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00:00Je suis toujours avec Jules Thores et Nathan Devers et Régis Le Sommier nous a rejoint.
00:05Bonsoir Régis Le Sommier. Je suis très heureuse de vous recevoir en plateau.
00:09Ça va devenir sérieux là.
00:11Ça va devenir très sérieux.
00:12Grand reporter, auteur de l'ouvrage Qui est le diable, l'autre ou l'occident aux éditions Max Milot.
00:16Alors je voudrais qu'on attend évidemment que Vladimir Poutine prenne la parole.
00:20On suivra ça en direct sur Europe 1 dès que le leader russe s'exprimera.
00:25Moi je voudrais qu'on commente avec vous peut-être la réponse ce soir qui me fait sourire
00:29Peut-être vous aussi, du porte-parole du Kremlin qui traduit les mots de Vladimir Poutine
00:34L'ultimatum qui a été lancé par les Européens.
00:38Donc je rappelle, c'est le feu de 30 jours, dès lundi, sur mer, en terre, dans les airs.
00:45Moscou répond, nous allons y réfléchir, ce n'est pas la peine de nous coller la pression.
00:49Je la fais simple mais c'est ça, franchement, c'est quoi ?
00:52C'est un camouflet ? Comment faut-il interpréter cette réponse Régis Le Sommier ?
00:55Mais surtout, il faut l'interpréter à l'aune d'une précédente réponse qui avait été faite, elle, directement par Vladimir Poutine.
01:02On l'a un petit peu oublié, c'était le 3 mars dernier, vous savez, quelques jours après l'humiliation de Volodymyr Zelensky à la Maison-Blanche.
01:09Alors à l'époque, Trump était beaucoup plus proche de Poutine.
01:13Depuis, il y a une certaine distance qui s'est faite, mais à l'époque, Vladimir Poutine avait dit, c'est la proposition de 30 jours, nous sommes d'accord, mais avec quelques nuances.
01:28Et le problème, c'est que depuis, on discute de ces nuances, en fait.
01:32Si vous voulez, ces nuances, elles sont quand même de taille.
01:36Il y a la question, la Russie ne veut pas, un, qu'on lui mette la pression, mais a-t-on les moyens de lui mettre la pression ?
01:43C'est la vraie question.
01:44Mais la réponse est non.
01:45Non, mais Emmanuel Macron a évoqué...
01:47Parce qu'on menace de sanctions économiques, mais ce ne sera jamais suffisant.
01:49C'est très bien que, voilà, on a essayé, on a tout fait.
01:53Comme le disait d'ailleurs le Washington Post, c'est intéressant, écrivait hier pour commenter le défilé militaire de Moscou.
02:01Il disait, le défilé militaire de Moscou a marqué une victoire pour Poutine que l'Occident avait cherché à isoler.
02:07C'est clair, hein ?
02:08Donc, ce défilé avec Xi Jinping, comment Maudit...
02:13Démonstration de force.
02:14Comment Lula, Vint, chef d'État, etc.
02:17Bon, là, qu'est-ce qu'on peut faire comme pour pressurer la Russie ?
02:21Pas grand-chose, en réalité.
02:23Le problème, c'est que la Russie, sur le principe du cessez-le-feu, peut éventuellement...
02:28Elle a fait des mini-cessez-le-feu.
02:30Il y a d'abord 24 heures à Pâques.
02:32Il y a eu ensuite 3 jours.
02:34Là, on vient d'avoir 3 jours de cessez-le-feu.
02:37À peu près respectés, on va dire.
02:38Mais 30 jours, elle considère que l'Ukraine va en profiter pour se réarmer,
02:42pour préparer une nouvelle offensive, pour souffler, tout simplement.
02:45Parce que l'Ukraine est à bout au niveau du front.
02:49Tous les jours, les Russes prennent des villages.
02:52Aucun village n'a été pris depuis près de 6 mois par les Ukrainiens.
02:55Donc, la tendance sur le terrain, elle est clairement en faveur des Russes.
02:59Et ça, c'est un vrai problème.
