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NewsTranscription
00:00Le supplément média
00:02On est obligé de vous mettre ça, c'est les temps modernes de Charlie Chaplin.
00:14C'est un documentaire que vous pouvez encore voir sur RT TV.
00:18Chaplin, j'allais dire Chaplin, pardonnez-moi.
00:20Et les temps modernes, la voix du silence.
00:22Réalisateur Grégory Monro qui est notre invité, bonjour.
00:25Alors vous êtes intéressé à ce film, ce film mythique du cinéma mondial aujourd'hui.
00:31Mais pour une raison très simple, c'est que c'est un film de résistance de la part de Charlie Chaplin.
00:36Puisque c'est au milieu du succès qu'était le film avec voix, images, sons, musiques.
00:43Lui a décidé de rester dans les films muets et c'était son dernier film.
00:48Absolument, c'était son dernier film muet, quasiment muet.
00:51Et effectivement, ce film marque une rupture.
00:55En fait, c'est un film de bascule.
00:56Il est beaucoup de choses en fait.
00:58Il résiste à beaucoup de choses dans ce film.
01:00Évidemment, il y a la partie, on va dire, artistique, technique, nostalgique du personnage de Charlot
01:06que Chaplin voulait absolument conserver.
01:12Il faut quand même savoir que depuis 1914, c'était quand même le personnage le plus connu au monde.
01:18Oui, c'est vrai.
01:19Et il était connu pour être ce qu'il est.
01:21C'est-à-dire qu'il ne parlait pas, il avait toutes ses mimiques, etc. qu'on connaît.
01:26Donc, à un moment donné, c'est un risque pour Chaplin que de se trahir ou de trahir son personnage
01:32en, par exemple, en lui faisant parler.
01:35Et qu'elle voie lui donner.
01:37C'est un moment où on entend, où il dit, je ne sais pas quelle voie lui donner.
01:41Absolument, oui, en fait, c'est très compliqué parce qu'il faut savoir quand même que quand les temps modernes sont sortis,
01:48et sortis en temps moderne d'ailleurs, ça faisait depuis à peu près presque dix ans que le cinéma parlant était installé un peu partout dans le monde.
01:59Parce que vous racontez ça, c'était un succès absolument colossal.
02:03Les salles étaient pleines de nouveaux acteurs et stars.
02:05Eh bien, c'est ce que je vous propose d'écouter.
02:08C'est la première minute où vous racontez ça.
02:09À Hollywood, c'est la frénésie.
02:12Plus de 150 longs-métrages déferlent sur le grand écran.
02:16En quête de sensations fortes, le public se presse dans les salles obscures à la rencontre de ses idoles.
02:22Depuis la fin du cinéma muet, de nouvelles stars se font les porte-voix d'une industrie florissante.
02:29James Stewart Balbusier.
02:31Well, I'm a little shy.
02:33Beth Davis Courtise.
02:34Would you mind very much, Mr. Shane, taking off your hat in the presence of a lady with a gun?
02:39Johnny Westmuller révisse ses répliques.
02:45Do you hear anything?
02:46Not anything.
02:48Au milieu de ce vacarme, une décennie après l'avènement du parlant, un homme, un seul, résiste encore.
02:58Charlie Chaplin, roi de la pantomime, signe avec les temps modernes son sixième long-métrage muet.
03:04Il passe pour un regard à cette époque-là, de ne pas vouloir aller au parlant.
03:09Alors, auprès de qui il passe pour un regard ?
03:11Des studios de cinéma.
03:12C'est-à-dire que les studios de cinéma l'oublient.
03:14Aussi, à un moment, on vous dit dans le doc, les studios de cinéma lui disent, tu dois passer à la modernité.
03:20Oui, alors on le pousse.
03:22Oui, oui, mais il ne passe pas du tout pour un...
03:23Je ne pense pas qu'il passe pour un regard.
03:24Je pense qu'il était en marge.
03:25Mais il ne faut pas oublier que Chaplin avait ses propres studios.
03:28Oui, absolument.
03:28Il se produisait, il faisait tout et il montait même lui-même.
03:32C'était une force.
03:33Non, je ne dirais pas qu'il passe pour un regard.
03:35Oui, on lui a mis...
03:36C'est-à-dire que c'est aussi commercial.
03:38C'est-à-dire qu'à un moment donné, le cinéma parlant est devenu un objet commercial.
03:43Et le cinéma s'industrialise.
03:45Vous voyez ?
03:46On passe de...
03:47Enfin, on est passé en tout cas, en 1927, de l'artisanat à la grosse machine hollywoodienne.
