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Pour trois femmes sur quatre, les attitudes et décisions sexistes au travail sont toujours une réalité, selon la 3e édition du baromètre 2025 du sexisme dit ordinaire au travail, réalisé par l'Association française des managers de la diversité et que France Inter dévoile ce mardi.

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Transcription
00:00Il est 6h21, c'est une réalité qui n'épargne aucune entreprise.
00:03Le sexisme reste encore très présent dans le monde du travail.
00:07Le sexisme dit ordinaire qui se cache dans des gestes ou des propos de la vie de tous les jours.
00:12C'est ce que montre le nouveau baromètre du collectif Stop au sexisme ordinaire en entreprise
00:16que vous nous dévoilez ce matin de Laure Thomas. Bonjour.
00:18Bonjour.
00:18Vous êtes la directrice diversité, équité et inclusion chez L'Oréal en France.
00:22L'Oréal qui est membre fondateur de ce collectif.
00:25Vous publiez ce baromètre tous les deux ans.
00:27C'est la troisième édition réalisée auprès de 130 000 personnes.
00:32Et ce qu'on observe, c'est que quasiment 8 femmes sur 10 se disent aujourd'hui encore victimes du sexisme au travail.
00:38Alors précisément, 77%, c'était 82% lors de la précédente étude.
00:44Il y a un léger mieux, mais ce n'est pas folichon.
00:47Tout à fait Mathilde, c'est vraiment ça.
00:49C'est important pour nous, dans le cadre de ce collectif Stop, de le mettre en place ce baromètre.
00:54Comme vous venez de le dire, c'est la troisième édition.
00:56Et cette troisième édition, elle nous permet de voir l'évolution.
00:59Alors, ce qui est positif dans cette évolution, c'est qu'on voit tout de suite que quand les entreprises s'engagent,
01:04quand on regarde les données du collectif Stop par rapport à l'échantillon national,
01:09on voit tout de suite qu'il y a un vrai écart.
01:11Et ça, c'est essentiel.
01:12Donc, un, quand les entreprises s'engagent, quand les entreprises travaillent sur le sexisme du ordinaire en entreprise...
01:17Les chiffres sont plus faibles.
01:18Les chiffres sont plus faibles.
01:19Il y a des résultats.
01:20Donc ça, c'est la première chose.
01:21Et je crois que c'est très important de se le dire.
01:23La deuxième chose qui est extrêmement importante dans ce baromètre, c'est que, exactement comme vous le disiez,
01:29le sexisme ordinaire en entreprise, il est là.
01:32Il est bien présent.
01:33On voit une légère baisse de 5 points.
01:35Mais 77% de femmes victimes de sexisme dit ordinaire au travail, c'est tout simplement une aberration.
01:41C'est pas possible.
01:42On ne peut pas continuer comme ça.
01:43Et l'impact...
01:45On va en parler, oui, parce que ça se manifeste, ce sexisme, par des blagues douteuses.
01:493 femmes sur 4 disent en être victimes.
01:52Des remarques sur l'apparence.
01:53Des interpellations familières disent-ils, ma belle, ma fille, la jolie, etc.
01:58Et tout ça, c'est pas anodin.
01:59Tout ça, ce n'est pas anodin.
02:00C'est un vrai impact.
02:01C'est un vrai impact qui est en plus reconnu également dans ce baromètre.
02:04Parce qu'on voit que 9 salariés sur 10, tous genres confondus, hommes et femmes,
02:08reconnaissent que les propos sexistes nuisent au bien-être au travail, à la confiance en soi, à la santé des femmes.
02:15Donc on voit bien que les conséquences sont connues, qu'elles sont là et qu'il faut vraiment, vraiment s'arrêter.
02:21Et juste un point important, parce que comme vous l'avez dit, c'est pas anodin.
02:27Le sexisme, c'est conscient ou inconscient.
02:29Et dans les manifestations, il y a des manifestations que je trouve qu'on sous-estime qui ont un impact très important au travail.
02:35C'est les réunions.
02:36Lors des réunions, il y a deux femmes sur trois qui affirment avoir vécu un comportement sexiste.
02:41Et ça va être très souvent le fait de se faire couper la parole en réunion,
02:45ou le fait de se faire reformuler parce qu'on est une femme ce qu'on a dit, comme si on s'exprimait moins bien.
02:51C'est important ce que vous dites sur conscient ou inconscient, parce qu'il y a aussi dans votre étude,
02:55on voit cette différence de perception.
02:57Il y a beaucoup d'hommes qui ne voient pas où est le problème, qui disent « c'est juste une petite blague »
03:00ou dire « ma jolie » à quelqu'un.
03:02C'est pas méchant, au contraire, c'est presque un compliment pour eux.
03:05Vous avez tout à fait raison.
03:06Et justement, par exemple, dans les réunions, 64% des hommes ne le voient pas, ne s'en rendent pas compte.
03:11D'où l'importance de faire comprendre ce qu'est le sexisme pour pouvoir l'hérédiquer.
03:15Et pour comprendre ce que c'est que le sexisme, c'est essentiel que les entreprises mettent en place des formations.
03:20Et ça, c'est la force de ce collectif.