03:00Et de l'autre côté, les Russes, on se dit, pourquoi, finalement, ils s'arrêteraient maintenant ?
03:07Et ils ont des choses, quand même, à gagner.
03:11Attendez, Régis Le Sommier, juste, je me permets de vous couper.
03:14Selon vous, est-ce que demain, un cessez-le-feu, l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu est envisageable ?
03:20Non ?
03:20Non, je pense que c'est illusoire, pour les raisons que je viens de vous décrire.
03:26Mais il y a quand même une chose qu'il faut quand même noter.
03:29On dit, Donald Trump voulait arrêter la guerre en 24 heures.
03:34Ensuite, il a dit, ça prendra un peu plus de temps.
03:37Et puis là, on sent qu'il s'est quand même désengagé de cette promesse, même si elle est toujours là.
03:41Mais il a quand même laissé un leg colossal.
03:44Et je vais vous le dire, j'ai retrouvé une citation d'Emmanuel Macron lors de ses voeux.
03:49Le 31 décembre 2022, Emmanuel Macron a annoncé qu'il fallait continuer à aider l'Ukraine sans faillir jusqu'à la victoire.
03:56Olaf Scholz, encore récemment, a fait à peu près les mêmes propos en disant, nous aiderons l'Ukraine jusqu'au bout, en fait.
04:05On a complètement abandonné ce discours.
04:08C'est-à-dire qu'on est dans un discours où il faut gagner la paix.
04:12C'est-à-dire, on est dans un discours qui s'inscrit dans le projet de paix de Donald Trump.
04:16Alors, il n'a peut-être pas abouti ce projet de paix.
04:18Donald Trump en prend peut-être sa distance aujourd'hui.
04:22Mais néanmoins, tout le monde parle de paix.
04:24Donc, c'est quand même quelque chose d'assez significatif.
04:28Et effectivement, ça place les Russes dans une idée que, finalement, il n'y a que vous qui ne voulez pas la paix, in fine.
04:33Donc, ce n'est pas idiot.
04:35Et puis, les Européens, cette fois-ci, à la différence des semaines qui se sont écoulées,
04:40où ça a été quand même très très dur de présenter un front uni.
04:43Là, on voit bien, il y a quatre représentants des pays européens.
04:48Mais il n'y a ni Georgia Meloni, il n'y a ni Victor Orban.
04:51On sait que Robert Fixot, président slovaque, pays de l'Union européenne, faisait partie et s'est rendu au défilé du 9 mai avec Vladimir Poutine hier.
05:02Et qu'il a été reçu par le même Vladimir Poutine.
05:05Donc, est-ce qu'on peut considérer que l'Europe parle d'une seule voix ?
05:08Ce n'est pas vrai. Mais néanmoins, on a quatre des puissances les plus militairement dotées et qui ont, on va dire, l'imprémature de Donald Trump.
05:17Puisque Donald Trump s'est rallié au plan de paix, au projet de cesser le feu de 30 jours.
05:24C'est au départ les Européens qui avaient émis cette idée.
05:27Et Donald Trump l'a reprise.
05:28Et on a vu aujourd'hui, d'ailleurs, il y a une photo où on voit les leaders en train d'appeler Donald Trump après leur réunion depuis Kiev.
05:35Donc, symboliquement, c'est intéressant. Mais symboliquement, seulement, ça, on ne voit pas, comme je l'ai dit, les moyens que pourrait avoir l'Europe,
05:44ni même les Etats-Unis aujourd'hui pour renforcer la pression sur Vladimir Poutine.
05:49Donc, on est dans une négociation qui se fait évidemment entre Américains et Russes parce que ça, on l'oublie.
05:55Non mais c'est ça. Donald Trump a laissé les Européens, c'était un petit spectacle de marionnettes, mais en fait, c'est lui qui tire les ficelles derrière.
06:01C'est lui qui tire les ficelles derrière et c'est lui qui a déployé avec la Russie quelque chose de jamais vu.
06:07C'est-à-dire qu'ils sont en train de parler de l'Arctique.
