Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • avant-hier
Avec Monseigneur Matthieu Rougé, évêque de Nanterre

Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry

————————————————————

▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75yzts

🎧 Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

———————————————————————

🔴 Nous suivre sur les réseaux sociaux 🔴

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr

##L_INVITE_POLITIQUE-2025-05-07##

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00– Sud Radio, l'invité politique, Jean-Jacques Bourdin.
00:07– Avec nous, Mgr Rouget, bonjour.
00:09– Bonjour.
00:10– Vous êtes évêque de Nanterre, nommé par le pape François.
00:15Évêque de Nanterre, un diocèse composé de villes pauvres, de villes riches.
00:22Nanterre, c'est évidemment le quartier de la Défense.
00:25Nous allons parler de ce qui va se passer à partir de 16h30, cet après-midi, le début du conclave.
00:33C'est un huis clos dans la chapelle Sixtine, sous la grande fresque du jugement dernier de Michel-Ange.
00:40Donc, 16h30, 133 cardinaux de moins de 80 ans se réunissent et participeront à cette élection du futur pape.
00:51Cet après-midi, vêtus de leur tenue liturgique, ils entreront en procession dans la chapelle Sixtine, aménagée pour l'occasion.
01:01Ils prêteront serment, la main posée sur l'Évangile.
01:04Ensuite, les personnes étrangères quitteront les lieux.
01:06Extra-hommes naissent, tous dehors.
01:10La formule sera prononcée par le maître de cérémonie.
01:13Les portes seront alors fermées, les téléphones à l'extérieur.
01:17Et dès aujourd'hui, un premier vote.
01:20Il faut recueillir au moins 88 voix pour être élus, les deux tiers.
01:25Les cardinaux voteront quatre fois par jour, deux fois le matin, deux fois l'après-midi.
01:31Et le nouvel pape élu choisira son nom.
01:34Jamais, peut-être, Mgr Rouget, l'élection d'un nouveau pape n'a été aussi suivie dans le monde entier.
01:39Pourquoi, selon vous ?
01:41Alors, il y a d'abord le développement des moyens de communication, des réseaux sociaux, etc.
01:46Qui, évidemment, s'intéressent beaucoup à cet événement.
01:49Mais en fait, surtout, ce que je trouve le plus frappant, c'est cela.
01:51C'est-à-dire que dans un monde, surtout en Occident, qui apparaît tellement sécularisé,
01:55même si le grand nombre de baptêmes d'adultes, par exemple, à Pâques en France,
02:00a montré qu'il y a une vraie aspiration spirituelle,
02:03eh bien, le monde entier retient son souffle pour savoir qui sera le pape des catholiques.
02:09Ça dit bien quelque chose de l'attente spirituelle de nos contemporains
02:13et de la mission de l'Église catholique aussi, avec tous les chrétiens,
02:19de témoigner de la bonne nouvelle du Christ et de l'Évangile.
02:21Alors, vous allez vous rendre à Rome.
02:23Vous partez demain, je crois savoir.
02:25En effet, parce que vous savez, pour les catholiques, c'est le grand jubilé de l'année 2025.
02:30Nous avions prévu depuis des semaines et des semaines un pèlerinage de taille modeste,
02:35d'ailleurs, on sera 120, je crois, de prêtres, diacres et laïcs en responsabilité de Mont-Diocèse,
02:41avant un grand rassemblement que nous aurons en région parisienne le week-end d'après.
02:46Et donc, la Providence, le hasard, font que nous serons à Rome à partir de demain matin.
02:53Et évidemment, je pense que nous pourrons être place Saint-Pierre pour l'abbé Mousse-Papam.
02:58Pour l'abbé Mousse-Papam, c'est-à-dire l'apparition du nouveau pape.
03:02Si ce conclave ressemble au précédent, le nouveau pape,
03:05sera connu d'ici 48 heures.
03:07Plus tard, vendredi, peut-être samedi, si ça dure un petit peu,
03:11puisqu'on vote deux fois par jour, enfin quatre fois par jour,
03:14deux fois le matin et deux fois l'après-midi.
03:17Et quand le nouveau pape sera élu, la fumée blanche apparaîtra.
03:22Évidemment, vous allez l'attendre.