03:54Donc lui, au milieu de ça.
03:55Mais lui, il n'a jamais été dans cette grosse machine-là.
03:58Vous voyez ?
03:58Donc aussi, ce qui est compliqué, c'est qu'à un moment donné, il ne peut pas non plus aller à contre-courant.
04:04Et je pense qu'il était quand même conscient de ça.
04:06Je ne pense pas qu'il a résisté.
04:08Mais à un moment donné, il savait bien qu'il fallait qu'il y aille.
04:10D'ailleurs, il ne faut pas oublier son film précédent, Les Lumières de la Ville, 1931.
04:14Il y avait déjà le Parlement qui était là.
04:18Et on sentait déjà, même dans Les Lumières de la Ville, on a des soubresauts.
04:22On a un peu, Chaplin qui se moque un peu, des voix dans la séquence d'ouverture avec ce micro et ses voix qui...
04:27Oui, oui, oui.
04:28Voilà.
04:28Donc, il était très conscient.
04:30Il savait qu'il fallait y aller à un moment donné.
04:33Je pense que son problème principal, c'était surtout son personnage de Charlot.
04:36Voilà.
04:37Justement, est-ce que ça marque aussi, pour lui, une forme d'abandon de ce qu'il est, intrinsèquement, Charlot ?
04:44Charlot, le personnage qu'il a toujours incarné.
04:47Donc, il se dit, à un moment donné, je vais devoir l'abandonner.
04:51Alors, je ne crois pas qu'il...
04:52Je ne pense pas qu'il s'est dit que je dois l'abandonner.
04:56Mais il savait qu'il allait, de toutes les façons, devoir passer à autre chose.
05:00Parce que Charlot ne peut être qu'un personnage humain, mythique en tout cas.
05:05Donc...
05:05Et comment ça a été reçu, à l'époque, ces temps modernes ?
05:08Enfin, le fait qu'il persiste comme ça ?
05:12Alors, le film ou le fait que lui persiste ?
05:15Parce qu'en fait, le fait que lui persiste, si vous voulez, c'est plus dans le milieu, on va dire...
05:18Du cinéma.
05:19Du cinéma.
05:19Là, où on se disait, effectivement, qu'est-ce qu'il attend ?
05:23Et en même temps, c'est ce que je vous disais tout à l'heure, il était un peu...
05:28C'était encore un artisan, Chaplin.
05:29Donc, en fait, il était dans son coin.
05:32Après la réception du film et le fait que, dans ce film-là, on entend tout de même le timbre...
05:37Ce sont les machinés et puis les machines qui parlent aussi.
05:40Les machines qui parlent.
05:41Il a trouvé une astuce, c'est qu'effectivement...
05:43Donc, le film, c'est un film un peu sonorisé, mais ce n'est pas un film muet ou bavard avec des dialogues.
05:50Et quand vous avez quelques paroles, elles passent à travers, effectivement, la déshumanisation, le patronat, le patron d'ailleurs de l'usine.
06:01On entrevoit un peu... Enfin, ça fait un peu Big Brother, en fait, presque.
06:03Il avait un peu une vision comme ça, Chaplin.
06:06En fait, il met en scène un peu la déshumanisation de l'humanité.
06:09Le téloïsme, en fait, qui commence à arriver avec l'industrie de l'automobile.
06:14Et c'est tout ça qu'il dénonce.
06:17Et ça va être compliqué, après, ce film-là, pour lui aussi.
06:21Oui, ça va être compliqué parce que c'est un peu à double trance.
06:24En fait, c'est marrant.
06:25Enfin, c'est marrant, c'est pas marrant.
06:27Mais je ne pense pas qu'il s'attendait de se faire, on va dire, davantage attaquer sur le côté politique.
06:35Message politique de son film.
06:36Très anti-capitaliste, très à gauche, etc.
06:39C'était vraiment une satire complète qu'on peut transposer encore, certainement, aujourd'hui.
06:45Beaucoup aujourd'hui, c'est très actuel.
06:47C'est très actuel, c'est assez troublant, d'ailleurs.
06:50Et donc, il a été davantage attaqué là-dessus que sur le fait d'avoir, peut-être, fait...
06:56Même chanter en charabia charlot ou avoir un peu sonorisé.
06:59Finalement, on l'a plus attaqué là-dessus.
07:00Et c'était le début de tous ses ennuis.
07:03C'est Yard quête sur lui parce qu'ils le prennent pour un communiste, c'est ça.
07:07Oui, oui, oui.