06:09Ils sont aussi en train de parler du nucléaire iranien.
06:14Les Russes, évidemment, ont accentué ces dernières années leur aide à l'Iran.
06:18Donc, ils ont maille à partir, évidemment, avec ce qui est en train de se passer.
06:22Donald Trump va effectuer une tournée aussi au Moyen-Orient, en Arabie Saoudite.
06:27Il y a beaucoup de choses qui sont en train de se passer et on sent que, quelque part pour les Américains, l'Ukraine, c'est un peu secondaire.
06:34Oui, ça, et Donald Trump l'avait laissé entendre depuis un petit moment.
06:37Juste une question sur les Européens.
06:39Ils demandent un cessez-le-feu sous menace de sanctions demain.
06:42Vous nous dites, et on comprend très bien à travers les mots du Kremlin ce soir, qu'il n'y aura pas de cessez-le-feu demain.
06:48Les Européens vont devoir, quand même, tenir la face.
06:52Ça veut dire quoi ? C'est qu'on va enclencher des sanctions économiques contre Moscou et que c'est reparti pour un tour, Gilles Sommier ?
06:56Non, ce qu'on pourrait éventuellement, si Moscou faisait des efforts, c'est lever des sanctions économiques.
07:02Parce que les Américains ont pris des sanctions économiques comme jamais contre la Russie.
07:07Les Européens en ont pris comme jamais contre la Russie.
07:11Il y a eu des paquets et des paquets de sanctions économiques.
07:14On sait que les sanctions économiques des Européens font plus de mal à l'économie russe que celles prises par les Américains.
07:21Donc, de ce point de vue-là, il y aurait peut-être une manière d'influer.
07:24Mais le problème, c'est qu'après que les Européens aient tout fait pour faire gagner l'Ukraine,
07:30on voudrait désormais imposer la paix à la Russie, avec toujours aussi peu de moyens de pression.
07:35On peut dire, ah oui, on va remettre un tour de vis.
07:39Mais en réalité, on le voit bien, sur le terrain, l'Ukraine est très faible.
07:45L'Ukraine continue à tenir.
07:48Mais l'Ukraine tient toujours, et je le rappelle, par les Américains.
07:51Les Américains ne se sont pas désengagés.
07:53Donc, il est encore une fois illusoire d'imaginer que les Européens, au stade où ils en sont aujourd'hui de leur militarisation,
08:01vous savez, on parle effectivement d'on vient de signer un traité, le traité de Nancy avec la Pologne,
08:07pour étendre possiblement la dissuasion jusqu'aux frontières de la Russie, on va dire.
08:12Voilà, il y a ça qui est sous-jacent, mais surtout ces traités bilatéraux qui ont été conclus entre la France et l'Ukraine,
08:20entre la Grande-Bretagne et l'Ukraine, tout ça est en train de se mettre en place dans la perspective, justement,
08:24de rehausser notre potentiel militaire.
08:26Mais notre potentiel militaire, il ne va pas se rehausser en deux mois, il va se rehausser en cinq ans, en dix ans.
08:31Et aujourd'hui, face au défi de venir au chevet de l'Ukraine pour potentiellement remplacer les Etats-Unis,
08:39évidemment, c'est totalement illusoire.
08:41Les Russes le savent, les Américains le savent.
08:43Et on sait qu'aujourd'hui, on essaye, justement, de se raccrocher au plan de Trump,
08:48après l'avoir beaucoup critiqué, parce que c'est un plan de paix.
08:51Et l'Europe, aujourd'hui, a arrêté ou a mis un peu sous silence ses velléités de continuer la guerre,
08:58comme ça avait été un peu dit.
09:00Alors, on sait qu'Emmanuel Macron, c'est toujours pas très clair,
09:02veut toujours envoyer des troupes.
09:04Kerstar meurt aussi.
09:06Mais bon, tout ça, pareil, quand même...
09:07Mais envoyer des troupes, ça veut dire quoi, envoyer des troupes ?
09:09On ne va pas envoyer des Français combattre sur le sol ukrainien.