03:24Vous allez l'attendre place Saint-Pierre, cette fumée blanche ?
03:28On va vivre notre pèlerinage, et puis on sera attentif, évidemment, à la fumée blanche.
03:34La ville de Rome n'est pas gigantesque, donc dès que la fumée blanche apparaîtra,
03:38il sera temps de rejoindre la place Saint-Pierre.
03:40Alors, on n'a pas eu de pape français depuis 1370.
03:451370 !
03:47Dites-moi, est-ce que c'est possible cette fois ?
03:52Alors, en fait, la question de la nationalité du pape est vraiment seconde.
03:55C'est important, c'est le tempérament,
03:58la capacité à être un homme de communion, d'évangélisation et de paix.
04:02Après, parmi les non-cités, il y a au moins un Français.
04:08Jean-Marc Aveline, le cardinal de Marseille,
04:13que nous venons d'élire comme notre président de la Conférence des évêques de France,
04:16de manière assez triomphale.
04:19C'est une personnalité exceptionnelle,
04:21qu'à titre personnel, j'apprécie énormément.
04:24C'est un homme à la fois d'ouverture et de solidité.
04:27Et donc, nous verrons...
04:28Il a ses chances, franchement.
04:29La question est moins d'avoir ses chances,
04:31mais c'est en tout cas une personnalité de très très grand niveau,
04:36pastoral et spirituel.
04:38Oui.
04:38Et après, c'est aux cardinaux d'exercer leur discernement dans la force de l'Esprit Saint.
04:44Oui, mais ça c'est évident.
04:45Mais est-ce qu'ils les connaissent ?
04:47Parce que beaucoup de cardinaux qui vont élire le nouveau pape
04:53ont été désignommés par le pape François, beaucoup.
04:57Oui, mais le pape François a été pape pendant 12 ans.
05:00Donc, il y a quand même des générations de cardinaux successives.
05:02On a beaucoup dit, peut-être un peu trop dit, que les cardinaux ne se connaissaient pas.
05:06En fait, les cardinaux participent tous à des organismes de collaboration avec le pape
05:12parce que le Saint-Siège est globalement une institution assez collégiale.
05:16Le cardinal Aveline, par exemple, participe tous les 15 jours au dicaster pour les évêques
05:21qui prépare pour le pape les nominations de l'évêque à travers le monde entier.
05:25Et puis, il y a des synodes.
05:26Moi, j'étais au synode pendant deux fois un mois à Rome avec le cardinal Aveline, justement,
05:31et les évêques du monde entier.
05:33Donc, il y a plein d'occasions où les cardinaux se rencontrent,
05:38apprennent à apprécier leurs qualités respectives.
05:40– Bien. Donc, Mgr Aveline a ses chances.
05:45Vous n'allez pas faire de pronostics ce matin.
05:47Mais qu'est-ce qui se murmure quand même à l'intérieur de l'Église ?
05:51– Alors, d'abord, moi, je ne suis pas à Rome, je ne suis pas à Vaticanus professionnel.
05:55Mais ce qui se dit, c'est que ce conclave est très, très ouvert
06:00et qu'il y a plein de personnalités à la fois originales, enracinées et de grandes qualités.
06:07Donc, je trouve que c'est pour les catholiques, notamment, et puis pour le monde entier,
06:13il y a une occasion de se laisser surprendre à nouveau par non seulement un nouveau pape,
06:19mais par l'évangile, par l'invitation à se laisser aimer par Dieu pour témoigner de lui,
06:25par l'invitation à être témoin de la paix et de la fraternité
06:30que le Christ veut sceller entre tous les hommes.
06:32– Oui, Mgr Rouget, le pape a un rôle essentiel.
06:36D'abord, premier rôle, préserver l'unité de l'Église, de l'Église catholique,
06:41éviter les schismes, les menaces de scission, les menaces de rupture.
06:47Or, là, il y a aujourd'hui, entre les catholiques dits d'ouverture
06:52et les catholiques plus identitaires, entre ceux qu'on appelle les progressistes
06:56et ceux qu'on appelle les conservateurs,
06:59il y a un fossé qui s'est un peu creusé, non ?
07:02– Je ne forcerai pas les choses.
07:04Pour moi, c'est évident que le pape, comme tout évêque d'ailleurs,
07:09est appelé à être un homme de communion et de mission.
