pour servir des intérêts qui sont ceux du groupe Pierre-Fabre
04:03qui avait voulu cette autoroute à la base.
04:06Quoi ? Vous dites que les sénateurs sont entre les mains
04:08du groupe Pierre-Fabre ?
04:09Ah ben là, en tout cas, ils ne servent pas à l'intérêt général.
04:12Il y a un chantier qui est tout au plus avancé à 50%,
04:15qui est en l'état, la population, nous, à qui on parle,
04:19on est sur le terrain, tous les jours,
04:20on fait cette route tous les jours,
04:21et je peux vous dire qu'ils ont envie de tourner la page.
04:24Et là, ils nous bloquent, là, dans cette situation,
04:27on est dans l'immobilisme,
04:29parce qu'il y a un jusqu'au boutisme,
04:30il n'y a aucune remise en question de ces élus.
04:32Et c'est ça qui est gravissime, en fait,
04:34cette dérive où, finalement,
04:36la séparation des pouvoirs, c'est accessoire.
04:39Les sénateurs évoquent pourtant une urgence de désenclavement,
04:43ils évoquent d'ailleurs des motifs impérieux d'intérêt général.
04:46Selon eux, vous seriez en train de bloquer 100 000 habitants ?
04:49Mais tout ça, ça a été balayé très minutieusement par des juges.
04:55Je veux dire, c'est aujourd'hui, entre les mains de la justice,
04:57ils voudraient nous faire croire aujourd'hui,
04:59puisque la décision de justice ne leur plaît pas,
05:01que les juges étaient orientés, etc.
05:05C'est quand même, on nage en plein trumpisme.
05:08Nous, ce qu'on voit, c'est que Castres se porte,
05:10il y a bien sûr des améliorations à faire sur la route publique,
05:12nous, on les défend aussi,
05:13mais Castres se porte plutôt bien,
05:16la démographie augmente aujourd'hui,
05:19et tout cet ambiance un petit peu qu'ils essaient d'instiller
05:23en disant qu'Astres s'est enclavé,
05:26tout ça, ça ne tient pas.
05:28Eh bien alors, l'arrêt du projet entraînerait,
05:30je cite la façon dont il présente les choses,
05:32des dommages irrémédiables,
05:34tant sur le plan économique que sur le plan psychologique.
05:37Psychologique, pour le département du Tarn,
05:39un département qui se sent humilié, méprisé et nié
05:42dans ses choix de développement.
05:43C'est ce qu'affirme l'une des sénatrices,
05:45que visiblement, vous ne prenez pas au sérieux.
05:48On les prend au sérieux,
05:50on les prend au sérieux.
05:51Le problème, c'est que l'humiliation,
05:53elle vient de qui ?
05:54L'humiliation, c'est cette autoroute.
05:56C'est un peu l'autoroute de la honte.
05:59Je veux dire, sur ce territoire,
06:00on a honte d'avoir ce projet qui a été passé au forceps,
06:03qui a été passé en force,
06:04malgré les alertes de toutes les instances indépendantes
06:06qui avaient demandé de ne pas aller jusqu'au bout de ce projet,
06:09de ne pas engager ce projet.
06:11Ils y sont à les têtes baissées.
06:12Aujourd'hui, ils s'étonnent.
06:13Ils étaient au courant.
06:15Ils savaient que ce projet ne répondait pas
06:18à une raison impérative d'intérêt public majeur.
06:20Ils le savaient.
06:22Geoffrey Tarou, en début d'entretien,
06:24vous nous disiez votre consternation
06:26après ce vote au Sénat.
06:28Est-ce que vous gardez quand même espoir
06:30et surtout en vue de saisir le Conseil constitutionnel ?
06:35Nous, on garde totalement espoir.
06:38On est même persuadés que cette autoroute ne reprendra pas.
06:41Le désespoir, il est de leur côté,
06:43puisqu'ils font appel d'une mère et de l'autre mère.
06:46Ils disent au juge, de toute façon,
06:47votre décision, on s'en lave les mains.
06:51Donc, c'est quand même assez consternant.
06:53C'est en ça que c'est consternant.
06:54Autant ils font appel, ils bloquent la situation,
06:56ils en ont le droit.
06:58Mais aller outre une décision de justice,
07:00ils vont aller dans le mur constitutionnel.
07:02Mais à ce moment-là, qu'ils aillent jusqu'au bout des choses,
07:04qu'ils changent la constitution,
07:06qu'ils demandent de sortir de l'Union européenne
07:08s'ils ne veulent pas respecter ces règles de base.
07:10Qu'ils aillent jusqu'au bout, qu'ils assument ce positionnement.
07:14Est-ce qu'une consultation, tout simplement électorale,
07:16dans la région concernée n'aurait pas été une bonne idée ?
07:19Là, maintenant, c'est entre les mains de la justice.
07:22Donc, ce n'est plus le lieu ni le moment de le faire.
07:24Mais il y a une période,
07:26avant de démarrer le chantier,
07:28ça aurait pu être le cas.
07:29Tout à fait.
07:29Là, la justice a décidé de manière éclairée.
07:35Aujourd'hui, on a une guerre de communication
07:37de quelques parlementaires
07:38et une décision de justice qui est éclairée.
07:41Vous savez, on peut le consulter, le jugement.
07:43Il est tout à fait clair.
07:45Ça repose sur des chiffres,
07:47ça repose sur des données objectives,
07:49ça repose en fait sur une connaissance du territoire.
07:53Et ces sénateurs, ces parlementaires,
07:55on se demandent vraiment qui servent en faisant ça.
07:58Merci beaucoup, Geoffrey Tarou,
08:00porte-parole de l'association La Voix et Livre,
08:02qui est opposée à la construction, donc,
08:04de l'autoroute A69.
08:05Dans un instant, Marc-Antoine Lebray.
08:07Autrement dit, nous prendrons la grande autoroute Burir.
08:09Direction le Breaking News.
08:10A tout de suite.
08:11Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
08:16RTL Soir.

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