09:12Non, mais puis surtout, c'est un casus belli pour les Russes.
09:14Et c'est une manière de dire, ça a été dit plusieurs fois par Dimitri Medvedev,
09:19mais même par le porte-parole du Kremlin, qui a une position, on va dire, plus modérée,
09:26ça veut dire que l'OTAN rentre en guerre contre la Russie.
09:30Qu'il y ait des troupes françaises ou des troupes britanniques de nations membres de l'OTAN en Ukraine,
09:37affirmées, avérées, et bien, bon, elles y sont de façon clandestine aujourd'hui,
09:43mais si elles y sont de façon affirmée, et pas dans le cadre d'un...
09:48Voilà, comme ça, les Russes considéreront qu'il s'agit d'un casus belli,
09:53ils ont dit, nous n'accepterons comme force de paix en Ukraine,
09:58pour observer le cessez-le-feu, que des forces venant de pays neutres.
10:03Voilà.
10:04Donc, pas la France.
10:05On a vraiment le sentiment, je me pose des questions sur la puissance que nous avons.
10:09On va parler d'Emmanuel Macron dans un instant, effectivement,
10:12et qui a tenu sous secret sa présence à Kiev,
10:15c'était la deuxième fois qu'il s'est rendu depuis le début de la guerre,
10:18fait trois ans qu'il ne s'y était pas rendu.
10:19Emmanuel Macron, quel rôle le chef de l'État a-t-il ?
10:23On va tirer aussi les conséquences dans un instant de cette photo de famille des Européens,
10:27tout en sachant et en écoutant ce que vous dites, Régis Le Sommier,
10:29c'est-à-dire que c'était une jolie réunion, sur le papier,
10:31le président Zelensky, entouré des leaders européens,
10:36tout ça pour quoi faire ?
10:37Il n'y a pas grand-chose.
10:38Non, mais ce qu'on...
10:39Mais on va en parler, on va en parler, dans un tout petit instant.
10:42Il y a un changement de discours quand même.
10:42Oui, oui.
10:43Nous sommes toujours avec Régis Le Sommier, dans ce studio,
10:46avec Jules Torres, avec Nathan Devers,
10:48je voudrais qu'on parle évidemment de ce sommet de Kiev,
10:50après avoir parlé de la réponse de la Russie ce soir,
10:53chers auditeurs d'Europe 1, si vous nous rejoignez.
10:55Vladimir Poutine dit en substance,
10:59en réponse à l'ultimatum qui a été lancé par les Européens,
11:02écoutez, c'est une proposition que nous allons étudier,
11:05mais ce n'est pas la peine de nous coller la pression.
11:07Il dit ça ce soir, donc il prend ça, effectivement, avec beaucoup de distance.
11:10Moi, je voulais savoir quelle image cela peut-il renvoyer de nous,
11:16alors les Français, bien sûr, les Européens,
11:18gros sommet à Kiev aujourd'hui, autour du président Zelensky,
11:21on ne savait pas si Emmanuel Macron allait y aller en présentiel,
11:24il y avait tous les plus grands leaders européens qui étaient là,
11:27la photo de famille est extrêmement forte,
11:29des grandes décisions sont prises,
11:31et puis là, pardon, ce soir, ça retombe comme un soufflé,
11:34Régis Le Sommier, vous nous avez expliqué
11:35qu'ils ne feront rien contre la Russie,
11:37même si la Russie n'applique pas le cessez-le-feu.
11:39C'est quand même, là, je ne sais pas,
11:42mais même pour l'image d'Emmanuel Macron,
11:43cette réponse russe qui est, oui, peut-être, on verra,
11:50qui est effectivement assez...
11:51Ça fait un peu, vous êtes très gentil, merci beaucoup,
11:54elle est très désinvolte, exactement.
11:56Et elle s'inscrit dans les grandes phrases des autocrates russes célèbres,
12:04quand on parlait du Vatican à Staline,
12:07ils disaient, le Vatican, combien de divisions ?
12:09Là, j'ai l'impression que Vladimir Poutine dit,
12:13les Européens, combien de divisions ?