07:12Les deux vont toujours ensemble.
07:14Après, faire l'unité entre les personnes, c'est vrai à l'échelle d'un pays,
07:18c'est vrai évidemment à l'échelle de l'Église universelle,
07:21c'est toujours une tâche immense,
07:23parce que les forces de division, on le voit dans toutes les réalités humaines,
07:27menacent toujours de l'emporter sur les forces d'unité et de paix.
07:30Donc évidemment…
07:32– Mais où sont les forces de division dans l'Église catholique ?
07:35– Comme vous le disiez, il y a toujours la tentation
07:38de se mettre plutôt dans des positionnements partisans
07:41et pas assez dans des attitudes spirituelles de fond.
07:45Donc c'est par la profondeur que le pape…
07:48– La doctrine quoi !
07:49– Par la profondeur, c'est-à-dire non seulement la doctrine,
07:51mais aussi l'expérience spirituelle.
07:54C'est par la profondeur que le pape peut être un serviteur de l'unité
07:57en vue de la mission.
07:58Et puis, vous l'avez peut-être évoqué aussi,
08:02la mission du pape, c'est l'unité de tous les catholiques,
08:05mais c'est aussi de travailler à l'unité de tous les chrétiens.
08:08Aujourd'hui, il y a beaucoup de pas en avant qui peuvent être faits,
08:10notamment avec nos frères et sœurs orthodoxes.
08:13Et donc c'est très important aussi que le pape soit animé
08:15par ce grand désir d'unité.
08:17Nous venons de célébrer la fête de Pâques tous ensemble,
08:19ce qui n'est pas le cas chaque année en raison des divergences de calendrier.
08:22Et donc il y a aussi de grandes attentes en matière d'unité de tous les chrétiens,
08:25toujours pour que l'évangile soit mieux annoncé dans le monde d'aujourd'hui.
08:29Et puis, le service de l'unité des chrétiens,
08:33il est aussi un élément du service de la paix du monde.
08:35On voit aujourd'hui ce qui se passe en Ukraine,
08:37ce qui se passe en Terre Sainte,
08:39ce qui se passe à ces heures-ci entre l'Inde et le Pakistan.
08:42Il est très important que le pape soit un homme
08:44qui puisse contribuer à la paix du monde.
08:47Et enfin, j'insiste aussi sur ce point qui me semble très important,
08:51le pape est appelé à être un des grands avocats de la dignité humaine.
08:56Je pense en particulier en France,
08:58le débat sur la fin de vie.
08:59Le pape François, qui était un homme d'ouverture,
09:02a été très vigoureux sur ce point.
09:04Et moi j'aimerais qu'il soit un peu plus entendu,
09:06y compris par nos dirigeants qui aimaient beaucoup le pape François,
09:09mais qui sont un peu sourds à ses appels malheureusement.
09:11Alors je vais y revenir, je vais y revenir.
09:13Ne vous inquiétez pas Mgr Rouget.
09:14Enfin, il disait quand même, le pape François disait quand même,
09:18la robe de l'Église est déchirée.
09:20Il le disait, déchirée, oui, parce que le monde est tourmenté.
09:24Et si le monde est tourmenté, l'Église catholique l'est, évidemment.
09:28Déchirée entre progressistes et conservateurs.
09:30Pardon, pardon, mais certains n'ont pas supporté
09:33certaines innovations du pape François.
09:37Alors, déchirée, le mot me semble trop dur.
09:41Trop dur, oui.
09:42Encore une fois, faire l'unité, c'est toujours un défi.
09:46C'est vrai dans une famille, c'est vrai dans un couple,
09:48c'est vrai dans un parti politique, c'est vrai dans toutes les communautés humaines.
09:51Et c'est vrai dans l'Église, même si, dans l'Église,
09:53nous avons la grâce de la foi partagée,
09:55qui est vraiment le ciment de notre unité.
09:57Alors, je pense qu'il ne faut pas nier les difficultés qu'il peut y avoir,
10:04les incompréhensions qui ont pu exister
10:05par rapport à tel ou tel positionnement du pape François.
10:07Mais, moi, j'ai été très frappé pour les obsèques du pape François,
10:11j'ai eu la grâce d'être à Rome ce jour-là,
10:13de sentir, en fait, une immense communion.
