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Transcription
00:00Et à 7h19 sur Europe 1 Place, à l'édito éco, Dimitri Pavling.
00:04Bonjour Olivier Babaud.
00:05Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:07Vous nous dites ce matin, Olivier, qu'un des problèmes de la France, c'est qu'elle décourage l'effort, car elle en confisque les fruits.
00:13Oui Dimitri, le phénomène de la trappe à bas salaire est connu.
00:15L'augmentation du salaire est bloquée par l'alourdissement des charges.
00:18Moi je veux parler ce matin d'un autre problème de notre système.
00:21Quand on empile ses couches de progressivité, c'est-à-dire quand le gain marginal est toujours plus lourdement confisqué,
00:26même si le salaire augmente, on finit par décourager le travail, l'ambition, la prise de risque.
00:30Mais de quelle couche parlez-vous ?
00:31D'abord, l'impôt sur le revenu, qui est devenu l'impôt des classes moyennes supérieures des plus aisées.
00:3510% des foyers fiscaux paient plus de 70% de son produit.
00:38Ensuite, les cotisations sociales, certaines sont plafonnées, comme les cotisations chômage.
00:42D'autres, comme les cotisations vieillesse, sont déplafonnées.
00:45C'est-à-dire que les cotisations plus élevées n'ouvrent pas de droits plus élevés.
00:48Au-delà, s'ajoutent les tarifs des services publics, crèches, cantines, transports, qui augmentent avec les revenus.
00:53Et comme vous le savez, des prestations autrefois universelles, comme les allocations familiales,
00:57sont désormais sous condition de ressources.
00:59Ça revient à déconnecter contributions et bénéfices.
01:01Alors on retrouve cette même logique dans les débats sur les retraites,
01:04avec les idées qui circulent, par exemple l'écrêtement des pensions les plus élevées,
01:08ou la suppression de l'abattement de 10% sur les pensions des retraités aisées.
01:12Oui, c'est la même logique.
01:13On assiste à une dérive inquiétante, en fait.
01:14Le basculement d'un système contributif à un système redistributif.
01:18Les prestations non contributives, universelles ou ciblées,
01:21absorbent l'essentiel de l'effort collectif,
01:23au détriment des contreparties que devraient attendre ceux qui cotisent beaucoup.
01:27Mais concrètement, ça change quoi ?
01:28Ça engendre un phénomène d'appauvrissement paradoxal.
01:31Vos revenus progressent, mais vous perdez les aides.
01:33L'accès aux logements sociaux, vous payez plein tarif pour les services publics,
01:36vous êtes soumis à des prélèvements croissants sans bénéfices supplémentaires.
01:39Le gain réel de vos efforts est gommé, voire annulé.
01:41Et il est là le malaise fiscal français, vous pensez Olivier ?
01:45Oui, on parle souvent du niveau de prélèvement, mais ce n'est pas seulement ça.
01:47C'est la logique plus large d'un système où les aides sont si généreuses
01:50que leurs fins pénalisent ceux qui n'en bénéficient plus
01:53parce qu'ils font plus d'efforts, eux.
01:56Nous avons aujourd'hui en France une classe de contribuables,
01:58profession libérale, petits entrepreneurs, cadres,
02:00qui sont trop riches pour être aidés,
02:02mais trop pauvres pour vivre réellement comme des riches.
02:04Mais la progressivité, ça reste un fondement de la justice fiscale quand même, Olivier ?
02:08Bien sûr, mais aujourd'hui, la superposition des dispositifs progressifs,
02:12impôts, cotisations, tarifs sociaux, aides conditionnés,
02:15bloquent la progression du niveau de vie réel,
02:18malgré l'augmentation des salaires, encore une fois.
02:19Ça crée du découragement, parfois des exils,
02:21de la frustration qui s'exprime ensuite dans les urnes.
02:23Arrêtons de punir l'effort, il faut qu'ils payent enfin.
02:26Signature Europe 1, Olivier Babaud. Merci Olivier.
02:28Bonne journée.

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