12:15Quand on voit la démonstration de force qu'il a faite hier
12:19sur la Place Rouge, et aujourd'hui, ce qui est venu...
12:23Pardon, je vais être très dure,
12:24mais je ne sais pas si vous partagez le sentiment,
12:26on a l'air ridicule.
12:27Je ne dis pas qu'on est ridicule.
12:30Ridicule, mais...
12:30Regardez, enfin bon, il rit tout.
12:32Un peu au bout du carrosse, quoi.
12:34Pardon ?
12:35Cocu, trompé.
12:36Ah bon ? Cocu n'a tant de verre, pourquoi ?
12:37Hier, j'ai l'impression que Poutine, aujourd'hui, est fort pour deux raisons.
12:43Et ça reprend mon mot un peu vulgaire.
12:45La première raison, c'est qu'hier, il a réussi à rassembler
12:48un certain nombre de pays de ce qu'on appelle,
12:50c'est un concept très discuté,
12:51moi je ne suis pas fan de ce concept,
12:52mais le sud global,
12:53des pays qui ne sont pas alignés sur l'impérialisme américain,
12:57des pays qui sont issus de la décolonisation,
13:00ou du tiers-monde, voilà,
13:01et qui réclament un monde plus multipolaire,
13:04selon quoi ils ont raison de réclamer un monde multipolaire.
13:06Mais qui, contestant l'impérialisme américain
13:09parce qu'il le trouve abominable,
13:10c'est le cas de M. Lula,
13:11par contre, n'ont aucun problème
13:13à venir s'aligner, à venir serrer la main,
13:16à venir ramper devant Vladimir Poutine,
13:18qui est l'incarnation d'un impérialisme
13:20autrement plus agressif
13:21que l'impérialisme occidental ou européen aujourd'hui.
13:25Ça, c'est la première raison d'une forme d'infidélité,
13:27de déloyauté.
13:28Et M. Lula, j'aimerais juste pointer là-dessus.
13:30Lula, aujourd'hui, est une forme d'icône
13:32pour la gauche européenne,
13:33pour la gauche occidentale.
13:35Il faut voir que sur la guerre en Ukraine,
13:36par exemple,
13:37il a tenu des positions qui sont aux antipodes
13:39des nôtres.
13:41Et la deuxième raison pour laquelle nous sommes,
13:42je trouve aussi, j'emploierai le même terme,
13:44c'est que, alors vous avez retracé, Régis,
13:46l'histoire très complexe
13:47de la relation aujourd'hui entre Trump et Poutine,
13:50mais je crois quand même que,
13:52quand il est revenu au pouvoir,
13:53Donald Trump a fait un geste symbolique,
13:55très fort,
13:56qui était d'employer le mot de dictateur
13:58sur Zelensky et pas sur Poutine,
14:00et qui était d'employer le mot de belliciste
14:03essentiellement sur Zelensky,
14:04et de dire publiquement
14:06à un des deux protagonistes en question,
14:08à savoir à Zelensky,
14:09que c'était lui qui jouait
14:10avec des centaines de millions de vies
14:12et qui jouait avec le risque
14:13d'une troisième guerre mondiale.
14:14Ce qui était une manière d'imposer un narratif
14:16consistant à dire,
14:17dans cette histoire,
14:18c'est plutôt l'Ukraine qui provoque la Russie,
14:19plutôt que l'inverse,
14:20ce qui n'est pas un peu changé d'avis là.
14:21Il a un peu changé de discours.
14:23Même s'il a changé de discours depuis,
14:24je crois que le fait qu'il ait mis cette musique-là,
14:27ça fait que Vladimir Poutine
14:28se sent doublement renforcé dans la situation.
14:30Mais c'est possible, non, Régis Assoumi ?
14:32Vous êtes d'accord ?
14:32Oui, mais c'est la manière de Trump
14:35que Trump a de faire.
14:36Tout le monde,
14:37enfin, personne, je pense actuellement,
14:39n'a véritablement totalement les codes
14:41pour comprendre ce vers quoi Donald Trump veut aller.