10:16Et je crois que la communion dans le Christ,
10:19mort et ressuscité, en plus le pape est parti dans la lumière de Pâques,
10:24la dimension d'unité est plus profonde que les divisions.
10:27Plus profonde que les divisions.
10:28Alors, on ne va pas négliger, évidemment,
10:31la dimension spirituelle et politique du pape,
10:36du pape, de cette fonction spirituelle et politique.
10:42Je voudrais aborder du concret, là, avec vous, Mgr Rouget,
10:47les questions d'ailleurs soulevées par le pape François.
10:50La place des homosexuels dans l'Église, par exemple,
10:53alors que le catéchisme considère l'homosexualité comme un péché grave.
11:00Est-ce que là, le nouveau pape va devoir évoluer sur ces questions ?
11:03En fait, il ne faut pas caricaturer les positions du pape François.
11:07Le pape François, il a surtout été l'avocat
11:10d'un accueil bienveillant à l'écart de toutes les personnes.
11:14Donc, quelles que soient les situations humaines,
11:16quels que soient les choix de vie,
11:18d'être toujours dans l'Église, un lieu d'accueil,
11:23de bienveillance, d'écoute, d'accompagnement, de discernement.
11:28Donc, la question n'est pas de bouleverser
11:32la compréhension chrétienne de la vie humaine,
11:35mais en revanche, de progresser dans la bienveillance
11:39et la qualité de l'accueil offert à tous,
11:42quelles que soient les situations.
11:43Alors, donc, il va falloir progresser dans la qualité de l'accueil
11:46offert aux homosexuels.
11:47– Je pense que, d'une manière générale...
11:49– L'accueil dans l'Église, je parle, dans l'Église.
11:52– De manière générale, le pape François
11:56nous a fait progresser dans l'accueil de tous,
12:00mais vraiment de tous, vous voyez, dans toutes les situations.
12:02Je pense qu'il y a un autre sujet sur lequel il a été très, très critiqué,
12:05c'est sur la question des migrants.
12:08– Oui.
12:08– Et le pape n'a jamais remis en cause
12:12la légitimité de régulation juridique sur les migrations.
12:15Mais en revanche, on ne peut pas être bouleversé par le fait
12:22qu'il y ait des hommes et des femmes qui risquent de mourir
12:25et parfois meurent, effectivement, noyés en Méditerranée.
12:28On ne peut pas laisser la Méditerranée être un cimetière de migrants.
12:31Donc, à nouveau, il y a des régulations légitimes,
12:36mais comment est-ce qu'on est à l'écoute de tous ?
12:39Comment est-ce qu'on prend soin de tous et de chacun ?
12:42C'est vraiment ça le grand message du pape François
12:44dans le domaine de la vie séculière,
12:48c'est l'accueil, la bienveillance, l'accompagnement.
12:51– Ça, c'est le grand message.
12:52– Autre question, combien de temps encore
12:56l'Église pourra-t-elle tenir sans ordonner de femmes prêtres ?
13:01– La question, elle n'est pas de tenir.
13:04La question, elle est d'être ajusté à ce que le Christ nous a donné.
13:08Qu'est-ce que c'est que les prêtres ?
13:10Un prêtre, ce n'est pas celui qui dirige tout dans l'Église.
13:13Un évec non plus.
13:14Il est celui qui est signe de la présence du Christ dans son Église.
13:20Et je pense que la question, elle est moins de l'ordination des femmes
13:24que de continuer à équilibrer le rapport entre les prêtres et les évêques,
13:29les diacres, et l'ensemble du peuple de Dieu.
13:32Et c'est là-dessus qu'on a travaillé, à la demande du pape.
13:34Moi, j'y étais d'ailleurs avec le Bernard de Lévelines,
13:37grâce au synode que nous avons eu en 2023 ou 2024.
13:40– Oui, je me souviens, mais est-ce que vous êtes favorable
13:42à l'ordonnancement des femmes dans le prêtre ?
13:47– Alors, on parait plutôt d'ordination que d'ordination.
13:49– Ordination, vous avez raison.
13:50– Cherchez le mot d'ailleurs.
