Philippe Tabarot, ministre chargé des Transports, le 6 mai 2025 sur franceinfo.
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00:00Ce ne sera pas une semaine noire, promet la direction de la SNCF, reste qu'il y a des perturbations sur les réseaux régionaux
00:06et qu'on en saura un peu plus sur les prévisions de trafic pour ce long week-end dans le courant de la matinée.
00:13Bonjour Philippe Tabarro, ministre des transports, est-ce que cette grève peut encore être évitée pour ce long week-end ?
00:20La SNCF va dans quelques instants donner les prévisions pour ce week-end, il y a une réalité pour l'instant,
00:26c'est ce qui a pu se passer hier, ce qui se passe aujourd'hui, puisque certaines organisations syndicales avaient lancé déjà une grève depuis hier.
00:36Je dis bien certaines, parce qu'on parle de grève de l'ensemble des...
00:38On va en parler, mais sur le trafic ? Quelles informations à l'heure où on se parle ?
00:42Sur le trafic, ce que l'on peut dire quand même, malgré les présentations assez catastrophiques qui sont faites sur un certain nombre de médias,
00:50je rappelle quand même qu'il y a probablement 14 000 trains qui vont circuler aujourd'hui sur 15 000 trains sur l'ensemble du territoire national,
00:58ce qui est quand même significatif, avec aucune perturbation sur les TGV, aucune perturbation sur les trains d'équilibre du territoire,
01:07et puis sur la majorité des régions.
01:09Après, il y a des situations plus compliquées, vous l'avez rappelé, en Ile-de-France et sur certaines régions, sur du TER.
01:18Est-ce que le TER et les petites lignes sont sacrifiées ?
01:21Ah non, ce ne sont pas sacrifiées, c'est globalement les cheminots qui décident de faire grève où ils le souhaitent,
01:28et c'est eux, un petit peu indirectement, qui dictent le plan de transport.
01:32En tout cas, on nous parlait d'une grève massive, et surtout de trains qui ne circuleraient pas.
01:38On en tirera les enseignements à la fois par rapport au plan de transport qui va être proposé par ce week-end,
01:45et plus largement peut-être après la grève.
01:47Mais moi, je suis ravi de savoir que des syndicats ont décidé de ne pas suivre le mouvement,
01:52que des cheminots ont travaillé hier.
01:55J'ai moi-même pris le train au retour de Marseille pour notre grande conférence de financement,
02:01et on a discuté avec des chefs de bord qui ont chevillé au corps et au cœur le service public,
02:07l'envie de transporter leurs concitoyens,
02:10et ils le font avec beaucoup de compétences et avec beaucoup d'amour pour leur entreprise.
02:14Est-ce que je me trompe, Philippe Tabarro, ou vous êtes optimiste ?
02:17Il ne faut jamais être optimiste sur ces questions.
02:20Simplement, je pense que ce qui a été relayé ces dernières semaines,
02:26et un catastrophisme ambiant sur les week-ends à venir,
02:32a été, je pense, préparé en amont.
02:35avec la difficulté quand même, et je le rappelle, c'est quelque chose qui,
02:38au niveau législatif, pourrait peut-être un jour évoluer,
02:42c'est de dire que les cheminots grévistes ont des préavis d'Orban,
02:46et ont la possibilité de se déclarer simplement 48 heures avant le jour de grève.
02:52Donc, c'est vrai qu'il est très difficile d'organiser un service pour le bien des usagers,
02:57d'avoir une bonne information suffisamment en amont.
03:00Là, on voit que l'information va être donnée par la SNCF dans quelques minutes pour demain et pour ce week-end,
03:09mais c'est la loi qui veut ça.
03:10C'est trop tard.
03:11Je pense que 72 heures seraient beaucoup plus utiles pour pouvoir informer.
03:16La base d'une bonne communication pour les usagers,
03:21c'est de pouvoir avoir l'information en amont,
03:23et la donner de manière très transparente le plus tôt possible.
03:25Donc, trois jours avant, mais avant de devenir ministre,
03:29vous étiez, Philippe Tabarro, rapporteur d'une proposition de loi du sénateur centriste Hervé Marseille
03:35pour encadrer le droit de grève lors des départs en vacances et des jours fériés.
03:40Elle consistait en quoi ?
03:41Et vous y êtes toujours favorable comme ministre ?
03:42Je ne vais pas me dédire par rapport au parlementaire que j'étais encore il y a quelques mois.
03:49Hervé Marseille avait travaillé principalement sur la sanctuarisation d'un certain nombre de jours,
03:54dans l'année et notamment des grands départs.
03:56Et moi, j'avais travaillé plus sur la partie grève du quotidien dont on parle.
03:59C'est un petit peu ce qui se passe aujourd'hui avec cette question des préavis dormants.
04:03Est-ce qu'il faut limiter le droit de grève ?
04:06Écoutez, les parlementaires se saisiront s'ils le souhaitent de cette proposition de loi
04:09qui a été votée au Sénat, que je ne renie pas.
04:12D'autres parlementaires ont l'air de lancer également des possibilités
04:17de faire évoluer la législation là-dessus.
04:19Je pense qu'il faudra tirer un enseignement de cette grève.