14:44Mais, comme on pourrait évoquer,
14:46ce cessez-le-feu entre le Pakistan et l'Inde,
14:48qu'il aurait négocié,
14:50dont il se tarde d'avoir...
14:52Bon, ça n'a pas duré longtemps,
14:53le cessez-le-feu, semble-t-il.
14:54Oui, j'ai quand même vu des déclarations
14:56des uns et des autres.
14:58Mais c'est le cessez-le-feu,
14:58c'est le cessez-le-feu n'a pas de l'une.
15:00Voilà.
15:01Mais en tout cas,
15:02Trump bombarde dès le début.
15:06Il fonctionne à coups d'hupercute.
15:08Et ensuite, après,
15:09il y a toujours une manière de dealer,
15:12c'est-à-dire,
15:12il y a toujours une manière de revenir en arrière.
15:14Et on peut dire qu'il y a eu cette image
15:17de Zelensky humiliée à la Maison-Blanche.
15:19Et puis aussi,
15:20l'image de la discussion entre Trump et Zelensky
15:23dans la cathédrale Saint-Pierre de Rome,
15:27au moment de la mort du pape,
15:29où là, il y a une forme de compréhension.
15:31Et depuis, d'ailleurs,
15:33Donald Trump,
15:35sans dire des mots élogieux vis-à-vis de Zelensky,
15:38a quand même substantiellement
15:39modifié son point de vue
15:41sur la question du pape.
15:44Dans l'avion du retour de la basilique Saint-Pierre,
15:46où Donald Trump dit en gros,
15:47bon, Poutine est un peu en train de me prendre pour un con.
15:49Oui, oui, oui.
15:50Je pense que,
15:51donc, de ce point de vue-là,
15:53Trump est toujours fluctuant.
15:55D'ailleurs, ça désarçonne beaucoup de ses adversaires,
15:58beaucoup de ses alliés aussi,
15:59puisque finalement,
16:00s'il y a cette proposition de paix aujourd'hui,
16:03je le disais en début d'émission,
16:05c'est aussi parce que Trump a martelé cette paix,
16:08sinon on n'en parlait pas,
16:10sinon personne n'en parlait,
16:11et que là, aujourd'hui,
16:12les Européens vont au chevet de l'Ukraine,
16:14se déplacent à Kiev,
16:15font ce voyage très long,
16:17en train,
16:18les quatre leaders pour venir apporter leur soutien,
16:21vous le dis,
16:21Mirzelensky,
16:22c'est dans le cadre de l'obtention,
16:24pour contraindre Poutine,
16:27à faire un cessez-le-feu.
16:28On n'est plus dans une idée
16:30de continuer la guerre.
16:31Vous nous dites que ça ne sert à rien,
16:32ça ne sert à rien.
16:34Si, parce que,
16:35il est,
16:36l'idée de la négociation,
16:38elle est là.
16:39Maintenant,
16:39si les Russes,
16:40comment dire,
16:41les Russes ont des objectifs sur le terrain,
16:44les Russes ont dit,
16:45nous voulons les quatre blasts,
16:47la totalité des quatre blasts.
16:49Actuellement,
16:49ils progressent dans pas mal de secteurs.
16:52Peut-être que,
16:54alors,
16:54est-ce que,
16:55s'ils obtiennent ce qu'ils ont,
16:57moi,
16:57je ne crois pas que les Russes veulent de l'ouest de l'Ukraine,
17:00veulent prendre Kiev aujourd'hui.
17:01Je ne pense pas que ça fasse partie de leurs objectifs.
17:04Les objectifs,
17:05ils les ont partiellement atteints.
17:07Aujourd'hui,
17:08je pense que,
17:09il y a la question de l'OTAN,
17:10je pense qu'ils ont gagné sur l'OTAN.
17:12Il y a pas mal de points,
17:13quand on y réfléchit.
17:14Simplement,
17:15ce qu'ils ont peur,
17:16c'est qu'on leur serve un Minsk 3,
17:18c'est-à-dire,
17:19sans garantie de sécurité,
17:22de leur point de vue,
17:24que l'Ukraine,
17:25qu'ils fassent un cessez-le-feu,
17:26et que l'Ukraine puisse se réarmer.