07:07Et il va devoir quitter les États-Unis.
07:10Alors, il va faire un autre film, qui est quand même le dictateur.
07:13Mais il va devoir quitter les États-Unis pour des raisons politiques.
07:17Oui.
07:18Il va devoir ne pas y revenir, surtout.
07:20Et en fait, ce qui est très triste, c'est qu'en fait, il laisse tout aux États-Unis.
07:23Et quand je dis tout, c'est tout son artisanat, tous ses studios qui étaient encore là.
07:28Aujourd'hui, tout a disparu.
07:29En fait, rien n'a été préservé.
07:31Tout a été détruit.
07:32Enfin, je ne sais pas si vous imaginez, quand même.
07:34Je pense qu'honnêtement, c'est pire que les temps modernes.
07:36Enfin, pire, je veux dire, l'effet du film, la crainte qu'il pouvait avoir par rapport à son film n'est pas comparable à, finalement, tout ce qu'il a mis en place, tout ce qu'il a créé et tout ce qu'il a vu détruit, finalement, à cause de ça.
07:53Je trouve ça assez terrible, en fait.
07:56L'arrivée du parlant, qui a donc détrôné le muet, évidemment, bouleversé, permis de se développer au niveau du cinéma, est-ce qu'on peut comparer ça aujourd'hui avec l'arrivée de l'intelligence artificielle dans le monde de l'audiovisuel, du cinéma, qui va bouleverser aussi notre rapport à l'image, à la création, au film que l'on peut voir ?
08:16On sait déjà, d'ores et déjà, par exemple, qu'il y a des voix-off qui sont aujourd'hui fabriquées de toutes pièces, qu'il y a des présentateurs qui sont fabriqués de toutes pièces.
08:24Oui, ça, ce n'est pas bien.
08:25Personnellement, moi, je suis contre ça.
08:28Écoutez, je pense qu'il faut avancer avec son temps.
08:34Je pense qu'il faut savoir l'utiliser et bien s'en servir.
08:37Après, je ne comparerai pas ça.
08:39Je pense que vraiment, pour le comparer au cinéma muet, je pense qu'il n'y a rien de comparable.
08:46Enfin, je pense que même le cinéma muet n'est pas comparable au cinéma parlant.
08:48Je pense que c'est un tout autre cinéma.
08:50Vous avez Mary Pickford qui témoigne.
08:52Mary Pickford.
08:53Elle a dû s'arrêter en 1933 parce qu'elle ne peut trouver plus de goût.
08:58Et dont l'histoire est racontée, je ne sais pas si vous connaissez le film de Billy Wilder, Sunset Boulevard.
09:03Ah oui, il y a William Swanson.
09:04Absolument fabuleux.
09:05Et c'est cette histoire-là, c'est-à-dire celle qui a été une énorme star parce qu'elle savait tout dire avec son visage et tout exprimer, mais qui n'avait pas la voix pour exprimer et qui ne savait pas jouer.
09:17C'est arrivé à beaucoup d'entre eux, John Gilbert avec une voix nazillarde.
09:20Enfin, j'en passe beaucoup parce qu'il y avait aussi des comédiens et des comédiennes étrangers.
09:26Donc, leurs accents ne passaient pas.
09:27Il n'y a que Garbo qui s'en est sorti absolument incroyablement.
09:30Alors, très étonnamment, elle a arrêté elle-même sa carrière, mais pas à cause de ça.
09:33Non, pour en venir à votre question par rapport à l'IA et au cinéma, je crois que je comparerais plutôt ça au moment où nous nous sommes passés entre le cinéma, on va dire, argentique au numérique.
09:46On a essayé de s'adapter parce qu'en fait, si on réfléchit bien, la narration et la façon d'écrire et de faire, de raconter une histoire, elle se fera toujours un peu pareil.
09:57Il y aura toujours des acteurs qui vont parler, même si après on peut imaginer que ce sont des acteurs recréés.
10:02Mais quand on compare ça au cinéma muet, il n'y a rien de comparable.
10:06On a l'impression qu'on est dans une autre sphère, on a l'impression qu'on est dans un monde irréel.
10:09Il n'y a rien de comparable. C'est un autre cinéma, le cinéma muet.
10:11C'est pour ça que moi, ça me fascine et que je trouve ça absolument magnifique.
10:15Pourquoi sur la fin de sa vie, alors il a vécu en Suisse à Veuvert, pourquoi sur la fin de sa vie, il ne retourne pas aux Etats-Unis ?
10:23Ah non, il y est retourné pour un hommage.
10:26Ah !