13:52– Que le pape a été très clair sur ce sujet pendant tout son ministère pontifical,
13:56et je m'en tiens évidemment à l'enseignement du pape François sur le sujet,
14:01qui a dit que l'ordination, le ministère ordonné,
14:05pour rendre témoignage à l'humanité de Jésus-Christ,
14:08était donné aux hommes.
14:09– Aux hommes, et pas aux femmes, donc vous êtes contre.
14:12– Mais en revanche, je suis tout à fait favorable,
14:14et je le vis dans mon diocèse,
14:16à davantage de responsabilités ecclésiales données aux femmes.
14:20– Pas de femmes diacres ?
14:21– Mais vous savez, la question,
14:22et pas ce qu'on met derrière diacre ou prêtre ou évêque.
14:26J'ai un conseil épiscopal,
14:30où il y a autant de femmes que d'hommes,
14:33mes principaux collaborateurs sont des collaboratrices,
14:35qui ont des responsabilités,
14:36y compris qui les mettent en responsabilité vis-à-vis de prêtres,
14:39dans la pastorale de la santé, dans le catechuména.
14:42Et donc, vous voyez, trop souvent,
14:44les commentateurs, que je dois se qualifier d'extérieurs,
14:48mais pensent à la question de l'ordination
14:49en termes de responsabilité de type politique.
14:53C'est pas de cela qu'il s'agit,
14:54il s'agit de services de type sacramentel.
14:57Ce qui est important, c'est qu'effectivement,
15:00dans l'Église, des hommes et des femmes aient des responsabilités,
15:04et c'est de plus en plus le cas,
15:05et personnellement, je m'en réjouis.
15:07– Et le célibat des prêtres ?
15:08– Alors, d'abord, dans l'Église catholique,
15:12il y a des prêtres orientaux catholiques,
15:14dont certains sont mariés,
15:15mais personnellement, moi, je crois beaucoup
15:17que ça a énormément de sens,
15:20que des prêtres et des religieuses,
15:22en réponse à l'appel de Dieu,
15:24acceptent de tout quitter pour le service de l'Évangile,
15:26pour mettre toute leur capacité d'amour et de service.
15:30– Donc, il ne faut pas remettre en cause
15:31le célibat des prêtres.
15:32– Je crois que ça a beaucoup de sens,
15:34en réponse à l'appel de Dieu,
15:36que des hommes et des femmes, aussi je le maintiens,
15:38des religieuses par exemple,
15:39puissent tout donner pour le service de l'Évangile,
15:42parce que cela est un témoignage rendu
15:43à la dimension essentielle de l'amour de Dieu.
15:47– Donc, pour vous, pas d'évolution dans ce domaine-là ?
15:51– Oui, la question se pose pas en ces termes.
15:54– Elle est une question qui revient sans cesse.
15:56Elle est revenue parce que le pape François
15:58a abordé toutes ces questions.
16:00– Elle revient sans cesse en effet.
16:02Mais, personnellement, je crois beaucoup
16:03au sens profond du célibat.
16:05Et je m'en tiens à nouveau à ce que le pape
16:08nous a dit sur le sujet.
16:09– Bien.
16:10La lutte contre les violences sexuelles,
16:13pourquoi encore, encore,
16:15cette culture machiste est quand même une forme...
16:17Il y a une forme de culture machiste quand même,
16:19de patriarcat, non ?
16:20Dans l'Église catholique.
16:21– Ça, c'est deux sujets différents.
16:22– Oui.
16:23– Mais, vous voyez, cette question de la lutte
16:25contre les violences sexuelles, elle est essentielle.
16:27Donc, c'est un sujet pour lequel, notamment en France,
16:29on s'est énormément impliqués.
16:32Et depuis pas mal de temps, il y a eu le rapport de la SIAZ.
16:37Notre président sortant de la conférence épiscopale
16:40avec de Moulin Beaufort, archevail de Reims,
16:42a été très moteur sur ce sujet.
16:44Et aujourd'hui, vous voyez, même,
16:45et c'est quelque chose que je dis avec beaucoup de gravité
16:47et de sérieux,
16:48pour moi, c'est un des sujets aussi
16:50qui doit être présent au conclave.
16:52– Oui.
16:52– Il y a, dans la société en général,
16:55mais dans l'Église aussi,
16:57une transformation culturelle à vivre
16:58pour être vraiment dans une logique de bientraitance.