17:28C'est ça,
17:29la question qui agite les Russes.
17:31Ils ont la dynamique sur le terrain.
17:33Pourquoi s'arrêter,
17:34si le camp d'en face en profite,
17:37pour se réarmer,
17:38pour conduire une offence par la suite ?
17:39C'est là-dessus que ça va.
17:42C'est vraiment le nœud
17:46sur lequel les négociations
17:48peuvent se faire
17:49si les Russes
17:50sont convaincus
17:51que finalement,
17:53les choses vont s'arrêter là,
17:54et que l'Ukraine
17:55ne va pas se réarmer.
17:57Ça, ça fait partie des choses
17:58qui, voilà.
17:59Dans l'objectif
18:00de Vladimir Poutine,
18:01qui n'a pas changé
18:02depuis février 2022,
18:04il y avait la démilitarisation
18:05de l'Ukraine,
18:06il y avait l'abandon
18:07des projets
18:08de rejoindre l'OTAN.
18:10Je pense que sur la question
18:10de l'OTAN,
18:11tout le monde est à peu près
18:12d'accord.
18:13Là encore,
18:14on n'est pas à l'abri
18:14de nos surprises.
18:15Les Etats-Unis pourraient
18:16aussi quitter l'OTAN.
18:18C'est aussi quelque chose
18:19qu'on entend.
18:20Donc, tout est,
18:22je veux dire,
18:23on peut arriver
18:24à un accord.
18:25On peut arriver à un accord.
18:26Mais quoi qu'il arrive,
18:27l'Ukraine a perdu.
18:28Non mais c'est clair.
18:29En tout cas,
18:29elle ne gagnera pas la guerre.
18:30Non mais elle a perdu.
18:32L'Ukraine a perdu.
18:32Nos frontières de l'Europe
18:33ont bougé
18:34et on est là.
18:35même Emmanuel Macron
18:36a évolué
18:36sur cette question
18:38de l'abandon
18:39des territoires.
18:40Mais c'est ça
18:40que je trouve
18:41le plus intéressant.
18:42C'est quand même
18:42que,
18:43et c'est ce qu'a dit Régis,
18:44c'est comment voulez-vous
18:45que les Russes
18:46et même les Américains
18:47ne soient pas désinvoltes
18:48quand ils voient
18:49les changements de pied
18:50permanents
18:52des Européens
18:53et d'Emmanuel Macron
18:53avec des postures
18:54extrêmement bellicistes
18:55la première année.
18:56Oui, c'est vrai.
18:57Ces ministres qui disent
18:58qu'ils vont faire plier
18:59l'économie russe.
19:00Emmanuel Macron
19:01qui annonce,
19:02possiblement,
19:03qu'il laisse miroiter
19:04l'envoi de troupes
19:05et puis ensuite,
19:06trois ans plus tard,
19:07qu'il parle dans un langage
19:08très différent.
19:09Donc c'est évidemment
19:10très compliqué
19:11d'avoir une constance
19:12sur ce sujet-là
19:13mais quand on est
19:14Vladimir Poutine,
19:14quand on est Donald Trump
19:15et qu'on regarde
19:16ces gens-là parler
19:17et leurs multiples revirements,
19:19eh bien,
19:19ils peuvent se poser
19:20des questions
19:20et être même persuadés
19:22de ce qu'ils font.
19:23Bon, alors,
19:24d'un temps de verre.
19:24Très brièvement,
19:25je crois qu'il y a aussi
19:25une autre morale de l'histoire.
19:27C'est qu'un pays aujourd'hui
19:28qui est allié de Donald Trump
19:29est un pays qui est en danger
19:30si c'est un pays
19:31qui dépend de l'Amérique
19:33comme vous l'avez expliqué
19:34pour sa sécurité militaire.
19:35Et je crois qu'il y a une nation
19:36qui est en train de le découvrir
19:37très sérieusement,
19:38c'est Israël.