10:26Oui, oui, en 60... Je ne vais pas dire de bêtises dans les années 60.
10:30Il a eu un Oscar d'honneur.
10:33Il est retourné, vous pouvez trouver, il y a une archive absolument magnifique.
10:38Après, elle est triste aussi.
10:40Je crois que c'est Jack Lemmon, je ne vais pas dire de bêtises, qui l'accueille.
10:45Et puis il arrive comme ça devant...
10:46Oui, c'est déjà un vieux monsieur.
10:47Évidemment, et puis il a repris sa canne, son chapeau.
10:50Oui, il était déjà âgé.
10:52Mais je pense que ça l'a beaucoup touché.
10:56Il a quand même voulu revenir.
10:57Est-ce que la nouvelle génération connaît Charlie Chaplin ?
11:02Quelle génération ?
11:03Quand vous dites nouvelle génération...
11:04Est-ce qu'un enfant de 14-15 ans a déjà vu un film de Charlie ?
11:07Donc la génération, c'est...
11:09Oh, bravo madame !
11:11Moi, mes enfants, je l'aurais montré.
11:13Après, je pense que c'est transgénérationnel.
11:15D'accord.
11:15Et je pense que Chaplin, mais c'est comme les dessins animés,
11:18je pense que ce sont les premiers films que voient les enfants.
11:20Encore une fois, parce que c'est universel.
11:23Il n'y a pas besoin de...
11:24Voilà.
11:25Le langage du corps, c'est un langage et c'est suffisant.
11:28C'est ce que le font les enfants.
11:30Alors que Cannes démarre demain,
11:32souvenons-vous aussi du succès de The Artist,
11:34qui était un film incroyable.
11:36Un hommage au muet qui a cartonné,
11:39qui a fait effectivement beaucoup.
11:40Juste petite question,
11:41qu'est-ce qui vous fascine chez Charlot ou Charlie Chaplin, vous,
11:45à titre personnel ?
11:46C'est un...
11:48Il a une vie incroyable ?
11:49C'est pas sa vie, moi je...
11:52C'est un artiste immense.
11:54Voilà.
11:55C'est un artisan.
11:56Je suis en admiration face à des artisans.
11:59Et puis la comédie, je trouve que c'est l'art le plus noble qu'il soit.
12:03Parce que c'est une comédie dramatique, hein ?
12:05Oui.
12:05Ce qu'il propose.
12:06Souvent.
12:07Mais voilà, moi j'ai toujours été...
12:10Et il m'émeut énormément.
12:11Et puis, alors, allez voir le documentaire,
12:14parce qu'il est d'un esthétisme assez rare.
12:17Oui.
12:18Avec ce micro, cette...
12:21Cette...
12:22Qu'est-ce qu'on peut dire ?
12:24Comédienne.
12:24Cette pin-up, oui.
12:25Ah non, c'est pas une pin-up.
12:26Ah non, c'est une comédienne.
12:27C'est une mise en scène de la voix.
12:33Et dans une série également documentaire de la collection Avant-Après sur Arte,
12:39c'est toujours formidablement fait.
12:41Donc, c'est déjà passé, on va dire, dans le flux de la télévision.
12:45Mais vous la retrouvez sur la plateforme arte.tv.
12:49Et il va passer, c'est jusqu'en novembre sur arte.tv.
12:51Et le film repasse le samedi 17 mai à 14h55.
12:55Donc, on a notre scène à l'après-midi.
12:57Absolument.
12:57Ça s'appelle Chaplin et les temps modernes, la voix du silence.
13:02C'est vous qui l'avez réalisé, Grégory.
13:04Merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin.
13:06Merci, Gilles.
13:08Et on se retrouve, nous, demain.
13:09Demain, on parlera toujours d'Arte avec Source, vous savez,
13:12ce petit module incroyable qui raconte des histoires avec les réseaux sociaux.
13:17D'accord.
13:17Et bien, on va revenir justement.
13:18On va parler des réseaux sociaux avec nos débatteurs dans un instant.
13:21C'est l'heure de Mettez-vous d'accord.
13:22A tout de suite.
13:24Sud Radio, votre avis fait la différence.
13:26C'est l'heure de Mettez-vous d'accord.
13:27C'est l'heure de Mettez-vous d'accord.
13:28C'est l'heure de Mettez-vous d'accord.
13:28C'est l'heure de Mettez-vous d'accord.
13:29C'est l'heure de Mettez-vous d'accord.
13:29C'est l'heure de Mettez-vous d'accord.
13:30C'est l'heure de Mettez-vous d'accord.