17:01Il y a des violences qui sont insupportables.
17:04Et moi, comme évêque,
17:06et beaucoup des personnes victimes
17:07le savent très bien aujourd'hui,
17:09je me tiens à leur côté.
17:11Et donc, aujourd'hui, c'est une question très importante
17:13et dans laquelle l'Église est impliquée
17:17et doit l'être durablement.
17:19Nous avons, en interne et pour la société,
17:22à être des artisans d'une culture,
17:24de la bientraitance, d'une culture nouvelle.
17:26– Est-ce que tout abuseur d'enfant
17:28doit être définitivement privé
17:30de son ministère public ?
17:32– Ça me semble évident, bien sûr.
17:35– Évident.
17:36Donc, c'est clair pour vous, c'est clair.
17:37Il n'y a plus aucune espèce de discussion
17:40sur ces sujets-là.
17:41– Non, mais c'est une question...
17:43– L'Église a fait beaucoup de chemin, d'ailleurs.
17:45– Je crois que nous avons fait un grand chemin.
17:47– Un grand chemin, sur ces questions.
17:48– Et c'est un sujet vraiment très, très important.
17:52Et vous savez, la question n'est pas
17:53uniquement le ministère public,
17:53parce qu'il y a les prêtres,
17:54puis il y a aussi des professeurs,
17:56il peut y avoir aussi des autres responsables.
17:59Et c'est un sujet pour toute la société,
18:00vous l'avez dit.
18:01Malheureusement, beaucoup d'abus
18:02sont aussi dans le cadre familial.
18:05Il y a aussi beaucoup d'abus entre jeunes.
18:07C'est une question globale.
18:09Et en tout cas, l'Église y est
18:10et il demeurera très impliquée.
18:12Et pour moi, c'est vraiment un sujet essentiel.
18:13– Alors, je reviens sur le débat
18:15sur la fin de vie à l'Assemblée nationale,
18:18qui institue, entre autres,
18:20un droit à l'aide à mourir,
18:21les textes qui sont en discussion.
18:24Le débat ne peut être réduit
18:27à pour ou contre la vie,
18:28mais doit poser la question du moindre mal.
18:31C'est ce que dit le président de la République.
18:34Vous êtes d'accord ?
18:35Que répondez-vous à cette phrase ?
18:37– Eh bien, nous ne sommes pas du tout d'accord.
18:38Et le président de la conférence épiscopale,
18:41Éric Demoulin-Beaufort,
18:42a fait un message hier sur X
18:44en disant, non, monsieur le président,
18:46l'euthanasie n'est pas un moindre mal,
18:48l'euthanasie, c'est donner la mort.
18:50Donc, aujourd'hui, nous, nous sommes très engagés
18:52en faveur des soins palliatifs.
18:54Il y a eu, grâce au Premier ministre,
18:55le fait d'avoir deux lois,
18:57ce qui permet déjà de clarifier le débat.
18:59Pour l'instant, la loi sur l'aide active à mourir
19:03n'en est qu'à la phase de la commission.
19:06– De la commission.
19:06– Tout le monde va dire que ce sera voté,
19:08peut-être, la semaine trop,
19:09dans 15 jours à l'Assemblée nationale,
19:10mais ce n'est qu'une étape dans la navette parlementaire.
19:13– Oui.
19:14– Et puis, il y a eu des amendements
19:15qui sont de plus en plus délirants.
19:17Par exemple, on propose de ne pas appeler
19:20la mort provoquée, euthanasie ou suicide assistée,
19:23mais mort naturelle,
19:24alors que ce n'est pas la mort naturelle.
19:25On institue des mensonges.
19:27Pourquoi mettre tant de mensonges
19:29dans un projet de loi
19:30si on est en paix avec lui ?
19:33Et il y a une ambiguïté avec le président,
19:35dont nous échangeons avec lui depuis longtemps.
19:38Quand il a présenté son projet,
19:39il y a un peu plus d'un an,
19:40dans Libération et la Croix en même temps,
19:43il disait un grand projet de fraternité.
19:46Et la rédactrice en chef de la Croix,
19:48Anne Ponce, avait aussitôt dit
19:50« Mais non, ce n'est pas ça la fraternité.