19:39Je ne dis pas ça
19:39pour me jeter des fleurs
19:40mais je fais partie des gens
19:41et on était minoritaires
19:41qui disaient dès le début
19:42que Trump n'était pas
19:43un allié d'Israël.
19:44Et quand on nous disait ça,
19:45tout le monde nous disait
19:46qu'on était fous
19:46et qu'on était complètement utopiques,
19:48etc.
19:49Trump est en train,
19:50et je le dis ça,
19:51ce n'est pas pour me jeter des fleurs,
19:52mais on était très peu à le dire,
19:53Trump est en train
19:54de lâcher Israël,
19:56c'est-à-dire de faire exactement
19:57à Netanyahou
19:57ce qu'il a fait à Zelensky
19:58sans faire une scène publique
20:00devant des caméras
20:00mais sur le fond des choses,
20:01il fait la même chose.
20:03Vous avez mentionné
20:04le fait qu'il venait
20:05au Moyen-Orient bientôt,
20:06il a exclu Israël.
20:07La paix avec les Woutis,
20:08il l'a fait en excluant Israël.
20:10L'ambassadeur américain
20:10aux Etats-Unis a dit ça.
20:12L'accord avec les Iraniens,
20:14les négociations avec les Iraniens
20:15se fait contre la volonté
20:16évidemment d'Israël.
20:17L'accord avec l'Arabie Saoudite,
20:19une clause a été enlevée.
20:20Israël n'a plus besoin
20:21de normaliser...
20:22Enfin, l'Arabie Saoudite
20:23n'a plus besoin
20:23de normaliser sa relation
20:24avec Israël
20:25pour passer cet accord.
20:27Et évidemment,
20:27le dernier point,
20:28Trump a dit
20:29qu'il ne voulait plus
20:30avoir de relation
20:31avec Netanyahou
20:31qui a voulu le manipuler,
20:33etc.
20:34Donc, c'est vraiment la preuve
20:35que Trump n'est pas un allié
20:37pour des pays
20:37qui sont en position de fragilité
20:38et c'est très important
20:40pour les prochaines années.
20:40Je vais conclure avec
20:41une phrase
20:43d'Henri Kissinger,
20:45le grand Henry Kissinger
20:46qui disait
20:47il ne fait pas bon
20:48être ennemi
20:49des Etats-Unis
20:50mais c'est encore pire
20:52d'être amie des Etats-Unis.
20:54Non, mais c'est vrai,
20:54c'est vrai, vous avez raison,
20:55c'est très bien résumé.
20:56C'est Kissinger qui le disait.
20:57Incroyable,
20:58incroyable,
20:59comme quoi,
20:59rien n'a changé,
21:00l'histoire se répète.
21:01Merci infiniment,
21:01Registe Semet,
21:02d'être venu en studio.
21:03Merci beaucoup.
21:03Jules Thorey,
21:04c'est Nathan Devers,
21:04vous m'abandonnez.
21:05Merci, vous avez l'impression
21:06qu'il nous jettez, surtout.
21:07Non, mais pas du tout,
21:08je vous en prie,
21:09moi je voudrais que vous restiez.
21:10Je crois qu'il y a Sarah Salman après
21:12et ça ne m'intéresse pas.
21:13Ah, on l'adore,
21:14on l'adore.
21:14Merci, merci beaucoup.
21:17A vous tous,
21:17on va se retrouver
21:18dans un tout petit instant
21:18pour le journal de 20h,
21:21la météo bien sûr
21:22et je vais recevoir
21:24Eric Brocardi,
21:25porte-parole de la Fédération Nationale
21:26des sapeurs-pompiers
21:27après,
21:28c'est pas un accident,
21:30enfin je veux dire,
21:31c'est une personne
21:31qui a foncé délibérément
21:32sur un sapeur-pompier
21:33volontaire.
21:34C'est un drame barbare.
21:34C'est un drame barbare,
21:36vous avez raison Nathan Devers.
21:38On va en parler
21:38dans un tout petit instant.
21:39A tout de suite sur Europe.