04:22Peut-être que pour la première fois dans cette grève,
04:24la grande évolution, c'est que le gouvernement n'a pas mis de pression
04:29sur la SNCF et la direction de la SNCF pour trouver un accord coûte que coûte
04:35et pour sortir le carnet de chèques coûte que coûte.
04:37Je pense que c'est une nouvelle manière de traiter les rapports sociaux.
04:42Ce sont des rapports entre l'entreprise et entre ses collaborateurs, ses cheminots.
04:47Ils prennent les meilleures décisions possibles
04:49et l'État ne met aucune pression parce que peut-être que si on avait réglé absolument
04:54le conflit à venir cette semaine, on se serait retrouvé exactement dans la même situation
04:59pour d'autres ponts ou pour les vacances d'été.
05:03Donc c'était repousser l'échéance à 2-3 mois simplement.
05:06Attendez qu'on se comprenne bien, la SNCF avait carte blanche,
05:10le carnet de chèques était ouvert pour répondre aux revendications.
05:12Moi je pense que globalement un certain nombre de gouvernements
05:16ne sont pas cachés, demandaient absolument à la direction de la SNCF
05:21de trouver une solution et coûte que coûte, c'est bien le terme à employer,
05:25coûte que coûte de régler la situation et on s'est retrouvé dans des situations
05:31où aujourd'hui plutôt que la grève soit un dernier recours,
05:35elle est devenue impréalable et c'est malheureusement pas l'objectif de la grève
05:39ou du droit de grève qui est un droit constitutionnel que je respecte
05:43mais qui doit être encadré sous certaines formes.
05:45Question quand même sur ces collectifs autonomes qui prolifèrent
05:50indépendamment des syndicats, je rappelle que 4 à 5 000 contrôleurs
05:56sont membres d'un groupe Facebook sur environ 10 000 contrôleurs
06:00et c'est ce groupe qui appelait notamment à la grève,
06:03c'est un casse-tête ça pour le dialogue social ?
06:06C'est peut-être un casse-texte probablement pour la direction de l'entreprise
06:12et plus je dirais pour les syndicats qui se sont quelquefois dépassés,
06:16je rappelle que ces collectifs n'ont pas la possibilité de déposer des préavis de grève
06:20et qu'ils doivent être aidés, soutenus pour pouvoir déposer ces préavis par des syndicats.
06:25Mais là encore je le rappelle,
06:26Ça pousse à la surenchère ?
06:28Probablement, certains syndicats y ont été, d'autres syndicats n'y ont pas été.
06:32Je tiens à les remercier d'avoir pensé avant tout aux services publics,
06:36à leurs entreprises et aux usagers
06:38parce que je le rappelle, je veux être aussi et avant tout le ministre des usagers.
06:42Philippe Tabarro, dans la minute il nous reste un autre sujet d'actualité
06:46qui vous concerne comme ministre des Transports.
06:48Votre collègue du gouvernement, Gérald Darmanin, ministre de la Justice,
06:52se dit favorable à la généralisation de la reconnaissance faciale
06:56pour identifier les voyageurs, fluidifier les départs et les arrivées dans les aéroports.
07:02C'était sur la chaîne YouTube Légende.
07:04Si vous voulez une société sécure, il faut la reconnaissance faciale par exemple.
07:07La reconnaissance faciale, c'est-à-dire je reconnais M. X.
07:10Arrive à l'aéroport, on sait que c'est lui ?
07:11Exactement.
07:12Parce que les gens disent à Roissy, on met une heure et demie pour passer.
07:14Oui, super.
07:15À Dubaï, on met dix minutes.
07:16Oui, mais à Dubaï, il y a la reconnaissance faciale.
07:19À Dubaï, vous n'avez pas besoin de tickets.
07:21On a votre tête, on sait votre identité, quel est votre casier judiciaire,
07:24est-ce que vous êtes recherché ?
07:25Philippe Tabarro, vous êtes favorable à la reconnaissance faciale systématique dans les aéroports ?
07:31Écoutez, je suis favorable à la reconnaissance faciale en général,
07:35notamment dans le secteur des transports.
07:37On l'a vu à travers les caméras algorithmiques
07:39qui ont plutôt bien fonctionné pendant les Jeux Olympiques.
07:42Mais c'était une période exceptionnelle.
07:43Il faudra probablement qu'on aille plus loin.
07:45Ce que dit Gérald Darmanin, est frappé du bon sens.
07:50C'est quelque chose qui existe dans de nombreux pays,
07:52et même des pays européens, je pense notamment à l'Angleterre.
07:55Ça peut nous aider en matière de transport à fluidifier,
07:59à contrôler et à être au plus près des besoins des usagers,
08:04de pouvoir circuler en toute sécurité, d'intervenir quand c'est nécessaire.
08:09Donc moi, je pense que l'intelligence artificielle, il faut l'utiliser à bon escient.
08:14Et ça peut être à bon escient, à travers la reconnaissance faciale, bien sûr encadré.
08:18Pas de risque pour les libertés publiques, de dérive vers une société de surveillance.
08:22À encadrer, mais je vous rassure, le Conseil constitutionnel et la CNIL le font très bien dans notre pays.
08:27Merci.
08:28Merci.