19:51La fraternité, c'est prendre soin
19:53des personnes fragiles. »
19:54Donc aujourd'hui, nous sommes clairement
19:57en désaccord avec la proposition de loi
20:01telle qu'elle est.
20:03Et d'autre part, je le répète,
20:05le pape François, qui pouvait être
20:06tellement un homme d'ouverture
20:08dans plein de domaines,
20:09vous l'avez dit il y a un instant,
20:10sur ce sujet, était d'une vigueur
20:12sans faille.
20:14On ne joue pas avec la vie.
20:16Et moi, j'aimerais que...
20:17J'aime bien cette formule de Georges Bananos
20:19à propos de Saint-François d'Assise,
20:20où il disait « Si vous l'aviez écoutée,
20:22au lieu de l'admirer ? »
20:24Alors, voilà, le chef de l'État
20:26a été à Rome pour les obsèques,
20:28il a toujours une relation très amicale
20:31avec le pape François,
20:31mais est-ce qu'il pourrait l'écouter
20:33et pas simplement l'admirer ?
20:35C'est un enjeu de fraternité,
20:37c'est un enjeu d'humanité
20:39essentiel pour notre société française.
20:41– Un référendum sur la question ?
20:43Est-ce que vous pensez qu'un référendum
20:45est possible sur cette question
20:47de la fin de vie ?
20:48– Alors, je ne sais pas si c'est d'ailleurs possible
20:49sur le plan constitutionnel.
20:50On voit bien aujourd'hui dans les débats
20:51que le cadre du référendum
20:54est quelque chose de compliqué.
20:59Moi, je crois aux vertus
21:01de la démocratie de représentation
21:04et au sérieux du travail parlementaire.
21:06D'ailleurs, la loi Leonetti,
21:08il y a déjà 20 ans,
21:10était partie de cas très frappants.
21:13Et puis, il y avait eu un travail
21:14d'écoute, de sérieux, de réflexion
21:18qui était parvenu à un équilibre législatif.
21:20D'ailleurs, je suis frappé que Jean Leonetti,
21:22qui n'est pas du tout croyant,
21:23il le dit souvent,
21:24maintient très fermement ses positions.
21:27Et aujourd'hui, il y a une priorité,
21:30c'est vraiment d'avancer
21:31sur les soins palliatifs.
21:32Et oui, surtout ce qui me frappe,
21:33c'est que les partisans de l'euthanasie
21:36aient besoin de faire entrer dans la loi
21:40des espèces de subterfuges.
21:41Au lieu de parler de mort provoquée,
21:43on va parler de mort naturelle.
21:45Alors, ce n'est pas la mort naturelle,
21:46c'est la mort provoquée.
21:47Pourquoi avoir besoin de ces subterfuges
21:49pour légiférer ?
21:51Si on veut légiférer
21:52sur un sujet,
21:55eh bien, il faut le faire
21:56clairement, sincèrement,
21:58dans la vérité des termes.
22:00Bien.
22:00Est-ce que vous retenez
22:02le mot islamophobie ?
22:04Alors, moi, je trouve qu'il est important
22:06d'éviter, vous voyez,
22:08des polémiques verbales.
22:10Oui.
22:11Pour moi, ce qui est important,
22:12c'est le respect,
22:15l'accueil de tous,
22:16la bienveillance.
22:17Dans mon diocèse,
22:18qui correspond au département
22:20des Hauts-de-Seine,
22:21vous l'avez dit,
22:22il y a des villes,
22:23et des situations très différentes.
22:25J'ai des relations
22:26de bienveillance fraternelle
22:28à l'égard de tous.
22:29Par exemple,
22:30quand il y a eu des émeutes
22:31autour de la mort de Nahel
22:32il y a un peu plus d'un an et demi
22:34à Nanterre,
22:35j'ai pu immédiatement
22:35faire un appel à la paix commun
22:37avec les responsables musulmans
22:39de la ville de Nanterre,
22:40qui est devenu en quelques jours
22:41un appel national
22:42de toutes les religions
22:43pour le retour à la paix
22:45dans nos quartiers difficiles.
22:47Donc, moi, je suis vraiment
22:48au service de la fraternité,
22:50et je pense que les enjeux
22:51de société et de paix
22:53sont tels
22:53qu'il est de mauvaise alloi
22:56de brandir des termes,
22:58de créer des polémiques.