03:22Auprès de tout le monde ou on commence par les patrons, les cadres ?
03:25Tout le monde, tout le monde, tout le monde, incluant les cadres, les patrons.
03:29C'est vraiment, vraiment important d'en prendre conscience, parce que c'est exactement ce que vous dites.
03:33Il y a une différence de perception entre les hommes et les femmes qui ne peut pas continuer.
03:37Et en étant formé, on se rend compte du sexisme, on apprend les conséquences et on va tout simplement en prendre conscience.
03:46Et donc, pour toutes les personnes qui le font inconsciemment, ça va diminuer.
03:49Et ça, c'est essentiel.
03:51C'est ce qu'on essaye de faire par ces formations qui sont très, très, très importantes.
03:55Pour avoir un exemple concret, regardons comment vous faites, vous, chez L'Oréal.
03:58Ça se passe comment ? Quelqu'un qui fait une mauvaise blague, il se passe quoi ?
04:01Il y a zéro tolérance ?
04:02Il y a zéro tolérance.
04:03C'est affiché partout, sur tous nos écrans, dans tous nos sièges.
04:06Il y a affiché quoi ?
04:07Dans nos tolérances zéro sur le sexisme.
04:09C'est très clair.
04:10Les phrases que vous avez pu mentionner au départ, elles sont là, barrées, en disant
04:14« Elles n'ont pas sa place chez nous ».
04:16Personne, mais c'est très clair, personne ne peut dire chez L'Oréal qu'on n'a pas connaissance
04:20du fait qu'il y a une tolérance zéro sur le sexisme.
04:22Donc quelqu'un qui aurait un mot « déplacer » se ferait recadrer immédiatement par son
04:26collègue d'à côté ou par un supérieur ?
04:29Alors, oui.
04:30En fait, ce qui est important, on n'en a pas parlé, c'est le rôle de témoin.
04:32Parfois, quand on est victime de sexisme, on n'ose plus répondre.
04:35On ne sait pas quoi dire.
04:35On est un peu tétanisé, finalement, ou paralysé.
04:39Quand un témoin assiste à une scène, c'est beaucoup plus facile, avec ce pas de côté,
04:45de dire « Attention, tu te rends compte de ce que tu dis ou ta blague, elle n'est tout
04:47simplement pas drôle, donc s'il te plaît, arrête là ».
04:49Et en se disant tout simplement ça, on fait prendre conscience du sexisme.
04:53Et je peux vous assurer qu'en général, quand on est repris sur le sexisme, on fait très
04:56attention à la fois suivante.
04:57Et le sexisme, on le retrouve chez toutes les générations, y compris les jeunes
05:00générations ?
05:00On le retrouve chez toutes les générations.
05:02Vraiment, sans...
05:03Et malheureusement, il ne diminue pas.
05:05C'est ça qui est important.
05:06Donc il faut absolument en faire prendre conscience pour faire évoluer les mentalités.
05:10Et est-ce qu'il y a des différences selon la taille des entreprises ? Parce que c'est
05:13plus facile, quand on a une grosse boîte, d'avoir un référent sur ces questions-là.
05:17Dans une petite PME, on fait comment ?
05:18Alors, je n'ai pas les données en fonction des tailles d'entreprise.
05:20Par contre, ce qui est important, c'est que personne ne peut dire « aucune entreprise,
05:24quelle que soit sa taille, je ne peux rien faire ».
05:26Ce collectif Stop, il est complètement gratuit.
05:28On peut y rentrer une fois par an et après, on partage tout.
05:32On partage les e-learning, on partage les éléments de communication, de formation,
05:36de sensibilisation, de mesures.
05:38Et donc, tous ces outils sont mis gratuitement à disposition de toutes les entreprises,
05:42quelle que soit leur taille, pour travailler et mettre en place des actions chez elles.
05:45Et ce retour de la masculinité, je pense à Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook,
05:50qui appelle un sursaut d'énergie masculine.
05:53Pour lui, le monde de l'entreprise a été culturellement castré.
05:55Je reprends ces mots.
05:56Ça, c'est un discours qu'on entend en France ?
05:58C'est un discours que, moi, je n'entends pas au sein du groupe L'Oréal.
06:02Très clairement, on poursuit nos politiques diversités qui sont essentielles,
06:06qui font partie de nos valeurs, qui font partie de notre culture,
06:09qui font partie vraiment de notre ADN.
06:11Mais quand on regarde le baromètre, pour revenir sur ce baromètre,
06:16un homme sur deux estime que le partage des tâches domestiques et parentales
06:19n'a pas d'impact sur l'égalité professionnelle.
06:21Et ce sont des données qui sont extrêmement inquiétantes.
06:23Et vous craignez un retour du bâton après MeToo, où il y a eu une libération de la parole ?
06:29Là, on le voit très clairement avec cet exemple que je cite de Mark Zuckerberg.
06:32Ce qui est certain, c'est qu'il ne faut jamais, jamais, jamais lâcher
06:35sur l'ensemble des sujets de la diversité, a fortiori sur le sexisme.
06:39Merci Anne-Laure Thomas, directrice diversité, équité et inclusion chez L'Oréal en France.
06:43Vous étiez l'invité du 5-7.

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