22:59Oui, islamophobie,
23:00christianophobie,
23:02je ne sais pas moi,
23:03judéophobie.
23:04Ce qui est important,
23:05en tout cas,
23:06c'est que chacun
23:07respecte chacun
23:08et que tous
23:10est à cœur
23:10de nouer
23:11des relations
23:12de fraternité.
23:13Et c'est ce que je vis
23:14vraiment
23:15avec l'ensemble
23:16des responsables religieux
23:17de mon diocèse
23:18et de mon département.
23:19L'islam s'affirme
23:20en France,
23:21notamment chez les jeunes.
23:23Le catholicisme
23:24s'affirme en France,
23:25notamment chez les jeunes.
23:26Les évangélistes aussi
23:27se développent
23:29souvent chez les jeunes.
23:30Pourquoi, selon vous ?
23:32Je pense qu'il y a
23:32une grande aspiration spirituelle.
23:35Qu'est-ce qui donne sens
23:36à la vie ?
23:37Et donc,
23:38un besoin
23:40d'une proposition
23:41qui soit suffisamment forte.
23:43Mais ce qui est intéressant,
23:44c'est d'arriver
23:44à avoir une proposition
23:45spirituellement forte,
23:47mais qui ne soit pas
23:49spirituellement dure.
23:51Et donc,
23:51ça, c'est tout l'enjeu
23:53de l'annonce de la foi.
23:53C'est-à-dire
23:54spirituellement dure.
23:55Oui,
23:56pour moi,
23:56ce qui est important,
23:57c'est que chacun
23:58puisse vivre quelque chose
23:59de dense
24:00sur le plan spirituel
24:01et donc de ne pas avoir
24:02une annonce de la foi
24:04qui soit édulcorée.
24:05Mais en même temps,
24:06pour moi,
24:07comme disciple de Jésus-Christ,
24:09plus j'appartiens au Christ,
24:10plus je suis tourné
24:11vers les autres.
24:12Et donc,
24:12il ne s'agit pas
24:12de s'enfermer
24:14dans une identité close,
24:16mais avec une identité
24:17spirituelle forte
24:18d'avancer toujours
24:20sur un chemin de fraternité.
24:22Moi,
24:22c'est une chose
24:22que j'aime le plus
24:23dans la foi chrétienne,
24:24c'est qu'on n'a jamais
24:25à choisir
24:26entre la force
24:27de la foi
24:28et l'ampleur
24:29de l'ouverture.
24:30Elles vont
24:31de pair.
24:32Et c'est d'ailleurs
24:33mon attente
24:33à l'égard du futur pape,
24:35que ce soit
24:35en même temps
24:36l'homme de l'enracinement
24:38et l'homme
24:39de l'ouverture missionnaire
24:40la plus large.
24:41Eh bien,
24:41vous me ramenez
24:42à l'élection
24:43et à ce conclave.
24:44Est-ce que vous avez vu
24:45le film conclave ?
24:46Je n'ai pas vu
24:46le film conclave.
24:47Je dois vous dire
24:47que j'ai une vie
24:48très très très remplie
24:49qui me laisse peu de temps
24:50pour aller au cinéma.
24:51Mais on a tellement parlé
24:52que c'est un peu
24:53comme si je l'avais vu.
24:54Bon, d'accord.
24:55Merci Mgr Rouget.
24:57Merci à vous
24:57et j'espère que bientôt
24:59je pourrai vous raconter
25:02qui est le nouveau pape.
25:03Oui, oui,
25:03qui est qui ?
25:04Oui, évidemment.
25:05Et la personnalité
25:06du nouveau pape.
25:07Vous pouvez nous parler
25:07de la personnalité.
25:08Et puis surtout
25:08que sur ce sujet
25:10essentiel
25:11de la fin de vie
25:11les esprits
25:13de certains
25:14de nos dirigeants
25:14pourront évoluer
25:15parce qu'il y a
25:16un enjeu essentiel
25:17pour la fraternité
25:18dans notre société française.
25:20Merci beaucoup
25:21Mgr Rouget
25:21d'avoir été avec nous
25:23ce matin
25:23sur l'antenne
25:24de Sud Radio.
25:25Il est presque 9h.

Recommandations